"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Such a long long time - A&M 2979874845 Such a long long time - A&M 1973890357
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() message posté Dim 27 Juil 2014 - 20:26 par Invité
Azuria ∞ Maël
Je ne parviens pas à me souvenir la dernière fois où j’ai mit les pieds dans cette extraordinaire ville. Cela remonte à bien des années, j’étais encore très jeune, la vie était simple, insouciante, sans soucis. Oh bien-sûr, j’avais du revenir à Londres pour les affaires mais disons que j’avais tendance à parfois oublier que c’était ici que j’étais né.
J’avais deux ans lorsque mes très chers parents ont décidé de déménager, direction Pasadena, allé simple pour une toute autre vie, mais j’étais bien trop jeune pour me rendre compte que ma vie allait changer, pas conscient que ma vie allait prendre une toute autre tournure.
C’est comme ça que je l’ai rencontrée. Je me souviens encore la première fois que je l’ai aperçue, nous étions si jeunes … Elle était belle comme le jour, belle à couper le souffle, elle était très certainement la plus belle chose que je n’avais jamais vu : Azuria. La jolie petite fille aux grands yeux bleus et moi-même avions tout de suite accroché, pour devenir inséparables. De fil en aiguille nous avons grandis ensemble, son père et le mien étant associé pour la même entreprise, nous étions toujours fourrés ensemble, impossible de se détacher, elle me connaît mieux que quiconque. C’était la belle époque, celle qui me manque chaque jour que Dieu fait. Et puis il a fallu grandir, se frayer un chemin, devenir adulte, devenir quelqu’un. Azuria et moi avons mis beaucoup de temps avant de nous avouer nos sentiments, mais à un moment, nous ne pouvions plu garder tout ça pour nous, et ce qui devait arriver, arriva.  J’étais l’homme le plus heureux, comblé au possible, elle faisait mon bonheur, ma meilleure amie, et la femme de ma vie à la fois, j’avais énormément de chance. Mais il y’a toujours un mais.
Mon père est tombé gravement malade, un cancer foudroyant. Mon Dieu vivant, mon modèle, celui que je pensais être intouchable, invincible ne l’était finalement pas. Le jour de sa mort, tout s’est écroulé autour de moi, je ne le reverrai plus jamais, je n’aurais plus que des souvenirs, et c’est tout. Le plus dur était de me dire que j’allais devoir apprendre à vivre autrement, sans ce pilier qui me donnait l’envie d’avancer coûte que coûte, j’allais devoir revoir toutes mes habitudes, j’allais devoir prendre de nouvelles responsabilités. Chose difficile ne serait-ce qu’à envisager. Le dialogue entre ma mère et moi qui n’était à la base pas très étoffé, était totalement rompu. Nous vivions ensemble parce que nous y étions obligés, mais le réel lien qui nous unissait elle et moi, à savoir, mon père, n’était plus là, alors à quoi bon ? La seule personne ayant été présente durant cette douloureuse épreuve, c’était bien mademoiselle Johnson, elle avait pris grand soin de moi, et avait partagé ma tristesse, cette femme était tout bonnement incroyable.
Très vite, les choses se sont enchaînées, les problèmes arrivaient, et je ne m’en rendais même pas compte. Maël Wyatt Johnson nouvel associé de l’entreprise LJ solutions. Mon nouveau statut. J’avais du arrêter mes études de droit, mais volontairement, avoir un boulot directement, un boulot qui pourrait me propulser vers des sommets, travailler aux côtés de mon beau-père, me faire un nom, m’assumer financièrement, ressembler un peu plus à mon père. Sur le papier, tout faisait envie, tout avait l’air parfait ; Avait l’air …

