"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici no light, no light in your bright blue eyes /lexie (flashback). 2979874845 no light, no light in your bright blue eyes /lexie (flashback). 1973890357
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() message posté Dim 23 Nov 2014 - 11:44 par Invité
"i never knew daylight could be so violent, a revelation in the light of day." ~ florence + the machine.
☐ ☐ ☐

Le pub était l’un des endroits que Rhys fréquentait le plus. Depuis qu’il avait eu l’âge de passer du temps en ces lieux, il en avait usé et abusé, gaspillant d’innombrables soirées et d’innombrables sommes d’argent, accoudé derrière le comptoir. Certaines personnes se noyaient dans le poker, Rhys, c’était dans les bars. D’ordinaire, il arrivait toujours à être accompagné par des amis ; il était ce genre de type toujours fourré dans les pubs avec sa bande de potes après un match de foot gagné, qui commandait à outrance de l’alcool et disait des conneries qui faisaient rire les autres à gorge déployée. Mais ce soir, il était seul. Le brunet n’avait pas pour habitude d’écumer les bars en solitaire, sans aucune présence à ses côtés. Justement, il avait toujours ressenti de la pitié pour les personnes qu’il voyait, assises seules sur le comptoir, en tête à tête avec leur boisson. Noyer sa peine dans l’alcool, c’était quelque chose qu’il n’avait expérimenté que deux fois dans sa vie : lors de sa première rupture, et quand on lui avait annoncé qu’il allait devenir père. Il fallait croire qu’aujourd’hui, il allait exploser son palmarès - jusque là plutôt soft à ses yeux. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas l’alcool, oh non, au contraire, il adorait ça mais buvait pour le plaisir de boire. D'ailleurs, la lueur sombre de ses yeux rivée sur le verre qu'il tenait fermement entre ses mains, Rhys ruminait, enfoncé dans ses pensées. Il ne savait même pas pourquoi il était venu ici. Il ne savait même pas ce qui l'avait poussé à se rendre dans cet endroit qui, d'habitude, lui paraissait tellement différent. Tellement plus convivial, plus joyeux. Peut être que c'était simplement lui qui était différent, ce soir. Peut être, sûrement. Il se sentait lamentable, il se disait que s'il se voyait lui-même dans cet état, il serait le premier à se moquer de sa propre personne. Il détestait se montrer sous ce jour, aussi faible, aussi pâle. Il pensait à ce que son père lui dirait s'il était là : qu'il valait mieux que cela, qu'il valait mieux que tous ces hommes qui se cachaient derrière la boisson pour atténuer leurs problèmes. Et surtout, qu'il était vraiment idiot. Ça avait juste été le fruit d'une sale journée; sa relation avec sa patronne qui lui tapait le système, des embouteillages monstres dans la capitale quand il envisageait enfin de rentrer chez lui, et pour finir, une dispute interminable avec sa mère au téléphone. Et puis, quand ils s'étaient disputés au sujet de son enfant qui résidait toujours à Cardiff, Rhys n'avait pas pu s'empêcher d'y penser encore et encore lorsqu'il avait raccroché au nez de sa mère. Ça lui travaillait l'esprit sans relâche alors qu'il avait toujours évité ce sujet, beaucoup trop peureux d'avoir en face de lui le fantôme de ses responsabilités. Enveloppé d'une curiosité sans égale malgré les limites qu'il s'était fixé, le jounaliste avait fait un tour sur le profil facebook de son ex avant de rapidement fermer la fenêtre à la première photo d'elle et d'un petit garçon. Et il s'était retrouvé là sans explications, assis au comptoir du bar, avec son verre de whisky. Rhys avait l'impression d'être le héros d'un film de filles où le mec avec le coeur brisé va noyer son chagrin en buvant comme un trou, il se sentait risible, ridicule. En vérité, sa vie n'était pas un désastre, il savait que d'autres personnes vivaient dans une véritable situation précaire. Ses choix, il les assumait jusqu'au bout, rien au monde n'était susceptible de le faire changer d'avis. C'était juste que des fois, le cafard faisait son grand retour sans qu'il ne puisse y faire quelque chose. Lorsqu'il sentit une main sur son dos qui le hissa hors du flot de réflexion dont il était plongé depuis de longues minutes, le brun tourna la tête, croisant alors le regard d'Alexandra. L'espace d'une seconde, il se rappela qu'il lui avait envoyé un texto il y a une quinzaine de minutes et fut soulagé de constater qu'il n'était plus totalement seul. Lentement, il lui fit un signe de tête avant de boire d'un traite le fond de son verre. « Bière, tequila, coca ? Sers-toi, c'est moi qui paye. » lui lança-t-il d'un ton sans entrain en lui tendant sa carte de crédit. Il avait déjà dépensé une bonne quinzaine de livres sterling de whisky ce soir, il pouvait bien lui offrir la boisson. Et puis, c'était Lexie, il pouvait lui donner n'importe quoi tant il la trouvait adorable avec son sourire et ses grands yeux. « Dis, est-ce que quand t'as le blues, t'as systématiquement envie de te saouler et d'écouter une chanson genre No Woman No Cry ? Ça craint vachement, sinon. » Elle devait avoir remarqué qu'il n'était pas trop dans son assiette mais Rhys tentait de détendre l'atmosphère, ne désirant pas qu'elle ne s'inquiète trop (et qu'elle lui pose trop de questions, accessoirement).
