"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici if everything could ever feel this real forever. (tom) 2979874845 if everything could ever feel this real forever. (tom) 1973890357
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if everything could ever feel this real forever. (tom)

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() message posté Jeu 11 Déc 2014 - 11:24 par Invité

if everything could ever feel this real forever.
THOMAS & DESMOND.

Le fond de l’air est noir. C’est comme ça tous matins, j’ai qu’à poser le pied à terre, à ouvrir les paupières. Mon horizon est triste, mon horizon est lent. Inanimé, sans couleur et sans vie. Si j’ouvre encore mes volets aujourd’hui, c’est par habitude et par ennui. Je suis partout et nulle part mais surtout dans cet appartement minable, à peine pratique, à peine ‘voilà à quoi ressemble ta pension ridicule mec’. Le couloir est étroit, les meubles trop volumineux, le plafond trop bas. J’ai déjà fait ma dépression. Tous les matins, je me lève à travers ce paysage qui m’échappe, à travers ces branches qui gênent mon passage. Il n’y a plus rien ici, pas même une âme à sauver. Le café est franchement mauvais, on a remplacé ma vieille cafetière pour une machine plus pratique qui n’a de cesse de me brûler les doigts. Le matin, je tente en vain de distinguer l’arrière-cour crasseuse du voisin. Et puis j’allume la radio, résigné, pour ne pas avoir à allumer la télévision. Aujourd’hui je ne travaille pas mais c’est tout comme. Je ne peux pas rester à rien faire, je me sens déjà suffisamment inutile en dehors de ces murs. En dehors de mon humble chez-moi, de ma belle prison dorée. Aujourd’hui n’est pas un jour anodin, je me débarrasse de mon semblant d’ancienne vie. Je me sens désolé pour cette partie de moi-même qui continue à espérer mais j’pense que j’ai suffisamment prié le ciel sans aperçu. Nul ricochet sur cette mer à l’envers. J’apporte une cigarette à mes lèvres. Je ne cherche même plus mon briquet, je l’allume à l’aide du toasteur. Les nouvelles ne sont pas bonnes mais je ne suis pas surpris parce que c’est toujours comme ça. Il y a toujours un naufrage, un krach boursier ou un monstre à enfermer. Aujourd’hui n’est pas un jour vain. J’ai presque envie de m’habiller, de prendre le risque de me raser. Je vais sortir ma chemise blanche, celle que je cache habituellement au fond de l’armoire. La seule à être chiffonnée, la seule que j’affectionne en réalité. J’ai sept visages mais une seule chemise. Et pour finir, je suis éperdument perdu. Surtout quand il est là, parce qu’il sera là, bientôt.

Thomas m’ouvre les yeux ou plutôt, il ouvre les siens. Jamais pour lui, toujours pour moi. Je n’arrive pas toujours à le suivre mais c’est quelqu’un que j’apprécie. On pourrait même aller jusqu’à dire que je l’apprécie vraiment beaucoup. Thomas enseigne la noble littérature française. C’est quelqu’un qui aime son métier, un passionné mais aussi, un je-m'en-foutiste qui préfèrera les pavés aux trottoirs supplantés. Thomas ne s’imagine pas, il s’écoute. Et puis, je me vois difficilement lui demander la couleur de ses yeux. Soyons honnêtes. Je suis un homme censé et de bon sens qui vient d’acheter du vin. Du vin auquel je suis allergique. Ni plus ni moins que ça et un saint-émilion quelque chose. Je trouve presque ça un tantinet trop romantique - même pour moi. J’enfile cette chemise blanche et inconsciemment, je ne sens plus qu’un parfum: le sien. Celui de ma femme. Ou devrais-je dire de mon ex-femme ? De quoi vous remettre les idées en place mais surtout, de quoi broyer du noir à l’approche de sa venue, à lui. L’avertissement ultime. Comme si j’avais quelque chose à cacher. Comme si je devais me repentir de mon grand attachement à Thomas. De ma jalousie naissante et du reste. Je ne fais que lui donner quelques bons livres. Rien de plus. Rien de moins. Nous n’avons pas les mêmes aspirations.

