life is life. (walt)

À l'école Walt était loin d'être le premier, à part pour faire des conneries peut-être. Les bagarres, les convocations des parents toutes les semaines, les punitions à la chaîne n'étaient que des détails. L'important c'était que venu l'heure de la récréation, Walt était le roi. Toujours un ballon aux pieds, plus doué que les autres, plus rapide, plus intuitif. Déjà à cette époque, il est certain que ce ne sera pas grâce aux études qu'il quittera sa banlieue pauvre de Liverpool, mais bien grâce au football. Véritable passionné, il passe tout son temps dehors à taper dans un ballon, tout seul contre un mur s'il le faut. Sa famille ne roule pas sur l'or, mais tout le monde fait des sacrifices pour pouvoir payer son inscription en club ou son équipement. La passion du foot, il l'a choppé de son père, ancien hooligan, ayant travaillé toute sa vie à l'usine et dont le seul plaisir et de se rendre au stade tous les weekends. Walt est l'enfant chéri, celui qui réussira, la fierté de ses parents. Dans le club de quartier il brille, il rayonne même. Malheureusement, il a une croissance assez tardive, plus petit et frêle que les autres, il se fait recaler du centre de formation de Liverpool, le club de son cœur. Pour autant, il ne lâche rien, continuant à s’entraîner dur. Même s'il n'évoque que rarement le sujet, il sent la pression qui pèse sur lui, ses parents qui racontent à tout le monde que leur fils deviendra le meilleur footballeur du monde. La chance lui sourit à quatorze ans, au cours d'un tournoi, il se fait remarquer par le club d'arsenal, qui lui propose d'entrer dans leur centre de formation. C'est tout seul que Walt part à Londres, sa famille n'ayant pas les moyens et la véritable volonté de se délocaliser dans la capitale. Walt découvre l'internat, la liberté, loin de ses parents. Il est couvé par le club, il a toute une bande de potes et il joue au football tout le temps. Le paradis.

Il joue son premier match avec l'équipe professionnelle à dix-huit ans, inscrivant son premier but par la même occasion. Les supporteurs adoptent tout de suite ce petit gars arrogant, mais attachant. Match après match, Fowler commence à se faire un nom. Pas seulement chez les fans de football, les tabloïds le suivent également. Ses sorties en boite un peu trop arrosées, ses nombreuses conquêtes, tout est exposé sur la place publique. Il se forge un personnage, arrogant, sur de lui, celui que rien ne touche. Trop de notoriété, trop jeune, il prend la grosse tête. Quelques bagarres avec des co-équipiers, quelques remarques en interview qui font des dégâts. Le voilà passer au rang de personne indésirable au sein du club. Quelques mois plus tard, il se blesse gravement au genoux. Après plusieurs opérations, on lui annonce qu'il ne pourra plus rejouer au football. Tout s'effondre autour de lui. Lâché par le club, loin de sa famille, il tourne le dos à tous ceux ayant un rapport avec le football. Le rêve de toute une vie anéantie, la seule chose pour laquelle il ait jamais été doué. Complètement déprimé, il se laisse vivre, claquant l'argent qu'il avait économisé pendant ses trois années de footballeurs. Sa rééducation est interminable, monsieur ne faisant pas les efforts nécessaires pour que son genoux guérisse. Tous les gens qu'il croise en prenne pour leurs grades, il déverse sa peine sur les autres, ne se souciant que de lui-même. Il reste à Londres, incapable de retourner à Liverpool auprès des gens qui le connaissent vraiment et qui ont placé tellement d'espoirs en lui.

La descente aux enfers est longue. Plusieurs années d'alcool, de drogues, de mauvaises fréquentations. Sans but dans la vie, il erre désespérément. Cherchant à retrouver cette excitation qu'il pouvait ressentir en entrant dans un stade, pour se sentir vivant à nouveau. Sans une thune en poche, il se fait embaucher dans un pub merdique, le genre d'endroit sordide qui n'est bondé que les soirs de match. C'est là qu'il va faire la rencontre qui va changer sa vie. Un type banal, à qui Walt n'avait jamais porté attention jusque-là. En discutant, Walt découvre que le type est entraîneur de foot dans un club et qu'il cherche des gens pour encadrer les équipes de jeunes. Bien entendu, Walt l'envoie chier, parce que s'il ne peut plus jouer, il ne veut absolument pas avoir de contact avec le football. Ce que n'avait pas prévu Walt, c'est que le type soit persistant. C'est comme ça qu'il a finalement cédé, il lui a suffit d'assister à un seul entrainement pour savoir que c'était là qu'il devait être. D'abord assistant, il passe tous ses diplômes d’entraîneur et devient le coach d'une équipe de gamins. Il réapprend à aimer le football, différemment certes. Son amour du foot revient et cela va de pair avec son amour de la vie en général. Même s'il demeure un célibataire endurci, il s'investit dans le club, prend plaisir à partager et transmettre aux gamins son expérience. Il s'adoucit au contact des enfants, mais il reste un homme blessé, craintif de s'ouvrir aux autres.