Kiara ¤ On est devenu des experts dans le sabotage de notre bonheur. [100%]

16/06/1998 : Non mais c’est quoi l’idée de quitter L.A. pour cette ville ennuyeuse à mourir. Bon, d’accord, je suis assez mal placée pour juger étant donné que je n’ai encore jamais mis les pieds à Seattle, mais franchement, mes parents étaient vraiment décidés à me gâcher la vie ?? Lucas, lui, semble assez ravis, comme toujours. Mon frère a toujours eu un don pour prendre les choses du bon côté. Ce n’est malheureusement pas mon cas. L’air boudeur, j’aide tout de même mes parents à descendre les cartons de la voiture. Les mains tremblantes, j’observe notre nouvelle maison de l’extérieure. Elle est immense, comme notre quartier d’ailleurs. Heureusement que Lucas est là parce que j’ai peur de ne pas pouvoir m’intégrer. C’est vrai, mes parents n’ont pas pensées à ça. Et si je ne me faisais jamais d’amis ici ?? Et s’il n’y a pas d’aréna, où est-ce que je vais continuer à patiner moi ?? Ces pensées me donnent froid dans le dos et je m’efforce de les chasser rapidement de mon esprit. Je porte plutôt mon regard sur mon frère qui est déjà en train de sympathiser avec le voisin d’à côté, un petit garçon aux cheveux foncés et à l’air assez sympathique. Du moins pour Lucas. De toute évidence, je suis plus jeune qu’eux. Il ne voudra jamais être mon ami celui-là. Et hop, voilà qu’ils viennent à ma rencontre. Ce n’est pas vrai, qu’est-ce que je vais lui dire moi ?? « Salut. » me lance le garçon. Et moi, de mon côté, je n’arrive qu’à lui faire un léger signe de la main. Ce n’est pas vrai, quelle conne !! Cela dit, l’autre petit garçon rigole, suivit de mon frère. « Je m’appelle Jackson. Et toi ?? » « Kiara. » Il sourit une nouvelle fois, d’un air sincère. « Bon bah bienvenue à tous les deux. Vous allez voir, Seattle c’est le top. Vous allez vous faire des tas d’amis ici. » Il discute encore quelques minutes avec nous puis fini par nous laisser à la suite de notre déménagement. De toute façon, nos parents commencent à rouspéter un peu à notre sujet donc vaut mieux aider en tant qu’enfants modèles digne de ce nom.

18/11/2003 : « T’ES LA MEILLEURE KIARA !! FONCES !! »  J’aimerais dire que les propos de mon frère me déconcentrent, mais c’est plutôt le contraire. Sous ses encouragements, j’ai l’impression de filer encore mieux sur la glace et tout me semble parfait. Exactement comme je l’avais espérée. Je l’ai attendue très longtemps cette compétition. Celle qui me dirait si j’étais apte ou non à devenir une grande athlète olympique comme je l’avais toujours espérée. Ma performance se termine et je jette un regard incertain aux juges. Et s’ils n’avaient pas aimés ?? Et s’ils me trouvaient banale ?? Le suspense ne dure pas trop longtemps puisqu’ils ne tardent pas à me donner une note parfaite, me faisant bondir de joie sur la glace. Presque aussitôt, je fonce vers ma famille. Ma mère m’enlace fortement et je sens qu’elle est en train de verser des larmes. Ahhhh sacrée maman, toujours beaucoup trop fière de sa petite fille !! Lucas vient m’enlacer à son tour, me soulevant dans les airs. « Wow sœurette, t’étais parfaite !! Je suis tellement fier de toi !! » « Merci Lucas. T’es adorable de me dire ça. » Il me relâche difficilement et je ne peux m’empêcher de trépigner encore sur place. Je n’en reviens pas. Enfin, j’ai l’impression que mon rêve est accessible, que peut-être un jour j’atteindrai les Olympiques. Je jubile tellement que je ne me rends pas compte que Jackson est là aussi. Et pourtant j’aurais dû m’en douter. Mon frère et lui son inséparable et il m’a toujours soutenu dans mes projets lui aussi. Il me sourit presque timidement et je lui rends la pareille. « Bravo Kiara. T’étais vraiment la meilleure. » Mon sourire s’étire pendant que je viens de moi-même me blottir dans ses bras. « Ohhh merci Jack !! T’es gentil !! » Il me sert dans ses bras avec sincérité. De mon côté, la petite voix immature dans ma tête me hurle d’enfoncer mon doigt dans les côtés de ce grand dadais de quinze ans pour le taquiner un peu, mais je me retiens. Un peu de classe quand même, ce n’est pas digne d’une future championne Olympique.