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() message posté Lun 24 Nov 2014 - 1:52 par Invité
Le plafond semble tanguer au dessus de ma tête. Je ne sais plus démêler le vrai du faux, la réalité des fantasmes, faire la part entre le réel et mes songes. Je vacille, partagée entre des phases de somnolences orageuses entrecoupées d’intenses crises me prenant par surprise. J’ai chaud. Je transpire. Je parviens à m’extirper in extremis des draps trempés pour me précipiter dans la salle de bain. Je me tords une cheville et me mords la lèvre au sang en me rattrapant au dernier moment au lavabo au dessus duquel je me penche en toussant. Je suffoque, je n’arrive plus à évacuer quoique ce soit. J’ai l’impression d’être vidée, asséchée, harassée. Je n’étais pas sûre de ce que j’étais sensée faire désormais. J’hésite à appeler quelqu’un tandis que je me glisse à nouveau dans mon lit, la tête étouffée sous l’oreiller, les jambes recroquevillée contre ma poitrine. Peut-être que ça passerait, aussi vite que c’était arrivé. Peut-être que je n’avais pas besoin d’alerter qui que ce soit. Ce n’était pas la première fois. Et puis, je ne suis pas sûre d’arriver jusqu’au téléphone. Je ne suis pas sûre de ne pas m’effondrer au pied du lit, de ne pas avoir les genoux qui flanchent, de ne pas être la victime d’une effroyable faiblesse, d’un écrasement. Je ne tiens pas à obliger qui que ce soit à me trouver dans cet état. Je ne tiens pas à me donner en spectacle. Je n’ai pas envie qu’on pense que j’exagère. Ça passera. Tout passe. Je sors de mes divagations en sursaut, comme à la sortie d’un mauvais rêve. Je suis essoufflée, jette l’oreiller contre le mur et reste silencieuse quelques secondes, aux aguets du moindre bruit dans l’appartement. L’obscurité avait pris possession de la chambre, la journée m’avait totalement échappé. Et Kenzo n'était toujours pas rentrée. Je m’assois au bord du lit, fais glisser les comprimés dans la paume de ma main et les avale sans plus de ménagement. Ils feraient effet dans quelques minutes, je n’avais qu’à attendre. Je n’avais qu’à attendre pour me rappeler, qu’il n’y avait pas si longtemps, j’étais une personne normale. Une personne normale capable de rire bêtement, de m’épuiser au travail et de danser toute la nuit. Une fille de vingt-deux ans qui ne pensait qu’à son avenir et à ce qu’elle voulait en faire, ce qu’elle voulait accomplir. Je soupire vainement en apercevant mon reflet dans la porte de la douche. L’eau brûle ma peau rougie. J’observe mes pores dilatées par la chaleur, comme si cela suffirait à en extraire toutes les toxines qui me tuaient à petit feu. Ne pas s’abandonner. Je me le répète inlassablement. On met si peu de temps à tomber et tant à se relever. Je sors de la cabine, enfouis mon visage dans une serviette, compte jusqu’à trois. Je m’habille lentement, me maquille légèrement. Les médicaments allaient faire effet, ils le devaient. Il ne me fallut que quelques secondes pour répondre au message de Rhys. Toute la journée, je n’avais fait que cela : chercher une raison de fuir cet appartement. Lorsque je faisais semblant, tout me paraissait plus facile, plus évident. Comme si mon corps finissait par croire les mensonges que je lui assénais. Je n’enfile mon perfecto qu’une fois dans la rue, lève un regard vers la fenêtre de mon appartement comme un dernier au revoir à ce qui avait été mon petit enfer personnel ces dix dernières heures. Le vent du dehors emmêle mes cheveux et rosit mes joues. La frénésie des couloirs du métro m’obligent à presser le pas, finissent de me secouer. Il suffisait de prendre sur soi, j’étais persuadée d’avoir raison. Ce mantra résonnait à tords et à travers dans mon esprit, s’employait à plier mon corps à cette volonté. Les nausées s’estompent, l’arrière de mon crâne semble toujours être broyé sous les coups d’une mauvaise mémoire mais je suis reconnaissante. Je prends une profonde inspiration en poussant finalement la porte du pub au coin de la rue. Je plisse les yeux quelques secondes, laisse s’en tirer deux ou trois personnes me bousculant pour rejoindre l’extérieur et finis par me frayer un chemin vers le comptoir du bar, persuadée de ne pas me tromper. En le voyant, je m’arrête quelques secondes, les sourcils froncés. Je n’étais pas habituée à le surprendre ainsi, d’ordinaire entouré de plusieurs femmes que je devais chasser à coups de sac avant d’espérer pouvoir l’atteindre. Je le rejoins, pose ma main sur son bras pour signaler ma présence. « Tu ne m’as pas attendue. J’ai pourtant fait aussi vite que j’ai pu. » Il me regarde, sans conviction, et un sourire se dessine sur mes lèvres malgré le voile embrumant ses prunelles. « Bière, tequila, coca ? Sers-toi, c'est moi qui paye. » J’attrape sa carte et fais un signe au barman pour lui signifier de nous ramener deux verres de whisky. La bière ne semblait suffire ni pour lui ni pour moi. « Dis, est-ce que quand t'as le blues, t'as systématiquement envie de te saouler et d'écouter une chanson genre No Woman No Cry ? Ça craint vachement, sinon. » Je hausse un sourcil en retirant ma veste. « Bob m’a aidé à surmonter pas mal de mauvaises passes. Lui et ses deux amis, Jack et Daniels, ils ne nous lâcheront jamais. T’inquiète pas, c’est universel. » lui répondis-je en m’asseyant à ses côtés et en faisant glisser son verre devant lui. « Tu veux me dire ce qui ne va pas ou tu préfères que j’aille trafiquer le jukebox derrière rien que pour toi ? Ou les deux. » reprenais-je en posant mon regard sur lui. Je joue du bout des doigts sur le contour de mon verre, hésitante à l'entamer dans la seconde. Il ne s'agissait pas de lui claquer entre les doigts à peine arrivée.
