Il faut croire que les efforts finissent toujours par payer. Une once de positif. La jeune femme est loin d’avoir chômé depuis son retour. Qui dit indépendance, dit source de revenues. Et ce ne sont pas ses quelques heures de baby-sitting, et encore moins partir faire de l’humanitaire bénévolement, qui aideront à payer le loyer en temps et en heure. À peine deux semaines au pays et Ivana a déjà consacré quelques nuits blanches à la rédaction de lettres de motivation. Dans un quasi élan de désespoir, elle a écrit à tout presque toute la ville : du job étudiant jusqu’au stage, toutes ces petites choses qui vous permettent de toucher une somme presque dérisoire chaque mois. Néanmoins, les stages ont quelques avantages : 1) elle ne sentira pas la friture en rentrant chez elle, 2) l’expérience n’est pas négligeable pour son avenir, 3) il n’y a pas vraiment de risques physiques, sauf de se brûler avec du café (c’est toujours mieux que l’huile de friture ou une plaque chaude) et d’avoir une photocopieuse qui lui crache de l’encre à la figure (au pire).
C’est en se préparant, en démontant une nouvelle fois ce minuscule studio à la recherche d’une tenue « adaptée », qu’Ivana sent une angoisse l’envahir. Elle aura beau faire tout son possible, elle est bien loin de ressembler à la célèbre et magnifique Donna (encore une rousse) de Suits. Une boule dans le ventre. L’idée que tout capote, d’une part parce qu’elle ne connaît même pas le type de client avec lequel il travaille, la rend littéralement malade. Et puis la réponse a été si rapide… Elle ne peut pas s’empêcher de penser à l’éventualité qu’elle peut tomber nez à nez avec un pervers. La rouquine déglutit lorsque cette pensée traverse son esprit. Elle prend sur elle, termine son café et claque la porte de son cocon sécurisant.
Trouver le bâtiment où elle a rendez-vous n’est pas un exercice compliqué. Finalement. Ce qui l’a fait rire intérieurement. Pas besoin d’appeler Lennon, son guide de la ville personnel. Revenir et avoir l’impression d’être une quasi étrangère dans Londres. Vingt minutes d’avance. Ivana la quasi névrosée de la ponctualité. La rouquine en profite pour passer ses nerfs sur un café acheté au coin de la rue et sur un paquet de mentholées – à son avis, sentir le tabac à plein nez ne serait pas bon signe. Un quart d’heure passe et elle finit par s’introduire dans le bâtiment (c’était ça ou continuer de tourner en rond devant cette grande porte vitrée), le genre qui a une hôtesse d’accueil et tout. Bienvenue à La City, young lady. « J’ai rendez-vous avec… Monsieur Carlson. »
Étage indiqué, Ivana s’y rend. Silencieuse et toujours aussi nerveuse. Fidèle à elle-même quoi. C’est tête presque baissée et bras tremblants le long d’un corps frêle que la jeune femme finit son voyage face à une seconde réceptionniste.
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(✰) message posté Mar 9 Sep 2014 - 18:19 par Invité
A la fenêtre de son appartement, Wesley tira longuement sur sa cigarette. Il toussa. Le manque d’habitude. Wesley ne fumait que très rarement, pour le détendre. Mais il n’était pas sûr que l’effet soit réellement significatif. Cela lui comprimait plus les poumons qu’autre chose. Mais ça lui permettait de penser à autre chose pendant quelques minutes. Le paquet dans lequel il avait pioché sa cigarette devait traîner sur sa table basse depuis plusieurs mois. Et il était loin d’être vide.
Wesley écrasa sa cigarette dans le pot de fleurs posé sur sa fenêtre. Un cadeau de sa sœur Felicity quand il avait emménagé à Londres. Pour quelque raison que ce soit, la plante survivait malgré la négligence de Wesley. Puis il fila sous la douche et enfila un costume. Gris foncé, simple, sans fioriture. Il se dit qu’il ferait bien de porter une cravate aujourd’hui et en choisit une bleu nuit. Il vérifia sa montre. Il devait partir s’il ne voulait pas être en retard.
Malgré sa cigarette et sa douche brûlante, Wesley ne se sentait pas plus détendu. D’où lui venait tout ce trac ? Etait-ce vraiment du trac ? Non… C’était plutôt de l’impatience. Car aujourd’hui Wesley avait un entretien avec une potentielle stagiaire. Et il avait hâte de la rencontrer. Il se souvenait encore du jour où il avait dû éplucher une impressionnante pile de CV et de lettres de motivations. Il y avait passé plusieurs heures. Et quand enfin il était tombé sur celui d’Ivana Sexton, il n’avait pas voulu aller plus loin. Son CV lui avait tapé dans l’œil et il avait hâte d’en discuter avec elle. Il pensait qu’il pouvait s’enrichir au contact de cette jeune femme.
