(✰) message posté Dim 9 Nov 2014 - 16:39 par Invité
Placé à l'horizontal sur mon divan, je regardais ce qui m'entourait sans vraiment voir ce que mon appartement contenait. J'étais plutôt perdu dans mes pensées. J'étais de nouveau quelques jours plus tôt, lorsque j'avais annoncé la terrible nouvelle de la mort d'Abygaëlle à son meilleur ami, Kaspar. Lorsque j'étais parti, il semblait défait, ne comprenant pas trop ce qui se passait. Qui pourrait l'en blâmer? On savait tous un jour qu'on allait la perdre, mais si tôt? On ne s'y attendait pas le moins du monde. Je croyais vivre encore de belles années avec la belle brune. Mais tout cela, cet avenir, n'existerait jamais. J'avais fini par l'accepter, mais ça me rendait en colère, moi qui ne me laissait jamais aller à cette émotion. J'en voulais au monde entier. Parce que ce n'était pas les méchants qui partaient en premier, mais bien les anges qui foulaient cette terre. Abygaëlle serait cependant toujours là à mes côtés. Je vivrais pour elle, avec elle. Je ne l'oublierai jamais. Jamais. J'aurais juré sentir sa présence lors de son enterrement. Ce dernier avait été fait la veille. Il avait été simple, comme elle. Les gens qui avaient toujours tenu à elle avaient défilé et avaient dit chacun un mot. Je n'y avais pas échappé. J'avais pleuré certes, mais j'avais souri, parce que c'est ce qu'elle aurait voulu. Elle n'aurait pas aimé que toutes les personnes présentes s’apitoient sur leur sort. Elle aurait voulu que nous ayons envie de vivre malgré sa perte.... Après tout, elle serait toujours là à vivre dans nos pensées...
J'avais fait également acte de présence lors de la veillée. J'avais longuement parlé avec les parents d'Abygaëlle et avec d'autres personnes présentes. Et je m'en étais allé. Pas directement chez moi, mais j'avais marché longuement dans Londres, perdu dans mes pensées. Je voulais du temps pour moi, avec elle, même si elle n'était pas réellement là. Et puis, j'étais finalement revenu ici. Et je m'étais endormi, dans la même position que maintenant, dans mes vêtements de la veille. Je pense que ça faisait plusieurs heures que j'étais comme ça les yeux ouverts lorsqu'on sonna à la porte. Je ne sursautai même pas. Je ne savais pas de qui il s'agissait, mais ça me ramenait dans le passé, il y a maintenant plus d'un mois... Lorsqu'elle avait sonné à la porte et qu'on s'était enfin retrouvé. Et si j'étais dans un cauchemar et qu'au final, elle n'était pas morte? Mais non, ce serait trop beau pour être vrai. Je ne savais pas qui sonnait à la porte, mais ce n'était pas Abygaëlle. De peine et de misère, je me levai et allai ouvrir la porte. Devant moi, il y avait Kaspar. Je ne savais pas ce qu'il voulait, mais après l'avoir salué brièvement, je lui fis signe d'entrer.
Je n'avais pas beaucoup de discussion aujourd'hui, mais j'allais faire un effort. J'allais être civile malgré la colère que je ressentais, non pas envers lui, mais envers tout en général.
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(✰) message posté Lun 10 Nov 2014 - 11:55 par Invité
L'enterrement avait été difficile. Vraiment difficile. Pour la deuxième fois de ma vie, je voyais un proche s'enfoncer dans la terre. Jamais plus je ne la reverrais et j'avais du mal à me faire à cette idée. J'en voulais à la mort, beaucoup. Elle ne cessait de me retirer des gens que j'aimais, comme une sorte de malédiction. Au fond, je savais que c'était un malheureux hasard. Qu'Abygaëlle était malade depuis très longtemps et qu'un jour ou l'autre, il avait fallu qu'elle trépasse. Mais je m'étais quand même promis de garder un œil sur la dernière personne qui m'était le plus cher pour moi. Si jamais elle venait à disparaître elle aussi, je ne serais plus jamais heureux. Moi qui était d'une habitude joviale et souriante, je ne pourrais plus vivre normalement. Mais ça n'était pas le cas, encore heureux. Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée et pour sa famille, mais aussi pour Jonah. Je me mettais en permanence à sa place et je pouvais comprendre ce qu'il pouvait ressentir. C'était encore plus affreux que la peine que j'avais, et pourtant, dieu savait qu'elle était très grande.
Lors de l'enterrement, je n'avais parlé à personne, sauf les parents de la défunte. Je leur avait présenté mes condoléances, les larmes aux yeux, en essayant de garder un certain contrôle de moi même. Eux aussi avaient été là pour moi. Ils m'avaient remercié d'être venu, mais c'était plus que normal. Comment aurais-je pu être absent à un évènement pareil? C'était impensable. Mais je comprenais leur démarche. Ils remerciaient tout le monde et j'aurais fait de même à leur place.
