(✰) message posté Sam 25 Oct 2014 - 0:09 par Invité
Never trust a man in a wheelchair with dirty shoes
OLIVIA + BARTHOLOMEW
Once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you. ✻✻✻
Locke, viens me sauver de là. Je suis enfermé dans un hôpital et je peux plus sortir. Je presse le bouton entré de mon téléphone, tout en passant une main dans la tignasse brune que j’appelle affectueusement cheveux. Je soupire, et secoue le bout de métal que j’ai dans la main, en espérant que mon ami norvégien est plus de talent dans le fait de me répondre que dans la prononciation de mon prénom. Parce que là, je m’ennuie vraiment. Et pourtant, je ne peux pas vraiment me plaindre, parce que c’est moi qui ai décidé de mon plein gré de venir avec Eugénia. Je ne sais vraiment pas ce qu’il m’a prit. Et puis du coup, je ne peux même pas sortir l’excuse d’avoir été sous le contrôle mental de Scary après avoir été torturer et tout le bordel. Même pas. Je me lève dans l’espoir de me dégourdir les jambes, et je jette un coup d’œil dans la pièce d’à côté. Eugénia est assise sur un lit, et un médecin lui parle, et d’après leurs regards cela a l’air sérieux. Mais bon, ils ne peuvent pas aller plus vite quand même. Je m’ennuie ! Mon regard est alors captivé par un être extraordinaire, une source d’amusement permanent, j’ai nommé Hodor. Le fauteuil d’Eugénia traîne à l’autre bout de la pièce, sûrement mis là par les infirmières afin de ne pas prendre de la place auprès du lit, place occupée par un médecin et une infirmière justement. Ma sœur ne semble pas préoccupée par l’état de son fauteuil, et ce dernier, même s’il n’est pas placé près de la porte, est assez seul pour que je puisse le récupérer rapidement. Je pose une main sur ma bouche pour ne pas rire suite à mon idée, et adopte rapidement un air innocent, avec de grands yeux marron-vert tout ronds. Avançant lentement de façon à ne pas faire de bruit, j’entre dans la pièce, offrant un sourire à l’infirmière qui se retourne et qui m’en donne un en retour. J’ai vraiment la côté auprès des infirmières on dirait. C’est bien ça. A pas de velour, je me dirige vers le fauteuil et en essayant de faire le moins de bruit possible je l’ammene dans les couloirs. A la porte, une infirmière rentre et jette un coup d’œil étonné au fauteuil dans mes mains. Un autre sourire innocent fait apparition sur mon visage. « C’est pour le nettoyer et mettre un nouveau cousin de la couleur préférée de ma sœur ! » La vieille femme me lance un regard admiratif, comme si l’affection que j’éprouve pour ma sœur est lisible dans mes yeux. Je me demande bien ce qu’elle ferrait si elle apprenait que je prends ce siège seulement pour m’amuser dans les couleurs. Je hausse intérieurement les épaules, et lui offre un autre sourire. Une fois sortie de la pièce, je me retiens pour ne pas faire une danse improvisée de la victoire. Jetant un coup d’œil derrière moi, je tourne un couloir et avec un rire malicieux, je m’assoie sur Hodor. « Mais oui Hodor, tu m’as manqué aussi ! Vilaine Eugénia qui te monopolise. Allez viens mon chou, on va faire un petit tour ! »En fait, Locke, viens pas, je m’éclateuuuhhh ! Et un autre sms envoyé. Avec l’expérience acquise au fur et à mesure de mes vols de fauteuil, je mets les mains sur les roues, et j’avance. Je devrais rajouter ce talent à ma liste. Je tourne à droite à un nouveau couloir, et me mets à accélérer légèrement, riant sous une barbe imaginaire. C’est quand même bien plus marrant que d’attendre Eugénia devant sa salle. C’est déprimant, de voir ma joyeuse et énergique petite sœur dans cet habit d’hôpital. Cela me rend presque malade de la voir comment, alors que même assise elle est grande, ce vêtement ingrat la rend microscopique. Et je n’aime pas voir cet air sérieux, sachant très bien que je n’arriverais pas à chasser les mauvaises pensées. Même si j’aimerais bien, vu que c’est sensé être mon rôle de grand frère. En tout cas, j’ai bien fait de préparer du cornbread et du bubble tea maison à l’appartement, cela va lui donner peut-être un peu le moral. Et cela va sûrement m’aider, aussi, vu que je n’ai jamais aimé les hôpitaux. Cela me rappel mon coup de couteau dans le torse à Hong Kong. On est vraiment des perdants dans cette famille… Mais au moins, on est tous très beaux. Stupides mais beaux. On peut pas avoir tout dans la vie, c’est bien connu. Alors que je tourne rapidement à gauche, une voix féminine transperce mes pensées, et je tourne la tête. C’est bien à moi qu’elle s’adresse, et j’offre un sourire à l’infirmière- d’après son uniforme- qui est d’ailleurs très jolie. Oui vraiment très très jolie. « Bonjour ! Vous m’avez appelé ? »Mon sourire est légèrement évitant. Si jamais je sens que cela ne va pas, je me casse vite fait. Et j’espère que quand cela sera le cas qu’Eugénia sera prête pour y aller.
