"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (sam + lexie) how rare and beautiful.  - Page 2 2979874845 (sam + lexie) how rare and beautiful.  - Page 2 1973890357
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(sam + lexie) how rare and beautiful.

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() message posté Dim 15 Mar 2015 - 18:15 par Invité

. YOU TAUGHT ME THE COURAGE OF STARS BEFORE YOU LEFT. WITH SHORTNESS OF BREATH, YOU EXPLAINED THE INFINITE. HOW RARE AND BEAUTIFUL IT IS TO EVEN EXIST . Sam n'avait jamais aimé le mensonge. Toute sa vie elle s'était évertuée à donner des leçons, à dire à sa soeur ce qu'il était bon de faire et de ne pas faire. Elle avait passé des journées à lui prouver les biens faits de l'honnêteté, et aujourd'hui elle ne s'était jamais sentie aussi fausse. Elle était un imposteur, une vulgaire contrefaçon de ce qu'elle avait toujours voulu être. Lorsque Lexie était encore enfant, la brune n'hésitait pas à la punir pour des mensonges ridicules, un verre brisé, une mauvaise note. Mais cette fois-ci c'était elle qui se sentait mensongère. Toutes ces recherches, toutes ces nuits passées à chercher ce qui peut être n'existait plus. Jamais elle ne lui en avait parlé. Jamais elle n'avait pu lui dire ce qu'elle faisait encore si tard au poste, jamais elle n'avait pu le lui avouer. Elle gardait ça pour plus tard, avec le mince espoir, quelques part dans son esprit, qu'elle ne trouve rien. Un instant, elle avait espérer de rien trouver. Elle avait voulu que cette personne ait changé de pays, de nom, que ces gens n'existent pas. Mais elle les avait trouvé. Et c'était un secret qui pesait sur son coeur depuis trop de temps. Elle redoutait la réaction de sa soeur. Que penserait-elle ? Qu'elle l'avait trahi ? Elles n'avaient jamais voulu en parler, n'avaient jamais chercher à savoir. Mais aujourd'hui Sam savait. Et elle ne pouvait pas le cacher. Il y avait tant en jeu, un dernier espoir, peut-être. Elle l'espérait. « D’accord … » Elle avait ce regard méfiant qu'elle ne lui avait encore jamais adressé. Elle doutait, et il était dur pour Sam de savoir que c'était elle qui la faisait douter aujourd'hui. Elles avaient toujours eu confiance l'une envers l'autre, mais tout semblait voler en éclats. Elle se saisissait de l'enveloppe et la brune baissa le regard. Elle ne voulait pas croiser ce regard. Cette incompréhension, avant cette étincelle, une petite étincelle qui provoquerait un grand feu. Elle comprendrait sous peu. « Qu’est-ce que c’est, Sam ? Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi as-tu … » Elle plongeait de nouveau ses yeux bleus dans les siens, interdite. Elle pouvait lire dans le regard de sa soeur toute sa stupeur, sa fatigue, sa déception, peut-être. Sam réalisait son erreur trop tard ; elles auraient du faire ça à deux, ensemble. Mais une fois encore, elle avait voulu prendre les devants, faire ce qu'il y avait de mieux pour Lexie. Elle s'était trompée, encore. Lexie laissait le dossier tomber dans le sable, et Sam se forçait à fermer les yeux, incapable de soutenir le regard de sa soeur. Incapable de lire ce qu'il y avait dans ses yeux. « Raconte moi. Je n’ai rien demandé, moi. » Son ton était froid, dur, lointain. Elle était déjà si loin. Bien sûr qu'elle n'avait rien demandé. Elle n'avait jamais rien demandé. Cette vie, cette illusion de vie, elle n'en avait jamais voulu. Elle ne méritait rien de ce qui lui était arrivé, et elle ne méritait pas plus de tourments. Mais Sam lui en donnait. « Je me moque de ce qu’il y a dans cette enveloppe, elle n’a jamais voulu me rencontrer pour me le raconter. Alors je ne vois pas quoi en faire. Raconte moi ce que je devrais savoir. Dis-moi à quoi ça peut bien me servir. » La brune plantait de nouveau son regard dans celui de sa soeur qui se voulait insistant. C'était l'heure des explications. C'était l'heure de tenter l'impossible. L'heure de lui faire voir quelque chose qui n'était peut-être pas réel. Elle lâchait la bombe sans plus de formalités. « Je veux qu’on aille la voir. » Elle appuyait chacun de ses mots, sans laisser transparaitre de faiblesse. Il ne fallait pas, sinon jamais elle n’accepterait. Elle devait lui faire comprendre sa démarche, et ne pas effriter le lien qu’elles étaient parvenues à retisser. « Je veux qu’on aille la voir et qu’on lui parle. Ensemble. Je serais avec toi. » Elle se rapproche doucement de sa soeur avant de glisser sa main dans la sienne. Elle était glacée. « Elle pourrait être compatible, Lex… Elle pourrait te donner ce que je ne peux pas. » Elle lui offrait un pâle sourire, reflet de tous cet espoir qu’elle emmagasinait. Elle ne renoncerait pas. Elle ne pouvait pas renoncer, pas à tout ce qu’elles avaient. Elle ne pouvait pas renoncer à elle.


