Tonight i'm a man from the high-lands ft Noah L. Hemmingway

Ministry of sound; No need to bottle up, it's over and it's done. Let's drink to moving on. Settle down my friend. I’m ready in my time. I’m here I’m doing fine. ✻ La journée avait été incroyablement longue. Je fermais les volets de mon bureau d’un geste brusque. Mes désillusions sonnaient dans ma tête comme une symphonie inachevée, me rappelant à chaque seconde la déception qui me taraudait. Mon poste au Times UK était ma seule fierté. Le seul espoir auquel je pouvais encore me raccrocher. Mais voilà que mes supérieurs, êtres corrompus et calculateurs, me claquaient la porte de la gloire au nez. Je baissai les yeux au sol. Mon cendrier gisait par terre au milieu de mes feuilles froissées et mes aspirations de grandeur. Tous à la poubelle !  Ce n’était pas juste. J’étais de loin le seul élément prometteur de la boite. J’écrivais comme une machine, alliant efficacité et qualité. Mais mes articles emplissaient les pages de la rubrique in money sans jamais être en première page. J’étais trop jeune, trop hautain, trop ambitieux, trop incontrôlable … Trop de choses. Je grognai en sortant mon paquet de cigarettes. Mon corps frémissait de désir pour un poison qui se voulait réconfortant. Mais mes nerfs s’étaient trop habitués à la nicotine. Ce n’était plus qu’un leurre d’inhaler la fumée aromatisée de ma tige. J’avais besoin de drogues dures et de sensations fortes. Je plissai les yeux en tirant sur mon filtre. Il était interdit de fumer dans l’enceinte du bâtiment ? Et bien je les emmerdais royalement ! Je respecterais les règles le jour où elle me paraitrait justes et loyales. Je m’appliquerais d’avantage le jour où ma valeur sera réellement reconnue. J’écrasai ma cigarette à peine entamée avec animosité avant de claquer la porte. Mes pas effrénés me guidaient vers le garage. J’avais cette manie incompréhensible, et très stupide, de dévaler les escaliers à chaque fois que je me sentais stressé. Logiquement, il était plus pratique de prendre l’ascenseur, mais il y avait quelque chose dans mon rythme déchaîné et dans l’effort furieux de mes muscles qui me donnait l’illusion d’être plus rapide. J’appuyai sur le l’ouverture automatique de ma voiture. Je voulais rouler au loin. Je voulais démarrer en trombe et quitter ces lieux de désolation. Ma main moite chercha mon iphone dans la boite à gant. Je composai le numéro de Noah presque machinalement. Il était le seul à savoir me supporter dans un moment pareil, mais son téléphone sonnait dans le vide.

_ Ministry of sound dude. Xoxo.

J’envoyai un texto avant de me diriger vers le sud de la ville. La boite de nuit la plus prisée de Londres n’était qu’un ancien dépôt de bus isolé. Ironique non ? Un sourire malsain se traça sur mon visage tandis que je me dirigeais vers mon doux exil. J’avais hâte de sentir le gout de l’alcool brûler ma gorge et me retourner l’estomac. Je m’ennuyais de mon ivresse et de l’oubli qui l’accompagnait.

✻ Mon regard se posa sur la file d’attente interminable. J’étais trop impatient pour faire comme le commun des mortels. Heureusement, que j’étais un habitué des liens de dépravation. Je m’approchai du vigile avec assurance. Mon air suffisant valait de l’or ! Je me jetais volontiers dans le monde des ténèbres. L'obscurité et la musique violentaient mes yeux. Mon cœur se mit à battre la chamade, exalté par la frénésie de la chasse et la perspective d’une bonne cuite. Je me laissais glisser dans la foule déchainée jusqu’au comptoir.

« Deux shots de tequilla. » Lançai-je au barmaid.

Un pour moi. Un pour mon ami, le désespoir.

