you're a car crash waiting to happen | MATTEO&MOIRA

Après neuf mois passé dans son salon à la narguer, Moira avait enfin pris la décision de rendre à Elliana le set de fitness qu'elle avait concocté pour la débutante qu'elle était. La benjamine avait fini par céder à ses nombreuses remarques sur un mode de vie sain et lui avait dit de lui préparer un programme qu'elle tâcherait de suivre à partir du 1er janvier. Etrangement, le 1er au matin elle était couchée dans son lit à décuver des excès des fêtes de fin d'année. Le 2 janvier n'avait pas été plus été une date plus révélatrice. Les jours qui avaient suivi non plus. Et pourtant le carton était toujours dans son salon, à la guetter le matin à son départ et le soir quand elle rentrait. Moira passait d'ailleurs son temps à changer de sujet dès qu'Ellie lui demandait comment se passait son programme. Elle n'avait pas eu le coeur de lui dire qu'elle préférait s'affaler sur son canapé lorsqu'elle rentrait des cours ou du zoo plutôt que de passer une heure à faire du sport. Elle avait bien essayé de se mettre à la corde à sauter, mais après seulement 30 secondes, elle s'était emmêlée dedans et s'était ramassée par terre, entraînant au passage une lampe dans sa chute. Ça avait été la fin de sa carrière de sauteuse à la corde.
Moira préférait faire du vélo. C'était une des rares activités sportives qu'elle pouvait exercer sans qu'elle ne l'ennuie. Elle aimait parcourir Londres avec ses écouteurs dans les oreilles. Elle aimait d'autant ça lorsqu'elle partait tôt le matin et que la capitale dormait encore.
C'était d'ailleurs à vélo qu'elle s'était rendue chez  sa cousine. Elle venait à nouveau de le faire réparer et, étant une habituée de la maison, avait même eu le droit à de nouvelles suspensions gratuites.    Le carton savamment accroché sur son porte-bagage, elle avait parcouru le trajet les cheveux au vent et un sourire aux lèvres, sans jamais s’essouffler. Et maintenant qu'elle gravissait les marches la menant jusqu'à l'appartement d'Ellie le carton dans ses bras, là voilà qui se retrouvait à haleter comme si elle était à la phase finale d'un décathlon. Haut les cœurs, elle avait fait les trois-quarts. Lorsqu'elle arriva à la dernière marche, elle brandit un poing dans les airs comme signe de victoire et se traîna encore jusqu'à la porte de l'appartement de sa cousine. Posant son fardeau sur son genoux pour sonner, c'est ce même moment que choisit son carton pour lâcher, répandant son contenu sur le palier. Moira soupira longuement et secoua la tête.  Tentant de maintenir le carton comme elle le pouvait, elle toqua à nouveau à la porte et, sans recevoir de réponses, soupira et se baissa pour récupérer le reste des affaires échouées sur le sol. La prochaine fois, elle préviendrait de son passage, ça lui éviterait des galères. La victoire ce serait visiblement pour demain.

Corde à sauter, mini set d'haltères fluos pour débutant, tapis de yoga et bien plus encore. Moira ne se souvenait même pas d'avoir vu la totalité de ce que contenait ce carton. Un jour elle prendrait une résolution qu'elle tiendrait fermement.
Une voix s'adressa à elle et la jeune femme sursauta, gênée d'être prise en flagrant délit de maladresse. A moitié étalée sur le sol à essayer de rafistoler un carton dont la coopération était visiblement moindre n'était pas la première impression qu'elle cherchait à transmettre. Cependant, sa gêne se transforma rapidement en agacement en entendant les paroles de son mystérieux interlocuteur.

- Non, vraiment ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Le fait qu'il n'y ai pas de réponse ou que je sois plantée à l'extérieur ? ironisa-t-elle.

Moira n'était pas du genre à être désagréable comme ça, pour le plaisir de l'être. Elle laissait volontiers ça aux vieilles femmes aigries par la vie. Le sarcasme et l'ironie par contre, eux, lui venaient naturellement. Un peu trop naturellement d'ailleurs selon ses proches qui avaient presque peur qu'elle finisse par devenir une de ces vieilles femmes aigries. Selon sa grand-mère, elle ne trouverait jamais de mari si elle se montrait aussi, comment disait-elle déjà, bourrue. Moira, bourrue, c'était la meilleure. Mais bon, il fallait avouer que toutes ses cousines d'Ecosse étaient déjà fiancées, mariées ou mères de famille. Et pourtant la plus âgée n'avait que quelques 3 années de différences avec la blonde. Assez pour que le côté écossais de sa famille ne se lamente de son célibat. Le pire avait été quand Garett, son frère aîné avait annoncé ses fiançailles. Jamie, le cadet de la fratrie qui était le playboy charismatique par excellence qui s'attirait les faveurs de tout le monde, même de leur grand-mère traditionaliste, l'avait regardé avec un sourire narquois "You're so damn screwed". Et effectivement elle n'avait pas eu une minute de répit depuis. La seule question qu'on lui posait à présent c'était "Et les amours ? Tu viendras bien accompagnée aux fiançailles de ton frère ?" Ses réponses négatives entraînait généralement sourires et autres réponses forcés.
Si sa grand-mère était là, elle aurait sans doute poussé un soupire à se fendre l'âme de la voir réagir comme ça à l'encontre d'une présence visiblement masculine. Se relevant avec son carton, elle posa les yeux sur la personne qui lui avait adressé la parole. Et failli refaire tomber son carton. Devant elle se trouvait Matteo. Autrement surnommé "l'épisode dont elle aurait aimé ne pas se souvenir". A savoir qu'elle avait fini finir la nuit avec lui. Finalement sa grand-mère n'aurait peut-être pas soupiré, elle l'aurait peut-être simplement giflé.
La jeune femme sentit la chaleur monter à ses joues à sa remarque, et se doutait qu'une jolie teinte rosée devait maintenant les colorer.

- Je ne suis pas sûre que ce soit encore une question à ce stade là si tu connais déjà la réponse.

Et vas-y balance un sourire triple A histoire de bien la gêner davantage. Moira se demandait si elle n'allait pas se liquéfier sur place. Surtout qu'elle ne pouvait même pas nier, elle était une piètre menteuse. La jeune femme le suivit du regard. Le voyant fermer sa braguette sans gêne, elle se gifla mentalement. Est-ce qu'elle avait vraiment failli perdre sa virginité avec ce type ? Heureusement qu'elle s'était ravisée lorsque.. Lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle allait coucher avec un homme marié. Voilà c'était dit. La jeune femme avait encore honte rien que d'y penser. Bon, pour sa défense, elle devait bien avoir 5 grammes d'alcool dans chaque bras. Levant les yeux au ciel, elle entreprit de sonner à nouveau chez Ellie. Qui sait son colocataire allait peut-être ouvrir. MAis elle n'avait plus beaucoup d'espoir.