FB ▬ Let me introduce you to the other most important person in my life ☼ Lucy&&Ty&&Rika

- Oh, bah, lui fais pas peur tout de suite, Rox… commenta Rafael en réponse à ma remarque sur ce que la jeune femme risquait si elle osait lui faire du mal. Et si tout cela était finalement dit sur un ton assez bon-enfant, mes « menaces » étaient quant à elle on-ne-peut-plus sérieuses, même si je ne doutais pas une seule seconde que mon meilleur ami était parfaitement en état de se défendre tout seul. Je me fis tout de même un devoir de changer rapidement de sujet de conversation parce que j’allais réellement finir par faire fuir l’une des seules femmes qui semblaient vraiment compté dans la vie amoureuse de Rafael – bien qu’il était encore jeune et avait largement le temps d’en trouver d’autres… Et il allait ensuite très certainement m’en vouloir, ce qui serait très difficile à supporter puisqu’il était quand même la personne la plus importante dans ma vie et que si j’avais le malheur de me brouiller avec lui, je me retrouverais alors encore plus seul que je ne l’étais déjà…

- Ah, toi aussi, tu as été au Japon ? me demanda-t-elle alors, timidement enjouée que l’on puisse avoir un point commun – ce qui n’était en fait pas le cas, mais elle ne le savait pas encore… On m’avait expliqué cette subtilité lorsque j’y étais allée !

- Absolument pas. J’attends que Monsieur Alvarez se décide à accepter un séjour tout frais payé pour ça, répondis-je en lançant un regard faussement accusateur vers mon meilleur ami. Nous avions déjà eu l’occasion d’en discuter plusieurs fois par le passé, mais nous nous butions sans arrêt à un problème, que ce soit d’argent de son côté ou de temps du mien. Au final, nous restions toujours tous les deux sur notre grande île à se faire de petits séjours dans des villes plutôt locales que nous connaissions peu, voire dans des pays frontaliers lorsque nous avions su saisir les bonnes affaires. Bon, il était vrai aussi que ce voyage au Japon n’était non plus un sujet de conversation très récurrent et qu’on avait dû en parler seulement une ou deux fois en passant, mais s’il nous était donné un jour de partir là-bas, ce serait avec grand plaisir.

- On s’est rencontrés à la galerie… La propriétaire nous a présentés et on a passé la soirée ensemble. A parler boulot et puis… commença Rafael à m’expliquer les détails de leur rencontre, avant que sa petite amie ne prenne le relais.

- Oui, c’est vrai… Je suis en train d’organiser des conférences de presse pour pouvoir promouvoir des expositions.

- Ah… C’est… intéressant… feignis-je un certain enthousiasme, tout en tentant tant bien que mal de cacher mon indifférence face à ce genre d’informations peu intéressante justement. Je me devais de faire un minimum d’efforts pour Rafael et si cela voulait dire « montrer de l’intérêt pour ce que faisait Lucy », j’étais prêt à le faire. Ça veut dire que tu vas faire d’autres expo, alors ? demandai-je à mon meilleur ami, tout de même ravi que cette partie de sa vie fonctionne enfin après des années de tentatives pour percer dans le milieu de l’art.

- Maaaaaiiiiis vous avez fini de toujours vouloir me payer des trucs ? Je suis pas à la rue enfin ! se mit tout à coup à se plaindre Rafael tel le grand enfant auquel il aimait parfois beaucoup s’amuser.

- Pour le coup mon chéri, je vais être du côté de Tyler ! intervint alors Lucy en ma faveur au sujet du séjour tout frais payé au Japon que j’avais proposé d’offrir à Rafael plus d’une fois, mais que la fierté de ce dernier l’obligeait à refuser à chaque fois. Et si j’étais plutôt reconnaissant envers la jeune femme de me soutenir dans cette position quelque peu délicate – étant donné que je pouvais également parfaitement comprendre la gêne ressentie par mon meilleur ami dû au fait de se faire tout offrir tel le gigolo qu’il n’était pas –, mon attention fut malheureusement retenu par un autre petit détail présent dans les propos qu’elle venait de tenir : le formulaire aussi mièvre que vomitif utilisée bien trop souvent par les couples du monde entier « mon chéri »… Et je tentais tant bien que mal de ne pas relever ce petit mot doux, noyant ma remarque sans le moindre doute acerbe dans une longue gorgée de bière. Profites en, s’il te le propose !