 
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() message posté Mer 18 Mar 2015 - 0:02 par Invité
Je ne pouvais m’empêcher de lui en vouloir. Je n’en avais pourtant pas envie. Je ne voulais pas tout gâcher mais je me surpris à penser que c’était déjà trop tard, qu’elle en était la première responsable. Elle m’avait menti, et elle choisissait ce moment pour me révéler la vérité. Elle m’avait menti et c’est ce que je retiendrais désormais de cette journée. Cela n’était pas censé se dérouler ainsi. Il y a quelques minutes seulement, nous nous retrouvions encore, protégées par l’indolence de notre enfance. Il y a quelques minutes seulement, le bruit des vagues nous enveloppait pour mieux nous protéger. Je m’avouais avoir pensé que les choses pouvaient redevenir possibles. J’avais pensé que nous pourrions peut-être, finalement, recoller les morceaux de nos vies, reprendre pied. Comme si nous accumulions ici l’élan nécessaire pour nous arracher à cette douleur poisseuse qui nous clouait toutes les deux au sol depuis des années. Elle m’avait tirée de mon lit d’hôpital, elle m’avait débranchée, libérée. Elle avait fait tout cela pour nous amener ici. Je ne comprenais pas pourquoi désormais. « Je veux qu’on aille la voir. »  Je scrutai son visage quelques secondes, interdite, incapable de saisir la portée de ce qu’elle m’annonçait. Pourquoi, avais-je envie de la reprendre aussitôt. Pourquoi ferions-nous cela ? Mais les mots ne parvinrent pas à s’échapper de ma gorge serrée. Elle s’appelle Kaitleen Wood. Elle vit à trois heures d’ici. Elle est mariée. Ces informations s’insinuaient dans mon esprit et je craignais déjà de ne plus jamais parvenir à les oublier. Je n’avais pas envie de le savoir, pas envie de penser à elle, pas envie de lui imaginer une vie. Je l’avais voulu à une époque, plus jeune, enfant. Avant de m’apercevoir que tout ceci était bien trop douloureux, inutilement, bien trop violent. Je l’avais oubliée car il était facile d’oublier quelqu’un dont je ne connaissais rien. Et ce n’était plus le cas à présent. Elle s’appelle Kaitleen Wood. Elle vit à trois heures d’ici. Elle est mariée. C’était peu. Et pourtant déjà trop. Je n’arriverais pas à l’oublier. « Je veux qu’on aille la voir et qu’on lui parle. Ensemble. Je serais avec toi. » Je refusai d’écouter la suite. Je m’employai à ne pas le faire. Je fis un signe de la main pour lui faire comprendre que cela suffisait, que le reste ne m’importait pas. Ce que j’entendais sur l’instant me paraissait suffisamment absurde comme cela. « Elle pourrait être compatible, Lex… Elle pourrait te donner ce que je ne peux pas. » Mes oreilles se mirent à bourdonner légèrement. Elle faisait comme si elle ne comprenait pas ma demande, elle continuait de parler. Et elle allait droit au but, elle était claire et mesurée, directe, comme s’il n’y avait plus de temps à perdre. Et pourtant j’avais l’impression de faire face à un flot de paroles dont je ne saisissais pas tout à fait le sens. J’entendis le mot compatible et je me sentis mal soudain à la simple pensée qu’elle puisse l’être. J’entendis la suite de sa phrase et je fronçai les sourcils, comme frappé par cette incongruité, par cette insulte à notre égard. Je ne comprenais pas ce désir soudain de vouloir nous infliger cette épreuve, je ne comprenais pas son besoin de nous faire vivre de nouveaux espoirs qui, une fois brisés, nous plongeraient dans l’obscurité la plus totale. Il s’agissait de remettre en cause tout ce sur quoi j’avais construit mon existence, la raison de ma présence sur cette terre. Je n’avais pas de mère. Je n’en avais jamais eu. J’avais bâti tout le reste sur cette simple réalité. « Non, elle ne pourrait pas. » la repris-je fermement en détournant le regard vers l’horizon. Je ne connaissais pas cette femme, j’avais été une inconnue pour elle à la seconde de son accouchement. Je me disais certaines fois que j’avais été une inconnue tout au long de sa grossesse, tout au long de ses neufs mois, qu’elle n’avait jamais cherché à me connaître, à m’imaginer, qu’il n’y avait qu’ainsi qu’elle avait pu m’abandonner aussi aisément. Qu’elle avait pu faire comme si je n’existais pas durant toutes ces années. Je n'avais jamais existé à ses yeux. Et elle n'avait jamais existé aux miens. Elle ne pourrait jamais me donner ce que Sam avait pu m’offrir depuis ma naissance. Elle ne pourrait jamais me donner quoique ce soit que je n’avais pas reçu, mieux, mille fois mieux, de la part de Sam. Personne ne pourrait. Mais elle l’ignorait. Nous ne nous faisions jamais ce genre de confidences. Nous nous acharnions toutes les deux à enfermer nos émotions, à clôturer nos cœurs. Nous y étions parvenues si bien qu’elle ignorait aujourd’hui tout ce que je lui devais. « Il est trop tard pour qu’elle me donne la moitié de ce que tu m’as laissé. » rajoutai-je plus doucement avant de me mordre l’intérieur de la joue, consciente de la réalité des termes employés. Il s’agissait bien de cela, d’un délaissement, d’un abandon à mon profit. Elle s’était laissée pour moi. « Je ne veux rien d’elle. Et elle n’a jamais rien voulu de moi. C’est un fait établi, l’un des seuls de ma vie, je ne compte pas changer ça. » Je redressai le dos, tiraillé, en inspirant légèrement. Je voulais laisser le bruit du vent et de la marée reprendre possession de nos échanges, je voulais le laisser tout effacer de ces derniers instants. J’ignorai le dossier devant moi. « Au nom de quoi voudrait-elle faire quoique ce soit pour moi ? » repris-je finalement après plusieurs secondes. Je laissai mon regard dériver et se plonger à nouveau dans ses yeux. Il fut aisé de constater que toutes les illusions du monde manquaient à notre échange. « Je sais que tu le comprends, toi mieux que personne … Tu le sais aussi, tu le vis comme moi. Tu n’aurais pas du faire ça, te donner tout ce mal. » Nous n’avions pas de mère, elle comme moi. Et notre père nous avait laissées, sans un regard en arrière. Nous nous suffisions à nous même, nous n’avions eu besoin de personne d’autre. Nous avions survécu à deux. Du moins, je l’avais toujours pensé.
