"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Do not anger fairies, they'll burn your house and you in it. Eleah + James + Ali 2979874845 Do not anger fairies, they'll burn your house and you in it. Eleah + James + Ali 1973890357
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Do not anger fairies, they'll burn your house and you in it. Eleah + James + Ali

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Alastair H. Pratt
Alastair H. Pratt
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() message posté Ven 9 Nov 2018 - 4:22 par Alastair H. Pratt
Le site web disait que c’était une recette toute simple. De l’agneau haché cuit dans de la purée de tomates et de la sauce Worcester, des petits pois en conserve, des carottes (en conserve pour le cas échéant), du sel, du poivre et des pommes de terres (toujours en conserve). Certaines recettes disaient d’y mettre de la crème de maïs. Mais Alastair n’en avait pas trouvé, au supermarché. Et l’agneau était bien trop cher. Le bœuf aussi. Il avait pris du porc haché. Lorsque Nate viendrait diner, il lui faudrait trouver un substitut à la viande. Mais… mais c’était pour un autre soir. C’était compliqué, de toute façon, trouver quoi que ce soit, au supermarché. Comment les gens pouvaient s’infliger ça, ne serait-ce qu’une fois la semaine? Il n’arrivait toujours pas à comprendre.

Le jeune homme touilla la cuiller en bois dans la poêle en regardant la viande cuire dans un pâté uniforme. Il s’ennuyait mortellement de la bonne qui passait, chaque jour, lui déposer des repas à son goût, dans son appartement, sur Air street. Il s’ennuyait déjà de la mère d’Erwan et de son ail en quantité industrielle et de ses foutus oignons qu'elle mettait partout. Il détestait les oignons. Au moins, elle cuisinait pour tout le monde, elle. Il renifla avec mépris et soupira, en abattant sa cuiller dans la poêle comme Jack l’Éventreur l’aurait sans doute fait, pour beaucoup moins que ça.

La sonnerie de la machine à laver retentit. Il abandonna la poêle pour s’occuper de ses draps. Mini-fée avait décidé d’y foutre toute la vaisselle sale, pour une énième fois, et du lait caillé avait coulé dessus. Et ça puait. Ça l’avait empêché de dormir. Il avait finit par comprendre la leçon. Il pesta en transférant le tissu mouillé jusqu’à la sécheuse. Sa main gauche lui faisait mal. Les draps n’étaient plus aussi blancs qu’avant, non?

Il leva un regard noir vers la mezzanine où de la musique jouait, dans la chambre au-dessus, avant de regarder autour de lui. Il frotta le plâtre qui recouvrait sa main gauche, d’un geste nerveux. Eleah s’était isolée dans sa chambre.

Il devait se compter chanceux. C’aurait être pire. Bien pire. Le loft de Mini-Fée était grand, suffisamment éclairé et très agréable à vivre. Il y avait suffisamment de place pour deux, depuis qu’Arthur était ailleurs, dans les bras d’une fille. Le canapé était plus confortable que ce fichu matelas gonflable que la famille d’Erwan avait pu lui offrir. Et puis il y avait ce piano, juste là, dans un coin du salon qui n’attendait que sa main gauche guérisse, enfin. Il avait presque hâte d’accomplir sa partie du marché et jouer pour ces petites ballerines, comme il avait promis. Et peut-être… peut-être l’engagerait-on pour plus que quelques heures par semaine? Peut-être… peut-être pourrait-il être pianiste dans une de ces nombreuses comédie musicale que les touristes adoraient? The Miserables ou…The Phantom of the Opera. Il serait pianiste pour The Phantom of the Opera…

En attendant la tournée. Cette tournée qui ne venait pas…

Il regarda son plâtre, que Nate avait colorié aux crayons feutres de petits mots affectueux qui l’attendrissaient, parfois, quand il se laissait aller. Il pouvait se compter chanceux oui. Nate l’avait échappé belle. Et qu’aurait-il pu faire, en tournée, avec une main qui ne marchait plus?

10 jours. Il ne restait que 10 jours avant qu’on lui enlève cette putain d’atèle. Il n’en pouvait plus…

La sonnerie de la porte tinta. Alastair fronça les sourcils. Il était 21h. Mini-fée attendait-elle quelqu’un? Il attendit une minute ou deux. Un autre coup de sonnerie. Elle ne devait pas avoir entendu. Non mais, ils ne pouvaient pas Il jeta la cuiller en bois sur le comptoir et abandonna son plat sur le rond du poêle pour aller ouvrir la porte.

@Eleah O'Dalaigh @James M. Wilde
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James M. Wilde
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() message posté Mer 14 Nov 2018 - 21:34 par James M. Wilde


« I just need a witness
To say that I was there to feel this
You'll forget me
So come with me to nowhere
And I'll show you nothing special
I'm still pleased to see you
Alive
»

