Life is messy, relationships are complex & people are irrational. (Aiden & Maura)

Life is messy, relationships are complex & people are irrational

D'un geste presque habituel, l'éditeur réajusta sa montre. Il était presque dix-sept heures. Encore trop tôt au gout d'Aiden. Il venait de passer un sale quart d'heure avec l'imprimeur au téléphone et devait également s'occuper de la paperasse d'un de ses collègues, cloué au lit pour la journée entière. Sa motivation principale ? Une simple dette. Il ne l'aurait jamais fait par envie. Cela ne faisait pas vraiment partie de son caractère. Cependant, il s'en était enfin débarrassé et pouvait souffler. Ou plutôt se détériorer les poumons sur le balcon de la maison d'édition comme il avait tant l'habitude de faire. Il termina alors sa dernière cigarette et revint dans les locaux, cherchant du regard la machine à café. Une légère poignée d’employés déambulait autour, débattant certainement tous ensemble de sujets insipides et éternellement redondants. Aiden ne supportait pas les gens redondants. Ainsi, il fuyait ce genre de conversation le plus de fois possible et endossait habilement son rôle d’éditeur grognon et condescendant.

Malgré tout ce remue-ménage épuisant, la hausse des ventes du livre dont il avait la charge l’empêchait de broyer totalement du noir. Une bonne nouvelle en perspective. Le trentenaire en oubliait presque les singeries fréquentes de son frère, la crédulité affligeante de certains stagiaires et sa récente rupture. Récente ? Même après trois mois, Aiden n'était visiblement pas capable d'accepter le fait qu'ils se soient séparés à cause d'une simple histoire de potentiel enfant. Têtus, voilà ce que l'un et l'autre étaient. Ainsi, en se concentrant sur son travail d'éditeur, il avait su oublier cet engueulade pénible. Bon débarras après tout, pensa-t-il.

S’apprêtant à mettre la main sur son gobelet, Aiden constata que la machine n'avait toujours pas fini de verser son café. Il râla furtivement puis posa son front contre le sommet de cet objet de torture en attendant. L’éditeur pensait certainement soulager pendant un court instant sa fatigue passagère, ce qui semblait être la plus mauvaise des idées jamais expérimentées. Et pour cause, il commença doucement à somnoler sur la machine. Son gobelet, lui, était déjà bien rempli. La trentenaire avait l'air idiot à ce moment précis, lui qui semblait tant habitué à martyriser la moitié des employés de cette société parce qu'ils s'endormaient devant leur ordinateur. D'une oreille légèrement attentive, il entendit des bruits de pas se diriger vers lui. Heureusement pour lui, il se n'était pas définitivement endormi et, dès qu'il reconnut la voix féminine qui se tenait à côté de lui, se redressa sans la moindre hésitation. Un peu trop vite pour son cerveau qui ne venait pas encore de s'adapter à ce réveil forcé. « Oui, moi encore vivant, café fourbe ! », lâcha-t-il immédiatement sans y réfléchir réellement. Il fronça alors des sourcils en se répétant la phrase de tête. Il avait besoin de ce café, une bonne fois pour toute.

life is messy, relationships are complex & people are irrational.

Il commençait à se faire de plus en plus tard. Maura devait terminer sa journée dans quelques minutes à peu près et rentrer chez elle, mais elle était loin d'avoir entièrement terminé ce qu'elle fessait depuis bientôt une heure. À nouveau, elle jeta un coup d’œil à sa montre avant de lâcher un soupir. Elle était fatiguée, épuisée et tout ce qu'elle désirait c'était rentrée chez elle afin de se laisser tomber dans son lit sauf qu'elle ne pouvait tout simplement pas faire ça. Elle voulait absolument terminer ce qu'elle était en train de faire afin d'avoir une fin de semaine moins chargée. Peut-être se concentrer uniquement sur les manuscrits que James lui donnait afin d'avoir son opinion ? Elle l'espérait au plus profond d'elle. Après un étirement des bras et du cou, Maura se remet au travail pour ainsi ne pas s'éterniser à la maison d'édition. N'aller pas croire qu'elle n'aime pas ce qu'elle fait, au contraire Maura adore travailler à la maison d'édition cependant il y a certains jours où elle a simplement envie de quitter plus tôt et de s'enfermer chez elle pour deux jours d'affilés. Ce soir, c'était le cas. En plus, Clint était parti de chez elle et elle n'avait plus besoin d'endurer les innombrables conquêtes qu'il ramenait chaque matin après être sorti dans les clubs. La paix et le calme régnaient de nouveau chez elle, Maura appréciait cela.

À nouveau, Maura fit agiter ces doigts sur le clavier tout en oubliant le monde autour d'elle. À plusieurs reprises, des copines de travail vinrent lui souhaiter bonne soirée et l'inviter à venir prendre un verre et à chaque fois Maura déclinait l'offre avec un petit remerciement et un sourire avant de se remettre à sa tâche. Lorsqu'elle finalisa, enfin, le tout elle le fit imprimer et alla le déposer sur le bureau de James. Contrairement à lui, elle n'aimait pas passer ces soirées au bureau. Avant de partir, elle avait besoin d'un petit remontant sinon elle allait s'endormir dans l'ascenseur. Prenant sa tasse, Maura prit la direction de la machine à café. On pouvait l'entendre de loin puisqu'elle fessait claquer ces talons sur le sol de l'immeuble. La jeune femme n'en avait rien à faire, les gens qui travaillent à la maison étaient tous habitués. Rapidement, mais sûrement, Maura arriva à la machine où elle trouva un éditeur front posé contre le sommet de la machine à café. La jeune stagiaire eut un moment de recul face à cette scène étrange avant de contempler cet homme pendant quelques secondes. Finalement, elle s'approcha un peu plus pour secouer ce dernier. « Monsieur, tout va bien ? » Demanda-t-elle avec un mouvement de recul lorsque ce dernier se redressa beaucoup trop vite à son goût. Un peu inquiète de la santé mentale de ce dernier, Maura eut un geste de main qu'elle ramena rapidement vers elle en apercevant Aiden. « Oui, moi encore vivant, café fourbe ! » Elle aussi, elle fronça les sourcils, incertaine de réellement bien comprendre la phrase qu'il venait de dire. « On va dire que je n'ai rien entendu de ce que vous venez de dire. » Dit-elle en se pinçant les lèvres pour ensuite commencer à jouer du piano sur sa tasse.