Après quelques mois au sein de l’entreprise, tout se passait pour le mieux. Mais nous avions dans l’idée de faire évoluer un peu plus l’entreprise, même si elle rapportait déjà beaucoup, nous en voulions toujours plus, et qui dit plus de bénéfices, dit plus de dépenses. Nous avions besoin de débloquer des fonds. Je me souviens encore du jour où Marco, ce collègue en qui nous avions confiance à débarquer dans notre bureau pour nous proposer cette fameuse solution miracle. Il avait en effet trouvé un investisseur, prêt à nous offrir une somme tout à fait conséquente pour aider la société. En échange il ne demandait qu’une petite part de bénéfice, c’était tout bon pour nous. Nous avons sauté sur l’occasion, sans vraiment, nous poser de questions.  
C’était un samedi matin, octobre,  je m’en souviens encore comme si c’était hier. A vrai-dire, je ne suis pas certain de pouvoir oublier un jour ce fameux jour. Le FBI était entré dans notre bureau, monsieur Johnson et moi-même étions complètement sous le choc. L’occasion sur laquelle nous avions sauté les yeux fermés se trouvait être une énorme arnaque. Cela faisait plusieurs fois que la police nous traquait. Il s’agissait de fric sal, de l’argent malhonnête provenant ni plus ni moins, du plus gros dealer de Pasadena. L’affaire était dangereuse, nous n’avions plus le choix, il nous restait deux jours, deux minuscules petits jours pour simuler notre mort, dire adieu à notre vie, dire adieu à tout ce que nous avions vécu jusqu’à aujourd’hui. J’avais deux jours pour tirer une croix sur Azuria. Il s’agissait là de nous protéger mais aussi de protéger notre entourage, nous ignorions totalement de quoi ces gens étaient capables, la situation aurait pu très vite mal tournée, et nous voulions à tout prix éviter cela.  

Je l’ai regardée dormir pratiquement toute la nuit, incapable de pouvoir lui expliquer quoi que se soit, incapable de lui dire toute la vérité. Il fallait que je la protège à tout prix. Je souffrais énormément à l’idée de me dire que je ne la reverrai peut-être jamais. Que peut-être elle se reconstruira une autre vie, meilleure. Dans les bras d’un autre. Qu’elle m’oublie. Il fallait que je chasse ces vilaines idées de ma tête, que j’essaye de ne pas penser à tout ça, ce que je faisais, je le faisais pour son bien. Ça ferait mal un bon coup, et puis, ça passerait … Un crash de jet, et l’histoire était réglée, plus de Maël, plus d’Azuria, adieu LJ Solutions, adieu à ma vie d’avant. Et puis avec le temps, on avance.

Nouveau prénom, nouvelle identité, tout est nouveau. Nous nous sommes cachés, dans une ville au nom imprononçable au fin fond du Mexique, ma vie avait pris une tournure de film américain, à mon grand désespoir. Cinq ans, sans avoir de ses nouvelles, cinq ans sans, ne serait-ce, qu’apercevoir son beau visage. Elle me manque tellement, ça en devient insupportable, une douleur dans ma poitrine surgit à chaque fois que je pense à elle, un gros vide s’est installé, il y’a quelque chose d’incomplet, d’inachevé. Contre toute indication, j’ai décidé de revenir, j’ai besoin de la voir, j’ai besoin de lui parler. Toutes ces années paraissent être des siècles, je n’en peux plus. Le FBI n’a toujours pas mis la main sur le réseau de dealers qui nous a entraîné dans ce bordel, ils sont sur une piste, rien de concret. Je risque ma peau très certainement, mais peu importe. J’ai pu me renseigner un peu, je sais qu’elle est à Londres.

