Il courbe mes jambes, fait glisser le dernier tissu qui nous séparait par terre. Je le laisse faire. Que faire d’autre à présent ? A cet instant précis, même si je le voulais, je ne pourrais pas y mettre fin. Les frissons parcourent mon corps tout entier, j’abandonne peu à peu le contrôle et l’ascendant que j’étais parvenue à prendre sur lui. Je cède à tous les excès. C’était son tour. Abandonnée à ses désirs. Je suis prête à partager. Je laisse échapper un soupir à son contact, quand la brûlure s’empare de mon bas ventre. Il lâche mes poignets et je laisse une main s’attarder dans ses cheveux, sa nuque, l’encourageant. Je remonte à lui, mes lèvres aux siennes. Mes longues jambes dénudées s’enroulent autour de sa taille, l’emprisonnant ainsi contre moi, son intimité contre la mienne. Un bouquet de sensations diffuses d'une chaleur torride s'enracine en moi. Sa peau était mon souffle. Et mon souffle était sa peau. J'arpente lentement la vallée de ses reins, faisant crépiter les flammes du désir. Une main sur sa hanche, dans une provocante attitude. « Je te veux » J’essaye de garder un semblant de contrôle, un semblant de maitrise de mes sens mais j’oublie tout bien vite, tandis que j’étouffe un gémissement dans le creux de son omoplate. Je me plaque encore plus fort, ondulant contre lui, incapable de résister au désir qui me bouleverse. Je savoure le parfum pimenté du péché. Chaque mouvement me fait basculer dans l’abîme du désir, faisant un va et vient incessant vers le chemin d’un intense plaisir. Je me cambre, m’offrant de plus belle. Il n’y avait pas à dire. Je reviens vers James. A chaque fois. Je sais pourquoi. Je suis accro à son savoir-faire, à son corps, à sa façon de me prendre, de me désirer, de me respecter mais de me mettre à genoux. Je continue à tournoyer, perdant définitivement pied avec la réalité. J’ai chaud. Nos corps semblent avoir été dessinés en une seule pièce de puzzle. J’accède à la cadence du mouvement tant désiré. La puissance de l’envie décuple avec le tourment de mon corps. Je m’ensevelis dans ce bien-être qui semble nous submerger tout deux. Je ne sais plus si nous sommes discrets ou non. Je m’en moque. Je ne sais pas si c’est mon corps qui crie silencieusement ou si c’est moi. J’atténue le bruit de mes souffles contre ses lèvres que je n’ai plus envie de quitter. Délice. Je m’accroche à lui, avant de m’étendre sur son bureau, lieu de luxure pour ce moment. Je suis sur la corde raide à présent, je ne peux plus reculer. Il me suffit de me laisser tomber dans l’abîme que le plaisir ouvre devant moi. Mon corps s’agite de soubresauts. Les spasmes referment mon intimité.
Je reviens à moi. James est au dessus de moi. Mes battements de mon coeur reprennent peu à peu leur vitesse ordinaire. C’était un mystère. J’étais essoufflée pour un rien ces derniers temps. Ma maladie prenait le dessus et je ne faisais rien pour l’en empêcher. Ma dialyse de la journée avait certes joué en ma faveur mais elle ne faisait pas des miracles non plus. Pourtant, je n’avais ressenti aucune fatigue avec lui. Aucun passage à vide. Il me revigore. Je devrais le lui dire. Lui exprimer ce qu’il me faisait. Lui laisser entendre ce qu’il arrivait à accomplir là où je ne laissais même pas une chance à d’autres. Je n’arrivais pas à trouver les mots, ces mots. J’avais toujours eu du mal à exprimer ce que je ressentais, je m’en empêchais. J’espérais simplement que James le ressentait. Le simple fait que je ne me sois pas déjà défilée et enfuie de la pièce était une preuve. Je dessine du bout de mes doigts des motifs sur son dos nu. J’embrasse son épaule encore chaude tandis que lui aussi reprend ses esprits. Je savoure ce moment, ce délassement dont je connais pertinemment la fugacité. « Tu ne verras plus ton bureau de la même façon », je laisse enfin échapper doucement. Il me regarde et je lui adresse un sourire. D’ici une seconde, je me souviendrais de tout ce qui n’allait pas. De ce qui m’avait amené ici. De ce que j’avais voulu oublier. D’ici une seconde, la réalité m’assaillirait à nouveau et je ne pourrais pas y faire grand chose. D’ici là, je voulais simplement le retrouver un moment, cette relation si particulière. Qui me permettait de tenir à lui si vivement sans que je n’ai à en m’en inquiéter. Qui me permettait d’apprécier rester contre lui maintenant au lieu de vouloir me dérober.
