"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (what if) you never understand life until it grows inside of you. w/julian 2979874845 (what if) you never understand life until it grows inside of you. w/julian 1973890357
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() message posté Sam 8 Nov 2014 - 14:34 par Invité
london - march, 2nd 2011;; i love you. i love every part of you, every thought and word, the entire complex, fascinating bundle of all the things you are. i want you with ten different kinds of need at once. i love all the seasons of you. i love you for being the answer to every question my heart could ask;; you never understand life until it grows inside of you. ✻✻✻ Je n’avais prévu de tomber enceinte à l’âge de dix-sept ans et demi. Je n’avais jamais songé, à vrai dire, à devenir mère un jour. J’avais été bien trop préoccupée à m’enfoncer dans l’innocence candide de mon adolescence, dans mes rêves fous et lointains, touchant que trop peu à cet univers qui m’avait toujours paru étranger. J’avais grandi, une âme enfantine animant mon corps, mes yeux pétillant d’une pureté rare. Mais la réalité m’avait rattrapé. Comme elle l’avait toujours fait, à vrai dire. Je poussai un soupir, mes doigts courant sur la peau tendue de mon ventre, sous le tissu de mon pull en laine. La petite pièce dans laquelle je me trouvais était plongée dans le noir mais je ne m’en souciais guère ; mon attention n’était portée que sur mon corps qui avait changé au fil des mois. Mon attention n’était portée que sur ces courbes qui me paraissaient bien étrangères, que sur ces coups que je recevais de temps à autre de la part d’un bébé probablement impatient de sortir de là. Je me sentais énorme et bouffie. Je me sentais fatiguée et courbaturée. Les jours semblaient s’étirer, maintenant que j’avais la consigne formelle de sortir le moins possible ; je hantais les quatre murs que je partageais avec Julian, animée par la hâte que tout cela se passe. J’étais effrayée et impatiente, anxieuse et trépignante. Je vivais dans une réalité différente de celle que j’avais toujours connue. Je me sentais étrangère à moi-même, les changements s’étant opéré doucement à mesure que je m’étais rendue compte de l’envergure de nos actes. J’allais être mère. Il allait être père. Nous n’avions jamais été deux et pourtant nous serions trois avant la fin du mois. Je l’aimais plus que nécessaire et, malgré le petit être qui partagerait mes traits et les siens, il demeurait mon meilleur ami. Nous n’étions pas des amants. Nous n’étions pas un couple. Nous n’étions que des amis qui avaient dérapé le soir de leur bal de promotion, encouragés pas l’alcool qui avait coulé dans nos veines et l’euphorie qui nous avait habité. J’esquissai un sourire triste en me redressant doucement sur le canapé. Il n’avait sans doute jamais compris que cela n’avait pas été l’alcool qui m’avait encouragé à franchir le pas, mais mes sentiments. Mes sentiments et cet amour profond et absolu que je lui portais chaque jour, chaque heure, chaque minute. Mais nous n’étions que des meilleurs amis ayant été contraints de faire des choix en assumant leurs actes. Ce que je ressentais ne venait que parasiter notre équilibre déjà bien trop instable.
Je me levais difficilement, me rendant d’un pas lourd et lent vers le coin cuisine de notre minuscule appartement, financé grâce à la bourse que Julian percevait. J’ouvris un placard afin d’attraper un paquet de brioche ; je mis la main sur la pâte à tartiner avant de retourner dans le canapé, décidée à attendre Julian là. A mesure que j’enduisais la pâtisserie de Nutella, je songeais à ce nouveau quotidien que nous nous étions créé. Je continuais de ressentir une profonde reconnaissance à l’encontre de mon meilleur ami qui ne m’avait pas tourné le dos lorsque je lui avais avoué ma grossesse, quelques semaines après cette soirée bien trop alcoolisée. Il ne m’avait pas rejeté. Il ne m’avait pas blâmé. Ni lui, ni moi, n’avions désiré une telle chose pour notre futur mais, au-delà de ses ambitions, il m’avait choisi moi ; nous nous étions installés à Londres en connaissance de cause, travaillant pour mettre de l’argent de côté, lui prenant en plus des cours du soir pour ne pas prendre de retard. Nous nous étions débrouillés. Il m’avait fait comprendre que je n’étais pas seule et que je ne le serais jamais. Il ne me portait peut-être pas les sentiments que j’avais toujours espérés mais il m’avait donné des raisons de plus de l’aimer. Avec application, je mâchais mon goûter tardif, surveillant l’heure ; je me sentais si étrangère à l’enfant que je portai. Mon esprit semblait refuser l’idée qu’une vie grandissait en mon être. Cela faisait huit mois et demi que j’attendais un enfant, et pourtant je n’étais pas encore une mère.
Et je me détestais pour cela. Je me détestais d’être trop faible pour accepter cette idée qui me dépassait.
La porte d’entrée s’ouvrit doucement avant de se refermer. Je tournai la tête vers un Julian frigorifié par les basses températures de mars, et je refermai avec empressement le paquet de brioche, puis le pot de pâte à tartiner comme s’il venait de me surprendre en train de faire une bêtise. Je ne voulais pas lui donner des preuves supplémentaires que je m’empiffrais sans songer à toute cette graisse qui recouvrait désormais mon corps. Je ne voulais pas lui donner des preuves que je ne faisais rien pour sauver mon image, pour sauver mon physique. Je ne serais jamais belle à ses yeux. J’en avais presque la certitude. « Salut, toi. » lui lançai-je en me levant, une main posée dans mon dos pour soutenir le poids de mon ventre. Je me dirigeai vers lui, déposant une bise sur sa joue froide, sentant des frissons envahir mes bras. « J’étais en train de me dire que tu avais enfin fini par m’abandonner à mon triste sort. » Je ris toute seule, secouant la tête avant d’attraper son blouson pour l’aider à se dévêtir. Cependant, une part d’ombre resta dans mon regard ; je ne plaisantais qu’à moitié en énonçant ces paroles. L’idée qu’il puisse ne jamais revenir m’avais effleuré l’esprit plusieurs fois, oui. Sans doute trop. Je secouai la tête, accrochant son manteau à un crochet planté dans le mur, près de la porte. J’esquissai une grimace en sentant un coup de pied du bébé contre la paroi de mon ventre trop étroit. J’avais hâte que cela finisse mais je ne parvenais pas à imaginer notre vie avec cet enfant que nous n’avions jamais désiré. J’avais peur, peur de ce que mon esprit pouvait imaginer, peur de ce qu’il pourrait réellement se passer. Le futur me paraissait si incertain. Et il arriverait sans doute bien trop vite.
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() message posté Sam 8 Nov 2014 - 18:47 par Invité
london - march, 2nd 2011; Darling, hold me in your arms the way you did last night and we'll lie inside for a little while, here. I could look into your eyes until the sun comes up and we're wrapped in light, in life, in love. Les temps étaient durs et froids. Je soupirai afin de soulager le poids de mes angoisses internes. J’avais beau me creuser les méninges, je n’arrivais pas à trouver une meilleure solution. Je me réveillais chaque matin avec un sentiment différent – notre amitié n’était qu’une succession de mensonges. Mon cœur était éternellement insatisfait. Ses étreintes chaleureuses, ses baisers délicats et ses confessions romantiques, ne faisaient que fermenter mon désir inconditionnel pour son corps. J’y avais gouté une fois, et même si mes souvenirs se confondaient avec mes fantasmes inavoués, j’étais sûr que l’alcool n’y était pour rien dans notre écart de conduite. Le soir du bal de promo avait été particulièrement mouvementé, mais je m’étais rendu jusqu’au jardin de sa demeure parfaitement sobre et conscient de mes vices. Je l’aimais, et la vodka n’avait fait que me prêter assez de courage pour faire face à la réalité.

Les visages se succédaient dans le bistro minable dans lequel je passais mes journées. J’étais exténué et à bout de forces, mais je tenais bon au nom de l’amour que je portais à Eugenia. Son ventre arrondi commençait à limiter ses déplacements. Je la contemplais avec un mélange d’amusement et d’affection à chaque fois qu’elle se redressait en soutenant son dos. Elle n’avait jamais été aussi belle qu’en portant la vie que je lui avais insufflé. Quelque part, même si c’était complètement ridicule et égoïste de ma part, je me sentais chanceux de pouvoir la retenir pour toujours. Notre petite fille  serait la chose la plus précieuse au monde à mes yeux. Je voulais travailler pour subvenir aux besoins de ma famille, et malgré mes efforts acharnés, l’argent manquait tout le temps. Je ne fumais plus. Je ne buvais pas. J’utilisais l’ordinateur de la bibliothèque, et je passais mes nuits à étudier pour mon Master de communication et de journalisme. L’université de Liverpool m’avait rappelé afin de me proposer ma place une seconde fois, mais je ne voulais pas dépayser Ginny plus que nécessaire. J’avais les bribes de mon enfance et mes amis ici. Robin m’aidait beaucoup en ne facturant que la moitié de nos visites chez le gynécologue de l’hôpital universitaire. Et parfois, j’avais l’impression que ma mère veillait toujours sur nous. Son corps avait été repêché de la tamise pourtant je me plaisais à penser que son âme immortelle avait élu domicile sur le pont de Hammersmith. Je suppose qu’à force de broyer du noir, j’avais décidé de me laisser submerger par quelques fantaisies. Je roulai les yeux jusqu’aux cadrans de l’horloge murale. Mon service était bientôt fini.

Je me pelotonnais dans ma veste de laine afin de retenir la chaleur de mon corps. Les grosses fibres du tissu avaient fini par s’user à force, mais mon aspect vestimentaire n’avait jamais réellement été une priorité. Je soufflai dans mes mains frigorifiées avant de les fourrer dans mes poches. Il était déjà tard. Je me demandais si Eugenia avait déjà diné. La connaissant, sûrement ! Je me dirigeais en chancelant jusqu’au centre commercial. Je fis quelques enjambées dans les rayons avant de rebrousser chemin. Elle m’avait signifié qu’elle avait envie de poulet il y ‘ a une semaine. Je plissai les yeux en flânant dans les magasins du centre-ville. Il n’y avait plus que quelques restaurants d’ouverts. Je pressai les pas jusqu’au coin de la rue chez le Mumbai corner grill & bar. Je connaissais l’un des serveurs. On suivait les mêmes cours du soir dans l’université de London center , et même si nous n'étions pas spécialement proches, nous étions arrivé à une sorte d'accord. Ranveer me gratifia d’un sourire avant de fendre l’air en ma direction.

