Maël - love and secrets

La perte d’un être cher est incomparable à n’importe quelle douleur existante sur cette planète chère. C’est ce que j’ai vécu, c’est ce que je vis au quotidien, par le biais de cet énorme mensonge qui m’empêche de vivre ma vie comme je l’avais toujours souhaitée. Ce mensonge qui me bousille de l’intérieur à petit feu, ce mensonge qui me l’a enlevée, elle.

Je m’appelle Maël Laurens, Wyatt est mon deuxième prénom, mais ça n’a pas vraiment d’importance. Je suis né à Londres, cette ville, je la reconnaîtrais les yeux fermés. Je ne sais pas pourquoi j’adorais tant cette ville, je m’y sentais bien ; Mais ça n’a pas duré, mes parents et moi-même avons pris un allé simple pour Pasadena, où nous avons décidé de vivre, j’avais 2 ans. Mon enfance n’a pas été des plus banales, à vrai-dire, elle a même été plutôt spéciale. Mon père était un grand chef  d’entreprise, quelqu’un de très riche, très intelligent, et par dessus tout, quelqu’un de bien, qui savait faire la part des choses entre son boulot et sa famille. Certes, le travail prenait beaucoup de son temps, mais il faisait son maximum pour être un bon père et un bon mari. Depuis toujours, je ne cesse de me répéter, que plus tard, je souhaiterai être un homme lui ressemblant, un homme un peu comme lui. Ma mère était une femme au foyer, vivant tranquillement au dépend de l’argent de mon père, je n’ai jamais été très proche d’elle, comme elle ne l’a jamais été de moi, j’ai bizarrement toujours eu l’impression d’être comme un étranger à ses yeux, d’être quelqu’un qui avait été mis là par erreur, quelqu’un qu’elle n’avait très certainement pas « commandé ». Peu importe, elle ne m’intéressait pas vraiment.

J’avais quatre ans lorsque je l’ai rencontrée. Azuria. Jamais je n’aurais imaginé, que cette petite fille allait transformer ma vie à tout jamais. « Maël, je te présente madame Johnson, et sa fille, Azuria. » Je me rappelle encore l’avoir longuement observée, c’était la première fois que je voyais une chose aussi belle, aussi parfaite. Madame Johnson était la femme de l’associé de mon père, elle était vraiment très gentille, ça se voyait qu’elle adorait les enfants, contrairement à ma mère, qui ne cessait de vouloir se débarasser de nous. J’ai très vite accroché avec Azuria, nous avions pleins de points communs, nous aimions les mêmes choses, c’était comme évident qu’elle allait devenir ma meilleure amie. Comme évident, qu’elle allait devenir indispensable à ma vie. Elle était mon double féminin, la personne la plus apte sur cette planète à me comprendre, de comprendre ma vie, et ce que je vivais.