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() message posté Mer 22 Avr 2015 - 0:04 par Invité

. YOU TAUGHT ME THE COURAGE OF STARS BEFORE YOU LEFT. WITH SHORTNESS OF BREATH, YOU EXPLAINED THE INFINITE. HOW RARE AND BEAUTIFUL IT IS TO EVEN EXIST . Elle avait tout gâché. D'une seule parole, d'un seul geste. Elle s'évertuait à faire ce pour quoi elle était la meilleure ; tout foutre en l'air. Elle lui avait menti, l'avait piégé ici, avec elle, et avait ruiné toutes leurs chances. Elle s'était sentie pousser des ailes lorsqu'elle avait vu Lexie si heureuse, si belle, si vivante. Elle était certaine de ne jamais oublier cette image déjà gravée sur son coeur. Mais elle reprit vite son rôle de méchante, ce sale rôle qu'elle jouait contre sa volonté. Il fallait bien que quelqu'un le fasse. Elles n'avaient personne d'autre, elles n'avaient jamais rien eu. Et Samantha ne pouvait pas la laisser tomber, pas maintenant qu'elle l'avait vu ainsi. Elle ne pouvait pas imaginer de respirer un air qu'elles ne partageaient plus, de fouler le sol de cette Terre toute seule. Elle s'accrochait à ses rêves de guérison, à cet espoir qui ne l'avait jamais quitté depuis qu'elles étaient sorties du cabinet médical. Elle savait qu'elle la blessait, qu'elle ruinait leur chance, qu'elle gâchait tout, une fois de plus. Mais elle avait un rôle à tenir. Le plus grand rôle de sa vie. Un rôle qu'on lui avait délégué sans son avis, sans même lui demander. Elle était la grande soeur, l'ainée, et elles n'avaient personne d'autre. Elles savaient toutes deux quel était ce sentiment d'abandon, celui de leurs parents, l'une comme l'autre. Certains diraient qu'elles n'avaient pas eu de chance, mais Sam n'y avait jamais cru. Elles étaient mal tombées, mais la brune n'aurait jamais pu souhaiter avoir une autre vie. Elle n'aurait pas voulu d'une vie sans ce visage étrangement similaire au sien, ni une vie sans épreuves. Car les épreuves avaient fortifié leurs liens, dorénavant indestructibles. Elles n'avaient pas besoin d'une mère, ni d'un père. Elles se savaient suffisante l'une pour l'autre. « Non, elle ne pourrait pas. » Sam releva les yeux vers Lexie. Elle s'était braquée, s'était éloignée. Elle ne la regardait plus, contemplait l'horizon qu'elles venaient de perdre par sa faute. Elle aurait voulu s'en vouloir, mais elle ne pouvait pas délaissé ses convictions. Elle tenterait tout, toujours. Même si l'espoir était vain, même si elle n'arrivait à rien, elle ne laisserait pas tomber ce qu'elles ont et ce qu'elles pourraient encore avoir. Quitte à la perdre en chemin, pour un court moment. « Elle pourrait, Lex. Et c’est suffisant pour moi. » Elle tenta d’approcher sa main de la sienne, avant de se raviser. Ce n’était peut-être pas le moment, pas tout de suite. Elle savait que ses mots la chamboulait, remettait tout en cause, mais elle se devait d’essayer de la convaincre. Elle ne pourrait pas y arriver sans elle. C’était égoïste, mais elle espérait encore que Lexie soit cette petite fille docile à qui Sam faisait des tresses plus ou moins réussies. Elle espérait que, pour une fois, elle ne discuterait pas. Mais c’était peine perdue. « Il est trop tard pour qu’elle me donne la moitié de ce que tu m’as laissé. » Sam fronça les sourcils ; elle détestait quand sa soeur faisait ça. Quand elle pouvait encore croire que Sam avait abandonné une partie d’elle-même pour la sauver. Elle n’avait pas abandonné ce rein, il avait toujours été là pour elle. Elle lui aurait tout donné. Si seulement elle avait pu. La cicatrice qui barrait son bas ventre la brûla légèrement alors qu’elle repensait à ces moments douloureux. À cet instant où elle avait compris qu’elle ne pouvait pas sauver sa soeur. À cet instant où son monde avait commencé à s’écrouler. « Je ne t’ai rien donné, je n’ai pas pu, et tu le sais. » Son ton était volontairement froid dès qu’elles en venaient à ce sujet. Il n’y avait pas de discussion à avoir ; elle lui avait donné ce rein, et elle lui donnerait le second si ç’aurait été nécessaire. Elle était la seule qui comptait, et elle aurait fait n’importe quoi pour retrouver un véritable sourire sur ses lèvres. « Je ne veux rien d’elle. Et elle n’a jamais rien voulu de moi. C’est un fait établi, l’un des seuls de ma vie, je ne compte pas changer ça. » La famille avait toujours été un sujet particulièrement délicat entre elles. Elles en parlaient peu, si ce n’était jamais. Comme si ceux qui les avaient mis dans ce monde n’avaient jamais existé. Mais maintenant elle savait, maintenant elle voyait qui, quand, où. Elle découvrait une nouvelle partie d’elle-même sans pouvoir l’accepter. Et Sam ne pouvait pas comprendre. Parce qu’elle n’avait jamais cherché sa mère. Elle se sentait hypocrite d’imposer à Lexie la sienne. « Au nom de quoi voudrait-elle faire quoique ce soit pour moi ? » La brune lâcha un soupire alors que le sable filait entre ses doigts. Elle n’avait pas la réponse. Elle aurait aimé l’avoir pourtant. Au nom de quoi cette femme voudrait-elle les écouter, les aider. Cette femme avait eu tout faux, depuis le début. Elle avait laissé filer cet enfant merveilleux qui se tenait devant elle à cet instant. Elle avait déjà raté sa plus grande chance, mais pouvait encore faire un pas vers elle. « Je n’en sais rien. Mais ça vaut la peine d’essayer. Tu en vaux la peine, et j’espère que comme moi elle le verra. » Elle la regarda enfin et Sam esquissa un sourire qui se voulait rassurant. Bien qu’elle même ne soit pas rassurée. Elle ne savait pas dans quoi elle les entrainait, ni même si Lexie accepterait. « Je sais que tu le comprends, toi mieux que personne … Tu le sais aussi, tu le vis comme moi. Tu n’aurais pas du faire ça, te donner tout ce mal. » Et elle n’hésita plus, se saisissant de la main de Lexie pour la serrer un peu trop fort dans sa main. Elle avait raison, elle le savait mieux que personne. Elle savait ce que Lexie avait ressenti toute son enfance, pour avoir vécu la même. Mais elle avait tord sur un point. Elle se devait de le faire. Pour cette enfance, justement. Pour celle qu’elles avaient traversé ensemble, heureuses, malgré tout. « Je recommencerais sans hésiter. Je n’ai pas l’intention d’abandonner Lexie, alors autant qu’on traverse ça ensemble. » Elle plonge son regard dans le sien, pour tenter une dernière fois de la convaincre. Elle ne voulait pas la pousser, mais elle ne pouvait pas s’arrêter non plus. « Mais si elle refuse, alors je me ferais une raison. Je chercherais autre chose, toujours. Mais laisse-nous au moins essayer. » Elle espérait qu’elle accepte, malgré tous ses doutes. Elle ne lui demandait pas de faire confiance à cette femme, elle lui demandait de lui faire confiance.