- En plus d’être jolie, elle est censée. J’espère que tu vas la garder, celle-là ! m’exclamai-je dans le but de mettre en avant mon appréciation du soutient qu’elle venait de me témoigner et montrer ainsi que je n’étais pas aussi détestable que tout le monde semblait bien le croire – surtout que je ne disais même pas cela de manière ironique !

Lucy prit ensuite la parole afin de me parler de sa profession étroitement liée à sa rencontre avec mon meilleur ami puisque c’était grâce à cela qu’ils avaient pu se rencontrer. Et si je n’avais généralement aucun mal à feindre l’intérêt lorsque je le souhaitais réellement, il était plutôt rare que je me donne autant de peine pour cacher mon ennui, quitte à ce que l’on me prenne pour un salaud – ce que j’avouais être sans problème. Cependant, ce n’était pas parce que je réagissais de la sorte avec elle que j’avais quoi que ce soit contre la jeune femme. Après tout, j’aurais pu réagir exactement pareil avec Rafael, la seule différence étant qu’il me connaissait beaucoup trop pour savoir ce qui pouvait m’ennuyer ou pas – et j’avais une tolérance beaucoup plus élevée en ce qui le concernait puisqu’il était la personne qui comptait le plus à mes yeux.

- J’espère. C’est l’idée en tout cas, répondit-il à ma question concernant de possibles futures expositions. Après c’est pas toujours facile à mettre en place… On verra… On va déjà terminer celle-ci, hein ?

- Et j’ai le droit à un pass VIP pour toutes tes expos ? plaisantai-je avec un petit sourire amusé, même si j’espérai tout de même bien en bénéficier.

- Bah évidemment ! s’exclama Rafael en réponse à ma question concernant mon droit de posséder un laissez-passer me permettant d’accéder à toutes ses expositions futures.

Et si je venais à l’instant de faire cette requête, ce n’était vraiment pour l’amour de l’art, mais plutôt pour encourager mon meilleur ami dans cette voie artistique dont il avait tant rêvé et pour laquelle je l’avais toujours soutenu. Cependant, si je devais être totalement honnête avec lui – ce que j’étais, en fait, puisqu’il était parfaitement au courant de mes goûts en matière d’art (si l’on pouvait réellement affirmer que j’en avais un tant soit peu…) –, tout ce qui touchait de près ou de loin à ce que les artistes appelaient les « art visuels » (regroupés par les experts dans la classification de troisième art), ou plus connus par le commun des mortels dont je faisais partie sous les noms de « dessin » et de « peinture ».

- Pas de soucis Tyler, c’était prévu ! tenta à son tour Lucy de me rassurer.  Des paroles qui – sans la moindre intention d’amoindrir l’importance du rôle qu’occupait mon meilleur ami (puisqu’il était tout de même l’artiste des œuvres qui allaient être exposés très prochainement) – avaient cependant beaucoup plus de poids que celles de Rafael étant donné qu’elle était la personne qui se chargeait de ce genre de choses, si je ne me trompais pas… Enfin, au final, peu importait lequel des deux m’assurait que j’allais obtenir ce laissez-passer du moment que je l’avais – j’étais le meilleur ami du peintre après tout. Tu habites dans le coin, au fait ? me demanda-t-elle alors avec un air intéressé dans le but de relancer la conversation qui commençait quelque peu à s’essouffler.

- Yep, approuvai-je à sa question dont je pensais pourtant qu’elle avait la réponse. Après tout, Rafael m’avait déjà informé du fait que la jeune femme vivait dans le même quartier que moi, cela m’étonnait donc quelque peu que cela n’ait pas été réciproque. Parlait-il un tant soit peu de moi avec elle, au moins ?... Glenthorne Road, précisai-je ensuite sans qu’elle ne me l’ai demandé (mais j’anticipais), avant de lui demander en retour : Et toi ?

La conversation se poursuivit pendant quelques heures, le temps de finir nos verres et d’en commander un autre. Et bien qu’elle restait amicale, nous pouvions tout de même ressentir une certaine tension très certainement initiée par mon manque d’allégresse vis-à-vis de cette rencontre organisée. Il allait encore très certainement me falloir un petit peu de temps avant que je ne m’habitue à cette nouvelle relation qui interférait quelque peu entre mon meilleur ami et moi, mais il y avait au moins une chose de positif dans tout cela : j’étais sincèrement heureux pour lui.