Je n'avais pas osé aller voir Ivana. Je ne voulais pas l'inquiéter, et surtout, j'avais besoin d'un moment à moi tout seul. Faire le vide dans mon esprit, être posé et calme. Je m'étais isolé dans un coin du Green Park et j'avais regardé les gens passer. J'avais longuement médité aussi, sans trop de réussite. Mon coeur était encore peiné de la perte de ma meilleure amie et c'était difficile de ne pas y penser, voir même impossible. J'étais passé chez Theodore et j'avais eu de la chance qu'il ne fusse pas là lorsque je rentrais. De toute façon, qu'importe ce qu'il aurait pu me faire, je m'en moquais complètement. J'étais dans un état tel que je me fichais de tout. On pourrait se faire attaquer que je n'écarquillerais même pas un sourcil. C'était comme ça que j'étais, lorsque j'étais profondément triste.
Le temps défila et je restais dans la même position. Je repensais à tout ce que j'avais pu partager avec ma meilleure amie et puis je repensais à Jonah. Il devait être tellement triste... et je me devais de lui parler. De tout, de rien. D'expliquer notre soi disant mésentente, essayer de s'entendre. Qui sait, on pourra peut être devenir ami. Cela ferait plaisir à Aby. J'avais eu son adresse de la part des parents d'Abygaëlle et je m'étais mis en marche vers chez lui. Au dernier moment, je me mis à hésiter. Il avait peut être envie de voir personne et surtout pas moi. Bah, je toquais. J'essayais. S'il me chassait, je comprendrais.
La porte s'ouvrit et laissa apparaître la personne que je voulais voir. Il semblait absent, vide, creux et ça ne pouvait que se comprendre. J'entendis à peine son accueil et j'entrai quand il m'invita à le faire. Dans toutes les autres circonstances, je me serais montré très enthousiaste, le sourire jusqu'aux lèvres, sauf que là, j'en étais juste incapable.
Je m'assis sur le canapé et j'observais le garçon. Je ne savais pas trop comment démarrer la conversation. Je regardais son appartement, par simple habitude et puis parce que je n'avais rien d'autre à faire. "C'est... sympa ton appart." laissai-je échapper timidement. Je ne savais pas comment introduire autrement la discussion. Jonah était taciturne, et je me disais de plus en plus que j'aurais du passer à un autre moment. "Si tu veux je... peux m'en aller et... revenir plus tard." lui dis-je d'un ton sincère. "Tu as peut être besoin de tranquillité. Et ça me fait rien tu sais.."
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(✰) message posté Ven 14 Nov 2014 - 18:16 par Invité
La présence de Kaspar dans l'appartement m'importait peu à vrai dire. J'avais l'impression de survivre en ce moment plus qu'autre chose. Même à l'enterrement et après, j'avais eu la sensation de ne pas être réellement présent, mais bien comme un fantôme au dessus de ma propre tête. Une partie de moi avait accepté la mort d'Abygaëlle, mais même si je me mentais à moi-même, je savais qu'il y avait également une seconde moitié qui pensait toujours la voir revenir. Pendant une seconde, quand on avait cogné à la porte, j'avais cru que c'était elle. La jolie brune qui venait me rendre visite, mais non, ce n'était que Kaspar, son supposé meilleur ami. Je lui avais fait signe d'entrer et il s'était exécuté. Je ne savais pas pourquoi il était là, sûrement pour discuter de quelque chose.... certainement pas pour rester là en silence, assis sur le canapé où je ne l'avais pas invité à s’asseoir. Bref, passons. Je retournai à ma place sur le divan, toujours silencieux et différent de ce que j'étais d'habitude. C'est-à-dire, une personne enthousiaste, heureuse et qui avait toujours le sourire aux lèvres. Ce que je donnerais pour sortir de ce cauchemar! « C'est... sympa ton appart. » laissa échapper le jeune homme sur un ton qui m'avait semblé timide. Je levai les yeux vers lui. « Merci... » marmonnais-je. Je détestais ce que j'étais devenu, l'ombre de moi-même. Il fallait que je me secoue. Pour moi... pour elle.
« Si tu veux je... peux m'en aller et... revenir plus tard. » continua Kaspar. Je ne savais pas ce que je voulais à vrai dire. Je savais que si j'étais dans le silence plus longtemps, les ténèbres allaient m'avaler et je ne serais plus. Mais parler... je ne savais pas non plus si je pouvais. Surtout avec lui, le jeune homme dont je m'étais longtemps méfié. Je savais que ce n'était pas une mauvaise personne au final, que je m'étais probablement méfié de lui pour rien, mais je ne savais pas. Voulais-je réellement parlé d'elle avec lui? « Tu as peut être besoin de tranquillité. Et ça me fait rien tu sais.. » ajouta-t-il. « Non, ça va... tu peux rester... » lui dis-je finalement , un peu plus fort que tout à l'heure. Ma voix n'était plus un murmure. Elle était normale à présent. Son débit était clair.... Même si je retenais un sanglot. « Que va-t-on faire sans elle, Kaspar? » lui demandais-je alors. C'était la question que je me posais tous les jours depuis que ses parents m'avaient appris sa mort... « Je voyais un futur avec elle et maintenant, c'est le néant. Je ne sais pas quoi faire... » continuais-je. Je ne savais plus ce qu'il allait advenir de moi. Tout ce que je savais, c'était que son visage allait hanter mon esprit pour l'éternité et qu'il ne fallait jamais que je l'oublie.