Juste un instant volé au temps dont ils manquaient si cruellement. Un instant dont l’intensité n’était plus à démontrer mais que James préférait ignorer. Fermer les yeux était beaucoup plus simple. Moins risqué, également. D’ici peu, il allait retrouver ce masque d’indifférence qu’il s’évertuait à revêtir depuis des années. C’était rassurant de savoir qu’il avait le contrôle. Y compris sur ses émotions. James n’était pas homme à lâcher prise et encore moins en matière de sentiments. Pourtant, il accepta cette dernière étreinte qu’elle lui offrait et alla même jusqu’à caresser son délicat visage d’un revers de main. « Tu ne verras plus ton bureau de la même façon » L’éditeur esquissa un sourire amusé tandis qu’il nouait plus fermement encore ses bras autour de son corps frêle. Il déposa également un baiser sur son front avant de prendre la parole avec beaucoup d’ironie dans la voix. « Effectivement. Tout comme ma voiture, la salle dans laquelle tu révisais tes cours à l’université, la bibliothèque, l’ascenseur de cette maison d’édition et à peu près chacune des pièces de mon appartement.» Il avait changé de regard sur pas mal de lieux depuis qu’il la fréquentait. James souria de plus belle. Il faut dire que ces deux-là avaient toujours tendance à déraper quand il ne fallait pas. A maintes reprises, il avait essayé de contrôler ses pulsions mais face à la divine tentation que représentait Lexie, tenir bon n’était pas chose aisée. Avait-il seulement l’intention de lui résister ? Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne pouvait pas imaginer se passer d’elle. Leur relation avait beau être l’incarnation même de l’étrangeté, James ne souhaitait pas y mettre un terme. Ni maintenant, ni jamais. Tout était bien trop parfait entre eux. Du moins, c’est ce qu’il aimait penser. Une dernière fois, il pressa ses lèvres contre les siennes, l’une de ses mains remontant le long de son corps pour se glisser dans ses cheveux, maintenant ainsi fermement son visage contre le sien. Ses lèvres se pressèrent avec un peu plus d’avidité sur celles de la jeune femme et quand il trouva enfin la force d’interrompre ce baiser, ce fut pour mieux se redresser et ramasser ses vêtements à terre. « Nom de dieu, ce que j’aime tes petites visites surprises ! » Il enfila d’abord son pantalon puis sa chemise qu’il prit soin de reboutonner soigneusement. Il n’était pas question que quiconque s’aperçoive de ce qui s’était passé dans ce bureau. James se méfiait tout particulièrement de sa secrétaire qui remarquait tout et fourrait son nez un peu partout. Tandis qu’il passait sa cravate autour de son cou, James remarqua que Lexie n’avait pas bougé d’un iota, toujours sur son bureau et dans le plus simple appareil. « Tu peux rester là autant que tu le désires. Je veux dire comme ça. Là. Dans cette position. Mes négociations de contrats seraient réglées en une fraction de seconde et mes plus gros clients accepteraient de signer sur l’instant. Par contre, je ne suis pas certain de rester PDG encore bien longtemps. Je n’aurais pas vraiment l’esprit à travailler si tu vois ce que je veux dire.» avoua-t-il dans un souffle léger. En vérité, James avait l’impression de ne jamais la voir assez. Les visites de Lexie étaient parfois ponctuelles, parfois espacées de plusieurs semaines. S’il leur arrivait de se retrouver simplement pour aller boire un verre, ils le faisaient sans aucune implication émotionnelle.«Est-ce que ... tout va bien ?» James se figea un instant, observant le regard de Lexie. Elle était perturbée par quelque chose mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle savait pourtant qu'elle pouvait lui parler. C'était l'évidence même. Alors il attendit.
