Arion Ҩ No light, no light.

Assise sur le canapé de son nouveau logement, Aria regardait la télévision silencieusement, l'écoutant à peine, encore en pyjama comme ce fut très souvent le cas ces derniers jours. Elle pensait. À ses parents : son père qu'elle n'avait jamais connu et sa mère qui l'avait laissée seule alors qu'elle n'avait rien demandé de plus qu'être heureuse. Elle pensait aux cours qu'elle manquait depuis quelques mois, puis... à Avalon. Cette fille en or qu'elle avait rencontrée alors qu'elle n'était que toute petite. Inséparables, elles l'étaient il y a quelques mois encore... Puis la blonde partit dans son nouvel établissement scolaire et à partir de ce moment, plus aucune nouvelle, silence radio. Aria essayait de se remémorer le dernier moment qu'elle avait passé avec elle, c'était sûrement l'une de ces nuits durant lesquelles Ava laissait entrer son amie en douce chez elle pour lui permettre de passer la nuit bien au chaud. Des heures, des jours, des mois... tout était passé si rapidement et elle peinait à se remémorer la dernière fois durant laquelle elle l'avait vue.

Et même si elle lui manquait énormément, elle se demandait si elle accepterait de la voir ce week-end. C'était les vacances, Aria passait la journée seule puisqu'Irene avait du boulot. Elle ne voulait pas passer une journée de plus devant la télévision et elle s'était mise en tête que, peut-être que si elle pouvait revoir son amie elles pourraient se mettre à jour sur leurs vies. Se raconter le meilleur, le bon, le moins bon et le mauvais. Rire, déconner, chahuter. Bref, tous ces beaux souvenirs qu'elle s'était rememorée en ces cinq dernières minutes l'avaient motivée à se lever du canapé et à vite filer dans sa chambre pour rapidement se préparer pour aller faire une visite surprise à sa meilleure amie.

C'est donc en chantant sa dernière chanson préférée qu'elle avait enfilé une belle tenue, de belles chaussures puis qu'elle s'était bien lissé les cheveux. Puis fin prête, elle laissa un petit mot sur la table de cuisine pour expliquer son absence au cas où Irene rentrerait plus tôt que prévu, lui expliquant qu'elle allait voir une amie qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps et qu'elle l'appellerait sûrement de là-bas si elles avaient prévu quelque chose pour la soirée.

Elle quitta l'appartement, fermant bien sûr à clé derrière elle puis c'est avec un énorme sourire aux lèvres qu'elle se mit à marcher dans la rue, souriant aux quelques passants qui la saluaient. Même si c'était dur à penser pour elle, c'était pourtant la vérité : plus on fait bonne impression et plus les gens font attention à nous. Elle se souvient encore de ces nombreuses personnes qui l'ignoraient alors qu'elle était dans le besoin, qu'elle crevait de faim et qu'elle peinait à trouver un toit. Mais... même si c'était un peu débile, elle n'en voulait pas à ces gens. Elle était à présent entre les mains d'Irene qui avait l'air de savoir ce qu'elle faisait. Elle lui faisait confiance.

C'est après quelques minutes de marche qu'Aria arriva dans Hammersmith, le quartier dans lequel vivait sa meilleure amie. Elle n'y avait pas mis les pieds depuis très très longtemps. Plusieurs mois, à vrai dire. Et revenir dans celui-ci lui faisait plutôt plaisir et lui procurait une drôle de sensation. Ça ne faisait que très peu de temps qu'elle n'y était pas allée mais ça n'empêchait pas le quartier d'avoir bien changé. Il y avait quelques travaux en cours, de nouveaux chantiers... C'était cool de voir le quartier en mouvement.

Remarquant enfin la maison d'Avalon, la petite brune entra dans l'allée de la maison puis toussa un peu, passant sa main sur les plis de son t-shirt pour enfin toquer à la porte, voulant faire bonne impression. Bien sûr, c'est les parents de son amie qui ouvrirent et qui, d'après leurs visages furent un peu surpris de la voir ici après tant de temps. "Bonjour... Est-ce qu'Avalon est là, s'il vous plaît... ?", comme d'habitude, ils la laissèrent entrer sans soucis. Ils avaient toujours été un minimum polis avec l'adolescente même si elle savait qu'ils ne la portaient pas dans leur coeur. Elle ne connaissait pas la véritable raison de cette "haine" qu'ils ressentaient à son égard mais elle s'y était faite. Et ça ne la dérangeait pas tant qu'ils ne l'empêchaient pas de voir leur fille.

Aria se débarassa de ses chaussures dans l'entrée comme elle avait l'habitude de le faire, puis elle monta silencieusement et lentement les escaliers pour directement s'introduire dans la chambre de la jeune blonde, ne prenant pas la peine de taper à la porte. Elle était là, Aria la regardait. Assise sur son lit à faire je ne sais quoi. Elle avait beaucoup changé, tout comme Aria qui, la dernière fois qu'Ava l'avait vue était en plutôt mauvais point. "On avait dit que tes cours ne nous empêcheraient pas de se voir..." fit-elle remarquer sa présence, son regard posé sur elle. Elle voulut faire mine de bouder mais elle ne pouvait s'empêcher de réellement sourire. La personne qui comptait à présent le plus dans son coeur était là, juste devant elle et la seule chose qu'elle voulait faire, c'était la serrer dans ses bras. Alors elle s'était approchée d'elle puis elle avait directement enroulé ses bras autour de sa meilleure amie, embrassant à plusieurs endroits et à plusieurs reprises son visage, riant un peu. "'Faut que tu me racontes comment c'est d'être dans une école de riches !"