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(✰) message posté Dim 23 Nov 2014 - 11:23 par Invité
Nous étions tous les deux en deuils. Un moment opportun pour se serrer les coudes, passer le cap ensemble. Je n'étais pas ami avec Jonah, mais nous étions tous deux proches d'Abygaëlle. Peut être avait il quelqu'un d'autre sur qui s'appuyer, une épaule sur laquelle pleurer. Moi, j'en avais, mais personne d'aussi proche d'Abygaëlle que Jonah. Et puis, dans les moments où on allait mal, on pensait souvent être un boulet pour les autres. Je n'échappais pas à cette règle. Je n'aimais pas que les gens s'inquiète pour moi, même si dans un sens, c'était normal. Moi je m'inquiétais pour les autres et c'était parce que ça m'importait. C'était aussi ce qui prouvait une amitié. Si les gens s'en fichaient de vous, c'étaient que vous leur êtes indifférent.
Malgré tout, je m'inquiétais pour lui. Si ça avait été Ivana, j'aurais été inconsolable. Du coup, je pouvais comprendre. Je pouvais que comprendre. J'avais déjà vécu une perte douloureuse, celle de ma grand mère et j'en vivais une seconde à présent. Ca faisait très très mal, pas seulement au coeur, partout dans le corps. Le ventre semblait pris d'une hémorragie, les nerfs étaient tendus à bloc... tout était noir à la perte d'un être cher. Tout semblait si vide...
Jonah semblait être là sans être là. Une ombre, une silhouette. Ca me rendait mal à l'aise, mais pouvais-je le blâmer? Sans doute pas. Je n'avais pas l'âme à rigoler non plus, pas même à m'amuser. J'étais un peu perdu, là. Je n'avais pas encore bien réalisé que je ne reverrais plus celle qui avait été tant là pour moi. Je suggérais à Jonah de partir, et de revenir plus tard. Peut être avait-il eu envie d'être seul, ce que j'aurais aussi pu comprendre. Mais il me répondit que ça allait aller, que je pouvais rester. Je montai le regard vers lui, toujours assis. « Que va-t-on faire sans elle, Kaspar? » me demanda-t-il. Sa voix était plus sure, mais je pouvais nettement percevoir la tristesse du garçon au ton qu'il prenait. Il était en train de se retenir de fondre en larme et j'essayais de ne pas trop le regarder, parce que j'avais une certaine empathie et que je tentais moi aussi de garder le contrôle de moi même. Je m'étais lâché au Starbucks, il m'avait vu éclater dans toute ma splendeur, mais je n'éprouvais aucune honte. Nous avions pleuré tous les deux, et c'était normal.
Je me levai et m'approchai de lui. « Je voyais un futur avec elle et maintenant, c'est le néant. Je ne sais pas quoi faire... » poursuivit-il. Quand je fus assez proche, j'ouvris mes bras et lui distribuai un câlin. Quand j'allais mal, c'était ce qu'Abygaëlle faisait pour me consoler. Je n'allais faire aucun commentaire sur le fait que c'était quand même bizarre de voir un avenir avec une personne condamnée, mais l'amour faisait perdre la raison et donnait l'espoir à tout. - Je te comprends... et... j'aimerais trouver quelque chose pour te consoler mais... c'est tout aussi difficile... Et si tu as envie de pleurer, fais le, c'est le meilleur moyen d'évacuer la peine... J'allais passer sous silence l'état dans lequel j'étais revenu chez Theodore avec être parti du Starbucks. Je n'avais pas dormi de la nuit et n'avais pas été en cours le lendemain. Ewan avait fort heureusement compris et m'avait suggéré de prendre la journée pour me reposer. Ce jour là, je n'avais pas cessé de pleurer. A présent, ça allait un petit peu mieux. Mais Jonah, c'était pas pareil. Sa relation avec Aby était différente. "Si je peux te donner un conseil, mais tu le sais peut être déjà, ne sombre pas. Ne laisse pas l'obscurité t'envahir. Donne toi du temps, mais il va falloir que tu t'en remette. Aby est toujours là... elle n'est plus physiquement présente, mais elle reste vivante à travers ton cœur."
Après tout... la mort n'était que la disparition matérielle de quelqu'un. Les gens continuaient à vivre, à travers les souvenirs.
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(✰) message posté Sam 29 Nov 2014 - 15:09 par Invité
Tandis que je partageais ma détresse à voix haute, je vis Kaspar se lever pour se rapprocher de ma personne. Sans que je m'y attende, le jeune homme ouvrit ses bras et me fit un câlin. Au départ, je fus surpris d'un tel élan de compassion, alors je me tenais raide, mais au final, je me laissai aller, parce que ça faisait du bien. Je ne l'avais jamais vu ainsi, comme une personne se souciant de ce que les autres ressentaient. En fait, je réalisais que je ne le connaissais pas bien du tout. En fait, pas le moins du monde au final. Et il était sans conteste une bonne personne... Le jeune homme me dit qu'il me comprenait. Après tout, c'était sa meilleure amie. Il voulait me dire quelque chose pour me consoler. Mais à vrai dire, il n'y avait pas grand chose qu'il pouvait dire pour que ce soit le cas. Ce n'était pas de sa faute. Il me dit également que si j'avais envie de pleurer, qu'il valait mieux que je le fasse pour évacuer ma peine. Cependant, j'en avais marre de pleurer et de n'être plus que l'ombre de moi-même. J'avais envie de redevenir comme avant, une personne toujours souriante et optimiste. Ce n'était pas une question d’ego ou une histoire de mec. Pleurant, je ne faisais que cela depuis une semaine et je ne m'en cachais pas. Une vraie madeleine! Kaspar continua sur sa lancée, m'encourageant à ne pas me laisser sombrer, de laisser les ténèbres hors de moi, que seul le temps pouvait réparer les choses. « Combien de temps? » lui dis-je. Mais ce n'était qu'une question rhétorique. Il n'y avait pas de réponse censée. Tout le monde guérissait un jour de la perte d'un être chair, même si la blessure restait en permanence un peu ouverte, mais personne ne savait ça prendrait combien de temps. Chaque individu était différent et guérissait à son rythme.
