"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven) 2979874845 even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven) 1973890357
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even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven)

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Jake O. Cavendish
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() message posté Lun 30 Mar 2015 - 17:03 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Un café avalé en vitesse, une tartine de confiture embarquée avec lui, Jake va sans doute être en retard malgré tout. Il a couru trop longtemps ce matin, sans s’en rendre compte. Ce n’est qu’en voyant l’heure sur sa montre qu’il a réalisé qu’il avait laissé passer trop de temps. Une douche rapide, quelques vêtements enfilés rapidement et il est dehors. Tout en mettant sa veste, il finit sa tartine. Il gère pourtant bien son temps d’habitude, il ne sait pas pourquoi il a couru si longtemps. Peut-être un surplus d’énergie à évacuer ou bien il était perdu dans ses pensées. Heureusement, peu de stations de métro le séparent du siège de la BBC et il y arrive rapidement, en retard malgré tout. S’il n’a pas de reportage en cours, il n’est pas rare que Jake travaille dans les bureaux. Pas sa partie préférée du travail, avouons-le. Il préfère de loin être sur le terrain. En plus de ça, il a oublié son badge alors il est obligé de passer par l’accueil. La nouvelle réceptionniste ne le croit pas quand il dit travailler ici, jusqu’à ce que sa supérieure arrive finalement. Trop de temps perdu. Il prend l’ascenseur pour monter à son étage et, à peine arrive-t-il qu’un collègue lui apprend que son supérieur veut le voir. Pas une journée qui commence bien.
Il rentre dans le bureau du chef d’équipe sans savoir à quoi s’attendre. Presque impossible qu’il lui reproche son retard ce matin, ça n’arrive presque jamais. « Vous vouliez me voir ? » Ton cordial. Leur relation a toujours été strictement professionnelle. Jake a beau bien s’entendre avec certains collègues, il n’a jamais essayé de sympathiser avec son chef. D’abord par crainte de faire quelque chose de la mauvaise façon et aussi parce qu’il pense qu’ils n’ont pas grand-chose en commun. « Hum… oui. Fernandez est absent, la grippe ou un truc comme ça. » Pendant qu’il parle, il continue de regarder des papiers sur son bureau. Jake écoute, se demandant en quoi ça le concerne. Reprendre un reportage commencé par Fernandez ? Ce dernier travaille en ce moment pas mal dans le milieu artistique, les spectacles et tout ça. Pas forcément la tasse de thé de Jake. « Il devait avoir un ou une stagiaire aujourd’hui, j’ai besoin que tu t’en occupes. » Il ne sait pas s’il n’aurait pas préféré un article sur une comédie musicale finalement. Il n’a jamais eu à s’occuper de stagiaires, la chaîne souhaite que le système fonctionne sur la base du volontariat. Logique, ceux qui souhaitent être tuteurs seront meilleurs que ceux qui y sont forcés. Sauf que là, Jake n’a pas le choix. « Elle est déjà à ton bureau, Heaven Howard quelque chose. » Le nom lui semble familier et il ne lui faut que quelques secondes pour mettre un visage sur ce nom. « Howard-Clarke ? » Si c’est bien elle, ça risque d’être encore pire que ce qu’il imaginait. « Tu la connais ? Tant mieux. » Il lui fait signe du regard avant de regarder à nouveau ses papiers, signe que Jake doit sortir de son bureau maintenant.
Le journaliste avance dans les couloirs, se remémorant sa première rencontre avec cette Heaven. Ça ne s’était pas vraiment bien passé. Elle lui avait refusé une interview alors qu’il commençait à peine à travailler ici. Déjà que son supérieur de l’époque ne l’appréciait pas vraiment, ça n’avait pas aidé. Surtout que l’affaire était énorme, obtenir une interview de cette fille à l’époque, ça aurait pu lancer sa carrière encore plus rapidement. Il n’avait plus entendu parler d’elle après ça, elle avait dû retomber dans l’anonymat. Tout comme l’affaire avait finalement été oubliée au profit d’informations plus récentes et tout aussi choquantes. Le monde fonctionne ainsi depuis longtemps. Il finit par entrer dans son bureau, découvrant une jeune femme blonde dans son fauteuil. « Tu dois être Heaven. » Il la détaille, espérant un peu qu’elle ne se souviendra pas de lui. Il reconnait facilement la femme à qui il avait parlé il y a de ça quelques années. Il n’aurait jamais pensé qu’elle voulait devenir journaliste. Si elle là, c’est bien pour ça non ? « Et ça, c’est ma chaise. Tu devrais t’en chercher une si tu veux pas rester debout toute la journée. » Légèrement froid, il n’avait pas réalisé qu’il gardait de la rancœur par rapport à cette affaire. Il n’y avait pas repensé depuis longtemps en fait et voilà que cette Heaven était juste devant lui, stagiaire sous ses ordres. La journée aurait difficilement pu commencer de pire façon.


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() message posté Lun 30 Mar 2015 - 20:11 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ Elle s’en souvenait comme si c’était hier et, dans le tumulte des jours qui avaient précédé le jugement du tribunal, elle parvenait à replacer chaque voix sur chaque visage, chaque question sur chaque média. Heaven poussa un soupir avant d’enfoncer ses mains dans les poches de son manteau, pénétrant à l’intérieur de la rame de métro en veillant à ne bousculer personne sur son chemin. Aucun visage ne se tourna vers elle. Aucun regard ne s’attarda sur ses traits. Un léger sourire prit place sur ses lèvres quand elle se rappela que, quelques années auparavant, cela ne se serait sans doute pas passé de la mème manière. On l'aurait observé avec insistance. Peut-être même des murmures se seraient élevés derrière son dos. On aurait prononcé son nom de famille, on l'aurait fatalement associé à son père. Mais le temps passait. Mais les mémoires oubliaient. Mais les autres pouvaient passer à autre chose et le faisaient ; ils le faisaient alors que cette histoire était marquée dans son identité à l'encre indélébile. Mais peu importait. Elle n'attirait plus les regards. Elle n'était plus une bête de foire. Elle pouvait prendre le métro sans que personne ne voit son fardeau, sans que personne ne le connaisse.
Pourtant, malgré tout, malgré ce soulagement, malgré le poids du regard des autres en moins sur ses épaules, une boule avait pris place au fond de son estomac depuis qu’elle avait appris qu’elle était retenue à la BBC pour exécuter son stage de fin d’année. Elle revoyait les journalistes de cette chaine se mêler aux autres. Elle les revoyait lui poser des questions, une centaine de questions auxquelles elle n’avait jamais souhaité répondre. Elle les entendait encore se presser à articuler dans l’espoir qu’elle puisse leur donner des nouveautés, dans l’espoir qu’elle leur donne matière à écrire. Elle n’avait jamais cédé, pas une seule fois ; à plusieurs reprises, elle avait même failli en venir aux mains avec ces rapaces mais avait été retenu de justesse par sa mère. Elle avait refusé les entrevues avec acidités, comme si elle avait été au-dessus de tout cela, comme si elle était trop bien pour eux.
Mais, au fond d'elle, Heaven s'était souvenue de chaque visage, de chaque nom, de chaque question, comme pour se rappeler que, malgré les années qui s'écoulaient, elle était toujours la fille d'un tueur en série.
Elle suivit le flot de personnes en sortant de la rame, remontant les escaliers mécaniquement. Elle avait l’impression que son esprit était trop petit pour retenir toutes les pensées qui pouvaient bien y apparaître. Heaven pensait à son père, toujours en prison, sans qu’elle ne soit allée le voir depuis les quatre ans qui s’était écoulé. Heaven pensait à Caleb, parti depuis des semaines, dont elle n’avait que des nouvelles par intermittence. Mais, par-dessus tout, Heaven pensait à sa grossesse, à ce petit être grandissant dans son ventre sans qu’elle n’ait eu la moindre idée de sa présence durant les premiers mois. Elle secoua doucement sa tête, comme pour chasser ses pensées ; elle émergea de la bouche de métro, heureuse de quitter les souterrains oppressants. Elle observa les bâtiments autour d’elle, sortant son téléphone pour s’orienter à l’aide de l’application GPS ; au bout de quelques minutes, elle finit par passer l’entrée du siège de la BBC et se diriger vers la réception.
