Smart In A Stupid Way - Rika&Damian

J’ai fait les courses, oui c’est presque un exploit. Non pas que je ne mange pas, mais j’ai tellement mangé dehors ces derniers jours que tout ce qu’il me restait dans le frigo était périmé. Il me restait une pizza surgelé, des nuggets, surgelé aussi. Comment vous dire que ce sont les plats de secours pour quand je n’ai plus rien, que j’ai faim et que je n’ai pas envie de sortir. Aujourd’hui je ne bosse pas, alors j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé faire des courses. Je ne prends pas grand chose parce que je suis seul, et qu’il est très fréquent que je mange, soit au boulot, soit au resto. Je me connais, j’en ai déjà jeté des tonnes de nourriture de mon frigo parce que j’achète, sans jamais avoir une occasion de manger ces plats. Je ne fais pas la cuisine donc j’aime bien aller dans la facilité. Je sais que si un jour j’ai envie de faire des économies, il suffira que je commence à manger chez moi tous les jours et je pourrais mettre des milliers de côté. Ok pas des milliers, j’exagère.

Les mains chargées de sacs plastiques, j’entre dans mon immeuble. Ok c’est lourd, j’ai pris pas mal de bouteilles, eau, jus de fruits, mais ça va, j’ai du muscle. Il faut savoir que le muscle ne sert à rien dans cette épreuve si les sacs plastiques sont trop rempli. Ce qui devait arriver, arriva. Un de mes sacs craque et tout son contenu s’étale par terre. Bien évidemment il s’agit du sac où il y avait des choses en verre. Un bocal de cornichon, complètement éclaté, je vois le jus qui commence à se répandre sur le sol. Un paquet de sucre qui s’est déchiré avec le verre du bocal dans la chute et j’en passe et des meilleurs. Bien évidemment, il faut que ce soit à ce moment précis que le beau gosse du troisième qui pointe le bout de son nez. Il n’habite pas ici mais je l’ai déjà croisé quelques fois dans l’entrée ou dans l’ascenseur. Je l’ai bien remarqué dès la première fois qu’on s’est croisé. Il est carrément sex. Je n’ai jamais osé lui adresser la parole parce que le trajet dans l’ascenseur du rez de chaussé au 3e étage, ce n’est pas très long. Je préfère ne rien dire que passer pour un clown (oui des fois ça m’arrive, quand je n’ai pas bu).

Mon gaydar s’est toujours affolé en sa présence alors je pense ne pas me tromper sur son compte. En même temps il a ce charisme naturel qui fait que je n’ai pas encore tenté quoi que ce soit avec lui. Je m’étonne moi même oui car il est vraiment parfait. Un vrai apollon.

Je n’ai pas encore cherché à ramasser mon sac, ni son contenu qui s’est répandu sur le sol (le liquide continue son chemin au passage). Je me sens tellement con d’avoir mis autant de chose dans le même sac. Je soupire et je me passe une main sur le visage. Je relève les yeux vers le bel inconnu et je souris légèrement, l’air un peu géné.

« C’est pas ma journée je crois… »

Ah ça non… Me taper l’affiche comme ça avec ce Dieu hispano devant moi, non vraiment pas ma journée.

Je suis agréablement surpris quand je vois que le beau gosse du troisième vient à mon aide. J’en connais beaucoup qui m’auraient juste fixé de manière insistante et qui aurait passé leur chemin prenant une photo au passage pour mettre ça sur facebook. De nos jours tout le monde met tout et n’importe quoi sur facebook ou autres réseaux sociaux. Je ne suis pas de ce genre. J’ai un compte instagram où je mets beaucoup de photos de plats que je mange, mais ça s’arrête là. Pas d’information trop poussé sur moi sur la toile. J’aime la discrétion.

On se retrouve un peu comme deux grand type un peu dépassé par la situation, parce que lui aussi a pas l’air de savoir par quel bout commencé. Il propose tout de même quelque chose, qui est d’ailleurs très intelligent. Je dois avouer que la situation avec son beau visage sous les yeux, je ne crois pas que mon cerveau puisse fonctionner correctement à ce moment précis.