01/01/2009 : Notre premier Jour de l’An à la colocation. Faut dire que ça me fait assez drôle de ne pas fêter ça avec papa et maman. En dix-sept ans, c’est la première fois. Mais bon, il faut croire que les temps changent. Alors que nos parents sont de passage en Italie pour passer les Fêtes en compagnie de la famille de ma mère, je suis coincé avec mon tarer de frère et nos deux joyeux lurons. D’ailleurs, lorsque je quitte le salon, Lucas et Annabelle sont complètement défoncés. Ma meilleure amie tient à peine debout et mon frère est amorphe sur le divan, les yeux dans le vide. Lorsque je passe près de lui, il m’attrape chaleureusement le poignet. « Je t’aime ma sœur… » J’échappe un léger rire que je ne peux pas retenir. « Moi aussi je t’aime. » Je me doute qu’ils vont bientôt s’endormir sur le divan.. ou vomir sur le plancher du salon. Quoi qu’il en soit, je n’ai aucune envie d’assister à ça. Je vais plutôt rejoindre Jackson dans sa chambre. Je m’attends à ce qu’il se soit endormit avant les douze coups de minuit mais non, il est en train de peindre une toile. Une très jolie toile avec des arbres et tout ça. Il me semble concentré et je me sens mal à l’aise de le déranger. Néanmoins, hors de questions de retrouver nos deux corps morts au salon. Je toque timidement à sa porte ouverte, attendant qu’il fasse volte-face pour me regarder. « Je ne te dérange pas Picasso ?? » Il rit légèrement en levant les yeux au ciel. « Non pas du tout. Entre. » Je fais quelques pas dans sa chambre, venant regarder par-dessus son épaule le travail qu’il est en train d’accomplir. « Wow, c’est joli dis donc !! Tu lui as trouvé un nom à ta toile ?? » Il fait mine de réfléchir avant de reposer les yeux sur moi. « Hum.. Chaleur je crois. » Il marque une pause pendant que son sourire s’étire. « Alors comme ça ton frère et Anna étaient ennuyeux au salon ?? » J’affiche une légère moue avant de prendre un air pensif. « Je dirais plutôt bourrés. » Je rigole et il fait de même. « J’avais raison. Je t’ai dérangé. » « Pas du tout au contraire. Je commençais vraiment à m’ennuyer. C’est bien de peindre mais uniquement si on ressent de l’inspiration, et pour cette nuit, je crois que c’est mort. » Il marque un temps de silence et se relève subitement de sa chaise. « Tiens, et si je te donnais ton cadeau de Noël ?? » Il se dirige subitement vers sa commode pendant que je fais les gros yeux. « T’as un cadeau de Noël pour moi ?? » « Ouais. Je sais qu’il est un peu en retard, mais quand je l’ai vu, j’ai pensé à toi. » Il fouille encore un peu et finit par sortir une petite boîte blanche enroulée dans un ruban. Il s’approche doucement vers moi et me la tend, son sourire ohh combien adorable aux lèvres. « Voilà. Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que tu seras contente. » Je prend la petite boîte qu’il me tend, l’ouvrant délicatement et avec précaution. C’est avec surprise que je constate ce que c’est : une magnifique petite chaîne en or orné d’un petit patin. Instantanément, un grand sourire orne mon visage. « Wow, merci Jack. C’est magnifique. » Il me sourit à son tour. « Tu me le mets ?? » Il hoche légèrement la tête et je me retourne afin qu’il puisse me glisser la chaîne autour du cou. Ses mains sont douces lorsqu’il y dégage mes cheveux. Il attache la chaînette et je me retourne instantanément pour le prendre dans mes bras, devant me mettre sur la pointe des pieds pour enrouler mes bras autour de son cou. « Merci. » « Je t’en pris. » Je souris, restant ainsi dans ses bras pendant de longues secondes. Puis, bien malheureusement, il finit par mettre un terme à notre étreinte, restant néanmoins non loin de moi. Je sens son