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() message posté Ven 5 Déc 2014 - 18:30 par Invité
Il se sentait lamentable, assis contre le comptoir de ce bar, le dos voûté et son attention vulgairement portée sur le liquide qui remplissait son verre. Lui qui passait la plupart de son temps à se pavaner en clamant à qui le voulait bien sa supériorité, il se retrouvait réduit à la silhouette d’un pitoyable homme qui se saoulait pour noyer son chagrin dans l’alcool. Le pire dans tout cela était qu’il était incapable de mettre le doigt sur la cause de sa mélancolie. C’était probablement un mélange de tout et de rien. Son chien qui ne l’écoutait pas, l’enfant dont il était le père, son bras qui lui donnait de soudaines douleurs au crâne, en passant par la couleur imbuvable de l’immeuble en face qui le poussait à refermer ses rideaux à chaque fois qu’il ouvrait la fenêtre de sa chambre. Oui, décidément, c’était comme un pêle-mêle des choses qui l’agaçaient et le tourmentaient, des faits les plus importants aux détails les plus futiles. C’était dans ces moments que Rhys réalisait que l’image qu’il avait toujours tenté de faire refléter aux autres se brisait pitoyablement en quelques secondes. Le mec sans failles, détaché de tout et sans regrets, ce n’était pas lui. Il n’était pas intouchable, contrairement à ce qu’il aurait souhaité. Triste réalité. Heureusement qu’il était meilleur en ce qui concernait prétendre être invulnérable. Quoique. Quand il sentit un contact sur son bras et que ses pupilles sombres se posèrent sur le visage d’Alexandra, il n’eut même pas le réflexe de répondre au sourire qu’elle esquissait. « Désolé, je suis en phase de déprime, j’avais besoin de me plonger dans l’ivresse. Je suis dans le même état que quand tu regardes le Pianiste, tu vois ? Ou Bambi, si ça te parle plus. Ou le film bidon avec Gosling là, the Trucbook. » D’accord, il dramatisait, ni plus ni moins. Comme d’habitude, il en faisait des tonnes et exagérait de sa situation, même avec le cafard, Rhys ne perdait pas son illustre sens de l’humour. « Ne me demande pas comment je connais, c’est une technique de drague infaillible de parler de ce film. » se sentit-il obligé de se justifier, s’imaginant déjà le regard moqueur que Lexie lui lancerait. Les prunelles perdues sur un point invisible qu’il fixait, un ricanement s’échappa d’entre ses lèvres en entendant la réponse de son amie. Le jeune journaliste ne saurait dire pourquoi il l’avait sollicitée. Il aurait pu appeler n’importe qui, Walt, Naël, Remy. Qu’importe, du moment qu’une présence venait le sortir de sa solitude. Mais pour une raison inconnue, c’était sur le nom de la jeune femme qu’il s’était arrêté. Peut être parce que sa fraîcheur lui faisait du bien. Que les nombreux moments légers qu’ils avaient pu partager en soirée lui avaient montré qu’elle était le genre de fille à qui on avait envie de parler. Peut être que dans une certaine mesure, elle le comprendrait. Après tout, d’après les séries que sa demi-sœur regardait, les filles les plus fêtardes étaient celles qui cachaient les plus grandes blessures. Même s’il ne croyait que moyennement à ce genre de stéréotype, Rhys se plaisait à penser que Lexie et lui partageaient pas mal de points en commun. « Je savais que l’on pouvait leur faire confiance. God bless them. » lança-t-il d’un ton caricatural en levant sa main en l’air, comme s’il s’adressait effectivement à n’importe qui venant d’en haut. Sans appel, il encercla de ses doigts le verre que Lexie venait de mettre devant lui et le but d’une traite, grimaçant légèrement lorsque l’alcool dévala violemment sa gorge. Il le savait parfaitement, ce n’était pas bon signe. Il avait enchaîné les verres, les shoots, les tout et n’importe quoi et risquait probablement de se retrouver saoul avant même que la soirée ne s’achève. C’en était pitoyable, Rhys était conscient que le lendemain, il finirait par regretter la gueule de bois qu’il allait se taper à cause d’une excuse ridicule (picoler parce qu’il avait le moral dans les chaussettes, c’était quelque chose dont il était tellement étranger ! Avoir le moral dans les chaussettes tout simplement, d’ailleurs). « Le jukebox serait une bonne chose. J’en peux plus de leur musique pourrie. Mais te fais pas choper par le barman, il a la même tête qu’un type qui a fait trois ans de prison ferme. » souffla-t-il en désignant d’un vague signe de tête un homme baraqué comme un frigo. Il avait tenté de subtilement détourner la question sur la cause de ses maux, sachant toutefois pertinemment qu’il devrait de nouveau ré-affronter cette discussion, qu’il n’avait fait que retarder. Rhys ne savait pas s’il désirer parler. Il détestait faire ça. Se vanter de sa situation favorisée, de son physique, voir même de ses prouesses sexuelles, oui, ça, il adorait puisqu’il le faisait tout le temps. Mais évoquer des détails plus personnels qui relataient d’une partie de sa vie que peu de personnes ne connaissaient, c’était une toute autre affaire. Parler de lui de cette façon le faisait flipper, parce qu’il était le premier à enterrer les sujets sensibles. Il s’autocensurait en permanence. « D’habitude c’est moi qui t’appelle pour te dire de venir te changer les idées en boîte, aujourd’hui je t’appelle pour venir me changer les idées dans un bar. L’ironie du sort. » Une manière implicite de lui dire ce qu’il espérait d’elle, mais aussi de la remercier de s’être déplacée pour lui. L’art d’utiliser à profusion les figures de style de pensée, c’était tout Rhys.