Eleah
& Alistair
& James




Je me suis effroyablement bien tenu lors de l'interview filmée où nous étions invités dans le calme relatif d'une fin d'après-midi londonienne. Sans doute parce que les gars étaient là tous les deux pour m'encadrer, laissant peser leurs regards attentifs dès lors que j'ouvrais la bouche pour répondre à une question. Je me suis plu à laisser planer de ces hésitations calculées pour qu'ils retiennent leur souffle de concert tandis que je faisais mine de chercher mes mots. Leur mine soulagée après chaque intervention était si risible que je pense n'avoir jamais été aussi souriant que dans le canapé de Radio X, balayant la salle de mes prunelles amusées dès lors qu'il s'agissait de laisser parler mes comparses. Le journaliste s'est bien gardé de revenir sur les évènements français, et mes paroles assassines, depuis des jours reprises, passées en boucle, déformées par écrit à loisir sous des doigts peu précautionneux et qui rêvent de nous étrangler, ma carrière et moi. Les commentaires au sujet de l'annonce d'Eleah commencent à très légèrement et élégamment contrebalancer la vindicte organisée contre mon nom, mon album, mon groupe, surtout que les questions ont été nombreuses de la part du public à ce sujet. J'ai choisi de demeurer très évasif sur le spectacle que je ne cesse de modeler dans ma tête pour corrompre l'attente devenue maladive, que certains fans semblent partager également vu qu'il agit d'une création d'une toute autre teneur. Autant frustrer les interrogations pour voir grimper l'intérêt qui dévie les armes de mes détracteurs. Même Greg et Ellis ont ponctué de leur enthousiasme mes remarques au sujet du Royal Ballet, taisant soigneusement leurs craintes respectives à me voir ainsi quitter la protection de notre trio quand ils m'ont toujours gardé du pire et surtout de moi-même. Une indiscutable clémence donc, suivie d'une chanson en live qui a su attiser l'euphorie dans laquelle je me trouve, Survival atteignant ses aigus toujours enchanteurs, l'air martial encore dans ma tête et sous mes pas. Je ne l'ai pas prévenue de mon arrivée. Nous sommes ainsi, reliés dans un silence que nous étirons souvent pour le briser sans préambule, l'un apparaissant dans le champ de vision de l'autre en plein jour ou en pleine nuit, comme si cela devenait viscéral. Ce soir c'est moi. Parce que j'ai envie de lui raconter que pour une fois je n'ai pas lutté contre ces harmonies que j'ai composées, que en cette heure je suis presque heureux, presque débarrassé des angoisses et de la peine, indifférent devant cette date qui annonce mon départ prochain, enthousiaste comme je ne le suis plus depuis de trop longs jours. Depuis ces habitudes éthérées, la silhouette d'Arthur s'efface du décor, si nous nous croisons, nous ne nous saluons que d'un signe de tête, la communication entre nous préférant se brouiller plutôt que d'exhiber les lames que sous-tendent nos regards peu amènes. Je n'ai rien contre lui, hormis cette froideur tacite, quand l'on frôle quelqu'un de trop semblable, dont l'éclat esquinté nous rappelle ce néant auquel on est finalement destiné. Je sais cependant qu'il aime me caricaturer, peindre ces traits que je suis capable de renforcer dans mes frasques, rappeler à Eleah son alliance dangereuse, détestable. Je conçois qu'il me craigne, j'ai sans doute pris une place sans mesurer ces frontières que je déchirais au passage. Je me plais jusqu'alors à ignorer sa vindicte tant qu'il ne la tourne pas ouvertement vers moi. Je sais toutefois que je n'éviterai guère l'affrontement que sans doute il recherche. Que je recherche peut-être aussi, malgré moi, par ma simple présence dans des lieux qui sont à elle, à eux. J'ai pris l'escalier, parce que la frénésie est dessinée dans cette course jusqu'au loft, qui me laisse essoufflé sur le pallier. Je ne sonne pas tout de suite, la petite vieille du pallier, moitié gâteuse, me regarde par sa porte entrebâillée et me pose cette question récurrente et absurde qui me fait toujours marrer.
_ Mais non madame Prokovich, je ne suis pas le livreur de pizza. Est-ce que vous me voyez porter un carton hein ? Non. Eh bien essayez de déduire le rapport de causalité. Non, je ne suis pas le gérant de l'immeuble non plus. Non, je m'appelle James, vous vous souvenez, nous nous sommes déjà croisés dans l'ascenseur.
Elle ne se souvient pas et j'abrège mon monologue sur un haussement d'épaules avant d'appuyer mon doigt sur la sonnette en deux a-coups péremptoires, comme pour l'appeler à la rescousse et me dérober à la maison de retraite.
_ Bonsoir madame Prokovich. Oui c'est ça. Je le lui dirai quand il sera là. Oui. Au revoir.
Je ne sais pas pourquoi la vieille voit des livreurs de pizzas partout. Peut-être qu'elle attend son dîner depuis 15 ans… Je ne tourne pas immédiatement la tête vers la porte qui dévoile Alastair, nonchalamment appuyé au chambranle :
_ J'espère que tu es prête, petite fille, à offrir tes...
J'allais poser en charmeur en tournant vers elle mon regard tendancieux sur ma remarque pleine de trivialité quand je m'aperçois qu'il s'agit de mon estropié favori. Je demeure suspendu à ma phrase avant de recomposer une allure plus décontractée, ostensiblement amusé, tandis que je complète :
_ Oublie. Elle est là ? Bonsoir au fait. Je suis perturbé. J'ai loupé mon entrée tu vois. Et encore, je me suis arrêté juste à temps, je m'en sors bien. Parce que je suis sobre.
J'ai un sourire en coin en me remémorant certaines phrases aux allures d'injure qu'elle est sans doute la seule à savoir recevoir dans le creux de son oreille sans rougir ou sans minauder. Je tapote l'épaule d'Alastair pour le contourner avant de m'enquérir de son état, signe évident de mon humeur au beau fixe. Je désigne son plâtre :
_ C'est quand qu'ils te virent ça ? Je te préviens pas le temps pour la rééducation à la con, mais j'ai des techniques éprouvées, t'inquiète. Tu retrouveras bientôt tous tes talents.
Je sais que pour tout musicien, se confronter ainsi à ce genre d'incapacité est une source d'angoisse effroyable. Parce que l'on ne peut jamais être certain de ce que l'on perd dans ces instants là. Je me souviens de ces putains de bandages qu'il m'a fallu porter, arborer l'impuissance des jours entiers sans savoir si je pourrais toucher de nouveau une corde sans trembler. J'ai un regard compatissant, avec au fond des yeux une sorte d'accusation muette. Je ne lui ai pas demandé comment il s'était fait ça mais je me souviens de ma première réaction. Glaciale. Parce qu'il ne s'agissait pas d'un jour où l'euphorie était dans mon ventre pour y lover sa brûlure. Je lui ai simplement dit : “Alors tu as fini par trouver une excuse pour fuir plus loin encore ? Pour mériter toute ta médiocrité ?” La même accusation flotte dans mes iris qui le toisent dans le silence qui s'étire, comme s'il s'agissait de lui faire porter plus encore son tourment, comme s'il était question d'une sorte d'échappatoire à tout ce que j'ai commencé à mettre en place pour lui. Ce rôle de leader que je le pousse à endosser, pour éclipser sa petite bande de copains que je ne peux pas piffrer… Je finis par ponctuer, dissipant les ombres avec un naturel confondant, elles n'ont pas leur place ici. Sans doute suis-je déjà enivré par la simple perspective de la voir :
_ Ça sent quoi ? Bordel ne me dis pas qu'elle te fait cuisiner. Je reconnais bien là sa perversion naturelle ceci dit…
J’ai un sourire félin, tandis que je me balade de mon propre chef dans le loft, jusqu’à l’espace central de la cuisine, avant de clamer tout haut, après une interjection dégoûtée, une sorte de juron étouffé par mes lèvres :
_ C’est censé se bouffer ça ?!
Oui parce que forcément, il faut que je donne mon avis alors qu’on ne le sollicite pas. Je relève mes regards dans la direction de la mezzanine, laissant traîner mon doigt sur le revêtement du comptoir où elle a un jour abandonné un café à mon attention. Je tends l’oreille, cherchant à percer les secrets de la musique dans laquelle elle se laisse bercer, j’aime l’idée qu’elle ne sache pas forcément que je suis là, dans le décor de son appartement. Je farfouille dans les placards, et déniche un verre, ainsi qu’une bouteille de vin dans le frigo que je fais claquer d’un geste souple :
_ Je te sers ? C’est ma tournée. À ses frais, c’est encore meilleur...
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() message posté Jeu 15 Nov 2018 - 22:02 par Invité
do not anger fairies
alastair & james & eleah