Me raser n’était pas utile, pas intelligent. Je peux déjà sentir le sang couler, coaguler. Aucun pansement ne me remettra, c’est chose impossible mais pour l’heure, je vais faire avec et finir cette flagellation inconsciente et hasardeuse. Et enfin, je vais enfiler un pantalon convenable. À savoir, tout sauf un jean. Dans ma précipitation je vais aussi oublier de nettoyer le lavabo et de nourrir Digbee. Mon chien. Ou plutôt le chien guide d’aveugle qu’on m’a donné. Je n’aime pas spécialement me balader avec lui mais je n’aime pas les cannes non plus. Mon docteur dit que je suis un danger public et il a raison, je le suis. Je me fiche des piétons sur la chaussée, des conducteurs, des touristes, de l’écologie, de la crise ou encore, du dernier film de David Lynch. Je ne m’y intéresse pas. C’est au-dessus de moi. C’est comme penser les nuages. C’est absurde. Je me sens déjà trop vieux pour ces conneries, à seulement trente-cinq ans. Je ne suis pas mélancolique, seulement nostalgique du temps où je me pensais invincible. On se sent toujours plus fort avec une arme à la main et une bonne vue. C’est un fait. On ne pense pas subir une attaque déloyale au gaz et surtout, on ne pense pas à l’après. Comme si la guerre devait se subsister à la paix éternellement. Aujourd'hui, j’ai peine à vivre cette vie, à croire qu’elle puisse m’être un jour agréable. Seulement, j’ai peur de la gâcher et de finir malheureux.

L’heure tourne.
J’ignore si Thomas est ponctuel. Pour une raison qui m’échappe, je le vois difficilement anxieux devant sa montre. Et donc, me voilà là, à pousser mes cartons vers la sortie - ou plutôt, en l'occurrence, dans les bras de Thomas. Même en cherchant bien, je ne vois pas de meilleurs mains - ou d’esprit plus vif que le sien. J’espère qu’il appréciera mon humble trésor mais je n’ai aucun doute là-dessus. J’ai confiance en lui. J’ai l’impression de le connaître depuis toujours, et pas seulement depuis à peine un peu plus d’un mois. Les sentiments que j’éprouve à son égard sont excessifs et c’est justement pourquoi son personnage m’effraie et me fascine autant. J’ai peur de me brûler les ailes et de descendre encore plus bas, je crois.
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() message posté Jeu 11 Déc 2014 - 23:56 par Invité
Je me suis regardé dans le miroir devant le lavabo. Une tête d’enterrement, avec les cernes et la peau jaunie par la lumière de la salle de bain. Une vague barbe de trois jours qui me donnaient bien mes presque-trente-deux ans. Moi qui paraissais si jeune, d’habitude. Je me suis adossé contre la porte de la douche et j’ai allumé une cigarette, l’esprit vide. J’ai fumé en me mordant la lèvre inférieure dès que la cigarette quittait mes lèvres ; j’aurais bien aimé dire que j’avais un air pensif, mais cela ne se résumait qu’à ce simple air. Je ne réfléchissais à rien. A cet instant, j’étais éteint. Et puis j’ai regardé l’heure, et je me suis rendu compte que dix minutes étaient passées. Sursautant légèrement en m’en rendant compte, je fis tomber la cendre de ma cigarette qui était restée accrochée au filtre et celle-ci vint s’écraser sur le carrelage, non sans moucheter ma main de petites poussières blanches au passage. J’ai jeté mon mégot dans le lavabo et j’ai allumé le robinet pour me passer de l’eau sur les doigts. Enfilant une chemise propre, j’ai posé mes yeux sur mes cravates noires, dans le doute. C’était idiot. Porter une cravate pour une occasion pareille ne me servirait à rien. Je ne savais même pas les nouer correctement. Et le pire dans tout ça, c’était qu’avec une cravate bien nouée ou mollement pendue au col de ma chemise, ou encore sans cravate, ce détail ne profiterait à personne. J’ai reposé la cravate que j’avais dans les mains et je suis allé mettre mes chaussures, boire un café et faire semblant de ranger quelques livres qui traînaient – en vérité, je ne faisais que les poser à un autre endroit, tout aussi inapproprié pour un livre. Décidément, je me devais d’investir dans des étagères un jour. Quelle image de prof de litté je donnais, dieu du ciel, si je ne faisais même pas attention à mes propres livres. Et pourtant je balayai d’un regard serein mes livres empilés les uns sur les autres jusqu’à former les parois même de mon appartement : je savais exactement où chacun d’eux se trouvait, et je savais ce qu’ils racontaient tous. J’ai pris mon manteau et mon cartable, et je suis sorti.