Ministry of sound; No need to bottle up, it's over and it's done. Let's drink to moving on. Settle down my friend. I’m ready in my time. I’m here I’m doing fine. ✻ Je n'ai pas de contrat ce soir. Pour un mercredi, cela n'a rien d'étonnant mais j'en viens à croire mes parents quand ils me disent que je suis un glandeur. Tu travailles trois soirs semaines, tu n'as pas à te plaindre. Non je n'ai pas à me plaindre, si ce n'est que j'aimerais bosser 6 soirées, je ne demanderais pas mieux. Quand bien même ce serait le cas, ils ne m'en féliciteraient pas pour autant. Car bien sur, je ne me lève pas chaque matin pour aller travailler au bureau et prendre en main l'entreprise de mon père, le reste, ça n'a aucune importance. Ce n'est même pas une vraie carrière, on me l'a assez répété. Mes parents ont appris à ne plus essayer de me faire changer de voie mais parfois leurs regards ou pire leurs silences en disent long. J'ai planché sur de nouveaux mixtes une bonne partie de la journée avec les plénitudes d'Alexandra en guise de paroles. Ma coloc est une plaie, ouverte et béante, qui ne se referme jamais. Le fait qu'elle soit jolie ne comble en rien son caractère, je ne vois que ses défauts même si, soyons honnête, je ne la déteste pas. J'aime particulièrement la faire chier, c'est tout. Soit. Elle n'a fait que râler et j'ai cessé de mixer pour manger et aller m'écrouler sur mon lit devant sons of anarchy. La soirée de rêve. A quoi bon se plaindre d'une mon ennuie pour râler un peu plus tard lorsqu'on me propose de sortir? Les bras de mon lit s'enroulent autour de moi pour me retenir prisonnier et je dois avouer que je m'y sens bien, gagné d'une flemmardise énorme. Je n'ai pourtant pas passé une bonne soirée avec Julian depuis un moment. Motivation, motivation... Ou es-tu?

Je me lève pourtant au son de la voix d'Alex et un de ses nombreux mec dans le salon. Le courage me tombe du ciel comme par magie, il est pour moi l'heure de me barrer loin de cette comédie. Ça va couiner dans tous les sens et loin de là l'envie d'entendre son lit claquer contre mon mur toute la soirée. Un tic tac magique - pour me mettre dans l'ambiance - et une bonne douche plus tard, je suis en route pour le sud de la ville et fini par sortir du taxi. Boire ou conduire, il faut choisir. Je commence doucement à me sentir bien et souris à la foule que je dépasse pour prendre l'entrée réservée au personnel. J'ai eut la chance de mixer deux soirées ici, j'en ai déduis que je pouvais m'accorder ce privilège, que personne n'a cherché à me retirer. C'est que cela ne les gêne pas. Mes yeux se plissent automatiquement pour s'habituer à la faible luminosité et je parviens à repérer mon ami adosser au bar, sans surprise. Je choppe l'un des verres de tequilla posé devant lui que je bois d'une traite, montrant les verres au barman pour qu'il nous resserve la même chose immédiatement. Je fini par taper dans sa main pour le saluer après l'avoir dérober de son précieux.

« T'as une tête jusque par terre Fitz. »

Je lance en souriant, l'air moqueur. En même temps, s'il était au top de sa forme, je doute que je serais là, je suis un peu comme son numéro d'appel "d'urgence" et inversement. Ce numéro qu'on ne compose que quand on veut se défoncer et passer une bonne soirée.

Ministry of sound; No need to bottle up, it's over and it's done. Let's drink to moving on. Settle down my friend. I’m ready in my time. I’m here I’m doing fine. ✻ La musique tambourinait dans mes oreilles mais j’étais trop absent pour me rendre compte de quel son il s’agissait. Mon esprit tanguait entre deux rives, pris au piège de mes pires tourments. Je ne supportais pas de stagner dans mon travail. Je ne supportais pas de renchérir les blagues vicieuses de mes patrons sans aucune contrepartie. Je bu mon premier shot d’un traite, avant de me rendre compte que le second venait de me filer sous la main. Je levai les yeux. L’obscurité était aveuglante, mais je pouvais facilement deviner les traits énigmatiques de Noah ; mon compagnon de dépravation préféré. J’arquai un sourcil avant de lui sourire d’un air narquois.

« Quand à toi, tu es charmant. » Lançai-je en réponse à sa remarque déplacée sur mon physique. Non mais, je beau en toute situation, blasé où pas ! « Si je suis trop à la ramasse, tu ramèneras les filles, et je me contemplais de les sauter. » Blaguai-je en lui faisant signe de s’assoir.

Le barmaid nous servi deux nouveaux shots. Je regardais mon verre d’un air inquisiteur : Chère Mlle Tequilla, voudriez-vous bien me faire oublier toutes les peines du monde et m’emmener autre part, dans une autre galaxie, où un autre univers ? Le temps d’une soirée ce serait parfait, je suis sûr que je ne manquerais à personne ! Ma conscience récitait solennellement ses louanges quand le visage placide d’Eugenia apparut devant mes yeux éteints. Je soupirai, ce n’était définitivement le moment de penser à elle. J’ouvris la bouche afin d’engloutir mon alcool salvatrice. Les morceaux de citrons posées dans un plat à ma droite narguaient mes gencives brûlantes, mais je refusais de me laisser à la douceur. Je me retournai vers mon ami. Il avait suffit qu'il apparaisse dans mon champ de vision pour que je me sente enjoué à nouveau.