 
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 0:59 par Invité
Le bonheur passé était déjà passé. Je gardais les yeux fermés, quelques secondes. J’aurais voulu y retourner, ignorer ces derniers moments, j’étais douée pour ce genre de choses. Mais elle ne me laisserait pas faire. Sam ne vivait pas dans le déni, elle empoignait nos réalités depuis notre enfance, elle y avait été obligée. Elle tenait debout depuis, pliant sous certaines tempêtes mais ancrée dans ma vie sans jamais faillir, j’ignorais totalement comment. « Elle pourrait, Lex. Et c’est suffisant pour moi. » Je restais de marbre. Je pouvais sentir sa main glisser sur le sable à côté de la mienne et je fermais le poing. Elle la retira et je déglutis difficilement. Je m’en voulais. Presque autant que je lui en voulais également sur le moment. Nous en revenions toujours à ces rôles bien établis, inlassablement. Elle se glissait dans la peau de l’aînée moraliste, et je redevenais cette adolescente insupportable refusant son autorité. Elle faisait un pas vers moi, pour tenter de m’amadouer, et je refusais ses approches pour ne pas avoir à céder. Je lui faisais du mal. J’en avais conscience. Mais elle ne saurait sans doute jamais à quel point j’en souffrais, moi aussi. A quel point je ne supportais plus ces vêtements qui nous collaient à la peau. Nous avions été sur le point de nous en débarrasser. Ce n’était qu’à quelques minutes seulement. Mais elles me paraissaient déjà inatteignables. « Je ne t’ai rien donné, je n’ai pas pu, et tu le sais. » Je soupirai doucement en entendant la froideur de son ton. Je sentais les pointes de nos douleurs communes tenter de refaire surface. On les taisait tant qu’on le pouvait, et elles réapparaissaient toujours un peu plus violemment plus tard. « Il n’y a pas que ça, Sam. » répliquai-je un peu durement. Je n’arrivais pas à rendre ma voix douce, je n’arrivais pas à revenir vers elle tout de suite. Mais il n’y avait pas que cela, en effet. Et peu importe mes ressentiments sur l’instant, je me sentais obligée de le lui rappeler. Je le lui rappellerais toujours. Il n’y avait pas que ce rein qui ne m’avait pas guérie. Tout ne se résumait pas à cela. Elle m’avait consacré sa vie. Elle avait ignoré la plupart de ses envies, la plupart de ses besoins, pour pouvoir subvenir aux miens. Et il y avait eu ce rein, oui. Mais encore une fois, elle me l’avait donné. Elle m’en avait fait don. Elle me l’avait offert, sans se poser de questions. Et j’avais été celle qui l'avait rejeté. J’avais été celle qui n’avait pas été à la hauteur, pas eu assez de force pour accueillir en moi cet organe étranger. J’avais été celle qui avait échoué, pas elle. Elle avait rempli sa part du marché, comme d’habitude. Je chassais ces souvenirs rapidement, en baissant les yeux sur le sable froid. J’avais du mal à me remémorer ces instants, de près ou de loin. J’avais réussi avec le temps à mesurer assez précisément la proportion de culpabilité qui entrait dans cette tristesse ressentie. « Je n’en sais rien. Mais ça vaut la peine d’essayer. Tu en vaux la peine, et j’espère que comme moi elle le verra. » Un sourire sans joie se dessina sur mes lèvres et je restai silencieuse. Elle espérait. Ce n’était que cela, de l'espoir. Je la regardai un instant, assise à mes côtés, tourmentée par ces attentes irréalisables. Le soleil brillait à travers ses cheveux et je plissai les yeux. « Je recommencerais sans hésiter. Je n’ai pas l’intention d’abandonner Lexie, alors autant qu’on traverse ça ensemble. » Je soutins enfin son regard, mise au pied du mur. Elle n’était jamais fatiguée, épuisée, harassée. Elle ne baissait jamais les bras, ne s’accordait aucun répit. Elle s’était accaparée ce combat dès le début, en avait fait le sien, sans demi-mesure. Elle l’avait pris à bras le corps sans aucune obligation. Nous étions un foyer à deux. La maladie s’y était infiltrée, ne s’était pas emparé seulement de mon corps, ne s’en contentant pas. Elle avait été plus sournoise, plus malsaine, plus destructrice. Elle avait tissé dans nos cœurs une toile insidieuse, dans laquelle nos espoirs étaient destinés à s’éteindre. Tu pourrais en sortir, Sam. Je ne t’en voudrais pas. « Mais si elle refuse, alors je me ferais une raison. Je chercherais autre chose, toujours. Mais laisse-nous au moins essayer. » Jusqu’à quand ? Jusqu’où ? Elle ne semblait pas avoir de limites. Et elle venait de trouver la mienne. Cette femme dans le dossier l’était. Il y avait cette ligne invisible, définie, infranchissable, elle l’avait créée dès ma naissance. Elle m’avait effacée. Je refusais de me présenter à elle, en mendiante. « On a déjà essayé. » laissai-je échapper en serrant doucement sa main. On aurait pu croire que je me laissais convaincre tant mon regard s’était adouci une seconde. On avait essayé, maintes et maintes fois. Elle m’avait relevé de situations qui paraissaient insurmontables, presque finales. J’aurais pu abandonner ces derniers jours, choisir de ne pas me réveiller mais j’avais refusé de la laisser seule. J’avais voulu continuer d’essayer, avec elle. Mais je ne croyais pas aux miracles. Sam non plus, je le savais. « Le problème, c’est que c’est toujours censé être la dernière fois. Mais tu trouveras toujours autre chose. » J’étais devenue persuadée que je pouvais m’éteindre, ici, maintenant. Et qu’elle trouverait toujours un moyen de lutter contre le vide, de refuser l’évidence. Je l’admirais. Je l’admirais plus que tout sur cette planète. Elle scintillait de milles feux, elle était incandescente. Elle pouvait tout brûler si elle le désirait. J’étais obligée de l’arrêter pour une fois. Je ne la suivrais pas aujourd’hui. « Cette fois, je te demande de te faire une raison, dès maintenant. » La vérité, c’est que je n’y croyais pas. La vérité, c’est que je ne le voulais pas. Je ne voulais rien de cette femme qu’elle avait retrouvé. Je ne voulais pas lui devoir la vie une deuxième fois. Mais les vérités n’étaient pas toutes habitables. Sam ne me pardonnerait pas celle-ci, je pouvais le deviner dans ses yeux.