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() message posté Mer 10 Déc 2014 - 23:55 par Invité
J’observe du coin de l’œil Rhys tout en attirant l’attention du barman. « Désolé, je suis en phase de déprime, j’avais besoin de me plonger dans l’ivresse. Je suis dans le même état que quand tu regardes le Pianiste, tu vois ? Ou Bambi, si ça te parle plus. Ou le film bidon avec Gosling là, the Trucbook. » Je n’avais encore jamais eu affaire au jeune homme dans cet état. Bien au contraire. Nos moments avaient été parsemés de rires et de musique, de fraicheur et autres simili de conversations philosophiques n'ayant ni queue ni tête, mais aussi d’alcool, d'ivresse, moments d’humiliation extrême en découlant et pactes pour en garder le secret. De moments où la légèreté avait toujours primé. Il me fallut une seconde pour m’habituer à le voir dans cet état et pour réaliser que sa grande théâtralité cachait cette fois-ci quelque chose de plus profond. « The Notebook … » esquissais-je quasi-silencieusement pour le reprendre, exagérant mon agacement, comme si il me paraissait inconcevable que quelqu’un puisse encore ignorer le titre d’un tel chef-d’œuvre. « Ne me demande pas comment je connais, c’est une technique de drague infaillible de parler de ce film. » rajouta-t-il d’ailleurs aussitôt. Je lui adresse un regard moqueur en l’entendant se justifier. « Elle ne doit pas très bien te réussir si tu en parles comme ça. Un peu de respect pour Ryan Gosling s’il te plait. Tu verras, ça te mènera bien plus loin. » répondis-je avec ironie et sur le ton de la confidence comme si je lui révélais là le secret de sa future réussite auprès de la gente féminine. « Le jukebox serait une bonne chose. J’en peux plus de leur musique pourrie. Mais te fais pas choper par le barman, il a la même tête qu’un type qui a fait trois ans de prison ferme. » Je l’écoute détourner la conversation aussi rapidement que je l’avais abordée. Il en disait trop, se dispersait pour me faire oublier, comme les enfants qui veulent convaincre et se rassurent en multipliant les phrases. Je ne suis pas étonnée, rassurée même de percevoir chez lui ces mécanismes de défense, certes différents des miens mais recherchant le même objectif. Je songe aux distances que nous mettions tous entre nous et le reste du monde, comme si nous craignions déjà à nos âges que nos fragilités soient retournées contre nous au moindre faux pas. Nous sommes de moins en moins à s’offrir, comme cela, sur un coup de tête. Nous avons appris à ne plus l’être, brutalement, nous avons retenu la leçon. Mais les précipices se creusent et nous ignorons totalement comment les combler et les efforts que cela supposera plus tard. Les effluves de l’alcool me montent à la tête tandis que mon regard reste fixé sur le whisky ambré au fond de mon verre. Je le fais tourner distraitement, hésitante quant aux effets que celui-ci aura vu mon état actuel. Je finis par jeter un regard au barman qu’il me désigne d’un signe de tête. « Tu me sous-estimes. Je pourrais lui faire faire n’importe quoi si je demandais gentiment. » m’amusais-je alors avec impertinence. Cela serait sans doute vrai dans la majorité des cas. Cela l’était encore plus dans celui-là étant donné que je connaissais plutôt bien l'homme en question. À force d’avoir écumé un nombre incalculable de soirées dans tout Londres, il n’existait désormais que très peu de grands bars où je ne connaissais pas le personnel, de vue tout du moins. Mais pour ce moment précis, Rhys n’était pas obligé de le savoir, bien entendu. « D’habitude c’est moi qui t’appelle pour te dire de venir te changer les idées en boîte, aujourd’hui je t’appelle pour venir me changer les idées dans un bar. L’ironie du sort. » Je réprime l’envie de lui signifier que la réciproque était vraie aujourd’hui aussi. Je mourrais de ne pas pouvoir faire autre chose que me morfondre dans le fond de mon lit, attendant que les médicaments fassent effet et que les heures s’échappent. Mais je me retiens. Tout avait toujours été implicite entre nous. Il y avait certainement dans mon esprit, dans mes sens et dans mon coeur, quelque chose qui décelait entre nous une parité d’esprit. L’une des raisons également pour lesquelles j’avais si peu hésité avant de le retrouver ce soir. « Ne bouge pas. » répondis-je simplement avant de me décider à boire à mon tour le contenu de mon verre. L’alcool émoustille mon palais quelques secondes avant de venir réchauffer ma gorge. Je souris satisfaite et me lève pour longer le bar jusqu’au barman prétendument tout droit sorti de prison. J’imagine la scène auquel Rhys doit assister de loin. Brent, de son nom, me sert deux nouveaux verres, je me penche au dessus du comptoir, un sourire aux lèvres, le taquine de quelques mots bien placés en effleurant son bras. Puis je reviens à ma place à côté de Rhys, glissant à nouveau un des deux verres devant lui. « Ils sont offerts. Mais après celui-là, je te fais ralentir. Je ne tiens vraiment pas à te ramasser à la petite cuillère comme la dernière fois. Dans le pire des cas, ce serait à mon tour plutôt ! » La musique s’arrête une demi-seconde au milieu du brouhaha ambiant de la salle et une nouvelle playlist s’entame alors. Je lance un regard exagérément victorieux sur Rhys en levant les mains vers le ciel comme pour saluer une intervention divine. « Et tout ça en deux minutes. Tu imagines tout ce que je pourrais faire si je me concentrais vraiment ? »
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() message posté Dim 28 Déc 2014 - 23:57 par Invité
Rhys lâcha un ricanement à peine étouffé lorsqu'Alexandra le corrigea. The Notebook, the Notetruc, c'était du pareil au même. Le titre de ce navet était bien le cadet de ses soucis. Il l'avait vu une fois avec une de ses exs il y a quelques années, un mardi soir précisément (le souvenir était tellement marquant qu'il se rappelait du plus infime des détails, stupide mémoire sélective), et il avait encore en tête les larmes qui avaient dévalées les joues de la jeune femme, comme si elle venait de perdre un membre de sa famille. Sérieusement, pourquoi y avait-il toujours autant de bruit autour de ce film ?  Il était aussi réaliste qu’une long-métrage avec des aliens qui combattent des zombies : autrement dit, aucune crédibilité. « Pff, de toute façon, il faudra bien vous faire une raison. The Notebook ou pas, ce type est marié dans la vraie vie. Et il a un gosse maintenant, en plus. » finit-il par déclarer d’un ton moqueur, comme s’il venait de littéralement écraser un des buts ultimes de Lexie (et plus généralement, de la plupart de la gente féminine, finalement). Et oui, bosser dans une rubrique people avait bien des avantages – si Rhys pouvait considérer cela comme un avantage, mais c’était une toute autre histoire –, il devenait alors une vraie bible à potins. Il lui arrivait même parfois de s’effrayer lui-même, particulièrement quand il commençait à débattre avec Prunille ou Remy sur des sujets futiles, comme le prochain conjoint de Taylor Swift par exemple. Ça en devenait désolant, voir pathétique venant d’un type qui s’était toujours ouvertement moqué de ce genre de lubie auquel s’adonnaient les personnes dites commères. M’enfin, il fallait croire que ce job commençait sérieusement à déteindre sur Rhys, d’où la nécessité de se retrouver un travail dans un autre magazine, ou du moins, dans un autre domaine. L’ombre d’un sourire s’esquissa sur ses lèvres tandis que Lexie vantait ses qualités de persuasion auprès du barman, impatient de la voir à l’œuvre. « Et par demander gentiment, tu veux dire le draguer je suppose ? » s’enquit-t-il dans un rictus moqueur, persuadé d’avoir entrevu un sous-entendu dans les paroles de la brunette. Il lui lança un regard appuyé, empli de défi et pivota légèrement sur sa chaise, de sorte à ne pas la quitter des yeux alors qu’elle s’éloignait vers le barman. C’était pour ces raisons qu’il aimait la compagnie de Lexie. Elle était sa cadette de cinq ans et pourtant, il avait l’impression qu’elle le comprenait dans un sens. Elle avait la capacité de lui remonter le moral sans qu’il ne doive obligatoirement passer à la phase thérapeutique des aveux. Alexandra ne demandait rien, elle n’insistait pas pour savoir chaque détail de sa vie. Il ignorait si c’était dû à son âge, mais passer seulement quelques soirées avec elle lui apportait une légèreté, une naïveté qui manquait dans son quotidien. L’observant minutieusement faire son petit manège au barman, le journaliste ne put réprimer un rire sonore lorsqu’un verre de whisky vint de nouveau se loger dans le creux de sa main. « Pas mal, je dois dire. » commenta-t-il en sifflant, plus amusé qu’impressionné. Au pire, il aurait tout simplement pu payer les deux nouveaux verres, mais il s’était abstenu, préférant voir Lexie tenter de soudoyer (séduire ?) l’homme à la tête d’un acteur de Prison Break. « D’accord, maman, j’ai compris. On va éviter alors, tu ne saurais pas traîner autant de muscles d’un coup. » ajouta-il en bombant le torse d’un air vaniteux avant qu’un sourire canaille ne vienne éclairer son visage. Il était irrécupérable. Même avec le moral dans les chaussettes, Rhys restait toujours le même – un véritable gamin –, impossible de le changer sous aucun prétexte. La jeune femme devait s’y être habituée, après tout, lorsque l’on côtoyait Rhys Carstairs (et même lorsqu’on le connaissait seulement de vue d’ailleurs), il était impossible de ne pas remarquer son humour propre à lui. Après, soit on y adhérait, soit… soit on passait son chemin. Il s’apprêtait à de nouveau boire son verre cul sec, se préparant mentalement à une sensation de brûlure dans la cavité de sa gorge, mais le changement soudain de musique l’interrompit dans son élan. Oh, de mieux en mieux. Les sourcils arqués, sa tête se tourna en direction de Lexie qui manifestement, semblait très satisfaite d’elle. C’était peut être les vapeurs d’alcool qui commençaient lentement à s’immiscer dans son corps et dans son esprit, mais Rhys avait la très franche impression que son blues se dissipait de minutes en minutes, ce qui n’était pas pour lui déplaire. « Laisse-moi deviner.  T’as une touche avec lui, c’est ça ? » Même s’il ne l’avait jamais regardée, ni considérée de cette façon, ce serait mentir si Rhys n’admettait pas qu’Alexandra était une jeune femme très séduisante. Il comprenait comment le barman avait pu se laisser convaincre aussi facilement. Portant le verre à ses lèvres, le brunet but presque la totalité de son contenu, ne laissant qu’un fond de whisky et reporta son attention sur son amie. « Oh non, attends. C’est pas vrai… Tu ne lui as quand même pas fait de proposition indécente, j’espère ? Autrement, c’est de l’anti-jeu. Nous les hommes, on est trop faibles face à ce genre de choses. » Il lui offrit une paire d’yeux ronds, faussement scandalisé par ce qu’aurait pu potentiellement faire Lexie.
