(✰) message posté Ven 28 Nov 2014 - 21:22 par Invité
“It would seem that you have no useful skill or talent whatsoever," he said. "Have you thought of going into teaching?” ― Terry Pratchett, Mort
Cette période de l’année avait beau avoir un impact désastreux sur son humeur, la rendant au passage lunatique, elle devait bien lui accorder une chose : la neige était magnifique. Dès qu’elle avait aperçu les premiers flocons, elle s’était empressée de s’enfiler quelque chose de chaud avant de se précipiter sur la grande terrasse. Les mains légèrement en avant, elle attendait que quelques uns s’y posent pour aussitôt, immédiatement fondre. Un air dépité se dessina sur son visage, il faisait encore trop chaud pour que la neige tienne alors pour une fois, elle espéra que la température baisse. Elle qui était si frileuse, si sensible au moindre courant d’air. Ah ! Son âme d’enfant prenait le dessus. Il fallu attendre quelques jours pour que son souhait s’exauce, et à son plus grand bonheur, elle n’avait pas seulement durcie mais elle continuait à tomber. Les toits en étaient recouverts, seules les routes et les trottoirs restaient noirs, le blanc s’était transformé en une substance grisâtre, plutôt horrible du aux aller-retour incessants des piétons et des voitures.
Vite, elle devait saisir l’occasion avant qu’elle ne fonde. D’un geste rapide, elle attrapa son portable et envoya un sms “Il neige, pourquoi est-ce que je pense à ta face de débile ?” La façon de le qualifier était tellement charmante, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle attende toute la journée pour une réponse mais, comme elle s’y attendait, il avait fait vite. Walt était un crétin fini, mais tout de même son préféré. Ils s’étaient connus plusieurs années auparavant lorsque monsieur avait tenté de la séduire et qu’elle l’avait rembarré - un sourire aux lèvres - en le traitant de dragueur de pacotille. Et au lieu de lâcher l’affaire, il avait persisté ! Elle ne connaissait personne d’aussi.. Il n’y avait pas de mot, il ne perdait jamais espoir si on pouvait le dire ainsi. Leur relation se résumait à ça, à s’envoyer des pics encore et toujours sans qu’ils ne s’en lassent un seul instant. De temps en temps, elle pouvait entendre un commentaire surpris d’une amie se demandant pourquoi elle se fatiguait encore à lui répondre. La plupart des témoins de leurs chamailleries s’étaient laissés convaincre qu’ils se détestaient alors qu’au contraire, d’une certaine manière, à leur manière, ils tenaient l’un à l’autre. Elle était parfaitement consciente qu’elle pouvait l’appeler n’importe quand, il serait présent, et vice versa.
En tout cas, c’était avec lui qu’elle voulait profiter de la neige, pour s’adonner à ce genre d’infanterie, elle ne pouvait que l’appeler. Et puis, ça lui manquait de ne plus sauter dessus pour l’assommer. Un sourire malveillant se dessina sur ses lèvres au moment elle les imagina se battre dans la neige. Que d’amusements ! Elle avait hâte. Rien que par messages, ils ne pouvaient s’empêcher de se taquiner, qu’est-ce que ça allait être quand ils allaient se retrouver seul ? Se parant d’habits chauds, elle monta dans la voiture où le chauffeur la déposa au sud de Londres, près de la tamise, un endroit calme où la neige était restée intacte. Par contre, elle le voyait bien la jeter à l’eau comme un sans-coeur. Doucement, elle s’approcha du bord et grimaça. Elle devait être glacée, elle mourrait d'hypothermie si elle tombait dedans. Ses vêtements pesaient deux tonnes en plus de ça. Le paysage était magnifique, pour l’immortaliser, elle sortit son portable pour prendre une photo lorsque soudain, elle sentit des bras lui agripper la taille. Un cri lui échappa tandis que son coeur faisait un bond dans sa poitrine. Il n’y avait que cet imbécile pour faire ça, qui d’autre ? Mi-furieuse, mi-amusée, elle se retourna et lâcha :
