"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici whatever happens, we stick together (feat. Sam) 2979874845 whatever happens, we stick together (feat. Sam) 1973890357
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() message posté Mer 9 Juil 2014 - 16:12 par Invité
Je claque la porte de l’appartement et m’adosse au mur un instant, le regard tourné vers le plafond. Prise de nausées, je porte la main à la gorge, tentant tant bien que mal de retrouver ma respiration et des palpitations acceptables. J’avais couru pour arriver jusque ici et force était de constater que tout ça n’était plus aussi facile qu’avant. Fichue maladie. Tapie dans l’ombre pendant des heures et réapparaissant soudainement pour me planter un couteau dans le dos. Ca allait donc être comme ça maintenant ? Je ne pouvais même plus courir pour échapper à un orage sans demander 15 minutes de pause pour m’en remettre ? Je laisse échapper un soupir, me remets sur mes pieds et rentre dans ma chambre, où je me dirige vers la fenêtre. Dehors, le ciel se découpait en larges bandes contradictoires : des litres de lumière dorée se déversaient au loin, au dessus de moi les nuages noirs et violets déferlaient à toute vitesse, bientôt la pluie allait s'abattre sur les maisons les plus lointaines au coude à coude, frottées les unes aux autres et la ville entière se retrouverait alors sous l'eau. Je retire mes sandales d’un coup de pied, satisfaite d’avoir échappé au déluge, tant ma tenue du jour ne l’aurait pas supporté – voire serait devenue quasi indécente (je n’avais pas besoin de ça en plus). Je branche mon téléphone à mon enceinte, lance la playlist, fais deux pas en arrière et me laisse tomber mollement sur le lit.  

Cette journée avait été quelque peu surréaliste. Du moins pour moi. On m’avait traité comme du bétail. Essaye cette robe. Oh et ce maillot de bain. Et pourquoi pas celui-ci ? Redresse le menton. Très jolie. Tes mains autour du visage. Plus haut. Magnifique. Et ce pendant des heures et des heures. Beaucoup plus longtemps que je ne l'avais imaginé, tellement que j’avais encore une fois raté ma dialyse, d’où les essoufflements et vertiges de tout à l’heure. J’avais été étonnée qu’on me laisse me rhabiller seule. Qu’on me laisse partir tout court pour être honnête. Ils avaient tous l’air de forcenés, de rapaces, trop heureux d’avoir trouvé une proie. J’avais été analysée, décortiquée, lissée, bouclée, pailletée, tirée dans tous les sens. Le mannequinat était apparemment un monde sans limite. Ton corps ne t’appartenait plus. A toi de faire la marionnette immobile et de laisser toute cette équipe frénétique tirer les ficelles et te transformer en quelque chose que tu n’étais pas. Aujourd’hui, j’avais signé le contrat, j’étais officiellement devenue mannequin. Et mon dieu que ça ne me plaisait pas. J’avais toujours ri de ces femmes en couvertures de magasines qui avaient perdu toute forme humaine et ressemblaient à des créatures descendues du ciel. Et voici que j’avais reçue comme promesse aujourd’hui que j’en ferais bientôt partie. Tout cet univers allait à l’encontre de ce en quoi je croyais. Je me demandais comment nous pouvions laisser les apparences dicter nos vies à ce point-là ? On dit souvent qu’ « il faut sauver les apparences ». J’avais tendance à penser qu’il faut les assassiner, car c’est le seul moyen d’être sauvé. Mais je n’allais pas me plaindre, du moins ouvertement. J’aurais conscience de l’indécence de mes geignements. Pauvre petite fille qui n’aime pas être mannequin. Je faisais ça pour Sam, ces contrats allaient faire rentrer de l’argent qui irait directement sur son compte et la soulagerait d’un poids énorme, poids que je lui infligeais depuis bien trop longtemps à présent. Sam … Quand j’allais lui annoncer que je devenais mannequin … Elle avait déjà eu du mal avec l’arrêt, provisoire, de mes études. Je préfère ne même pas y penser et me redresse d’un coup pour aller dans la salle de bain.

J’avance devant la glace. J'affronte mon reflet. Épuisée, je n'en ai pourtant pas l'air. La couleur de mes yeux ne laisse pas la place à la fatigue que je peux ressentir et je m'en étonne. J'avais des cernes la veille. Je me souviens avoir pensé à quel point c'était consternant d'avoir des cernes à vingt-deux ans. Aujourd'hui, je n'en ai plus. La magie du maquillage professionnel. J’attrape un coton et redeviens moi-même. Mieux encore, dehors le ciel gronde et la pluie s’abat enfin contre mes fenêtres tandis que c’est à ma chanson préférée de s’échapper des enceintes.
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() message posté Sam 12 Juil 2014 - 13:56 par Invité


but i still love you whether you are capable of letting me or not. so, i forgive you.

Elle en était déjà à sa cinquième cigarette. En une simple après-midi elle avait balayé des mois et des mois de bataille acharnée contre la nicotine. Et elle ne s'en voulait même pas une seule seconde. En sortant de chez elle ce matin-là, Sam s'était arrêté devant le kiosque où elle prenait habituellement le journal, seulement le journal. Mais cette fois, elle troqua le Times contre un paquet de Winston mentholées. Après tout, elle était en vacances, non ? C'était bien ce que son supérieur lui avait dit. C'était ainsi qu'il préférait appelé les congés qu'il lui imposait. Le chef de la police l'avait demandé dans son bureau et lui avait demandé sa plaque et son arme. « Vous êtes suspendue jusqu’à nouvel ordre Agent Bower. Prenez des vacances, dormez, ressaisissez-vous. » Ses mots avaient eu l’effet d’une bombe. Il avait posé une main sur son épaule, le regard empli de compassion. Elle avait eu des envies de meurtre pendant un court instant. Sans le savoir, il terminait de l’achever. Elle avait tenter sans succès de le faire changer d’avis mais rien n’y avait fait ; elle avait fauté, et elle en payait le prix fort. Son erreur de la veille lors d’une arrestation lui coûtait quelques jours d’arrêt qu’elle espérait ne pas voir s’éterniser. Elle ne pouvait pas se le permettre. La brune était rentrée chez elle d’un pas lourd, ne trouvant pas même réconfort dans les factures qui l’attendaient dans sa boite aux lettres. Elle décidait de ne pas les prendre et se laissa simplement tomber sur le canapé. Et la jeune femme s’était réveillée ainsi, douze heures plus tard, gênée par les rayons chauds du soleil sur sa peau. Et elle était descendue prendre un paquet de clopes. On lui retirait son hobby, elle en trouvait facilement un autre. Elle se demandait lequel était le plus mortel tout en prenant le temps de s’asseoir en terrasse pour la première fois de l’année. Ainsi, elle pouvait admirer la vie. Les gens passaient, se jaugeaient, sans vraiment poser les yeux sur la personne en face d’eux. Après tout, que savait-on du regard que l’on croisait au coin d’une rue. Ainsi assise avec son café, qui pourrait deviner la vie de Sam. Sûrement personne. Personne ne prendrait le temps de se demander ce qui se passait dans la petite vie de la brunette. Elle tirait sur sa cigarette tout en imaginant la vie que pouvait être celle de cette femme blonde en face d’elle, entourée de deux gamins criards. Et celle de cet homme en costard qui avait le regard rivé sur son smartphone. Elle resta ainsi un long moment, regardant les gens défiler tout aussi vite que les cigarettes de son paquet. Ses yeux bleus parcouraient le grand Londres du regard alors que les vibrations de son téléphone dans la poche de son jean devenaient gênantes. Elle fronçait les sourcils en voyant le