souffle s’écraser contre mon front et curieusement, j’en frissonne. À cet instant, j’ai l’impression que mon esprit à quitté mon corps, que j’assiste à cette scène vu d’en-haut. Son visage se rapproche doucement du mien jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent. Ce baiser n’a rien de sauvage ni rien. Au contraire, il est très doux et très tendre. Ma main glisse instinctivement dans ses cheveux sombres. Ils sont soyeux, comme je me l’étais imaginé étant petite. Je pourrais rester coincé dans ce moment pour l’éternité mais hélas, une voix criarde se fait soudainement entendre. « Lucas, viens voir ça. Ta sœur est en train de rouler une pelle à Jack !! » Je fige instantanément sur place. Je ne sais plus où me mettre. Ahhh cette Annabelle, ce qu’elle peut être idiote par moment !! Je ne sais plus quoi dire mais subitement, j’entends Jackson éclater de rire. Aussi, je ne peux m’empêcher de l’accompagner, revenant me blottir dans ses bras. Ouais, cette nouvelle année commence de manière assez particulière, je dois l’avouer.

12/05/2013 : « Joyeux anniversaire Kiara. » J’ai 22 ans. Et oui, déjà. C’est dur à imaginer, mais j’en suis enfin là. Une adulte qui commence enfin à placer sa vie comme il se doit. Certes, je vis toujours en colocation, mais au moins, ma vie ne se passe pas de manière très désagréable. Je suis en couple avec mon Jack depuis quatre ans maintenant et si les choses continues à bien se passer, je risque d’être prise pour les sélections des Olympiques qui auront lieux l’année prochaine. Bref, je ne pourrais pas rêver mieux. « Merci chéri. » Je pose doucement mes lèvres contre les siennes avant de reposer ma tête contre son épaule. J’aimerais vous dire que j’ai droit à une immense fête pour mon vingt-deuxième anniversaire, mais hélas, ce n’est pas exactement le cas. Annabelle est sortie je ne sais où pour draguer je ne sais quel mec, et mon frère fait encore une fois des heures supplémentaires à son job. À croire que son employeur ne lui fichera jamais la paix. Bref, je me retrouve en tête à tête avec mon petit ami, ce qui n’est pas pour me déplaire non plus. La soirée promet d’être assez tranquille. Écouter un bon film, serrés l’un contre l’autre, je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de mieux en ce monde. Cela dit, comme à mon habitude, je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir ma grande gueule encore une fois. « Jackson, pourquoi est-ce que tu m’aime ?? » Sa tête se retourne instinctivement vers moi et il prend un air surpris. « Quoi ?? » « Pourquoi est-ce que tu m’aime ?? » Cette fois, il a l’air follement amusé et bien franchement, ça commence sérieusement à m’énerver. Je suis même sur le point de péter un câble. « Pourquoi tu veux savoir ça ?? » « Parce que je suis une fille et que les filles sont compliqué. Bon sang Jackson, répond à la question, c’est tout !! » Je me dégage rapidement de son étreinte en croisant mes bras contre ma poitrine. Cela dit, il ne semble pas s’en offusquer plus que ça. Au contraire, il sourit toujours. « Pour ça. » Je reporte mon regard sur lui, me concentrant sur ses paroles. « Parce que tu es la fille la plus déterminée que je connaisse. Quand tu veux quelque chose, tu mets tout en œuvre pour l’obtenir, quitte à péter un câble ou à travailler d’arrache-pied. » Sa main vient prendre la mienne et instinctivement, je ne peux pas m’empêcher de sourire. « Je t’aime parce que tu n’as jamais eu peur d’être la personne que tu es. Jolie, brillante, déterminée, attentionnée, et j’en passe. » Je ne peux m’empêcher d’échapper un léger rire et il m’accompagne. « Et je t’aime parce que… » Il marque une pause, fouillant