La plupart du temps Walt aime la neige, quand la neige l'empêche de travailler, il l'aime beaucoup moins. Voilà plusieurs jours que les entraînements de ses élèves avaient été annulés en raison des conditions climatiques, les terrains de foot étaient recouvert de neige rendant impossible de courir dessus. Sans surprise Walt était d'une humeur détestable, il tournait en rond dans son appartement, regardant des rediffs de télé-réalité stupide tout en consommant une quantité inquiétante de bière. Heureusement que l'hiver ne durait pas toute l'année sinon il finirait à coup sur avec un bide à bière digne d'un allemand. Par chance, le texto d'Athénaïs est arrivé pour le distraire et l'empêcher de s'abrutir davantage devant la télévision. Bien entendu, il n'a aucun intérêt à laisser entendre qu'elle tombe à pique, sinon il en entendrait parler jusqu'à la fin de l'année. Donc il fait le difficile par textos, comme s'il faisait un grand sacrifice en allant la rejoindre pour profiter de la neige, alors qu'en réalité, il est tout excité de sortir dehors pour profiter de la neige. Avec elle, il est certain de ne pas s'ennuyer une seconde, même si pour ça il doit se manger quelques vacheries dans la gueule. Il finit par accepter de la rejoindre au bord de la Tamise. La nature l'a doté d'une résistance au froid supérieur à la moyenne, mais il prend quand même le temps de chercher une paire de gants au fond de ses placards. On a vite les mains gelées quand on se retrouve à chahuter dans la neige, encore plus quand on doit formater des boules de neige.
Le trajet jusqu'à leur point de rendez-vous est plus long que d'habitude, tous les chauffeurs roulant à deux à l'heure par peur de glisser sur une plaque de verglas. Pourtant, Walt ne s'énerve pas, malgré que les conducteurs soient clairement des boulets. Il prend son mal en patience, écoutant une émission de foot à la radio, les intervenants n'y connaissent rien, mais il a l impression que le temps passe plus vite au moins. Par contre, quand ça fait dix minutes qu'il tourne en rond pour trouver une place de parking, il regrette presque de ne pas avoir pris les transports en commun. Après plusieurs tours du coin, il finit quand même par trouver une place pour garer sa précieuse voiture. La première chose qu'il fait en sortant de la voiture, c'est récupéré toute la neige qu'il peut sur les voitures, préparant déjà des munitions.
Lorsqu'il localise enfin Athénaïs au bord de la Tamise, elle ne regarde pas dans sa direction et il prend ça comme une bénédiction. Il tente deux tirs avec ses boules de neige, mais celles-ci atterrissent misérablement, très très loin de la jeune femme. À tel point qu'elle ne se rend même pas compte que des projectiles avaient été lancés dans sa direction. Si elle l'avait vu échouer aussi lamentablement, elle se serait foutu de sa gueule pendant un moment. Il décide de s'approcher d'elle sans faire de bruit, de plus près il a plus de chance d'atteindre sa cible. Pour être certain de ne pas perdre son effet de surprise en loupant de nouveau sa cible, il préfère venir jusqu'à sa hauteur et lui faire un câlin par derrière. C'est limite si elle lui expédie pas un coup de coude dans la tronche sous le coup de la surprise, il arbore son sourire de crétin, fier de sa connerie. « Je vois que tu ne tiens pas à la vie Walt ! ». Elle lui fait face et il ne peut pas s'empêcher de rigoler devant la tête qu'elle affiche, surtout qu'il est loin d'avoir fini de mettre son plan à exécution. « Pas vraiment. ». Sans lui laisser le temps de réagir, il soulève un peu son manteau par le col, histoire de créer une ouverture lui permettant de lui déverser de la neige dans le dos. Ce n'est peut-être pas le meilleur tireur, mais il a plus d'un tour dans son sac. Après avoir fait sa connerie, il s'éloigne en vitesse de quelques mètres, très conscient que les représailles risquent de venir. Il ne peut s'empêcher de rigoler en la voyant se tortiller un peu à cause de la neige qu'il a foutu dans ses vêtements. « T'abandonnes déjà ? Tu viens d'avoir la réalisation que j'étais un être supérieur et que ça servait à rien que tu te battes avec moi ? ». Pendant qu'il parle, il se baisse pour ramasser de la neige, la guerre ne vient que de commencer.
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