Wesley arriva dans son bureau de La City, salua ses collègues, écouta certaines raconter leur soirée, d’autre parler de leurs bambins et des galères de la crèche. Mais il ne tarda pas à s’éclipser de la machine à café pour s’enfermer dans son bureau, tout en prévenant la réceptionniste qu’il avait un rendez-vous dans la matinée. Il s’assit dans son fauteuil, checka son emploi du temps de la journée, classa les dossiers par ordre de priorité et attendit.
Ce n’est que lorsqu’il décida d’aller fumer une seconde cigarette que son téléphone sonna.
« Monsieur Wesley ? Miss Sexton est arrivée »
« Je vous remercie Nataly. J’arrive. »
Wesley accueillait toujours ses rendez-vous lui-même. Il se leva, fit craquer nerveusement ses doigts et s’engagea dans le couloir. Il trouva la jeune femme en train de regarder par la fenêtre.
« Miss Sexton ? » Elle leva les yeux vers lui. Il l’accueilli avec un sourire et une main tendue vers elle. « Bonjour, je suis Wesley Carlson, c’est un plaisir de vous rencontrer. Je vous propose d’aller dans mon bureau. »
D’un geste, il l’invita à le suivre, et une fois dans son bureau, il tira la chaise pour inviter la jeune femme à s’assoir. Dans ces entretiens officiels, il était toujours professionnel, cependant il essayait toujours de rendre son ton moins formel, plus chaleureux. Plus humain.
« Je vous propose de commencer ? J’ai lu votre CV et je vous avouerais que je l’ai trouvé très intéressant. A vrai dire j’aimerais que vous m’en disiez plus sur vos expériences… Notamment vos expériences récentes.»
Wesley souhaitait rentrer immédiatement dans le vif du sujet. Et ce sujet concernait le voyage humanitaire que la jeune femme avait effectué. C’était la raison pour laquelle Wesley avait retenu sa candidature. Effectuer ce genre ce voyage était le rêve du jeune homme et il voyait en Ivana Sexton une opportunité sans précédent.
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(✰) message posté Mer 10 Sep 2014 - 14:45 par Invité
« Miss Sexton ? »
La jeune femme cligne des yeux et se retourne vers son interlocuteur. Elle ne l’imaginait pas… aussi jeune (et charmant, on va pas se voiler la face non plus) ? Pourquoi pas, après tout.
« Je vous propose de commencer ? J’ai lu votre CV et je vous avouerais que je l’ai trouvé très intéressant. A vrai dire j’aimerais que vous m’en disiez plus sur vos expériences… Notamment vos expériences récentes ? »
Dès lors qu’il aborde le sujet des expériences, Ivana perd tous ses moyens. Déjà qu’elle ne comprend pas vraiment en quoi son CV a pu être intéressant… Elle est loin d’avoir imaginé un parcours formidable et n’y a mis que la stricte vérité. Au final, ce qui l’interpelle le plus est sa question. Récemment ? Ne voyant pas le rapport entre son métier et ladite expérience, la jeune femme est persuadée qu’il a du la confondre avec quelqu’un d’autre. Si elle a postulé ici, c’est pour se faire une première expérience « dans le milieu » et faire un choix pour la suite de ses études. Ivana est loin de se douter qu’elle puisse l’influencer… Néanmoins, elle y répond par pure politesse.
« Vous voulez parler de cette mission avec l’UNICEF ? » Impossible de ne pas se pincer la lèvre.
La jeune femme a l’impression de s’aventurer en terrain inconnu, mais s’apprête à poursuivre en l’absence de réaction de la part de son interlocuteur. Non avant ça, un instant de réflexion pour trouver le ton le plus approprié ? Il faut que ce soit le juste milieu entre le vivant et la passion.