numéro qui s’affichait sur son écran. Sans l’avoir enregistrer elle connaissait les chiffres par coeur. L’hôpital l’appelait tant de fois qu’elle aurait pu se faire tatouer les chiffres sur son corps. Prenant une grande inspiration, Sam décrochait et portait l’appareil à son oreille. « Bonjour Mademoiselle Bower, ici le Dr Leah de l’Hôpital Saint-James. Je vous appelle pour vous signaler l’absence de votre soeur à sa dialyse quotidienne de ce matin. S’il s’agit d’un oubli ou d’un empêchement nous pouvons convenir ensemble d'un autre date… » « Je m’en occupe. » Elle coupa la femme à l’autre bout du téléphone et raccrocha avant de déposer un billet sur la table. Elle prenait son sac et sa veste avant de s’enfoncer dans les longs couloirs du métro londonien. D’abord prise par la colère, un autre sentiment familier finit par l’envahir au fur et à mesure que les minutes défilaient. L’inquiétude. Elle avait d’abord été énervée de savoir Lexie toujours aussi irresponsable, mais alors qu’elle était presque rendue chez elle, Sam envisageait d’autres scénarios toujours plus inquiétants. Peut-être Lexie allait-elle mal, peut-être n’avait-elle pas pu se rendre à sa dialyse à cause d’un malaise. A la sortie du métro, la brune fut surprise par une pluie battante et se lança dans une course jusqu’aux appartements qu’occupaient sa soeur. Elle montait les marches quatre à quatre avant de tomber devant la porte de Lex. Sans ménagement, elle commençait d’abord par la sonnette avant de frapper de toutes ses forces. « Lex ! LEX ! » Elle tambourinait sans arrêt alors qu’aucune petite tête familière ne venait lui ouvrir. Prise de panique, elle vidait son sac pour trouver le double des clés qu’elle avait fait de celles de sa soeur. Malgré son regard humide, elle trouvait finalement le trousseau et ses mains tremblantes parvenaient enfin à ouvrir la porte. Rapidement prise par le volume de la musique de la pièce d’à côté, Sam traversait le salon pour se rendre jusqu’à la chambre de sa soeur. Là, elle entendait des bribes de chants provenant de la salle de bain alors que les enceintes crachaient une musique assourdissante. Détachant l’ipod de sa soeur de l’appareil, elle se rendait dans l’encadrement de la porte de la salle de bain et fixait sa soeur d’un regard noir. « Non mais tu te fous de moi ?! »



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() message posté Mar 15 Juil 2014 - 14:33 par Invité
La musique résonne contre les murs  et couvre le bruit de l’orage. Je continue de me dépatouiller de tous ces artifices qui ne me ressemblent pas tout en me laissant entrainer par le rythme. Brosse en guise de micro improvisé et mouvements de tête gracieux, je me prends au jeu. Mon reflet dans le miroir m’amuse, je suis peut-être ridicule, peut-être même immature mais ce sursaut d’insouciance et de jeu enfantin me plait bien et  me permets de m’évader quelques secondes. De plus, Noah n’était pas à la maison. Ce n’est pas que j’aurais peur que le volume puisse l’importuner mais les remarques moqueuses et désobligeantes sur ce petit passe-temps nous auraient invariablement conduit ensuite à un nouveau règlement de compte. Je pose ma brosse tandis que j’attrape un élastique quand la musique se coupe soudainement. Je fronce les sourcils, je n’avais pas du entendre Noah rentrer et voilà qu’il se permettait à présent de rentrer dans ma chambre pour débrancher mon téléphone. Je pivote sur moi même, le regard noir fixé sur l’encadrement de la porte et mon visage s’éclaire lorsque j’aperçois Sam. Je laisse un sourire se dessiner sur mes lèvres. « Non mais tu te fous de moi ?! » Je déchante rapidement et fronce les sourcils tandis que je finis de m’attacher négligemment les cheveux. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne travailles pas, tout va bien ? »  Je m’approche d’elle, dépose un léger baiser sur sa joue au passage tandis que je l’entraine avec moi dans la chambre et m’assois sur le lit. « T’as frappé ? J’entendais pas, excuse moi » . Je ne comprends toujours pas ce que ma sœur peut faire là à 17 heures connaissant plutôt sa tendance à partir du travail à des heures improbables. Mais j’en étais contente. Pour l’instant. Je l’observe, soucieuse de la voir si fatiguée et énervée pour une raison qui ne m’avait pas encore traversé l’esprit. Sam est l’une des personnes les plus attentionnée que je connaisse, pas seulement avec moi. A l’écoute des autres, ambitieuse, brillante, une âme pure. Et surtout, une femme forte. Avec ses faiblesses, le passé douloureux qui était le notre, ses blessures personnelles, mais la tête toujours haute et le regard déterminé. Je l’admirais, je l’admire plus que personne mais je ne peux m’en empêcher de lui reprocher quelques fois ce dévouement pour autrui au détriment de son bonheur. Elle me paraissait épuisée, et je percevais dans son regard, et ce de plus en plus souvent, une lueur de tristesse qui m’inquiétait quotidiennement. Et me brisait à chaque fois un peu plus le cœur, tandis que je savais que j’en étais en grande partie responsable.

Je n’y pouvais rien. Je ne pouvais pas vivre ma vie comme elle l’espérait, j’avais essayé et je n’y arrivais pas. Je ne tiens pas. J’avais perdu Josh et perdre quelqu'un, ce n'est pas anodin. Cela me rappelle en permanence que la vie ne tient qu'à un fil. Et que je veux étendre ce fil au maximum, sans que quelqu’un essaye en permanence de me rappeler que celui-ci risque de se briser sous les assauts. Et brusquement, je me rappelle. Je ne m’étais pas rendue à la dialyse aujourd’hui. Et l’hôpital avait du prévenir Sam. Encore. Je ne comprenais pas pourquoi ils persistaient à agir de la sorte. J’étais majeure mais traitée comme une enfant et Sam débarquait chez moi à chaque fois, le regard embué et le souffle court, prête à me retrouver inanimée sur le sol de la chambre. Cela avait déjà été le cas malheureusement, et plus d’une fois. Ce que je traverse en ce moment ressemble à une chute lente et silencieuse, comme dans ces rêves d'enfant qui, des années après, continuent de nous poursuivre. Je n'en finissais pas de tomber et je m'en voulais de ne pas pouvoir aider Sam qui avait elle aussi ses problèmes, j'en étais pleinement consciente. Je culpabilisais. Tout le temps. J'avais l'impression de lui faire perdre du temps avec moi. De ne pas être à la hauteur. J'avais l'impression qu’elle finirait par ouvrir les yeux un beau jour et se rendre compte qu’elle me déteste. J’avais pourtant besoin d’elle. Je m’évertuais à lui dire le contraire, à lui faire comprendre qu’elle ne devait plus s’occuper de moi, ne plus se précipiter chez moi au moindre coup de fil de l’hôpital. Et je le pensais. Mais je ne voulais pas être seule non plus. Etre seule est sûrement ma hantise. Mon amour perdu avait laissé des traces. Plusieurs fois, on m'avait dit que les traces étaient faites pour être effacées. Mais je ne veux pas. Toujours pas. Et je m’accommode de cette phobie de l’abandon. Ne plus avoir personne pour partager le quotidien, même pas quelqu'un qui m'énerve, même pas quelqu'un qui me dégoûte, personne, ce n'est peut-être pas mieux finalement. Moi j'ai besoin qu'on s'occupe de moi, qu'on m'aime ou qu'on me dégoûte ou qu'on m'énerve ou qu'on me fasse rire, mais aussi qu'on me laisse tranquille. J'étais paradoxale, je le savais. Mes proches le savaient. De quoi ais-je le plus besoin finalement, qu'on s'occupe de moi ou qu'on me laisse tranquille ? Je crois que j'ai besoin de mes amis tout simplement. Et de ma sœur comme j’ai besoin de respirer.