Et puis il a fallu grandir, un jour ou l’autre, nous y sommes tous obligés, même si j’aurais préféré rester petit et insouciant toute ma vie, je dois avouer que le lycée m’intriguait, ce grand passage de la vie dont tout le monde parlait me donner envie de le découvrir. Ces années étaient censées être les meilleures de ma vie, pourquoi celles-ci seraient-elles un calvaire après tout ? Surtout que j’étais très bien entouré. Azuria et moi, étions toujours collés, on ne pouvait se passer l’un de l’autre, à vrai-dire je n’avais pas vraiment envie de rencontrer d’autres personnes, j’étais parfaitement bien à ses côtés, je n’avais pas envie de m’éparpiller, et risquer de gâcher notre amitié. Certes, je vous l’accorde, plusieurs fois nous avons été l’objet de moqueries, une fille et un garçon qui sont sans arrêt ensemble, ça porte à confusion, mais je m’en fichais, et je me plaisais à laisser planer le doute sur toute cette situation. C’est au cours de notre première année que nous avons fait la rencontre de Julia, enfin, Azuria l’avait rencontrée, et me l’avait aussitôt présentée, j’ai tout de suite bien accroché avec elle, c’était une fille simple, et marrante, comme je les aimais. A nous trois, nous formions le trio infernal, impossible de nous séparer, nous étions liés. L’école était partagée cette fois, ou j’étais le garçon très efféminé qui restaient avec des filles par envie et besoin, ou alors j’étais le garçon super cool qui trainaient avec deux bombes atomiques. – Inutile de préciser que la deuxième option me plaisait nettement plus.-
Toutes ces rumeurs ont cessées lorsque j’ai commencé à sortir avec Julia. Elle craquait complètement pour moi, et je dois avouer qu’elle me plaisait énormément aussi. Alors pourquoi ne pas tenter la chose ? Nous étions jeunes après tout. La seule chose qui me faisait un peu peur était de perdre Azuria, je l’aimais vraiment, la perdre aurait été pour moi, un vrai échec. J’avais peur qu’elle se sente un peu exclue, un peu rejetée à cause de cette liaison et c’était ce que je voulais éviter, à tout prix. Avec Julia c’était génial, nous rigolions sans arrêt, nous étions vraiment fait l’un pour l’autre. Bizarrement, Azuria et Julia ne se parlaient plus, j’étais dans une position un peu compliquée, j’avais un peu les fesses entre deux chaises, et surtout, je ne comprenais pas pourquoi les deux meilleures amies avaient décidé de ne plus s’adresser la parole, c’était étrange. Azu devenait de plus en plus distante avec moi, alors qu’elle ne l’avait jamais été, ça me fendait le cœur, durant cette période plus rien n’allait, plus rien ne tournait rond. Je me rendais compte tout doucement, de ce qui était entrain de se passer

Le 15 mars arriva, date importante puisque c’était l’anniversaire d’Azuria, son père avait décidé d’organiser une petite fête pour l’occasion. Même si nous étions moins proches qu’avant, je me devais de m’y rendre, il le fallait, il fallait que je la voie, et que je lui parle. Elle me manquait atrocement. Je me souviens l’avoir aperçue de l’autre bout de la pièce,  elle était magnifique, je n’arrivai plus décrocher mon regard du sien, j’étais comme hypnotisé. Je me souviens m’être rendu compte à ce moment précis, juste là, que je ne voulais qu’elle. Que j’en étais éperdument amoureux, depuis toujours, qu’elle l’était aussi, mais que je n’avais rien vu jusqu’aujourd’hui. J’avais failli tout gâcher en sortant avec sa meilleure amie, quel con j’avais été d’être aussi aveugle. Mais heureusement, je savais qu’il n’était pas trop tard, et puis qui ne tente rien n’a rien, j’allais tenter ma chance, j’allais la saisir même, pour obtenir ce que j’avais toujours désirée au fin fond de moi : Azuria. J’avais décidé de stopper ma relation le matin-même avec Julia, après lui avoir tout expliqué, la jeune femme avait été quelque peu en colère, mais je pouvais la comprendre sur ce point.

Aimé et être aimé, quoi de mieux ? J’étais enfin devenu un homme comblé, je n’avais besoin de rien d’autre, j’étais aux anges. Je pensais être intouchable, je pensais que rien ne pouvait m’atteindre, comme invincible. Mais j’étais bien loin de la réalité. Mon père est tombé malade très rapidement, un cancer qu’on ne soupçonnait pas a fait son apparition, et très vite son état s’est dégradé. On avait pourtant cru à sa guérison, du moins j’avais cru qu’il rentrerait à la maison et qu’il reprendrait le travail, c’était un homme fort, avec la volonté et le courage qu’il avait, j’étais persuadé qu’il allait être sur pieds très rapidement, mais je me trompais. Après un mois et demi d’acharnement, de médicaments qui ne faisaient plus effet à la longue, il est parti. Même si à la fin je m’y attendais, même si au fond de moi, je savais qu’il allait mourir, je n’arrivais pas à l’accepter, c’était impossible. Ce fût pour moi une période très difficile, j’étais devenu très renfermé sur moi, j’étais en dépression, plus rien n’arrivait à me faire sourire, malgré-moi.

