Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).« Et voilà… Tu es enfin prêt pour ton premier jour d’école. Tu n’as pas trop peur ? » Du haut de mes trois ans, emmitouflé sous mon manteau dont elle vient de refermer soigneusement la tirette, je croise son regard alors qu’elle s’est mise à ma hauteur, comme à chaque fois qu’elle veux me parler. Elle m’adresse un sourire, elle a l’air confiante, et dès lors, je sais que tout va bien aller. Aussi, je fais non de la tête en gardant le silence, prends la main qu’elle me tends et c’est ensemble que nous sortons de la maison quelques instants plus tard. Ca fait quelques semaines à présent que j’entends parler de l’école. Quelque part, j’ai hâte d’y être, mais c’est vrai que d’un autre, j’appréhende un peu : je ne me suis jamais vraiment retrouvé seul avec d’autres enfants de mon âge. Et même si maman est persuadée que je vais me faire un tas de supers copains, j’ai un peu peur de ne pas m’adapter. De ne pas m’intégrer. Aussi, moi qui suis en général un éternel bavard, je reste silencieux pendant tout le chemin qui me sépare de l’établissement scolaire. Quand vient le moment de sortir de la voiture, je regarde un instant les enfants jouer dans la cour de récréations. Il y en a beaucoup. Et l’école me semble bien grande. Pour le coup, je ne suis plus très sûr de vouloir y aller. Mais maman est là, et c’est dans ses bras que je franchi la barrière puis la porte d’entrée et le long couloir jusqu’à ma nouvelle classe. Curieux, je regarde un peu partout autour de moi alors que maman semble avoir fait ce chemin des dizaines et des dizaines de fois : elle sait parfaitement où elle va et fini par s’arrêter devant une porte à moitié ouverte donnant sur une salle de classe où se trouvent déjà une petite dizaine d’enfants de mon âge. Certains jouent déjà entre eux, d’autres semblent plongés dans des livres d’images. Une petite fille pleure dans les bras de son papa et sa mère tente de la consoler… Mais bientôt, celle qui deviendra mon institutrice parvient à lui faire sécher ses larmes en lui proposant une poupée qui suscite son intérêt suffisamment pour qu’elle accepte de quitter les bras de son père pour aller avec elle et laisser ses parents s’en aller. Alors c’est comme ça que ça se passe ? Maman ne viendra pas avec moi ? Machinalement, je viens poser ma joue tout contre son épaule et entoure sa nuque de mes deux mains… Je la vois déjà venir, l’institutrice, alors qu’elle se rapproche de nous. Elle va me faire le même coup qu’à la petite fille de tout à l’heure, mais moi, je veux pas me faire avoir… J’ai pas envie de rester ici et laisser maman s’en aller. D’aussi loin que je me souvienne, c’est elle qui a toujours pris soin de moi, pas une autre… Alors pourquoi aujourd’hui ce serait quelqu’un d’autre ? Maman semble ressentir mon inquiétude et m’assure que tout va bien se passer. Avec son ton qui se veut rassurant, ma nouvelle institutrice tente de me raisonner et discute un peu avec ma maman. Quelques instants plus tard, j’ai réussi à me décrocher d’elle pour aller dans les bras de Julia. C’est comme ça qu’elle m’a dit qu’elle s’appelait. Maman, pour sa part, me promets de venir me chercher juste après l’école et qu’on ira déguster une glace tous les deux. J’avoue que ça me tente bien. Il est l’heure pour elle de partir, la classe va bientôt commencer. Julia me pose par terre et après un dernier câlin à maman, je pars à l’aventure, plus particulièrement à la découverte de mes futurs camarades de classe. Et c’est là que je la découvre. Elle, c’est la petite fille de tout à l’heure, celle qui avait bien du mal à quitter ses parents. Toute seule dans un coin, dans les coussins du côté où sont rangés tous les livres, quelques larmes perlent encore sur ses joues. Contrairement à moi, elle semble avoir plus de mal à se remettre de la séparation. Aussi, je décide d’aller près d’elle, après tout, elle est toute seule tout comme moi, et à deux, on se sentira sans doute un peu mieux. Au hasard, je prends deux livres, un pour elle, un pour moi et m’installe à ses côtés pour lui en donner un des deux. Son pouce en bouche, elle jette un œil sur celui que j’ai gardé et fais l’échange, préférant apparemment le mien. Je suis d’accord avec elle, le mien était mieux. Je fini donc par laisser de côté celui qu’il me reste et me penche un peu pour regarder avec elle les images. Ma première journée d’école, c’est en partie avec elle que je la passerais. J’ai eu l’occasion de me faire rapidement quelques amis par la suite, pareil de son côté, mais on se retrouve assez souvent dans le même groupe de camarades lors de nos jeux. Et avec les années qui passent, notre lien se renforce au point où elle devient ma meilleure amie. Celle qui sait tout de moi, et c’est réciproque de mon côté. Je n’ai pas mis longtemps à apprendre qu’elle avait un frère jumeau et le rôle de mon meilleur ami, c’est lui qui l’occupera. Autant dire qu’à nous trois, on formera très vite un très bon trio totalement inséparable.
