"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici A night in hell 2 - Page 2 2979874845 A night in hell 2 - Page 2 1973890357
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A night in hell 2

Frank Turner
Frank Turner
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() message posté Mar 15 Mai 2018 - 16:16 par Frank Turner
A night in hell
Part II


Son monde, leur monde, s'était arrêté de tourner, brusquement d'une part et certainement d'autre part. Ils partageaient tout, même la souffrance. Frank s'en voulait et quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, rien ne pourrait changer cet état de fait. Il avait failli, il n'était rien de plus qu'un raté, une merde, qui brisait instantanément tout ce qu'il touchait. Lui avait-on lancé une malédiction ? C'était à se demander au vu de toutes ces choses négatives qui lui arrivaient. Était-ce le karma ? N'avait-il pas sauvé assez de jeunes en perdition ? Avait-il loupé quelque chose ? Que devait-il faire ? Était-il condamné à vivre ainsi jusqu'à la fin ? STOP ! Il hurlait intérieurement pour que cesse cet interrogatoire sans but. Il était à bout, éreinté, fatigué, dépassé. Sa défaillance si lisait dans l'azur de son regard et dans chacun de ses mots. Il opta donc pour quelques choses, susceptibles d'occuper un tant soit peu son esprit et en bon anglais d'adoption qu'il était, il se prépara une tasse de thé, à défaut de s'enfiler une bonne bouteille. L'idée lui avait pourtant traversé l'esprit. Peut-être que de boire comme un trou l'aiderait à oublier, pour un temps, toute cette culpabilité. Il garda l'idée dans un coin de sa tête, avant de reporter toute son attention sur Rachel, seule, le regard perdu, hagard, posé sur ce qui lui semblait être un horizon incertain. Elle n'était plus là, il ne reconnaissait plus cette femme formidable dont il était éperdument amoureux. Elle n'était qu'une coquille vide, qu'un fantôme, un semblant de vie, tout comme lui. Deux âmes sœur, qui se perdent dans un profond désespoir. Poétique et pathétique à la fois, preuve que même dans la souffrance, ils ne faisaient qu'un.

Toutefois, il délaissa bien vite le thé, pour la proximité avec Rachel, qui ne parlait plus, elle restait là silencieuse et cela tuait Frank à petit feu. Il devait le lui dire, lui faire savoir à nouveau à quel point il était mauvais, à quel point il avait merdé, à quel point il se sentait coupable. « - Rachel... » continuait-il alors qu'elle le suppliait déjà d'arrêter dans un murmure qui se mura en semblant d'articulation. « - Mais c'est vrai... comment pourrais-je me regarder dans un miroir après ça ? » Toutefois, elle continua à mobiliser ses dernières ressources pour le contrer. Il était conscient de l'effort que cela lui demander. Des victimes de viols, il en avait malheureusement côtoyé, assez pour savoir à quel point, il était difficile pour elles, de parler et quel effort cela représentait que d'aligner plusieurs mots afin de constituer une phrase. Rachel était allée au-delà de cet effort, certes sa voix tremblait encore, mais sa conviction quant à l'innocence de Frank, était inébranlable. L'ancien flic devait l'accepter elle ne le tenait pas pour coupable, bien au contraire « - Non non non Rachel ! » dit-il en se rapprochant davantage. Il aurait tant voulu la prendre dans ses bras, mais c'était encore trop tôt, il ne pouvait lui imposer un contact physique, il le savait. Le fait de déjà lui prendre la main, était un grand pas en avant, mais il devrait se montrer patient à l'avenir. « - Je .... Tu as raison, je vais arrêter de m'en vouloir. » En était-il convaincu ? Sur l'instant oui, mais nul doute que lorsqu'il ne sera plus à ses côtés, la culpabilité reprendra de plus belle. « - Mon amour... » commençait-il en sentant la main de Rachel trembler dans la sienne. « - On ne va plus en parler, je suis d'accord ! » Mais la procédure n'était pas ainsi faite et Frank le savait. Fatalement, il y aurait un procès et Rachel serait appelé à témoigner. Elle était indubitablement un témoin précieux dans cette sombre affaire et pour cause, elle avait survécu au monstre. « - Personne ne te fera le moindre mal, je te le promets. » Il n'eut pas la force de lui faire savoir qu'elle ne pouvait s'exempter d'un voir de plus plusieurs témoignages. Au pire du pire, il tenterait de gagner du temps, de faire jouer le peu de relation qu'il lui restait encore. La priorité, c'était Rachel et personne d'autres.