On lui prit une pièce d’identité. On lui épingla un name-tag sur son chemisier. Un homme descendit pour l’accueillir avant de la faire monter dans les étages. « Votre maître de stage est en congé maladie. » lui annonça alors l’homme et elle fronça les sourcils en tournant la tête vers lui. « Vous allez être prise en charge par quelqu’un d’autre en attendant qu’il revienne travailler. Avec un peu de chance, il sera sur pied d’ici après-demain. » Heaven hocha la tête, ne sachant pas quoi ajouter de plus. Il l’amena jusque dans le bureau de son maître de stage provisoire, et elle attendit qu’il reparte pour réellement s’intéresser à la personne censée s’occuper d’elle durant les prochaines heures.
Son regard hanta le bureau, se posant, d’abord, sur le chevalet de bureau où les mots Jake Cavendish, reporter étaient inscrits. Elle s’avança pour toucher les lettres gravées du bout du doigt, avant de contourner le bureau et s’asseoir dans le siège.
Elle était presque sûre de connaître ce nom-là. Elle était presque sûre d’y associer un visage.
Et ce visage se matérialisa sous ses yeux quelques minutes plus tard. Elle observa l’homme entrer dans son bureau et la regarder à son tour ; elle soutint son regard sans doute avec trop d’insolence. Oui, elle se souvenait de lui. Oui, elle savait qui il était, même si au fond d’elle, elle aurait sans doute préférer l’oublier. « Tu dois être Heaven. » dit-il passivement. Heaven acquiesça silencieusement, ne sachant pas encore comment réagir. Peut-être ne se souvenait-il plus d’elle, après tout. Peut-être n’avait-elle été qu’un gros titre dans les journaux, un sujet parmi tant d’autre. Elle se rappelait, au fur et à mesure, à quel point elle avait pu décliner son offre avec acidité, à quel point elle avait été excédée par sa requête. Il n’avait pas eu de chance, d’une certaine manière ; en plus d’être maladroit, il avait également été la centième personne à lui demander une interview et, à cette époque, elle avait tout simplement craqué. « Et ça, c’est ma chaise. Tu devrais t’en chercher une si tu veux pas rester debout toute la journée. » ajouta-t-il en désignant son fauteuil. Aussitôt, elle se releva, avant de faire un pas sur le côté pour lui laisser la place. Son ton était sec et hautain. Heaven eut un sourire quand elle se rappela de lui, quatre ans auparavant, quand l’assurance n’avait pas encore guidé toutes ses paroles et actions. « Oui, bien sûr. » répondit-elle finalement, prenant sur elle. Cependant, elle ne bougea pas. Pas d’un seul centimètre. Non, au lieu de quoi, elle se contenta de l’observer. L’observer jusqu’à ce que, finalement, son caractère l’emporte sur tout le reste. « J’étais censée passer mon stage avec une personne qui travaille à la rubrique art et culture. » dit-elle en reprenant la parole. « De quoi est-ce que vous vous occupez ? D’e harceler des jeunes femmes pour obtenir une interview ? » Les mots avaient sans doute dépassé sa pensée. Les mots étaient sans doute plus cinglants que ce qu’elle n’aurait souhaité. Ce n’était pas de sa faute, quelque part ; toute sa vie, Heaven avait été bien trop impulsive pour son propre bien.
Toute sa vie, elle n’avait fait que s’emporter, s’emporter face à l’injustice, s’emporter, toujours.
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() message posté Mer 1 Avr 2015 - 10:54 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Jake a toujours eu une mémoire impressionnante. Ça lui a longtemps semblé normal en fait, jusqu’à ce qu’on lui fasse remarquer. Il n’oublie jamais rien ni personne. Mémoire photographique, ça s’appelle il parait. Ça lui a toujours été utile, que ça soit dans ses études, dans son travail ou même dans sa vie personnelle. Il serait capable de reconnaître n’importe quelle personne qu’il a rencontrée. Non pas de faire une liste mais de les reconnaître s’il était amené à les croiser. C’est la même chose pour les noms, il se souvient de tous. Ça peut s’avérer très utile dans son travail pour faire le lien entre plusieurs personnes, pour savoir à qui s’adresser. Il n’est donc pas étonnant qu’il se souvienne très bien de cette femme installée dans son bureau aujourd’hui. Il ne se souvient pas des mots précis de leur conversation à l’époque mais il se souvient qu’elle l’avait envoyé paître et qu’il n’avait pas apprécié. Il n’était pas encore expérimenté pour les interviews à l’époque mais quelque chose lui dit que ça n’aurait rien changé qu’il le soit. Il n’aurait pas eu d’interview d’elle, peu importe la façon dont il l’avait demandé. Tout comme personne n’avait réussi à en avoir. Aucun journal, aucune chaîne. Heaven Howard-Clark était restée complètement silencieuse dans les médias.
Après la fin du procès de son père, Jake n’avait plus jamais entendu parler d’elle. Il avait aussi rapidement cessé de penser à elle, passant au reportage suivant puis encore au suivant. C’était toujours comme ça dans son travail, même s’il arrivait qu’un sujet revienne plusieurs fois. A l’époque, il s’était demandé ce que cette fille avait pu ressentir pendant le procès de son père. Tueur en série, ce n’est pas rien. Si Jake a été déçu du comportement de son père, celui d’Heaven était à un tout autre niveau. Une infidélité contre de nombreux meurtres, ça fait tout de suite relativiser. Ça n’avait pas poussé Jake à pardonner à son père pour autant.
Lorsqu’il entre dans son bureau, il reconnait immédiatement la jeune femme. Ses traits semblent moins tirés qu’à l’époque, plus détendus sans doute. Jake ne sait pas si elle va le reconnaître. Elle avait dû croiser des tas de journalistes à l’époque, il ne pouvait pas être le seul. Il était tout à fait possible qu’elle ait oublié Jake. Il se montre froid avec elle, sans l’anticiper. Il n’avait pas prévu d’avoir une stagiaire aujourd’hui, encore moins quelqu’un qu’il connaisse. « Oui, bien sûr. » Elle se lève pour se retrouver face à lui. Il est presque sûr qu’elle l’a reconnu. Elle ne le regarderait pas ainsi dans le cas contraire. Les stagiaires ont tendance à être plus respectueux, à faire tout ce que dit leur maitre de stage pour marquer des points. Il le sait, il a été à sa position il y a quelques années. Elle le regarde avec une étincelle de défi dans les yeux. « J’étais censée passer mon stage avec une personne qui travaille à la rubrique art et culture. » A se demander pourquoi le chef de Jake l’a choisi pour remplacer Fernandez. Leurs deux domaines n’ont rien à voir. Même si Jake a tendance à toucher un peu à tout, l’artistique, ce n’est pas du tout son truc. La seule raison qui pourrait le pousser à faire un reportage sur ce sujet, ça serait s’il s’était passé quelque chose de spécial. Incendie, meurtre ou scandale. Quelque chose de croustillant, en fait. « De quoi est-ce que vous vous occupez ? De harceler des jeunes femmes pour obtenir une interview ? » Si un doute persistait, il s’est entièrement évaporé. Elle sait parfaitement qui il est et visiblement, elle n’a pas pardonné. Etonnant quand même qu’elle ait choisi le journalisme malgré la mauvaise impression qu’elle semble en avoir. Enfin si elle a choisi les arts, c’est différent sans doute. Ça doit être rare dans cette section d’interviewer des personnes autres que les artistes et les spectateurs. Des personnes qui souhaitent être interrogées. « Oh non, c’est qu’une partie infime du travail ça. Des fois, j’harcèle, d’autres, j’espionne et, de temps en temps, il m’arrive même de corrompre un ou deux policiers pour des infos. » Quel beau tableau il dresse de son travail. Avec ironie, bien entendu. Il soutient son regard, déjà agacé par cette fille qui se pense sans doute meilleure que lui. Interviewer des gens encore sous le choc pour une révélation, ce n’était pas la partie qu’il préférait. Au début, il avait d’ailleurs eu du mal à le faire, notamment avec Heaven. Il avait l’impression d’envahir la vie privée des personnes à qui il demandait une interview. Cette impression avait fini par rétrécir, jusqu’à presque disparaître. Pour mieux faire son travail, il faisait taire cette petite voix qui lui disait : ce ne sont pas tes affaires. Il s’était amélioré, savait quoi dire pour pousser certaines personnes à lui répondre. Ça ne marchait pas tout le temps, bien sûr, mais il obtenait souvent des interviews. « Ecoutez, si vous ne voulez pas travailler ici, la porte est juste derrière moi. N’hésitez pas. » Si elle s’attendait à des excuses, ça ne risque pas d’arriver. Surtout que la façon dont elle avait envoyé Jake sur les roses à l’époque n’avait pas été tendre. Son caractère ne semble pas avoir changé. « Fernandez est malade, je n’ai pas choisi d’avoir une stagiaire et encore moins vous alors croyez-moi, ça ne me dérangera pas si vous partiez. » Il ne peut pas se contenter de la virer ou de s’arranger pour que quelqu’un d’autre s’occupe d’elle. La faire démissionner serait bien plus facile.