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() message posté Lun 22 Juin 2015 - 17:51 par Invité

. YOU TAUGHT ME THE COURAGE OF STARS BEFORE YOU LEFT. WITH SHORTNESS OF BREATH, YOU EXPLAINED THE INFINITE. HOW RARE AND BEAUTIFUL IT IS TO EVEN EXIST . En plus de vingt ans d'existence, il n'y avait pas eu un seul jour où Sam ne s'était pas inquiété du bien-être de Lexie. Avant la maladie, avant tout ce qui avait fait de leurs vies un véritable enfer, elle s'inquiétait. Elle avait glissé sa main dans celle de ce bébé bruyant, et ne l'avait plus jamais lâché. Elle n'avait pas pu s'y résoudre, et était maintenant certaine que ça n'arriverait jamais. Lexie représentait une partie d'elle, un bout de son âme, une large parcelle de lumière dans cette grande zone d'ombre. La lâcher, l'abandonner, elle en était incapable. Elle ne pouvait pas le faire sans se perdre en retour. Sa soeur était la seule chose qui avait un sens. Elle était la seule personne qui pouvait lui faire retrouver raison, et la pousser à se battre pour ce en quoi elle croyait. Et elle croyait en elle, en leur lien, en cette étoile qui planait au dessus de leurs têtes malgré tout. Laisser tomber, elle en était incapable. Elle ne pouvait agir avec elle comme tant d'autres l'avait fait. Leur père, et puis cette femme dans ce dossier. Ils l'avaient tous abandonné, elle était la dernière. Et jamais Lexie ne pourrait la convaincre de la laisser tomber. Elle ne pouvait pas lui demander de faire ce que leurs géniteurs avait fait pendant si longtemps. « Il n’y a pas que ça, Sam. » Elle avait tord. Il n'y avait que ça. Il n'y avait que ce gros point noir au milieu de leur relation. Le reste n'avait rien d'un don ou d'une offrande, la brune avait fait ce que son rôle de soeur et unique parent exigeait. Prendre soin d'elle, la couver, trop, l'étouffer, aussi. Et elle le regrettait, sans savoir quel autre moyen elle aurait pu mettre en place. Si elle avait pu recommencer, elle aurait sûrement fait de même. C'était dans sa nature. Elle avait voulu protéger Lexie d'une autre déception, de tout danger, et elle le faisait encore aujourd'hui. Elle le referait, simplement pour être sûre qu'elle ne souffre plus jamais. Mais rien n'avait tourné comme elle l'avait voulu. Lexie était tombée malade, et elle se retrouvait impuissante, la regardant mourir sous ses yeux. Et le seul don qu'elle avait pu lui faire avait été un échec. Elle lui avait donné un nouvel échec. Une chose qu'elle ne pourrait jamais se pardonner. Alors elle pouvait au moins tenter de réparer cette erreur, réparer cette incompatibilité ridicule qui la dévorait de l'intérieur. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était agir, arrêter de prier pour un miracle, et aller le trouver. Elle n'avait pas peur de se présenter devant cette femme. Elle n'avait pas peur de ne pas réussir à lui sourire en sachant l'erreur qu'elle avait faite en ne souhaitant pas connaitre la fille formidable qu'elle avait mis au monde. Avec un peu de chance, elle le réaliserait seule. Ou non. Ça n'avait pas d'importance, il fallait juste qu'elle l'écoute. Il fallait qu'elle remplisse une obligation elle aussi, celle d'aider son enfant, malgré qu'elle ne la considère pas comme sa fille. Il fallait qu'elle accepte de faire ce test. Il fallait que ça marche. « On a déjà essayé. » Sa voix était lointaine alors qu'elle sentait à peine sa main dans la sienne. Elles avaient essayé, mais pas assez fort. Les médecins avaient essayé, mais ils pouvaient faire plus. Sam avait voulu faire assez, sans y parvenir. Il devait y avoir un autre moyen, un autre espoir. Il lui restait tout à découvrir de cette vie qui avait mal débuté. Elle était persuadée qu'une vie s'offrait à elle, une qu'elle n'était pas encore prête à vivre. Lexie ne se donnait pas la chance de l'atteindre, alors Sam s'était promis de l'y pousser. Et pour ça, il fallait essayer, encore. « Le problème, c’est que c’est toujours censé être la dernière fois. Mais tu trouveras toujours autre chose. » Ses paroles lui faisaient mal, mais elle ne cilla pas, se contenta de se perdre dans les vagues qui se brisaient à leurs pieds. Elle pouvait être cette soeur terrible qui l'obligeait à se soigner sans son accord. Elle pouvait être celle qui la poussait toujours plus, qui l'obligeait à faire ce qu'elle ne voulait pas entendre. Elle pouvait être tout cela, si ça signifiait que Lexie vivrait en retour. Elle pouvait briser leur lien, si c'était pour la sauver. Elle pouvait la perdre en sachant qu'elle s'était trouvée. « Cette fois, je te demande de te faire une raison, dès maintenant. » Les lèvres pincées, elle sent une émotion particulière monter en elle. Elle sait ce qu’elle doit être, à cet instant. Pas la soeur compréhensive, ni confiante. Elle devait être la soeur froide, dure, celle qu’elle avait tant de fois été et qui n’avait plus aucun secret pour elle. Sam devait lui montrer qu’elle la connaissait mal pour croire qu’elle pourrait un jour abandonner. « Non. » Son ton était franc, dur, glacial. Sa décision était sans appel, et c’était exactement ce qu’elle cherchait. Elle creusait un peu plus le fossé entre elles, tout en sachant qu’il y avait une chance de survie pour Lexie. Elle pouvait se résoudre à la perdre, si en retour elle vivait. Elle finit par la regarder, les pupilles sombres et le regard à des kilomètres d’elle. « Tu as raison, je trouverais toujours autre chose. Je n'arrêterais pas, même si tu me le demandes. Je ne peux pas rester là à attendre que tu te laisses doucement mourir. » Sa voix montait avant qu’elle ne reprenne ses esprits. Elle ne voulait pas la faire fuir, ou s’engager dans une dispute. Elle avait appris avec le temps qu’hausser la voix ne marchait pas avec Alexandra, et que ce n’était pas son rôle. Alors elle reprit une voix posée, après un long silence. « Tu dis que je t’ai donné beaucoup. Alors donne-moi au moins ça. Donne-moi l’espoir de te voir te battre pour ta vie. » Elle la regardait fixement, consciente de l'égoïsme de ses paroles, priant pour qu’elle entende raison. Elle était fatiguée de se battre seule pour une vie qui n’était pas la sienne. Elle avait besoin que Lexie rejoigne son combat. Sam savait que, sans elle à ses côtés, elle ne pouvait pas gagner cette bataille.