« Non c’est sûr que ça va pas aller bien loin… »

Je me masse la nuque de ma main libre. Je suis en pleine reflexion. Ce qui me dérange c’est de laisser tout en plan dans l’entrée, ce n’est pas très propre. On ne peut pas y faire grand chose tant que je ne suis pas allé chez moi pour prendre de quoi nettoyer c’est vrai. Je me penche vers le sol pour commencer à récupérer ce qui est récupérable. Le plus simple serait quand même que j’aille prendre un autre sac, parce que ce n’est pas pratique du coup d’avoir tout dans les mains. Je case un truc sous mon coude, je tâche mon tshirt au passage car il y a du super jus de cornichon sur un peu tout. Super.

« Est-ce que ça te dérange de rester là le temps que je monte ça vite fait ? »

Je lui montre le sac intacte de ma main libre.

« Au passage je prends un autre sac pour mettre les trucs intacte et puis je descends aussi de quoi nettoyer. »

Non pas que je veuille le mettre à contribution pour nettoyer, j’oserai pas.

« Ou pas. »

Je suis perdu, je ne sais pas ce qui vaudrait mieux faire ou pas.

« J’ai juste pas envie de laisser ça comme ça sans personne. Si jamais y’a quelqu’un qui arrive il va croire qu’il arrive dans une porcherie. »

Je ris un peu, nerveusement surtout. Je n’aime pas montrer une mauvaise image de moi ou des gens habitant dans cet immeuble parce que je n’ai pas pensé à mettre mes courses dans plusieurs sacs.

« En même temps je me dis que si tu m’aides à monter les trucs là, ça ira plus vite… »

Je fais une moue pensive et je le regarde. Des idées pas catholiques me traversent l’esprit. Savoir qu’il va peut être me suivre jusqu’à mon appart’ ça me donne plein d’envie, mais il faut que je me calme. Il m’est déjà arrivé de trouver quelqu’un dans le couloir et de finir à poil avec lui, mais ça n’est pas commun. Quelque chose me dit qu’il ne va rien se passer avec lui et que ça va être plutôt bref notre rencontre.

« Comme tu veux. Je sais pas. J’ai perdu la capacité à réfléchir clairement. »

Je ris encore un peu et je remarque la tâche sur mon tshirt.

« Et je suis de moins en moins présentable. »

Vraiment pas ma journée…

C’est un peu confus dans ma tête et je propose plusieurs solution pour m’en sortir de cette situation. Dans tous les cas j’inclus ce bel inconnu du troisième étage. Bien que j’ai l’air d’un con avec mes courses étalé sur le sol, je compte bien profiter de cette occasion pour en savoir un peu plus sur lui. Déjà il est serviable. Il n’a pas peur de perdre son temps avec des inconnus. Après peut être qu’il a envie d’une excuse pour me parler lui aussi. Je ne sais pas de quel bord il est mais j’ai un bon feeling. Je me trompe peut être, j’espère pas. Je reste un moment à réfléchir et il rit en me voyant paumé comme ça. J’ai l’impression d’être de retour au lycée quand j’essayais d’impressionner des gars, en vain bien sûr. Je n’étais pas ce que je suis maintenant à l’époque, c’est après mon agression que j’ai commencé la gym et que je me suis sculpté un corps d’athlète.

Je m’embarrasse de plus en plus devant lui, au final je crois que j’ai plus vraiment envie de discuter avec lui. Je veux juste aller me cacher. Je voulais faire une bonne impression le jour ou je lui parlerai enfin mais visiblement l’univers est contre moi. Il faut que j’arrête de m’en faire de mon apparence et visiblement il s’en fou aussi. Que je me focalise sur cette rencontre plutôt que la situation serait une meilleure idée.

Finalement il me dit qu’il vaut mieux que je monte les trucs pendant qu’il reste là. Je fais oui de la tête et je ne perds pas de temps, je récupère tout ce qui est récupérable et que j’arrive à prendre dans mes mains. Je file à l’ascenseur, j’appuie sur le bouton pour l’appeler et bien sûr, il est tout en haut. Le temps qu’il descende me semble être une éternité. Je pourrais prendre les escaliers mais je n’ai pas envie de me risquer à faire tomber tout ce que j’ai dans mes mains au passage. Maintenant que j’y pense je vais bien m’amuser à ouvrir ma porte avec la clé. Déjà que j’ai du mal à appuyer sur le bouton pour l’ascenseur. Je sens que je vais tout poser par terre devant ma porte pour pouvoir faire ça correctement sans rien casser de plus. Le temps dans l’ascenseur me semble être interminable aussi. Une fois arrivé au quatrième je fais attention, j’entre chez moi et pose tout dans la table du salon. J’aurai le temps de ranger après. Je prends un sac Tesco qui est assez solide, pas un sac plastique basique. Je prends aussi de quoi nettoyer, des lingettes et du sopalin. Je redescends rapidement, prenant les escaliers cette fois car l’ascenseur n’est pas là et j’irai plus vite à pied. Une fois en bas je fais un sourire à… tiens je ne sais pas son nom.