_ Viens, on va passer par derrière. Murmura-t-il en m’attirant vers l’arrière boutique.

«Pourquoi ?» M’enquis-je.

_Le propriétaire est là ce soir. Il n’est pas très fan de ma générosité.

« Le propriétaire c’est ton père. » Lançai-je septique.

_ Raison de plus. Railla-t-il.

Je le suivis en silence. Le jeune homme avait toujours l’habitude de me donner quelques restes ou de piocher dans la réserve d'approvisionnement pour moi. Je le bousculai tout sourire.

« Je voudrais une part de poulet au curry. »

_ Ta chérie fait des caprices ? S’amusa-t-il.

« Ce n’est pas ma chérie. » Me défendis-je.

_ Mais biensûr. Souffla-t-il en ouvrant la porte menant à la cuisine. Va faire un tour, et reviens dans 30 minutes vers la fermeture. Je demanderais au cuisinier de te préparer ça.

« Tu es le meilleur ! »

_ Tu me fais toujours mon devoir sur la déclaration des droits et le code déontologique du journalisme ?

« Je te ramène le support papier demain. Et j’utiliserais l’ordinateur de Ginny pour d’E-mailer le PDF. »

_ Tu vois c’est toi le meilleur !

Je souris d’un air contenu avant de disparaitre dans l’allée sombre. J’avais du temps à tuer, et rien à faire. Super! Je traînais les pieds en scrutant les alentours. Depuis qu’Eugenia était enceinte, je voyais des bébés partout. Je fis la moue en observant une petite fille dans sa poussette. Le vent glacial caressait ses joues cramoisies et son bonnet ; Je ne ferais jamais sortir notre petite en hiver. Jamais ! Je suivis la maman jusqu’au magasin prénatal. Je m’émerveillais devant les moufles minuscules et les couleurs très girly des gigoteuses. Mes mains frôlèrent la première rangée violette. Une paire de moufles attira mon attention. Eugenia avait un tricot avec les mêmes motifs en zigzag. Je souris en serrant mon portefeuille. J’avais à peine de quoi payer Ranveer et mon ticket de bus. Je faisais des économies afin de préparer la naissance, mais la tête me tournait à chaque fois que je voyais les prix exorbitants. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu’au sang. La vendeuse s’approcha de moi.

_ Monsieur, nous fermons bientôt les caisses.

Je restai silencieux.

_ Les moufles sont à 50% de réduction.

Je roulai les yeux vers la pancarte qui annonçait les soldes.

« Je … »

Je tournai les talons prêt à sortir, avant de faire volteface.

« Je les prend. »



Ranveer n’arrêtait pas de me sonner. Je m’étais aventuré trop loin dans ma transe. Je pressai le pas dans l’atmosphère glacée de la ville. Mon genou était de plus en plus mécontent de mes prouesses. Je retins un gémissement en débarquant chez mon ami. Il me sorti le plat emballé, et je me dirigeais enfin vers notre studio.

Je courrais à perte d’haleine jusqu’au carrefour avant de réaliser que j’en avais pour presque une heure de marche à pieds. Je marmonnai un juron avant de m’élancer dans l’obscurité ambiante.

Je toquai à la porte comme un illuminé. J’étais gelé. Mon visage impassible s’adoucit au contact du sourire d’Eugenia. Elle était sur le canapé en mode morfale – un rire jovial m’échappa. Toutes mes mésaventures prenaient tout à coup sens, lorsque je rencontrais la chaleur de notre bulle.

« Salut, toi. J’étais en train de me dire que tu avais enfin fini par m’abandonner à mon triste sort. »

Elle s’approcha afin de me débarasser de ma veste. Ses gestes étaient devenu à présent automatiques, mais je me rappelle que la première fois qu’elle avait pris soin de moi de cette façon je m’étais senti libéré d’un poids. Je voulais l’embrasser avec toute ma fougue retenue, mais mes lèvres ne faisaient que se fermer timidement sur sa joue.

« J’y est pensé, figure toi. » Me moquai-je. « Mais je suis revenu pour elle … » Soufflai-je en touchant son ventre. Je sentais les coups de pieds du bébé chatouiller mes paumes ouvertes. Je souris. « Elle doit tenir ça de mon côté ! Je reconnais l’entrain des Fitzgerald.»

Je lui tendis le sac de nourriture.

« Assis-toi. Je vais te réchauffer à diner. Tu as faim pas vrai ? » M’enquis-je en me dirigeant vers le micro-onde. « J’ai déjà diné avec les gars. J’irais prendre une douche après. » Mentis-je d’une voix légère.

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() message posté Sam 8 Nov 2014 - 20:35 par Invité
london - march, 2nd 2011;; i love you. i love every part of you, every thought and word, the entire complex, fascinating bundle of all the things you are. i want you with ten different kinds of need at once. i love all the seasons of you. i love you for being the answer to every question my heart could ask;; you never understand life until it grows inside of you. ✻✻✻ Je repensais souvent à ma sœur et à ma mère, me demandant comment elles allaient et ce qu’il se passait pour elles, de leur côté. Je repensais à elles mais je ne m’autorisais pas à prendre des nouvelles, à renouer d’une quelconque manière. J’avais pris peur en découvrant que je portai un enfant ; j’avais refusé de m’en défaire mais je n’avais pas non plus accepté l’idée de l’annoncer à ma famille. J’avais été effrayée et je m’étais sentie démunie, piégée par la conséquence de mes actes. Je m’en étais voulu jusqu’à n’en plus dormir et j’avais pleuré jusqu’à n’en plus pouvoir. Je n’avais pas voulu de ce futur mais j’avais été contrainte de l’accepter. Je n’avais pas voulu de cet enfant mais il avait fait partie de moi bien avant que je ne le comprenne. Je n’avais pas su quoi faire hormis en parler à Julian, paralysée par la peur de le perdre lui aussi. Je n’avais jamais eu de mode d’emploi, après tout. On ne m’avait jamais préparé à ce destin qui se révélait être le mien. Nous n’étions pas prêts à être parents, je le savais ; nous faisions simplement ce que nous pouvions avec ce que nous avions et le temps qui nous avait été donné. Les semaines qui s’étaient écoulés, loin de Cardiff, nous avaient rendus plus mature mais je demeurai intimement persuadée que Julian s’y faisait plus que moi. Je le voyais dans son regard, animé par cette joie que je ne connaissais pas encore. Je le sentais dans ses gestes, quand ses mains venaient toucher mon ventre avec cette assurance qui traduisait combien il aimait déjà notre enfant.
Notre enfant. Cette simple pensée flotta dans mon esprit tandis que je venais à sa rencontre pour l’accueillir. La fatigue marquait son visage mais il semblait sincèrement de me voir. De nous voir, corrigea instinctivement mon esprit. J’avais bien du mal à mesurer l’ampleur des sacrifices qu’il faisait, tant cela me paraissait improbable et loin de la réalité dans laquelle nous avions toujours vécu. J’avais moi-même travaillé dans une bibliothèque jusqu’à ce qu’on ne me dise que je ne pouvais plus me permettre de rester debout trop longtemps, voire même de sortir ; depuis, j’acceptais de temps à autre de m’improviser informaticienne pour des personnes dont les ordinateurs étaient infestés de virus ou qui avaient besoin de défragmenter leur disque dur. Cela ne me rapportait pas énormément, mais cela nous permettait d’arrondir les fins de mois difficiles ; Julian n’avait rien eu à redire puisque cela me maintenait dans notre studio, au chaud, en tête à tête avec mon ventre rebondi et les écrans pixellisés. Je l’attendais patiemment jusqu’au soir, rêvant à ces instants si réconfortants lorsque nous allions nous coucher et que ses bras se glissaient autour de mon corps, caressant doucement la peau tendue de mon ventre.
Il s’agissait de notre fille. Notre enfant. Notre bébé. Malgré les mois qui s’étaient écoulé, je réalisais avec grandes peines que je portais une partie de lui. « J’y ai pensé, figure toi. » m’adressa-t-il lorsque je lui confiai avoir songé, un instant, qu’il ne reviendrait pas. Son ton était léger. J’eus un sourire timide. « Mais je suis revenu pour elle… » Ses mains froides cherchèrent mon ventre pour ponctuer ses paroles, et le bébé donna un coup comme pour le saluer. Je retins un grognement, fatiguée par cette agitation constante, sursautant à son contact frais malgré la couche de tissu qui séparait ma peau de ses doigts. Julian eut un sourire rayonnant, comme s’il s’agissait de la chose la plus merveilleuse qui lui ait été donné de sentir. Cela était comme cela tous les soirs. Il ne cessait de s’émerveiller des coups du bébé. « Elle doit tenir ça de mon côté ! Je reconnais l’entrain des Fitzgerald. » Je levai les yeux au ciel. « Ah, ces Fitzgerald. Ils m’embêtent tous, autant qu’ils sont. » répliquai-je. « Retire tes mains froides, tu me donnes des frissons. » Je tremblotai pour ponctuer mes paroles, simplement gênée qu’il me touche de cette manière. J’eus un sourire, passant une mèche de cheveux derrière mes oreilles en baissant les yeux sur mon ventre.
Je me sentais si gonflée. J’avais honte, si honte d’avoir cette apparence qu’en face de lui je ne parvenais pas à conserver une certaine assurance. Je ne parvenais plus à me regarder dans le miroir. Je ne réussissais même pas à m’émerveiller de mon ventre. Coupant court à mes pensées, Julian me tendit un sac de nourriture et l’odeur de curry vint chatouiller mes narines. « Assis-toi. Je vais te réchauffer à diner. Tu as faim pas vrai ? » me demanda-t-il en filant jusqu’au micro-onde. Je rougis en songeant à tout ce que je pouvais bien avaler en une seule journée, au point où il revenait souvent, le soir, avec de la nourriture pour satisfaire les caprices de mon estomac. Je le suivis d’un pas lourd, le dos douloureux, m’asseyant avec lenteur sur une chaise. « J’ai déjà diné avec les gars. J’irais prendre une douche après. » continua-t-il. J’hochai la tête, guère étonnée. « Tu manges souvent avec eux. » murmurai-je doucement. Cela n’était pas un reproche, simplement une constatation ; au fil des semaines, il avait multiplié les diners avec ses amis des cours du soir, et je me sentais responsable, quelque part, qu’il préfère passer du temps dehors plutôt que dans notre studio, en ma compagnie.
Après tout, je m’en rendais compte dans les élans de lucidité. Je n’étais pas facile à vivre depuis de nombreux moi et je comprenais qu’il puisse avoir besoin de prendre du recul avec mes humeurs. Je me mordis l’intérieur de la joue, traçant des cercles sur mon bedon du bout du doigt. « C’est parce que, souvent, je ne t’attends pas pour diner donc tu préfères ne pas manger seul, c’est ça ? Désolée, Jules. Promis je ferais des efforts. » continuai-je doucement, tandis que l’odeur de mon diner commençait à embaumer la pièce. Je sentis mon estomac se faire entendre. « Curry et… Poulet ? C’est ça ? Dis-moi que c’est du poulet au curry. » m’exclamai-je avec un sourire. « Ca fait des jours que j’en rêve. » J’étais sans doute idiote et ridicule. J’avais bien du mal à contrôler mes émotions, mes excès de joie ou de colère ; les sensations me traversaient mais mon esprit semblait ne pas réussir à les canaliser. J’observai Julian, assise sur ma chaise, comme il me l’avait demandé, attendant patiemment.
Et, en cet instant, je ne parvenais qu’à l’adorer du regard, le remercier pour ce qu’il faisait pour moi et lui être reconnaissante d’être encore là. Après tout, si je parvenais à ne pas complètement sombrer, cela était entièrement grâce à lui. Je me savais chanceuse, quelque part. Malgré toutes les erreurs et toutes les blessures de mon cœur brisé.
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() message posté Lun 10 Nov 2014 - 2:26 par Invité
london - march, 2nd 2011; Darling, hold me in your arms the way you did last night and we'll lie inside for a little while, here. I could look into your eyes until the sun comes up and we're wrapped in light, in life, in love. Le lever de la beauté sur la mort, la métamorphose de l’amitié en amour, les tournoiements de l’esprit dans la liberté, les enchainements de silence dans noir : Tel était mon quotidien depuis notre fugue. Les choses étaient parfaites dans un sens, mais le démon avait pris toute la magie du moment afin de nous propulser dans l’univers cruel et impitoyable des adultes. Je n’étais qu’un gosse. Je n’avais que mon cœur et mes sentiments inconditionnels. Je peinais à m’imaginer prendre soin d’un petit être, et pourtant je n’aurais effacé son existence pour rien au monde. Tous mes manuscrits cachés n’étaient que les prouesses de mon esprit vagabond, mais cet enfant né de mon amour immérité et des saveurs de l’alcool, était l’absolution ultime de tous mes pêchers. Je voulais la blottir contre ma poitrine douloureuse et panser toutes ses blessures. Je voulais la bercer par le son calme et suave de ma voix, afin de lui promettre que je ne lèverais jamais le doigt sur elle.  Je souris en baissant les yeux. C’est une petite fille, avait annoncé l’interne en gynécologie du centre hospitalier universitaire. Deryn vivait dans le ventre d’Eugenia, dans le ciel, dans le vent. J’écoutais ses murmures au loin. J’avais expérimenté une centaine d’autres sensations, mais celui-ci était différent. Mon cœur s’exaltait au gré des tams tams de la vie que j’avais créée.  Ginny avait parfois du mal à s’accommoder à la situation. Je voyais la flamme de son regard s’éteindre peu à peu avant de rejaillir plus forte que jamais. Elle était si jeune, si innocente, et j’avais terni tout cela pour assouvir une pulsion inavouée. Elle me détesterait certainement si elle savait que je ne regrettais pas de l’avoir embrassé ou de l’avoir touché de manière aussi inappropriée. J’avais dépassé tous mes tourments afin de m’encrer à mon désir égoïste. Il y’ avait pas de regrets en amour – seulement une obsession.