Desmond habitait à l’opposé de Londres. Je n’aimais pas le Londres de l’ouest. Je n’aimais pas ce côté austère et lisse, cette ambiance bourgeoise et bien portante. J’avais l’impression d’avoir affaire à une catégorie de la population londonienne que je n'allais jamais comprendre. Ce pourquoi, bien que, depuis Shoreditch, il m’était facile de rejoindre Kensington via le métro, j’avais réellement l’impression de passer dans une autre ville, que dis-je, un autre monde. Mais de toute façon, avoir rendez-vous avec Desmond, c’était passer dans un autre monde, d’une certaine manière. Un monde où seul le son de ta voix indique ta présence d’esprit, et certainement pas ta cravate. J’aimais bien Des. Il était un peu à côté de la plaque (qui pourrait lui en vouloir ?), mais je l’aimais bien. Non, attendez, je pense même que le fait qu’il soit un peu à côté de la plaque faisait que je l’aimais bien. Je ne me déplaçais pas à Kensington dès le matin pour n’importe qui, soyez-en conscient. Il avait un regard complètement mort, mais j’y voyais de la douceur, perdue au milieu de toutes les expressions de son visage. Parfois même des lueurs, quand il me parlait d’un truc dont il était complètement passionné, amoureux, un truc qui le transcendait de fond en comble. Et moi j’aimais bien l’écouter, et j’aimais bien quand il m’écoutait. Après tout, j’étais prof, c’était simplement mon métier, d’être écouté et d’écouter, j’avais fini par développer cet orgueil maladroit d’enseignant, qui basculait de la fierté justifiée à une légère mégalomanie rien que parce que des élèves étaient un peu intéressés par ce qu’on leur disait. Et Des était un peu comme ça, lui aussi, il me faisait peut-être cet effet-là, et je m’en voulais parce que ça faisait légèrement prétentieux, mais je m’en délectais aussi. De toute façon, il ne pouvait voir ni le plaisir, ni la gêne qui se creusaient chacun leur tour entre les traits de mon visage.

Je suis sorti du métro et je me suis dirigé vers son immeuble en fumant une nouvelle cigarette. J’étais en retard de quelques minutes seulement. J’ai grimpé les escaliers menant à son appartement et sans surprise, je suis tombé sur lui dès le palier, se débattant avec un carton, qu’il poussait vers moi, sans le savoir jusqu’à ce qu’il remarque ma présence. Il avait l’ouïe exercée – c’était quelque chose que j’admirais chez les aveugles, cette capacité à faire de leur quatre autres sens une nouvelle vue, dans la mesure du possible. « Te fatigue pas, va. » m’enquis-je d’un ton rieur. J’ai soulevé le carton et l’ai posé à un endroit accessible, mais où il ne gênerait pas. J’ai regardé Desmond avec un sourire amusé – et un peu navré, il fallait le reconnaître. Il avait voulu se raser. En un sens, il avait été plus courageux que moi ce matin, mais le bas de son visage était physiquement témoin de ce courage. Je me suis glissé dans son séjour, tentant de ne pas le toucher au passage pour ne pas l’effrayer, mais l’entrée était étroite et je le frôlai malgré tout. Il sentait la cigarette et le café plein d’eau. Un peu comme moi, mais j’avais en plus les effluves urbaines de Shoreditch sur mon manteau, son odeur sauvage et peut-être âcre pour celui qui n’y avait jamais mis les pieds. Sur une table se tenait, droite et seule, une bouteille de vin. Son appartement me faisait penser au mien par endroit. Il était probablement plus lumineux, cependant – ironie du sort. Il avait des meubles, lui, par contre. En fait, il y avait une atmosphère d’inachevé, comme s’il avait tenté de faire de cet endroit quelque chose de calme, de paisible et de rangé, mais que, malgré ses efforts, il n’y était pas parvenu, et donc il avait laissé les lieux comme tels. Ou peut-être me trompais-je complètement, cependant c’était l’impression que l’appartement me donnait. Et à nouveau je me retrouvais un peu dans cette description, trop d’efforts demandés pour ranger mais trop organisé pour laisser mes affaires traîner misérablement dans tous les coins de toutes les pièces. Je me suis tourné vers lui : non, je n’avais pas oublié qu’il était là. Et d’un coup je m’en suis voulu, il m’avait à peine invité à rentrer que déjà je tournais en rond dans son séjour en inspectant les moindres détails. « Excuse-moi, je ne t’ai même pas dit bonjour. Le matin, j’oublie d’être poli, ça me tue. » Et il ne pouvait pas voir mon sourire mais j’étais persuadé qu’au son de ma voix, il le percevait malgré tout. « Je peux fumer à l’intérieur ? » C’est ça, rattrape-toi en posant des questions simples et courtoises. Mon insolence et ma désinvolture finiraient par me perdre, un de ces jours, c’était certain.
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