Je replie mes jambes sous moi et embraye immédiatement, histoire de ne pas laisser Sam me sauter à la gorge tout de suite. « L’hôpital t’a appelé ? Excuse moi, j’allais t’appeler, je viens de rentrer. J’avais un rendez-vous qui s’est éternisé, ce n’était pas prévu et j’ai pas pu m’y rendre. »
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() message posté Mar 29 Juil 2014 - 0:31 par Invité
Cela durait depuis des années. Depuis qu'elles avaient rendu visite à ce médecin, depuis que Lexie avait été diagnostiquée. Depuis qu'elle avait cette foutue défaillance rénale. Depuis que rien n'avait de sens. Elles avaient déjà perdu tant de choses. Elles n'avaient chacune jamais connu leurs mères respectives, sûrement trop occupées à passer d'homme en homme sans s'intéresser à l'enfant qu'elles avaient mis au monde. Elles avaient perdu leur père, trop lâche pour prendre le temps de s'occuper d'elles. Elles avaient perdu leur maison, leur chien, leurs sourires. Elles avaient déjà tant souffert. Mais la vie avait un sens de l'humour que Sam avait du mal à comprendre. Il avait fallu rajouter un nouveau défi. Il avait fallu mettre une vie en jeu, celle d'Alexandra. Celle que Sam aimait le plus au monde. Elle était la prunelle de ses yeux, son souffle, et pourtant elle la regardait défaillir de jour en jour, impuissante. Elle était malade, mourante, sur une pauvre liste, à attendre un organe qui ne venait pas. Sam avait même prié pour elle. Mais rien n'y faisait. Sa soeur lui échappait, filant entre ses doigts, comme si elles étaient toutes les deux prises dans le grand filet qu'était la vie. Mais Lexie n'était pas décidée à rester calme. Lexie avait décidé de vivre, malgré tout. C'était source de fierté pour Sam, comme d'inquiétude. Elle admirait le courage de sa soeur mais ne supportait pas de la regarder se détruire à petit feu. C'était trop. Alors elle s'était mise à traiter sa propre soeur comme le plus petit des délinquants qui pouvait atterri devant son bureau. Elle la fliquait, c'était ce qu'elle savait faire de mieux. Quitte à ce que cela les éloigne. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne travailles pas, tout va bien ? » La voix fluette de sa soeur la ramena à la réalité. Elle semblait étonnée, presque désinvolte. Que faisait-elle là. C'était une grande question. Elle était là dans l’espoir de ne pas retrouver sa petite soeur gisant sur le parquet de son appartement après avoir rater une dialyse. Mais expliquer cela une nouvelle fois à Lexie était comme se confronter à un mur ; c’était peine perdue. Elle laissait la blonde déposer un baiser sur sa joue et l’entrainer dans sa chambre où elles se firent face. « T’as frappé ? J’entendais pas, excuse moi » Les yeux grands ouverts, Sam laissa échapper un long soupire. « C’est tout ce que tu trouves à dire ? J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave, j’ai cru que tu étais… » Le mot restait coincé en travers de sa gorge. Morte. Impossible. C’était impossible pour elle de le concevoir. Non, elle ne voulait pas que le joli visage de sa soeur disparaisse un jour de sous ses yeux. Elle voulait voir son beau sourire jusqu’à son dernier souffle. Elle soupira avant de passer une main sur son visage, tentant de calmer les battements de son coeur contre ses tempes. « Laisse tomber. » Elle regardait Lexie, assise sur le lit, et se dit qu’un jour elle finirait par la rendre folle. Si ce n’était pas déjà fait. Elle était épuisée par sa tourmente incessante. Elle s’inquiétait nuit et jour, sans relâche. Elle priait, parfois. Elle priait pour pouvoir s’endormir sans soucis, et ne pas avoir de mauvaise nouvelle au moment du réveil. Une simple nuit tranquille, une seule. Une nuit qui n’était pas peuplée par ses cauchemars. Peut-être y aurait-elle droit un jour. « L’hôpital t’a appelé ? Excuse moi, j’allais t’appeler, je viens de rentrer. J’avais un rendez-vous qui s’est éternisé, ce n’était pas prévu et j’ai pas pu m’y rendre. » Le regard innocent de Lexie eut le don de calmer les ardeurs de la brune. Elle était si insouciante, presque inconsciente. Elle jouait avec sa vie comme on jouait au poker, ça passe ou ça casse. Aujourd’hui encore elle s’en tirait sans problème, mais Sam savait que le corps humain n’était pas un jeu, et qu’un jour il finissait toujours par lâcher. Le visage de Sam se durcissait alors qu’elle savait déjà quel rôle elle endosserait cet après-midi là. Le rôle de la méchante soeur, celle qui se prenait pour la mère de famille et qui punissait les vilains enfants. Elle pointait le téléphone de sa soeur du doigt, branché à côté d’elles. « Tu sais ce que c’est ça ? C’est ton portable. Au vingt et unième siècle, on s’en sert pour appeler d’autres personnes et accessoirement prévenir qu’on ne pourra pas se rendre à sa dialyse quotidienne qui nous permet de rester en vie. » Elle détestait faire des sermons à sa soeur, surtout quand on en connaissait le nombre. Après le départ de leur père, Sam avait endossé son rôle de flic autant au travail qu’à la maison, pour le plus grand déplaisir de Lex. « Et puis d’ailleurs, c’est quoi cette histoire de rendez-vous ? » Si elle devait être en colère, autant savoir pourquoi.
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() message posté Mar 29 Juil 2014 - 16:57 par Invité
« C’est tout ce que tu trouves à dire ? J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave, j’ai cru que tu étais… » Je ne m’arrête même pas, lui tournant le dos. Je prends une légère inspiration et m’autorise à fermer les yeux quelques secondes avant de lui faire face. « Laisse tomber. » Si seulement, ais-je envie de lui répliquer. Je me mords la langue juste avant que cette remarque ne fuse. Ce ne serait pas juste. Rien n’était juste. J’observe Sam lutter pour ne pas m’attaquer, m’engueuler, ou qui sait, me mettre au coin … Je ne dis rien, je ne saurais même plus quoi dire même si je le souhaitais. Je ne minimise pas l’effort de ma sœur, son combat, ses incessantes réprimandes que je lui impose, auxquelles je l’ai astreinte. Je suis consciente de l’excès de mes diktats, qu’elle souffre tout autant que moi depuis trois ans, que si je suis malade physiquement, Sam se rendait malade psychologiquement. Mais je suis convaincue que c’est le prix à payer pour que je reste vivante. S’il n’y avait pas mes silences … Si nos affrontements disparaissaient, cela voudrait dire que j’avais capitulé et je crois que j’en mourrais. Sam ne semble pas le comprendre, ou elle ne le veut pas, elle ne m’entend pas. Alors je reste en situation d’observation, d’attente que l’orage passe. Je n’ai rien sollicité, je n’ai pas posé d’acte. Je me tiens à mon silence avec une intransigeance qui forcerait l’admiration si l’intransigeance était admirable. Chacun son rôle. Et pour l’instant, nous étions chacune bloquée dans le notre sans possibilité de nous en échapper. « Tu sais ce que c’est ça ? C’est ton portable. Au vingt et unième siècle, on s’en sert pour appeler d’autres personnes et accessoirement prévenir qu’on ne pourra pas se rendre à sa dialyse quotidienne qui nous permet de rester en vie. » Sam en mère étouffante et colonel de régiment, moi en sale gosse insolente qui foutait en l’air sa vie. Je lève les yeux sur elle et me confronte une nouvelle fois à son regard empli de lassitude. Ce seul mouvement me ramène instantanément aux mois d’avant, à cette greffe rejetée, ces mois de peine, d’abattement. Quand je paraissais si démunie que j’en inspirais de la pitié. Je porte sur moi la trace de cette histoire, de cet échec, à même la peau. Je ne veux plus que le regard de Sam sur moi en soit également un rappel constant. « J’ai oublié Sam », répondis-je sobrement en plantant mon regard dans le sien. « Et puis, à quoi bon me faire cette peine, ils s’en chargent dans la minute de toute façon. Et toujours auprès de toi, qui plus est. » Même si ma propre bêtise m’accable parfois, même si je suis consciente du mal que j’inflige à Sam avec l’impertinence de mes réponses ou l’inconscience des mes actions, je ne peux m’en empêcher. A chaque fois. Au moment précis où je me livre à cette part de mesquinerie, je m’en fais le reproche, mais il est toujours trop tard. Mon caractère l’emporte sur mon intelligence. Je l’ai appris brutalement. On me fait régulièrement grief de ma froideur, de la distance que j’instaure, de mon incapacité à me livrer totalement, cette sorte de repli sur moi même qui découragerait même les meilleures volontés … Sam était toujours là. A s’acharner. Ce n’était pas un test que je lui imposais mais elle le relevait haut la main. « Et puis d’ailleurs, c’est quoi cette histoire de rendez-vous ? » Je lève les yeux au ciel un instant en passant une main dans mes cheveux pour les ramener sur mon épaule. Elle me paraît déjà bien énervée, étais-je vraiment prête à lui donner une nouvelle raison de s'inquiéter, de me faire la morale ? « Tu veux vraiment le savoir ? » Moi, je n’en avais plus envie. Je repense à cette après-midi de malheur, à quel point je m’étais sentie utilisée, inutile, une coquille vide qu’ils avaient tenté de rendre belle. Si moi-même je l’avais ressenti de la sorte, qu’allait-elle en penser ? Si Sam n’était pas arrivée, je me serais écroulée sur mon lit, complètement déchargée. Je n’avais pas la force de me battre une nouvelle fois, je refusais de le lui montrer mais je n’en avais pas l’énergie. « J’ai signé chez IMG Models », lâchais-je avec un sourire faussement enjoué. Si je n’arrivais même pas à le vendre … « Une agence de mannequin », je précise pour rendre la chose bien réelle. Je fais ça pour toi, Sam. Pour moi aussi. Pour ne plus ruminer tous les jours à l’hôpital sans rien faire de mes journées. Je ne peux plus aller à l’université pour le moment. Ce sera pour plus tard, promis, j’en rêve tout autant que toi. Mais tu finiras par te tuer à la tâche. On a besoin d’argent, de fric, tu comprends ? Je réprime tout cela pour le moment. « Faut croire que le look mannequin en attente de greffe qui a l’assurance de perdre deux kilos par mois, ça plait bien. J’te ramènerais plein de fringues si ça marche. » Ça, c’est mieux.
