Uptight vs. charming. (Adriel)

Ce n’est pas une couverture pour tenter de faire passer discrètement une gueule de bois entre deux cours, au calme. Ce genre de personne est facilement reconnaissable : littéralement effondrés sur les tables, ils portent aussi leurs lunettes de soleil pour se protéger de la lumière environnante. Et puis entre nous, on est tellement bien au fond du lit (oui, parfois elle s’arrête de travailler/courir partout) dans cette situation avec une odeur de café aux alentours. Non, ce n’est pas Ivana ça. C’est bien loin de l’être qui plus est.

Ivana est un specimen complexe : une sorte de pile électrique vivante dans le top dix de sa promo qui n’a jamais (ou presque) profité de la vie étudiante comme le reste de ses pairs.
Un rat de bibliothèque, voilà ce qu’elle est capable d’être par moment, quand elle n’a pas besoin de se dépenser sur un tapis de course, par exemple. Comme quoi, elle n’a pas changé depuis le lycée.
Enfermée depuis ce matin, elle n’a quasiment pas bougée. Même pas pour aller aux toilettes ou prendre le temps de déjeuner ou consulter les messages sur son téléphone. Elle a carrément fait une croix sur une pause café-cigarette. Il faut absolument qu’elle finisse ses recherches aujourd’hui. Alors elle se contente d’écrire, plonger son nez entre deux bouquins, soupirer, cligner des yeux, boire et, parfois, bailler, faire craquer ses articulations et s’étirer. Entre la concentration à son maximum et la musique, la jeune femme n’a prêté attention à rien. Sérieusement, n’importe quoi pourrait se passer autour d’elle, pas dit qu’elle le remarque. Jusqu’à ce que son sixième sens la rappelle à l’ordre.

Être observée est une sensation que la rouquine ne supporte pas, comme beaucoup d’autres, aussi charmant soit l’observateur. Il suffit de se souvenir de l’état dans lequel elle était au café l’autre jour avec Pia. Ivana arque son sourcil droit et tape nerveusement du pied. Question non formulée à haute voix. Il a un problème ? Il s’est perdu ? Il cherche quelque chose ? Elle s’est peut-être trop étalée sur la table ? Non, cette dernière question est fortement improbable : un coup d’œil lui suffit pour constater que la bibliothèque est quasiment déserte et qu’il aurait toute la place nécessaire ailleurs. Alors pourquoi il la fixe de la sorte ? La jeune femme est à des années de se douter qu’elle est essentiellement observée pour ses attributs féminins. Comme d’habitude. En attendant, ça la tracasse. Elle fait mine de retourner à ses affaires. Finalement, à défaut d’être capable de faire comme si de rien n’était et de l’ignorer, Ivana relève juste les yeux de temps en temps.
Non, il ne semble pas être décidé de voir ailleurs. Soupir intérieur, ses yeux glissent sur sa montre : pourquoi pas, au final.

La jeune femme se lève, attrape les quelques livres et, toujours sans un mot, s’échappe aussitôt en direction des rayons.

   

 Uptight vs. charming.

I know you're scared it's wrong like you might make a mistake

Outre de faire de nous des êtres humains, la vie nous laisse maître de notre destin. Elle nous donne le cadeau d'exister et, en petit bonus, nous laisse voguer sur ses eaux parfois tumultueuses. Il fallait arrêter de croire que l'effet papillon n'est dû qu'au hasard. Rien n'est hasard tout est contrôlé. Le moindre de nos faits et gestes étaient le déclencheur à un torrent de tout un tas d'histoires. Il y a des gens qui y font scrupuleusement attention et s'engage à ne commettre aucun faux pas pour toujours réussir dans la vie. Faire partis du côté de la société ou tout doit être bien rangé, où il faut rester droit et garder des principes bien stricts. D'autres qui s'en fichent pas mal. Qui pensent que, vivre au jour le jour est bien plus saint, que tout ne doit pas être réglé comme sur du papier à musique. Que profiter avant tout de son existence est une étape primordiale pour ne jamais rien regretter. C'était le cas d'Adriel.