« Aby est toujours là... elle n'est plus physiquement présente, mais elle reste vivante à travers ton cœur. » ajouta finalement Kaspar. Ce qu'il me disait, je le savais déjà au fond de moi. Mais c'était difficile de l'admettre, qu'elle vivait toujours dans nos souvenirs. Ce que j'aurais aimé qu'elle soit encore là! « Comment tu fais pour tenir debout toi? »lui demandais-je. Je voulais savoir comment il faisait pour ne pas s'effondrer. Certes, nous n'avions pas le même genre de relation avec Abygaëlle. Mais la relation de meilleurs amis était aussi importante que celles de deux amoureux et âmes sœurs. « Je tenais à m'excuser de mon comportement envers toi par le passé. J'aurais du écouter Aby qui vantait tes mérites.... Tu es une bonne personne.... J'aurais du le voir avant... » lui dis-je avec un faible sourire. Ce n'était pas n'importe qui qui serait venu me voir pour savoir simplement comment j'allais.
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(✰) message posté Mer 17 Déc 2014 - 20:59 par Invité
Naturellement, Jonah me demanda combien de temps allait-il encore falloir pour qu'il puisse se remettre de la mort d'Abygaëlle. Je baissais les yeux. Je ne le savais pas. On avait tous nos propres méthodes d'adaptation, on vivait différemment un deuil. Je n'avais toujours pas fait le miens vis à vis d'Abygaëlle, parce qu'il était encore trop tôt, mais je m'y mettais peu à peu. Ce serait stupide de faire comme si il n'y avait rien eu, ou simplement de ne pas pleurer. On ne pouvait pas ne pas être malheureux à ces moments là de notre vie. Quand une personne qui nous était chère s'en allait, c'était perdre une partie de notre vie qui s'en allait avec. Il ne restait plus que des souvenirs et notre passé.
J'essayais de faire comprendre à celui qui fut le petit ami de ma meilleure amie que Abygaëlle vivait toujours d'une certaine manière, à travers son cœur. A travers ses souvenirs justement, parce quand quelqu'un mourrait, il ne disparaissait que physiquement. Qui sait, je n'étais pas très branché surnaturel, mais peut être était elle là. Je ne savais pas, personne le savait. Mais de là haut, elle nous regardait. Elle devait avoir de la peine de nous voir ainsi, mais en même temps, c'était normal. N'importe quel être humain, mis à part ceux dénués de sentiments ou quoi, était construit de la manière.
« Comment tu fais pour tenir debout toi? » entendis-je Jonah me demander. - Je fais avec.. je... n'ai pas le choix. C'était vrai. Il fallait seulement accepter. C'était facile dit comme ça, mais j'étais loin d'être à mon premier décès. Je savais ce que ça faisait J'avais déjà pleuré et pleuré des jours pour quelqu'un. Je pleurais toujours. Chaque décès était une souffrance, même envers des personnes que je n'avais jamais connue. Je me mordais toujours les doigts à n'avoir jamais connu mes parents.
« Je tenais à m'excuser de mon comportement envers toi par le passé. J'aurais du écouter Aby qui vantait tes mérites.... Tu es une bonne personne.... J'aurais du le voir avant... » Mes yeux se fixèrent sur lui, et je ne sus pas quoi lui répondre sur le coup. C'était gentil de sa part de me dire ça et je lui en était reconnaissant. Je posai ma main sur son épaule et frottai cette dernière d'un geste calme et lent. "Ce n'est pas grave va, ça n'est pas important. Parfois, on fait des erreurs et ce sont des choses qui arrivent." Je voulais le faire culpabiliser le moins possible, voir pas du tout. Son hostilité ancienne envers moi ne m'avait pas vraiment atteint. Parfois, on n'aimait pas des gens, et c'était comme ça.
"Tu veux que je te fasses un chocolat chaud? - en espérant que tu ais de la poudre et du lait - On se sent toujours mieux après un chocolat. On pourra parler après si tu veux. Qui sait, ça sera peut être un moyen de diminuer la peine."
Faire part de nos souvenirs chacun. De BONS souvenirs. Des souvenirs attendrissant, rigolo, ce genre de chose. Et puis parler un peu de nous même, de nos vies respectives, essayer de se connaitre. Qui sait, peut être allons nous devenir de bons amis?