de sa main libre dans la poche de son pantalon. Mais qu’est-ce qu’il est en train de faire ?? Je crains le pire… Il finit par en ressortir une jolie petite boîte bleue qu’il me tend. « Parce que j’espère vraiment que tu me diras oui. » Surprise, je m’empresse d’ouvrir la boîte pour voir ce qui s’y cache. Aussitôt, mon cœur ne fait qu’un bond dans ma poitrine. Une jolie petite bague en or ornée d’un minuscule diamant me saute aux yeux, me coupant instinctivement le souffle. Jackson pince les lèvres. Cette fois, il a reprit son sérieux. « Est-ce que tu veux devenir ma femme, Kiara Winny Hasting ?? » Mon regard se repose enfin sur lui et instinctivement, je ne peux réprimer les larmes qui se mettent à couler contre mes joues. « Oui !! » À travers mes larmes, je ne peux m’empêcher d’échapper un léger rire, venant instinctivement m’asseoir à califourchon sur lui pour poser passionnément mes lèvres contre les siennes. Ses bras m’enlacent délicatement et il me serre dans ses bras, prolongeant notre baiser pendant de longues minutes. Puis finalement, il y met fin, venant doucement me prendre la boîte des mains pour me passer l’anneau à l’annulaire. Lorsqu’il repose les yeux sur moi, il a l’air amusé, ce qui me fait me questionner longuement. « Quoi ?? » « Et toi, pourquoi tu m’aimes ?? » Je fais mine de réfléchir pendant quelques secondes, histoire de le faire poiroter un peu. Instinctivement, ma main vient caresser ses cheveux, comme j’ai l’habitude de le faire depuis quatre ans maintenant. « Hum.. à cause de tes cheveux. » Il pouffe de rire. « Ahh ouais ?? C’est vraiment juste à cause de mes cheveux ?? » J’hausse les épaules en esquissant un léger sourire en coin. « Bah ouais. T’as vraiment de beaux cheveux, tu sais ?? » Il rit une nouvelle fois, venant reposer ses lèvres contre les miennes. Je prolonge notre baiser, me laissant bercer par ce moment. Qu’est-ce que je vous disais ?? Ma vie est vraiment parfaite.

17/02/14 : Ça y est. C’est le grand jour que j’ai attendue toute ma vie. La sélection des Olympiques est finalement arrivée et, comble du bonheur, j’en fais partie. Mon cœur bat lourdement la chamade dans ma poitrine. Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir avant qu’il ne flanche. Jetant un regard discret en direction de mes supporteurs dans les estrades, je resserre discrètement mon chignon et m’élance sur la glace au son de cette musique de Chopin que j’adore. Je sens que tout va très bien aller. Je ne peux pas échouer. Pas après tous les efforts que j’ai mis pour réussir. J’essaie de ne penser à rien. Seulement à mes jeux de jambes et à mes coups de patin qui doivent être parfaits. Je fais comme si c’était un simple entraînement, comme s’il n’y avait personne d’autre dans la salle. Cependant, une autre idée vient frapper mon esprit. Je sais que même si je suis bonne, même si j’y mets tous mes efforts, ce n’est pas pour autant que je risque d’être sélectionnée. Pour atteindre les Jeux Olympiques, il faut se démarquer, ne pas faire comme tous le monde. Je pense subitement à cette fameuse figure que j’avais découvert sur internet et que mes colocataires et mon entraîneur avaient toujours jugés trop risquées. Je sais que je ne l’ai jamais exécutée correctement et sans un casque. Je sais que je mise très gros en l’essayant maintenant, mais je n’ai pas le choix. Je sais que si je réussie, c’est la victoire assurée. Alors je m’élance. Je bondis dans les airs et je me concentre pour retomber comme il se doit. Je sens que mon pied dérape mais il est déjà trop tard pour que je puisse me rattraper. Je tombe lourdement contre la glace, ma tête touche lourdement le sol, puis c’est le trou noir.