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() message posté Mer 8 Avr 2015 - 22:46 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ Des questions, des centaines de questions. Souvent, cela avait été les mêmes à revenir, encore et encore, comme si seuls certains points spécifiques de son histoire les intéressaient réellement ; les journalistes avaient toujours trouvé un moyen de formuler différemment leurs propos mais les fondements même de leurs interrogations n’avaient pas changé. Ce qu’elle en pensait, ce qu’elle ressentait, si elle en voulait à son père, si elle s’était rendue compte du monstre qu’il avait été. Qu’il était toujours, enfermé dans une cellule, enfermé pour des années encore. Ils avaient posé ces questions une fois. Dix fois. Cent fois. Ils avaient attendu des réponses de sa part, ils l’avaient sollicité pour qu’elle parle, et l'avaient harcelé, presque, voyant en elle une source de scoops potentiels. Elle était restée muette ; elle s’était bien souvent indignée, préférant céder à la colère plutôt que se rendre compte, qu’au fond, si elle ne leur avait jamais répondu, cela était principalement parce qu’elle n'avait aucune réponse à leur donner.
Parce qu'elle ne savait pas ce qu’elle en pensait. Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait. Elle ne savait pas si elle lui en voulait pour cela spécifiquement, ou si elle lui en voulait pour l'enfer qu'elle avait bien pu vivre avant la révélation de ses actes impardonnables. Elle avait simplement été prise dans le tumulte des évènements. Elle avait été dépassée par tout ce qui avait bien pu se produire. Elle avait appréhendé les choses quand elles s’étaient présentées à elle, les unes après les autres, sans même avoir le temps de se remettre de la précédente. Etrangement, également, elle s’était retrouvée prisonnière du passé, à sans cesse tenter de se rappeler où est-ce qu’elle avait fait un faux pas.
A tenter de se rappeler quand est-ce qu’elle n’avait pas vu l’évidence.
A tenter de se souvenir à quel moment elle aurait pu se rendre compte. Se rendre compte de qui il était réellement. Se rendre compte que la lueur dans son regard n'était pas forcément que de la haine à son encontre mais envers le reste du monde également.
Heaven déglutit avec difficulté, continuant d’observer Jake dans les yeux, le détaillant presque comme pour voir dans les tréfonds de son âme ce qu'il pouvait bien ressentir en cet instant. Elle avait toujours été effrontée, quelque part ; le sang qui coulait dans ses veines était chaud comme la braise et elle peinait, bien souvent, à adopter des réactions moins excessives. Cela lui avait valu des corrections, plus jeunes, des corrections données par son père lui-même. Cela lui avait valu des retenues et des devoirs supplémentaires, des avertissements et des réprimandes. Elle avait tenté de faire des efforts, oui. Elle avait réellement essayé. Cependant, en cet instant, elle ne cherchait même se retrancher dans ses idées. Elle ne cherchait même pas à être normale, à être civilisée, à ne pas répondre à cet appel de l’injustice qui résonnait jusque dans ses oreilles. « Oh non, c’est qu’une partie infime du travail ça. Des fois, j’harcèle, d’autres, j’espionne et, de temps en temps, il m’arrive même de corrompre un ou deux policiers pour des infos. » lui répondit-il, et elle esquissa un sourire dénué d’amusement. Elle roula des yeux, les bras croisés contre sa poitrine. Elle ne le connaissait pas, au fond, non. Elle ne savait pas comment il était avec les autres, elle ne pouvait même pas prétendre d’avoir pu entrevoir sa personnalité parce qu’elle ne lui avait pas donné l’occasion de se dévoiler. Il avait fait un faux-pas. Un seul. Cela lui avait suffi pour s'emporter et décréter qu'il était comme tous ces autres journalistes qui avaient désiré tirer profit de sa situation pour s'enrichir. Pour avancer. Pour connaître une heure de gloire éphémère. « Ecoutez, si vous ne voulez pas travailler ici, la porte est juste derrière moi. N’hésitez pas. » finit-il par dire en reprenant la parole. « Fernandez est malade, je n’ai pas choisi d’avoir une stagiaire et encore moins vous alors croyez-moi, ça ne me dérangera pas si vous partiez. » Le regard bleu d’Heaven demeura ancré dans le sien. Cela était comme si ses mots continuaient de résonner dans son esprit. Il semblait loin le journaliste encore débutant qui avait lui avait volé autour pour une interview. Il semblait loin ce jeune homme commettant des petites erreurs qui auraient pu se révéler insignifiantes s’il ne s’était pas retrouvé face à une personne comme elle. Face à une teigne comme elle. Elle poussa un soupir. « Je pense que vous savez aussi bien que moi que je ne peux pas simplement me permettre de partir. » dit-elle finalement. « J’ai besoin de ce stage. Je suis en dernière année. Il est hors de question que je bousille mes chances en étant aussi proche du but. » Son ton était calme et posé, mais ses paroles étaient presque grinçantes. Comme si, quelque part, elle ne désirait pas rester que pour ses propres études mais pour se venger de lui, également.
C’était idiot et puérile, elle le savait. Cependant, elle savait également qu’elle avait vécu de longues semaines, de longs mois, à tenter de faire un pas de chez elle sans qu’on vienne lui rappeler qui elle était et ce qu’avait fait son père ; Jake Cavendish n’avait fait qu’appartenir à ce monde de rapaces qui lui avait littéralement bouffé l’existence. « Vous devez sans doute savoir ce que c’est, d’être dans ma position. » Quand on est débutant. Quand on ne sait pas très bien ce que l’on fait. Cependant, elle ne continua pas. Elle finit par faire un pas sur le côté pour se diriger vers la porte de son bureau. Elle ne savait même pas où est-ce qu’elle pouvait trouver une chaise ; pendant un instant, même, la vague idée de s’asseoir à même le sol lui traversa l’esprit mais elle se fit violence pour ne pas l’appliquer. « Je suis nettement moins intéressante, n’est-ce pas ? Maintenant que je ne suis plus un monstre de foire. » finit-elle par ajouter. « Vous pourriez au moins me dire où je peux trouver une chaise ? » Les mots dépassaient sa raison, cette raison qui lui répétait sans cesse de faire marche arrière. De se taire. De s’enfuir et ne pas revenir, parce que, de toute évidence, ce monde n’était pas fait pour elle.