Aucun mot ne pouvait définir le bonheur d’Aria à ce moment précis. Elle était plus qu’heureuse de retrouver cette fille avec laquelle elle avait toujours été si proche, Avalon. Elles ne s’étaient plus vues durant quelques mois : Avalon ayant beaucoup de changements dans sa vie dont son nouvel établissement, ses stages de danse… Et Aria qui avait perdu sa mère et qui avait passé quelques semaines dans la rue après avoir fui son petit chez elle, ne voulant pas être prise en charge par une assistante sociale pour être finalement placée dans une famille d’accueil. Ses petits bras autour de cette fille qui valait plus que n’importe qui pour elle, Aria embrassait à plusieurs reprises son visage, appréciant le moment. Sa remarque l’avait faite sourire, elle avait bien faite sa surprise et elle en était plutôt ravie. Elles ne s’étaient pas vues depuis assez longtemps et Aria s’était dit qu’il fallait résoudre ce problème, elles qui avant passaient le plus clair de leur temps ensemble… Ça avait bien changé. Elles se voyaient à peine, elles prenaient chacune un chemin différent et si Aria pouvait faire quoi que ce soit pour éviter ça, elle le ferait. « Tu m’as manqué aussi… » lui murmura-t-elle sans relâcher l’emprise qu’elle avait sur elle, avant de finalement la laisser un peu respirer. « Trop longtemps, même ! Tu sais pas comment c’est dur de vivre sans toi, Ava… ! » lui avouait-elle d’un ton ironique, même si c’était un peu vrai. Avalon n’avait beau être que sa meilleure amie, elle avait toujours eu un rôle important dans sa vie.

La jeune brune laissa son amie l’emmener pour s’asseoir sur son lit, s’installant en tailleur sur celui-ci. Sa chambre avait un peu changé, il y avait quelques nouveaux objets par-ci et par-là… C’était cool à voir. Aria laissa donc simplement sa meilleure amie lui raconter comment était sa nouvelle école, comment ça se passait là-bas… Super, oui, Aria s’en doutait. Après tout, ses parents avaient les moyens de l’envoyer dans les meilleurs établissements du pays et elle savait qu’Avalon avait toujours eu le meilleur. Jalouse, elle ne l’était pas. Ou peut-être un peu, c’était naturel. Mais elle était plus que ravie pour son amie qui pourrait un jour réaliser ses plus grands rêves. « La danse ? Pfiou. Obligé que tu te sentes bien là-bas, alors ! », elle rit un peu en secouant la tête. Elle savait que la danse avait une grande place dans la vie de son amie, elle était d’ailleurs déjà venue de nombreuses fois la soutenir lors des différents concours qu’elle avait déjà effectués. Même si elle n’en avait jamais pratiqué, c’était quelque chose qu’elle trouvait sympa à regarder. « Un inconvénient ? J'suis ta petite amie, j'te rappelle ! », lui répondit-elle tout simplement en tapant gentiment sur son épaule avant de continuer. « C’est les règles, ça. Y a toujours un moyen de les contourner. Mais tu viens d’arriver là-bas… Vas pas trop vite, j’suis sûre que t’es déjà le coup de cœur de tous ces garçons et qu’ils espèrent tous que tu viendras faire la pop-pom girl à leurs matchs de foot. » Elle le savait, les garçons avaient toujours été fous d’elle. Normal, me direz-vous…

« Et bah moi, j’me suis trouvé un petit chez-moi. C’est pas encore définitif, ça fait que quelques jours que je suis là-bas mais la fille qui m’héberge est cool, elle m’achète des fringues, elle est adorable… Elle m’aime bien, je crois. », c’était pas sûr, elle allait probablement être mise à la rue d’ici quelques jours, comme d’habitude mais elle savait que ces jours qu’elle passait avec Irene n’étaient pas normaux. Il y avait quelque chose de différent entre elles, comme si un lien maternel était en train de naître.

Assez rapidement, Aria remarqua la grosse valise rouge au pied du lit de son amie, ce qui lui fit légèrement hausser les sourcils. Elle allait partir en vacances, encore ? Et la laisser ? Quelle chanceuse. « Tu vas quelque part… ? », elle voulut soupirer mais son agacement pouvait largement se sentir dans le ton qu’elle employait, même si ce n’était pas spécialement voulu. Rapidement, elle voulut changer de sujet pour ne créer aucun malaise... même si le fait de perdre son amie une seconde fois la dérangeait énormément. Mais bon, c’était sa vie, ses choix, après tout. « Bon… tu pars dans combien de temps ? ‘Faut qu’on profite un peu ! J’espère que t’as rien prévu… j’t’ai pas vu pendant je sais pas combien de mois et il est hors de question que j’parte de chez toi après quelques minutes ! »