they'll burn your house and you in it.
Le pied marque une mesure. Cavalcade. Harmonie qui s’arroge le droit de faire ployer la cheville, la faire tournoyer dans le vide, la laisser danser sur les rythmes jazzy qui s’infiltrent dans l’épaisseur de la vapeur d’eau dont la pièce est emplie pour mieux la napper de ses sonorités. L’eau n’est pas encore tiède. Elle y disparaît, s’y abîme. Les odeurs se mélangent. Celle de la bougie parfumée, au nom tapageur, qu’elle n’a pas pu s’empêcher d’acheter. « Moonlight ». Elle ne résiste jamais face à ces vindictes purement marketing. Les senteurs de patchoulis, de bois, de bergamote et de bambou, quoi de mieux que ces fragrances-là, pour assouplir les sens et modeler l’orgueil aux soies de la tranquillité passagère. Cela, et les notes sucrées du bain moussant, de ces instants de solitude qu’elle ne s’accorde que peu, en ce moment, tant les projets la préoccupent, l’enivrent, l’entraînent. Des patchs décongestionnants sur les yeux, alanguie et brouillée par le nuage de brume, elle se laisse porter vers ce calme salvateur où les songes ne sont plus rien si ce n’est des bruits confus et lointain au fond de l’oreille. Elle se repose, dort presque enfin. Arbore de ces expressions de quiétude qui lui manquent depuis la France. Depuis qu’elle le sait quelque part, là, dehors. Depuis qu’il n’est plus cloîtré entre les quatre murs où il aurait dû rester toujours.  Elle ne l’a toujours pas dit à Arthur. Aucun moment n’a semblé propice, et depuis que James vient s’évader dans l’intimité de sa sphère, sa présence est plus évanescente encore. Elle apprécie cette indépendance qu’il s’arroge, cette manière qu’il a de disparaître, comme si enfin il réalisait devoir s’accomplir quelque part ailleurs, en dehors d’elle. Mais une partie d’elle ne peut s’empêcher de regretter ces moments où ils se retrouvaient tous deux, sur son lit, sur le canapé du salon, à partager cette complicité qui n’a guère besoin de mots pour s’exprimer. Il réserve ces attentions-là à Jessica désormais. Ou une autre … Qu’en sait-elle après tout ? Ils n’échangent plus que des banalités difformes. Des regards qui frôlent la désolation, lorsqu’ils s’aperçoivent tous deux atteindre la limite d’un point de rupture qu’ils ont toujours frôlé. Elle sait que son frère n’apprécie guère qu’elle fréquente James avec trop de régularité. Il lui ressemble trop, sans doute, pour qu’il daigne accepter ce lien qui l’éloigne d’elle chaque jour davantage. Elle ne fait rien, rien pour arranger cela. Rien pour le convaincre de rester, pour l’inciter à partir. Une indifférence qui doit lui apparaît comme le pire des désaveux. Il lui en veut, il est incapable de la haïr pour autant. Une part de lui-même se réjouit de cette énergie nouvelle qu’elle déploie autour d’elle, presque fracassante. Les obsessions nourries sont trop grandes, trop exclusives, trop débordantes. Il y a trop de rêves, trop de barrières à abattre pour ces deux êtres qui ont toujours appris à briller seuls. Il craint le pire, il le voit venir, à travers les stigmates qu’il aperçoit sur sa peau, sur la leur. Les marques d’une passion qui n’a pas de limite, ni de pudeur. Il ne fait rien pourtant, rien de vraiment concluant en tout cas. Des remarques, glissées à droite et à gauche. Des regards inquisiteurs qu’elle ne cesse d’ignorer. Que d’attentions sans but aucun, quand il sait ne pouvoir la garder de la chute dans laquelle elle s’est à escient précipitée. Elle atteindra le sommet de son art à ses côtés. Il la propulsera là où elle n’est jamais allée, même si elle ne doit pas en revenir. Il ne peut pas lui reprocher cette envie-là, même s’il ne la comprend pas entièrement. Alors il s’efface peu à peu, de sa vie, de son quotidien, de ses territoires. Il lui prouve qu’il peut être responsable en ne l’appelant plus systématiquement lorsqu’il a un problème. Il n’a en revanche pas pu s’empêcher de ramener à bras le corps Alastair, quelques temps plus tôt, alors qu’elle revenait tout juste de France. Il a pris sa place lui aussi. Il a rempli le vide qu’il a laissé derrière lui. Le visage d’Arthur se dessine dans les tréfonds de sa conscience. Le lien indéchiffrable, impossible à détruire, impossible à oublier. Elle se demande ce qu’il fait, alors qu’elle se prélasse dans son bain. Ses doigts glissent sur l’émail, tracent enfin des arabesques sur la surface maquillée de mousse de l’eau devenue tiède. Elle entend du bruit au rez-de-chaussée. Alastair qui semble vouloir s’affairer dans la cuisine, se rendre utile. Des mécanismes qui n’atteignent pas l’évidence lorsqu’on a souvent été habitué à être servi comme un prince. Il n’y a pas de noblesse dans sa maison, ni de serviteurs. Juste la certitude d’un endroit où dormir, d’un espace où se perdre le temps d’une nuit, d’une soirée. Plusieurs fois elle s’est évadée de chez elle pour le rejoindre, sur les territoires conquis du Viper. Sans prévenir, sans annoncer sa venue. Menée par un besoin impérieux de le savoir, de marquer sa peau de ses ravages et lui appartenir. Être seule, seule avec lui. Sans personne d’autre, pour lui dire ce qu’elle devrait faire, penser, ou même croire. Sans le songe de ces pensées inconnues qui se tournent vers vous et vous toisent, impudiques. Elle ne regrette pas la photographie postée sur ses réseaux sociaux, pour annoncer leur projet. C’est surement sa manière à elle, de rendre tangible la promesse qu’elle lui a faite, de ne pas le renier, jamais, même lorsque la critique l’éclabousse de manière franche et vindicative. Mais elle ne s’attendait pas à un tel engouement, à toutes ces questions, en permanence, qui n’attendent pas de réelles réponses puisqu’il semble bien plus simple pour tous ces curieux d’en inventer à leur guise. C’est tout un univers qui se déploie sous ses pas, qui éveille ses curiosités, et certaines peurs, inavouables. Elle ne sait pas bien où elle va, si ce n’est dans la direction qui la mène jusqu’aux tourments de sa nature. En ces circonstances, la présence d’Alastair lui apparaît apaisante. Elle aime l’idée qu’il l’accompagne, en tournée. Qu’il soit cet incertain phare qu’ils ont en commun pour les éloigner des récifs où ils pourraient se fracasser pour n’en pas revenir. Elle ne lui a pas encore demandé de veiller sur lui, au loin. Elle le fera sans doute … Oui … Il le faudra. Il le faudra, elle en est persuadée. La musique s’est éteinte. Les voix résonnent, en bas, tout en bas. D’indistincts murmures. Eleah soulève l’un des patchs qu’elle a sur les yeux, s’égaye d’un sourire parce qu’elle a reconnu leurs timbres, en bas. Elle les a appris par cœur, tour à tour. Elle rince le masque qu’elle a laissé poser sur ses cheveux, s’extirpe à rebours de son bain devenu presque froid. Sans précipitation, comme ralentie par une sorte de torpeur, elle passe des vêtements de soirée recluse, enfile un pantalon ample en lin crème, un pull blanc au col suffisamment évasé pour qu’il retombe sur l’une de ses épaules nues. Elle demeure les pieds nus, les cheveux encore humides, posant ses coudes sur la balustrade de la mezzanine pour les observer en contrebas, dans la cuisine.
« Et vous ne me servez même pas un verre, bande de mécréants ? » lance-t-elle à leur encontre, s’égayant d’un sourire alors que ses regards passent de l’un à l’autre.
Elle descend, avec lenteur, la tranquillité en étalage, les traits reposés et rafraîchis par les soins prodigués. Son attention se porte sur Alastair d’abord, qu’elle tance d’un faux air de réprimande.
« Alors comme ça tu laisses rentrer n’importe qui quand j’ai le dos tourné ? T’exagères quand même. »
L’espièglerie de son regard se balance, s’appose sur la silhouette de James qu’elle ne tarde pas à gratifier d’une attention plus sensible. Une caresse d’abord, prudente et évanescente, sur l’arrière de son dos, en passant derrière lui. Puis elle s’arrête, s’arroge le droit impudique de glisser une attention dans le creux de sa nuque, presque derrière son cou.
« Tu sens bon. » murmure-t-elle, comme pour dire bonjour. Dans un naturel confondant, qui ne s‘encombre d’aucune règle particulière. Caresse furtive, baiser évasif. Qu’Alastair soit là pour témoigner ou non, cela lui est égal. Elle est chez elle, dans l’opacité de son univers. Elle ne veut pas se cacher, feindre d’être autre chose. Ses envies la guident, sans brimades, ni faux semblant. Au-dessus de l’épaule de James elle se penche pour étudier le plat préparé par Alastair.
« Qu’est-ce que tu nous as préparé là ? C’est … Créatif. » Ses lèvres se pincent, pour réprimer un sourire. L’attention est adorable, elle ne peut le nier. Il fait des efforts, depuis qu’il est arrivé. « On pourrait peut-être rajouter une touche de salade verte, avec ce gloubi-boulga, qu’est-ce que tu en dis ? » le taquine-t-elle ouvertement, volant le verre de vin de James au passage en s’arrogeant le droit d’en boire une gorgée. Accoudée sur le rebord du bar, elle se détourne d’ailleurs vers lui ensuite. « Tu débarques sans prévenir maintenant ? Quelle impudence. Monsieur prend ses aises. » Elle le toise, hausse deux sourcils inquisiteurs, quand ses prunelles rient. Si seulement ils avaient la décence de se prévenir. Un détail dont ils ne s’encombrent que peu, depuis leur retour de France. Ses attentions passent de l'un à l'autre, jusqu'à sentir le pelage de Valhalla qui se frotte, tout contre ses jambes, en ronronnant à pleins gaz. « Coucou toi. Non ... Non, tu ne sors pas les crocs avec eux. » babille-t-elle, en prenant la chatte dans ses bras, la gratifiant de caresses derrière les oreilles pour parer à l'éventualité qu'elle aille planter ses griffes dans les mollets tendres d'Alastair, ou même de James, avec un plaisir non feint. Ils en ont déjà fait les frais tous les deux, elle le sait bien. La chatte aussi, alors qu'elle fait rouler copieusement sa tête sur le pull de sa maîtresse, remettant ses desseins de prédateur à plus tard.