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() message posté Jeu 9 Avr 2015 - 16:52 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ La vérité, c’est que Jake ne sait pas ce que ça fait d’être de l’autre côté de la caméra. D’être celui qu’on filme. Celui qui doit répondre aux questions. Celui qui est concerné par cette information dont tout le monde parle. Il n’a été que rarement de l’autre côté et n’a jamais été sollicité par la presse dans ces cas-là. Le lien, bien que présent, n’était pas assez évident pour qu’on remonte jusqu’à lui. Il aurait pu faire le choix de s’exprimer lorsque sa meilleure amie avait été kidnappée par des terroristes, mais l’idée ne lui est même pas venue. Ça n’aurait servi à rien et il n’aurait pas su quoi dire. Il avait pu voir certains de ses proches être alpagués dans la rue par des journalistes envahissants. Il avait rapidement réalisé qu’il y avait une façon de le faire, une façon pour essayer d’être le plus respectueux possible tout en obtenant des informations. Heaven avait été sa première erreur et il en avait tiré des leçons. Il y avait eu d’autres erreurs bien sûr mais c’est ainsi qu’on apprend à mieux faire. Aujourd’hui encore, il n’obtenait pas toujours les interviews qu’il souhaitait. Peu importe le tact dont il peut faire preuve, certaines personnes refuseront toujours de s’adresser à la presse. Ç’avait été le cas d’Heaven qui n’avait jamais donné d’interview. Et si, à l’époque, ça lui avait donné un sacré coup à sa fierté, il ne s’en formalise plus désormais.
Elle sort les griffes directement, ce qui agace Jake. C’était trop espéré qu’elle l’ait oublié ou qu’elle fasse comme si de rien n’était, au moins. C’était bien ce qu’il avait commencé par faire, lui. Ça ne doit pas être dans le caractère d’Heaven. Rien d’étonnant quand on sait la façon dont elle avait déjà rembarré Jake à l’époque. Sans grand espoir, il l’invite à partir si elle n’est pas contente. Elle ne l’est pas, c’est assez évident alors elle pourrait leur épargner tout ça, en franchissant tout simplement cette porte. « Je pense que vous savez aussi bien que moi que je ne peux pas simplement me permettre de partir.  J’ai besoin de ce stage. Je suis en dernière année. Il est hors de question que je bousille mes chances en étant aussi proche du but. » Il se souvient de son stage, il devait avoir son âge et il l’avait pris vraiment au sérieux, presque trop. Enfin ça lui avait permis d’avoir un travail après ça donc ça avait dû plaire. Les stages, c’est presque plus important que le diplôme, même si les deux sont nécessaires. C’était stupide de sa part de penser qu’elle pourrait juste partir. Peu importe à quel point elle le hait, elle n’a pas d’autre choix. Ils vont devoir se supporter jusqu’au retour de celui qui devait être son maitre de stage au départ. « Comme vous voulez. » Dit-il en haussant les épaules. Ça le dérange qu’elle soit là, bien entendu mais il ne peut pas refuser de la prendre comme stagiaire. Son patron a été clair et Jake sait qu’il est inutile de se plaindre et d’essayer de négocier.
« Vous devez sans doute savoir ce que c’est, d’être dans ma position. » Pas sûr de savoir ce qu’elle sous-entend, il ne lui répond pas. Il venait d’être embauché quand il avait essayé d’obtenir cette interview d’Heaven et il manquait d’expérience. Tout ça lui semble si lointain. Il a beaucoup changé depuis. Elle aussi, sûrement, même s’il serait bien incapable d’en être sûr. Elle semble toujours avoir un fort caractère et ne pas savoir garder sa langue dans sa poche. C’était tout ce qu’il savait d’elle à l’époque et ça n’a pas beaucoup changé. Elle fait quelques pas pour s’approcher de la porte et il s’avance pour s’assoir dans son siège. La journée vient à peine de commencer et ça l’épuise déjà. Pas étonnant qu’il ne veuille pas avoir de stagiaires. « Je suis nettement moins intéressante, n’est-ce pas ? Maintenant que je ne suis plus un monstre de foire. » Il relève les yeux vers elle, étonné qu’elle relance le sujet. Elle semble encore en colère par rapport à quelque chose qui s’est passé il y a des années. « Vous pourriez au moins me dire où je peux trouver une chaise ? » Ah oui, il lui avait dit d’aller se chercher une chaise, il avait oublié. « J’en sais rien… Allez dans le bureau au bout du couloir, je crois que mon collègue est en vacances. » Il voulait bien faire des efforts pour être poli mais la rancœur de la jeune femme l’agace. Alors qu’elle sort pour aller chercher une chaise, Jake allume son ordinateur, vérifie les alertes sur son téléphone – rien d’intéressant – et branche sa clé usb. A moins d’une information importante dans la journée, il va surtout faire du travail de recherche aujourd’hui. Pas la partie la plus intéressante du travail.
Heaven revient rapidement, portant une chaise et il la regarde, se demandant ce qu’il va pouvoir lui faire faire. Il n’a pas vraiment l’habitude de s’occuper de quelqu’un d’autre. Alors qu’elle pose son siège, il prend finalement la parole. « Votre père est toujours en prison non ? Sûrement… Vous savez, vous pourriez toujours être un monstre de foire. Un sujet récapitulatif, une interview exclusive et vous seriez à la télé. » Dit-il avec une lueur de défi dans le regard. Aucun tact mais ce n’était nullement son but. Elle le provoque et ça fonctionne parfaitement. Pas sûr que c’était l’effet escompté mais tant pis. « On peut se mettre au travail ou vous voulez encore vous plaindre ? » Il réfléchit rapidement, cherchant quelle tâche il pourrait bien lui attribuer. Il pourrait très bien se contenter de l’envoyer lui chercher un café mais il vient d’en boire un. « Vous n’avez qu’à rédiger un texte à partir de ce brouillon. » Dit-il en désignant une icône sur l’ordinateur. « C’est sur une loi en préparation, le féminisme je crois. Je pourrais voir ce que vous savez faire comme ça. » Le sujet ne doit être prêt que dans quelques jours, pour être diffusé quand la loi sera examinée, il ne l’aurait sûrement pas fait tout de suite mais c’est toujours quelque chose. « A moins que vous préfériez qu’on travaille sur votre interview à vous ? »

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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 16:01 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ Heaven oubliait difficilement les choses. Heaven restait coincée dans le passé, d’une certaine manière, ressassant sans cesse ce qui avait bien pu la blesser ou la mettre en colère. C’était si dur, après tout, d’aller de l’avant, comme si le futur était effrayant, comme si le futur lui faisait peur. C’était si dur, après tout, d’admettre pouvoir aller au-delà, si dur, après tout, d’admettre avoir eu tort. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et ses doigts s’agitaient en rythme, exprimant ses impatiences successives, reflétant toute la tourmente qui pouvait bien l’habiter. Quelque part, elle avait oublié son existence ; son esprit avait fait en sorte de classer certains épisodes de son existence, de les ranger quelque part au fond de sa mémoire pour qu’elle n’ait pas à y repenser. Elle n’avait plus pensé à lui, non. Elle ne s’était pas acharnée avec ses ressentis, elle ne l’avait pas détesté durant toutes ces années. Non, rien de tout cela. Elle l’avait oublié.
Mais, en se retrouvant ainsi devant lui, en recroisant son chemin après des années d’oubli, elle retombait dans toute la rancœur qu’elle avait bien pu accumuler.