Je postai mes mains sur son ventre arrondi. Elle devinait mes pensées cachées derrières mes gestes – L’avenir était gravé sur mes paumes frigorifiées tandis que je sentais les coups de pieds de notre enfant. notre enfant. Je n’en revenais toujours pas ! Mes yeux pétillaient de malice et d’émotions mal contenues. C’était tellement beau.

« Ah, ces Fitzgerald. Ils m’embêtent tous, autant qu’ils sont. Retire tes mains froides, tu me donnes des frissons. . » L’air grincheux d’Eugenia brisa toutes mes fantaisies. Je me retirai en faisant la moue.

« J’ai toujours les mains froides. J’ai une mauvaise circulation dans les extrémités … » Boudai-je. « Si je suis ta logique, je pourrais jamais te toucher… » Je ris nerveusement.« Je veux dire ... Toucher le bébé …» Je marquai un silence en fixant son regard olive. « J’espère qu’elle aura tes yeux …»

Je crispai mes doigts dans le vide avant de m’éloigner. Ma proximité était parfois gênante. Je le ressentais dans ses gestes maladroits et ses regards perdus, mais je ne pouvais pas m’en empêchait. Au fond, dans mon cœur, Eugenia était ma famille – la mère de mon enfant – ma femme.

Je me dirigeais d’un pas lent jusqu’au coin cuisine. Eugenia s’installa dans la chaise en face du comptoir. Je voulais soutenir son dos raide en lui caressant le bas des reins, mais je n’osais pas m’aventurer au-delà de l’indécent. Mon ventre se contracta afin de témoigner ma frustration, tandis que mes mains sortaient la nourriture. Je me mordis l’intérieur de la joue afin de détourner ma faim et de mes angoisses quotidiennes.

« Tu manges souvent avec eux. . »

J’hochais simplement la tête. C’était moins dur que de lui avouer que je n’avais pas les moyens de nous gérer tous les deux, et que je préférais tout miser sur son confort. J’avais l’habitude de sauter les repas de toute façons. Mon père avait désespérément cherché le deuil de son grand amour, avant de découvrir l’effet miraculeux de whisky et des traditions écossaises. Chaque nouveau départ était un supplice. J’étais étranger sur les  terres de mes ancêtres,  désabusé et seul. Il n'y avait jamais assez de sous pour manger et boire. C’était l’un ou l’autre. Alors un soir je mangeais, un autre il buvait. Un soir il me battait, et l’autre il décuvait. Je vivais dans la hantise constante de finir comme lui.

« Je suis désolé de te délaisser. J’essaye d’avoir un semblant de vie sociale. Les autres me retiennent toujours après les cours …  » Lançai-je d’un ton dégagé. Mon visage était infaillible, ne  trahissant aucune émotion. « Le journalisme est une question de connexions. » Mentis-je.

Elle se redressa dans son siège. Ses mouvements étaient las et fatigués. Je n’aimais pas la voir aussi exténuée – Je me doutais que la grossesse était une épreuve parfois difficile. Et je n’avais même pas les moyens de payer les compléments alimentaires nécessaires au bon développement du fœtus. Je me maudissais intérieurement.

« C’est parce que, souvent, je ne t’attends pas pour diner donc tu préfères ne pas manger seul, c’est ça ? Désolée, Jules. Promis je ferais des efforts. »  Murmura-t-elle en me tirant de ma torpeur.

« Non !» Me précipitai-je. « Tu n’as pas à m’attendre, voyons. On est pas un … couple. » Ces mots m’écorchaient la bouche. « Je ne veux pas empiéter sur tes journées. Repose-toi et portes-toi bien. C’est tout ce que je demande. »  Je souris. « Je veux que tu sois heureuse ici. »   Heureuse avec moi.

Je sortis le plat de son emballage afin de le mettre dans le microonde. L’odeur des épices titillaient mes narines. Je me précipitais vers un verre d’eau afin de calmer les cris de mon estomac.

« Curry et… Poulet ? C’est ça ? Dis-moi que c’est du poulet au curry. Ca fait des jours que j’en rêve. »  S’exclama-t-elle en souriant.

Le monde s’illumina sous mes yeux ternes.

« Je sais, je suis le meilleur. »

Je me perdais dans la contemplation de son visage et de sa silhouette déformée. Je l’aimais profondément, mais malgré mes efforts acharnés, je ne semblais jamais être à la hauteur. J’avais refoulé mes sentiments de peur de l’entrainer dans ma chute, pourtant elle était là – dans mon enfer personnel et j’en étais presque reconnaissant. Personne ne pouvait la chérir avec autant de dévotion, autant de loyauté, et autant d’affection que ce cœur nostalgique et imparfait qui battait dans ma poitrine. C’était inévitable : nous étions les amants maudits, jamais séparés, jamais réunis. La minuterie m’extirpa de mes pensées. Je me redressai afin de lui tendre l’assiette.

« J’en ai pour 10 minutes sous la douche. Tu peux aller voir la poche de ma veste quand tu auras fini. J’ai acheté une surprise pour Deryn. » Soufflai-je en dirigeant vers la chambre. Ce n’était pas encore le prénom officiel, mais je l’appelais déjà comme ça depuis des mois. C’était plus facile de l’introduire dans nos vies, si elle avait un prénom et une identité propre à elle. Je fis un signe de la main amical à Eugenia. « Je reviens vite ! »

Le contact de l’eau chaude déliait mes muscles douloureux et me procurait une certaine sensation de bien-être. Je gémis en sentant mon épaule me lanciner. J’avais aidé à décharger le stock de provisions ce soir. Je fis quelques mouvements rotatoires afin de stimuler mon articulation engourdie avant de me laver les cheveux.