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() message posté Sam 3 Jan 2015 - 14:35 par Invité
Rare étaient les personnes dans mon entourage qui ne savaient rien de mon état de santé, rares étaient encore les personnes à qui j’arrivais à le cacher, qui ne voyaient rien. C’était rafraichissant, presque revitalisant. Avec lui, je pouvais être une simple jeune fille de vingt-deux ans, une mannequin rencontrée sur son lieu de travail comme il avait du en rencontrer tant d’autres. Une jeune fille de vingt-deux ans qui n’avait pas d’autres soucis dans la vie que de connaître les dates de ses partiels ou ce qu’elle fera à ses prochaines vacances. « Pff, de toute façon, il faudra bien vous faire une raison. The Notebook ou pas, ce type est marié dans la vraie vie. Et il a un gosse maintenant, en plus. » J’arquai un sourcil, Rhys était bien informé. Bien plus que moi pour être honnête, mais je pouvais faire semblant, faire semblant d’être au courant de tous ces potins et d’y accorder une quelconque importance. Je n’avais cependant jamais su m’intéresser aux magazines people qui encombraient pourtant la salle durant les séances de dialyse. « Ça ne dure pas ces choses là. Je me fais pas de soucis, il saura me trouver quand il en aura envie. » déclarais-je, d’une voix presque blasée. Le mariage ne m’avait jamais fait rêver, bien au contraire. J’y voyais une excuse pour ces couples de prétendre à la félicité éternelle, une manière de narguer les autres en prétextant un bonheur qui ne serait pourtant jamais parfait. On ne risquait pas grand chose dans le mariage. On ne pourrait jamais y être tout à fait à notre aise, mais on n’y était pas non plus lésés. C’était facile et mensonger, oppressant et conservateur. Mes idées étaient bien arrêtées sur ce sujet, il ne fallait mieux pas me lancer dessus. « Et par demander gentiment, tu veux dire le draguer je suppose ? » Une lueur taquine passa dans mon regard tandis que je secouai doucement la tête, en niant l’évidence. « Tu supposes mal. Je sais être plus subtile que ça. » J’ignorai s’il s’agissait des médicaments qui me brouillait l’esprit ou s’il s’agissait simplement de me retrouver dans un bar bondé comme je ne l’avais pas fait depuis quelques temps, mais je parvenais plutôt rapidement à me défaire de mes entraves et à oublier mes démons. Si j’ignorais les coups d’assaut qui frappait l’arrière de ma tête sans relâche, peut-être finiraient-ils par s’atténuer. Je soutins son regard de défi une fraction de seconde seulement avant que l’envie de le relever ne m’atteigne. Il ne me fallut ensuite que quelques minutes avant d’être de retour à ses côtés, les verres en main. « Pas mal, je dois dire. » m’accorda-t-il en s’emparant de son verre et son ironie me fit sourire. « D’accord, maman, j’ai compris. On va éviter alors, tu ne saurais pas traîner autant de muscles d’un coup. » Je n’étais pas suffisamment en état pour accepter de relever ce défi-ci et ne fis aucun commentaire. L’idée d’assister pour la première fois aux effets de l’alcool sur un Rhys cafardeux ne me disait rien qui vaille. « Laisse-moi deviner.  T’as une touche avec lui, c’est ça ? » s’enquit-il lorsque la nouvelle playlist débuta et je ne pus m’empêcher de rouler des yeux à sa question. « T’as l’air surpris, c’est vexant. » répondis-je simplement en haussant les épaules. Il n’y avait jamais eu d’ambiguité entre lui et moi. Jamais de sous-entendus ou uniquement pour plaisanter. Jamais de frontière mal définie et ce, malgré le nombre incalculable de cuites prises à deux et de moments où lui comme moi n’avions plus nos esprits. J’ignorai à quoi cela était-il dû. Peut-être au fait qu’il s’acharne à me rappeler constamment notre faible différence d’âge, peut-être que l’amitié sans ambiguité était réellement possible. Et j’en étais heureuse, le naturel jaloux de James m’ayant sans doute empêcher de le rejoindre ce soir si j’y avais vu une possibilité de conflits. Je fis tourner le liquide ambré dans le fond de mon verre une seconde avant de le porter à mes lèvres. Pour la seconde fois de la soirée, celui-ci vint chatouiller le fond de ma gorge, vaguement, à peine. Mais je devrais m’en contenter pour ce soir. « Oh non, attends. C’est pas vrai… Tu ne lui as quand même pas fait de proposition indécente, j’espère ? Autrement, c’est de l’anti-jeu. Nous les hommes, on est trop faibles face à ce genre de choses. » Je reposai mon verre sur le comptoir avant de tourner la tête vers Rhys et ses airs faussement scandalisés. Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres avant qu’un rire clair ne s’en échappe. Je passai tellement de temps à essayer de donner le change, tellement de temps à essayer de convaincre Sam, Bob, les médecins que j’allais bien, que je ne m’effondrerais pas, que je m’en oubliais certaines fois. Peut-être que ce soir, je pouvais réellement essayer de l’être, bien. Peut-être que ce soir, je pouvais repartir en arrière, faire comme avant : oublier le reste et me concentrer sur cette soirée sans penser aux conséquences du lendemain. « Même si c’était le cas, prends pas cet air choqué, on est entre adultes consentants. » répondis-je avec malice. « Mais je ne lui ai rien promis que je ne pourrais pas lui donner, c’est pas mon genre. » Je me redressai quelque peu en sentant une crampe tirer le bas de mon dos et pour contrôler le souffle qui me manquait soudainement. « Et puis, pourquoi te mets-tu dans le lot ? Je pensais que tu n’avais aucune faiblesse, que tu restais égal à toi même quelles que soient les situations. » Je finis mon verre avant de le regarder une nouvelle fois. Je rebondissais sur ses bravades, qui auraient pu être les miennes, et ne m’attardai pas sur la douleur qui s’était re-manifesté de manière inattendue.
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() message posté Mar 17 Fév 2015 - 1:04 par Invité
Même s’il partageait sans l’ombre d’un doute l’opinion d’Alexandra concernant le mariage et l’union éternelle, Rhys ne put se retenir de lever les yeux au ciel. Pouvait-on lui rappeler pourquoi tenaient-ils encore cette conversation ? Il ne les comprenait pas, ces filles qui se laissaient amadouer par la soi disant gueule d’ange de cet acteur. Lui aussi pouvait le concurrencer, il suffisait qu’il se laisse pousser légèrement la barbe et qu’il balance une phrase niaise –qui au passage, ne voulait absolument rien dire – du genre ‘tu es un oiseau’ pour qu’elles tombent comme des mouches devant lui. Du moins, c’est ce qu’il croyait, avec plus ou moins de conviction. « Tu parles du gosse aussi quand tu ne dis que ça ne dure pas, ces choses-là ? » répéta-t-il d’un ton taquin, s’amusant à rebondir sur chacun des détails. « Tu ferais une drôle de mère. » C’était assez ironique venant de sa part, le type qui avait un enfant et n’avait jamais eu le courage de l’assumer. Si Alexandra faisait une drôle de mère, Rhys, lui, était un très mauvais père. En vérité, il n’avait pas dit cela simplement pour la titiller, mais parce qu’il savait parfaitement ce que ça faisait. Un enfant, c’était pour toute la vie. Même sans être en contact avec lui, il y pensait constamment. Chaque jour que dieu fasse, il n’y avait pas un moment sans qu’il ne pense à ce petit garçon qui grandissait en l’absence d’une figure paternelle, à à peine trois heures de route non loin de la capitale. Ça le consumait. Tout le temps, perpétuellement. Gardant son légendaire sourire en coin pour que Lexie n’ait aucune suspicion en dépit de son humeur qui s’était encore légèrement assombrie, Rhys la regarda s’éloigner, lâchant alors un rictus moqueur en voyant que justement, elle était assurément en train de draguer le barman. « Désolé, c’est juste que je ne te pensais pas aussi— entreprenante. » se justifia-t-il, fronçant le nez en arborant une moue adorablement candide. Il n’avait pas le souvenir d’avoir déjà vu son amie à l’action en mission séduction, mais vu les fêtes qu’ils avaient déjà passées ensemble et accessoirement, vu toutes les occasions de faire des rencontres plus qu’amicales, Rhys savait que ce n’était sûrement pas la première fois qu’elle se montrait aussi hardie. C’était surtout pour la titiller, encore une fois. « Ma petite Lexie devient une femme fatale ! Je ne sais pas si je dois me réjouir de te voir grandir, ou bien te renvoyer chez toi en t’obligeant à portant des baggys larges et une cagoule pour ne pas que ton charme ravageur fasse plus de dégâts. » Il en faisait trop, non ? Si, sûrement. Et encore, il s’était presque retenu de s’approcher légèrement de la jeune femme pour la décoiffer, à la manière d’un papa poule qui reçoit un gribouillis censé le représenter pour la fête des pères. Malheureusement, son énergie semblait l’avoir quitté pour la journée et Rhys ne comptait exécuter aucun geste ce soir, mis à part celui de porter son verre à ses lèvres afin de laisser les effluves