« Tu as mis moins de temps que prévu. » Je souris d’un air malsain. « Tu avoueras que tu t’ennuies terriblement sans moi. »

Mes yeux se posèrent sur le comptoir, puis je scrutai les lieux en roulant discrètement les yeux. La boite était bondée, mais  toutes les personnes saines d’esprit avaient préférées se ruer sur la piste de danse plutôt que ce coin reculé de Ministry of Sound. Je me mordis la lèvre inférieure en sortant mon paquet de cigarette fétiche. Je pris une grande inspiration, me délectant des dernières senteurs d’air pur avant de me laisser aller aux plaisirs anodins de la nicotine et cannabis mélangés. Je n’aimais pas rouler mes joins en public, c’était mauvais pour image alors je trimbalais mon petit stock prêt à l’usage tout le temps. Je pris une tige entre mes doigts avant de faire glisser la boite vers Noah.

« Mon briquet m’a faussé compagnie. » Commençai en me penchant vers lui. « Allume-moi ça, s’il te plait. »

Mon ton était posé, et volontairement poli. Mais à l’intérieur j’étais en fusion, avide de tellement plus que l’étourdissement éphémère du hash. Je soupirai. J’espère que Noah a de quoi faire mon bonheur !

Ministry of sound; No need to bottle up, it's over and it's done. Let's drink to moving on. Settle down my friend. I’m ready in my time. I’m here I’m doing fine. ✻ Même si l'ecsta commence doucement à faire son effet, je ne suis toujours pas prêt à profiter pleinement de la soirée. J'entends mon lit m'appeler à travers la musique et l'envie de m'y plonger reste bien présente. Ceci dit, si je peux l'y rejoindre accompagné, ce n'est pas plus mal. Il faut absolument que j'arrive à me mettre dans l'ambiance pour profiter pleinement de la soirée, au risque de passer en plein bad si je n'y parviens pas. C'est bien connu que mon amie amplifie chaque émotion et sensation, bonne comme mauvaise. Ce serait du gâchis. « Je suis toujours charmant. Faut bien qu'un des deux fasse un effort ! » Ou on rentrera seuls comme les pauvres désespérés que nous sommes. Comme un vieux couples de gays. Je grimace à cette pensée. J'ai beau avoir l'esprit ouvert et ne juger personne, c'est le genre de truc qui me dégoûte personnellement. Un nouveau shot de tequila apparaît sous mes yeux et je le laisse là pour l'instant. Se défoncer ? Oui clairement je ne suis pas venu pour jouer au cluedo. Mais petit à petit, pour savourer la sensation d'être adsorbé dans un autre monde, lentement mais surement. S'il faut ramener des filles pour deux, autant être capable de tenir debout dans un premier temps. Avec sa gueule d'ange, je suis certain que même écroulé sur le bar et sans le moindre effort, Julian parviendra à ses fins mais sait-on jamais.

« Ma coloc a ramené un énième chien errant, j'ai préféré éviter leur parade. Puis tu sais que je n'dis jamais non à une bonne soirée. » Je lève les yeux au ciel. Par chien errant, comprendre un nouveau mec qu'elle a trouvé on ne sait ou, avec qui elle va se défoncer. Demain, elle aura à nouveau la tête dans la cuvette à vomir ses tripes, je devrai quant-à-moi essayé de ne pas en faire autant juste à l'entendre. « Mais oui, je m'ennuie à mourir, tu m'as terriblement manqué Julian. » Je lui adresse un sourire narquois. S'il n'y a que ça pour le réconforter.

Je l'observe sortir une " cigarette " de sa poche d'un air mauvais. Croyez le ou non, j'ai beau prendre et tirer sur plus ou moins tout ce qui me passe entre les doigts, je déteste être confiné dans une pièce ou les gens fument. Cigarettes ou autre. Je ne me fais pas prié pour lui allumer malgré-moi. Il m'a appelé pour s'éclater, pas pour que je lui demande d'aller fumer à l'extérieur pour ne pas m'emmerder. Je peux aussi être chiant parfois, mais je vais éviter de lui montrer cette facette de ma personnalité ce soir. Il se casserait et je serais sorti de mon lit pour rien.

« J'ai mieux si tu veux, tu n'vas pas aller loin avec ça. » Je tapote ma poche, fier d'avoir pris quelques provisions " au cas ou ". Pilules ou cocaïne, il a le choix, je suis équipé après avoir rencontré Devon un peu plus tôt dans la journée. J'essaye de ne jamais encourager ou influencer qui que ce soit, mais je sais que je peux y aller avec Julian. S'il n'en veut pas, il m'enverra chier et on en parle plus. Je profite de ce moment de réflexion pour descendre mon shot, secouant légèrement la tête, le sentant me brûler l’œsophage et glisser doucement.