Après tout, Heaven était ainsi. Elle était feu et flamme. Elle s’embarquait avec excès dans ses colères, ne se demandant même pas si elle était excusable, ne se demandant même pas si elle avait le droit d’agir de cette manière. Elle fusillait Jake du regard sans même se rendre compte que, fondamentalement, leur brève histoire commune appartenait au passé. A ce passé révolu. A ce passé qu’elle refusait d’oublier malgré les années à avoir avancé sans y penser. Elle se répétait que cela faisait partie d’elle. Elle se répétait que Jake avait fait partie de ces individus qui lui avaient rongé l’existence. Et, d’une certaine manière, lui en vouloir paraissait légitime, dans son esprit confus. Lui en vouloir paraissait normal et raisonnable. Sensé. Juste. « Comme vous voulez. » lui répondit-elle. Mais ce n’était pas comme elle voulait. Il le savait, au fond, qu’elle ne restait pas parce qu’elle le désirait. Il le savait, au fond, qu’elle n’avait pas le choix, et que cela était parce qu’elle tenait à ses études qu’elle était contrainte d’endurer sa présence. Pour elle, s’en aller n’était pas une option. Pas après avoir passé quatre ans à travailler comme une forcenée.
Jake avait l’air d’être passablement exaspéré mais quelque part, cela lui donnait une certaine satisfaction ; cela était sans doute puérile, mais c’était une façon, pour elle, de se venger. Se venger, mais de quoi ? Elle n’en savait rien. Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle réagissait comme une sale gamine et, pourtant, même si elle s’en rendait compte, elle continuait. Toujours. « J’en sais rien… Allez dans le bureau au bout du couloir, je crois que mon collègue est en vacances. » répondit-il à sa question et elle hocha vaguement la tête avant de tourner les talons et s’élancer dans le couloir. Elle passa devant différents bureaux, le pas pressé, la tête haute ; elle savait qu’un air renfrogné habitait ses traits mais elle ne parvenait pas à cesser de penser à Jake.
A Jake et tous les souvenirs qui émergeaient avec lui.
Heaven trouva le bureau inoccupé et attrapa la chaise libre ; du haut de son mètre cinquante-deux, elle remonta le couloir, la portant dans ses bras. On lui lança quelques regards teintés d’incompréhension et, parfois, d’amusement, mais elle n’en tint pas compte. Elle rentra une nouvelle fois dans le bureau de Jake, fermant la porte derrière elle, et posa la chaise au sol. Il ne reprit la parole qu’une fois qu’elle fut installée. « Votre père est toujours en prison non ? Sûrement… Vous savez, vous pourriez toujours être un monstre de foire. Un sujet récapitulatif, une interview exclusive et vous seriez à la télé. » Elle fonça les sourcils en observant ses yeux se teinter victorieusement. Elle sentit son corps se raidir, suffisamment lucide pour comprendre qu’il s’agissait, d’une certaine manière, de menaces. « On peut se mettre au travail ou vous voulez encore vous plaindre ? » Elle ne lui répondit pas, se connaissant suffisamment pour savoir que beaucoup de choses pourraient lui échapper en cet instant ; elle avait une grande gueule, oui, mais elle savait, également, que Jake était en position de force par rapport à elle.
Et cela la rendait presque folle. « Vous n’avez qu’à rédiger un texte à partir de ce brouillon. » lui dit-il en montrant quelque chose sur son écran. Elle ne se donna même pas la peine de réellement regarder ce qu’il lui désignait. « C’est sur une loi en préparation, le féminisme je crois. Je pourrais voir ce que vous savez faire comme ça. A moins que vous préfériez qu’on travaille sur votre interview à vous ? » Elle lui lança un regard peu amène, avant de se pencher pour sortir son ordinateur portable de son sac à main. Elle fouilla dans les profondeurs des différentes poches pour mettre la main sur une clef USB, avant de la poser sur son bureau. « Vous pouvez me mettre votre ficher là-dessus, monsieur ? » lui demanda-t-elle en lui adressant l’ébauche d’un sourire dénué de bonne volonté. Son cœur battait si fort qu’elle l’entendait se déchainer dans ses oreilles. Son cœur battait si fort qu’elle ne savait même plus comment se calmer. Elle repensait encore à ses paroles, à ses menaces guère voiler, à sa réaction face à ses propres paroles à elle ; encore une fois, elle se surprit à songer à quel point il avait changé depuis leur dernière rencontre. « Mais vous le savez comme moi... » reprit-elle en le regardant dans les yeux. « Personne n’en a rien à faire des monstres qui ne présentent plus aucun danger. Mon père est enfermé. Rappeler des faits à une population qui n’est réceptive qu’aux drames actuels serait une perte de temps. Et vous n’êtes pas une personne qui perd son temps, n’est-ce pas, monsieur Cavendish ? » Elle ouvrit l’écran de son MacBook Air, appuyant sur le bouton power pour l’allumer. Cependant, son regard, lui, ne se détacha pas des yeux de Jake, comme si, d’une certaine façon, elle tentait de se prouver qu’il ne pouvait plus l’atteindre tout en sachant que cela était complètement faux.
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() message posté Mar 28 Avr 2015 - 18:37 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Jake n’a jamais été réellement rancunier, préférant passer l’éponge plutôt que se compliquer la vie plus que nécessaire. Tout le monde fait des erreurs, lui y compris, nul besoin de rester bloquer là-dessus. Certes, c’est parfois difficile, selon les situations. Selon ce qu’on doit pardonner. Mais on finit toujours par réussir, au bout d’un moment. Tout comme il pourrait parfaitement se formaliser, être poli et travailler avec Heaven sans problème pendant quelques jours. Oui, il le pourrait si elle n’était pas si agaçante. Si elle était capable d’oublier le passé. Mais au vu de ses paroles acerbes, ça n’a pas l’air d’être le cas. Il peut comprendre qu’elle soit ainsi, ça n’empêche que ça l’énerve.
Il n’a rien demandé de tout ça, il venait juste travailler ce matin. Au lieu de ça, il se retrouve coincé avec une stagiaire qui le déteste et qui ne se prive pas pour le montrer. Dommage qu’elle ne soit pas assez en colère pour quitter son stage. Mais ça serait idiot de sa part et elle ne semble pas l’être. Un tel stage, même si on ne s’entend pas avec son tuteur, on ne le quitte pas. Un atout sur le CV, voire même un emploi directement, comme ç’avait été le cas pour Jake. Alors peu importe ce qui se passe, on prend sur soi, on se tait et on obéit. Sauf que Jake doute que ça soit le genre d’Heaven Howard-Clarke. Si ç’avait été le cas, elle n’aurait rien dit dès le départ. Il a beau être son supérieur, il ne peut pas faire grand-chose. Il n’a pas encore assez d’ancienneté pour pouvoir virer quelqu’un et se plaindre à son chef serait une très mauvaise idée. Il lui a très bien fait comprendre qu’il n’avait pas le choix, qu’il devait s’occuper de la stagiaire jusqu’au retour de son collègue malade. Il a vraiment mal choisi son jour lui.
Lorsqu’elle revient finalement avec une chaise, il lui donne un travail à faire, estimant qu’ils ont déjà perdu assez de temps avec tout ça. Ils ne vont quand même pas reparler de cette histoire toute la journée, si ? Ils peuvent toujours en parler encore et encore, ça ne changera rien au passé. Alors Jake fait le premier pas – à moitié – vers une cohabitation cordiale. Si on peut dire. Ils peuvent tout aussi bien travailler l’un à côté de l’autre, en silence. « Vous pouvez me mettre votre ficher là-dessus, monsieur ? » Dit-il en sortant une clé usb de son sac. Elle sourit mais à son ton, il est facile de deviner qu’elle est énervée. Tant pis, elle peut très bien l’être, c’est son problème. Sauf que ça devient aussi celui de Jake si elle continue de le montrer. Il prend la clé de ses doigts en lâchant un soupir et la branche sur son ordinateur. La journée risque d’être longue et il lui en veut. Il n’a pas l’habitude de détester son travail ainsi, d’attendre avec impatience la fin de la journée pour rentrer chez lui. D’habitude, il n’a pas une stagiaire qui le déteste en même temps. Une fois le fichier transféré, il pose la clé sur le bureau, sans rien dire. Lui qui est plutôt du genre à discuter quand il est avec quelqu’un, voilà qu’il espère de tout cœur qu’elle restera silencieuse et se contentera de faire son travail.