(✰) message posté Mar 5 Aoû 2014 - 1:28 par Invité
J’avais connu les débuts. Ceux quand on sait très bien que l'autre nous plaît et que c'est réciproque. Quand on voudrait franchir le pas mais que l'on n'ose pas. Quand on essaie de cacher un peu son attirance mais que l'autre devine. J’avais aimé ces petits moments de complicité, de gène et de séduction. Les effleurements, les compliments, les taquineries. Toutes ces questions que l'on se pose alors qu'on en n'a pas le besoin pourtant. Le stress au creux de notre poitrine juste avant de se voir et le manque quand il n'est pas là. L'envie de se voir. Et puis le moment de vérité. Où l'on a assez joué et qu'il est temps d'avancer. Et puis enfin, le moment où les lèvres se touchent pour la première fois. Avec James, on a zappé ces moments. Vulgaires ces moments. S'attacher à quelqu'un, c'est prendre le risque de souffrir. J'ai pris trop de claques alors je prends mes clics quand ça arrive. Ou quand j'en suis témoin. Je n’aime pas croiser des gens qui s'embrassent à tout bout de champ juste devant mon nez. Je n’aime pas leur façon de vomir leur bonheur partout où ils passent. Parfois j'ai envie de détourner les yeux. Je sais que James a eu son lot de souffrances également. Il m’a raconté, je l’ai écouté une nuit me parler, se confier, me faire confiance. J’avais été surprise lorsque j’en avais fait de même. Comme à un ami. Comme à un ami que j’embrasse à présent de tout mon soûl une dernière fois avant qu’il ne se dégage. Baiser volé. Baiser passionné. Instant furtif. Mais tellement érotique. « Nom de dieu, ce que j’aime tes petites visites surprises ! » Je me laisse repartir en arrière, les yeux au plafond, pensive. J’alterne des jeux de jambes distraitement, pour ne pas rester immobile. « Tu peux rester là autant que tu le désires. Je veux dire comme ça. Là. Dans cette position. Mes négociations de contrats seraient réglées en une fraction de seconde et mes plus gros clients accepteraient de signer sur l’instant. Par contre, je ne suis pas certain de rester PDG encore bien longtemps. Je n’aurais pas vraiment l’esprit à travailler si tu vois ce que je veux dire. » Je ris et me redresse en position assise, ramenant mes genoux contre ma poitrine dénudée. « Alors c’est non, je m’en voudrais. Qu’il y en ait au moins un de nous deux qui tienne encore la route à ce niveau. » Lissant mes cheveux de mes doigts, je les relâche ensuite pour les laisser dégringoler dans mon dos. « Est-ce que ... tout va bien ? » Je reporte mon attention sur lui. Il était rhabillé, avait retrouvé son aura d’homme d’affaire que je ne peux m’empêcher de comparer à l’aspect plus animal qu’il m’avait laissé apercevoir plus tôt. Cela faisait deux fois aujourd’hui qu’il s’inquiétait de mon état. J’ai de plus en plus de mal à donner le change. Tout le monde est si gentil avec moi et je n’ai jamais été aussi détestable. La souffrance me ronge, elle fait de moi tout et n'importe quoi. J'attends. J'attends ce rien, qui arrivera certainement un jour et qui fera de moi la femme que je cherche à montrer à tout le monde. « Tout va … bien. » Je ne leur tournais pas le dos. J'essayais juste d'oublier ce que j'étais en train de vivre. Les faiblesses que je cachais m'enchaînaient en secret. Je me lève, attrape mes vêtements dispersés un peu partout au sol, boutonne mon jean, réajuste les lanières de mon soutien-gorge. Je suspends mon geste en apercevant James qui me fixe, l’air soucieux. « Excuse-moi, je suis ailleurs. » J’ai du mal à faire tomber mon masque. J’ai l’impression qu’ils s’en serviront contre moi. Les gens comparent sans cesse leur peine à la vôtre. Comme s'il y avait un degré sur l'échelle de la douleur. Comme si la leur dépassait toutes les autres. Certains penseront à tort qu'on ne pourra jamais rivaliser et que quoiqu'il arrive, ils auront toujours vécu pire que nous. Je suis fatiguée de toutes ces incivilités, je garde mon masque. « C’est la fatigue, j’ai eu quelques moments difficiles ces derniers jours. » Je hausse les épaules. « Ça passera, ça passe toujours. Pour le côté physique, je m’en suis assurée cet après-midi. Et pour le reste, tu m’as déjà bien aidé. » Je lui souris et attarde ma main sur son épaule tandis que je passe à côté de lui pour récupérer mon haut.