J’entourai une serviette autour de ma taille afin de me diriger vers le placard. J’en profitais pour jeter un coup d’œil rapide dans le salon. Oups. Elle m’a surpris. Je tirai la langue en souriant.
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() message posté Lun 10 Nov 2014 - 23:56 par Invité
london - march, 2nd 2011;; i love you. i love every part of you, every thought and word, the entire complex, fascinating bundle of all the things you are. i want you with ten different kinds of need at once. i love all the seasons of you. i love you for being the answer to every question my heart could ask;; you never understand life until it grows inside of you. ✻✻✻ Je passais mes journées à me sentir seule et mes nuits à le laisser me réconforter dans ses bras. Je passais des heures à l’attendre pour finalement n’avoir qu’une poignée de minutes en sa compagnie. Il tombait sans cesse de fatigue, après tout, exténué par la bataille constante qu’il menait contre les difficultés de notre quotidien imparfait. Je n’étais pas suffisamment cruelle pour lui en vouloir de m’oublier de temps à autre ; au contraire, je jugeais que le peu de temps qu’il m’accordait était déjà un cadeau du ciel. Je lui avais imposé ma grossesse. Je lui avais imposé notre enfant. Je lui avais imposé cette vie nouvelle et il l’avait accepté sans même sourciller. Sa simple présence à mes côtés auraient dû me suffire. Mais les sentiments que je nourrissais à son égard me perdaient dans des désirs puérils et vains ; j’espérais sans cesse qu’il rentre plus tôt, qu’il dîne simplement avec moi ou qu’il m’accompagne dans mes promenades vagabondes à travers Londres. Rien de cela n’arrivait réellement, puisqu’il s’épuisait à s’appliquer pour que l’on survive, tous les deux. Alors, je me contentais du peu d’attention que j’avais, embarrassée à chaque fois que je sentais son regard insistant sur mon corps rond et disproportionné par la grossesse.
Je m’apaisais à son contact, la nuit, en me rappelant qu’il n’était mien que par procuration, qu’il ne m’appartenait qu’avec son enfant que je portais. J’appréciais le calme de sa respiration lorsqu’il sombrait dans un sommeil débordant d’innocence et que je restai éveillée dans ses bras protecteurs. Je me perdais dans mes rêves et mes songes en l’observant, laissant les divagations de mon esprit m’envahir. Les semaines passaient, si doucement, que le temps semblait m’avoir oublié, moi. Les journées, je m’occupais en lisant et en regardant des séries télévisées, en me renseignant sur la vie de parents et en arpentant des sites internet spécialisés. Je passais énormément de temps à m’inquiéter, également ; un trop-plein d’émotions m’animait et me rendait à fleur de peau, abattue par des centaines et des milliers de facteurs différents. Gênée, je ne pus m’empêcher d’esquisser un mouvement de recul lorsque ses doigts vinrent tâter mon bedon de huit mois et demi de grossesse, mal à l’aise qu’il puisse se rendre compte de tout ce poids que j’avais pu prendre au cours des semaines passées. « J’ai toujours les mains froides. J’ai une mauvaise circulation dans les extrémités… » lança-t-il, la mine boudeuse. « Si je suis ta logique, je pourrais jamais te toucher… Je veux dire... Toucher le bébé… » Je sentis mes joues rosir légèrement, et j’haussai les épaules d’un air détaché, tentant en vain de conserver une expression neutre sur mon visage. Je me demandais s’il se rendait compte à quel point je pouvais être complexée par mon apparence. J’étais honteuse, en sa présence. Honteuse de le voir lui, séduisant et bourré de charmes, à mes côtés, le corps déformé par mes erreurs. Il n’y avait que dans le noir, le soir, où je me sentais plus sereine, cachée par l’illusion du faux. « Non, la nuit tes mains sont chaudes. » répondis-je dans un murmure. Je le sentis m’observer dans les yeux, et je soutins son regard avec beaucoup de difficultés, comme si le peu de courage qu’il me restait avait décidé de déserter mon corps. « J’espère qu’elle aura tes yeux… » me lança-t-il et je me mis à rire doucement, les joues littéralement en feu. Je n’étais pas d’accord avec lui. Au fond de moi, j’avais rêvé d’un petit Julian, tout en rires et en fossettes ; je m’étais imaginé avec un petit garçon au creux de mes bras, véritable portrait de ce meilleur ami que je n’aimais que trop. Cela ne serait pas ce qu’il se passerait, mais je continuais à imaginer une petite fille qui partageait chacun de ses traits. « Je ne suis pas du même avis. Mais on verra bien. » lui répondis-je. Il s’en alla vers le coin cuisine pour préparer ce qu’il avait pris le soin de me rapporter et je le suivis dans son sillage, avançant à mon rythme, perdue dans ce corps devenu trop lourd.
Durant de longues heures, plongée dans ma solitude, je m’étais demandé comment serait notre enfant sans réellement parvenir à l’associer à mon existence. Je m’étais imaginé une demoiselle avec son charisme et mon insolente. Une demoiselle avec son sourire et mon énergie. Je ne lui avais que très rarement prêté mes traits physiques, bien trop désireuse qu’elle soit le portrait de son père avec un teint légèrement plus halé que le sien, peut-être. J’esquissai un sourire pour moi-même en songeant aux images qui étaient venues me hanter au cours de la journée, avant de finalement me raccrocher à la réalité. « Je suis désolé de te délaisser. J’essaie d’avoir un semblant de vie sociale. Les autres me retiennent toujours après les cours… Le journalisme est une question de connexions. » Je l’observai dans les yeux, cherchant la faille dans ses déclarations. Je savais que cela était fondamentalement vrai mais je ne parvenais pas à me détacher de l’anxiété qui me rongeait. Je remuai légèrement sur ma chaise, mordant l’intérieur de ma joue à mesure que j’exprimai mes inquiétudes à voix haute. « Non ! Tu n’as pas à m’attendre, voyons. On est pas un… Couple. » protesta-t-il. « Je ne veux pas empiéter sur tes journées. Repose-toi et porte-toi bien. C’est tout ce que je demande. Je veux que tu sois heureuse ici. » Je sentis mon cœur battre de manière désordonnée, tandis que je l’observai boire un verre d’eau. Je me faisais du souci à propos de choses futiles, et cela ne m’étonnait qu’à moitié. Après tout, Julian l’avait lui-même dit ; nous n’étions pas un couple. Nous serions parents mais nous ne serions pas ensemble. Il ne me devait rien et cela allait de même de mon côté. Je jouais avec mes ongles, mes mains posées sur mon bedon. « Je suis heureuse, ici. » lui affirmai-je d’une petite voix, l’ébauche d’un sourire imprimé sur mes lèvres. Cela n’était pas un mensonge. Je savais que je n’aurais pas pu être mieux ailleurs qu’ici, en sa compagnie. Notre quotidien chargé d’imperfections m’aidait à me lever le matin et me poussait à continuer.
Alors, au lieu de continuer à m’en faire, je rangeai mes inquiétudes pour laisser place au bonheur frivole du repas qu’il m’avait ramené. Je n’avais même pas remarqué qu’il avait fait attention à ce que j’avais bien pu lui dire au cours de la semaine ; j’avais exprimé mes envies sans espérer qu’il y prête attention. Cela me touchait, quelque part. Cela me touchait parce qu’il me prouvait une nouvelle fois que j’avais raison de l’aimer de tout mon être, tout mon cœur et toute mon âme. Il sembla heureux de ma réaction, une flamme prenant possession de ses prunelles. « Je sais, je suis le meilleur. » déclara-t-il et je me mis à rire. Il sortit l’assiette du micro-onde pour la placer devant moi avec des couverts. J’observai le poulet au curry avec envie, prenant sur moi pour ne pas avaler le plat dans son intégralité en un temps record. « J’en ai pour 10 minutes sous la douche. Tu peux aller voir la poche de ma veste quand tu auras fini. J’ai acheté une surprise pour Deryn. » m’adressa-t-il en prenant le chemin de la chambre. « Je reviens vite ! » Il m’adressa un signe avant de disparaître. Seulement, alors, je m’autorisais à porter ma fourchette à la bouche, loin de sa vue et du jugement qu’il pourrait me porter au fond de son être. Le prénom Deryn vint flotter dans mon esprit à mesure que je mâchais ; Julian avait une facilité déconcertante à immiscer notre enfant dans notre quotidien, à parler d’elle comme si elle était déjà parmi nous. Quelque part, je l’enviai ; je me détestai d’être aussi perdue par la situation, d’être aussi dépassée par mon futur rôle de mère. Ce fût les sourcils froncés que je mangeais doucement, terminant mon assiette lorsque mon estomac fût rassasié. Je me levai pour laver rapidement mon assiette et mes couverts, ignorant les consignes de Julian qui m’avait formellement interdit de faire des efforts.
Ce fût seulement à ce moment-là que je m’autorisais à aller chercher dans sa veste ce dont il avait fait l’acquisition. Ma main se referma sur quelques pièces perdues au fond de sa poche et de la laine, et je pris dans ma paume les minuscules moufles violettes et vertes pour bébé qu’il avait dû acheter au cours de la journée. Mes yeux fixèrent les gants et je me retrouvai fascinée par la petite taille des morceaux de laine. Je sentis mes yeux s’humidifier, prenant conscience de la taille de notre fille lorsqu’elle verrait le monde ; elle serait sans doute l’être le plus fragile de cette Terre, l’être le plus délicate qui m’aura été donné de rencontrer. Je fermai doucement les paupières avant de les rouvrir, entendant du bruit venant de la chambre. Mes yeux se posèrent sur un Julian dénudé, avec une simple serviette accrochée à la taille ; il me tira la langue en se rendant compte que je l’observai et je lui tirai la langue en retour comme une enfant. Serrant les moufles dans mes mains, j’entrai doucement dans la chambre. « Tu te rends compte de la taille qu’auront ses mains ? » lui demandai-je alors. J’enfilai les moufles sur mes deux index pour ponctuer mes paroles. « Elle sera si petite. Je vais avoir peur de la briser. » Je les repris dans ma paume, serrant contre moi mon poing fermé comme s’il s’agissait du plus beau cadeau que l’on avait pu me faire. J’observai Julian, mes yeux se perdant quelques instants sur son corps avant que je ne remonte mon regard sur son visage. Il était beau. Si beau. J’étais la Lune en présence de son Soleil ; j’étais illuminée qu’en sa présence. « Deryn m’a chargé de te remercier pour le poulet au curry. Elle t’en est très reconnaissante. » J’avais hésité quelques instants avant de prononcer son prénom, tout du moins, ce prénom que Julian utilisait sans cesse pour la désigner. J’adressai un sourire timide à mon meilleur ami, prenant sur moi pour cesser d’observer son torse et cesser de l’aimer inconditionnellement, ne parvenant à faire ni l’un, ni l’autre. J’étais faible, après tout. J’étais d’une faiblesse rare.
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() message posté Mer 26 Nov 2014 - 23:37 par Invité
london - march, 2nd 2011; Darling, hold me in your arms the way you did last night and we'll lie inside for a little while, here. I could look into your eyes until the sun comes up and we're wrapped in light, in life, in love. Je quittais les cours afin d’embrasser une nouvelle identité. Sans que je ne le réalise, ou le veuille vraiment, j’étais déjà père. Je fermais les yeux et je pouvais apprécier toute la beauté de cette révélation. Ce sentiment était tel, qu’il se confondait avec les illusions de mon imaginaire. L’amour n’était qu’un prétexte pour user de tous les stratagèmes égoïstes possibles. C’était ce que je faisais chaque jour en gardant Eugenia captive de notre quotidien. Je ne l’avais pas sommé de rentrer chez elle. Pas une seule fois. Sa présence à mes côtés, aussi pesante et  imparfaite soit-elle, comblait tous les vides dans mon esprit. Je sentais mon corps dépérir – assailli par la fatigue ou étourdi par la faim, mais le bonheur triste et le sentiment d’appartenance à une famille rassasiait tous mes démons. Je regrettais parfois d’avoir abandonné Liverpool et mes plans de grandeur. Je songeais au gout du succès, et mes ambitions ravageuses ployaient agonisantes. Ma poitrine était lourde de sentiments composites. C’était un enfer intellectuel que je ne trouvais plus le temps de coucher sur papier. Je n’étais rien sans mes talents d’écriture. Il était peut-être temps pour moi de n’être qu’un homme parmi les autres. Jusqu’à la mort mon mal me guidera. La poésie avait été ma première parole, mon seul salut dans un univers de violences et de solitude. J’avais eu tous les ingrédients pour créer les textes lyriques d’un martyre, très tôt dans ma vie. Quel gâchis d’être ordinaire !