(c) DΛNDELION
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() message posté Dim 25 Nov 2018 - 7:43 par Alastair H. Pratt
« J'espère que tu es prête, petite fille, à offrir tes... »

Pourquoi n’était-il pas surpris? Il était accro aux réseaux sociaux comme n’importe qui. Il était un des nombreux abonnés de Wilde. Il l’avait bien vu, cette photo. Comme tout le monde. Et il commençait à connaître un peu Mini-Fée maintenant. Un peu. Elle partait parfois pour ne revenir qu’au petit matin. Parfois, il la croisait au Viper. Elle faisait un clin d’œil au jeune homme, au loin et repartait dans les ombres où personne n’osait s’aventurer. Ou alors c’était Wilde qui débarquait, comme ça, sans crier gare, avec les yeux étincelants d’un lapin au printemps.

Ça faisait drôle, de le voir ainsi. Vraiment drôle. Surtout quand on avait vu le pire que ce James Wilde pouvait être.

Le jeune homme serra davantage la poignée de la porte, sur le qui-vive. Wilde était sobre oui. Il n’avait pas les mains qui tremblaient. Il n’avait pas ce débit dégénéré qui annonce un élan vers le mur. Ni cette aura d’invincibilité qui précédait les pires des chutes. Il était de bonne humeur, même. Sans trop s’en rendre compte, Alastair se décrispa un peu. Les dernières fois qu’il avait vu son mentor n’avait pas été de tout repos. Oh non.

« Ce n’est pas la première fois que tu sous-entends qu’il ne me manque que des nichons, hein? Je vais finir par le prendre personnel. Ou commencer à questionner tes préférences. Elle est en haut. »

Il frotta machinalement son plâtre et, avec un demi-sourire, céda le passage de bonne grâce. Il finissait généralement par s’éclipser. Par leur laisser cet espace vital dont ils avaient besoin pour vibrer au diapason. Parfois, ses pas le conduisaient à White City, pour vibrer lui aussi. Pour se lover dans toute cette tendresse réconfortante. Parfois, c’était au Viper ou au Lucky Star pour y écouter la musique des autres. Parfois c’était dans un autre pub perdu pour y vivre ses moments plus noirs, loin de ces foutus regards chargés d’inquiétude ou d’accusations.