 
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() message posté Dim 28 Juin 2015 - 2:21 par Invité
Notre famille s’était éparpillée avant même d’avoir été réunie. Notre famille n’existait pas en dehors de nous. Personne n’était resté. Ils n’avaient fait que s’éloigner, prendre le large, s’éloigner de nous, condamnées à demeurer dans notre solitude, reliées à la terre. J’avais cessé de me demander d’où ils tenaient cette attirance pour d’autres ciels, j’avais cessé de me demander pourquoi, cessé d’essayer de les retrouver. Je n’avais pas eu besoin d’eux. J’avais eu Sam. Je pouvais comprendre que cela devienne trop pesant pour elle. Je pouvais comprendre qu’elle ne pouvait plus tout porter sur ses épaules, qu’elle ne pouvait plus tout assumer, qu’elle en avait eu assez. Je pouvais comprendre qu’elle cherche de l’aide autre part. Mais j’avais du mal à la suivre sur ce chemin. Il me fallait remettre en cause tout ce dont j’avais toujours été persuadée. Il me fallait admettre l’existence de cette mère que j’avais toujours effacée de mon histoire. Je devais laisser mes certitudes s’évanouir, accepter qu’il ne reste ainsi que des controverses, des suppositions, des abandons.  J’avais refusé et je restai le regard ainsi, vrillé sur la mer qui battait sur la plage sans relâche. « Non. » lâcha-t-elle froidement et je sentis à sa réponse, péremptoire, désarmante, intenable, qu’elle essayait ainsi de m’éloigner très loin, de m’effacer presque, de m’empêcher d’avoir mon mot à dire. Sa rigidité et son impassibilité glaciale me désarçonnèrent un instant mais je serrai les dents sans répliquer. Je mesurais l’étendue du tord que je commettais, en refusant, en espérant réparer ce que j’étais certaine d’avoir détruit de mes propres mains. Je n'étais qu'un couteau dans la plaie. Je tentais de me retirer à chaque fois, je voulais la laisser guérir, loin de moi, mais elle ne me laissait pas faire. « Tu as raison, je trouverais toujours autre chose. Je n'arrêterais pas, même si tu me le demandes. Je ne peux pas rester là à attendre que tu te laisses doucement mourir. » Je détournai le regard en l’entendant hausser la voix à mes côtés. Je détournai ce regard, noir et orageux, pour ne pas avoir à le poser ainsi sur elle. Je ne voulais pas me disputer avec elle, je ne voulais même pas en discuter. Simplement parce que je me connaissais. Simplement car je ne réagissais jamais bien dans ces situations. Je me sentais obligée d’attaquer pour ne pas me laisser heurtée par la colère d’en face, pour ne pas disparaître. J’étais partagée, déchirée par l’envie de la contredire, de la rassurer puis par celle de répliquer violemment en l’entendant poursuivre. Mais ce n’était pas la première fois que nous nous confrontions ainsi. Et je savais déjà ce qui pouvait se passer. Nous avions déjà joué cette scène. Nous nous étions déjà laissées aller aux accusations, rongeuses et rageuses, nous nous étions déjà prises comme la cible de notre révolte stérile. Je refusais de rentrer dans ce jeu, aujourd’hui. Je n’en avais pas la force. Je voulais retrouver ma sœur, telle que je l’avais eu à mes côtés quelques instants plus tôt. Je ne voulais plus entendre cette colère dans sa voix et en être la cause. Elle avait tord. Elle se trompait et je ne pouvais pas lui en vouloir, car je ne faisais rien pour le lui prouver. Je ne me laissais pas mourir. J’étais encore là grâce à elle, j’étais encore là pour elle. Je m’étais retrouvée au milieu des vagues tout à l’heure, les vêtements mouillés collés contre ma peau froide. J’avais senti mes jambes trembler, affaiblies par la fatigue, et j’avais défié la mer. Je n’avais pas eu peur des vagues qui déferlaient, de l’écume qui aurait pu si facilement venir me gifler au visage tant mes forces semblaient être éteintes. Je n’avais pas eu peur parce que je ne me laissais pas mourir, parce que je me battais pour vivre et rester auprès d’elle. Elle n’appréciait simplement pas la manière que j’avais choisi pour le faire. Ce n’était pas assez pour elle. Cela ne le serait jamais. « Tu dis que je t’ai donné beaucoup. Alors donne-moi au moins ça. Donne-moi l’espoir de te voir te battre pour ta vie. » Je sentis mon cœur se serrer douloureusement dans ma poitrine en l’entendant jouer cette carte. Elle me faisait mal et ne pouvait qu’en être consciente. Je souffrais de l’entendre dire ce dont j’avais toujours été persuadée. Je souffrais d’entendre de sa bouche mes pires craintes. Je n’avais rien réussi à lui donner. Je n’avais rien réussi à lui apporter. Je ne pouvais que vivre. Donne-moi au moins ça. Et ça ne me paraissait pas suffisant, ça ne le serait pour personne. Certainement pas pour elle qui méritait mieux, qui méritait plus. Je lui en voulais d’attiser la culpabilité qui rongeait déjà mon âme toute entière. J’inspirai profondément pour ne pas faillir. « Ça ressemble à du chantage, Sam. » laissai-je enfin échapper d’une voix sombre en ramenant mes jambes contre ma poitrine. Je laissai les mèches volantes de mes cheveux venir tomber devant moi en baissant les yeux sur mes genoux. Je les laissai me dissimuler de la seule façon imaginable face à ma sœur. Je sentais les mots monter le long de ma gorge mais cela me faisait tellement mal que je n’arrivais pas à les laisser sortir, que je n’arrivais pas à accepter. Je ressentais déjà l’humiliation brûler ma peau en nous imaginant face à cette femme, démunies et mendiantes. Ma fierté n’avait d’égale que celle de Sam. Et je ne pouvais mesurer précisément le désespoir qui devait l’accabler pour qu’elle se résigne à me faire cette demande. « On prendra contact avec elle. » repris-je sobrement après quelques instants. Je haussai les épaules, décidée à nous confronter à la seule vérité qui prenait