d’alcool faire leur devoir (c'est-à-dire celui de le saouler suffisamment pour qu’il oublie le fait qu’il se sentait actuellement lamentable). « On se demande bien ce que tu ne pourrais pas lui donner… » Susurrant cette réplique tout en laissant son regard malicieux parcourir sans pudeur les jambes interminables d’Alexandra, le journaliste eut un mouvement de recul avant de lever instinctivement les avant-bras au niveau de son visage, au cas où son amie décide de châtier son délicat sous-entendu en le frappant. Il n’avait pu s’en empêcher, elle lui tendait une perche de deux mètres de long, à lui et sa dirty-mind. Bon d’accord, Rhys se débrouillait très bien tout seul pour dériver les sujets de conversation vers des allusions peu catholiques, mais il fallait tout de même avouer que c’était Lexie qui avait commencé, pas vrai ? De plus, ils avaient déjà partagé suffisamment de choses – à savoir d’innombrables cuites – pour qu’elle comprenne qu’il ne faisait cela que pour l’embêter et qu’en aucun cas, il n’était sérieux dans ses propos. « C’est toujours le cas. Je n’ai pas de faiblesses, » répondit-il avec prétention, prêt avant tout à protéger sa fierté et sa couverture de superhéros intouchable. « Mais certaines choses ne se contrôlent pas, même chez un demi-dieu comme moi. Faut voir ça d’un point de vue technique, c’est— mécanique. » Pas la peine de faire un dessin ou d’en ajouter plus, Rhys laissait la brunette faire marcher son imagination. Doux Jésus, elle allait définitivement finir par le prendre pour un obsédé. Riant lui-même à sa blague, il but le fond de verre et adressa un sourire innocent à Lexie, comme un gamin tentant de garder la face après avoir fait une connerie qu’il tentait de cacher. « Inutile de m’applaudir pour cette métaphore, moi aussi je me trouve hilarant. Je ferais un bon prof de biologie, tu ne trouves pas ? » Rapidement, son sourire s’évanouit pour faire place à une mine incrédule quand il vit Alexandra se cambrer légèrement en dépit du visage radieux qu’elle arborait. Elle avait la même tête que lui à la boxe, lorsqu’il assurait pouvoir continuer alors que son bras lui assénait une douleur cuisante. « Alexandra ? Tout va bien ? » s’enquit-t-il, la main posée sur l’épaule de son amie comme pour s’assurer qu’elle était toujours présente. Ce n’était pas la première fois qu’il se souciait d’elle, Rhys l’avait déjà raccompagnée chez elle dans un sale état après une soirée mouvementée, mais dans ses souvenirs, la quantité d’alcool qu’elle avait bue était beaucoup plus importante que ce qu’elle avait pu ingurgiter aujourd’hui.
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() message posté Jeu 5 Mar 2015 - 0:55 par Invité
Mon regard parcourait la salle sombre et bruyante à la recherche d’un point d’ancrage qui n’existait pas. Je connaissais cette ambiance par cœur, je la recherchais, m’y complaisais. J’étais pourtant reconnaissante ce soir, encore une fois, de ne pas avoir à y évoluer seule. « Tu parles du gosse aussi quand tu ne dis que ça ne dure pas, ces choses-là ? » me reprit-il et je laissai mon regard glisser sur ma gauche juste à temps pour surprendre son air concerné, et quelque peu amusé. « Tu ferais une drôle de mère. » Je ne pus m’empêcher d’acquiescer en arquant un sourcil. Je n’avais aucune idée du genre de mère que j’aurais pu être si l’occasion m’avait été donnée. Je n’avais aucune idée de ce qu’une bonne mère devait être. Ou tout simplement, de ce à quoi une mère, peu importe laquelle, une mère qui faisait comme elle pouvait, avec ce qui lui avait été donné, pouvait ressembler. Je n’avais jamais pu compter sur une figure maternelle durant mon enfance, ma vie. Sam était ce qui s’en rapprochait le plus. Sam aurait été, avait été, parfaite dans ce rôle si je ne l’avais pas aussitôt repoussée. « Prions pour que personne n’ait jamais l’occasion de s’en rendre compte. » Je passai une main distraite dans mes cheveux, allégeant mes propos. J’avais conscience du cynisme qui habitait mes réflexions sur ce genre de sujet, lorsque je souhaitais simplement les aborder avec humour. J’avais été diagnostiquée il y a plus de trois ans à présent. J’avais su, il y a plus de trois ans, que je n’aurais sûrement jamais l’occasion de devenir mère naturellement. Je savais en plaisanter, je savais m’en moquer. Mais j’avais perçu dans l’expression de Rhys une pointe d’amertume, une ombre sur son visage que je n’avais pas su définir mais qui nous poussa tous deux facilement à changer de sujet. « Désolé, c’est juste que je ne te pensais pas aussi— entreprenante. » Je lui lançai un regard faussement menaçant en l’entendant buter sur l’adjectif qui était censé me définir. Un sourire finit par venir se dessiner sur mes lèvres en entendant la fin de sa phrase et je le saluai d’un signe de tête, comme s’il me reconnaissait là un talent indéniable. « Ma petite Lexie devient une femme fatale ! Je ne sais pas si je dois me réjouir de te voir grandir, ou bien te renvoyer chez toi en t’obligeant à portant des baggys larges et une cagoule pour ne pas que ton charme ravageur fasse plus de dégâts. » s’amusa-t-il une dernière fois à mes dépends. Mon air amusé pouvait presque traduire mon attendrissement mais je préférai me concentrer sur le fond de mon verre pour ne rien laisser paraître. Je n’arrivais pas toujours à m’expliquer ce qui poussait Rhys à se montrer aussi protecteur envers moi. Il s’était, dès le début, positionné dans ce rôle de grand frère. Grand frère moqueur et qui ne montrerait certainement pas le bon exemple si telle était la réalité, mais tout de même. « Ce serait tellement bien porté que ça ne changerait rien. Faudra t’y faire c’est tout. Surtout si je t’en fais profiter. » Je tentai de me vanter une dernière fois mais mes plaisanteries s’évanouissaient tranquillement dans le chaos ambiant sans que je ne puisse en deviner la raison. Rhys semblait ailleurs, éteint. Je lui reconnaissais une certaine faculté à donner le change mais le gris de son humeur s’épaississait au fur et à mesure que nous parlions. J’étais prête à faire ce que je demandais que l’on m’accorde dans ces circonstances. Je voulais respecter son besoin de se taire et de s’enivrer jusqu’à ne plus se souvenir de ce qui le tourmentait. Nous avions déjà joué à ce jeu plus d’une fois l’un avec l’autre. Mais j’avais peur qu’il finisse par ne tout simplement pas savoir que j’étais également prête à l’écouter. « On se demande bien ce que tu ne pourrais pas lui donner… » Je fronçai les sourcils, le défiant d’aller plus loin, et ne pus m’empêcher de vouloir le bousculer en surprenant ses lourdes œillades mais il anticipa mon geste en se protégeant sans attendre. « Mais certaines choses ne se contrôlent pas, même chez un demi-dieu comme moi. Faut voir ça d’un point de vue technique, c’est— mécanique. » Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel en l’entendant se comparer à une telle figure. Nous deux réunis, et nos égos surdimensionnés ne passaient plus les portes au bout de quelques minutes seulement. « Je vous plains, esclaves de votre propre corps … » lui accordai-je avec malice. « Inutile de m’applaudir pour cette métaphore, moi aussi je me trouve hilarant. Je ferais un bon prof de biologie, tu ne trouves pas ? » Je m’interrompis dans une nouvelle réponse moqueuse lorsqu’il posa sa main sur mon épaule, visiblement alerté par le spasme qui me parcourut. Je réussissais à contrôler mon expression mais ma fierté ne put durer davantage que quelques instants et mon dos se courba. « Alexandra ? Tout va bien ? » Je n’ai pas répondu tout de suite, j’ai hoché la tête, en reposant mon verre. Quoique je dise sur l’instant sonnerait irrémédiablement faux, les accents de ma voix trahiraient la douleur qui remontait le long de mon dos. Dans ce hochement de tête, il pouvait bien choisir ce qu’il désirait, le temps que je reprenne le contrôle de mon corps tiraillé. Tout allait bien oui, c’est sûrement ce qu’il choisirait. C’est que nous choisissions tous, jour après jour, pour rendre notre vie plus facile, plus agréable, plus accommodante. Nous allions bien. Lui et moi allions toujours bien. N’était-ce pas ce que nous avions implicitement décidé ? « Ne prends pas cet air inquiet. » finis-je par laisser échapper en retrouvant mon souffle. Je m’étirai discrètement en me redressant et me permis de lui adresser un regard rassurant une demi-seconde plus tard. « Je vais aussi bien que toi. A toi de me dire ce que cela signifie. » repris-je doucement. Je ne savais pas ce qui l’habitait. Je ne savais pas s’il souhaitait s’en défaire ce soir, mais il n’avait pas à faire semblant. J’avais souvent été cette personne, renonçant à ses qualités et ambitions le temps d’une nuit, me repliant dans mes humeurs alcooliques et solitaires, dévorée par la culpabilité et l’amertume. Je ne l’étais plus autant, dès que je n’étais plus seule.