Je passais mes mains sur ses courbes rondes, et malgré ses réticences et ses complexes puérils – tous mes doutes se dissipaient. Jamais encore, Eugenia ne m’avait paru aussi belle qu’en portant mon enfant. Je voulais serrer sa prise et la prendre dans ses bras, mais elle se plaignait souvent. Je suppose que c’était fatiguant de vivre pour deux.

« Non, la nuit tes mains sont chaudes. » Murmura-t-elle avec douceur. Je percevais son malaise, même si ses changements de comportement me laissaient complètement perplexe. Je ne comprenais pas ; elle soufflait le chaud et le froid, elle me repoussait avant de me reprendre – et j’étais coincé au milieu de tout ça. Je n’étais qu’un pantin après tout. J’haussai les épaules avec désinvolture. Ce n’était qu’une enfant. Elle portait parfois Deryn comme un fardeau, mais ce qu’elle n’arrivait pas voir c’était nous ; deux âmes sœurs se chevauchant dans l’espace-temps. Deux cœurs maudits, condamnés à se retrouver dans une éternité d’injures et d’injustices. Je crispai mes doigts.

« Ne sois pas comme. » Soufflai-je. « Ce bébé … Deryn … C’est une partie de moi que je te donne. Laisse-moi me voir en toi. » Je souris d’un air contenu.« C’est beau. Il ne faut pas avoir peur.» Je marquai un silence en fixant son regard olive. Ma maturité me surprenait parfois. Je suppose qu’il fallait bien que l’un de nous deux se dresse contre les difficultés sans broncher. Mon combat était éternel. C’était terrible de confronter mes inquiétudes tout seul. Le faible éclairage de la cuisine m’arrachait péniblement de mes songes. Je souris.

« Je ne suis pas du même avis. Mais on verra bien. »

J’hochais simplement la tête. Mes gestes étaient emplis d’une profonde lassitude. Je n’avais pas la force de me lancer dans une tirade ou de débattre au sujet de mon adoration éternelle pour elle. Je soupirai en lui préparant à manger. Ginny était silencieuse, posé sur son tabouret les bras croisées sur le ventre. Son aura m’enveloppait d’une certaine quiétude. La vertu est la but ultime des esprits qui errent dans les ténèbres, et j’étais l’ombre esseulée qui traversait les décennies à la rencontre d’une paire identique. Ce n’était pas un amour ordinaire. C’était une promesse muette des dieux, une sorte de don céleste qui tantôt m’embrasait, tantôt me détruisait. J’étais confus.

« Je suis heureuse, ici. »  Murmura-t-elle et je souris comme un idiot. Je souris à m’en déboiter la mâchoire. Je me sentais toujours aussi ridicule dans ces moments. Eugenia me consacrait des éclats de rêve avant de briser toutes mes illusions.

« Je suis heureux, ici, avec toi.» Soufflai-je à mon tour. Je me mordis la lèvre inférieure en lui tendant l’assiette fumante.

Je fermais les yeux en entrant dans la cabine de douche minuscule. Il y' avait à peine assez d’espace pour bouger les bras et pivoter sous le jet d’eau. J’avais beau frotter, aucun savon ne semblait expier toutes mes erreurs. J’étais parfois distant. Je manquais aussi d’attention lorsque les journées de travail se faisaient longues, ou que le froid s’immisçait à travers mes vêtements usés. Je soupirai en m’abandonnant au flux de mes pensées.

La serviette autour de ma taille me serrait sur le côté, mais j’arrivais à bouger sans gêne. Je tirai la langue à Eugenia. Elle fit de même. Quelle gamine !Je la regardais débarquer dans la chambre, amusé.

« Tu te rends compte de la taille qu’auront ses mains ? Elle sera si petite. Je vais avoir peur de la briser.. » S’émerveilla-t-elle en glissant les moufles dans ses index. Je lui souris en tendant la main.

« Tu as vu ça ...» Murmurai-je d’une voix brisée. J’étais en transe, transporté par chacun de ses gestes enfantins. « Tu ne briseras rien du tout ...»

Son regard se perdait sur mon torse suintant avant de remonter vers mon visage. Mon cœur battait la chamade, malmené par des pensées indécentes et impures. Je déglutis avec douceur.

« Deryn m’a chargé de te remercier pour le poulet au curry. Elle t’en est très reconnaissante. »

« Eh ben tu diras à Mlle Deryn, que papa la trouve ingrate ...» Je ris à gorge déployée. « On ne remercie pas les gens avec des paroles chez les Fitzgerald. En général c’est des coups de poings, mais j’accepte les bisous.» Blaguai-je.

Je fis un pas vers elle afin de déposer mes lèvres sur son front brûlant. Je détournai son corps avant de me diriger vers le placard – à la recherche de vêtements. Le chauffage était trop faible, et j’étais frileux de naissance. J’enfilai rapidement un T-shirt. « Te retourne pas ! » Lançai-je de dos en faisant tomber ma serviette. Un courant d’air caressa mes fesses, tandis que j’enfilais un caleçon à la volée.

« Il fait trop froid dans ce pays ! » Râlai-je en ébouriffant mes cheveux. Je fendis l’air vers Eugenia. « Tu me montres avec le séchoir ? Comme ça tu t’entraines à coiffer Deryn. Elle aura mes cheveux c’est sûr ! » M’enquis-je en roulant des yeux d’un air suppliant. « S’il te plaiiiiiiit.»