Mais il avait compris la leçon, cette fois-ci. Il s’arrêtait juste avant la déchéance complète et finissait la nuit devant un café, au McDo, pas trop loin du loft.

Mais là, maintenant, la laveuse est en marche et toute sa bouffe de la semaine, dans la poêle à frire. Les deux amants devraient tolérer sa présence un peu, juste un peu.

Avec un soupir, il reprit la cuiller en bois sur le comptoir et touilla davantage d’un air morne la mixture de viande, de tomates et de carottes, en pinçant les lèvres.

« Début décembre, si tout va bien. Je dois retourner faire des radios cette semaine. »

Alastair détestait ces radios. De voir toutes ces vis, entremêlées au tracé des os de sa main lui donnait la nausée. Pourrait-il rejouer du piano? Faire carrière en musique? Il n’en savait rien. Tout le monde prenait des airs un peu trop optimistes, quand le sujet était effleuré. Nate, Eleah, Erwan, les infirmières. Tout le monde. Même Wilde, quand il était aux anges.

Tout le monde sauf le chirurgien. Et son père.
Les mots de son père, plus mielleux, étaient bien pires que toute la merde que James Wilde ne pourrait jamais dire.

Effleuré, oui. Il n’aimait pas en parler. Il ne s’était même pas donné la peine de contredire Wilde ou de lui expliquer, ni d’affronter ses regards accusateurs. Qu’il dise n’importe quoi. Qu’il pense ce que ça lui chante, le mec. Lui-même repoussait sa foutue tournée, non? Qui fuyait, hein? Qui?

Il quitta la poêle pour mettre en marche le sèche-linge. Après tout, il fallait des draps et un oreiller propres, lorsque viendrait le temps de s’effondrer sur le canapé, demain matin.

Le temps de se retourner et le chanteur avait déjà le nez dans sa poêle et commentait déjà ses talents culinaires. Même le satané chat surveillait la poêle, du coin de l’œil, en se léchant les babines. Une bouteille de vin était apparue sur le comptoir. Alastair sentit son humeur s’alléger un peu. Il ouvrit le buffet et fit glisser un autre verre dans la direction du vin avec un sourire espiègle. Il n’osait pas toucher aux trucs d’Eleah, lui. Il lui en devait bien assez comme ça. Mais il ne pouvait pas refuser un peu de bon vin après toute cette piquette dont il devait se contenter à présent, faute de moyen.

« Personne ne te force à en manger, hein. Ça en fera plus pour moi cette semaine, c’est tout. »

Une voix claire résonna derrière eux. Mini-Fée était descendue de sa forêt enchantée. Il s’arrêta un moment pour les regarder papillonner tous deux avec envie. Lui aussi s’ennuyait de l’odeur de Nate. Et si il allait en douce White City attendre Nate par surprise, ce soir? Et si…

Il soupira et jeta un regard noir au félin qui s’avançait, en la menaçant discrètement de sa cuiller en bois. Il lui aurait feulé dessus pour protéger son dû, comme la chatte le faisait avec lui, si Eleah aurait eu le dos tourné. Probablement parce qu’ils étaient pareils, au fond. Aussi prompts à montrer le ventre pour un peu de tendresse qu’à sortir les griffes et à mordre pour un rien. Ça n’empêchait pas la bête de venir se lover tout contre lui la nuit et ça ne l’empêchait pas de la flatter sous le menton quand elle le faisait. Il y avait un temps pour la guerre et un temps pour la paix.

« Bon, eh bien je le laisserai sur le seuil, ton rencart, la prochaine fois, Mini-Fée. Comme ça, il pourra aller manger de la pizza avec Miss Prokovich, vu qu’il ne semble pas apprécier ma cuisine. Mais je ferais attention, à ta place, Fée des bois. Il semble un peu confus dans ses préférences sexuelles, en ce moment. Viens pas chialer si ça finit en remake d’Harold et Maude, après. »

Il leva le couvercle d’un chaudron et pesta. L’eau s’était presque toute évaporée et les pommes de terres commençaient à coller au fond. Il prit une gorgée de vin à la va-vite et se dépêcha à les enlever du feu. Le plâtre ne l’aidait pas. Pas du tout. Il pesta à nouveau, en se brulant le bout du doigt sur le pot.

« Mais c’est pas du Gloubi-boulga! C’est du Shepperd’s Pie! Du Shepperd’s pie, bordel! La recette de Gordon Ramsay, tu sauras! »

La recette de Gordon Ramsay oui. Excluant l’ail, les oignons, l’agneau, le vin rouge, le thym, le romarin et le parmesan. Parce que le parmesan et le vin étaient trop chers. Et le reste… Qui aimait réellement l’ail et les oignons? Il regarda piteusement les pommes de terres et les écrasa d’une fourchette, avec toute la hargne du monde. Ensuite, il faudrait mettre les pommes de terre dessus et faire dorer au four. Rien de plus simple, non?

Il lança un regard incertain à son public improvisé.

« Ouais… ouais… je peux faire une salade verte… »

S’il survivait d’abord à son plat principal.


Le Shepperd's Pie est un plat anglais composé de viande émincée agneau, de purée de tomates et de légumes et recouvert de purée de pomme de terre qu'on laisse dorer au four. C'est aussi notre plat ''emblême'' au Québec - avec la poutine. Nous, c'est du porc ou du boeuf haché à peine assaisonné (oignons et ail), avec un étage de crème de mais et puis de la purée de pomme de terre qu'on laisse dorer au four. On appelle ça du ''pâté chinois''. Steak, blé d'inde, patates. C'est presque notre slogan national.
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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
Do not anger fairies, they'll burn your house and you in it. Eleah + James + Ali 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Mar 4 Déc 2018 - 18:01 par James M. Wilde


« I just need a witness
To say that I was there to feel this
You'll forget me
So come with me to nowhere
And I'll show you nothing special
I'm still pleased to see you
Alive
»