« Merci d’être resté. »

Je m’accroupis pour terminer de mettre le reste dans le sac.

« Au fait, moi c’est Damian. »

Autant sortir l’info tout de suite, parce qu’il risque de s’en aller maintenant que je suis tiré d’affaire. Je sors les lingettes pour nettoyer le sol. Je termine de nettoyer assez rapidement contre toute attente. Finalement ce n’était pas si terrible. Je me relève quand c’est terminé. Le sol est comme neuf.

Il est toujours là quand je redescends et je l'en remercie. Allez savoir pourquoi je n'aurai pas été plus surpris que ça de ne pas le voir à mon retour. Pas lui spécifiquement, mais des fois il est vrai qu'on peut perdre foi en la race humaine. Je suis content de voir que lui n'est pas de ce genre. Il dégage un bon aura et j'apprécie de voir que pour l'instant mon instinct ne me trompe pas. Je ne suis pas le plus doué pour lire les gens, mais quand je sens bien quelqu'un en général je ne me trompe pas. Rika a définitivement quelque chose. Ou peut-être c'est simplement qu'il est grand, beau, très charismatique. Le charisme ça change beaucoup ma perception des gens.

Il m'aide à nettoyer le sol et c'est comme neuf en deux temps trois mouvements. Au passage je me présente. En temps normal je ne m'embête pas avec des prénoms mais lui n'est pas une de mes conquêtes. Il habite même peut-être dans mon immeuble. Je me dois de me présenter poliment. J'apprends qu'il s'appelle Rika. Original. Il me fait sourire quand il me dit qu'il vaut mieux pas qu'il me serre la main pour l'instant. Il a raison.

« Ouais nan. »

Il me demande s'il peut venir se laver les mains chez moi.

« Bien sûr ouais. »

Je récupère tout ce qui traine et mets les lingettes et sopalin dans un sac plastique supplémentaires que j'avais apporté. Je prends aussi ce qu'il a dans les mains pour le débarrasser.

« Je suis au quatrième. »

Je dis ça plus pour faire la conversation qu'autre chose. Il s'en rendra bien compte que je suis au quatrième quand on y sera. L'ascenseur est déjà là, on monte à l'intérieur et j'essaie de ne pas me faire trop de scenario érotique dans ma tête. Je l'ai déjà fait dans l'ascenseur et c'était un bon souvenir. A refaire un jour.

« T'es au troisième toi il me semble. Ou tu connais quelqu'un au troisième. Je t'ai déjà vu monter dans l'ascenseur de cet étage là. »

Il va soit me prendre pour un observateur soit pour un stalker. En même temps il est tellement magnifique que c'est juste normal de se souvenir de ce genre de détail le concernant. J'ai l'impression que le trajet en ascenseur dure une éternité. Je sais pas pourquoi je m'oblige à parler pour ne pas laisser un silence.

« C'est original ton prénom, c'est un diminutif ? »

Oui je m'intéresse. J'ai bien envie d'en apprendre plus sur lui. J'essaie de ne pas trop le regarder, parce que mes yeux ont du mal à rester au niveau de son visage. Son torse a l'air parfaitement sculpté et l'imaginer sans son haut est devenu quelque chose de naturel chez moi dès que je le croise.

Enfin l'ascenseur arrive à destination, ma porte est non loin et je sors mes clés pour lui ouvrir la porte. On entre et je vais vers la cuisine pour jeter dans la poubelle toutes ces lingettes utilisées.

« Fais comme chez toi. La salle de bain est au fond du couloir ou sinon y'a l'évier dans la cuisine mais j'ai pas de savon pour les mains là. »

Je lui montre le couloir de l'autre côté pour la salle de bain. Je continue de parler tant qu'il est encore avec moi là. Je ne sais pas encore quelle option il va choisir entre la salle de bain ou la cuisine.

« Tu veux boire un truc ? Pour te remercier de ton aide. »

Je me doute qu'il doit avoir un truc à faire vu qu'il était sur le départ quand on s'est croisé dans le hall mais je le tente quand même. Apres tout il a pris le temps de m'aider, il est peut-être attendu nul part.