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« Maman ? Comment il était mon papa ? » Bien que je devrais dormir et que maman vient juste de me faire mon câlin du soir, c’est le moment que j’ai choisi pour l’interroger. Prise au dépourvu, elle semble hésiter un instant avant de reporter son attention sur moi.
« Il est tard, on en parlera demain… » Mais je suis têtu, et c’est maintenant que j’ai envie de savoir. Mon papa, je ne l’ai jamais vu, mais je l’ai souvent imaginé, ou rêvé de lui, le voyant un jour policier, le lendemain, il changeait de vocation pour devenir pilote d’avions, ou bien encore pompier. Je ne sais quasiment rien de lui, seulement qu’il a quitté ce monde et qu’il ne reviendra jamais. J’ai vraiment envie d’en apprendre plus à son sujet et c’est pourquoi je me permets d’insister.
« S’il te plait… Je veux savoir maintenant. » Ca me tient vraiment à cœur. Et quoi de plus normal pour un enfant de six ans d’avoir envie de connaître les moindres détails sur son papa. Avec un petit sourire pour me démontrer que j’ai gagné, elle ne tarde pas à reprendre la parole.
« Très bien, attends, je reviens tout de suite. » Maman s’éclipse alors quelques instants pour revenir dans ma chambre avec à la main un album photos et se réinstalle ensuite auprès de moi. Je me redresse alors en posant mon oreiller contre mon dos et plonge le regard sur les diverses images qui se présentent devant moi alors que maman commence son récit. Elle me raconte comment ils se sont rencontrés, et les diverses anecdotes autour des quelques photos qu’ils ont prises. Des anecdotes qui m’amusent par moment et me donnent le sourire. On discute longuement alors que j’apprends à connaître ses petites manies, ce qu’il aimait, ce qu’il détestait… Et au fur et à mesure de la conversation, je me recouche un peu en venant me blottir tout contre maman. J’ai bien malgré moi essayé de lutter pour ne pas m’endormir, mais le sommeil a fini par avoir raison de moi et je n’ai pas pu résister bien longtemps. Le lendemain, à mon réveil, je trouvais posée sur ma table de nuit une photo de papa avec maman, posée juste devant ma lampe de chevet. Maman avait pris soin de l’encadrer et depuis, elle est restée à cette même place. Depuis ce soir là où elle m’a fait toutes ces confidences à propos de lui, je ne parle plus vraiment de mon papa, mes questions ayant obtenues toutes leurs réponses. Bien sûr, il continue de me manquer et je regrette de ne pas avoir eu la chance de l’avoir connu, mais grâce à cette photo, j’ai l’impression qu’il est encore un peu auprès de nous. Et de son côté, maman s’en sort très bien toute seule pour m’apporter tout le bonheur dont j’ai besoin. A nous deux, je dois dire qu’on forme une bonne équipe. Et j’aime le fait de pouvoir être aussi proche d’elle.
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« Elle t’as plu ta journée d’anniversaire ? » Un cap vient de passer dans ma vie. Ca y est, j’ai dix ans… Et ça faisait un moment que j’avais hâte d’atteindre cet âge. Si ma journée m’a plu ? Bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement ? Je ne manque pas de le confirmer à maman en lui adressant un large sourire ravi de la journée que j’ai passé. J’ai eu droit à tout ce que j’aimais : un film au cinéma avec elle et ensuite, un restaurant avec les gens qui nous sont proches, le traditionnel don de cadeaux et un délicieux gâteau. Difficile de faire mieux.