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Excuse moi c'est nul
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(✰) message posté Mar 5 Aoû 2014 - 21:40 par Invité
Peu convaincu par les propos de la demoiselle, James se décida toutefois à acquiescer. Il n’aimait pas se montrer intrusif et savait pertinemment que Lexie n’aimait pas qu’on l’assaille de questions auxquelles elle ne souhaitait de toute évidence pas répondre. « J’ose espérer que tu n’as pas l’intention de passer le reste de la soirée toute seule. Tu n’as pas envie qu’on sorte ? Ca te changerait les idées. Sinon, on peut très bien aller prendre un verre chez moi et discuter comme on le fait toujours.» N’importe quelle femme digne de ce nom aurait inévitablement pensé que James avait d’autres idées derrière la tête, mais probablement pas Lexie. Quand ils avaient envie de prendre du bon temps ensemble, ils ne passaient pas par quatre chemins. En l’occurrence, James souhaitait simplement passer du temps avec la jeune femme. Dans le fond, il voyait bien qu’elle n’était pas dans son état normal et n’avait pas envie de la laisser seule. « J’ai encore quelques dossiers à examiner mais je peux aussi bien faire ça demain matin. » Nonchalamment, James glissa ses mains dans les poches de son pantalon et plongea son regard dans celui d’Alexandra. Il avait véritablement envie qu’elle reste. Sa présence avait toujours eu le don de lui faire du bien. Tout était tellement simple, tellement parfait avec elle. Comme il venait de le lui faire savoir, ses dossiers pouvaient parfaitement attendre jusqu’au lendemain matin. James était un véritable bosseur et n’était par conséquent nullement impressionné par un peu de travail supplémentaire. « Tu ne m’as jamais imaginé en train de te cuisiner un bon repas, ne portant rien d’autre qu’un simple tablier ? Je te donne l’occasion de voir ça de tes propres yeux si tu acceptes. » Pas sur qu’il tienne sa promesse mais ça valait le coup de lui suggérer l’idée, ne serait-ce que pour tenter de la convaincre. James se mordit la lèvre inférieure pour ne pas se mettre à rire tandis qu’il attendait une réponse de la part de la jolie blonde. De toute façon, James ne lui laissait pas vraiment le choix. « Sauf si tu préfères un dîner aux chandelles. Un grand classique mais qui fait toujours son petit effet, paraît-il. Mais peut-être n’est-ce pas approprié dans notre cas ? Après tout, nous n’avons rien à voir avec l’image que le commun des mortels se fait des relations humaines. » Il est vrai que cette image ne leur correspondait pas vraiment. Ils n’avaient strictement rien à voir avec ces parfaits petits couples s’étreignant langoureusement, en proie à la passion coupable des amants qui se retrouvent pour mieux se perdre un jour. Mais peut-être que ce n’était pas ça l’amour. A vrai dire, James était mal placé pour en juger. « En tout cas, j’ai très envie que tu acceptes ma proposition Lexie. Tu as toujours eu l’art et la manière de me surprendre de la plus délicieuse façon qu’il soit. Et je n’ai pas envie de te laisser partir. Puis pour une fois, cela me permettra de me détacher de cette image qui me colle à la peau. Tu sais, les gens ont toujours tendance à croire que je suis un homme en tous points rébarbatifs. Tu vois, du genre grosse tête qui ne s’intéresse qu’aux vieux bouquins poussiéreux. Sous prétexte que j’aime passer du temps dans les bibliothèques et que je voue un véritable culte aux manuscrits anciens, on pense que je ne sais pas m’amuser. On ne pourra jamais empêcher les gens d’avoir des préjugés sur ce que nous sommes. Mais toi, toi tu me connais mieux que personne. Avec toi, je n’ai pas peur d’être celui que je suis réellement. Et c’est ce que j’aime dans notre relation. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai tellement besoin de toi.»
