Holà Babe ! {Elyos}

Athènes, 1990

Naître, respirer, laisser l'air embrumer les poumons, ces petits bijoux que la vie se donnait tant de mal à concevoir et à attribuer à chaque individu pour lui laisser le loisir unique de parcourir cette terre. Naître, un fait banalisé que des milliers d'âmes se voyaient vivre chaque siècle passé et qui pourtant demeurait partiellement différent pour lui, ce petit être inoffensif qui deviendrait d'ici quelques années un homme parmi tant d'autre. Il y avait ceux démunis d'une quelconque famille, d'autres qui ne possédaient aucun arguments à présenter en guise de plainte, et les quelques rares individus nés avec une cuillère sculptée dans un de ces matériaux précieux qui pouvait toutefois parvenir à les enduire d'une noirceur éblouissante. L'argent rendait avare, irrationnel, tout comme cette notoriété qui était tout bonnement tombée comme une pluie légère, être le neveu du roi d'Espagne. Et si concentrer l'ensemble de leur attention sur un seul descendant s'était d'abord présenté comme une alternative au couple, il en était rien dans les faits, puisque rapidement, pour ne pas dire instantanément, le deuxième empruntait la route du jour respirant. Un petit frère, quoi de mieux? Car si l'argent rendait une majorité des rêves et envies réalistes, il était de loin absurde d'acheter une présence matérielle et vivante. Dès son plus jeune âge, Elyos se retrouvait entouré de nombreuses personnes n'ayant que pour seul et unique but son bien être, tout comme son petit frère, qui en réalité n'était pas bien plus jeune que lui. Désirer quelque chose était devenue une possibilité abstraite qui ne prenait presque plus aucune envergure en son être, l'attente s'effaçant davantage chaque jour passé. Combler une absence par des cadeaux, c'était un peu ça. Acharnés au travail, les deux amoureux d'autrefois ne trouvaient guère plus de temps qu’auparavant pour daigner créer des souvenirs plus que nécessaire avec leurs chers enfants. Ils n'étaient pas plongés dans un malheur certain, c'était une évidence, mais souffrir de cette absence n'était pas interdit. 

L'air devenait lourd, presque oppressant et pourtant le ciel indiquait clairement le long règne d'un soleil brûlant et rieur, tandis que l'ambiance familiale tendait à s'envenimer. Une fois de plus Elyos s'était risqué à leur tenir tête et ils n'avaient décemment pas l'air d'apprécier pour le peu de temps qu'ils se risquaient à passer en leur compagnie. Entêté, il n'avait toutefois pas l'envie ni la volonté de suivre ce petit chemin préalablement tracé par leur soin, ne serait-ce que pour leur prouver que le pouvoir qu'ils pensaient détenir à son égard n'était qu'un vulgaire mirage. Seulement, cette fois-ci il s'agissait peut être bel et bien de la fois de trop, la simple provocation se métamorphosant en un réel problème qui pouvait s'affirmer conséquent. Si les autres fois de simples sermons semblaient être suffisants face à son comportement inacceptable tendant au simple délinquant qui frappait quiconque parlait de travers, cette fois-ci, c'était une possibilité inutile. Fréquenter la gente féminine était devenue une banalité et les histoires s’enchaînaient plus ou moins rapidement, amenant le problème avec aucune dérogation possible. Un accident, comme un autre et qui pourtant semblait être considéré comme une vulgaire décision prise de plein gré. Une fille inoffensive et qui pourtant s’était malencontreusement retrouvée enceinte. La déception et le désarroi semblaient alors êtres les seules choses que sa famille pouvait exprimer, si bien que manifester un quelconque désaccord face aux fiançailles arrangées annoncées quelques jours plus tard, semblait être un fait mal placé. Contraint de se plier face aux désirs de ses parents, il était pour la première fois bien obligé de se rendre à l'évidence : ils possédaient encore ce pouvoir sur lui, ce pouvoir qu'il avait tenté d'écarter ne serait-ce que le temps de quelques soirées. Le pire dans tout ça? Il allait épouser une ravissante jeune femme pour qui il ne ressentait aucun autre sentiment que de l'amitié mais cette union ravirait sans doute les deux familles, pas vrai?


Elle s'était enfuie, elle avait tout simplement mis les voiles, sans daigner fournir quelques sordides et banales explications, tout ce qu'elle avait laissé, c'était un masque de surprise pointant le choix des études. Cela faisait bientôt deux longues années que le choix de les unir avait été proclamé et pourtant, il n'en était toujours rien. Pas que l'impatience le gagnait ou qu'encore l'envie de se marier l'assaillait, il voulait tout simplement mettre les points sur les i, mettre fin à cette histoire qui ne voyait décemment pas le chemin menant vers la dernière page du livre, qui en laisserait une nouvelle s'écrire. Pourtant, ses parents ne perdaient pas le fil de tout cet arrangement, non il voyait tout en grand, un mariage parfait disait-on. Son frère aussi était parti, en Amérique et rien que pour l'océan qui le séparait de sa famille, il l'enviait plus que tout. Il voulait tout simplement vivre, respirer, faire ce qu'il voulait, quand il voulait et ne pas se sentir dans un aura permanent d'obligations, surveiller chaque fait et geste, dans l'inquiétude de se retrouver à la une des journaux ou autre informations stupides. C'est pourquoi lui aussi décidait de partir, pas pour l'Amérique, non pour Londres.