Spoiler:
(HJ : désolée du retard ;_; j'essaierais d'être plus rapide la prochaine fois ♥)
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(✰) message posté Jeu 18 Déc 2014 - 16:47 par Invité
Mes excuses étaient sorties comme cela de ma bouche, sincères. J'avais mal jugé Kaspar et ce, depuis la première fois où j'avais entendu parler de lui. Il était très rare que je me méfie des autres sans avoir vu de mes propres yeux leurs agissements. Peut-être avais-je été jaloux de lui pour le coup? Je ne savais pas. À présent, cela n'avait plus d'importance. Je me sentais en quelques sortes libéré après avoir prononcé mes paroles. Je ne me sentais pas moins triste par contre, simplement à peine moins coupable. Je ne remarquai pas trop sa réaction ne le regardant pas à ce moment-là, mais il n'était pas moins surpris de mes soudaines excuses. « Ce n'est pas grave va, ça n'est pas important. Parfois, on fait des erreurs et ce sont des choses qui arrivent. » me dit-il. Oui, il s'agissait de choses qui pouvaient arriver.... Je soupirai. Mais je lui fis tout de même un petit sourire, soulagé qu'il accepte néanmoins mes petites excuses face à mon comportement. Le jeune homme me demanda alors si je voulais un chocolat chaud. Il me dit ensuite qu'on pourrait parler après si je voulais, que ça serait peut-être un moyen de diminuer la peine... Je fis « oui » de la tête. Oui, pour les deux, le chocolat et parler. « Il y a tout dans cette armoire... tasses et poudre de cacao.... Et le lait est dans le réfrigérateur... » lui dis-je, prenant ma tête entre mes mains. Il était bien vrai qu'un chocolat chaud ferait du bien. Ça ne diminuerait pas ma peine, mais c'était bien gentil d'offrir. Et peut-être que parler encore et encore aiderait.... On verra bien.
Kaspar revint avec les tasses quelques minutes plus tard. « Merci... » lui dis-je en prenant la mienne entre mes mains. C'était trop chaud pour le moment, alors je la déposai finalement sur la table basse. « Tu sais.... Lorsque je l'ai revu pour la première fois après quatre ans d'absence, j'ai cru que mon cœur n'allait pas tenir... Ça m'a fait l'effet d'une bombe tellement j'étais heureux de la revoir. Elle pensait que je lui en voulais d'être partie.... Mais ce n'était pas le cas. J'étais simplement trop heureux de la retrouver enfin. J'avais enfin l'impression de vivre entièrement à nouveau.... C'était bête de croire que ça pouvait durer... » lui révélais-je. « Revoir son sourire et tout, ça me manque.... » ajoutais-je... J'avais tendance à me perdre dans mes pensées, mais je revins à la réalité rapidement. J'avais justement une question pour Kaspar... Je n'avais jamais réellement su les circonstances de leur rencontre à Abygaëlle et lui. J'avais toujours coupé court au sujet, ne voulant pas gâcher les précieux moments que j'avais eu avec la belle. Et elle n'avait jamais insisté pour les mêmes raisons, j'imagine. « Comment vous vous êtes rencontrés au fait. Je n'ai jamais cherché à savoir comment vous êtes devenus meilleurs amis... » demandais-je au jeune homme. Ça ne m'intéressait pas jusqu'à maintenant, mais si je pouvais avoir encore plus de souvenirs de la jolie brune, ça faisait mon affaire. Et qui sait? Peut-être qu'on pourrait devenir ami au final lui et moi.
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(✰) message posté Dim 28 Déc 2014 - 10:49 par Invité
La perte d'Abygaëlle était un réel poids pour moi. J'avais l'habitude des deuils, mais au fond, ça m'attristait énormément. Je n'arrivais pas encore à réaliser qu'elle ne sera plus jamais là. Qu'elle ne m'offrira plus jamais de gâteau et que je n'allais plus lui offrir en échange quelques blagues qui la faisait tant rire. Grand Mère me disait que lorsque quelqu'un partait, il restait toujours présent d'une manière comme d'une autre. Que personne n'est jamais tout à fait mort et que si ça se trouvait, l'autre vie existait et que la personne était très bien là où elle était. J'avais été profondément curieux vis à vis de ça. Au lycée, je m'étais beaucoup renseigné là dessus, même si personne de vivant n'avait la réponse définitive à cela. J'espérais que là où elle était, Abygaëlle s'épanouissait. Au moins, elle n'avait plus à se soucier de sa maladie, ni de rien d'autre. Elle était libre. Et plus tard, dans longtemps j'espérais, nous la rejoindrions.
Lorsque Jonah m'avait annoncé son décès, j'avais fondu en larme. Ca avait été tellement soudain que pour le coup, je ne m'étais pas retenu. Je ne me retenais jamais de toute manière, il n'y avait pas de raison pour que je ne cède pas. A présent, je ne pleurais plus, mais cela ne voulait pas dire pour autant que j'avais fait mon deuil. Je me promettais de passer plusieurs fois sur sa tombe, en posant des fleurs et retirant celle qui sont fanées, comme je le faisais pour ma grand mère. Quand j'étais à la rue, je l'avais un peu négligée parce que je ne pouvais pas me permettre d'en acheter. A présent, j'en prenais soin. Elle m'avait montré comment il fallait faire avec la tombe de mon grand père alors j'en faisais tout autant.