Adriel a toujours été assez marginal. À penser que les gens se prenaient bien trop la tête, qu'aucun d'eux ne pourrait dire, une fois leur vie tracée, qu'ils ont réalisés tout ce qu'ils voulaient. Considérant qu'il n'a qu'une seule vie, ne croyant aucunement à la réincarnation et à toutes ses stipulations imaginaires. Il a été enfant puis adolescent, sans jamais regretter ses actes et sa façon de vivre. À présent il est un adulte, mais sa façon de penser n'a pas changé depuis toutes ses années. Il aurait pu emprunter la voie de grandes études, mais à quoi ça lui aurait servi ? À trouver un bon boulot dans un bon petit bureau, à vivre pour son travail et non plus pour lui-même ? Aujourd'hui, après avoir stoppé ses études, était-il malheureux ? Certes l'argent ne coule pas à flot pour lui et il lui arrive fréquemment de manger des pâtes ou du riz pendant plus d'une semaine mais est-ce que ça fait vraiment de lui un être humain malheureux ? L'argent ne fait pas le bonheur, c'est chose courante, mais il subvient à bons nombres de besoins fondamentaux. C'est pour ça qu'il s'était trouvé un job pour recevoir un salaire et pouvoir, au moins, avoir un toit même si ce n'était pas un château, il s'y sent bien. Alors, non, il n'est pas malheureux. Bien au contraire, il est sûrement le plus heureux des êtres humains vivant sur cette planète.

Le livre s'écrasa au sol dans un bruit sourd et ses yeux s'ouvrir rapidement accompagné d'un petit sursaut incontrôlable de son corps. Il savait qu'en se couchant de cette façon sur son canapé - moelleux à souhait - il allait finir par s'assoupir. Il posa sa main sur son visage qu'il frotta tout en se redressant dans la position assise, rejetant ses pieds hors du sofa pour les poser au sol. Il ramassa le bouquin et en observa longuement la couverture avant qu'un soupire ne quitte la barrière de ses lèvres. Son ami avait eu tord de lui conseiller de lire ce genre de roman. S'il n'y avait pas un minimum d'action, le sujet devenait rapidement soporifique. Autant avouer qu'Adriel n'était pas un fervent admirateur des romans. Les BD et les revues pour adulte passent encore, mais un roman plus épais qu'un paquet de chewing-gum étaient rédhibitoires. Mais au moins, on ne pourrait pas dire de lui qu'il ne s'intéressait à rien d'autre. Il avait essayé, mais cela avait échoué. Las, il décida d'aller se faire un bon café histoire de remettre ses neurones dans le bon ordre.

Il était décidé de rendre ce bouquin, là où il l'avait emprunté par mégarde - ou par inconscience - rendez-vous à la bibliothèque. C'est d'ailleurs à pied qu'il fit le chemin, quoi qu'un petit bout fut fait en bus pour rassurer les semelles de ses chaussures et, surtout, sa flemme journalière. Quand il pénétra dans l'enceinte du bâtiment, le brouhaha extérieur se fit écraser par un silence pesant dès la porte refermée. Est-ce que cet endroit était insonorisé pour que le contraste soit aussi saisissant ? Il secoua ses épaules dans un frisson de terreur. Décidément, il était allergique à ce genre d'endroit... Il s'avança en direction de l'accueil et se pencha sur le comptoir en tendant le livre à la jeune femme qui s'occupait à remplir de la paperasse sur un cahier propre et bien rangé. Même les gens qui travaillent ici sont ordonnés... La jeune femme releva son regard vers lui et pris silencieusement son livre pour vérifier la fiche qui s'y trouvait. Constatant que son emprunt n'était pas tardif, elle signala à Adriel que tout était bon. Il tiqua de la langue en la saluant d'un geste presque militaire et se décolla du comptoir près à partir. Quand il constata que la seule personne qui se trouvait ici était une jolie rousse. Qui dit jeune fille seul dit appel au loup qui sommeille en lui.