Eleah
& Alistair
& James




Changement de décor, décalage des moeurs. Une habitude en parure, qui n’en est pas vraiment une, c’est ce droit que l’on s’octroie sans réellement savoir si l’on est légitime ou pas. De paraître, de s’immiscer dans l’existence d’un autre au point que ces harmonies qui furent ponctuelles deviennent des évidences, des envies à satisfaire sur le chemin d’un trouble devenu continu. C’est un bruit neuf, des accords que l’on ne discute pas, qui toutefois demeurent délicats, mes regards sont joueurs ou bien doux, ce territoire n’est pas le mien mais j’y ai acquis une place. Ici, je n’ai pas l’impression d’être enfermé, je me sens en sécurité dans ses objets, au milieu de ses meubles, les touches colorées de sa présence partout qui me la rappellent à chaque regard. Mes mots tombent dans le vide, butent, les yeux cherchent sa présence et s’écarquillent devant cette autre silhouette. Alastair hérite de mon humeur solaire, c’est si rare que je crois bien n’avoir jamais ainsi laissé filtrer ce qu’il doit percevoir de moi. Notre dernière rencontre, notre vraie rencontre, si l’on écarte nos hérésies lors de son anniversaire, ou les répétitions auxquelles il a participé, me semble irréelle, écho de ces cauchemars qu’il a ressenti éprendre ma carcasse quand elle ne souhaitait que s’abandonner à la drogue. Mes traits sont plus apaisés, j’ai réappris ce que cela faisait de manger régulièrement, établissant un rythme dans mon existence éclectique. Pour elle, par elle, je serais incapable de le dire vraiment. Cela s’est fait sans heurt, sans y songer, sans s’y sentir obligé. C’est juste que quand je passe la voir, je mange ici. Le reste du temps, je suis beaucoup chez Gregory, pour répéter, pour profiter d’une conversation plutôt que de me confronter à une solitude qui ne manquera pas de m’étreindre lorsqu’il s’agira de se lancer de nouveau sur les routes de la tournée. Je suis accessible, même quand il faut parler aux journalistes, comme dans l’émission d’aujourd’hui. Je suis là. Je suis… là. Peut-être est-ce aussi cette frénésie qui déjoue mes noirceurs, le départ proche, les conciliabules autour de ce projet que personne ne sait réellement nommer. A quoi s’attendre n’est-ce pas, dans une alliance que l’on ne pouvait subodorer ? Qu’un jour je m’intéresse à la danse, et à son temple perclus de classicisme, c’était jusqu’ici inconcevable. Certains disent que c’est sans doute parce que je saute l’une des danseuses, étrangement l’on ose pas encore affirmer qu’il s’agit d’elle. Le projet est indéchiffrable, indistinct. Eleah n’est pas ce genre de fille à fréquenter quelqu’un comme moi. C’est ce qu’ils se disent. C’est ce qui la sauve. Les photos à Paris… Elles ne sont pas arrivées jusqu’à nous. Peut-être qu’ils nous ont tout simplement loupés. Peut-être. Je n’ose pas trop y songer, ce sont des maux que l’on ne s’inflige pas encore, ils sont soigneusement ignorés.