Il est treize heures lorsque j’atterris à Londres,  vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile d’être quelqu’un d’autre. Mon nouveau nom c’est Aaron Jefferson, c’est comme ça du moins, que c’est écrit sur mon nouveau passeport. Je me dirige très rapidement vers mon hôtel, et j’ai déjà une boule au ventre. Impossible de me concentrer réellement, je me sens un peu plus proche d’elle à chaque seconde, et si je la croisais par hasard ? Mon Dieu, je n’ose même pas imaginer comment se finirait la scène. Après avoir fait quelques recherches depuis ma chambre d’hôtel, je sais où elle travaille. Quinze heures, je tombe dans un profond sommeil, exténué par le voyage. Je me réveille, il est vingt et une heures à ma montre. Le stress ne cesse d’augmenter, je n’ai pas les idées claires, comment va-t-elle réagir ? Que va-t-elle dire, penser ou faire ? J’ai très peur, va-t-elle me haïr pour ce que j’ai fait ? Je me prépare, très silencieux, très anxieux à vrai-dire, cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti la peur et l’angoisse de la sorte. Cinq longues années que je ne l’ai pas vue, ai-je changé ? Peut-être un peu plus de barbe … Je ne sais pas. Elle ? Je suis sûre qu’elle était encore plus belle qu’avant.
Un taxi m’attend devant l’hôtel, j’y grimpe, direction le Barfly. J’arrive devant, il y’a des videurs et une petite queue devant, apparemment c’est une soirée spéciale, je ne sais pas, à vrai-dire je m’en moque. Je m’approche, le videur me regarde de haut en bas, d’un air supérieur, comme s’il m’impressionnait et me laisse finalement entrer, je rêve, un videur pour aller boire un coup, à ce que je sache, je vais en donner de l’argent à ton satané bar ! Je suis désormais à l’intérieur, la musique résonne un peu, le bar est rempli, difficile de distinguer correctement tous les visages. Je scrute la salle de gauche à droite, et là, mon regard se fige, immobilisé, je ne peux plus bouger.

Je la vois, elle est juste là, devant mes yeux. Acharnée au travail, elle ne lève même pas la tête, ce soir elle a énormément de boulot. Ai-je vraiment choisi le bon moment pour venir ? Un gars me voit l’observer, apparemment c’est un habitué du bar. « Elle est jolie hein ? » Je tourne la tête un peu étonné qu’on vienne m’aborder comme ça, mais bon, le type a l’air sympa, je souris. « Oui elle l’est. »Il s’approche un peu plus de moi, du moins de mon oreille, le son est assez fort. « Elle s’appelle Azuria je crois. »  Je pince mes lèvres doucement en entendant son prénom à voix haute, ayant eu l’habitude d’y penser tellement fort, cela me fait bizarre de l’entendre. « Joli prénom. »Je lui souris discrètement et décide de m’éclipser. Je ne peux pas débarquer comme ça alors qu’elle bosse d’arrache pied, je veux la voir lorsqu’elle sera un peu plus tranquille. Je décide donc de m’asseoir à une table, un peu écartée. Heureusement pour moi, de là où je suis, je peux la voir, j’essaye tout de même de faire discret, ça serait trop bête qu’elle me voit sans que je l’ai voulu, je ne m’en sentirais que plus mal à l’aise, la situation est déjà assez compliquée.  Elle a toujours ce même effet sur moi, elle me fige, m’empêche de bouger, je n’arrive pas à regarder autre chose, mes yeux ne voient qu’elle. Qu’est-ce qu’elle est belle, elle est à couper le souffle. Elle doit être très convoitée, rien qu’à voir le nombre de mecs au bar, pas besoin de chercher plus loin. Un petit peu de jalousie, je dois l’avouer, mais je n’ai pas le droit d’être jaloux, je l’ai abandonnée, elle ne m’appartient plus.

Deux heures s’écroulent, je suis toujours au même endroit, il est presque minuit, le bar commence à se vider un peu. Je sais qu’il faut que j’y aille, plus j’attend, plus cela devient difficile, je suis normalement plutôt courageux, mais laissez-moi vous dire que cette situation n’a rien de banale. Je ferme les yeux quelques secondes, essayant de me concentrer, sur ce que j’allais bien pouvoir dire. Je l’ignore totalement. Mais j’y vais. Je me lève, et m’approche du bar, essayant de me frayer un chemin parmi les quelques personnes qui persistent à rester. Je lève la tête, mais elle n’est plus là, frustré je scrute la salle du regard, et la voit se diriger vers les toilettes. Je souffle un coup avant de m’y diriger également. Je rentre dans les toilettes des filles en la suivant d’un pas très discret, elle ne s’est pas encore retournée. Je ferme la porte derrière moi. J’ai très peur, je suis extrêmement stressé, et je peux entendre mon cœur battre très fort dans ma poitrine. Je la regarde quelques secondes très silencieux, elle est toujours de dos. « Azuria. » dis-je dans un souffle, comme si ça avait été difficile à dire. Elle se retourne, presque innocente, et là je croise enfin son regard. Elle est devant moi, je suis figé.
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