Heureusement Azuria était là pour m’aider à remonter la pente, à me sentir mieux et à me changer les idées. Le dialogue entre ma mère et moi était pratiquement rompu, nous ne savions pas quoi nous dire, c’est comme si mon père était le seul lien qui nous rattachait l’un à l’autre, et n’étant plus là aujourd’hui, plus rien ne nous obliger à nous parler. Mais bon, elle restait tout de même ma mère, une mère froide et inutile, certes, une mère tout de même.
Une autre perspective d’avenir s’en suivit, monsieur Johnson n’a pas perdu de temps pour me solliciter pour remplacer mon père à la tête de la société. Pourquoi pas après tout ? J’allais être financièrement indépendant, j’allais pouvoir apprendre énormément de choses sur le terrain, et puis un poste de chef d’entreprise à seulement vingt cinq ans, quoi de mieux ?
Les jours passaient, je filais le parfait amour avec ma chère et tendre, tout allait réellement pour le mieux, nos deux familles étaient toujours aussi unies, même s’il manquait un élément fort important, nous apprenions tout doucement à vivre sans lui, mais ça n’était pas tous les jours faciles, pour moi surtout. Avec le temps j’ai pris beaucoup d’assurance, je suis devenu un vrai homme sûr de lui, travailleur et engagé, tout ce que j’avais voulu être auparavant. Je faisais attention à ne pas laisser l’entreprise prendre le dessus sur moi, j’essayais de passer du temps avec Azuria néanmoins, j’essayais de ne pas la négliger au possible. Mais contre toute attente, c’est l’entreprise qui prit le dessus sur moi….



C’était un matin d’octobre, je m’en souviens comme si c’était hier, le FBI a débarqué dans nos bureaux, ils n’avaient pas l’air de rigoler. Cela faisait plusieurs mois que la fédération nous traquait. Je n’avais rien vu venir, et mon associé non plus. Notre entreprise était l’objet d’une grosse arnaque, une grosse mine d’or, de l’argent sal, de l’argent malhonnête. Le fait était que tous nos gros financements étaient passés jusqu’à aujourd’hui par une entreprise que l’un de nos collègues nous avait vivement recommandée, cette entreprise était l’œuvre du plus gros dealer de Pasadena. Et nous n’avions rien vu venir. Bien entendu le FBI savaient que nous étions innocents et qu’il s’agissait là d’un énorme coup monté auquel nous allions devoir faire face. Dans deux jours, monsieur Johnson et moi-même devions simuler notre mort, nous n’avions plus le choix, la situation était devenue trop dangereuse pour nous, et dans ce milieu, les nouvelles vont très vites. Ça a été très difficile pour moi, je devais être mort, comme si je n’avais jamais existé, je devais me reconstruire une identité, devenir quelqu’un d’autre, tirer un trait sur tout ce que j’avais eu jusqu’aujourd’hui, sur elle, la femme de ma vie. Je ne pouvais rien lui dire, au risque de la perdre elle aussi, et ça je n’aurais pu le cautionner. Alors je suis parti, là laissant pour «veuve », un petit au revoir, il fallait que tout ça reste crédible. J’avais néanmoins profité de chaque dernier instant passé avec elle, en me promettant intérieurement que je la retrouverai un jour, quoi qu’il puisse arriver.

J’ai vécu pendant cinq ans dans un coin pommé, que je ne pourrais décrire tant il était désert. L’affaire n’est toujours pas bouclée, et je suis toujours en danger, les dealers que nous avons balancés n’ont toujours pas été retrouvés, et je risque ma peau chaque seconde que Dieu fait. Mais je n’en peux plus de vivre à l’écart du reste du monde. J’ai besoin de bouger, j’ai besoin de la retrouver, de lui expliquer tout. Aujourd’hui j’ai une autre identité, je suis censé être quelqu’un d’autre. J’ignore comment vont se passer les retrouvailles. Direction Londres, là où tout a commencé.