Tu parles, tes réponses sont toujours généralissimes ! J'ai limite honte de poster les miennes. XD
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(✰) message posté Mer 6 Aoû 2014 - 17:39 par Invité
Je suis revêtue et jette un coup d’œil à l’état de la pièce. Comme si rien ne s’était passé. Nous ne laissons aucune trace sinon le souvenir de nos récentes étreintes. Un souvenir commun de plus. Je voudrais ... Je voudrais je ne sais trop quoi. Rentrer et me heurter aux jeux de mot et autres moqueries de la part de mon colocataire ? J’étais toujours partante pour un de nos affrontements mais pas ce soir. Sortir et me laisser entraîner toute la nuit par ce qui se présenterait à moi ? Pour me retrouver demain plus mal que jamais une nouvelle fois ? Ce soir, il y avait beaucoup trop de choses dans ma vie que j’aurais voulu que quelqu’un sache, peut-être ne même pas en parler, mais juste savoir que cette personne sait. Et c’était James. Il perçoit presque tout de moi, de ce que je vis, même ce que je n’arrive pas à dire. Allez savoir pourquoi, il sait et il ne s’est toujours pas enfui. Combien d'hommes avaient partagé mes nuits, me permettant d'entretenir l'illusion que la vie reprenait ses droits, le désir aussi. J'ai oublié le nom, le visage, de presque tous ces hommes avec lesquels j'essayais de gagner le large. Certains détails me reviennent mais ce sont des images isolées. Je n'arrive pas à les rattacher à l'homme qui les possédait. Alors ils s'en allaient. J'étais habituée à ces désertions, je peux même dire qu'elles me soulageaient, car je ne voulais plus que personne ne me devienne essentiel. Je ne parvenais pas à m'attacher aux hommes avec lesquels je partageais ces moments. Ils étaient là à mes côtés, souvent attentionnés, ils me distrayaient, je m'accommodais de leur présence, mais celle-là ou une autre ... Ils finissaient par le comprendre. Par comprendre que mes sourires, mes caresses, mes rires ne signifiaient pas de grandes promesses. James l’avait compris, et pour cause, il ne m’avait lui non plus rien promis. On se laisse porter. On apprécie les moments passés ensemble. Qui sait, peut-être avions-nous trouvé la parfaite recette ? Juste le grain merveilleux de sa peau, son sourire rare et fatigué, son attention apaisante, ses gestes économes et sa présence tranquille m'ont rassuré au-delà de ce que je recherchais.
« Tu ne m’as jamais imaginé en train de te cuisiner un bon repas, ne portant rien d’autre qu’un simple tablier ? Je te donne l’occasion de voir ça de tes propres yeux si tu acceptes. » Je me tourne vers lui, certaine qu’il peut intercepter l’éclair de malice qui traverse mon regard. « Tu lis dans mes pensées, je l’ai déjà fantasmé à de nombreuses reprises. Tu me laisserais en faire une vidéo ? » Ce ne serait pas le premier de nos films. « Sauf si tu préfères un dîner aux chandelles. Un grand classique mais qui fait toujours son petit effet, paraît-il. Mais peut-être n’est-ce pas approprié dans notre cas ? Après tout, nous n’avons rien à voir avec l’image que le commun des mortels se fait des relations humaines. » Je hausse les épaules en interrogeant à haute voix. « N’est-ce pas ce qui nous sauve ? » J’ai du mal avec les couples, les jeunes comme les durables, ce qu’ils représentent. Nous ne sommes rien de tout cela, ou alors alternativement, ou encore par éclipses. Je ne prétends pas que nous sommes meilleurs, nous ne savons tout simplement pas être comme eux, ça nous condamnerait, ça me plaisait. A mon tour de plonger mon regard dans le sien tandis que je l’écoute avec attention. « Je me souviens en effet avoir été impressionnée par ta volonté, ta rigueur et ton application lorsque je t’ai connu. Tu parais tellement sûr de toi. De tes choix. Quitte à être distant. » Je hausse les épaules sans le quitter du regard. « Ça ne m’a pas refroidie. Mieux, c’est ce qui m’a attiré. Mais toutes ces qualités, car ce sont des qualités, ne nuisent nullement à la passion et l’audace que tu sembles mettre en toute chose. Je dirais même que cela donne un caractère admirable à ta frénésie. Je ne peux pas imaginer que tu ne puisses entraîner qui bon te semble dans ton sillage, ne me dis pas le contraire. Laissons les quelques autres penser ce qu’ils veulent - que doivent-ils imaginer de moi ... En ce qui me concerne, c’est ce qui fait que j’ai besoin de toi tout autant. Ce que je venais de lui dire ne serait pas une surprise en soi pour lui. Je finis simplement en le prenant au pied de la lettre. Je veux bien que tu cuisines pour moi ce soir. Suis-je une privilégiée ? », ajoutais-je avec humour.