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() message posté Dim 30 Nov 2014 - 19:36 par Invité
london - march, 2nd 2011;; i love you. i love every part of you, every thought and word, the entire complex, fascinating bundle of all the things you are. i want you with ten different kinds of need at once. i love all the seasons of you. i love you for being the answer to every question my heart could ask;; you never understand life until it grows inside of you. ✻✻✻ Je pleurais, ces derniers temps. Je pleurais, pleurais, pleurais encore et encore. Je pleurais sans réellement savoir pourquoi. Je pleurais juste. Je prenais soin de le faire lorsque Julian n’était pas là, ou bien la nuit, quand il était plongé dans un profond sommeil. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète de mes états d’âme. Je ne voulais pas qu’il se fasse du souci alors qu’il s’en faisait déjà bien assez pour tout le reste. J’avais conscience qu’il tenait notre survie entre ses mains et que nous parvenions à nous en sortir, pour le moment, uniquement grâce à lui. Il devait se sentir seul. Incroyablement seul. Je ne lui étais d’absolument aucune aide ; je ne pouvais pas l’aider, ni le conforter. Je n’avais aucune idée des limites qui m’étaient imposées. Alors, je pleurais en silence. Je pleurais seule.
En plus de cela, je savais parfaitement qu’il n’aimait pas les personnes qui avaient tendance à facilement verser une larme. Je ne voulais pas qu’il me considère comme une personne faible. Même si, au fond, je l’étais. Faible.
Mes larmes n’étaient pas bien importantes, après tout. J’étais simplement dépassée par les évènements, dépassée par la situation, rongée par l’anxiété et la peur de tout ce qui était en train de nous arriver. Huit mois et demi s’étaient passé et, pourtant, je n’avais pas réussi à m’y faire ; j’avais concentré tant d’énergie à me préoccuper de ce que pouvait bien penser Julian que j’avais oublié de me préparer convenablement à la maternité. La grossesse n’avait fait qu’amplifier toutes les émotions que j’avais bien pu ressentir et la panique se mêlait à l’amour presque désespéré que je ressentais pour lui. J’avais peur. J’avais si peur. Peur d’accoucher. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de le perdre. Peur qu’il s’éloigne. Peur que notre histoire ne rime à rien. Peur, peur, peur. Je pris une profonde inspiration, les joues rougissantes, perturbée par son contact. Perturbée par ses pensées. Je m’imaginais sans cesse des centaines de possibilités et chacune était entravée par la vision péjorative que j’avais de mon être. « Ne sois pas comme. Ce bébé… Deryn… C’est une partie de moi que je te donne. Laisse-moi me voir en toi. » me lança-t-il dans un souffle. « C’est beau. Il ne faut pas avoir peur. » Il me souriait et pourtant j’avais envie de pleurer. Pleurer, encore et encore. J’esquissai mes lèvres dans l’ombre d’une risette, incapable de dire quoi que ce soit. Ma gorge était nouée. Nouée par sa déclaration et nouée par les sentiments partagés que je ressentais. J’aurais aimé le croire. J’aurais aimé partager les mêmes convictions. J’aurais aimé voir mon bedon avec un regard presque adorateur ; cependant, cela n’était pas le cas, et je me perdais dans mes peurs. Avec anxiété, je me tordis les mains en le suivant dans la cuisine.
Je suivis chacun de ses gestes du regard, les mains sur mon ventre, sentant le bébé s’agiter à l’intérieur de mon corps. J’aurais aimé qu’il ait une existence parfaite et j’avais conscience que je lui offrais tout le contraire. Cela semblait égoïste mais, dans notre décadence, j’espérais qu’il soit mien jusqu’à la toute fin, et ce même par procuration ; je ne supportais pas l’idée qu’il puisse trouver son bonheur ailleurs, qu’il puisse construire sa vie sans moi. Mais au fond, qui étais-je ? Sa meilleure amie. Sa meilleure amie sur le point de donner naissance à son enfant bâtard. Sa meilleure amie qui l’avait coupé dans son élan, qui lui avait refusé ses succès. Je savais qu’il finirait par me tourner le dos. Je savais qu’il finirait par disparaître et filer entre mes doigts. J’étais la responsable de mon propre malheur. « Je suis heureux, ici, avec toi. » me lança-t-il, en faisant écho à mes paroles, et je sentis mon cœur se réchauffer. Julian était bon menteur mais ses paroles semblèrent sincères au creux de mes oreilles. Je lui adressai un sourire timide avant qu’il ne disparaisse dans la salle de bain, et je m’autorisais à diner, dans l’espoir vain d’enfin rassasier cet estomac sans fond.
Au cours des mois, nous avions accumulé des affaires pour notre enfant ; nous avions surveillés les promotions, achetés certains objets d’occasion, économisant le plus notre argent de sorte à ce que nous puissions nous en sortir. Nous avions fait l’acquisition du strict minimum et, à chaque fois, je m’étais émerveillée devant la taille des affaires pour bébé. Notre fille allait être si petite. Si fragile. Si délicate. Mon cœur se mit à battre rapidement lorsque je me dirigeai finalement vers Julian, les moufles pour nourrisson enfilés sur mes index. Il m’offrit un sourire. « Tu as vu ça...  Tu ne briseras rien du tout... » Sa voix n’était qu’un murmure et, de tout mon cœur, j’aurais aimé le croire. Je baissai simplement le regard pour me faire violence, perturbée par sa demi-nudité.   « Eh ben tu diras à Mlle Deryn, que papa la trouve ingrate... » me serina-t-il et je fronçai les sourcils. « On ne remercie pas les gens avec des paroles chez les Fitzgerald. En général c’est des coups de poings, mais j’accepte les bisous. » Je me mis à rire en secouant la tête. Quelque part, cela me faisait plaisir de l’entendre dire que Deryn était une Fitzgerald. Uniquement une Fitzgerald, et non pas une Lancaster. Il s’acceptait dans sa vie. Il l’acceptait bien plus que je ne parvenais à le faire moi-même. Ses lèvres vinrent doucement se poser sur mon front. Je donnai un petit coup dans son bras. Il se détourna pour s’avancer jusqu’à l’armoire afin de trouver des vêtements. « Elle me charge de te dire que tu peux toujours courir pour tes bisous. » lui répliquai-je. «  Je pense qu’elle tient son insolence de moi. » Mes dernières paroles avaient été ponctué par un ton de conspiration ; je ne pus m’empêcher de sourire de plus belle avant de détourner le regard lorsque Julian me fit comprendre qu’il avait l’intention de s’habiller.
Je l’avais déjà vu nu. Une seule fois. Et cette fois serait gravée dans notre vie jusqu’à la toute fin.
Je repensais à ses paroles, l’idée qu’il évoque les coups de poings en parlant de sa propre famille. Un frisson parcourut mon échine avant qu’il ne me ramène à la réalité en s’avançant vers moi, vêtu d’un simple caleçon. J’observai ses cheveux dégoulinant à mesure que son regard détaillait mon visage.   « Il fait trop froid dans ce pays ! » maugréa-t-il et je levai les yeux au ciel. Il était écossais. Il osait clamer haut et fort que Londres était où les températures étaient bien trop froides. Je secouai la tête, presque dépitée. « Tu me montres avec le séchoir ? Comme ça tu t’entraines à coiffer Deryn. Elle aura mes cheveux c’est sûr ! S’il te plaiiiiiiit. » Il me suppliait et je ne pus m’empêcher de rire, amusée par sa comédie, amusée par cette puérilité qu’il semblait de me prendre. Je croisai les bras sur mon ventre en l’observant, un air sévère peint sur le visage. Je me demandai souvent lequel de nous deux serait le parent faisant peur ; et, au fond de moi, une petite voix me répliquait à chaque fois que ce rôle serait probablement le mien. « Ca dépend, tu as été sage ? » lui demandai-je tout en me dirigeant vers notre salle de bain. J’ouvris un tiroir pour mettre la main sur le sèche-cheveux, avant de revenir dans la chambre. « Assis-toi sur le lit. Je suis trop petite pour te sécher les cheveux si tu restes debout. » Je m’accroupis, le dos droit, pour brancher le séchoir à la prise, avant de me diriger vers lui. Je ne pouvais pas faire énormément de choses pour Julian. Chaque jour, j’en prenais conscience d’une manière plus violente que la veille. Alors, j’exécutai. J’exécutai la moindre chose qu’il puisse réellement me demander, espérant en vain que cela soit suffisant. J’allumai le séchoir avant de diriger l’air chaud vers ses cheveux, les brossant avec soin à mesure qu’ils séchaient. J’étais silencieuse, concentrée, douce dans mes gestes ; je tentai de ne pas penser à mon dos qui me faisait mal ou à son torse nu à quelques centimètres de moi. Puis, finalement, j’éteignis le séchoir. Je réajustai deux ou trois mèches de sa chevelure, avant de lui adresser un immense sourire. « Et voilà. » lui lançai-je triomphalement.
Je repensai à ses paroles. Coups de poings. Je me mordis l’intérieur de la joue en posant le séchoir sur la commode, avant de me rapprocher de lui. Je m’assis sur le lit à ses côtés, plongeant mon regard dans le sien, demeurant silencieuse quelques instants pour remettre de l’ordre dans mes idées. « Est-ce que tu as peur, Julian ? Peur d’être père ? » lui demandai-je d’une petite voix, avant de me racler la gorge. Je devais être forte. Je devais cesser de paraître faible. « Tu n’as rien avoir à lui, tu sais. Tu n’as absolument rien avoir avec ton père. Il y a bien une certitude que j’aie, en ce moment, et c’est celle que tu seras un père parfait. » Je lui adressai un sourire timide avant que ma main n’attrape la sienne. Je savais ce qu’il avait enduré. Je savais ce qu’il avait connu. J’avais passé tant de temps à me préoccuper de mon rôle de mère que je n’avais jamais songé à ce, lui, pouvait craindre de son rôle de père.
Nous n’étions que des pantins à qui on avait pu couper les fils. Perdus.
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() message posté Dim 7 Déc 2014 - 2:53 par Invité
london - march, 2nd 2011; Darling, hold me in your arms the way you did last night and we'll lie inside for a little while, here. I could look into your eyes until the sun comes up and we're wrapped in light, in life, in love. J’imaginais son souffle s’estomper sur ma poitrine fiévreuse. Sa bouche sucrée se dessinait dans l’obscurité du jardin afin d’harponner la mienne, sèche et tremblante. J’avais les mains baladeuses d'ordinaire, mais il m’avait fallu beaucoup de courage et quelques gorgées de vodka afin d’oser tirer sur l’élastique de sa petite culotte. Je souris au souvenir de ses joues empourprées et de ses gémissements étouffés. Les éclats de la soirée du bal de promo ne me quittaient jamais, et même si notre fusion avait été fugace, je me raccrochais à l’espoir qu’un jour elle voit dans mes gestes, la preuve irréfutable de mon obsession pour elle. Peu importe le temps et l’espace, Eugenia était la concrétisation de mes rêves les plus fous. Je n’étais peut-être pas promis à un bel avenir, ma bourse était maigre et mon corps usé à force d’acharnement, mais j’étais heureux. J’avais enfin une famille à moi. C’était probablement égoïste de la retenir captive de mes illusions, mais Ginny faisait partie d’un grand schéma universel. On passait notre vie à se croiser, mais au final, il n’y avait pas plus bel accomplissement au monde que notre amitié.

Elle s’extasiait devant la taille des moufles mais à mes yeux, elle était la créature la plus délicate et la plus fragile de l’univers. Sa beauté me laissait sans voix. Je la fixais, le regard pétillant. Je me perdais souvent dans la contemplation de son visage. Ses petites manies et ses grimaces enfantines charmaient mon esprit engourdi. Ce n’était pas que sa personnalité, ni son sex-appeal, mais la façon qu’elle avait de me compléter. Ginny comblaient tous mes cheminements, même lorsque ces derniers étaient incertains. Elle semblait être la réponse à toutes les questions existentielles que je pouvais bien me poser. Je l'aimais parce qu'elle me permettait d'exister au milieu des ruines de mon enfance. Je tendis les bras vers son ventre, avant de me raviser. J’étais trempé, et elle avait sans doute froid. Je me postais en face de l’armoire en grimaçant. Mais je voulais la toucher moi … couina ma conscience capricieuse. J'haussais les épaules impuissant, avant de faire volte face.

« Elle me charge de te dire que tu peux toujours courir pour tes bisous.  Je pense qu’elle tient son insolence de moi. . » Me taquina-t-elle. J’arquai un sourcil d'un air outré. Mon caleçon me collait à la peau. J’avais encore passé la serviette trop furtivement sur mes cuisses. Je fis la moue, peu convaincu.

« Je vais la bouder alors. » Soufflai-je. « Si elle tient réellement de toi, elle viendra me courtiser bien assez tôt. » Je la narguais d’un air séducteur.« Tu ne peux pas me résister … » Je ris en la pointant du doigt. « Tu veux vraiment jouer à ce jeu ?»

J’écarquillai les yeux en m’approchant à pas de velours de la commode. Mes cheveux dégoulinaient le long de mes joues, mais je refusais de les sécher naturellement. Eugenia rit, amusé, par ma petite crise de drama-queen.  Sa bonne humeur était communicative. Je lui souris à mon tour.

« Ca dépend, tu as été sage ? Assis-toi sur le lit. Je suis trop petite pour te sécher les cheveux si tu restes debout. »

Je me précipitai vers le lit. Je croisais mes bras, attendant sagement qu’elle s’attèle à la tâche. Ses gestes étaient doux et délicats. Je la sentais à peine chatouiller mon cuir chevelu, alors je bougeais sciemment afin de prolonger le contact de ses doigts contre ma tête.

« Et voilà. » Lança-t-elle après quelques minutes. Je me redressai lentement. Je détestais qu’on me touche les cheveux, et pourtant les choses étaient tellement plus faciles avec elle. J’adorais me faire dorloter, ou me laisser bercer par ses attentions. Elle rangea le séchoir sur la commode, puis elle s’assit à mes côtés.

« Merci. Tu es la meilleure. »  Chuchotai-je en posant une main sur sa cuisse. « Ma main est pas froide, je vais pas l’enlever! »  Protestai-je avant qu’elle n’objecte.