« J’ai toujours eu ce besoin de voyager, de rencontrer des personnes différentes, des cultures différentes. » Sauf que voilà, l’argent ne tombe pas du ciel, ses parents n'impriment pas des billets en douce dans leur sous-sol, elle non plus, et elle ne peut pas se permettre de faire une année sabbatique pour se payer ce genre de plaisir. « Et j’ai eu ce besoin de me rendre utile, de me dire qu’on est pas trop mal ici. » En occident, quoi. L’eau courante, la nourriture, l’électricité, internet, les médias, l’éducation, la paix, etc. Et aussi de se dire que malgré le fait d’être bipolaire, il y a bien pire ailleurs. « C’était formidable. » Soupir. La jeune femme se revoit là-bas. « Ces enfants sont d’une reconnaissance, j’avais jamais vu ça. Je dis pas qu’ils sont horribles ici, mais c’était magique. Je pense... qu'un épanouissement personnel est l’expression pour résumer ce voyage. » Après quoi, la rouquine cesse de parler. Elle était allée peut-être allée trop loin, du côté de la passion.
Oubliant qu’il s’agit d’un entretien professionnel avec un avocat, Ivana reprend comme si c’est une conversation des plus banales. « Vous avez déjà eu l’occasion de vivre quelque chose du genre ? » Après tout, Wesley peut bien avoir été amené à travailler sur ce genre de dossier, pro bono en parallèle d’une activité beaucoup plus lucrative.
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(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 20:15 par Invité
Epanouissement personnel. C’étaient les mots employés par Ivana. La jeune femme parlait relativement vaguement de son expérience, ne rentrait pas forcément dans les détails, mais cela suffisait à faire rêver Wesley. Un épanouissement personnel. N’était-ce pas ce à quoi tout le monde aspirait ? Ce qu’Ivana décrivait, Wesley adorerait le vivre. Le sentiment de se rendre utile, d’aider les plus démunis. Voir leur sourire et leurs yeux pétiller. Tant de spontanéité.
« Vous avez déjà eu l’occasion de vivre quelque chose du genre ? »
« Malheureusement non. Je n’ai jamais vraiment trouvé le temps, mais c’est un projet personnel que je souhaite réaliser à plus ou moins long terme. »
Wesley regarda la jeune femme avec intérêt. Il ne connaissait pas son histoire – seulement son CV- et pourtant, à vingt ans, elle avait déjà plus accompli que Wesley dans ce monde. L’avocat restait admiratif. Au même âge, il se souvenait vivre encore chez ses parents dans leur hôtel particulier de New York, à parler bourse et finance toute la journée. Il se préparait à suivre les traces de son père. Il lui avait fallu du courage pour quitter sa famille et partir à Londres pour ses études, mais Wesley du reconnaître que la petite assise devant lui était d’avantage courageuse. Physiquement, elle semblait frêle et innocente. Mais Wesley ne serait pas étonné de découvrir un caractère fort en-dessous. Après tout, elle avait été assez hardie pour partir à l’autre bout du monde dans le seul but de donner de sa personne, sans retour.
Wesley, qui d’habitude restait toujours professionnel, semblait se laisser emporter par la conversation, jusqu’à en oublier que cette interview était à l’origine un entretien pour un stage. Il décroisa les jambes et se pencha plus en avant sur son bureau, comme absorbé par les paroles d’Ivana.
« Qu’est-ce-qui vous a décidé à partir ? Et en quoi consistait votre mission plus précisément ? »
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(✰) message posté Mar 16 Sep 2014 - 11:27 par Invité
« Malheureusement non. Je n’ai jamais vraiment trouvé le temps, mais c’est un projet personnel que je souhaite réaliser à plus ou moins long terme. »
Au moins, cet entretien ne commence pas si mal qu’elle l’avait imaginé : ils ont finalement un point commun - assez solide en plus - alors que tout semble les séparer à première vue. En tout cas, la jeune femme espère qu’il pourra réaliser ce projet personnel. D’une part, parce que ce n’est pas banal. Après tout, Wesley pour se complaire dans sa confortable vie. C’est loin d’être inintéressant, passionnant même est le mot juste. Peu importe son âge et son histoire, il en sortira certainement plus… différent en tout cas.
« Qu’est-ce que vous a décidé à partir ? Et en quoi consistait votre mission plus précisément. »
Une nouvelle fois, Ivana prend le temps de peser ses mots. « Au départ… C’était pas forcément pour le genre d’intention que tout le monde pense. Je rêvais de faire le tour du monde, rencontrer les habitants des autres pays. Sauf que mes parents pouvaient pas me l’offrir. » Autant être franche. Voir du pays, découvrir des personnes et des cultures, c’est limite son but ultime dans la vie, ce à quoi elle aspire le plus. « J’ai commencé en tant que jeune fille au pair. Trop jeune pour l’humanitaire. Je savais pas en quoi je pourrai être utile sur place : je sortais du lycée, j’avais pas de compétences particulières. Ça m’a permis de réfléchir un peu plus à ce dernier projet et mettre de l’argent de côté. »
Ils ont peut-être besoin de toute l’aide qu’on peut leur donner, mais encore faut-il être capable de faire quelque chose par soi-même. À l’époque, la jeune femme n’avait pas la moindre connaissance médicale, pas la moindre idée de ce qu’elle était capable, pas la force nécessaire pour filer un coup de main au ravitaillement ou même partir creuser des puits. Alors commencer en temps que jeune fille au pair était une façon de chercher une solution au problème… Solution qui est apparue comme une évidence au moment où il fallait aider aux devoirs.