La tempête semblait être passée, bien qu'il soit encore trop tôt pour parler d'accalmie. Frank poussa un long soupire avant d'entendre à nouveau la voix de celle qu'il se plaisait à appeler Docteur Cupcake. Les mots de Rachel étaient durs, au moins autant que les siens à son encontre. « - Non Rachel, je t'interdis de dire ça ! C'est des conneries. Arrête ! » La fin de l'intervention de Rachel acheva d'ébranler Frank qui se leva aussitôt « - Arrête putain ! Comment peux-tu penser ça ? ! Donc on en est là ? Tu vas te sacrifier pour mon bonheur ? Donc on abandonne, on arrête de se battre ? Tu crois vraiment que je serais plus heureux si tu partais ? » Il osa, tout en restant debout, la regarder droit dans les yeux « - Tu sais quoi ? Crois-ce que tu veux ! Je vais me coucher ! » Et sans rien ajouter, à bout, les yeux brillants sous l'émotion, il quitta cette pièce où il avait partagé tant de bons moments, pour regagner l'étage et leur chambre. Ce soir, il n'avait pas envie de lutter, ce soir, il acceptait de rendre les armes. 
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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Mar 15 Mai 2018 - 21:05 par Rachel-Mary Parker-Davis
A night in hell
Part II


Qui aurait pu croire qu’avoir une discussion avec Frank pouvait s’avérer aussi difficile ? Cependant, ce n’était pas n’importe quelle discussion. Rachel était au plus mal et entendait celui qu’elle aimait, celui qui l’avait sauvée, se rabaisser inutilement, et ça la faisait souffrir encore davantage. Cela l’obligea à sortir de sa carapace de silence pour manifester son mécontentement. La pédiatre ne pouvait accepter que l’homme qu’elle aimait se dénigre de la sorte alors que si elle était encore en vie, c’était grâce à lui. Elle le supplia d’arrêter, mais son murmure s’était évanoui dans les airs et elle avait dû à son tour prendre la parole, aussi douloureux que ce soit pour elle, pour lui faire entendre ce qu’elle pensait. Et ce qu’elle pensait, c’était qu’il n’y était absolument pour rien dans son malheur, bien au contraire.

- Ce n’est pas toi qui m’as fait du mal. Tu m’as sauvée, Frank ! Répéta-t-elle malgré la pression qu’elle ressentait sur sa gorge comme un étranglement. Sans toi, cet homme m’aurait découpée en morceaux !

Les larmes avaient envahi ses yeux dont la couleur chocolat s’était assombrie en repensant à l’horreur qu’elle avait vécue. Ce type lui avait mené la vie dure, l’avait frappée, blessée et ôté toute dignité. Elle se sentait si mal en y repensant, entendant à nouveau le son de sa voix pernicieuse, l’impression de sentir son odeur à nouveau, et ses odieuses mains sur elle. Elle ferma les yeux, laissant ainsi rouler une larme de long de sa joue devenue bleue à cause de la fracture de sa pommette. Ses mains tremblantes dans celles de Frank, elle le suppliait d’arrêter de se flageller pour une chose qu’il n’avait pas commise, et plus encore, lui demander de faire en sorte que plus personne ne la force à parler de cette nuit en enfer. Il semblait d’accord, et ça la rassura, lui enlevant un poids. Elle hocha la tête en déglutissant difficilement. La chirurgienne continua son monologue, lui faisant part de son ressenti, cette impression qu’elle avait que sa présence n’attirait que des ennuis à Frank. Et visiblement, ce constat qu’elle avait fait ne lui avait pas plu du tout. Il réagit vivement en se levant d’un bond, provoquant un sursaut chez Rachel qui ne s’y attendait pas. Elle sentit son coeur se serrer en le voyant s’énerver. Elle n’osait plus le regarder, elle l’avait blessé en parlant de la sorte et s’en voulait terriblement. Puis, il était monté se coucher. Rachel retira son manteau et s’emmitoufla dans le plaid du salon, s’effondrant en larmes. Elle mit un temps fou à s’endormir, mais se laissa bercer par l’odeur de Frank qui était sur le plaid, jusqu’à ce que finalement, Morphée accepte de l’accueillir en son royaume.

***

Quelques jours plus tard.

Le regard rivé sur le plan de travail, Rachel était concentrée sur sa tâche. Mais toute la concentration du monde ne venait pas à bout des tremblements de ses mains, et alors qu’elle essayait de suturer la peau d’une banane qu’elle avait déjà eu toutes les peines du monde à inciser en ligne droite correctement, force était de constater que la chirurgienne de talent avait disparu.

- Merde, fait chier, j’en ai ma claque ! Cria-t-elle en balançant rageusement le tout dans l’évier.

Elle regarda ses mains, paumes tournées vers elle, avant de frapper frénétiquement trois coups sur le plan de travail. Elle qui espérait pouvoir retrouver son travail rapidement pour essayer d’oublier toute cette histoire, c’était râpé. Bon, de toute façon, elle n’était pas encore prête à affronter le monde extérieur et voir des gens, mais savoir qu’elle était toujours capable de faire son métier l’aurait rassurée. Eh non, même ça, elle n’en était plus capable. Elle se laissa glisser au sol, repliant ses jambes contre elle-même, la tête enfouie dans ses bras.