place dans mon esprit. « Je doute qu’elle me réponde. Et même si elle le faisait, je doute qu’elle accepte de faire le moindre examen. Mais si c’est ce qu’il te faut … Si tu as besoin de la voir faire pour passer à autre chose, alors d’accord. » Je restais dure et intransigeante. J’ignorais si tout ceci était réellement nécessaire, lorsque je ne désirais qu’une seule chose, me rapprocher d’elle et ne plus avoir à nous opposer. Je voulais clore la conversation pour l’oublier l’instant d’après. Mais je voulais rester persuadée que je faisais cela pour elle. Ce n’était pas réellement pour moi que je m’inquiétais. Ce n’était pas mon cœur que je désirais épargner. La femme qui m’avait mise au monde m’avait reniée, dès les premières secondes. Elle le ferait sûrement toute sa vie. Il ne devait pas être si difficile d’affronter une vérité que je connaissais depuis le tout premier jour. Mais Sam y croyait, à présent. Je pouvais entendre dans le timbre de sa voix une note d’espoir qui ne ferait que l’accabler une fois celle-ci réduite en poussière. Je préférais le faire moi, plutôt que de laisser l’opportunité à cette étrangère. Je préférais la faire souffrir, maintenant.
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Anonymous
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() message posté Dim 27 Sep 2015 - 17:09 par Invité

. YOU TAUGHT ME THE COURAGE OF STARS BEFORE YOU LEFT. WITH SHORTNESS OF BREATH, YOU EXPLAINED THE INFINITE. HOW RARE AND BEAUTIFUL IT IS TO EVEN EXIST . Elle était égoïste, oui. Elle l'avait toujours été pour chaque infime chose touchant de près ou de loin à Lexie. Depuis toujours. Combien de fois avait-elle empêcher leur père de la porter, de peur qu'il la lâche. Combien de fois avait-elle décider de l'empêcher de sortir, craignant qu'il ne lui arrive quelque chose. Combien de fois avait-elle mis ses propres intérêts au devant des siens, égoïstement. Lexie voyait en elle une soeur parfaite qu'elle n'avait jamais été, sa seule famille qui l'avait pourtant tant privée pour satisfaire ses inquiétudes. Elle n'avait rien de cette soeur parfaite qu'elle décrivait. Elle ne connaissait pas cette soeur. Elle se connaissait elle, soeur sûrement trop protectrice, soeur trop exclusive qui refusait de la voir partir, qui refusait de la laisser s'envoler. Elle refusait de la laisser s'éloigner. Parce qu'elle n'avait qu'elle, parce qu'elle était trop importante pour qu'elle puisse la perdre. Pourtant, elle se vantait de vouloir tout lui donner, tout lui offrir. La vérité était telle qu'elle lui avait pris tant de choses. Elle lui avait pris une partie de sa vie, l'avait jalousement gardée pour elle. Elle n'avait rien d'une soeur parfaite, mais elle se plaisait à dire qu'elle faisait de son mieux. Pas pour les autres, pas pour Lexie, pour elle. Elle faisait de son mieux pour changer. La laisser respirer, la laisser s'éloigner. Elle faisait de son mieux pour l'accepter, alors qu'un bout de son âme semblait partir avec elle à chaque pas que Lexie faisait au loin. Pourtant elle devait s'y résigner. Et elle le ferait. Une fois qu'elle irait bien, une fois qu'elle serait hors de danger. Une fois que quelqu'un lui aurait donner ce qu'elle n'a jamais pu lui offrir, une fois que la boule qui l'empêcher de respirer serait partie. Alors, elle la laisserait partir. Mais pas avant. Elle ne pouvait pas s'y résoudre. Parce qu'il y avait encore tant de choses qui attendaient Lexie. Tant de choses que Sam voulait la voir vivre. Tant de choses qu'elle n'avait pas eu l'occasion de voir et qui méritait d'être vu par son regard. Alors, elle arrêterait. Et si cela signifiait la perdre en chemin, elle était prête. Elle était prête à la perdre un moment encore si cela signifiait qu'elle allait bien. Si cela voulait dire qu'il n'y aurait plus de dialyses, plus de tubes branchés sur son corps, plus de perfusions douloureuses, plus de chambre d'hôpital. Si pour cela il fallait la perdre, l'agacée, la pousser dans leurs propres limites, alors elle le ferait. Elle lui demanderait ce qu'elle ne devrait pas lui demander. Tout faire pour qu'elle puisse encore profiter de sa présence. C'était égoïste, mais c'était la seule chose que Sam pouvait accepter pour l'instant. Il était hors de question de baisser les bras, pas une minute, pas quand il s'agissait de Lexie. « Ça ressemble à du chantage, Sam. » C'en était. C'était ce à quoi elle devait s'abaisser pour la convaincre. C'était ce à quoi elle s'obligeait sans une once de remords. Elle ne pouvait pas en avoir. Pas quand elle pensait faire le bon choix. Pas quand elle pensait avoir raison, et que sa soeur avait tord. La vérité était que toutes deux avaient de bons arguments, mais, aveuglée, Sam ne voyait que les siens. Elle ne voyait que ce qu'elle voulait voir, que ce qu'elle souhaitait voir. Elle ne voyait la tristesse dans la voix de Lexie, ni sa fatigue, son épuisement face à tout ce que la vie lui avait réservé. Elle le savait, mais refusait de le voir. Elle refusait de faiblir. Car alors elle aurait échoué dans son rôle. Un rôle qu'elle n'aurait sûrement pas dû tenir, mais qu'elle tenait malgré tout. Elle avait le rôle des parents plutôt que celui de la soeur. Et elle tenait ce rôle par leur faute. Tout était de leur faute. Toute cette colère que Lexie renfermait contre elle, toute ces épines sur leur chemin, toutes celles qui transperçaient leur relation, tout venait d'eux. De leur incapacité à assumer leurs existences. Sam voulait l'assumer. Elle voulait tout prendre sur ses épaules, et tenir un rôle qui n'était pas le sien. Et Lexie était en colère. C'était son droit, mais ça ne suffisait pas à la faire changer d'avis. Sa colère ne suffisait pas à lui faire reprendre sa juste place.