« Est-ce que tu as peur, Julian ? Peur d’être père ? » Souffla-elle en s’approchant. Je la fixais surpris par sa question. Mon cœur rata un battement. Je fronçai légèrement les sourcils. « Tu n’as rien avoir à lui, tu sais. Tu n’as absolument rien avoir avec ton père. Il y a bien une certitude que j’aie, en ce moment, et c’est celle que tu seras un père parfait.»

Elle attrapa délicatement ma main. Je fermais les yeux, afin d’échapper aux visions d’horreurs qui me rattrapaient. J’avais connu les supplices du corps à un âge précoce, mais c’était l’humiliation perpétuelle, la sensation de rejet et le manque d’affection de mon père qui m’avaient brisé. Je me crispais sous sa prise. Ce n’était pas mon sujet préféré au monde, mais il était complètement légitime de répondre à ses interrogations étant donné la situation. Je lui faisais une confiance aveugle, mais il y’ avait quelques mots que je refusais de prononcer par dépit ; j’avais peur, j’avais mal, j’étais seul et abandonné.

« Je ne suis pas comme lui, Eugenia. » Commençai-je d’un ton sec avant de me détacher de sa prise. Elle me donnait l’impression d’avoir pitié de mon destin, et je n’aimais pas cette image peu glorifiante de moi. Je déglutis avant de me laisser tomber sur le matelas. « J’y pense parfois, je ne vais pas m’en cacher. Tu sais, il n’était pas violent au début. Je me souviens d’un homme souriant et jovial. Il ne vivait que pour elle, alors quand elle est morte, le monde s’est écroulé. Il n’a jamais fait le deuil de ses sentiments. A la place, il s’est noyé dans l’alcool et il m’a détesté de lui ressembler autant. Il me disait souvent que j’avais l’esprit vif, et le regard charmeur d’Aïda – même si physiquement j’avais les traits grossiers de son Ecosse chérie.  Aï … Ma mère, écrivait beaucoup. » Je marquai un temps d’arrêt. « Je crois que je pourrais perdre la tête moi aussi, si tu me laissais.» Pensai-je à haute voix. « Je sais que ce n’est pas comparable, mais tu fais partie de ma vie. Et Deryn aussi. J'ai peur de mal faire. Mais je veux être son père et ton compagnon de labeur. »

Je tapotai l'espace vide à côté de moi, l'invitant à me rejoindre.

« Viens -là... »

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() message posté Dim 14 Déc 2014 - 14:46 par Invité
london - march, 2nd 2011;; i love you. i love every part of you, every thought and word, the entire complex, fascinating bundle of all the things you are. i want you with ten different kinds of need at once. i love all the seasons of you. i love you for being the answer to every question my heart could ask;; you never understand life until it grows inside of you. ✻✻✻ Il s’occupait de moi sans rien demander en retour. Il m’offrait tout ce qu’il avait tandis que je n’avais rien à lui rendre. Cette relation à sens unique me gênait bien plus que nécessaire, et je me surprenais à me demander combien de temps cela pourrait durer avant que Julian ne finisse par me tourner le dos, fatigué et lassé de tous ces efforts. Alors, je profitais. Je profitais de ses sourires et de ses attentions, persuadée que tous ces cadeaux qu’il m’offrait n’étaient qu’éphémères, des éclats lumineux dans les ténèbres de mon existence, m’aveuglant dans une accueillante et douce harmonie. Il ne m’appartenait que pour un temps, un morceau de mon existence ; je ne serais que la mère de son enfant d’ici quelques années, cette femme qu’il continuerait de voir de temps à autre en se construisant une vie en parallèle. Il aurait une femme et d’autres bébés. Une femme qui mériterait ses gestes affectifs et ses bras protecteurs. Je ne doutais pas de ce rôle de père qu’il remplirait à merveilles pour Deryn. Je ne doutais pas de cette loyauté qu’il avait envers moi et qu’il m’avait prouvé au cours des mois. Je doutais de ma personne, de cette femme incertaine que j’étais en train de devenir ; je n’étais pas sûre de me supporter moi-même. Comment quelqu’un d’autre pourrait le faire ? Je me noyais dans mon existence, je sombrais dans l’océan de mon être, j’étais une épave parmi les pensées qui grouillaient mon esprit. Julian était à mes côtés pour l’instant, mais cela ne voulait pas dire qu’il me choisissait, moi ; après tout, je ne me choisissais même pas moi-même.
Je l’observai avec un sourire amusé, tentant de maintenir mon regard sur son visage ; en quelques battements de cils, mes yeux s’attardèrent malgré tout sur son torse dénué, et je sentis mes joues se colorer par la gêne. Je ne savais pas résister. Je ne savais plus. J’avais eu du mal à réfréner les désirs de mon corps durant ces derniers mois. J’avais eu des envies de l’embrasser si violentes que masquer mon combat intérieur s’était révélé de plus en plus difficile, de plus en plus impossible. Julian m’attirait. Il m’avait toujours attiré, mais mes veines enflammées n’avaient pas su trouver de limites raisonnables lors de mes pénibles semaines de grossesse. Je l’observais régulièrement avec insistance. Je me mordais l’intérieur de la joue au sang, si fort que ma plaie n’avait pas encore tout à fait cicatrisé. Je me trouvais affligeante. Je m’embarassais doute seule avec les sursauts passionnés de mon cœur. « Je vais la bouder alors. Si elle tient réellement de toi, elle viendra me courtiser bien assez tôt. Tu ne peux pas me résister… » Il eut un rire, et j’esquissai un sourire. Parfois, j’avais l’impression qu’il comprenait. Qu’il savait. Mais qu’il était suffisamment compréhensif et bienveillant avec moi pour prétendre le contraire et ne pas me blesser dans mes sentiments. Il me pointa du doigt, taquin. « Tu veux vraiment jouer à ce jeu ? » J’eus un doux rire, avant de secouer la tête pour lui donner raison. J’étais suffisamment bornée pour lui tenir tête ; cependant, je savais que, dans tous les cas, il prendrait quand même le dessus.
Il s’était révélé bien plus persévérant et obstiné que moi, ces derniers temps.
Il avait suffi d’une simple demande de sa part pour que j’accepte de m’occuper de lui avec douceur, saisissant l’occasion de prendre soin de son être. Mes gestes étaient appliqués tandis que je lui séchais les cheveux avec soin ; ces instants de calme me donnaient l’impression que l’on habitait dans la même bulle, dans le même univers, loin des autres et loin de tout. Il n’y avait que lui et moi. Il n’y avait que nous au beau milieu d’une vie où les évènements se succédaient. « Merci. Tu es la meilleure. » me remercia-t-il une fois que j’eusse terminé et rangé le sèche-cheveux. Lorsque je m’assis à ses côtés, sa main vint trouver ma cuisse presque instantanément. Je levai un regard vers lui, un sourire froncé. « Ma main est pas froide, je vais pas l’enlever ! » Il avait sans doute entendu mes commentaires venir ; je n’esquissai qu’un sourire en me mordant la lèvre inférieur. Ne comprenait-il pas que ce simple contact agitait mon cœur ? Parfois j’avais l’impression qu’il savait, qu’il comprenait ce que je ressentais. Parfois j’avais l’impression qu’il ne mesurait pas la portée de mes sentiments. Il me perdait aussi facilement que je me perdais moi-même. « Je n’allais pas te demander de le faire. » mentis-je, taquine. Je tentai d’ignorer les frissons qui remontaient le long de ma jambe. Je savais que cela n’était pas parce que j’avais froid.
Loin de là. Malheureusement, presque, puisque cela m’aurait évité l’embarras d’être attirée physiquement par mon meilleur ami en plus de l’aimer de tout mon être.
Je finis par reprendre la parole, choisissant mes mots avec précaution à mesure que j’exprimais à voix haute les questions qui tournaient dans mon esprit. J’avais assisté durant des années au quotidien cruel de Julian. J’avais vu de mes propres yeux l’étendue des dommages que son père pouvait avoir sur sa peau, sur son être. Je n’avais jamais osé lui poser ces questions si personnelles et si intimes. J’avais eu peur. Peur qu’il interprète cela comme si je ne lui faisais pas confiance. Peur de lui faire de la peine, également, dans des centaines de manières différentes. Pourtant, je n’avais cessé de me demander ce qu’il pouvait ressentir vis-à-vis de la paternité qu’il allait bientôt connaître. « Je ne suis pas comme lui, Eugenia. » finit-il par me répondre en invitant mes doigts à le lâcher. Je lui lançai un regard inquiet, persuadé d’avoir franchi une frontière invisible. Je ne savais pas comment lui faire comprendre que je le savais. Que je savais qu’il était à des années d’être comme lui. Au lieu de quoi, je me tus. Le silence était sans doute plus facile. Il s’allongea sur le matelas, tandis que je restai assise à ses côtés. « J’y pense parfois, je ne vais pas m’en cacher. Tu sais, il n’était pas violent au début. Je me souviens d’un homme souriant et jovial. Il ne vivait que pour elle, alors quand elle est morte, le monde s’est écroulé. Il n’a jamais fait le deuil de ses sentiments. A la place, il s’est noyé dans l’alcool et il m’a détesté de lui ressembler autant. Il me disait souvent que j’avais l’esprit vif, et le regard charmeur d’Aïda – même si physiquement j’avais les traits grossiers de son Ecosse chérie. Aï… Ma mère, écrivait beaucoup. » Je ne dis rien, tournant la tête vers lui pour l’observer tandis qu’il se confiait sur son père. J’avais toujours su que cela était un sujet qu’il préférait ne pas aborder. J’avais toujours gardé une certaine distance avec cette vie qu’il connaissait, endurant en silence ses supplices qui m’atteignaient moi aussi. J’avais tenté d’évoquer son père à plusieurs reprises sans parvenir à en tirer quoi que ce soit. Je l’avais croisé quelques fois pour trouver un homme différent de ce que je m’étais peint dans mon esprit. Et, au fond de moi, je m’étais juré de faire quelque chose. N’importe quoi. Je m’étais juré de le faire mais je n’avais jamais trouvé de solution miracle pour l’aider. J’étais coupable, à ma manière. J’avais su ce qu’il se passait sans jamais rien faire. « Je crois que je pourrais perdre la tête moi aussi, si tu me laissais. Je sais que ce n’est pas comparable, mais tu fais partie de ma vie. Et Deryn aussi. J'ai peur de mal faire. Mais je veux être son père et ton compagnon de labeur. » finit-il par ajouter et je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine. « Viens-là... » Il me désigna l’espace vide à ses côtés, et je ne me fis pas attendre. Je m’allongeai aussi vite que mon corps me l’autorisa, et je posai doucement ma tête sur son épaule.
Je me blottis contre lui, savourant la chaleur de son corps, la douceur de sa peau. Je fermai les paupières en songeant à chacun des mots qu’il avait pu me dire et j’esquissai un sourire malgré toute la peine qui m’envahissait. « Je sais que tu n’es pas comme lui. » murmurai-je doucement contre son épaule. J’embrassai doucement sa peau avant de me rappeler que je n’avais aucun droit sur lui. Je poussai un soupir. « Et jamais je ne te laisserais, d’accord ? Désolée de te le dire, mais tu es bien parti pour que je te traine dans les pattes jusqu’à la fin de tes jours. Et je suis persuadée que Deryn approuve. » J’eus un petit rire avant d’attraper son autre bras, avant de placer ses doigts sur mon ventre. Je posai ma main au-dessus de la sienne, tandis que mon cœur battait trop vite et trop fort. Je ressentais toujours cette honte. Cependant, je faisais de mon mieux pour la balayer et lui offrir une chose qu’il désirait chaque soir, chaque matin, chaque instant où il pouvait me voir. J’esquissai un sourire. « On forme une bonne équipe, je trouve. Toi et moi contre le monde. » J’eus un petit rire avant de fermer les paupières, écoutant le rythme de son cœur, faisant le vide dans mon esprit. Le calme de notre appartement me donna presque l’impression que tout finirait par bien aller. Je me perdis dans mes pensées, agitées par les coups successifs de Deryn.
Puis mon cœur s’arrêta lorsque je sentis un liquide s’écouler le long de mes jambes. Je rouvris les yeux avant de me redresser pour observer mon leggings gris où des tâches humides s’étendaient. « Julian ? » demandai-je en me tournant vers lui. « Julian, je… Je crois que ça y est. » Toutes les couleurs de mon visage avait disparu, pour ne laisser qu’une expression de profonde détresse. La fuite était abondante. Incontrôlable. Et j’avais suffisamment écumer internet pour comprendre qu’il s’agissait d’une perte des eaux.
Et je n’étais pas prête. Pas encore.
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() message posté Lun 15 Déc 2014 - 18:49 par Invité
london - march, 2nd 2011; Darling, hold me in your arms the way you did last night and we'll lie inside for a little while, here. I could look into your eyes until the sun comes up and we're wrapped in light, in life, in love. Je n’agissais pas par altruisme. Mon amour n’était pas pur et délicat. Chacun de mes gestes était complètement intéressé, c’était un espoir  éternel qui germait au fond de mon cœur. Peut-être que si j’étais assez gentil, assez attentionné, un tantinet charmeur, un poil amusant, elle pourrait enfin me voir tel que j’étais  réellement ; Un compagnon de vie. Mon regard se baladait sur son visage innocent, et sans que je ne puisse contrôler mes pulsions, je me mordis la lèvre inférieure en remarquant la beauté de ses traits. Eugenia me subjuguait de manière étrange et utopique. J’avais constamment l’impression d’être non, le pantin du destin, mais le sien. Je lui appartenais entièrement, avec mes sautes d’humeurs et mon impulsivité déroutante. Notre quotidien n’était sans doute pas parfait, mais je me réjouissais égoïstement de l’avoir capturé. Elle était à moi, de gré ou de force. Cet enfant qui grandissait en elle, n’était pas un lien superficiel entre deux adultes consentants, mais l’union romantique entre deux âmes dans le déni. Je l’aimais, aussi profondément, et merveilleusement, qu’un Homme puisse aimer. Je la choyais, je la respectais, et je mourrais miséricordieusement dans les méandres d’une vie qui n’était pas la mienne. Sans doute, gardait-elle au fond d’elle cet espoir qui anime toutes ces jeunes filles candides et délicieuses, celui de rencontrer un chevalier noble et impudent. Je n’étais ni noble, ni insolent – enfin parfois quand même, mais je ne répondais à aucun critère du Moyen Âge. Mes pensées cheminaient vers la tête avec abondance, troublant ma raison et brouillant ma vision. Est-ce trop demander de recevoir en retour une étreinte charnelle et quelques baisers dérobés ? Maintenant que je connaissais le gout de la fantaisie, il m’était impossible de vivre sans être tenté par l’impensable. Chaque fois qu’elle me souriait, je croyais voir une invitation coquine. Je déglutis en la laissant me coiffer. Mes cheveux s’ondulaient joyeusement autour de ses doigts. Je me plaisais à penser que chaque partie de mon corps, même celles démunies conscience, s’évertuaient à la retenir d’une certaine manière. Je m’assis à ses côtés en déposant ma main sur sa cuisse. Elle tiqua prête à me gronder, mais je la précédais avec un contre-argument irréfutable.