« Mais vous le savez comme moi... » Il se retourne vers elle, réalisant qu’elle le fixe. Aucune chance qu’il soit tranquille aujourd’hui donc. « Personne n’en a rien à faire des monstres qui ne présentent plus aucun danger. Mon père est enfermé. Rappeler des faits à une population qui n’est réceptive qu’aux drames actuels serait une perte de temps. Et vous n’êtes pas une personne qui perd son temps, n’est-ce pas, monsieur Cavendish ? » Elle a beau utiliser des formules de politesse et le vouvoyer, elle pourrait difficilement plus lui manquer de respect. Trop arrogante aussi. Certes, elle a en partie raison mais ne sait-elle pas qu’on doit le respect à ses supérieurs ? Vu le milieu favorisé d’où elle vient, rien d’étonnant. Elle a dû être habituée à voir tout le monde répondre à ses moindres désirs. Quel choc ça sera quand elle entrera vraiment dans le monde du travail. « Je n’en serais pas si sûre à votre place. » Si elle veut jouer, il peut jouer aussi. C’est lui qui a commencé sur ce terrain, il compte avoir le dernier mot. Hors de question de lui donner raison alors qu’elle l’agace autant. « C’est dans la nature humaine d’être curieux. Une curiosité parfois un peu morbide mais c’est pour ça que les films d’horreur fonctionnent si bien. Alors vous pensez bien, pouvoir comprendre les agissements d’un tueur en série, ça en intéresserait plus d’un. » Dit-il, sans la quitter du regard. Techniquement, il pourrait faire passer un tel reportage. Même si les années ont passées, en tournant bien les choses, il pourrait en faire quelque chose d’intéressant. C’est son travail, il est doué pour ça. Il travaille surtout sur les sujets d’actualité, au jour le jour, mais ça serait un défi. Sauf qu’il ne compte pas le faire, il continue sur ce terrain seulement pour la défier. Pour ne pas la laisser gagner et peut-être aussi pour la toucher un peu. « Je parie que vous-même, vous vous êtes déjà demandée ce qui a poussé votre père à faire ça, n’est-ce pas ? » Coup bas. Ça n’est pas dans ses habitudes mais il ne va pas s’excuser. Ce qui est fait est fait. Il n’ose même pas imaginer tout ce qui a pu traverser l’esprit de la blonde quand elle a appris que son père était un tueur en série. Qu’elle ait été proche de lui ou non, il reste son père et on a toujours tendance à idéaliser nos parents. Déjà qu’une infidélité avait choqué Jake alors plusieurs meurtres…
« On peut se mettre au travail maintenant ou vous voulez qu’on fasse ce reportage et qu’on parie sur le fait qu’il sera diffusé ? » Il se retourne vers son ordinateur, lassé. Il se doute qu’elle ne lâchera pas l’affaire. Il a beau la côtoyer seulement depuis quelques minutes, il a déjà compris ce côté de sa personnalité. Ça et le fait qu’elle n’ait pas sa langue dans la poche. Autant il peut admirer ces traits de caractère chez certaines personnes, autant là, ça ne fait que l’énerver encore plus.

✻✻✻
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 13:14 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ Heaven, au fond, n’avait sans doute pas tort quand elle disait que l’affaire Howard-Clark avait détruit son monde. Cela était sans doute le cas. Cela était sans doute vrai. Elle avait passé des mois et des mois à remettre en question la vérité. Elle avait passé des mois et des mois à être tourmentée par une centaine d’interrogations sans jamais avoir la chance d’obtenir des réponses. Elle avait été en colère contre le monde entier. En colère contre elle-même, également. Elle avait beau avoir hurlé, crié. Elle avait beau s’être indignée. Rien n’avait changé. Son père avait bel et bien été arrêté. Son père avait bel et bien été coupable. Son père avait bel et bien été mis derrière des barreaux. Si, autrefois, s’appeler Howard-Clark n’avait rappelé que l’aristocratie britannique en conservant des connotations prestigieuses, désormais, cela ne référait qu’à une rature dans l’histoire de l’humanité.
Ce n’était plus un nom de famille de lord, de lady, un nom de famille de la noblesse. Non. Cela était le nom d’un meurtrier. D’un tueur. D’un psychopathe qui avait ôté la vie de cinq jeunes femmes et de plusieurs autres personnes au cours de la décennie passée.
Heaven avait toujours cru savoir ce que c’était, d’être traitée comme une paria. Elle avait toujours été persuadée d’avoir été exclue, d’une certaine manière, par ses parents, par les autres. D’avoir été exclue simplement parce qu’elle avait refusé de se conformer à la normalité. D’avoir été exclue simplement parce qu’elle n’avait pas été comme ils avaient souhaité qu’elle soit. Mais, après cela, elle s’était rendue compte qu’elle n’avait eu absolument pas la moindre idée de ce que c’était d’être en marge de la population. Elle n’avait jamais eu que des problèmes de sale gamine riche, de sale gamine incapable de savoir quoi faire avec ses dix doigts. Elle se l’était jouée pseudo-rebelle en pensant que les punitions de ses parents seraient les pires choses qui pouvaient lui arriver. Elle avait été idiote, oui. Idiote et puérile. Idiote et capricieuse, née avec une cuillère en argent dans le bec. Elle ne s’était pas rendue compte que ses malheurs n’étaient rien par rapport à ce qui l’avait attendu. Elle n’avait même pas songé que la vie pouvait réellement être difficile, que la vie était une chienne, une chienne qui s’acharnait sur le monde.
Alors, forcément, Heaven possédait des cicatrices indélébiles. Alors, forcément, elle portait avec elle le fardeau de cet instant précis où son univers s’était effondré. Cela avait été dur, oui. Dur de continuer. Dur de se dire que cela valait la peine. Elle l’avait fait, à sa manière ; mais elle conservait des traumatismes. Elle avait continué à avancer sans parvenir à vivre avec.
Parce qu’Heaven n’avait pas été préparée pour ça. Parce qu’elle avait été issue de la jeunesse dorée. Parce qu’elle avait cru que ses problèmes de sale gamine capricieuse avaient vraiment eu de l’importance. Parce qu’elle avait cru connaître le monde mais qu’elle n’avait fait qu’évoluer dans une bulle de mensonge. « Je n’en serais pas si sûre à votre place, » lui répondit alors Jake, et elle leva les yeux vers lui. Elle était la première à continuer la conversation, la première à continuer de le provoquer. Pourtant, elle savait. Elle savait qu’elle n’avait pas suffisamment d’assurance pour endurer ses répliques. Elle savait que cela n’était pas une bonne idée, elle savait qu’elle n’aurait jamais dû s’aventurer dans ce chemin tortueux. Elle n’était pas prête, non. Pas prêtre à accepter cette réalité qu’elle avait passé des mois à rejeter. Pas prête à jouer les grandes gueules alors qu’elle avait simplement envie d’en pleurer. « C’est dans la nature humaine d’être curieux. Une curiosité parfois un peu morbide mais c’est pour ça que les films d’horreur fonctionnent si bien. Alors vous pensez bien, pouvoir comprendre les agissements d’un tueur en série, ça en intéresserait plus d’un. » Il parlait d’une voix étrangement calme, alors qu’il faisait simplement un état de faits. Il savait de quoi il parlait, oui. A vrai dire, Heaven se rendait bien compte qu’il était sans doute talentueux, qu’il était sans doute doué pour son métier. Elle ne parvint pas à détourner la tête. Ses yeux avaient comme capturé son âme, la forçant à le regarder la détruire du regard. « Je parie que vous-même, vous vous êtes déjà demandée ce qui a poussé votre père à faire ça, n’est-ce pas ? » Sa mâchoire se serra en entendant sa question rhétorique. Si elle avait été plus jeune, elle se serait sans doute lever pour se jeter sur lui, oui. Pour se jeter sur lui et le frapper. Elle n’en aurait eu que faire de sa taille, que faire de savoir qu’il était sans doute bien plus fort qu’elle. Si elle avait été plus jeune, elle l’aurait fait sans même y songer à deux fois, sans même chercher à s’en empêcher. « On peut se mettre au travail maintenant ou vous voulez qu’on fasse ce reportage et qu’on parie sur le fait qu’il sera diffusé ? » Heaven remarqua alors la clef USB qu’il avait posé sur son bureau, contenant sans doute le travail qu’il désirait qu’elle fasse. Elle se pencha pour l’attraper.