J’y arrive toujours pas, ça veut dire que j’y arriverai jamais.

Rachel, à part Frank, n’avait que son travail qui l’aidait à se sentir mieux. Et donner des instructions par mail, ça allait bien cinq minutes. Elle voulait se sentir utile, mais là, au vu de ses capacités amoindries, c’était plutôt compromis. La pédiatre était épuisée, elle ne dormait pas assez, assaillie par des cauchemars plus vrais que nature, par ses angoisses qui la prenaient aussi bien le jour que la nuit, cette peur de parler à quelqu'un d'autre que Frank. Chaque fois que le téléphone sonnait et que Frank n'était pas là pour répondre, elle partait dans une autre pièce en attendant que la sonnerie d'arrête. Si le facteur sonnait à la porte, elle faisait pareil. Ce n'était plus vivable.

 
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Frank Turner
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() message posté Mer 16 Mai 2018 - 16:56 par Frank Turner
A night in hell
Part II


Il était en colère. En colère contre lui, en colère contre les autres, en colère contre le monde entier et en colère contre Rachel qui venait de laisser entendre une alternative qui le blessa suffisamment pour le faire sortir de ses gongs. Comment pouvait-elle entrevoir de quitter sa vie de la sorte ? Pourquoi ce sacrifie ? Au nom de quoi ? Espérait-elle congédier une quelconque malédiction en agissant de la sorte ? Et où était donc passé Rachel, cette femme merveilleuse, altruiste jusqu'aux bouts des ongles, combattive, forte ? Allait-elle un jour revenir ? Frank, malgré le fait que la pédiatre l'ait rassuré sur sa non-culpabilité, ne parvenait à passer outre. Il fallait un coupable et il était de surcroît le meilleur des suspects. « - Je vais me coucher » avait-il donc laissé entendre, la voix étreinte par l'émotion est l'impuissance. Deux à deux, il monta les marches qui grincèrent sous son poids. Il aurait voulu tout bazarder, balancé tout ce qui était à portée de main contre le mur, défoncer un à un les placards. Il aurait voulu hurler son désespoir, faire entendre sa colère et sa peine, mais n'en fit rien pour préserver Rachel qui demeurait encore en état de choc. Il se laissa donc tomber sur son lit, le regard rivé sur le plafond, puis il commença à pleurer encore et encore. Il ne pouvait plus s'arrêter, c'était plus fort que lui et il savait pertinemment qu'il en avait besoin, que de toute façon et fort heureusement, personne ne le regardait. Il continua donc à pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à ce que Morphée daigne venir le chercher.

Peu importe à quel point nous sommes résistants. Un traumatisme laisse toujours une cicatrice. Cela nous suit partout jusqu'à chez nous, dans notre propre intimité. Ça change nos vies à jamais, qu'on l'accepte ou qu'on le refuse. Les traumatismes perturbent tout le monde, mais n'est-ce pas leur but ? La douleur, la peur et tout le reste, peut-être que traverser tout ça nous fait aller de l'avant, nous pousse. Peut-être que nous devons être un peu amochés avant d'être à la hauteur.

Deux semaines plus tard.

La vie, avait-elle repris son cours ? Non, indubitablement. Rachel ne quittait plus la caserne, à l'inverse de Frank qui multipliait les sorties. Cela commençait par du footing tôt le matin, puis ça se poursuivait avec des balades. Il rentrait l'après-midi, puis il ressortait aussitôt, l'atmosphère étant invivable. Rachel se terrait et refusait toujours de parler. Frank tâchait d'être compréhensif et ne lui imposait rien. Pour dire vrai, il jouait la montre avec la police et les inspecteurs en charge de l'affaire qui voulaient impérativement interroger la pédiatre. Apparemment, le tueur était toujours dans le coma, l'ancien flic en avait donc profité pour se rendre à l'hôpital. Prenant grand soin de ne tomber sur aucune de ses connaissances, il était parvenu sans mal, à rejoindre la chambre, bien surveillée du malade. Ainsi, il profitait de la rotation de la garde, pour pénétrer la chambre. Il restait là, face au monstre durant de longues minutes. L'homme semblait presque paisible, au grand dam de Frank qui fixait un à un les appareils qui maintenaient cette erreur de la nature en vie.

Je pourrais le tuer, débrancher l'un de ces appareils puis l'étouffer avec son oreiller. S'en rendrait-il compte ? Verrait-il mon visage avant de crever ? Non, cette mort est trop douce, il ne mérite pas autant d'égard.