« Je n’allais pas te demander de le faire. » Me taquina-t-elle. Je ris, amusé par son rependant.

« Mais bien sûr. » Commençai-je. « Tu ne me demandes jamais ce genre de choses. Tu adores que je te touche ! » Ironisai-je en me rétractant.  

Je me laissais tomber sur le matelas d’un geste las. Je repensais alors à mon père et à nos longs périples à travers l’Europe. Je ne l’avais blâmé que quelques fois, avant d’être rattrapé par la maturité. Je pensais sincèrement que chacune de ses divagations était incitée par un désir profond, et un romantisme malsain. C’était bien connu – l’amour était le plus grand mal de l’humanité. J’étais le fruit de ce mal et de la douleur cuisante que sa disparition avait causée. Je n’aimais pas parler de mon passé. C’était dévoiler mes faiblesses et mes complexes inavoués, mais Ginny avait toujours eu le don d’adoucir mes humeurs.

« Je sais que tu n’es pas comme lui. » Chuchota-t-elle mielleusement en embrassant ma peau encore brûlante. Je me redressai doucement afin d’encadrer son visage. Je fermais les yeux, et je ressentais parfaitement le contact de ses lèvres douces sur les miennes, mais ce n’était qu’un songe, un lointain souvenir qui se dissipait à la minute même ou j’ouvrirais les yeux.« Et jamais je ne te laisserais, d’accord ? Désolée de te le dire, mais tu es bien parti pour que je te traine dans les pattes jusqu’à la fin de tes jours. Et je suis persuadée que Deryn approuve.   » Elle m’attrapa le bras afin de déposer ma main sur son ventre rebondi. Je sentais les battements affolés de son cœur agiter sa respiration. Deryn bougeait lentement, saluant cette caresse fortuite. Je lui souris comme un idiot .« On forme une bonne équipe, je trouve. Toi et moi contre le monde.   »

Je la regardai ému. Mes yeux pétillaient en rencontrant les siens. Je sentis ma bouche trembler, à nouveau troublée par l’ardeur de ma passion.

« Non. On forme une famille. Toi et moi. »  La corrigeai-je avec douceur. « Deryn pourra partir quand elle aura 18 ans, mais toi tu restes. »  Je souris à moitié, n’étirant qu’une partie de ma joue droite. Je me penchai lentement, prêt à braver toutes mes inhibitions intérieures lorsque sa voix s’affola.

« Julian ? Julian, je… Je crois que ça y est.   »

« Quoi ? Maintenant  ? » M’enquis-je en me redressant brusquement. Je voyais les liquides se déverser sur les draps blancs. Je me levai afin de prendre des affaires dans le placard. J’avais visualisé la scène un million de fois, mais je n’étais décidément pas prêt à gérer tout ce stress. C’était trop tôt ! Il était trop tôt ! Deryn arrivait des semaines à l’avance. Je m’agitais dans la pièce comme une furie, avant de m’arrêter, le souffle court. Je me tournai vers Eugenia afin de l’aider à s’assoir.

« Ne t’inquiète pas. J’ai l’air un peu perdu, mais je suis là. Tout ira bien … » Je ris nerveusement. « Tu as mal quelque part ? Tu as mal ? » Je marquai un temps d’arrêt. « Biensur que tu as mal ! »

Je mis mes chaussures  à la volée avant d’attraper le téléphone, prêt à appeler un taxi avant de réaliser que nous n’avions pas le temps d’attendre. Je cognai contre le mur avant d’aller toquer à la porte de la voisine de palier. Après quelques minutes d’argumentation, et la promesse de parrainer son demeuré de fils gratuitement jusqu’à une durée indéterminée, elle consentie enfin à me prêter les clés de sa jeep délabrée.

« On y vas. »

Je pris Eugenia dans mes bras avant de dévaler les marches. Je la posai sur le siège avant de réaliser que j’avais oublié le sac avec les affaires du bébé.

« Je reviens, ne bouge pas ! » Promis-je en embrassant son front. J'en profitai pour envoyer un message à Robin afin de le prévenir de notre arrivée imminente. Je revins vers la voiture.

« J’ai pris le nécessaire pour la toilette de Deryn et si tu as besoin d’affaires, je reviendrais plus tard. » Je souris. « Ne t’inquiète pas. » Répétai-je en frôlant sa main, avant de démarrer en trombe. Il se faisait tard et pourtant les rues sombres de Londres étaient bondées. La ville ne prenait vie qu'une fois la nuit tombée, comme si tous ses habitants n’étaient que des putains de zombies. Je rageais intérieurement en grillant les feux rouges, jusqu’au parking de l’hôpital universitaire.

Robin était sur place, comme je lui avais demandé. Il s’occupa de la paperasse et de l’admission d’Eugenia sous mon regard médusé. Je la suivais d’un pas chancelant, avant de me faire engloutir dans une salle d’attente bondée. Le médecin en charge me proposa de la rejoindre, l’accouchement pouvait durer encore des heures avec des contractions espacées et irrégulières. Je mis une blouse jaune hideuse et une calotte qui m’écrasait le front. Je pris la main d’Eugenia d’un air religieux, avant d’éclater de rire.

« J’ai l’air de rien. Je ne pense pas faire bonne impression avec la petite Deryn. J’espère qu’elle ouvrira pas les yeux tout de suite. » Blaguai-je maladroitement afin de détendre l’atmosphère. Mon cœur battait la chamade, à mille lieux de cet hôpital et de cette ville. Je rejoignais les rivages de sable et de sel, afin de retrouver le sourire lumineux d’une jeune fille que j’avais aimé dès le premier coup d’œil. Je serrais ma prise sur ses doigts.


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