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() message posté Mer 20 Aoû 2014 - 18:37 par Invité
Alexandra était une bombe à retardement. Une bombe prête à exploser, prête à tout détruire sur son passage. À détruire Sam. Cette dernière ne l'avait pas découvert aux dernières analyses de sa soeur, ni lorsque le médecin leur a annoncé qu'elle était malade. Non, elle le savait depuis qu'elle l'aimait, depuis le départ. Depuis qu'elles avaient grandi seule et qu'elle l'avait regardé grandir, si différente d'elle. Il était bien plus simple de penser que sa soeur est comme nous, qu'elle nous ressemble, car alors il semble plus facile de la contrôler. Mais Lexie était le plus bel opposé de Sam. Elle était de feu et de glace, une lionne qu'on ne pouvait pas mettre en cage. Elle partageait avec Sam la colère, le sentiment d'injustice, mais elles avaient deux manières différentes de faire face aux problèmes. Sam les laissait la noyer petit à petit, alors que Lexie les ignorait, les oubliait. Il était plus facile d'oublier. Mais la brune ne pouvait pas se le permettre, elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle ne se le pardonnerait jamais. Alors elle restait la soeur paniquée, celle qui venait tambouriner à sa porte plusieurs fois par semaine lorsqu'elle n'avait pas de nouvelles. Elle vivait dans l'angoisse mais aussi dans la joie de voir de la vie dans les yeux de sa petite soeur. Alexandra lui offrait la plus belle chose : elle tenait bon. Elle ne se laissait pas crever sur le canapé, ni ne passait ses journées branchée à une machine. Elle vivait, elle vivait pour deux. « J’ai oublié Sam » Je sais. La brune avait simplement envie de la prendre dans ses bras, de lui dire que rien n'était grave, que rien ne serait jamais grave. Mais elle s'était promis de toujours agir dans son intérêt, et celui de Lexie était de recevoir ces soins. Alors elle croisait les bras, le regard faussement noir. « Et puis, à quoi bon me faire cette peine, ils s’en chargent dans la minute de toute façon. Et toujours auprès de toi, qui plus est. » Béa, Terry et Jena, voilà les noms des infirmières de l'hôpital qui s'occupaient du cas de Lexie. La première était une blonde mignonnette à peine plus âgée qu'elle, qui avait de sérieux problèmes avec les hommes. Terry était une femme plutôt forte qui travaillait d'arrache-pieds pour pouvoir nourrir ses quatre petits garçons turbulents. Et Jena était une belle brune typée qui ne savait plus quoi faire pour repousser son titulaire. Sam en connaissait sûrement plus de la vie de ces trois inconnues que de celle de sa propre soeur. Combien de fois était-elle rester une nuit entière au chevet de Lexie, endormie par les médicaments après qu'elle eut ratée une de ses dialyses ? Combien de fois avait-elle papoter à la machine à café avec ces femmes alors que son esprit revenait inlassablement à Lexie ? « Qui veux-tu qu’ils appellent d’autres ? Oncle Bob ne se donnerait même pas la peine de te réprimander, il t'aime trop pour te dire quoi que ce soit. Donc il ne reste que moi, la méchante soeur. » Qu’elle. La seule représentante de la famille de Lexie. Il n’y avait plus ni père, ni mère, pour aucune d’entre elles. Il n’y avait que Bob, un vieil ami de ce qu’elles appelaient autrefois ‘la famille’. Il n’y avait personne d’autre. Ces mots résonnaient dans la tête de Sam alors que sa soeur lui parlait d’un rendez-vous. Elle manqua de lever les yeux au ciel. Evidemment que sa soeur préférait un rendez-vous plutôt qu’une douloureuse séance de dialyse. « Tu veux vraiment le savoir ? » Epuisée, la brune s’avançait vers le lit où Lexie était assise. Elle avait besoin de souffler juste une minute. Alors elle prit place juste à côté de sa soeur et finit par ancrer son regard dans le sien. « Oui j’aime toujours savoir pourquoi je crie. » Et elle lui offre le premier sourire de la journée. Après tout, elle était sa soeur, et elle était attendrissante. En regardant Lexie, la jeune femme avait l’impression de prendre dix ans d’âge. Il y avait un fossé entre elles, un large fossé qu’elle ne parvenait pas à combler. « J’ai signé chez IMG Models » La brune fronça les sourcils, dans l’incompréhension. IMG quoi ? Signé quoi ? Elle ne se fit pas prier pour avoir une explication. « Une agence de mannequin » Le sourire que Sam affichait disparu doucement alors que la jeune femme voyait défiler les photos des magazines qu’elle feuilletait le matin dans le métro en allant au travail. Des filles qui posaient tout sourire pour des photographes qui, sans que le lecteur ne le voit, leur criaient dessus pour qu’elles se tiennent plus droite ou qu’elles se penchent un peu plus. Un monde que Sam ne connaissait pas mais qu’elle ne manquait pas de détester. « C’est une blague ? » Le petit rire de Sam se fait entendre, sans qu’elle ne soit rejoint par sa soeur. Non, ce n’était visiblement pas une blague. Le regard de Sam s’assombrit un peu plus, lassé. Dans un soupire, elle se lève, faisant un tour de la chambre, silencieuse. La voix de Lexie lui parvient par bribe, sans qu’elle n’y prête vraiment attention. « Faut croire que le look mannequin en attente de greffe qui a l’assurance de perdre deux kilos par mois, ça plait bien. J’te ramènerais plein de fringues si ça marche. » Et soudain, Sam se campe devant sa soeur, le regard fou. Elle ne comprenait pas à quel point Lexie pouvait être aussi naïve, à quel point elle pouvait mettre sa maladie de côté. Elle ne pensait jamais aux conséquences. « Tu es devenue dingue ? Ce sont les médicaments qui te font dire ces conneries ? Mannequin ? C’est ça la grande nouveauté du mois ? Et après, ce sera quoi ? Actrice ? Tu crois que j’ai le temps de gérer ta crise d’adolescence retardée ? » Elle criait presque, prise entre les larmes et le rire tellement la situation semblait irréelle. Qui sait, peut-être allait-elle tomber sur une photo de sa soeur le lendemain, portant des fringues de luxe que même avec tout le salaire de Sam elle ne pourrait pas s’offrir. « Tu vaux tellement mieux que ça Lex, tu ne le vois pas ? Tu mérites autre chose. »
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() message posté Jeu 21 Aoû 2014 - 14:49 par Invité
« Qui veux-tu qu’ils appellent d’autres ? Oncle Bob ne se donnerait même pas la peine de te réprimander, il t'aime trop pour te dire quoi que ce soit. Donc il ne reste que moi, la méchante soeur. » Je ne relève pas. « Et pourquoi pas m’appeler moi ? Tu sais, remonter à la source pour obtenir les informations. Plutôt que d’aller balancer à la grande sœur, j’ai l’impression d’être de retour à l’école. » J’essaie ensuite de rester légère, lointaine quand je parle de mon contrat, comme pour l’inciter à faire de même. « C’est une blague ? » Je regarde le sourire s’évanouir des lèvres de ma sœur lorsque je lui annonce la nouvelle. J’ai envie de le rattraper. J’ai envie de retourner en arrière, subitement. De plusieurs années. Je veux rire avec toi, Sam. Rire à en pleurer, tu t’en souviens, lorsque cela nous arrivait ? Et que notre père nous réprimandait et tapait au mur tard dans la nuit pour que ça cesse ? Pourquoi est-ce que tu me repousses ? Pourquoi est-ce que tu ne me laisses plus rire avec toi ? Je l’observe silencieusement, attendant le moment où elle se rendrait véritablement compte de ce que je viens de lui révéler. C’est au delà de toutes mes espérances et