Son visage avait perdu de toutes ses couleurs. « Il était complètement taré, » lançai-je d’une voix dure, avant de me racler la gorge. « Voilà ce qui l’a poussé à faire ça. Je n’ai jamais eu besoin de me poser la question. Je le savais. Je l’ai compris toute seule sans même lire le rapport des psychiatres. » C’était des mensonges, en partie, mais Heaven refusait de perdre pieds face à lui. Elle savait qu’elle avait été la première à créer un climat hostile ; cependant, elle demeurait persuadé qu’il avait été le premier à fauter, à fauter des années auparavant. Heaven pensait dur comme fer que c’était lui, le problème. Elle voulait que cela soit lui. « Quoi que, j’ai cru entendre dire qu’à l’époque, il y avait eu beaucoup de spéculations par rapport à ses motivations, » finit-elle par reprendre. «  Comme s’il s’agissait d’une série télévisée. Dites-moi, monsieur, vous aviez des théories avant de voir qu’il était tout simplement cinglé ? » Elle brancha la clef sur son ordinateur, l’observant dans les yeux. Elle savait qu’elle se faisait du mal simplement pour avoir la satisfaction de lui répondre. Après tout, les victimes de son père avaient toujours été des blondes de la vingtaine. Ils avaient été beaucoup à penser qu’inconsciemment, il s’était attaqué à elle.
Elle, cette fille qu’il avait un jour tant désiré mais qui l’avait tant déçu.
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() message posté Lun 4 Mai 2015 - 11:05 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Dans d’autres circonstances, Jake aurait sûrement compati à son histoire. A ce qui lui était arrivé. Pas besoin d’être un génie pour savoir qu’une telle chose peut chambouler une vie. Peut-être que c’était à l’époque du procès, quand il avait essayé d’avoir son interview qu’il aurait dû compatir. Peut-être que ça aurait évité tout ça. Mais il n’avait pas l’expérience qu’il a désormais. Et peut-être que ça n’aurait rien changé. Sûrement même. Si elle avait refusé toutes les interviews, ça n’aurait pas été une parole compatissante qui aurait changé tout ça. Il pourrait bien sûr compatir maintenant, et il l’aurait sûrement fait si elle ne l’avait pas presque agressé.
Parce que vivre avec ça, ça ne doit pas être facile. Se réveiller en pensant à ce qu’a fait la personne qui vous a élevé. Au mal qu’il a fait. Aux raisons qui l’ont poussé à faire ça. Aux familles des victimes. A tout ça et à encore beaucoup d’autres choses. Sans doute qu’on se remémore certains moments de son passé, en se demandant si on aurait pu deviner. L’empêcher de faire ça. Mais il n’y a pas de retour en arrière. Pas de raison. Pas de signe annonciateur. C’est juste arrivé, point.
Il remue le couteau dans la plaie, parfaitement conscient de ce qu’il fait. Il n’a pas l’habitude de faire souffrir les gens mais quand on le cherche, il n’est pas difficile de le trouver. Et c’est ce que fait Heaven depuis qu’il est entré dans son propre bureau. Pas son genre de se laisser faire. Et si elle attaque toujours plus fort, il suit le rythme. Sauf qu’à la fin, il n’a que très peu de risques de finir blessé. Non, c’est elle qui a le plus de chances d’être touchée. Elle qui joue avec le feu alors qu’elle peut s’y brûler. Elle qui le provoque alors qu’il a en main les cartes pour lui faire mal.
Il rentre dans son jeu, poursuit avec du répondant. Il ne veut pas lui donner raison, ni la laisser avoir le dernier mot. Elle l’énerve depuis le moment où elle a ouvert la bouche et elle continue de le faire. Elle a son caractère visiblement, un caractère pas forcément contrôlable. Qui lui fait dire tout ce qu’elle pense, sans penser aux conséquences. Certes, Jake ne peut pas la virer mais il peut s’évertuer à faire de leur collaboration, un véritable enfer. Pas vraiment judicieux parce que ça veut dire que ça le sera pour lui aussi. Que, jusqu’au retour de son collègue, son travail sera une corvée puisqu’il devra la supporter. Mais il a essayé de rendre les choses plus simples. De lui donner du travail et suggérer de travailler ensemble, en silence. Elle a rejeté cette proposition alors tant pis. « Il était complètement taré, » Dit-elle juste après avoir récupéré la clé usb. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’elle parle de son père. Le sujet a beau être sensible, elle continue de l’aborder. Comportement autodestructeur, sans doute ce que lui dirait un psychologue. « Voilà ce qui l’a poussé à faire ça. Je n’ai jamais eu besoin de me poser la question. Je le savais. Je l’ai compris toute seule sans même lire le rapport des psychiatres. » Bien sûr qu’il était fou. Il faut l’être pour ôter la vie à tant de personnes sans avoir de remords. Sans raison particulière car ces femmes ne lui avaient rien fait. Non, il avait juste décidé de les tuer, de manière horrible qui plus est. Personne ne peut comprendre les agissements d’un tueur. Il faut avoir cette folie dangereuse qu’ont les psychopathes pour pouvoir comprendre. Les gens devraient se sentir soulagés de ne pas savoir, de ne pas être comme eux au lieu de chercher des explications. D’être trop curieux. Mais c’est dans la nature humaine de vouloir tout savoir, tout comprendre. « Quoi que, j’ai cru entendre dire qu’à l’époque, il y avait eu beaucoup de spéculations par rapport à ses motivations, » C’est toujours ainsi. Sans réponse claire, la foule s’imagine mille et un scénarios, tous plus fous les uns que les autres. Il avait entendu beaucoup de théories à l’époque mais n’en avait reporté aucune dans le reportage auquel il participait. Sans preuve, ça ne servait à rien. « Comme s’il s’agissait d’une série télévisée. Dites-moi, monsieur, vous aviez des théories avant de voir qu’il était tout simplement cinglé ? » Il s’était interrogé sur toutes les théories qu’il avait entendu oui, sans savoir laquelle pourrait être la bonne. Au final, on ne saurait sans doute jamais. Peut-être même que son père ne savait pas non plus ce qui l’avait poussé à faire ce qu’il avait fait. « Vous savez, beaucoup de psychologues pensent que la folie n’est pas innée mais déclenchée. Que certaines personnes naissent normaux, peut-être avec un certain penchant, mais qu’ils vivent normalement jusqu’au point déclencheur. » Jake avait toujours vu ça comme une explication logique. La folie n’est pas dans nos gênes après tout. Les parents du père d’Heaven n’étaient certainement pas fous. « J’ai tendance à croire en cette théorie. Votre père était un homme normal avant tout ça, non ? » Il peut très bien se tromper. Peut-être que, dès l’enfance, il s’amusait à mutiler des animaux, qui sait ? Un peu cliché mais l’idée est là. « Avant les avis des professionnels, je pensais à une histoire d’amour mal terminée. Qu’une jeune femme blonde lui ait brisé le cœur, quand il était jeune peut-être. Un traumatisme qui ressurgit. » A l’époque, les médias avaient plutôt fait le lien avec Heaven. Jeune, blonde. Mais Jake ne comprenait pas pourquoi il se serait attaqué à des femmes par rapport à sa propre fille. Même sans connaître leurs rapports, ça paraissait un peu trop extrême. Là, son but n’est pas de lui faire du mal. Il expose son avis, tout simplement.