Son regard était rivé sur elle, dessinant les courbes de son corps pour le peu qu'il pouvait en voir. Feignant de s'intéresser à la lecture, il attrapa un livre au hasard et s'appuya contre le côté du rayon, sans cesser de la regarder. Il n'était pas là pour lire mais clairement pour observer cette divinité sortie tout droit de nulle part. Le regard de la rouquine se levait parfois en sa direction, mais se rabaissait instantanément. Il fut presque peiné de constater que cette belle créature semblait bien trop intéressé par son écrit que par un homme intéressé par sa personne. Deux choix s'offrait à lui : croire que c'était une fille coincée, littéraire et complètement timide qui n'osait pas l'apostrophé de peur de se faire jeter... ou bien croire que c'était une fille complètement indifférente à toute forme de charme. Impossible. Aucune fille normalement constitué ne peut rien ressentir devant autant de provocation dans un regard. Elle se lève et disparaît rapidement entre deux rayons. Ne t'en va pas petit agneau, le loup n'en a pas fini avec toi. Il reposa le livre sur l'étagère qui n'était pas celle d'origine et fila dans le même rayon qu'elle.

Sa main se posa sur l'étagère, à quelques centimètres de la tête de la rouquine qui lui tournait le dos. Comme approche, peut-être qu'il n'avait pas choisi la plus rassurante. Sa main libre, vola des bras de la jeune fille un cahier. Plus précisément le cahier sur lequel il l'avait vu noter pleins de choses. Trop de choses. Il l'ouvrit à une page aléatoire et grimaça en le refermant bien vite. Il ne s'était pas trompé, cette fille était complètement cinglée. Belle, mais cinglée pour s'enfermer dans un monde ou seul l'étude existait. Il coinça le cahier sous son bras, n'ayant pas dans l'optique de le lui rendre maintenant.

« Comme tu le sais, je t'ai pas mal regardé et j'ai l'impression que ça fait des heures voir, pourquoi pas, des jours que tu travailles. A quoi ça te servirais de bosser autant si tu finis par mourir parce que tu ne te nourris pas ou parce que tu ne dors pas ? »

Il n'était pas difficile de remarquer l'état de la jeune femme rien qu'en voyant son teint pâle et ses yeux légèrement rougie. Se concentrer de trop, apporte son tas de symptômes. Ce n'était pas de la médecine, mais de la constatation pure et dure. Un sourire étira le coin droit de ses lèvres et il se pencha légèrement vers elle. Le loup sortait ses atouts pour mieux appâter sa proie.

« Je t'offre un verre et une collation, ça te dis ? »

Se faire reluquer dans la rue ou dans un café est une chose.
Se faire littéralement bouffer des yeux par un inconnu, dans une bibliothèque déserte, tout en étant presque nez à nez avec lui, c’en est une autre.
C’est terrifiant en réalité.
« Aller ma grande, d’après Pia, va falloir que tu prennes ton courage à deux mains et tu t’habitues à tout ça. » Ouais, plus facile à dire qu’à faire. C’est comme si elle venait de grandir, quasiment prête à assumer ce fardeau qu’est son corps, sa féminité… Tout ça quoi.
Parce que là… Sa présence dans son dos, son souffle qui vient lui chatouiller la nuque, sa main à quelques centimètres de sa tête… C’est déstabilisant. La jeune femme frissonne, se raidit et même ses joues se teintent légèrement et impossible d’avoir le contrôle dessus. Et bien sûr, il était dans l’obligation de l’emmerder jusqu’au bout en lui empruntant son cahier. La jeune femme déglutit avant de reprendre ses moyens. Elle se retourne pour lui faire face.
Ça pour savoir qu’il n’a pas cessé de l'observer depuis toute à l'heure... Ivana est au courant.
Petite seconde d’égarement : d’accord, physiquement parlant, on va pas se mentir : il a tout pour plaire surtout maintenant qu’elle le voit d’aussi près. Elle le scrute un peu plus avant de se ressaisir.