craintes. « Tu vaux tellement mieux que ça Lex, tu ne le vois pas ? Tu mérites autre chose. » Je lève les yeux au ciel. « Oui parce que la vie marche au mérite, comme on a pu le remarquer toutes les deux. On a du en faire des crasses, et des sérieuses alors, pour mériter toutes ces merdes qui nous tombent dessus depuis dix ans. » Je laisse filer ces mots froidement. Je ne sais pas pourquoi je ne laisse pas tomber, pourquoi je m’en sors pas une nouvelle fois avec une pirouette, une remarque ironique qui ne ferait rire personne mais qui éviterait de rentrer dans le conflit, qui détournerait l’attention. Pourquoi je ne laisse pas ces remontrances glisser sur moi comme d’habitude. Au lieu de ça, j’explose. « Je mérite autre chose. Mais quoi ? Qu’est-ce que je mérite ? Dis-moi Sam. Parce que moi je ne sais vraiment plus. Sincèrement. Tu trouves que tout se joue en fonction de ce qui est juste ou non ? J’ai mérité de tomber malade ? J’ai mérité de ne plus pouvoir vivre autrement que branchée à une foutue machine 80% du temps depuis 3 ans ? Et ça, quand tout va bien ! Tu crois que je tiendrais combien d’années encore comme ça, combien de mois ? Et tu l’as mérité toi ? De te retrouver coincée avec moi ? De t’épuiser, de te perdre au point de ne même plus savoir dissocier ta vie de la mienne ? Tu crois qu’on l’a mérité quand tout le monde se casse autour de nous, à commencer par nos parents, Josh ... Je fais fuir tout le monde. De ta vie aussi. »

Les jours défilent et je me bats. Je me débats envers et contre tous pour éviter de lâcher prise, de les écouter, de croire que je n’étais plus destinée qu’à gober des médicaments, laisser une machine me faire vivre et attendre une greffe sans faire de heurts. Pour éviter de disparaître. Sam est tout. Elle l’a toujours été. Elle est tout ce que j’ai, tout ce que j’aimerais être. Elle n’a pas l’air de s’en rendre compte. De se rendre compte que j’aimerais parfois me retrouver complètement seule. Pour l’épargner, pour l’apaiser. Lui prendre tous les soucis, toute la douleur, toutes les souffrances que je lui infligeais depuis toujours. Reprendre ce qui m’est du. Ce qui devrait être à moi et uniquement à moi. Je sais rester de marbre, je sais encaisser les coups, les reproches. Mes yeux sont incapables de cracher la moindre larme depuis bien longtemps maintenant. Peut-être qu’elle oublie alors à quel point ses jugements me tordent le cœur. Autant de mots que d’écorchures. Je suis orgueilleuse. J’aimerais bien lui dire tout ce que j’ai sur le cœur. Que je morfle. Que je sais maintenant que ça n’irait pas bien plus loin, que je finirais par en mourir, même si on nous fait miroiter une greffe miraculeuse. Mais je ne peux pas lui dire parce que ça lui ferait plus de mal qu’à moi. Alors pourquoi continuais-je ? Pourquoi n’arrivais-je pas à m’arrêter de parler ? Comme si, si je ne laissais pas sortir au moins ça, je lui confierais bien pire. « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Dis le moi Sam. Cet argent, on en a besoin. Je ne dis pas qu’il va tomber du ciel du jour au lendemain mais au moins je fais quelque chose, quelque chose qui pourrait te rapporter. Autre que de rester couchée dans un lit d’hôpital, à regarder les heures passer, heures qui te coûtent une fortune. Tu crois que j’ai mérité de devenir un des pires fardeaux de ta vie ? Tu crois que je ne le vois pas dans tes yeux, que je t’enfonce, que je te tue à petit feu, que tu t’éloignes de plus en plus », laissais-je alors échapper d'une voix basse, empreinte d’une véritable émotion, de celles qui font se briser les voix, qu'on retient en détournant le regard, en forçant son détachement. « Tu vas finir par me détester. Un jour, tu vas te lever, et tu te rendras compte que tu me détestes. Je me demande même comment ça peut ne pas être déjà le cas. Ça, tu crois qu’on l’a mérité ? Si la vie était juste, ça se saurait. Tu vaux mieux aussi, Sam. Mais ça, j’ai beau te le dire, tu ne m’écoutes pas non plus, tu vaux mieux que moi. » J’essaie de me calmer, de retrouver ce sourire, ce je m’en foutisme que je m’acharne à montrer à tous pour ne rien révéler d’autre. Je sais que j’ai fait une erreur, que je suis allée trop loin. Mais je ne peux pas ravaler mes mots, retourner en arrière. Pourtant c'est ce que j'aimerais. Un pas en avant, deux en arrière. C'était pourtant ma spécialité d'habitude. Pourquoi ne pouvais-je pas tout recommencer aujourd'hui aussi ? J'étais sortie de mes retranchements pour ne plus souffrir de la distance qu'il y avait entre nous. Et à présent, je ne sais plus quoi dire. C’est l’amertume qui me cloue sur place avec mes mots qui ne voulaient plus rien dire puisqu’ils arrivaient bien trop tard, bien trop durs. « Et pourtant, nous voilà. Crie, hurle, révolte toi contre ce qui est juste ou non. Dieu sait que j’ai laissé tomber. » Je finis d’une voix lasse, en détournant les yeux et en relâchant les épaules, résignée mais soulagée d’avoir réussi à interrompre ce flot de paroles incontrôlable. Ce n’est pas glorieux mais il ne s’agit que d’un dixième de tout ce que je ressens et de tout ce que j’aimerais bien confier à quelqu’un un jour.
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() message posté Mer 27 Aoû 2014 - 1:05 par Invité

« Et pourquoi pas m’appeler moi ? Tu sais, remonter à la source pour obtenir les informations. Plutôt que d’aller balancer à la grande sœur, j’ai l’impression d’être de retour à l’école. » Si tu n'agissais pas comme une enfant il en serait autrement. Sam ravala ses paroles, il était temps de calmer le jeu. Après tout, ce n'était pas la première dialyse que Lexie ratait. C'était toujours le même cercle vicieux, ce rythme continuel. Lexie agissait telle une enfant, passait au dessus de la case hôpital, qui ensuite appelait Sam, qui elle paniquait jusqu'à découvrir que sa soeur allait parfaitement bien et être finalement soulagée après deux heures de dispute. C'était leur quotidien, celui qu'elles s'étaient modelées avec le temps, avec la maladie. Celle de Lexie avait prit une telle place qu'il ne pouvait y avoir d'autre sujet de discorde. La brune aurait aimé ne pas être le méchant flic, la marâtre en haut de sa jolie tour prête à priver Cendrillon du bal de ses rêves. Elle aurait aimé pouvoir se disputer avec sa soeur sur des choses futiles comme se disputer pour un garçon ou la dernière cuillère de glace menthe-chocolat. La vérité était qu'aucune n'avait la force de finir cette cuillère, aucune n'avait assez d'énergie pour se battre contre autre chose que ce qui grignotait les reins de Lexie. « Oui parce que la vie marche au mérite, comme on a pu le remarquer toutes les deux. On a du en faire des crasses, et des sérieuses alors, pour mériter toutes ces merdes qui nous tombent dessus depuis dix ans. » Elles ne parlaient jamais de leur passé. Elles n’évoquaient jamais leurs parents, leur absence. Sam savait que sa soeur disait vrai ; elles ne méritaient rien de tout ce qui leur était arrivé. Mais alors quoi ? Pourquoi elles ? Pourquoi l’univers s’acharnait-il autant sur elles ? Rien n’était juste, mais même en faisant parti des forces de l’ordre, Samantha se demandait souvent si la justice existait vraiment ou si ce n’était pas une invention dans le but de rassurer les hommes. En tout cas, ce mot ne faisait pas parti du vocabulaire des Bower. La brune sentait ses doigts se mettre à trembler