« Au final, j’ai compris que ça fonctionnait bien avec les enfants et faire des économies pour l’année à venir n’était pas ma priorité. Alors je suis partie cette année, aider dans un village et son école. J’ai encore du mal à réaliser. Je pense avoir appris autant que ces gamins au final. Ça a été dur de les quitter. » Épanouissement personnel et grande leçon de vie. Voilà la réalité de ce voyage.
Alors que les parents de la jeune femme - un peu vieux jeu sur le sujet - étaient convaincu que l’humanitaire n’était pas une bonne idée (ça ne l’aidera pas pour la suite, etc.), Ivana est sur le point de croire que c’est le meilleur ice breaker pour commencer une conversation. Quant à l’expérience professionnelle tant recherchée par sa famille… Elle travaille dessus à l’instant même. Si au début, elle était littéralement déroutée par les questions de Wesley, elle n'a pas oublié la véritable raison de sa présence dans ce bureau. Oui, mine de rien, elle est un poil plus détendu que lors de son arrivée, ce qui est une grande victoire quand on la connait vraiment.
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(✰) message posté Dim 28 Sep 2014 - 15:03 par Invité
Wesley était captivé par ce petit bout de femme assis en face de lui. Non seulement elle avait été assez courageuse pour donner de sa personne à l’autre bout du monde, quitter les siens et son petit confort occidental, mais elle restait simple, et honnête. Wesley se dit que c’était là la vraie sincérité. Elle lui décrivait son expérience en toute simplicité et ne cherchait pas outre mesure à l’impressionner. Cela changeait radicalement des autres entretiens que Wesley avait pu avoir.
Souvent les gens cherchaient à se donner un air supérieur, ils se vendaient, la plupart du temps de façon maladroite et pas le moins du monde subtile. Et si Wesley se retrouvait avec une femme en face de lui, il n’était pas rare que le jeune avocat assiste à un mini-ballet de jambes croisées-décroisées ainsi qu’à une vue plongeant sur un décolleté coincé dans un chemisier trop petit. Malheureusement pour elles, Wesley savait rester professionnel, et même s’il savait qu’il ne laissait pas ces jeunes femmes indifférente, le but de ces entretiens n’étaient pas le moins du monde personnels.
Cet entretien était totalement différent. Wesley se laissait emporter. Cependant il avait du mal à se retenir. C’était la première fois qu’il discutait avec quelqu’un qui avait fait un voyage humanitaire, et son rêve ne lui avait jamais semblé si proche qu’en cet instant. Ivana rendait les choses plus concrètes.
« Je n’ose imaginer l’expérience que cela a du être. Vous devez avoir vécu tellement de choses intenses ! Votre parcours est impressionnant. »
C’est à ce moment que son téléphone sonna.
« Oui Nataly ? Hein hein…. Bien. Merci Nataly. »
Cet appel fit revenir Wesley à la réalité. Ceci était un entretien pour un stage et il avait un planning à respecter, des rendez-vous à honorer, des dossiers à compléter.
« Pardonnez-moi Miss Sexton, je viens de réaliser que mes questions peuvent vous sembler déplacées. Je vais m’en tenir à quelque chose de plus formel. Quelles sont vos motivations pour ce stage ? »
Wesley était désolé de briser l’ambiance. Il lui avait semblé que lui et Ivana partageaient quelque chose qui sortait du cadre d’un cabinet d’avocats. Cependant Wesley se souvint que c’était lui qui dirigeait cet entretien et qu’il tenait les rênes en ce qui concernait le choix des stagiaires.
« Je ne vous cache pas que votre CV reste intéressant pour le cabinet… »
Wesley souleva un sourcil, comme pour faire comprendre à Ivana que cet entretien ne pouvait être qu’une formalité et que leur collaboration pouvait commencer très bientôt. Tout ce qu’il lui fallait, c’était une bonne réponse.