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() message posté Sam 25 Avr 2015 - 0:52 par Invité
Plus la conversation avançait, et plus Rhys se disait qu’en effet, appeler Lexie était l’une des meilleures idées qu’il puisse avoir. Elle avait quelque chose, ce je-ne-sais-quoi inexplicable et adorable qui le poussait à garder contact avec elle alors qu’habituellement, le brunet avait tendance à ne pas vouloir forcément se mêler à des personnes plus jeunes que lui. Pas qu’il se sentait déjà  l’âme d’un trentenaire ou qu’il avait la sensation d’être supérieur (ne parlons même pas de la maturité, vu la sienne, ce facteur aurait été ridicule), disons simplement qu’en ce qui le concernait, il s’entendait mieux avec des gens de son âge. Mais la présence de l’étudiante lui apportait une bouffée d’air frais. Oui, c’était ça. Alexandra avait le même humour que lui, le même sarcasme, ce même cynisme. Dans une certaine mesure, ils se ressemblaient. « Dans ce cas, je ne demande qu’à te voir dedans… Ca te donnerait un petit côté gangster, pour changer. » rétorqua-t-il malicieusement, pouffant déjà de rire à la vision de la jeune femme dans cette tenue peu féminine. Il l’avait déjà vue dans un joyeux état à cause des soirées alcoolisées auxquelles ils avaient pu assister tous les deux, mais Lexie dans un baggy avec une cagoule, cela risquait d’être collector. Rhys opina légèrement, faisant mine d’être convaincu par les déclarations de son amie. « C’est vrai que les boissons gratuites à volonté ne sont pas négligeables. Ça marche avec autre chose, d’ailleurs ? La prochaine fois je t’amène à l’Apple Store, qui sait, peut être qu’on obtiendra une Apple Watch en exclusivité ?! » suggéra-t-il toujours sur le même ton avant de froncer les sourcils, se demandant soudainement si faire ce genre de chose ne s’apparenterait pas à une forme de proxénétisme. Evidemment, il jouait la comédie au sujet de la découverte du pouvoir de séduction de la jeune femme. Il n’oserait pas jusqu’à aller dire qu’il l’avait vue à l’action (après tout, ça ne le regardait absolument pas), mais il était persuadé que ce n’était pas la première fois qu’elle se servait de ses… hum, attributs (?) pour obtenir ce qu’elle désirait. Ça marchait aussi pour Rhys – enfin, à une certaine mesure et avec certaines personnes, d’ailleurs, il lui arrivait encore parfois de se demander pourquoi son sex-appeal n’opérait pas sur tout le monde, mais là n’était pas le sujet. Son humour et cette ambiance bon enfant bien qu’étrange s’évapora immédiatement lorsqu’il sentit qu’elle n’allait pas bien. Couvrait-elle quelque chose, ou bien était-ce déjà l’alcool qui commençait à lui faire tourner la tête ? Pourtant, le brunet avait une expérience plutôt avancée de la consommation de boisson abusive et il était convaincu que les conséquences ne ressemblaient en rien à l’espace de spasme dont elle avait été emprise. Il soupira de soulagement quand Lexie le rassura en lui affirmant qu’elle allait bien. Ouf, il avait eu peur d’être responsable d’un truc qu’il n’aurait été capable de gérer. Les situations d’urgence, porter secours à quelqu’un, c’était un terrain inconnu pour Rhys. C’était malheureux mais pourtant la vérité, s’il se trouvait en face de quelqu’un en train de s’étouffer, son premier réflexe ne serait pas de taper dans le dos de la personne, mais de lui faire une blague parce qu’il n’aurait pas immédiatement saisi l’importance de la situation. « Tu m’as fait peur, on aurait dit que tu venais de courir un marathon et que tu venais d’être saisie d’un point de côté irrécupérable. » C’était la vérité, elle lui avait vraiment fait peur. D’une certaine façon, même si Rhys détestait jouer les baby-sitter, il se sentait obligé d’agir comme un grand frère, ou au moins de la protéger. Il avait l’impression de très mal tenir son rôle, certes, mais il n’y avait pas de doute quant à la culpabilité qu’il éprouverait si jamais il arrivait quelque chose à Lexie par sa faute. « Tu fais pas de l’asthme, par hasard ? » demanda-t-il, jugeant cette question légitime. Quoiqu’il en soit, il se garda dans un coin de la tête de faire des recherches sur Doctissimo dès qu’il y penserait, ne serait-ce que pour se faire son petit diagnostic personnel qu’il ne manquerait pas de lui faire part. Le journaliste accusa le coup quand la conversation se dirigea de nouveau vers lui. Touché, coulé. « Ça veut dire que tu es mal barrée. » avait-il répondu avec spontanéité avant de réaliser ce qu’il venait tout juste de dire. Merde, il lui laissait là l’opportunité de poser des questions. Le problème n’était pas que Rhys ne voulait pas se confier à Alexandra, le problème était qu’il avait horreur de parler de lui. Enfin, parler des sujets plus personnels que ses dernières conquêtes ou du dernier produit au prix exorbitant qu’il venait d’acquérir. Il avait toujours eu l’habitude de tout garder pour lui, la perspective de se dévoiler était bizarre. Et fichtrement terrifiante, par la même occasion. « Non, je rigolais ! Je vais bien, donc si tu vas bien, c’est que tout va très bien, pas vrai ?! »  Sa phrase n’avait ni queue ni tête, et le pire dans tout cela était qu’il aurait été  incapable de dire si c’était à cause d’un simple cafouillage, ou bien à cause de l’effet de la boisson qui commençait à doucement le désinhiber. Il fallait s’y attendre, à force d’avoir bu tant de shots à une telle vitesse, sa capacité de résistance à l’alcool se dissipait de minutes en minutes. Peut-être que c’était ce qu’il avait cherché ce soir-là, justement. « Laisse-tomber Lex’, je sais pas si je veux en parler. Je saurais même pas te dire pourquoi je déprime comme un con.  Y’a juste tout qui me saoule, mon boulot, la gardienne de mon immeuble qui est imbuvable, la musique de ce bar naze qui a encore changé, le type derrière qui se prend pour un dur à cuire à cause de ses tatouages alors qu’il a la tronche d’un Teletubbies… » Oups, il espérait ne pas avoir parlé assez fort pour ne pas que le dit Teletubbies l’ait entendu.