alors qu’elle regardait le visage de Lexie s’assombrir. Elle était une bombe à retardement, un engin capable d’exploser à chaque instant. Et Sam avait allumé la mèche. « Je mérite autre chose. Mais quoi ? Qu’est-ce que je mérite ? Dis-moi Sam. Parce que moi je ne sais vraiment plus. Sincèrement. Tu trouves que tout se joue en fonction de ce qui est juste ou non ? J’ai mérité de tomber malade ? J’ai mérité de ne plus pouvoir vivre autrement que branchée à une foutue machine 80% du temps depuis 3 ans ? Et ça, quand tout va bien ! Tu crois que je tiendrais combien d’années encore comme ça, combien de mois ? Et tu l’as mérité toi ? De te retrouver coincée avec moi ? De t’épuiser, de te perdre au point de ne même plus savoir dissocier ta vie de la mienne ? Tu crois qu’on l’a mérité quand tout le monde se casse autour de nous, à commencer par nos parents, Josh ... Je fais fuir tout le monde. De ta vie aussi. » Les battements de son coeur cognaient contre ses tempes. La tête entre ses mains, Sam faisait les cent pas, jetant de rapide coup d’oeil à sa soeur. « Ne dis pas ça, je ne suis pas coincée, je… Tu sais que je ne te fuirais jamais… » Ses mots se perdaient dans la pièce, aussi futiles que la petite voix qui les prononçait. La chambre tournait sous les coups de poignard des paroles d’Alexandra. Elle connaissait sa peine, sa douleur. Elle avait été là, à chaque instant. Le départ de leur père, la mort de Josh… Elle avait lu le malheur dans les beaux yeux de la seule personne qui comptait à ses yeux. Elle avait voulu engloutir cette tristesse, l’enterrée, la comblée par trop d’amour. Elle avait étouffé sa propre soeur, sans s’en apercevoir. Lexie n’y était pour rien, Lexie ne savait pas. Elle avait toujours voulu la protéger de tout. Mais la vérité c’était qu’elle n’avait aucune prise sur le coeur brisé de sa petite soeur. Son regard se pose sur la fenêtre et se voile d’une fine couche de larme. Elles auraient pu être si bien. Elles auraient pu avoir tellement mieux. Mais elle n’était pas parvenue à lui offrir plus que cette misérable vie qu’elles partageaient. « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Dis le moi Sam. Cet argent, on en a besoin. Je ne dis pas qu’il va tomber du ciel du jour au lendemain mais au moins je fais quelque chose, quelque chose qui pourrait te rapporter. Autre que de rester couchée dans un lit d’hôpital, à regarder les heures passer, heures qui te coûtent une fortune. Tu crois que j’ai mérité de devenir un des pires fardeaux de ta vie ? Tu crois que je ne le vois pas dans tes yeux, que je t’enfonce, que je te tue à petit feu, que tu t’éloignes de plus en plus » Dès que sa soeur énonçait le mot ‘argent’, tous les sens de Sam se mettaient en éveil. Elles n’avaient jamais eu beaucoup, mais la brune pensait que c’était suffisant, qu’elles n’avaient pas besoin de plus. Elle pensait que son boulot suffisait, qu’à elle seule elle parvenait à subvenir aux besoins de la famille. De sa seule famille. Elle pensait pouvoir tout gérer. Elle faisait volte-face et regardait Lexie, de loin. Ses mains s’agitaient et sa voix déraillait à mesure qu’elle parlait. « Alors quoi ? Tu laisses tomber les dialyses ? Tu vas te laisser crever ? Ne compte pas sur moi pour te regarder faire. » Ses yeux d’habitude d’un beau bleu océan reflétaient une tempête alors qu’elle rejoignait Lexie de quelques pas maladroits. « Tu es malade. Tu es entrain de mourir Lex. Tu meurs, et tu ne t’en rends pas compte. Je te regarde et tout ce que je vois c’est tout ce que je n’ai pas pu te donner, tout ce qu’on nous a pris. Alors bats-toi. Je sais que je suis égoïste, que je ne pense qu’à moi, qu’à mon bien-être mais la vérité c’est que je ne pourrais pas survivre sans toi. Tu ne me tues pas Lexie. C’est toi ma sauteuse… Tu es ma petite étoile. » Sa voix se brisait sur ses dernières paroles alors que ses fins doigts se saisissaient doucement d’une mèche de cheveux blonds d’Alex. Elle regardait ces cheveux lui filer entre les doigts comme l’avait toujours fait le bonheur. Ma petite étoile. C’était comme cela qu’elle l’appelait lorsqu’elles étaient encore enfant. Elle regardait les cheveux blonds de Lexie s’éclairer sous les rayons de la lune alors qu’elles transgressaient les règles et passaient des nuits à regarder les étoiles. C’était Lexie l’étoile. Et elle était la seule à ne pas le voir. Une larme roula sur la joue de Sam, larme qu’elle chassa d’un revers de main. Elle devait être forte, forte pour elle, toujours faire bonne figure. Le rire de Lexie, six ans, faisait écho dans la tête de la jeune femme. « Tu vas finir par me détester. Un jour, tu vas te lever, et tu te rendras compte que tu me détestes. Je me demande même comment ça peut ne pas être déjà le cas. Ça, tu crois qu’on l’a mérité ? Si la vie était juste, ça se saurait. Tu vaux mieux aussi, Sam. Mais ça, j’ai beau te le dire, tu ne m’écoutes pas non plus, tu vaux mieux que moi. » Ce qui restait du coeur de Samantha termina de se briser. Le fait que Lexie puisse un jour penser qu’elle était capable de la détester lui assenait le coup fatal. Elle se laissait doucement tomber devant les genoux de Lexie, encore assise sur le lit. Elle encadrait son visage de ses mains tremblantes, leurs regards bleus inséparables. « Toi écoute-moi. Tu es tout ce que j’ai de plus cher, tu es… Je n’ai pas besoin d’argent, je n’ai pas besoin d’avoir une belle maison ni un chien pour courir dans le jardin. Je n’ai pas besoin de tout ça si ça signifie te perdre toi. Tu ne vois pas ? Tu es tout ce qui compte à mes yeux, et jamais je ne pourrais un jour t’en vouloir. J’ai choisis de te mettre avant tout le reste. C’était ma décision, ma vie. » Elle relâchait la pression qu’elle exerçait sur les contours du visage de sa soeur et laissait ses mains retomber sur ses genoux. Ses paroles s’évanouissaient dans la pièce, comme si rien de tout ça ne s’était passé. Pourtant c’était le cas, elles s’étaient dit toutes ces horribles choses. Elles menaient un combat perdu d’avance. Elles se battaient contre celle qui avait déjà tout gagné : la maladie. Elles se trompaient d’ennemi, s’évertuaient à se crier dessus pendant que le véritable problème gagnait du terrain. « Et pourtant, nous voilà. Crie, hurle, révolte toi contre ce qui est juste ou non. Dieu sait que j’ai laissé tomber. » Elle avait crié, hurlé. Elle l’avait fait tant de fois. Elle ne comptait plus l’eau qu’elle laissait couler dans la salle de bain pour couvrir le son de ses sanglots le soir, et elle espérait que ses cauchemars n’avaient jamais réveillé sa soeur. Elle se révoltait chaque jour, chaque instant où elle croisait le regard résigné de Lexie. « Si tu savais comme je m’en veux. Si tu savais comme c’est dur pour moi de te regarder en sachant que je ne peux rien faire pour te sauver. J’ai toujours tout fait pour qu’il ne t’arrive rien, pour que tu sois toujours bien, que ton sourire ne quitte jamais tes lèvres. Je ne t’écoutais pas lorsque tu me disais que je faisais trop, je ne voyais pas le mal que je faisais. Il y a trois ans j’ai été puni pour ça, et aujourd’hui je suis impuissante face à ce mal qui dévore nos vies. » Elle parlait à coeur ouvert, à coeur blessé. Un coeur à l’abandon, mit de côté depuis trois ans. Un coeur qu’elle avait cessé d’écouter à l’instant où ce à quoi elle devait accorder le plus d’importance filait entre ses doigts.