Ministry of sound; No need to bottle up, it's over and it's done. Let's drink to moving on. Settle down my friend. I’m ready in my time. I’m here I’m doing fine. ✻ Je détestais l’avouer, mais le cannabis même de première qualité, n’avait plus beaucoup d’effet sur moi. Mon corps avait été dopé aux antidouleurs, anticoagulants et autres conneries pendant des années, lors de mes nombreuses hospitalisations. Il me fallait quelque chose de plus fort: une poudre magique, ou un breuvage gaélique, qui rendrait à mon cœur la capacité de s’exalter à nouveau. Je me mordis la lèvre inférieure, curieux de savoir dans quelles folies Noah allait pouvoir m’embarquer. Il n’y avait rien à dire, le jeune homme était une vraie bête sauvage quand il s’agissait de vivre pleinement la vie. Quelque part, je lui enviais cet aspect insouciant et rebelle qui le caractérisait si bien, et qui entourait son personnage d’un charme fou. Je lui souris d’un air amusé, sans donner suite à sa petite remarque taquine.

Il leva les yeux au ciel, d’un air contrarié en me confiant ses déboires avec sa colocataire infernale. Je n’avais jamais eu le privilège de rencontrer le spécimen bizarre qui mettait mon ami dans un tel état, mais j’étais curieux de voir quelle genre de femme elle pouvait bien être. Je ris légèrement.

« Ma colocataire est parfaite. » Raillai-je juste pour l’ennuyer. « Je crois qu’elle n’est pas là ce soir, je peux toujours t’héberger. J’ai du très bon whiskey dans mon placard. »

Je plissai les yeux en détaillant les traits de son visage. Il m’assurait que je lui avais manqué, mais une part de moi refusait de tomber dans son petit piège. Son sourire narquois, confirma mes suspiçions et je ne pus m’empêcher de rire, amusé par sa bêtise.

« Si tu veux embarquer des filles, tu ferais mieux d’y mettre un peu plus de coeur. Tu es mou. Tu dois être plus dramatique quand tu fais ce genre de confessions. » Soufflai-je en me redressant dans mon siège. « Ne me dis pas que tu as pris des anxiolytiques sans moi ! » Scandai-je faussement offusqué.

Mon regard se posa sur le comptoir à nouveau. Le shot de Noah était toujours posé dans un coin, intouchable. J’étais surpris de voir qu’il ne se jetait pas sur sa Tequila avec autant de voracité que moi. Je suppose que j’étais le seul idiot à avoir passé une sale journée au boulot. Quoi que j’avais toujours voué une adoration sans limites pour l’alcool en tout genre. Je soupirai, coupant cours à mes réflexions anodines. Il se pencha en ma direction afin d’allumer mon joint, comme je l’avais demandé. C’était ce que j’appréciais le plus chez lui. Noah n’était pas homme à juger ou à plomber l’ambiance. Il ne se faisait jamais prier pour faire la fête ou passer un bon moment. Je lui enviais sa joie de vivre parce que je ne savais plus comment vivre tout simplement. Je pris quelques trois taffes avant de me rendre compte que la fumée ne faisait que titiller ma conscience, sans l’ébranler. Ma main glissa sur la table à la rencontre des restes de mon verre.

« Tu as mieux ? » M’enquis-je tout à coup intéressé. Il n’y avait pas à redire, Noah était l’homme qu’il me fallait ce soir. « Je ne suis pas très friand des choses qui se reniflent, mais je veux bien avaler toutes les cochonneries que tu veux bien me tendre. »

Je ris en lui faisant face.

« Je suis curieux de connaitre tes sources. Personne ne veut jamais me fournir ! » Rouspétai-je en commandant de nouvelles boissons.

La musique battait de son plein, plongeant la boite dans une ambiance morbide et particulière. Tout ce qui m’entourait était une invitation aux landes interdites de la dépravation : L’alcool brûlant, les filles dénudées, les drogues défendues … Je me mordis la lèvre inférieure, enivré. Mes doigts se crispèrent sur la tige de ma cigarette avant de l’écraser dans un cendrier.

« Abrège mes souffrance, Hemingsss ! »

Je sentais le sang battre dans mes veines ; c’était une émotion que je ne pouvais expliquer. Les antres de l’enfer me tendaient les bras et cette perspective me comblait d’excitation.