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N'importe quoi, je te l'ai déjà dit
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(✰) message posté Jeu 7 Aoû 2014 - 13:52 par Invité
Pas de sentiments, pas d’implication. C’était la règle de base. Celle qu’il fallait impérativement respecter. Dans le cas contraire, les dommages collatéraux pouvaient être irréversibles et potentiellement douloureux. Comme avec Emma. Ce qu’il vivait avec Lexie était différent. C’était leur accord et jusqu’ici, chacun d’eux semblait s’en contenter. Toutefois, James n’était pas dupe. Depuis le temps qu’il connaissait la jeune femme, il savait pertinemment que sa fragilité était une donnée qu’elle dissimulait habilement. Elle ne pouvait pas être aussi insensible qu’elle l’affirmait. Ce n’était pas possible. Ne pas aimer la sentimentalité ne voulait pas dire qu’il ne s’y connaissait pas. Par principe, James ne s’aventurait jamais sur ce terrain glissant. Il n’avait pas envie de chercher à mettre à jour cet aspect de la personnalité de Lexie. Ce serait bien trop dangereux. Pour lui. Il n’avait pas envie de s’encombrer de complications inutiles. Sa vie était déjà suffisamment chaotique comme ça ces derniers temps. Parfois, lorsqu’il lui arrivait de prendre un peu de recul, James réalisait à quel point leur relation n’était pas saine. Il avait beau entretenir cette mascarade, il n’en demeurait pas moins surpris que Lexie se contente d’aussi peu. Oh naturellement, il n’allait pas s’en plaindre même si dans tout ça, il lui souhaitait réellement de trouver enfin le bonheur. Le vrai. Celui qu’il aurait été bien incapable de lui offrir. Elle méritait vraiment de trouver enfin ça. Parce qu’elle était une jeune femme extraordinaire et qu’il fallait être bien bête pour ne pas s’en apercevoir. Alors qu’il aurait sans doute été plus prudent de mettre un terme à cette … « rencontre »… James proposa à Lexie de venir chez lui. Il alla même jusqu’à proposer de cuisiner pour elle. Une grande première ! « Tu lis dans mes pensées, je l’ai déjà fantasmé à de nombreuses reprises. Tu me laisserais en faire une vidéo ? » Un léger rire s’échappa des lèvres de l’éditeur. Il avait presque oublié ce « détail », même si leur talent de réalisateurs n’était plus à remettre en cause. C’était un jeu dangereux auquel ils jouaient. « Je ne tiens pas nécessairement à ce que tu immortalises le spectacle.» Oh ça non ! Imaginons que cette vidéo tombe entre de mauvaises mains, c’est toute la réputation de James qui allait en prendre un coup. Les autres vidéos étaient plutôt flatteuses en fait. Aussi bien pour lui que pour Lexie. Quoi qu’il en soit, il tenait vraiment à passer le reste de la soirée avec elle. Passer un bon moment ensemble faisait partie de leur quotidien. La conversation allant bon train, James écouta la jeune femme dépeindre un portrait de lui parfaitement réaliste. Il était un homme plein d’assurance, n’ayant peur de rien, rigoureux et déterminé. Sa personnalité avait toujours eu tendance à effrayer la plupart des gens qui le fréquentaient mais ça, James n’en avait cure. « Disons que j’obtiens toujours