littlewolf
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(✰) message posté Dim 26 Oct 2014 - 14:56 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ Ce que j'aimais particulièrement avec mon travail était que je n'avais jamais le temps de penser. Jamais le temps de me laisser aller à mes songes. Jamais le temps de m'accorder du répit. L'hôpital était sans cesse en mouvement ; les patients allaient et venaient, les tâches étaient à la fois faciles et complexes. J'entendais souvent dire que le poste d'infirmière était quelque chose d'ingrat, puisque bien souvent notre travail n'était pas reconnu à sa juste valeur ; pourtant, malgré ces rumeurs, malgré toutes ces choses que l'on pouvait dire, j'aimais ce que je faisais. J'aimais prendre soin des autres et être attentives à leurs besoins et leurs différents états. J'aimais venir en sachant que je serais utile, en sachant que je ne vivrais jamais de journée perdue. Par-dessus tout, j'aimais constater que certaines vies ne s'arrêteraient pas. Sauver. Ce mot-là était bien grand, empreint d'une certaine pudeur comme s'il avait des connotations supernaturelles. Pourtant, je savais que j'allais passer ma vie à appliquer ce concept avec mes collègues, avec ces personnes qui travaillaient avec moi à l'hôpital. Parce que, quoi que nous puissions en dire, nous sauvions des personnes. Nous sauvions des vies. Tours les jours, toutes les heures, tous ces instants où nous nous affairions autour de ces patients dont la vie comptait toujours autant que celles des autres. Je souris à l'enfant qui m'observait, tandis que je vérifiais si les poches de ses perfusions étaient toujours pleines. « Comment tu te sens, aujourd'hui, mon grand ? » lui demandai-je avec douceur, avant d'attraper son dossier laisser au bout de son lit. Celui-ci m'observait aller et venir dans sa chambre d'hôpital avec attention. « Bien. » me répondit-il avec sa voix clair d'enfant de sept ans. Je lui adressai un sourire. « Dis, Olivia, tu sais quand est-ce que maman va arriver ? » J'avais appris à ne laisser transparaître aucune émotion. La plupart des autres infirmières enviaient mon calme et mon apparence douce ; j'allai à la hauteur du petit garçon, l'observant bien dans les yeux avec bienveillance. « Elle ne devrait pas tarder. Et si tu essayais de te reposer en attendant qu'elle vienne ? » Il m'observa avec de grand yeux, comme pour essayer de déceler l'ombre du mensonge dans mon regard. Il finit par doucement hocher la tête et serrer sa peluche préféré contre lui, fermant les yeux. Je lui fis une légère pression sur l'épaule avant de tourner les talons et sortir de la chambre. J'avais menti. Je savais parfaitement que sa mère ne viendrait pas aujourd'hui, et que cela était au tour de sa grand-mère de venir lui tenir compagnie. Lorsqu'un enfant était malade, la vie poursuivait son cours. Sa mère avait beau tenter de faire du mieux qu'elle pouvait, certaines obligations l'avaient tout simplement rappelé à l'ordre. Mais mon travail consistait aussi en apaiser les patients. Et, dans ce cas-là, je ne trouvais rien d'autre que le mensonge. Je poussai un soupir en poursuivant ma route dans les couloirs, m'avançant pour rejoindre la salle de repos. Mon tour de garde était bientôt terminé ; j'avais fini de vérifier que les patients de ma section n'avaient besoin de rien et, pour une fois, je disposais de mon après-midi de libre sans que le devoir ne m'appelle ailleurs. Je jetai un vague coup d'oeil par la