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() message posté Mer 27 Aoû 2014 - 22:39 par Invité
« Alors quoi ? Tu laisses tomber les dialyses ? Tu vas te laisser crever ? Ne compte pas sur moi pour te regarder faire. » Je ferme les yeux quelques secondes en baissant la tête. Je refuse de regarder Sam m’observer comme si j’étais la dernière des idiotes. Ses yeux embués de larmes qui me laissaient convaincue que j’étais en effet la dernière des idiotes. « Je ne les laisse pas tomber, je fais comme je peux. Et je ne me laisse pas crever. Je me laisse vivre. J’essaie. » Je répète ces mots, qu’elle doit sans doute connaître par cœur. Je les répète, comme un automate, sans un mot au dessus de l’autre, ces mots que j’ai déjà prononcé des centaines de fois, sur tous les tons, de toutes les manières possibles. Je ne sais plus quoi lui dire d’autre. Il est impossible et dérisoire d'expliquer, impossible et dérisoire de se justifier, de demander pardon. « Tu es malade. Tu es entrain de mourir Lex. Tu meurs, et tu ne t’en rends pas compte. Je te regarde et tout ce que je vois c’est tout ce que je n’ai pas pu te donner, tout ce qu’on nous a pris. Alors bats-toi. Je sais que je suis égoïste, que je ne pense qu’à moi, qu’à mon bien-être mais la vérité c’est que je ne pourrais pas survivre sans toi. Tu ne me tues pas Lexie. C’est toi ma sauteuse… Tu es ma petite étoile. » Je ne veux plus voir de larmes dans ses yeux. Je ne veux plus en être la cause. Ma main accompagne celle de Sam dans son geste. Elle les efface d’un revers de main rageur. La mienne se fait plus douce et s’attarde un instant sur sa joue avant de la laisser retomber, incapable de prononcer les mots qu’elle désirerait entendre, incapable de laisser quoique ce soit lui montrer que moi aussi, je pourrais craquer. Je n’ai plus rien d’une étoile. L’ai-je déjà été ? Je voulais bien l’entendre plus jeune, je voulais bien la croire. Elle était ma grande sœur, mon seul repère, elle m’a donné la vie. Je n’avais aucune raison de ne pas la croire. Mais aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis lucide. Et je n’ai plus rien d’une étoile. Je suis trop éparpillée, trop en colère, trop dissolue, trop fulminante pour pouvoir prétendre au rayonnement des étoiles. Il n’y avait que Sam qui persistait à le croire. « Tu crois que je ne m’en rends pas compte. Qu’il va y avoir une fin. Je l’ai su avant toi, Sam. Je l’ai su et je ne sais plus comment te le dire. Ce n’est pas ce que je veux, ne crois pas que je ne me bats pas, et que je ne ferais pas tout pour rester auprès de toi. Tu n’es pas égoiste, je le suis, je ne veux pas partir loin de toi, je ne peux pas te laisser. » Et c’est sûrement le plus égoiste de mes besoins.

Elle m’observe longtemps, de ses yeux tristes, rendus gris, très gris par le chagrin. J’ai le cœur au bord des lèvres et ça aussi, je ne veux pas qu’elle s’en aperçoive, qu’elle ait une raison supplémentaire de m’en vouloir, de me prouver que j’avais besoin de mes dialyses. « Toi écoute-moi. Tu es tout ce que j’ai de plus cher, tu es… Je n’ai pas besoin d’argent, je n’ai pas besoin d’avoir une belle maison ni un chien pour courir dans le jardin. Je n’ai pas besoin de tout ça si ça signifie te perdre toi. Tu ne vois pas ? Tu es tout ce qui compte à mes yeux, et jamais je ne pourrais un jour t’en vouloir. J’ai choisis de te mettre avant tout le reste. C’était ma décision, ma vie. » « Ce n’est pas une vie ! » Je prononce ces mots durement, je hausse la voix. Je n’en peux plus de me disputer avec toi, Sam. Je n’en peux plus de ne plus simplement me blottir dans tes bras, te dire tout ce que j’ai perdu. Mais je ne peux pas le faire. Pas tant que j’aurais l’impression de te tuer si je me l’autorisais. Je me sens obligée de te faire front, de te résister, de défendre mes choix becs et ongles parce que je refuse d’être responsable de tes malheurs une minutes, une seconde de plus. Il n’y a que mes cris que tu sembles entendre. « Tu ne vis pas ta vie, je ne peux pas être ta vie. Pas quand la mienne est incertaine, pas quand on ne sait pas si elle perdurera. Et alors, qu’est-ce que tu feras ? Tu ne comprends pas ça ? Je veux une belle maison pour toi, et même un chien si c’est ce que tu désires. Je veux que ta vie soit tellement remplie de tout ce que tu mérites que, si un jour je disparais, tu aies tout ce qu’il te faut. Tu ne pourras pas m’en vouloir de t’avoir tout pris, de t’avoir privée de tout ce que tu peux être, de tout ce que tu es déjà sans que tu ne t’en rendes compte. Pourquoi est-ce que tu n’entends pas ce que, moi, je veux ? » Elle est la dernière personne sur cette planète que je souhaiterais blesser. Et elle est celle que je blesse le plus. Si elle ne me déteste pas pour cela, je le fais suffisamment pour deux. Elle se trompe, elle est l’étoile. Elle est le soleil. Elle est la galaxie toute entière, même. Pas seulement pour moi. Elle l’est pour tellement de personnes dans sa vie. Et je lui bouffe son oxygène, un peu plus chaque jour. « Si tu savais comme je m’en veux. Si tu savais comme c’est dur pour moi de te regarder en sachant que je ne peux rien faire pour te sauver. J’ai toujours tout fait pour qu’il ne t’arrive rien, pour que tu sois toujours bien, que ton sourire ne quitte jamais tes lèvres. Je ne t’écoutais pas lorsque tu me disais que je faisais trop, je ne voyais pas le mal que je faisais. Il y a trois ans j’ai été puni pour ça, et aujourd’hui je suis impuissante face à ce mal qui dévore nos vies. »

Je me souviens de ce jour où nous avions appris que nous n’étions pas compatibles. Je me souviens de tout. J’avais haussé les épaules, comme si je m’y attendais. Comme si ce n’était pas grave. J’avais évité son regard, effrayée de ce que j’allais pouvoir y lire. Je m’étais demandé où j'allais trouver la force pour continuer. Pour y croire. Les  choses me paraissaient vastes, insurmontables. En y repensant maintenant, je ne peux m’empêcher de sourire avec amertume. Le pire moment de ma vie. Cette sensation insoutenable d'avoir été abandonnée. Elle était si peu de chose comparée à ce que je ressentais à présent. Pourtant, j'avais cru ce jour là que rien ne pouvait être aussi douloureux, aussi dur. Je m'étais trompée. Rien n’était plus dur que de vivre tous les jours, sachant que Sam se sentirait coupable à jamais. « Je suis désolée, Sam. Tellement désolée de nous infliger ça. » Je me suis emparée de son visage, doucement, comme si j’avais peur de la briser plus qu’elle ne l’était déjà. Cependant, mon regard est ancré dans le sien, ma voix l’est également, volontaire, ne trahissant pas le désordre dans mes yeux. « Ce n’est pas ta punition, c’est la mienne. Tu m’as tout donné. Tout ce que tu as. Tout ce que tu pouvais avoir. Et je ne peux rien te rendre, je suis désolée. Je sais que je te déçois, tu attends tellement de choses de moi … Je ne peux pas. J’essaye de me rendre à mes dialyses pour toi, j’essaye de continuer à vivre aussi. Je ne peux pas tout concilier, j’ai beau essayé, ça ne colle pas. Je n’arrive pas à me dire que ma vie se limite maintenant à attendre une greffe qui n’arrive pas, que je rejetterais, que je gâcherais. Ça, ce n’est pas ta faute, c’est la mienne. Je ne perds pas le sourire, c’est le seul moyen pour que je ne le perde pas complètement. Mais j’ai besoin que tu comprennes. Que si toi tu ne l’as pas, il m’est impossible de continuer. » Mes mots s’évanouissent dans la pièce. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas laissé mon cœur parler, que je n’avais pas étouffé mes mots dans ma poitrine, me contentant de lever les yeux au ciel. Ça me faisait un mal de chien, je suis prête à me renfermer de nouveau. J’en ai besoin.
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() message posté Mer 24 Sep 2014 - 17:45 par Invité
'Sister. She is your mirror, shining back at you with a world of possibilities. She is your witness, who sees you at your worst and best, and loves you anyway. She is your partner in crime, your midnight companion, someone who knows when you are smiling, even in the dark. She is your teacher, your defense attorney, your personal press agent, even your shrink. Some days, she's the reason you wish you were an only child.'  