Elle ne la regardait pas, elle avait trop honte. Elle ne voulait pas voir tout le mal qu’elle causait autour d’elle, ni lire la déception dans les yeux de Lexie. Elle la savait déçue. Parce qu’elle l’avait trahi, encore une fois. Elle avait trahi cette journée censée être simple et rien qu’à elles. Elle avait trahi ses nombreuses promesses de ne pas passer son temps à tenter de trouver un moyen. Elle avait trahi leurs récentes retrouvailles, et risquait de la perdre à nouveau. Mais elle n’avait pas d’autre choix. Peut-être que Lexie comprendrait, plus tard. Peut-être qu’elle verrait qu’il n’y avait pas d’autre chemin. Peut-être qu’elle arriverait à le lui montrer, un jour. Pour cela, il leur fallait un rein. Pour pouvoir continuer cette journée, et que d’autres viennent, il leur fallait un être compatible. Alors Sam chercherait toujours. Pour avoir d’autres journées, d’autres vagues, d’autres mers, d’autres sables entre les orteils. Si elle avait eu des doutes en venant ici, pas un seul n’avait survécu au moment qu’elles avaient passé ensemble. « On prendra contact avec elle. » La brune cligna plusieurs fois des yeux, relevant enfin la tête vers sa soeur. Lexie ne la regardait pas, ses yeux restant rivés au sol, ne pouvant soutenir le sien. Elle s’éloignait déjà. Sam avait fait ça, encore. Elle aurait voulu lui dire qu’elle avait changé d’avis, que seule leur relation comptait, qu’elles pouvaient encore se battre sans un rein, qu’elle la laisserait partir si cela était nécessaire. Mais elle ne pouvait pas. « Je doute qu’elle me réponde. Et même si elle le faisait, je doute qu’elle accepte de faire le moindre examen. Mais si c’est ce qu’il te faut … Si tu as besoin de la voir faire pour passer à autre chose, alors d’accord. » Elles avaient deux visions radicalement différentes de la situation. Sam voyait cette femme comme un espoir, au delà de ce qu’elle avait bien pu faire dans le passé. Lexie était déjà résignée, sans même que la rencontre n’eut lieu. Elle savait que cette femme ne les aiderait pas, qu’aucun lien ne les reliait, même pas celui du sang. Et la brune prônait sa version des choses. Mais elle ne voulait pas plus attiser sa colère, pas aujourd’hui. Elle n’avait qu’une seule chose à faire, elle le savait. Arrêter cette discussion, arrêter cette bataille qu’elles se livraient depuis déjà trop d’années. « Merci. » Elle osait une main dans sa direction, attrapant la sienne, la serrant un peu trop fort. Elle espérait qu’à travers cette pression Lexie prendrait le temps d’entendre ses excuses silencieuses. Les excuses qu’elle ne pouvait pas lui faire, mais qu’elle pensait malgré tout. Elle espérait qu’elle prendrait le temps de les écouter pour tout ce qui était à venir. Pour tout ce que Sam ferait pour elle, pour assurer sa santé, même si cela signifiait la perdre. Elle s’excusait du passé mais aussi du futur. Elle s’excusait pour tout. Et, finalement, elle relâchait sa prise, détournant de nouveau le regard vers l’océan. Elle aurait aimé rester éternellement ici, avec elle, avec cette famille qui ne regroupait que deux petits membres. Mais malgré tout, leur famille était grande, elle était belle. Il ne lui restait plus qu’à se battre pour la garder auprès d’elle. Et elle se battrait. Résignée, elle regarde une dernière fois les vagues s’écraser à leurs pieds, et dans un soupire se relève. Elle était encore trempée et pouvait imaginer le froid sur la peau de Lexie. Alors il ne lui restait plus qu’à faire ce qu’elle savait faire de mieux. « Rentrons, tu vas finir par attraper froid. Je te ramène à l’hôpital. » Elle aurait aimé ne pas prononcé ces mots, ne pas redevenir cette soeur froide et brutale qui ne lui donnait jamais ce qu’elle voulait. Lexie aurait aimé rester ici. Lexie aurait aimé rentrer à la maison. Lexie aurait voulu autre chose. Sam aussi. Elle aurait voulu tellement plus pour elle. Elle aurait voulu être meilleure, pour elle. Mais une douleur lancinante depuis déjà trois ans l’en empêchait. Mais pour la première fois, elle ne repartait pas plus mal qu’à l’arrivée. Pour une fois, elle repartait avec l’espoir. Elle le garderait jusqu’à la sentence finale. D’ici là, il suffisait qu’elle parvienne à en donner une part à Lexie, rien qu’un peu, rien qu’une once. C’était de ça dont elle avait besoin. Un brin d’espoir.
 
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