fenêtre pour observer le temps qu'il faisait, et j'esquissai un sourire lorsque je me rendis compte que le ciel était clément, pour une fois, lors de ce long mois d'octobre. J'allais sans doute pouvoir sortir, me promener à l'Hyde Park ou tout simplement lire sur le toit de mon immeuble avant que les jours finissent par être trop hostiles pour de telles activités. Distraitement, je commençai à faire la liste des choses qui me seraient données de faire lorsque mon regard se posa sur une personne en fauteuil roulant, avançant à fière allure. Je secouai la tête en voyant le visage de l'individu qui m'était étrangement inconnu. Je jetai un coup d'œil vers l'endroit où il se rendait, avant de secouer la tête et me décider à réagir. « Monsieur ? » demandai-je en m'avançant vers lui. « Excusez-moi, monsieur ? » Il tourna finalement la tête vers moi pour m'observer, et je finis de marcher jusqu'à lui. Je détaillai ses traits séduisants du regard, notant que je ne l'avais jamais vu, auparavant. Cela me surprenait, quelque part. « Bonjour ! Vous m’avez appelé ? » me demanda-t-il, et j'hochai la tête en notant le léger tic nerveux qui semblait agiter ses doigts, inconsciemment. Je croisai mes mains devant moi, baissant légèrement la tête vers lui. « Oui, désolée si je vous ai fait peur. » lui répondis-je doucement. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Ma question demeura en suspens tandis que je l'observai toujours. Cela me perturbait sans doute trop, oui, de ne pas le connaître ; en vue de sa condition, il devait très certainement être suivi dans l'établissement. Suivi sans que je ne l'ai un jour croisé. Et pourtant, j'avais bonne mémoire, surtout lorsqu'il s'agissait de visages aussi séduisants que le sien.
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(✰) message posté Mar 11 Nov 2014 - 20:01 par Invité
Never trust a man in a wheelchair with dirty shoes
OLIVIA + BARTHOLOMEW
Once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you. ✻✻✻
C’était peut-être car j’avais un jour rêvé d’être astrophysicien que je m’éclate autant dans ce fauteuil. Après tout, même si j’étais partie de la faculté après un an et demi de cours, il faut avouer tout de même, que j’avais réussi à obtenir de très bons résultats. Et là, dans cet engin de métal qui permet à ma sœur de se déplacer, j’ai presque l’impression d’être dans une fusée. Ou alors c’est parce que je suis un gamin et que je me fais complétement chier à attendre Ginny. C’est d’ailleurs plus probablement cette dernière raison, mais je préfère penser que mon amusement est du à un lointain rêve d’être dans une fusée et partir pour les étoiles. En plus Locke est un abruti qui vient d’un pays tellement froid qu’il ne prend même pas le temps de répondre à mes textos. Je sais que je lui ait dit de ne pas venir finalement, mais il a quand même le temps de me répondre. Je m’arrête pile au beau milieu du couloir, bien décidé à envoyer des sms inutiles au norvégien. T’es nul comme ami, Locke. Ah voilà ! Comme ça, il va déprimer et pleurer sur le fait qu’il est un mauvais ami et qu’il aurait du me répondre. Et moi pendant ce temps là, je vais m’amuser avec Hodor, le fidèle compagnon d’Eugenia. Qui je pense ne m’en voudra pas lorsqu’elle va se rendre compte que son fauteuil n’est pas là. Elle doit bien avoir l’habitude non ? Après tout, c’est loin d’être la première fois que je lui pique son fauteuil, je pense même qu’elle doit s’y attendre. « Maintenant je sais pourquoi