18/03/2014 : J’ouvre les yeux sur un plafond parfaitement blanc. J’essaie de bouger mais curieusement, mes bras semblent immobilisés. À mes côtés, il y a une sorte de machine qui ne cesse d’émettre des petits sons très énervants. BIP BIP BIP C’est suffisant pour me faire exploser le crâne, surtout en vue de la migraine que j’ai en ce moment. Mais où suis-je bordel ?? Pire, qui suis-je ?? Je ne me rappelle pas. À mes côtés se tiennent deux hommes. L’un est élancé. Ses cheveux sont pâles comme les miens et il somnole légèrement. L’autre est très grand et costaud. Ses cheveux sont très foncés. Soudainement, le plus mince des deux ouvre les yeux et me regarde, l’air ahuri. Presque aussitôt, des larmes envahissent ses joues. « Ohh enfin, elle se réveille… » Il se précipite aussitôt vers moi, venant poser ses lèvres contre mon front. Mais qui est-il bordel ?? Pourquoi est-ce qu’il se montre aussi familier tout à coup alors que je ne le connais même pas ?? Le deuxième ouvre aussi les yeux, fondant en larmes à son tour. « Ça va aller Kiara. Ça va aller, tout va rentrer dans l’ordre maintenant. » Apparemment, il me connaît très bien celui-là. Mieux que moi-même il faut croire puisqu’il vient de m’appeler Kiara. C’est mon prénom ça ?? Il semble voir l’interrogation dans mon regard puisque son visage change soudainement. « Tu ne te souviens pas de moi, c’est ça ?? » Je suis bien obligée de lui faire non de la tête. Je n’ai aucune idée de qui il est. De qui ils sont. Il hoche légèrement la tête, affichant un petit sourire triste. « C’est Lucas Kiara. Je suis ton frère, ton grand frère. » Mon frère ?? Ouais, ça tourne sous le sens. Du moins, ça explique notre ressemblance. « Et lui c’est… » Il n’a pas le temps de finir sa phrase que le deuxième se lève subitement pour sortir de la chambre, ses larmes ayant redoublées. Je me sens d’autant plus mal puisque c’est de ma faute s’il est malheureux. « Je l’ai vexée je crois… » Ce sont les premières paroles que j’arrive à prononcer depuis mon réveil. D’ailleurs, la douleur qui envahie ma gorge à cet instant est si intense que j’aurais envie de simplement me taire désormais. Lucas esquisse un léger sourire triste, baissant les yeux. « Non, il est juste triste de te voir dans cet état. » Il soupir légèrement, venant passer ses bras derrière sa nuque. « Tu te souviens de qui il est ?? » Je suis bien obligée de répondre une nouvelle fois par la négative. Je n’ai plus aucun souvenir. De personne. Et c’est très frustrant. Mon frère soupir de nouveau, posant sa main contre la mienne. « C’est normal. Le médecin nous a dit qu’il se pouvait que tu aie des pertes de mémoire et que tout allait rentrer dans l’ordre. » Il marque une pause, esquissant un léger sourire. « Lui, c’est Jack. C’est ton fiancé. On le connaît depuis qu’on est tout petits, et vous êtes ensemble depuis cinq ans maintenant. » Mon fiancé ?? Ça expliquerait la petite bague qui orne mon doigt à cet instant. Machinalement, je porte ma main à mon front, soupirant fortement malgré la douleur que cela m’occasionne. « Qu’est-ce qui m’est arrivé ?? » « Tu faisais tu patinage artistique. Tu passais les sélections pour les Jeux Olympiques et tu es tombée. Tu t’es cogné la tête et tu es tombée dans le coma pendant un mois. On a cru… » Il recommence à pleurer et instinctivement, ma main vient resserrer la sienne. « Mais tu es là maintenant. On va te soigner et tout va rentrer dans l’ordre. » Je l’espère en tout cas. Je ne peux pas vivre comme ça pour le reste de mes jours, ce serait insoutenable. J’essaie de me rappeler du patin. Ça me semble tellement loin, presque inimaginable. J’étais capable de patiner, moi ?? Et assez bien pour peut-être aller aux Olympiques ?? J’ai du mal à y croire, mais le petit patin en or qui orne mon cou en est bien la preuve. J’esquisse d’ailleurs un léger sourire en le voyant. « C’est joli ça. » Lucas me sourit. « C’est Jackson qui te l’a offert, le soir où vous avez commencés à sortir ensemble. » Je m’apprête à lui dire autre chose, mais soudainement, une tornade brune fait son entrée dans la chambre, me sautant pratiquement dessus. « Espèce de digne !! Tu te rends compte la peur que tu nous as fait !? » Aussitôt, mon regard se repose sur Lucas. Encore une fois, je n’arrive pas à reconnaître cette jeune fille, et c’est très frustrant. « C’est Annabelle, notre colocataire et sans doute ta meilleure amie, d’ailleurs. » J’hoche la tête avant d’esquisser un léger sourire à la demoiselle en question. Elle me semble adorable, du moins assez pour que je comprenne pourquoi elle était ma meilleure amie. Jackson revient finalement, l’air encore bien malheureux. Une nouvelle fois, je suis envahie par une tristesse immense. J’ai l’impression de le blesser, de le rendre malheureux alors que ce n’est pas du tout mon intention. Je ne me rappelle tout simplement pas. Il se rapproche de mon lit et je m’efforce de lui sourire légèrement. « Bonjour Jack. » Mes doigts viennent doucement s’accrocher aux siens et il me sourit légèrement même si je sens que le cœur n’y est pas. La route sera longue pour que je me souvienne, mais je veux vraiment y arriver. Au moins, je sais qu’il y a sans doute trois bonnes personnes qui seront là pour m’y aider donc je n’ai pas trop peur.