Après tout, c’est elle qui lui a posé la question. S’attendant sans doute à une réponse pire que ça. « Et vous, qu’avez-vous pensé ? Quelles étaient ses motivations selon vous ? » Il est curieux. Elle a dit qu’elle l’avait toujours cru taré mais il sent qu’elle mentait. Et même si elle le pensait, il était impossible qu’elle ne se soit pas posé plus de questions que ça. « Bien sûr, ça reste off record. Simple curiosité, c’est le métier qui veut ça. » Se justifie-t-il. Il doute qu’elle se confie à lui mais il peut toujours essayer. Elle semble penser qu’il est prêt à tout, même au pire, pour son travail mais ça n’est pas le cas. Ça n’est plus le cas.

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() message posté Ven 8 Mai 2015 - 19:25 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ D’aussi loin qu’elle pouvait s’en souvenir, Heaven avait toujours eu peur de son père. Peur non pas parce qu’elle avait eu conscience de tout ce dont il était capable, mais parce qu’il lui avait toujours paru être imposant ; imposant et froid. Il avait été une figure silencieuse dans son existence ; il n’avait pas été comme sa mère, à lever la main sur elle et lui hurler dessus. Non. Il ne lui avait jamais rien dit. Il avait toujours regardé sa femme faire. Mais le regard qu’il avait régulièrement posé sur elle avait suffit, à chaque fois, pour lui glacer le sang. Lui avait suffit, à chaque fois, à chaque fois avant qu’elle ne finisse par s’emporter contre eux. Il n’avait pas souvent parlé en sa présence. Il travaillait au parlement anglais, d’ailleurs, suffisamment pour qu’il ne soit relégué qu’à la place d’étranger dans son cœur. Il avait été son père sans réellement l’être. Il avait été son père mais Heaven s’était toujours dit que, quelque part, il n’avait jamais eu de considération pour ses enfants. Ils n’avaient été que des détails dans sa vie de Politien. Des mômes qu’il n’avait pas élevés. Quand Heaven était partie aux Etats-Unis, elle n’avait pas eu de nouvelle de lui, pas une lettre ni un appel ; cela avait été sa mère, à chaque fois, avec qui elle avait bien pu échanger des mots et déclencher des disputes.
Un étranger, oui. Une personne qu’elle ne connaissait pas réellement. Il l’avait aidé à intégrer l’Imperial College de Londres grâce à son statut de Membre du Parlement anglais, mais ce qu’il avait bien pu faire pour elle s’était arrêtée là. Puis, finalement, elle avait appris la nouvelle. Puis, finalement, son père avait été jugé coupable. Elle ne l’avait pas connu, non, pas suffisamment pour que cela lui fasse réellement du mal. Elle avait été la première, après tout, à avoir peur de son regard, la première à être dérangée par son aura froide. Mais Heaven n’avait pas supporté l’affaire. Heaven n’avait pas supporté la pression, les angoisses, les journalistes. Heaven n’avait pas supporté les médias, le tribunal. Heaven n’avait pas supporté de se demander si, elle aussi, elle était tarée. Tarée comme son père.
Ses frères avaient tenté de la rassurer. Ses frères avaient tenté de lui dire qu’il ne lui arriverait rien, qu’elle était complètement saine d’esprit. Mais, malgré elle, elle était soucieuse. Mais, malgré elle, elle guettait presque l’instant où elle perdrait le fil, suffisamment pour finir comme son géniteur. « Vous savez, beaucoup de psychologues pensent que la folie n’est pas innée mais déclenchée. Que certaines personnes naissent normaux, peut-être avec un certain penchant, mais qu’ils vivent normalement jusqu’au point déclencheur. J’ai tendance à croire en cette théorie. Votre père était un homme normal avant tout ça, non ? » Heaven revint sur Terre, levant de nouveau les yeux sur Jake. Sa mâchoire se serra. Cela était le problème avec les personnes qui s’était amusées à élaborer des théories sur l’affaire ; aucune d’entre elles n’avaient connues Aaron Howard-Clark. Aucune d’entre elles n’avaient pu se rendre compte de qui il était. Mais, quelque part, Heaven avait l’impression de faire partie de ces gens elle aussi. Elle ne l’avait pas connu. Pas réellement, du moins, n’ayant eu qu’un fantôme en guise de père durant toute son existence. « Non, il n’était pas un homme normal, » répondit-elle sans s’étaler sur la question. Elle avait peur de la tournure de la conversation, oui. Elle avait peur de la lueur qui brillait au fond du regard de Jake. Elle avait peur de ce qu’il pouvait penser, ce qu’il pouvait préparer.
Il n’avait pas été un homme normal, non. Il avait été froid. Distant. Rigide. Autoritaire, sans doute, mais il n’avait jamais fait comme sa femme pour élever ses gamins. Heaven avait toujours cru que cela était parce qu’il était un homme politique, un conservateur ; cependant, quelques années auparavant, elle avait fini par se rendre compte qu’elle s’était sans doute trompée. Trompée sur toute la ligne. « Avant les avis des professionnels, je pensais à une histoire d’amour mal terminée. Qu’une jeune femme blonde lui ait brisé le cœur, quand il était jeune peut-être. Un traumatisme qui ressurgit, » finit-il par reprendre. Heaven demeura impassible ; après tout, il s’agissait de la mille-et-unième fois qu’elle pouvait entendre une version des faits. Elle rejeta ce qu’il pensait, cependant ; pour elle, une personne comme son père n’était pas capable d’aimer. Il ne pouvait pas avoir un jour porter une personne dans son cœur pour accepter l’idée d’ôter la vie d’une autre. « Et vous, qu’avez-vous pensé ? Quelles étaient ses motivations selon vous ? » Une nouvelle question. Heaven croisa les bras, les serrant contre sa poitrine comme pour se donner du courage. « Bien sûr, ça reste off record. Simple curiosité, c’est le métier qui veut ça. » Son regard demeura fixé sur lui, alors qu’elle tentait – en vain – de lire dans ses pensées. De savoir où est-ce qu’il désirait réellement en venir. Elle avait l’impression que ce n’était qu’un moyen détourné pour qu’elle ne parle ; mais elle n’était pas sûre. Elle n’était plus sûre. « Est-ce que c’est réellement off record, monsieur Cavendish ? » demanda-t-elle, suspicieuse. C’était une façon détournée, oui. Une façon détournée pour se donner du courage et trouver de quoi répondre à ses interrogations. Une façon détournée de jouer aux dures quand on était qu’une petite fille apeurée. « Parce que vous savez que je pourrais vous attaquer en justice si un jour je retrouve notre conversation relatée quelque part, » poursuivit-elle. Mais, au fond d’elle, elle savait qu’il n’était plus maladroit, qu’il n’était plus ce jeune journaliste capable de tout pour lancer sa carrière. Cependant, elle ne lui faisait pas confiance, non. Elle savait qu’il était sans doute capable de retourner ce qu’elle était sur le point de dire contre elle. Elle savait qu’il s’en prendrait à elle de la manière dont elle avait bien pu s’en prendre à lui. « Il voulait faire du mal. Avoir un sentiment de pouvoir, peut-être. C’était un homme politique, après tout. » Sa réponse était volontairement vague, son visage, quant à lui, était fermé. Son cœur battait de manière irrégulière, ses doigts tremblaient, trahissant la lassitude qu’elle pouvait feindre.
Qu’elle feignait parce qu’elle savait qu’elle était en position de faiblesse.
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