son cul est aussi plat… » Non pas que je trouve ma sœur moche, mais il faut être objectif. Et puis ce n’est pas de sa faute, mais celles de ses parents. Et du fauteuil apparemment. Je ne sais pas qui a fabriqué ce fauteuil, mais il était vachement cruel pour avoir avoir mis une assise aussi peu confortable. Je sais qu’il y a des gens qui utilisent un fauteuil roulant et qui ne ressentent rien au niveau des membres inférieurs, mais cela n’est pas une raison pour mettre une chaise comme celle-là ! Au final c’est l’infirmière qui va être contente, parce que je vais vraiment aller acheter un coussin. Alors que je m’amuse dans les couloirs- il en faut vraiment peu pour être heureux, c’est une maxime si vrai pour mon cas- je suis arrêté par une voix féminine. Et je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté et ce n’est sûrement pas pour le bon sens de la chose, je ne sais pas ce que c’est ça. « Excusez-moi, monsieur ? » Je lui demande si elle m’a bien appelé, peu conscient que mes doigts tapotent nerveusement le fauteuil. Mais je fais le nécessaire pour cacher mon impatience derrière un sourire innocent et séducteur. Je suis assez bon menteur, tout simplement car je ne me sens pas mal quand je mens, du coup je pense avoir réussi à cacher le fait que ce n’est pas mon fauteuil. « Oui, désolée si je vous ai fait peur. » Je fais un petit mouvement de la tête, accompagné d’un léger sourire pour indiquer qu’en aucun cas elle ne m’a fait peur. Au contraire, cela fait plutôt plaisir de se faire hélé par une aussi belle femme. Mes yeux font lentement le tour de son visage, ne me préoccupant guère du fait que je ne suis pas aussi subtil que je devrais l’être. Je suis malade, et en fauteuil roulant, alors c’est bon, je doute qu’elle m’en veuille. Et je ne suis pas un vieux en train de la relooker comme si j’allais la manger non plus. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Mon sourire reste le même tandis qu’intérieurement c’est plutôt la panique. Je lui dis quoi ? J’ai une chance sur deux pour dire des conneries. Avec un certain entrain, je lui réponds. « Non, non ne vous embêtez pas. Je cherche tout simplement la boutique de l’hôpital… Mais je suis sûre que je vais vite la trouver.» Je ne sais même pas s’il y en a une ou si je vais dans la bonne direction mais il fallait bien que je trouve quelque chose non? Mais comme cela n’est pas tous les jours que je suis interpellée par une belle infirmière- même si ce n’est pas tous les jours que je vole le fauteuil de ma sœur pour faire la course dans les couloirs- je décide d’en profiter un peu. « Et puis vous devez être fatiguée à force de courir après les patients, non? Je ne sais vraiment pas comment vous faites… » Sûrement parce que je suis incapable de garder un job plus d’un mois. Même si, pour ma maigre défense, je dois préciser que lorsque j’étais cuisinier, et je l’ai été plusieurs fois dans de nombreux pays, j’enchaînais des horaires assez contrariants, comme tout travail de cuistot. Et ça m’allait. Enfin pendant un moment avant que je décide de ne pas me lever un matin ou que je change le plat principal. Mes chefs ne comprenaient jamais mon sens artistique de la cuisine c’est tout. Je jette un coup d’œil vite fait à l’horloge dans le couloir, me demandant si Eugenia a bientôt fini son rendez vous. Il faudrait que je sois de retour avant, sinon elle va être capable de me faire appeler dans l’hôpital comme si j’étais un gamin perdu dans un supermarché.