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() message posté Mar 5 Mai 2015 - 22:36 par Invité
« C’est vrai que les boissons gratuites à volonté ne sont pas négligeables. Ça marche avec autre chose, d’ailleurs ? La prochaine fois je t’amène à l’Apple Store, qui sait, peut être qu’on obtiendra une Apple Watch en exclusivité ?! »  Je laissai échapper un rire en l’entendant se projeter de la sorte, notant également que son instinct de protection n’avait pas duré si longtemps que cela. « Si j’y mets les moyens, on pourrait même repartir avec celle en or … Mais on ne le saura jamais. A partir de maintenant, je t’écoute et je range tout ça. »  J’insistai sur les derniers mots avec le plus grand des sérieux en me désignant d’un geste ample et nonchalant. Je ne pensais pas qu’il était possible de se montrer plus présomptueuse qu’en ce moment, mais je faisais mine de ne pas m’en soucier. Rhys me poussait sur cette voie à chaque fois et je tentais simplement de me mettre à sa hauteur, en cachant mon amusement. Mais ce moment passa instantanément à la première crampe qui me saisit le bas du dos. Il était trop tard pour l’ignorer et passer à autre chose, je n’avais pas encore assez bu ce soir pour donner le change. Une douleur ancienne venait de se mettre en branle et j’avais du mal à la maîtriser. Je respirais doucement et adressai un sourire à Rhys, tentant de lui assurer qu’il n’y avait rien de grave, que j’étais encore capable de plaisanter, mais un air soucieux ne s’évanouissait pas de son visage. « Tu m’as fait peur, on aurait dit que tu venais de courir un marathon et que tu venais d’être saisie d’un point de côté irrécupérable. »  Je secouai la tête, destiné à balayer ses inquiétudes, comme s’il s’agissait là d’une hypothèse improbable. Il n’était pas censé se poser des questions ou soumettre des possibilités. Il n’était pas censé savoir. Je restais persuadée qu’à la minute où il l’apprendrait, il prendrait la décision de suspendre nos soirées. Et je ne voulais pas lire dans ses yeux la même lueur d’appréhension que les autres, le même regard désapprobateur lorsqu’il se souviendrait de tout ce que nous avions fait ensemble. Je choisissais de ne pas être malade, en sa présence. Ou quelque chose en moi l’avait choisi pour moi, je n’en étais pas certaine, je n’avais pas envie de savoir. J’avais choisi également que ça ne m’intéressait pas. « Tu fais pas de l’asthme, par hasard ? » Je réprimai un sourire vague d’apparaître sur mes lèvres. Je ne savais pas exactement si l’asthme était supposé provoquer ce genre de symptômes. Observer Rhys se poser sérieusement la question n’avait rien d’amusant en soi. Je savais mentir plus que de raison, je savais mentir avec assurance, mais je n’y voyais rien de reluisant, rien dont je puisse me vanter en sa présence comme j’en avais l’habitude. « Tu crois que ça pourrait être ça ? »  demandai-je d’un air faussement concerné comme si j’envisageais cette possibilité pour la première fois. « Parfois, j’ai des plaques rouges qui me remontent du poignet jusqu’au coude aussi, je te montrerais, je sais pas si ça pourrait être relié ? »  Un sourire s’était dessiné sur mes lèvres au fil de mes dernières paroles et je secouai la tête de nouveau pour lui signifier que je me moquais gentiment de lui. A la place, je m’inquiétais pour lui, en retour. Je pouvais d’ailleurs affirmer avec certitude qu’il ne s’agissait pas là d’une manière de détourner l’attention, d’une manière de me concentrer sur lui pour m’épargner d’autres explications. J’étais réellement concernée. Rhys était énergique et solaire. Et s’il n’avait rien perdu de sa dérision ou de ses piques ce soir, je pouvais les entendre sonner légèrement plus faux que d’habitude. « Ça veut dire que tu es mal barrée. »  Je m’arrêtai de jouer avec le rebord de mon verre en entendant sa réponse. Elle sonnait comme une confession non maitrisée, un aveu qui lui avait échappé. Etrangement, il n’y avait là ni ironie ni légèreté. Il avait été honnête et je pouvais lire dans son regard qu’il en était le premier surpris. Je me mordis l’intérieur de la joue sans rien dire dans un premier temps. Je voulais lui laisser l’opportunité de continuer, sans avoir à le brusquer. Je voulais qu’il puisse se confier s’il le désirait seulement. « Non, je rigolais ! Je vais bien, donc si tu vas bien, c’est que tout va très bien, pas vrai ?! »  Il avait l’air embarrassé et je ne parvins même pas à rire de cette dernière explication embrouillée et sans logique. Je tentais tout de même un léger sourire pour ne pas le heurter plus qu’il ne l’était déjà. « J’imagine, enfin j’essaie. »  lui accordai-je à voix basse. « Laisse-tomber Lex’, je sais pas si je veux en parler. Je saurais même pas te dire pourquoi je déprime comme un con.  Y’a juste tout qui me saoule, mon boulot, la gardienne de mon immeuble qui est imbuvable, la musique de ce bar naze qui a encore changé, le type derrière qui se prend pour un dur à cuire à cause de ses tatouages alors qu’il a la tronche d’un Teletubbies… »  Je jetais un regard à l’homme en question, à quelques mètres de nous et ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel face à la comparaison. « Allez, il t’a rien fait. Tu ne crois pas que c’est déjà assez dur pour lui dans la vie de tous les jours ? »  Je lui adressai un sourire complice avant de me tourner sur le tabouret pour me mettre face à lui. « On a le droit de déprimer pour tout ça, tu sais. Et tu as même le droit de t’en plaindre avec moi, je suis venue pour ça. Par contre, je te trouve un peu sévère avec ta gardienne, je l’ai croisée une fois, je crois qu'elle t'adore. »  J’aurais voulu continuer sur ma lancée mais je fus interrompue par un homme venu se positionner derrière nous et je me tournai dans sa direction. « Oui ? »  demandai-je d’une voix flatteuse en reconnaissant ledit Teletubbies. « On m’a dit que vous vous foutiez de moi, j’ai voulu vous laisser l’occasion de le faire en face. » Je fronçai les sourcils aussitôt, l’air atterrée. « Nous … foutre de vous ? Jamais, je ne vois même pas comment. Rhys, on s’est foutu de lui ? » Je me tournai vers lui, attendant qu’il renchérisse, mais je n’étais pas certaine que mon air amusé parvienne à nous aider plus longtemps. Ce n’était définitivement pas la première fois que nous nous retrouvions dans cette situation. Nous savions faire semblant, tous les deux, nous avions du le prouver plus d’une fois.
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