J’ai un sourire pour Alastair, un vrai sourire, qui indique que je suis ravi de le trouver ici. La musique continue, sereine. La posture du jeune homme se délie, se déploie aussi, il est là, vraiment là à son tour, nous cessons de nous chercher, de nous aiguillonner pour voir si l’un de nous saigne encore. Les plaies sont refermées pour un temps. Je hausse un sourcil d’une façon distinguée, mon sourire devient goguenard :
_ Oh continue, j’aime que l’on prenne les choses très personnellement quand ça me concerne. Ceci dit, prends ton numéro et fais la queue comme tout le monde. Je suis très convoité.
Je balaye une poussière très imaginaire sur mon épaule, façon diva. La plaisanterie furète dans l’air, avant qu’en quelques pas je puisse porter un regard vers cet étage qu’il m’indique. Je sens mon souffle se contraindre, comprimer un élan qui devient tentateur, gravit chaque vertèbre dans mon dos. En haut… Plus tard, plus tard. Je reviens à mon poulain, le laisse vaquer dans la pièce tandis que j'en savoure l'atmosphère. Le voir dans ce décor est devenu une touche de couleur supplémentaire, ils forment un ensemble qui façonne mon existence, quoique je puisse prétendre. Elle se glisse dans mes notes et dans les rires, rend mes angoisses plus magistrales encore. La déchirure se poursuit et le poison en suinte. Il le recueille bien souvent, par mes remarques acerbes, les répétitions devenues incessantes, mon pointillisme en étendard depuis que la sobriété est de mise. Le studio résonne encore de mes attentes, jamais satisfaites, toujours plus harassantes. Greg arrondit les angles, Ellis tape dans le dos d'Alastair pour le rassurer lorsqu'il assisté à mes manières tyranniques. Il est comme ça c'est tout. Il a toujours été comme ça. J'ai toujours été marqué par cette perfection que je souhaite entendre, graver sur mon épiderme pour saigner davantage de ces effroyables contradictions. Et quelque part Alastair le sait et le comprend. Je suis devenu invivable pour qu'il se révèle le leader que je l'imaginais être. Sur la scène, cette scène qui nous accueillera. Je suis prêt à balayer tout les autres, sa petite bande de dilettantes, et tous les autres groupes qui traînent au Viper comme des prédateurs en quête de chair fraîche. Un estropié c'est si commode à remplacer. Et pourtant je les repousse, les maltraite, car je suis prêt à tout endurer et à tout imposer si c'est pour le révéler lui. Dans sa fascinante brutalité. Elle lui a coûté cette blessure, enrageante cassure dans notre envolée. C'est ce que j'aimerais me raconter. Que c'est sa faute si nous ne partons pas. Sa faute. Mais en réalité la faute est égale, constante. Sa blessure ravive les miennes. J'aimerais lui arracher ce plâtre et le lui faire bouffer pour qu'il se rappelle ce qu'il a joué. Ce que j'ai joué à ma façon tant de fois. Ressemblance frappante, aveuglante. Mes iris durcissent l'accusation que je ne prononce pas. Elles maquillent cette inquiétude qui demeure dans ma tête. Et s'il ne peut plus jouer, que pourrais-je lui offrir alors ? Comment honorer cette promesse de l'emmener dans ces sillages qui doivent lui appartenir ?
_ Bien.
C'est tout. Bien. Point. D'un ton protocolaire et un brin sec qui trahit ces non dits qui demeurent. L'angoisse est là en filigrane et je sais qu'elle s'insinue dans ses chairs. Personne n'aurait pu me rassurer quand j'imaginais m'être brisé la main. Dans cette seule seconde où j'ai cru que le crime serait enfin payé, et mon existence estropiée. Personne n'aurait pu dire les mots, pas même les médecins avec leur terminologie irritante, ces mots qui auraient dû apaiser la folie qui naissait, rien qu'à imaginer… ce qu'il resterait alors. Rien. Rien. Il faudra qu'il le sente. Qu'il le sache. Ma seule technique c'est de l'enfermer face à moi jusqu'à ce qu'il joue. Qu'il joue comme avant. Des heures durant. Dans la souffrance la plus crue.
_ Début décembre tu reviendras en studio alors.
Ça n'est pas un choix. Car l'on partira dans la foulée. Il le faudra. Pour lui comme pour moi. Car je ne partirai pas sans lui… C'est ce que je lui ai dit ce jour-là. Je t'emmènerai avec moi. Je me distrais en allant zyeuter le contenu de ce repas dans lequel je m'inclus aussitôt. J'ai la dalle avec tout ça, les muscles encore endoloris de ce live en direct, l'adrénaline qui y pulse ses murmures. Je grogne à l'attention du chat. Deux félins qui se toisent. Cette sale bestiole ne m'aime pas, elle profite toujours de l'absence de sa maîtresse pour me mordre. C'est armé d'une bouteille que je nous sers une large rasade avant de laisser les arômes envahir ma langue avec un petit soupir de délectation qui coïncide avec l'apparition d'Eleah appuyée à sa ballustrade dans ses atours blafards. Mes iris s'aimantent à elle et suivent la ligne de cette épaule dénudée avec un très léger sourire en coin qui marque mon appréciation. Je ne dis rien. Strictement rien. Sa tirade se voit uniquement saluée d'un signe aérien qui désigne la bouteille, lui indiquant que je la servirai lorsqu'elle choisira de venir gracier l'étage des simples mortels. La lenteur de sa progression approfondit l'oeillade que je lui lance, sa pique attise ma jovialité :
_ Miss Prokovich est mon âme sœur de toute façon. Elle ne le sait pas encore, voilà tout. Je suis le livreur qu'elle attend depuis toujours. Un jour je lui achèterai une pizza… et ce sera le début de notre très longue idylle. Enfin jusqu'à ce qu'elle cane quoi.
Un troisième verre n'a même pas le temps de rejoindre les deux autres, sa présence déconcentre ma tâche, les secondes qui s'écoulent deviennent diffuses, son aura magnétique, la peau qui frissonne au moment où ses lèvres la trouvent. Les mots s'échappent, ma main remonte avec langueur sa taille, je détourne les yeux de notre maigre pitance (la nôtre oui, visiblement !) et embrasse cette épaule nue qui appelle cette dépravation qui vient une seconde habiter mes yeux. Je joue avec le pan de son pull, le tiraille légèrement comme pour répondre à son singulier salut. J'ai le même genre de langage. Tu es là… Mon index glisse sur l'épiderme, un contact, un seul. Comme une marque d'appartenance. J'abandonne mon verre à sa voracité, ronchonne pour la forme et me sers finalement un troisième verre en laissant tout loisir à Alastair de s'improviser cuisinier, ce qui ne semble pas forcément une flagrante réussite. Mais qui suis-je pour vraiment discuter bouffe quand mes seules improvisations consistent à réchauffer un plat préparé au micro-ondes ou à faire du riz.
_ De la salade ! Quelle riche idée !
Ça sort avec un peu trop d'enthousiasme de ma bouche comme si une feuille de laitue me paraissait soudain un met de roi face au plat que nous lorgnons tels des vautours. Je m'appuie nonchalamment face à elle, tout en entamant mon nouveau verre, avant de balayer l'air avec ampleur de ma main :
_ J'avais faim. J'ai été sage et presque poli, alors ça mérite une récompense tu vois. Il y aura au moins une radio qui ne censurera pas notre interview.
J'ai un sourire fier, avant de froncer les sourcils quand elle soulève la boule de poils satanique :
_ C'est ça, fais comme si tu n'étais pas une sorte de teigne sur pattes, et je ne parle pas de ta maîtresse. Quoique pour être aussi fourbe, on n'est pas surpris de qui t'a éduquée.
J'ai un rire ironique puis me trompe au moins deux fois de placard avant de consentir à extirper trois assiettes de là, que je dispose à des intervalles parfaitement réguliers sur la surface du bar, sans même me rendre compte de ce soin particulier qui trahit certains travers obsessionnels. Tournant la tête, je m'adresse au cuisinier :
_ Sauve-moi de l'évanouissement. Par pitié. Sheperd's Pie ou pas, whatever, que Gordon Ramsay aille se rhabiller face à… cette improvisation du soir, mais accélère. J'ai faim. J'ai faim. J'ai faim.
Je le répète comme un mantra. Je fais parfois ça à Greg, lorsqu'il cuisine, au moins quinze fois en sautillant autour de lui, jusqu'à ce qu'il cède sous la crise de nerfs. Je termine mon verre juste après la précipitation de mes mots avant d'ajouter un détail à l'attention d'Eleah :
_ J'ai pris tout mon outillage sur le chemin, et non madame je ne parle pas de mon magnifique corps d'Éphèbe mais bien de ce qui permettra à ce foutu piano de ne plus me casser les oreilles rien qu'à le regarder. Ça te fera peut-être pardonner ce que j'ai raconté sur le spectacle au Royal Ballet à la fin… Je crois avoir mentionné la présence de 130 danseurs entièrement nus sur scène. J'ai ajouté que c'était très contemporain, une idée de Eleah O’Dalaigh. Tu vois. Sage je te disais. Parce que je n'ai pas insulté la présentatrice.
C'est mon grand jeu depuis deux semaines, distiller de vraies informations au milieu de tout un tas de déclarations parasites pour ne rien trahir de la teneur réelle de de que nous préparons. J'ajoute à l'attention d'Al :
_ J'ai annoncé la première partie en tournée. J'ai parlé de “ton groupe” parce que c'est le tien au fond. Ton nom comme ça, ça claquait à l'antenne. Ça empêchera Pratt Senior de se réjouir trop longtemps. Par contre je n'ai pas dit que tu serai nu. Désolé.
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() message posté Dim 23 Déc 2018 - 10:55 par Invité
do not anger fairies
alastair & james & eleah
Ils se dessinent dans des humeurs plus douces, l’intermède trompeur, l’intermède en temps d’arrêt au milieu de l’épaisse brume qui menace de poindre. L’horizon de la tournée, plus si éloigné, pas encore totalement près non plus. Son quotidien a retrouvé de ces lueurs chatoyantes qu’elle aimait tant autrefois, dans la quiétude d’instants qu’elle ne partageait pourtant pas avec les mêmes protagonistes. Il y a toujours eu des âmes venant s’égarer sur ses territoires, y trouvant le réconfort de ses bras, de son corps, de sa simple présence parfois. Cela n’était pas si différent. Cela n’avait rien à voir toutefois. Derrière la quiétude de façade, la crainte sous-jacente de les voir partir se fait une place de choix au creux de son ventre. Elle a pris des habitudes détestables. Celles de les côtoyer, à intervalles trop réguliers pour ignorer l’importance qu’ils ont su prendre. Son rapport à Alastair est somme toute différent, mais peu importe. Il fait partie de sa vie maintenant. Présent lorsqu’elle se lève, souvent lorsqu’elle se couche. Cette âme torturée et suppurante, dont elle ne saisit parfois pas bien les troubles, mais qui est là, tout le temps, pour paver son quotidien de lueurs changeantes. Quant à James, c’est une évidence que son départ l’inquiète. La possessivité maladive déploie ses griffes avec lenteur, crisse sur sa peau blanche. Elle craint qu’il oublie au loin tout ce qui aura su les constituer. Et si les élans français restent imprimés dans sa conscience, elle a quand même cette inquiétude qui grandit, ce manque malade qui lui fait imaginer ce mal qu’elle éprouvera lorsqu’elle ne pourra ni le voir, ni le toucher, ni lui parler. Cette souffrance dont il faudra qu’elle aille s’abreuver aux coins de ses lèvres lorsqu’elle ira le trouver, loin, si loin de tout ce qu’elle connait.