Jonah m'indiqua où étaient les ingrédients pour préparer du chocolat chaud. j'en fis deux tasses que je fis réchauffer au plus vite en passant par la case four à micro onde. D'habitude je faisais chauffer le lait à la casserole mais bon, là j'étais un peu impatient. J'apportais les deux tasses et distribuait celle de Jonah à son propriétaire. Il déposa cette dernière sur la petite table le temps qu'elle refroidisse un peu et j'en fis tout autant en m'agenouillant au sol et en m'appuyant contre la table en question.
« Tu sais.... Lorsque je l'ai revu pour la première fois après quatre ans d'absence, j'ai cru que mon cœur n'allait pas tenir... Ça m'a fait l'effet d'une bombe tellement j'étais heureux de la revoir. Elle pensait que je lui en voulais d'être partie.... Mais ce n'était pas le cas. J'étais simplement trop heureux de la retrouver enfin. J'avais enfin l'impression de vivre entièrement à nouveau.... C'était bête de croire que ça pouvait durer... » me confia Jonah. « Revoir son sourire et tout, ça me manque.... » Je me rendais compte qu'au final, je connaissais pas tant que ça Abygaëlle. Ca nous était arrivés de parler de nous évidement, mais nous avions plus passé du temps à rire ensemble qu'à nous confier l'un l'autre. D'autant plus que lorsque je l'ai rencontrée, je n'avais pas l'opportunité de la voir souvent avec ce qui m'étais arrivé. - J'aimerais pouvoir te dire quelque chose pour te consoler, mais je ne trouve pas les mots, admis-je. "Tu sais, moi ça fait pas le premier décès auquel j'ai à faire face depuis ma naissance... en fait, même avant que je naisse. Alors... je.. je ne sais plus trop comment ça marche. Moi je n'oublierais jamais Abygaëlle, tout comme toi. Elle a été une des seules personnes là pour moi, quand j'en avais le plus besoin et j'ai l'impression de ne pas lui avoir retourné l'appareil." Pour être honnête, je sentais les larmes me monter à ce moment là. Je tâchais de ne pas m'effondrer totalement. Je prenais peu à peu conscience de la mort de ma meilleure amie et plus le temps allait passer, plus je m'en apercevrais. Ça aurait pu se passer de la même façon avec ma grand mère si je n'avais pas été mis à la rue rapidement après sa disparition. Je frottai mes yeux et tâchais de sourire. C'était dans les moments les plus difficiles que l'on ressortais plus fort. On s'apercevait de beaucoup de choses, comme le fait qu'il fallait toujours montrer son amour pour les gens qui nous était proche et prendre soin d'eux comme si demain n'existait pas.
« Comment vous vous êtes rencontrés au fait. Je n'ai jamais cherché à savoir comment vous êtes devenus meilleurs amis... »
Cruelle question de la part de Jonah. Je portais ma tasse un peu moins chaude à présent à mes lèvres et sirotait le lait au chocolat. Le liquide chaud me fit du bien et quelques gorgée plus tard, je la reposais sur la table. "J'avais faim parce que je n'avais pas mangé depuis quatre jour et elle m'a un jour invité dans la pâtisserie de ses parents. Elle a prit soin de moi. Nous avons fait connaissance autour de quelques gâteau que son père avait raté, j'héritais souvent de ceux là et ça me contentais très bien parce que je me fichais complètement de la présentation. Nous nous sommes revus. A chaque fois que je la voyais, elle m'offrait de la nourriture et un café. Une fois avant Noël, elle m'a invité et je lui ai fait des crêpes à la française comme cadeau parce que je ne pouvais pas lui en offrir un véritable. Elle a été très généreuse. Si elle n'avait pas été là, je serais probablement mort de faim dans une ruelle." A cet instant, je me braquais un peu. Penser à ces moments là n'étaient pas facile, et encore moins au fait que du coup, la responsable de ma survie elle, n'avait pas survécu. J'avais l'impression d'avoir été égoïste et je me rendais compte du mépris qu'avait pu me donner Jonah à mon égard. Il avait eu raison. J'avais l'impression de n'avoir pas fait grand chose finalement. Mais dans un sens, je savais bien que je n'avais pas pu prévoir non plus qu'elle allait décéder. Si elle avait été encore en vie, j'aurais tout fait pour la remercier d'avoir pris soin de moi. Du temps où nous nous voyons, je le faisais à ma manière, mais à présent que j'en avais véritablement les moyens, ce n'était plus possible. - Ce qui est le pire c'est que le dernier message qu'elle m'a envoyé, c'était pur m'annoncer qu'elle avait vu un appartement et nous avions pour projet de vivre ensemble. Enfin, d'être colocataire bien sur. Ça ne se fera jamais. Silence. En un sens, je remerciais Theodore de m'avoir capturé à ce moment là. Parce que ça m'avait évité de penser à mes regrets comme à cet instant précis. Je restais un moment les yeux fixés sur ma tasse en essayant de ne pas échapper un sanglot à mon tour. C'était bête, j'étais venu ici fort, dans l'espoir de soutenir MOI Jonah. Il était dans une position encore pire que moi, parce que lui, ça avait été son petit ami. S'il était arrivé la même chose à Ivana, je n'osais même pas imaginer une seule seconde l'état dans lequel je serais. Je secouais la tête. D'habitude, je m'autorisais à craquer devant les gens, mais pas cette fois. Je me l'interdisais et c'était très rare que j'agisse comme ça. Je redressai la tête et fit face à Jonah. Je forçais un sourire, puis : "Demain on ira tous les deux fleurir encore plus sa tombe qu'est ce que tu en penses? Je crois que ce serait une belle chose et une façon de la remercier pour tout. Pas que demain bien sur, je t'enverrais un message à chaque fois que j'irais et si tu peux venir aussi, tu pourras bien entendu." Faire hommage à elle lorsque nous fêterions les morts. A chaque année. Je lui devais bien ça.