« C’était génial. Merci maman. »Nous venons tous deux de rentrer à la maison, et bien qu’il est tard, aujourd’hui, c’est samedi, dès lors, je ne suis pas pressé d’aller au lit. A la maison, tout est déjà décoré pour demain. Eh oui, demain je fête à nouveau mon anniversaire avec tous mes amis d’école. Et j’ai hâte d’être demain. A coup sûr, ça va être un autre agréable moment. Comme d’habitude à chaque fois que je rentre, j’enlève ma veste et mes chaussures pour m’installer dans le canapé. J’ai bien envie de regarder un dvd que je viens tout juste de recevoir mais maman me rappelle à l’ordre : il est trop tard pour regarder un dvd, d’autant plus que demain, je dois être en pleine forme pour accueillir mes amis. Comme si dix ans était l’âge de raison, je ne discute pas et range mon dvd dans l’étagère pour plus tard. Maman vient ensuite me rejoindre dans le canapé avec un dernier petit cadeau.
« J’ai pensé que tu aimerais l’avoir. J’ai attendu que tu sois suffisamment grand pour te l’offrir… » Tenant le petit paquet soigneusement emballé qu’elle vient tout juste de me donner, je lève les yeux vers elle et l’interroge.
« Qu’est-ce que c’est ? » Son regard croise le mien alors qu’elle m’adresse un sourire.
« Ouvre-le, tu verras…» Je m’empresse alors de déballer son cadeau pour trouver une petite boîte que j’ouvre et trouve à l’intérieur une chaîne en argent avec un pendantif, un pendantif que je pourrais reconnaître entre mille.
« C’est ce que papa portait toujours sur les photos que tu m’as montrées. » Elle hoche la tête positivement et me prends doucement la boîte des mains.
« Je suis sûre qu’il aimerait que ce soit toi qui l’ai à présent. » En disant cela, elle me passe doucement la chaîne autour du cou et la referme en m’accordant une dernière remarque.
« Tu lui ressembles énormément… Plus tu grandis, et plus j’ai l’impression de le revoir à travers toi. » Une remarque qui a le don de me faire sourire. J’aime bien l’idée de ressembler à mon père. Cette journée est décidément l’une des meilleures de mon existence. Son cadeau me fait extrêmement plaisir, et je ne manque pas de lui offrir un câlin pour la remercier.
« J’y ferais attention, je te le promets » Et mes promesses, je les tiens toujours. Depuis le jour où je l’ai reçu, je le porte toujours, c’est le seul objet que je possède ayant appartenu à mon père et j’y tiens particulièrement.
Quelques mois ont passés depuis mon anniversaire, et, alors qu’on s’apprête à déjeuner et qu’elle me sert mes crêpes sucrées juste comme j'aime, maman me dit qu’elle doit me parler. Immanquablement, je m’inquiète un peu, j’appréhende qu’elle m’annonce un truc grave… Il faut dire que ce n’est jamais très rassurant de s’entendre dire « Faut qu’on parle… » Il ne lui en fallait pas moins pour capter toute mon attention, alors que dans ma tête, plusieurs scénarios se mettent en place : elle a rencontré quelqu’un et veux me le présenter… Elle est enceinte… Quoique si elle l’est, elle le cache bien. Machinalement, mes yeux se sont portés sur son ventre et j’en suis venu à cette conclusion : si c’est vraiment ça, ça ne se voit pas. Elle a de toute évidence apperçu mon manège car elle fait non de la tête…
« Ca non… Oublie.» D’un côté, avoir un petit frère ou une petite sœur ne m’aurait pas dérangé. C’est vrai que ça fait dix ans maintenant que je suis fils unique, et parfois, j’ai envie que ça change. Mais maman ne semble pas vouloir se remettre en couple tout de suite. Sans perdre de temps, elle s’installe face à moi et m’explique alors une partie de mon passé que je ne connaissais pas encore : le fait que pendant un an, juste après ma naissance, ce soit ma grand-mère et ma tante qui se sont occupées de moi car, ayant sombré dans l’alcool suite à une dépression après m’avoir mis au monde, elle était dans l’impossibilité de jouer son rôle de maman comme il faut. De l’apprendre, ça me fait bizarre, mais elle m’assure que l’élément déclencheur, ça n’a pas été ma naissance, mais bel et bien le décès de papa. Ce que j’aime avec maman, c’est qu’on ne se cache rien ni l’un ni l’autre. Elle devait sans doute attendre de me trouver suffisamment grand pour entendre cette vérité. Une vérité pas évidente à entendre, mais je ne lui en veux pas, au contraire, je suis plutôt rassuré qu’elle m’ai fait part de cette partie de mon passé. Je préférais en effet l’apprendre par elle que par quelqu’un d’autre. Suite à cette annonce, on a discuté un peu tout les deux avant qu’il soit temps pour moi de reprendre le chemin de l’école. Comme toujours, c’est elle qui m’y a emmené avant de partir pour son travail. Et avant de sortir de la voiture, je n’ai pas manqué de lui avouer que j’étais fier d’elle qu’elle se soit reprise en mains et que plus jamais elle n’ai recommencé à boire. Je sais que je lui dois tout et qu’elle a véritablement tout fait pour que je sois bien. C’est sans doute une mission que se donnent la plupart des mères, et elle, elle la rempli à merveille.