ce que je convoite. Il n’est pas question de laisser qui que ce soit avoir l’ascendant sur moi. J’aime dominer, j’aime diriger et avoir le contrôle sur tout. C’est sans doute une manière de cacher mes faiblesses même si je suis résolument impliqué dans tout ce que j’entreprends.» Il n’était pas question pour James de montrer ses faiblesses ou ses blessures à quiconque. Il préférait de loin se cacher derrière ce masque d’indifférence qu’il semblait revêtir sans l’ombre d’une difficulté. Manipuler, contrôler, diriger… c’était presque une abomination chez lui, un travail à temps plein, que dis-je, une véritable épopée ! Ainsi, Lexie avait « besoin » de lui ? Ce n’était pas surprenant. James savait qu’il paraissait rassurant aux yeux des femmes qu’il fréquentait. Ce qui émanait de lui avait toujours eu tendance à engendrer cet effet. « J’ai besoin de toi moi aussi… » affirma-t-il beaucoup plus doucement. Expliquer pourquoi était en revanche bien plus compliqué. James ne saurait véritablement le dire. Il avait besoin d’elle car elle représentait tout ce dont il avait besoin, sans les contraintes qui vont avec. Leur relation était telle que Lexie n’avait jamais eu à le brusquer, à lui parler d’avenir, à lui reprocher son implication dans son travail ou autre… C’était égoïste de sa part mais James l’aimait pour ça. Parce qu’elle ne l’obligeait pas à s’engager. L’engagement était quelque chose d’effrayant aux yeux de James. Il pensait ne pas être capable d’aimer qui que ce soit. A part lui-même, bien entendu. Sans compter qu’il n’y avait pas plus désorganisé que lui en matière de plan pour l’avenir. Il n’était pas du genre à mener une vie carrée et parfaitement bien rangée. Non, au contraire ! Il aimait se laisser surprendre et même si parfois il se retrouvait dans des situations catastrophiques, ça lui réussissait plutôt bien la plupart du temps. Contournant son bureau, le jeune homme rassembla quelques dossiers qu’il comptait bien emmener chez lui. La dernière question de Lexie le fit sourire. Que voulait-elle qu’il réponde à cela ? Qu’elle était effectivement une privilégiée ? Peut-être… « On va dire que je n’agis jamais sans contrepartie… » Il posa sur elle un regard lourd de sens tandis que mille et une idées inavouables lui traversaient l’esprit. James dû faire un effort considérable pour les chasser de son esprit et retrouver un minimum de contenance. Il enfila sa veste de costume, l’ajusta au niveau du col, attrapa ses clés de voiture ainsi que son téléphone portable. Pour terminer, il empoigna une pile de dossiers et se dirigea vers la porte de son bureau qu’il ouvrit. Parlant volontairement plus fort pour que sa secrétaire entende, il enchaina : « Ravi d’avoir pu vous rendre service mademoiselle… Cet échange fut extrêmement intéressant. Nous étudierons très attentivement la suite à donner à tout ça. Puis-je vous raccompagner jusqu’à la sortie ? » Etant donné que de là où elle se trouvait sa secrétaire ne pouvait pas le voir, James se risqua à plaquer Lexie contre la porte une toute dernière fois afin de lui donner un baiser langoureux et d’une rare intensité.