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(✰) message posté Jeu 15 Jan 2015 - 2:18 par Invité
Je me rendais compte que depuis sa mort, c'était la première fois que je parlais réellement de cet événement. Oui, mes parents avaient été là pour me soutenir l'ayant également connu. Ils savaient très bien ce qu'elle représentait pour moi. Mais c'était encore trop frais lorsqu'ils étaient venu me voir. Je n'avais pas pu leur dire quoi que ce soit. Je n'avais fait que pleurer.... C'était ma première vrai conversation et aussi surprenant que ça pouvait le paraître, cette dernière était avec Kaspar, le jeune homme que j'avais détesté sans connaître. Il fallait le voir pour le croire. Mais ça faisait du bien de parler avec quelqu'un qui l'avait réellement connu, même s'il s'agissait de quelques mois seulement. C'était assez de temps pour se faire une bonne idée de la personne. Abygaëlle, je la connaissais depuis bien plus longtemps que celui qui se disait son meilleur ami, mais cela ne faisait pas moins mal. Je voyais bien qu'il souffrait. Je le voyais même si j'étais aveuglé par ma propre souffrance. Je n'étais pas aveugle.... même si ces derniers temps, on aurait presque dit. En discutant avec Kaspar, j'avais l'impression de revivre à nouveau, de revoir le monde en couleur, alors que ce dernier était plongé dans les ténèbres depuis bien trop longtemps.
Le jeune homme commença à parler, ce qui me fit sortir de mes pensées. Il me révéla qu'Aby avait été la seule personne présente pour lui dans les temps de besoin et qu'il avait la forte impression de ne pas lui avoir retourné la pareil. J'eus un petit sourire. C'était bien Abygaëlle ça! Aider tout le monde! « Oui, elle était très généreuse... mais tu sais, elle ne demandait rien en retour. Seul le bonheur de la personne qu'elle aidait comptait dans son esprit.... Tu n'as pas à te sentir coupable pour cela... » lui révélais-je. Parler de la femme de ma vie au passé me faisait très bizarre. Il s'agissait presque d'un blasphème dans ma bouche, mais plus j'allais le dire, plus j'allais accepter sa mort.... Ça me faisait mal au cœur, mais c'était un processus nécessaire pour faire mon deuil.
Je demandai ensuite à Kaspar comment ils s'étaient rencontrés elle et lui. Ma question manquait de tact, il fallait l'avouer. Je n'étais pas comme cela habituellement. Je n'étais pas irrespectueux d'habitude, mais cette question crue me rongeait. Je devais savoir. Cependant, Kaspar semblait mal à l'aise. Je décidai de m'excuser. « Désolé, ma question est malvenue.... Je vois bien qu'elle ne te rend mal à l'aise... » lui dis-je. Mais encore une fois, ma façon de prononcer mes paroles étaient quelques peu rudes. J'espérais qu'il n'en fasse pas de cas. Il commença finalement à m'expliquer ce qui m'arracha un froncement de sourcils. À vrai dire, je n'avais jamais pensé à Kaspar comme étant un sans abri. On pensait si souvent à la pauvreté ailleurs qu'on en oubliait notre propre pays, ou même notre ville. Le manque d'argent et de toit existait malheureusement ici aussi à Londres. « Je suis désolé de t'avoir posé la question.... » lui dis-je, voyant que le malaise persistait. Je venais de toucher une corde sensible, ça se voyait.
Kaspar m'annonça alors que le dernier message qu'il avait eu d'elle, c'était pour lui annoncer qu'elle avait trouver un appartement pour qu'ils vivent ensembles tous les deux. Évidemment, ce projet n'aboutirait jamais. Je ne savais pas trop pourquoi, mais cette nouvelle me rendait triste et un peu jaloux. Mais je devais passer outre. Cela n'avait plus d'importance maintenant. « Demain on ira tous les deux fleurir encore plus sa tombe qu'est ce que tu en penses? Je crois que ce serait une belle chose et une façon de la remercier pour tout. Pas que demain bien sur, je t'enverrais un message à chaque fois que j'irais et si tu peux venir aussi, tu pourras bien entendu. » me dit-il. Je lui fis un petit sourire. C'était très gentil de sa part. « C'est un deal, alors! » lui dis-je, me forçant à sourire de nouveau malgré le chagrin qui s'emparait de nouveau de moi. « Merci d'être venu et merci pour le chocolat, c'est vraiment apprécié. Ça fait du bien de parler.... » lui dis-je. Mais je ne savais pas quoi lui dire de plus. Je pense que tout avait été dit. Et ça m'avait fait du bien. Malgré tout le ressenti que j'avais éprouvée pour lui par le passé, sa présence me calmait. Allez savoir pourquoi? J'avais envie de silence maintenant, mais je ne voulais pas non plus qu'il parte et me laisse seul avec ma tristesse... C'était un étrange sentiment. « Tu as un endroit où habiter maintenant? » lui demandais-je alors. J'avais l'étrange envie de lui demander s'il voulait habiter ici.... Pourquoi pas?