« Et sinon, tu comptes faire du chantage et garder mon cahier en otage ? Et qu’est-ce qui te fait croire que j’ai du temps à perdre, avec ou sans toi, ou même que je passe le plus clair de mon temps le nez dans les bouquins ? »

Autant rentrer dans son petit jeu, tant que cela reste innocent.
En fait, il n’a pas tort et elle ne dirait pas non à une collation et une petite pause. Peu importe l’heure qu’il est - la notion du temps n’est pas son fort - Ivana pourrait (presque) tuer pour un fish and chips dans l’immédiat. Et le timing est juste parfait pour que son estomac décide de s’immiscer dans la conversation en s’exprimant avec un cri de famine. Sauf que voilà, cela ferait bien trop plaisir à l’inconnu et elle ne veut pas lui donner cette satisfaction. Tant pis s’il comptait vraiment l’inviter (ce qui aurait bien fait plaisir à son porte monnaie).

« Finalement, j’avais raison : un type comme toi ne peut que s’être juste perdu dans un endroit pareille sans raison. »

Oups, elle a pensé un peu trop fort cette fois.
Haussement d’épaules, sourire en coin, la jeune femme attrape un livre au hasard, se décolle de l’étagère et retourne vers la table. Comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu, elle s’assied et attrape un autre cahier pour faire mine de travailler. Elle n’y connait toujours rien au sujet de la gente masculine, mais elle doute que monsieur soit du genre à abandonner aussi facilement. Après tout, il pourrait la kidnapper, la prendre sur son épaule, la traîner de force, la rouquine ne ferait pas le poids pour résister.
Quant à l’objet qu’il lui a piqué ? Elle ne se fait aucun souci. Ce n’est ni passionnant, ni de grande valeur, il n’ira certainement pas bien loin avec. Enfin, elle l’espère. Ça la ferait quand même bien chier de perdre ses notes et de devoir tout reprendre, et puis c’est lui qui serait responsable de sa mort si elle doit travailler encore au lieu de dormir ou de manger.

Uptight vs. charming.

I know you're scared it's wrong like you might make a mistake

Reluquer les filles, était ce qu'il savait faire de mieux très certainement. Faire en sorte de passer pour le ringard de service ou pour le charmeur des temps modernes, au choix. À l'heure actuelle, il passait surtout pour le pervers du coin, mais c'était sans compter sur la répartie de sa nouvelle proie. Il cherchait à se divertir, à faire en sorte que son temps passe plus vite qu'à l'ordinaire. Juste pour cette fois, il s'accordait un moment de répit dans sa douce et éternelle fainéantise. Cette jeune femme en ferait les frais et subirait son insatiable envie. Il était si proche d'elle, bien trop proche pour que ça soit correcte. Faire du chantage n'était pas dans ses cordes. Il ne donnait jamais de choix à faire, il ordonnait les siens, peu importe le partenaire qu'il avait.

« J'ai l'air de te faire du chantage là ? Et qu'est-ce qui me ferait croire du contraire, hm ? »

Ils tournaient tout deux en rond. Mais elle ne pouvait pas trahir les signaux d'alarmes que lui lançait son corps. Il ne sourit que davantage quand son estomac se mit de son côté. C'est à croire que tout était décidément contre elle. Et ça ne semblait pas l'avantager, elle l'avait comprit.

Adriel se tourna, la suivant du regard regagner la place qu'elle avait occupé un peu plus tôt. Un sourire étira ses lèvres et, le livre toujours coincé sous son bras, il la suivi, prenant place sur une chaise qu'il tira juste à côté d'elle et y poser son séant. Il tendit le bras et posa le plat de sa main sur son nouveau cahier, l'empêchant de continuer à écrire quoi que ce soit. Avouez que, si elle n'était pas du tout consentante à tous ses agissements, elle l'aurait clairement envoyé sur les roses et en voyant son acharnement, aurait signalé sa présence à la bibliothécaire qui aurait ensuite été chargé de le mettre à la porte. Elle était joueuse et lui aussi, ne pouvaient-ils pas trouver un terrain d'entente plutôt que de jouer à ce jeu pourtant fort intéressant ? Il ramena son bras à lui emportant le cahier dans son geste.