« Je ne les laisse pas tomber, je fais comme je peux. Et je ne me laisse pas crever. Je me laisse vivre. J’essaie. » Vivre. Elles avaient eu une vie, une fois. Pas une vie idéale, mais une vie quand même. Sam avait vu arriver sa petite soeur alors qu'elle était assez grande pour se pencher par dessus le berceau miteux installé dans sa chambre. D'abord, elle avait crisé. Qu'est-ce que ce bébé venait faire dans sa chambre ? C'était sa chambre, son espace, son terrain. Et puis, ses boucles brunes étaient tombées sur le visage du poupon, le faisant rire aux éclats. C'est sûrement à cet instant que Samantha avait aimé sa petite soeur. C'était ce rire qui avait percé son coeur et l'avait ravi à jamais. A cet instant, elle avait su que rien ni personne d'autre ne pourrait compter plus à ces yeux que la petite merveille aux yeux bleus qui se dressait sous ses yeux enfantins. Elle était restée des jours, des mois entiers à veiller sur ce berceau alors que dans la pièce d'à côté elle entendait son père, abusé par l'alcool et les plaisirs futiles de la vie. Il n'avait jamais levé le petit doigt pour elles, il n'avait jamais essayé de les aimer. Il les avait vu grandir sans mère, et n'avait pas cherché à leur apporter ce qu'il leur manquait. Seulement un geste, une preuve d'amour. Aujourd'hui encore, Sam savait qu'elle ne pourrait jamais pardonner son paternel pour ce qu'il leur avait fait. Mais il ne pouvait que le remercier de les avoir laisser, parce que sa présence n'avait jamais rien apporté de bon dans leurs vies. Mais en avaient-elles encore une, de vie ? Sam savait bien que l'hôpital et les perfusions n'avaient rien de la vie réelle, de la vie normale. Lexie était encore si jeune. Elle ne devrait avoir à se soucier de rien. Pourtant, la maturité s'était imposée à elle. Et aujourd'hui, elle disait stop. En sentant la main de sa soeur sur sa joue, la brune ne pu empêcher une nouvelle larme de couler. Cette fois, elle ne fit pas un geste, n'essaya pas de se cacher. Jouer aux dures étaient un exercice fatiguant. Elle ne souhaitait plus qu'une chose : sentir la chaleur de la peau de sa soeur sur la sienne. Savoir qu'elle était encore là, qu'elle était en vie. Ses yeux se fermèrent de douleur alors qu'elle attrapait la main de Lexie pour la serrer fort ente ses doigts. Elles étaient une tragédie, les pantins malheureux de la vie. « Tu crois que je ne m’en rends pas compte. Qu’il va y avoir une fin. Je l’ai su avant toi, Sam. Je l’ai su et je ne sais plus comment te le dire. Ce n’est pas ce que je veux, ne crois pas que je ne me bats pas, et que je ne ferais pas tout pour rester auprès de toi. Tu n’es pas égoïste, je le suis, je ne veux pas partir loin de toi, je ne peux pas te laisser. » Elle avait mal, si mal. Tout son corps était en souffrance, toute la peine du monde semblait s'abattre sur ses épaules frêles. Sa main lâchait celle de sa soeur pour venir camoufler sa bouche. Elle aurait pu hurler, crier. Elles étaient les victimes d'une grande injustice, les malheureuses qui avaient été tirer au sort pour souffrir plus que de raison. La mort les menaçait constamment. « Ne me laisse pas… » Ses mots n’étaient qu’un souffle, à peine audible. Elle était égoïste, oui. Elle voulait qu’Alexandra reste à ses côtés, toujours. Elle ne pouvait pas concevoir la vie sans elle, ne voulait pas. Lexie était son plus grand chagrin d’amour, à la différence qu’elle savait que celui-ci serait éternel. « Ce n’est pas une vie ! » Sam releva ses grands yeux embués vers Lexie et retrouva les traits durs qui marquaient son visage depuis déjà tant d’années. Elle se redressa et sa voix se fit sans appel. « C’est celle que j’ai choisi. » Son regard perçant tentait d’ancrer ses mots dans l’esprit de sa soeur, bien qu’elle savait que sa tentative était veine. Elle pouvait comprendre que Lexie n’accepte pas son choix de vie. La placer avant toute chose, tout être. Pourtant elle ne pouvait rien contre cela. Elle n’avait pas son mot à dire. « Tu ne vis pas ta vie, je ne peux pas être ta vie. Pas quand la mienne est incertaine, pas quand on ne sait pas si elle perdurera. Et alors, qu’est-ce que tu feras ? Tu ne comprends pas ça ? Je veux une belle maison pour toi, et même un chien si c’est ce que tu désires. Je veux que ta vie soit tellement remplie de tout ce que tu mérites que, si un jour je disparais, tu aies tout ce qu’il te faut. Tu ne pourras pas m’en vouloir de t’avoir tout pris, de t’avoir privée de tout ce que tu peux être, de tout ce que tu es déjà sans que tu ne t’en rendes compte. Pourquoi est-ce que tu n’entends pas ce que, moi, je veux ? » C’était la première fois qu’elle voyait sa soeur à coeur ouvert. Leurs disputes n’avaient toujours été que reproches. Sam et Lexie n’avaient jamais abordées ‘l’après’. L’après Lexie. L’après qui arriverait si elle n’avait pas de greffe. L’après si les dialyses ne suffisaient plus. L’après si elle venait à ne plus pouvoir vivre ainsi. Elles n’en parlaient pas car cet après était impensable. Cette vie sans Lexie n’était pas une vie que Sam souhaitait vivre. Elle ne voulait pas d’une belle maison, d’un gentil mari, d’un chien. Elle ne voulait rien de tout ça si Lexie n’était pas là pour y prendre part. Si elle ne venait pas le dimanche matin prendre le café alors que le reste de la maison dormait encore. Elle ne voulait rien de tout ça. « Je t’entend Lex. Mais ce que tu ne comprends pas c’est que je ne veux pas vivre tout ça si tu n’es pas là. Je ne veux pas d’une vie sans toi. C’est cette vie là, cette vie qu’on a maintenant que je veux. Je veux ma petite soeur, j’ai besoin d’elle. » Un sourire triste se dessinait sur ses lèvres gercées par les larmes alors qu’elle replaçait une mèche blonde derrière l’oreille de Lexie. Rien de tout cela n’aurait du leur arriver. Rien de tout cela n’avait de sens, rien n’était prévu. Elle n’avait jamais souhaité cette vie là, mais aujourd’hui c’était la seule qu’elle désirait. Car changer de vie, ce serait pour en trouver une où Lexie n’en ferait pas partie. Et rien de tout cela ne l’attirait. « Je suis désolée, Sam. Tellement désolée de nous infliger ça. » Elle ne voyait pas, elle ne savait pas. Rien n’était de sa faute. Rien de tout ça n’avait à voir avec ce qu’elles avaient pu mériter ou non. Tout n’était qu’une histoire de chance. Dans leur cas, de malchance. Les mains de Lexie vinrent se poster autour de son visage et ses yeux étaient ancrés dans les siens. Sam y lut une chose terrible. Le désespoir. « Ce n’est pas ta punition, c’est la mienne. Tu m’as tout donné. Tout ce que tu as. Tout ce que tu pouvais avoir. Et je ne peux rien te rendre, je suis désolée. Je sais que je te déçois, tu attends tellement de choses de moi … Je ne peux pas. J’essaye de me rendre à mes dialyses pour toi, j’essaye de continuer à vivre aussi. Je ne peux pas tout concilier, j’ai beau essayé, ça ne colle pas. Je n’arrive pas à me dire que ma vie se limite maintenant à attendre une greffe qui n’arrive pas, que je rejetterais, que je gâcherais. Ça, ce n’est pas ta faute, c’est la mienne. Je ne perds pas le sourire, c’est le seul moyen pour que je ne le perde pas complètement. Mais j’ai besoin que tu comprennes. Que si toi tu ne l’as pas, il m’est impossible de continuer. » Après un silence qui lui sembla interminable, Sam finit par se dégager de l’emprise de sa soeur. Ses yeux épuisés fuyaient les siens, cherchant simplement un moyen de s’enfuir. « Je n’y arrive plus Lex. Je ne peux plus faire semblant de sourire pour te faire plaisir. Je n’en ai plus la force. » Elle se lève et fait un tour de la chambre, pensive. Elle sait que bientôt sa soeur retrouverait le silence, que bientôt cette dispute sera derrière elles, que bientôt elles s’appelleraient pour parler de la pluie et du beau temps. Mais avant de prendre la porte, Sam savait qu’elle avait quelque chose d’important à lui dire. D’un coup, elle se retourne et prend soin d’appuyer chaque mot, chaque parole. « Tu vas vivre. Non, tu vas survivre. Tu auras une greffe, tu verras. Et tout ira bien, je te le promet. Même si tu as perdu l’espoir, je peux le garder pour nous deux. Ça je le peux. Parce que jamais je ne baisserais les bras, tu m’entends ? Jamais je ne me réveillerais en me disant que tout ça est vain. Je me battrais de toutes mes forces pour que tu aies le droit à la vie dont tu rêves. C’est ce que fait une soeur. » Pour la première fois depuis des mois, Sam lui souriait vraiment, un vrai sourire, un sourire rare, caché. Il n’avait rien de ceux qu’elle pouvait offrir à qui voulait chaque jour. Non, c’était un vrai de vrai, de ceux qu’une seule personne avait pu entrevoir à ce jour. La seule personne que Samantha chérissait plus que tout.
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