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(✰) message posté Dim 1 Fév 2015 - 10:24 par Invité
Moi qui était parvenu à arriver assez penaud, voilà que désormais, c'était à mon tour de tomber. Le souvenir d'Abygaëlle était plus fort que ce que je ne l'aurais cru. J'avais appris à gérer les décès, surtout depuis celui de grand-mère mais j'étais quelqu'un de très affecté et à un moment donné, il était certain que j'allais me sentir mal. Certaines personnes arrivaient à garder ceci en eux, mais moi je n'y parvenais pas. En même temps, pour quoi faire? C'était normal après tout.
« Oui, elle était très généreuse... mais tu sais, elle ne demandait rien en retour. Seul le bonheur de la personne qu'elle aidait comptait dans son esprit.... Tu n'as pas à te sentir coupable pour cela... »
Je baissais la tête. Si j'éprouvais de la culpabilité? Je ne savais pas trop si c'était ça. Du regret, surtout. L'envie de revenir en arrière et de faire toutes les choses que l'on a pas faites avant que le moment fatidique n'arrive. Malheureusement, c'était impossible. Et c'était dans ces cas là qu'on se rendait compte de tout : les choses que l'on a ratées mais aussi de la valeur de la personne. De ce qu'elle représentait pour nous, de la perte qu'on subit. C'était très fort, à chaque fois. Dans ces moments là, je me disais que j'avais de la "chance" que mes parents soient décédés avant et un peu après ma naissance, car à l'époque, je n'étais pas du tout conscient de ce qui se passait et surtout, je ne m'en souvenais pas.
Mais Jonah m'avait posé la question à savoir comment on s'était rencontré et ça a été difficile de répondre. Dans ces moments là, j'étais un peu sur le qui vive. Me rappeler des choses pas agréables n'était pas chose aisée et pourtant, j'essayais le plus possible de transformer cela en positif. Mais j'avais souffert de la faim, extrêmement, à un point que j'avais cru mourir au fin fond d'une ruelle. Une fois de plus, si Aby n'avait pas été là, je ne serais peut être pas présent dans ce salon pour pleurer sa mort. C'était terrible quand même. « Désolé, ma question est malvenue.... Je vois bien qu'elle ne te rend mal à l'aise... » me dit Jonah en se rendant compte de mon état d'esprit. Je secouai la tête de droit à gauche pour le rassurer. "C'est pas grave, c'est tout, c'est comme ça. C'est arrivé et... bon, je dois faire avec. Désormais, bien des choses ont changées et... c'est ça qui importe." « Je suis désolé de t'avoir posé la question.... » - Ce n'est rien, vraiment.
J'esquissai un sourire en levant les yeux vers lui avant de le détourner pour ne pas trop me focaliser dessus. Je ne voulais surtout pas qu'il éprouve de la pitié à mon égard. Quand j'ai été à la rue, si l'on oubliait la famine, j'avais trouvé cela cool. Il fallait que je trouve du bon dans mon malheur, car autrement, je me serais suicidé en me jetant au fin fond de la tamise ou quelque chose comme ça. Je n'aurais même pas rencontré Aby ni personne d'autre. Ca aurait été encore plus triste quand même!
Alors je passais à autre chose en lui suggérant d'aller fleurir la tombe d'Abygaëlle dès le lendemain et de se contacter pour le refaire quand on en aura envie. Exprimer quelques prières ou bien des poèmes, chansons ou ce genre de chose. J'avais aussi pour l'intention de déposer quelques gâteaux en souvenir et en hommage. La tombe de la jeune femme ne sera jamais laissée à l'abandon avec nous deux, ça c'était certain. « C'est un deal, alors! » me répondit Jonah un peu plus enthousiasme à cette idée. Cool! J'en trépignais d'avance. De toute façon, c'est tout ce dont on pouvait faire désormais. "Parfait!" « Merci d'être venu et merci pour le chocolat, c'est vraiment apprécié. Ça fait du bien de parler.... » - Oh, ce n'est rien. Quand j'étais petit et que j'étais triste, ma grand mère me faisait toujours un chocolat. C'est un anti dépresseur après tout! Et c'était bien mieux que les médicaments. Peut être pas pour la ligne cela dit. « Tu as un endroit où habiter maintenant? » me demanda-t-il ensuite. Je le regardais avec les yeux grands ouverts, puis : "Oui oui! Je suis sur Chinatown désormais, avec... le plus merveilleux colocataire qui soit!" J'avais dit cela ironiquement mais j'avais fait en sorte de prendre un air réellement enthousiasme. Ça n'était pas le moment de parler de Theodore et des joyeux moments que l'on passait tous les deux! Surtout pas dans un moment comme celui là. Je finis par me redresser et regarder un peu partout. "Je... crois que je vais prendre congé. Si tu as besoin de quoique ce soit, voilà mon numéro.." dis-je en le notant sur un bout de papier. "On se revoit demain de toute façon! Et... si jamais tu as besoin de quoique ce soit avant demain.. parler, sortir ou je ne sais quoi eh bien... tu peux m'appeler."