« Confus, vraiment ? » Eleah hausse un sourcil interrogateur dans la direction de l’intéressé en contrebas, ayant un rire clair suite aux paroles quasi vindicatives d’Alastair. James s’enlise dans la surenchère. L’humeur d’Eleah se distille comme une aura scintillante, tout autour d’elle, alors qu’elle les rejoint au bar. Elle ajoute dans la foulée, passant de l’un à l’autre : « Imagine que cette idylle lui donne une seconde jeunesse. Tu pourrais être surpris de sa fougue naturelle. Et de ses performances une fois qu’elle a enlevé son dentier. » Elle sourit de toutes ses dents, avec une expression très goguenarde sur ses traits faussement juvéniles. Les rondeurs du vin roulent sur sa langue, en même temps que la main de James se ballade sur sa taille. Elle arbore de ses expressions repues qui intiment la satisfaction qu’elle éprouve, dans la complexité de cet instant fortuit qui étend son emprise. Son regard caresse les contours de sa silhouette, se love dans les détours de sa mâchoire. Un attendrissement qu’elle ne cherche pas à feindre, dans lequel elle s’enlise avec cette candeur toute manifeste, qui la fait avoir des gestes prudents et des paroles mesurées. Elle jette un regard sur la pitance préparée par Alastair, rit encore, parce que l’odeur est alléchante au fond. Il n’y a que l’aspect pour l’heure qui n’est pas très engageant.
« Si c’est du Gordon Ramsay alors, on va platement s’incliner. » Elle fait un petit geste de révérence, récupérant Valhalla au passage, qui ne tarde pas à ronronner à plein gaz, tout en gardant un œil lubrique sur ses rivaux potentiels alentour. « Il y en a de la toute prête dans le bac à légume. Et toi là, je t’interdis de dire du mal de ma minette. » Elle la gratouille allègrement derrière les oreilles, comme pour l’empêcher d’entendre les paroles de James, un faux air outré en parade, plutôt joueur en réalité. « N’écoute pas les vilaines paroles du monsieur, il est jaloux c’est tout. Parce que je le gratouille pas derrière les oreilles, lui. Il n’y a que toi qui ait ce privilège. Mais oui, mais oui. » La chatte redouble de roulements de tête et de ronrons satisfaits. Elle pourrait défaillir sous un trop plein de bien être, vautrée qu’elle est. « Il n’y avait pas de présentatrice à injurier cette fois-ci alors ? » dit-elle, en haussant les sourcils de façon ostentatoire, des airs moqueurs dansant sur ses traits sibyllins. « Pour t’expliquer Alastair, quand on était à Paris, notre diva ici présente a jugée bon de dire à la présentatrice radio qu’elle devait les succès de sa carrière à son talent pour les fellations. » En même temps, l’air de rien, avec une main vacante elle sort une bouteille d’huile d’olive, et de vinaigre balsamique, histoire de leur concocter une vinaigrette digne de ce nom.  Elle libère Valhalla qui retombe agilement sur ses pattes, au sol, et se dirige furieusement vers le premier mollet à sa disposition. Il n’est pas de jeu plus passionnant pour l’animal que de courir après les lacets de chaussures, et de planter ses petits crocs dans la chair tendre des jambes innocentes. « Ah ! Il était temps … Il se languissait de toute ta maîtrise, regarde, le pauvre petit. » dit-elle en désignant le fameux piano, qui n’a plus servi depuis des lustres, et sur lequel s’entassent livres et magasines depuis un moment. Eleah finit par froncer les sourcils en comprenant le sens du reste de ses propos, versant en même temps de la vinaigrette au fond d’un saladier design monochrome. « Tu as fait quoi ? » Ses yeux s’agrandissent, près à se lancer dans un pugilat. Mais cela ne dure pas. Très vite, la peur passée, elle rit un peu, imaginant déjà les regards outrés des journalistes et tous les esprits critiques entrain de s’activer. « Ecoute après réflexion, pourquoi pas. Ce ne serait pas la première fois que je danse nue. » Elle marque un temps d’arrêt, exprès. L’air très sérieux et appliqué, distingué même, alors qu’elle soupèse des feuilles de salades pour les disposer dans le saladier, comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art. « On te mettrait à poil, derrière ton piano. Avec une plume d’autruche très fluffy sur le sexe, pour la pudeur, et le côté burlesque. Je suis persuadée que ça ferait sensation. » Elle le regarde par-dessous ses cils, le flamboiement d’une indécence en filigrane de ses airs angéliques.  « Sage en effet. » Elle réprime un sourire en se mordant les lèvres, appose la touche finale en disposant les couverts à salade. Elle dispose le plat sur la table, avant de se percher sur l’un des tabourets, à côtés de James dont elle effleure l’épaule avec la sienne. « C’est vrai que nu, tu aurais fait sensation toi aussi. » ajoute-t-elle à l'attention d'Alastair, les servant tour à tour, plus incertaine une fois la tournée évoquée ainsi, et mise sur la table, au sens propre et littéral du terme. La tension indicible, quasiment invisible. Elle se lit pour qui la connaît, sur ce léger silence derrière lequel elle se mure. Qui ne dure pas longtemps, juste le temps d’un souffle, d’une crainte qui glisse le long de son échine.
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