11/08/2014 : Les mois passent et rien ne change. J’ai beau lire et relire mon journal, contempler des photos de moi étant petite ou toute récente, je n’arrive pas à me reconnaître en cette fille joyeuse et pleine de vie qu’on me décrit à chaque fois. À croire qu’elle est partie pour toujours pour ne laisser que la coquille vide que je suis présentement. Qui sait, peut-être suis-je vraiment morte sur cette patinoire en début d’année. Je peux lire dans le regard de mes proches qu’ils commencent à perdre espoir eux aussi. Annabelle ne sait plus quoi faire pour me faire sortir de ma torpeur. Elle me sort en boîte, me raconte ses milles et une conquête, mais rien n’y fait. Lucas est le seul être qui arrive à retrouver la véritable moi. Nous partageons le même sang. Je sais que je peux lui faire confiance sans aucune barrière. Tant qu’à Jackson, j’ose à peine y penser. Il est tellement patient avec moi, tellement compréhensif. Il espère toujours que je me souvienne, ne semblant pas se rendre compte qu’il n’y a plus aucun espoir. Que je ne redeviendrai jamais la femme qu’il aimait. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayée. Je sais, au plus profond de moi, que je l’aime éperdument moi aussi. Seulement, je n’arrive pas à le combler comme il mériterait de l’être. Je n’arrive pas à m’abandonner complètement et je sais qu’un jour, il finira par se lasser. C’est un être humain après tout. C’est pourquoi il vaut mieux que je disparaisse. Il faut que j’arrête de gâcher sa vie, leurs vies à tous. C’est pourquoi je me suis achetée un billet d’avion en direction de Londre. Il vaut mieux que je parte là-bas pour y refaire ma vie. J’ai déjà prit mes prédisposition pour mon arrivée. Je me suis inscrite à l’université en art et je poursuivrai en même temps mon perfectionnement en patinage artistique afin d’un jour atteindre mon but. Ils vont tous terriblement me manquer mais il vaut mieux que je les laisse tranquille, que je les laisse refaire leurs vies sans moi. Je pars ce soir et je ne compte pas revenir. C'est très précisément ce que j'ai écris dans la lettre que je leur ai laissée avant de m’enfuir dans la nuit.

08/10/14 : Il y a pratiquement quatre mois que je suis en Angleterre et honnêtement, je ne pourrais être plus épanouie qu'en ce moment. Je suis parvenue à me créer une nouvelle vie. J’ai des amis, je vais à l’université et je me perfectionne toujours en patinage tout en collectionnant les conquêtes sans lendemain. Bref, j’ai une vie de rêve. Néanmoins, je ne peux nier que ce que j’ai laissé derrière moi me manque encore de temps à autre. Je ne peux m’empêcher de regarder ma bague de fiançailles et d’avoir des regrets. Néanmoins, je sais que Jackson doit vivre beaucoup mieux sans moi. Qui sait, peut-être a-t-il rencontré quelqu’un d’autre désormais.