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(✰) message posté Jeu 2 Oct 2014 - 19:25 par Invité
En effet, Ivana est loin d’être comme ses paires. Elle ne sait rien faire de particulier avec son corps pour attirer l’attention – et puis entre ses tâches de rousseur et sa chevelure flamboyante, c’est certainement assez de son point de vue. Et puis, elle n’a pas de forme particulière – comprenez par là qu’elle est presque aussi plate qu’une planche à pain – à mettre en avant. Ivana est tout ce qu’il y a d’on ne peut plus professionnelle pour ce genre de rencontre. En réalité, dans cette histoire, c’est plutôt la curiosité de Wesley qui est peut-être peu professionnelle. Mais elle est loin de s’en plaindre. Cette conversation est plus qu’intéressante au final et cela lui permet d’en savoir plus sur lui : il n’est pas un de ces « connards » qui pètent plus haut que leur cul. Il en est bien loin même.
« Pardonnez moi Miss Sexton, je viens de réaliser que mes questions peuvent vous sembler déplacées. Je vais m’en tenir à quelque chose de plus formel. Quelles sont vos motivations pour ce stage ? » Soupir mental. Il entre enfin dans le vif du sujet alors que techniquement ils touchent à la fin de l’entretien. « Je ne vous cache que votre CV reste intéressant pour le cabinet… » Encore une fois, la jeune femme pèse ses mots, se mord la lèvre inconsciemment. Instant crucial, elle n’a pas le droit de commettre une erreur. Pas maintenant alors que tout se passe bien jusque là. Ce serait juste trop bête de se planter à ce stade. « Ce stage n’est pas une obligation de l’université, vous devez vous en douter. » Après tout, Ivana n’est qu’en troisième année, n’a encore aucun domaine de prédilection pour sa future spécialité, mais elle a beaucoup d’énergie et de motivation à revendre. Elle a besoin d’être occupée professionnellement parlant pour ne pas cogiter sur ses histoires personnelles. « Mais aujourd’hui, avoir de l’expérience est important, et puis il y a comme une nécessité de se construire un parcours professionnel le plus tôt possible vous voyez ? J’ai envie de découvrir la réalité, sortir des livres et du cadre scolaire des cours. » C’est un peu générique, mais c’est la réalité qu’elle n’a pas forcément précisé dans son CV ou dans la lettre l’accompagnant.
« Et si je peux me permettre une dernière parenthèse informelle, vos questions sont loin d’être déplacées. C’était juste… Inattendue vue la nature de cet entretien. » Par contre, cette dernière remarque est peut-être bien déplacée de la part d’Ivana. Mais c’est sorti avant que cela passe par la case « cerveau et réflexion ». « En tout cas, merci de m’avoir reçue. » Acquiescement. En ce qui la concerne, la jeune femme a terminé.
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(✰) message posté Sam 18 Oct 2014 - 18:41 par Invité
Le retour à la réalité peut parfois être fracassant. En parlant avec Ivana, Wesley s’était imaginé partir dans différents pays, s’éloigner de son quotidien. Partir pour aider, partir pour donner. Il pouvait s’imaginer le départ, les heures d’impatience avant le décollage de son avion, l’arrivée dans un environnement totalement inconnu. Il s’y voyait déjà.
Mais pour le moment, il était à Londres, La City. Dans son bureau, entouré d’ordinateurs et de dossiers. Non pas que son quotidien l’ennuyait. Loin de là. Il aimait son travail, la contribution qu’il pouvait apporter pour défendre ses clients. Il aimait son temps libre, sa vie dans la capitale et tout ce qui l’y rattachait. Mais il aurait aimé faire plus pour aider les populations. Sans compter du dépaysement total que pouvait apporter un voyage humanitaire.
Et parce qu’il ne voulait pas laisser s’échapper une potentielle opportunité, il était décidé à garder Ivana non loin de lui. Elle lui expliqua son besoin d’expérience, son besoin de pratique. Se confronter à la réalité de la vie. Ses propos restaient sobres, neutres, mais ils étaient suffisant pour que Wesley puisse justifier la convention de stage d’Ivana.
« Je comprends ce que vous voulez dire. Je pense pouvoir affirmer que vous trouverez ici de quoi vous faire une petite idée de ce qu’est la réalité après les études de droit. La compagnie et moi-même serions ravis de vous accueillir le temps de la durée de votre stage. »
Il lui afficha un sourire chaleureux.
« En tout cas, merci de m’avoir reçue. »
Wesley se leva et la jeune femme l’imita. Il la raccompagna jusqu’à l’accueil lui adressa une poignée de main entendue. L’entretien relativement particulier était terminé, Wesley se retrouvait avec une nouvelle stagiaire avec qui, il en était sûr, il ne manquerait pas de discuter !
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