charney
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:chou: :kissouille:
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(✰) message posté Ven 8 Aoû 2014 - 17:09 par Invité
Non, je ne joue pas avec James. Nos échanges prenaient régulièrement l’aspect d’un jeu, d’une mise en scène. Nous ponctuions nos rencontres de jeux de mains, de corps, de jeux de rôle. Mais le plaisir de la chair, le besoin de son contact était lui bien réel. Je ne joue pas avec lui, tout est clair, il n’existe pas de non-dits comme avec les autres. Il me semble que dans la promiscuité, les enjeux deviennent toujours un peu plus compliqués. À force, à l’usage, si on ne fait pas attention, quelque chose se creuse ou se distend. Je suis dans l’instant, dans l’inconscience de l’instant. Incapable de me projeter ne serait-ce que quelques heures plus tard. Qui sait où j’en serais demain matin ? Nul ne le savait. Je jouais avec le feu en négligeant ma maladie. Ça, j’en jouais. Ça, je le provoquais, trichais même en ne respectant pas les règles. Ça en exaspérait certains, en inquiétaient d’autres. Il y en avait qui ne s’en rendaient pas forcément compte. Car en attendant, j’avance à découvert et je sais sourire en toutes circonstances. J’ignore comment James le perçoit, si il se rend compte de tout. Il connaît les faits mais se rend-il compte de la façon dont ma vie est gouvernée par cette défaillance ? Elle porte tellement bien son nom … Il me propose de me faire à dîner et j’ai accepté, sachant pertinemment que je ne pourrais sans doute rien avaler. Ou le regretter plus tard. Pour un simple dîner. « Disons que je n’agis jamais sans contrepartie… » Il me dévisage et je soutiens son regard avide. « Je n’en attends pas moins de toi. » Il empoigne ses dossiers, je passe une main distraite dans mes cheveux une dernière fois, dernière touche pour ne pas éveiller l’attention, et le suis vers la sortie. « Ravi d’avoir pu vous rendre service mademoiselle… Cet échange fut extrêmement intéressant. Nous étudierons très attentivement la suite à donner à tout ça. Puis-je vous raccompagner jusqu’à la sortie ? » Je lui lance un regard espiègle. « Je vous remercie, ce ne sera pas nécessaire. J’ai été ravie de pouvoir m’entretenir avec vous. » Qu’il trouve une autre excuse pour couper court à sa journée et me suivre à la sortie, je ne lui faciliterais pas la tâche. J’ignore si c’est une réponse à mon coup bas ou si il est pris d’une dernière envie mais je me retrouve dans la seconde le dos plaqué contre sa porte tandis que les lèvres de James viennent s’écraser sur les miennes avec une ardeur sans pareil. Surprise sur le moment qu’il prenne ce risque, je lui rends son baiser par réflexe avec tout autant de passion. Cela dure quelques secondes. Quelques secondes avant que je ne repousse son étreinte, pose ma main sur sa joue que je viens ensuite interposer entre nos lèvres, me dégageant. « Assez maintenant », laissais-je échapper doucement avec le plus grand des sérieux, allant à l’encontre du sourire amusé qui s’était dessiné sur mes lèvres. Je l’ai laissé prendre le contrôle plus tôt, ou plutôt le reprendre lorsque je l’avais voulu, mais il me connaissait assez bien pour savoir que ce n’était pas évident avec moi. S’il aimait dominer, je l’aimais plus encore. S’il aimait le contrôle, je le cédais difficilement. Cela m’amusait. Et puis, la porte était ouverte à présent. Ce refus de toute démonstration en dehors d’un lit, ou autre endroit décrété lieu de débauche par nos soin, était ma façon d’être, une donnée de base contre laquelle je ne pouvais plus rien et que j’avais fini par accepter pleinement, par embrasser même. Les affaires de corps n’avaient plus rien à faire dans l’espace public. Je m’acharne à me le répéter, à y faire attention. C'était quelque chose que je faisais souvent. Comme une épine enfoncée dans le fond de ma chair. Parfois, je l'oublie. Et puis il suffit d'un geste, d'un mauvais mouvement, et la douleur revient, tellement vive. Parfois aussi, la douleur n'est pas là et c'est moi qui la recherche. Je la trouve, je la réveille. Cette manie d'autodestruction. Je ne suis pas insensible, comme je peux parfois en donner l’image, mais je suis encore moins fragile, ou faible. J’ai aimé deux hommes. L’un plus que l’autre, mais tous les deux d’un amour vrai, sincère et profond. L’un m’a quitté, l’autre a préféré mourir plutôt que de se battre. Qu’est-ce que cela peut vouloir dire de moi ? De la personne que je suis ? Je ne suis pas fragile, je ne renonce pas à l’intimité par peur, c’est un instinct beaucoup plus élémentaire, le plus primaire qu’il soit. L’instinct de survie. « Je t’attends à l’extérieur ? » lui demandais-je en plongeant mon regard dans le sien tandis que je réajuste le col de sa chemise quelque peu froissé. Puis revenant à un volume réaliste. « Bonne soirée Monsieur Westlake. » Je passe devant lui et m’éloigne de son bureau, adressant un signe de tête et un sourire pour saluer sa secrétaire.