littlewolf
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(✰) message posté Sam 15 Nov 2014 - 22:32 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ Je me perdais dans mon travail et je m’acharnais dans ma vie professionnelle. J’en avais conscience. Cela était probablement le pire. Je m’enfonçais la tête la première sans avoir réfléchi, n’aurait-ce été qu’une seule seconde, à faire marche arrière pour tenter de sauver le peu qu’il me restait. J’étais la première de mes collègues à accepter les gardes supplémentaires sans être motivée par le salaire en plus que cela pouvait représenter ; je prenais, sans même sourciller ou demander quoi que ce soit en échange, les tours de mes amies infirmières lorsqu’elles avaient des repas de famille ou des obligations personnelles, un vague sourire flottant sur mon visage calme et paisible. Je n’aimais pas réellement rentrer chez moi, après tout ; mon appartement de Chinatown me semblait vide de toute âme et je me retrouvais empreinte de mélancolie lorsque je passais le seuil de ma porte d’entrée, lessivée et épuisée, affligée par les couleurs ternes et le vide qui se formait dans ma poitrine. Certains soirs, je sortais, motivée par le vague espoir d’oublier ma propre existence. Je passais mon existence toute entière à vivre et survivre en même temps, mélangée par mes envies et mes souvenirs, perdue dans mes songes et mes douleurs. J’avais l’impression de connaître la tristesse sous des centaines de formes différentes, comme si mon cœur s’appliquait à la séparer en milliers de couleurs afin que je puisse ressentir la palette de cette émotion dans toute sa profondeur. J’étais hantée par mon mari décédé mais aussi par la personne que j’avais bien pu être ; j’entendais sa voix me dire d’être forte et courageuse, comme si je ne l’étais pas déjà assez. Je déglutis, chassant mes pensées de mon esprit, tentant en vain de redescendre sur Terre. Je savais que, dans mon malheur, j’aurais sans doute pu connaître pire. Je savais que la vie était ainsi faite et que le destin était une chose à laquelle rien, ni personne, ne pouvait échapper. Cela était l’avantage de travailler dans un hôpital ; je côtoyais sans cesse des personnes que la réalité avait rattrapées, me rappelant à quel point ma situation n’était pas forcément semblable à une tragédie. Mais, avec le temps, j’avais appris à me détacher du sort des autres ; je conservais un calme sans faille, le cœur perdu au loin afin que je n’aie pas à m’attacher. J’en oubliais que je n’étais pas seule. J’en oubliais ma propre personne, perdue dans une douleur intimiste et encrée à ma peau, dans une douleur loin de celle des autres et loin de ma propre âme en perdition. « Non, non ne vous embêtez pas. Je cherche tout simplement la boutique de l’hôpital… Mais je suis sûre que je vais vite la trouver. » me déclara l’homme en fauteuil en face de moi, et je ne pus m’empêcher d’arquer un sourcil. Cela me prouvait qu’il n’était pas un habitué de cet hôpital ; je n’avais pas encore eu l’occasion de le croiser avant cela uniquement parce que cela devait être la première fois qu’il foulait le sol de l’établissement. J’avais fait des conclusions hâtives. En le voyant en fauteuil, j’avais pensé qu’il était un patient. Peut-être rendait-il simplement visite à un de ses proches. « Et puis vous devez être fatiguée à force de courir après les patients, non? Je ne sais vraiment pas comment vous faites… » ajouta-t-il, tandis que je notais son regard insistant qui me détaillait de haut en bas. Cela n’était pas la première fois que l’on me reluquait, à l’hôpital. Certains patients avaient même déjà eu des propos très tendancieux à mon égard ; cependant, je ne m’étais jamais faite détaillée par une personne aussi lucide que lui. Je soutins son regard, décidée. « Je n’ai pas tellement le choix, à vrai dire. C’est mon travail. » lui répondis-je d’un ton léger. Cela ne traduisait que la moitié de ce que je pensais réellement ; j’étais bien loin d’être fatiguée par mon travail. C’était la vie qui m’épuisait, non pas les patients. Cependant, je me retins de m’attarder sur ce point, me raclant la gorge tout en laissant mon regard se perdre sur ses traits. « La boutique n’est pas dans cette direction. Il faut traverser la maternité pour revenir vers l’entrée principale de l’hôpital, la boutique sera juste en face de l’accueil. » lui expliquai-je rapidement en lui désignant de la main le couloir qu’il devrait emprunter pour se rendre là-bas. « Vous n’êtes pas familier des lieux ? » La question avait franchi la barrière de mes lèvres sans que je n’y fasse attention. Je lui adressai un sourire, la curiosité piquant doucement mon esprit et mes pensées qui se bousculaient. J’étais intriguée par son ignorance des lieux et l’anxiété qui semblait l’envahir comme s’il avait commis une bêtise ; je me demandai ce qu’il faisait là et pourquoi je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser sa route, qui il pouvait bien venir voir et pourquoi il semblait si mal à l’aise en ma présence, mais mon professionnalisme m’empêchait de prononcer à voix haute toutes mes questions. Alors, je me contentai de lui sourire avec bienveillance, rangeant au fond de mon être toutes mes interrogations dans l’espoir, mince, que je finisse par tout découvrir dans les prochaines secondes à venir. Je refoulais ma curiosité. On m’avait toujours répété que cela était un vilain défaut, après tout.