« Venir sans raison, tu as tout juste mais maintenant je ne peux pas partir sans raison. A moins que tu ne m'accompagnes. »

Il se leva rapidement, se saisissant du sac de la jeune femme pour y engouffrer ses affaires en un temps record. Il faut dire que, vu le nombre d'années passées sur les bancs de l'école, il avait eu le temps de s'entrainer dans la matière. Il se fichait que ça soit un sac féminin, il le jeta sur son épaule gauche et toisa la jeune femme d'un air victorieux. On sait tous qu'une femme sort toujours avec ses affaires personnelles dans un sac. Si tout se trouvait là-dedans, elle n'aurait d'autre choix que de l'accompagner.

« Si tu considères que ceci est un kidnapping alors je suis un criminel. Viens m'arrêter... »

Accompagné d'un sourire amusé, il recula pas à pas en direction de la sortie, sans cesser de la regarder. Il avait ses affaires personnelles et il partait lentement, si elle était dotée d'une bonne jugeotte, elle le suivrait et il aurait enfin gagné.

Sourcil arqué, la jeune femme prendre le temps de réfléchir à la question : comment lui faire croire ce qu’elle n’est pas ? Après tout, ils ne se connaissent ni d’Ève, ni d’Adam et quand bien même on peut dire ce que l’on veut au sujet de la première impression… Il peut au moins lui laisser le bénéfice du doute. En ce qui concerne Ivana, elle ne reviendra pas sur sa décision. Pas question d’accepter son invitation. Sa journée, son programme… Sa vie n’a pas besoin d’être dérangée de la sorte.
Le nez replongé dans un travail plus ou moins fictif cette fois, elle prie, croise les doigts, bref tout ce que vous souhaitez pour que monsieur s’en aille sans histoire, sans qu’elle ait besoin de taper un scandal dans ce « temple du travail ». Mais il faut croire que cela n’arrivera pas puisqu’il décide de s’installer, juste à côté. Est-ce qu’il compte jouer avec ses nerfs maintenant parce qu’elle a refusé ? Ivan se retient pour ne pas l’étriper. Contrairement à lui, elle tient au fait de pouvoir encore fréquenter ce lieu à l’avenir.
Regard en chien de faïence.

Et voilà… « Non mais je rêve ? » Murmure. Énervement. Tout y est. Si cette fois, il n'a toujours pas compris qu'il pousse le bouchon un peu trop loin...
Dans une sorte d’état de choc, la jeune femme n’a pas le temps d’intercepter quoi que ce soit. D’une seconde à l’autre, la table est rangée (par contre, son sac doit être un sacré bordel) et il s’apprête à partir avec ses affaires.
Elle se mort la lèvre. Bouger ou rester ? Paniquée à l’idée qu’il tombe sur ce qui est « personnel » ou du moins sur ses médicaments, quitte à être spécifique… Sérieusement, il peut se retrouver nez à nez avec un tampon de secours, Ivana s’en remettra plus vite que pour son traitement. La jeune femme se lève à toute vitesse, manque de se retrouver par terre, et tente de le rattraper.
« Voilà, t’es content ? » Elle baisse aussitôt les yeux. La remarque est peut-être sortie à un volume un peu trop fort.
Avant d’être à sa hauteur, une idée lui traverse l’esprit.
Après tout… Après tout, elle pourrait lui sauter dessus, tenter de le plaquer au sol, récupérer ses affaires et retourner vaquer à ses occupations.
Instant de réflexion. D’accord, elle juste vu ce genre de chose se faire à la télévision, pas question de s’y essayer sans entraînement. En plus, elle risquerait de se faire mettre à la porte de la bibliothèque.
Mauvaise idée.
Ou sinon, elle le suit et une fois ses affaires récupérées, elle prend la fuite. Chez elle, revenir ici, peu importe dans l’immédiat.
Alors en attendant, elle le suit, traine un peu la patte, certes. Bras croisés, tête haute, sourire absent.

« Même pas une heure en ta compagnie et tu m’agaces déjà. »

Vivement qu’elle reprenne son sac.
Vite qu’ils sortent d’ici.
Promis, dès qu'ils ont franchi la porte, elle reprend son sac.