***
« Tu veux du sucre sur tes crêpes ? » C’est le Week-end, et je sais que maman veux en profiter pour me faire plaisir étant donné que le Week-end dernier, je suis allé dormir chez Jaden et Emily, mes deux meilleurs amis. J’ai l’âge de me débrouiller tout seul, après tout, j’ai douze ans, mais voilà, maman aime s’occuper de moi à chaque moment que j’ai à passer auprès d’elle. Je m’occupe pour ma part de mettre la table alors qu’elle termine de cuire la deuxième crêpe qu’elle me destine tout comme la première. Je lui accorde un signe positif de tête en guise de réponse et m’installe à table alors qu’elle me ramène mes deux crêpes posées dans mon assiette, sucrées juste comme j’aime. Et un petit chocolat chaud en bonus. J’aime nos matins à deux, elle a toujours des petites attentions à mon égard et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Je vis toujours seul avec elle, et parfois, nous discutons du fait qu'elle ne se remette pas en couple. Je sais pas pourquoi elle ne tente pas le coup de s'engager... D'ailleurs, je le lui propose parfois, mais c'est difficile de savoir ce qu'elle en pense. Je me contente souvent de me dire que lorsqu'elle sera prête à faire entrer un homme dans nos vies, elle me le dira. Après tout, elle me dit tout, y'a aucune raison que ça change... Je la regarde un instant, un peu pensif. Ce qui ne lui échappe pas. Et c'est avec un sourire qu'elle m'interroge.
« Qu'est ce qu'il y a? » Je me reprends aussitôt et détourne le regard pour le reporter sur ma crêpe.
« Rien, rien...» Elle n'est pas convaincue, et je le vois bien à son petit air, mais je m'efforce de faire semblant de rien et commence à manger en changeant complètement de conversation. C'est mon truc de sauter du coq à l'âne pour ne pas avoir à parler de choses que je préfère garder pour moi, heureusement, elle ne m'en tient pas rigueur. Tout comme moi, elle sait que si c'est important, je lui en parlerais. Là, je me contente de parler de ses crêpes, elle sait que c'est ce que je préfère. Eh non, je ne suis pas difficile à contenter. Et il faut dire que je me régale. A la fin du repas, je l'aide à débarrasser et bien que je viens tout juste de finir de manger, j'ai déjà mes projets pour le repas de ce soir... Projets que je ne tarde pas à lui énoncer.
« On pourrait se faire une soirée pizzas ce soir... Ca fait longtemps... Et si tu veux, je nous ferais le dessert... Ca te tente? » Je suis pas très fan de la cuisine, mais les desserts, ça me dérange pas. Bien souvent, elle m'aide aussi, ce qui nous permets d'autres moments privilégiés tout les deux.
« J'ai mieux. Je t'emmènes manger une pizza ce soir et en desserts, tu prendras ce que tu veux. » Sa réponse me surprends à moitié, je sais que quand je veux lui faire un dessert, vaut mieux que je lui fasse la surprise, elle doit sûrement craindre que je me blesse en voulant lui préparer quelque chose. Mais sa solution me convient et je ne manque pas d'accepter. Ce soir, on aura un autre tête à tête elle et moi. Un autre parmi une longue série. Est ce que cela changera un jour? Il est de toute évidence encore trop tôt pour le dire.