Oui, il le fixait encore et encore, animait par l'envie de mettre fin à sa vie, de préserver le monde d'un monstre en se soustrayant à la justice. Mais quelle justice ?! Celle pour qui il avait tant oeuvrée et qui l'avait littéralement abandonnée ? Où était-elle d'ailleurs à présent ? Nulle part de toute évidence. Se délestant de ses pulsions de mort, Turner quitta donc la chambre. Il avait besoin de se vider la tête. Il opta ainsi pour un pub, avant de se raviser le lendemain. Il ne voulait pas en faire une mauvaise habitude, alors il opta pour quelque chose de plus saint, le sport. Malheureusement pour lui, son envie de cogner fut plus forte que son envie de se sortir la tête de l'eau. Frank avait frappé à plusieurs reprises un type venu le titiller. Le patron de la salle n'eut d'autres choix que de virer son nouvel habitué qui retrouva le pub faute de mieux pour se vider la tête.

Retour à la case départ. Je suis fatigué d'essayer. Essayer quoi d'ailleurs ? D'aller mieux ? Connerie ! Je devrais être avec elle, mais je n'y arrive pas. Je ne peux même plus regarder Rachel dans les yeux. La voir comme ça, ça me tue. Elle mérite tellement mieux.

Il fixait son énième verre, adossé au comptoir d'un pub dont il ignorait encore le nom. Il devait rentrer, mais il n'en avait pas la force. Il avait bu, cela se sentait à des kilomètres à la ronde. Il fixa donc le prospectus qu'un des clients de la salle de sport lui avait offert, suite à une rencontre fortuite.

« Tu castagnes bien. Tu pourrais t'en mettre pleins les fouilles mon gars ! »

« - Je n'ai pas besoin d'argent ! »

« On m'a dit que tu étais flic. »

« - Je ne le suis plus, je ne suis plus rien en fait ! »

Il fixa à nouveau le prospectus, qui mettait en exergue l'existence d'un tournoi souterrain de combat. Le gagnant empocherait une coquette somme. Bien plus que l'argent, Frank pensait naïvement et sûrement abrutit par l'alcool, que la castagne lui permettrait de se défouler, de se vider la tête ne serait-ce que l'espace d'un instant. Il s'y est donc rendu, le jour même. Le lieu bondé, accueillait des adorateurs de ce genre de spectacle. L'on buvait, l'on pariait à tout-va, l'on s'amusait.

J'y suis allé sans ambition, je voulais juste, à défaut de boire, me vider la tête. La violence ! Voilà à quoi j'en étais réduit pour oublier ? La violence comme moyen d'expression, comme c'est ironique, mon père aussi en était un adepte à une époque.

Ce soir-là, Frank n'a pas gagné, il s'est alors rendu compte qu'il était allé trop loin, qu'il ne pourrait revenir s'il continuait ainsi. Il ne voulait pas sombrer davantage et encore moins souffrir des mêmes troubles que son père. Et c'est donc légèrement amoché, qu'il rentra, prêt à affronter cette dure réalité qu'il cherchait à fuir depuis des semaines.

« - Je suis rentré ! Rachel, c'est moi ! »


 
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() message posté Ven 18 Mai 2018 - 15:33 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Part II


Rachel désespérait. Cette tentative de retrouver ses automatismes de chirurgien, ne serait-ce que pour de simples incisions ou points, n’était pas la première qui foirait. Allait-elle pouvoir y arriver un jour ? Ce monstre lui avait tout pris, même sa capacité à être chirurgien, un métier qu’elle aimait passionnément, presque autant que ce qu’elle aimait Frank, et qui la rendait fière d’être sur cette Terre. A présent, plus aucune fierté ne subsistait, elle avait même honte d’être encore en vie. Des idées noires lui traversaient l’esprit sans cesse, mais chaque fois, quelque chose lui rappelait Frank, lui rappelait qu’elle devait se battre et essayer d’avancer. C’était dur, extrêmement dur. Mais pour lui, elle devait essayer. Il avait tant fait pour elle, et elle lui avait fait tant de mal sans le vouloir, elle s’en voulait, elle voulait à tout prix essayer de rectifier le tir. Etait-ce encore possible ? La pédiatre n’avait de cesse de se demander comment Frank pouvait encore la supporter, comment il pouvait la tolérer chez lui. Peut-être n’osait-il pas la mettre à la porte ? Parfois ce genre de pensées lui passait en tête, mais elle faisait son maximum pour se raisonner.

Se raisonner, oui c’était ce qu’il fallait qu’elle fasse. Le pauvre Frank subissait ses silences, l’isolement que Rachel faisait en sorte de mettre en place autour d’elle parce que ça la rassurait, du moins c’était ce qu’elle croyait, le pauvre ex-flic devait sûrement avoir l’impression de vivre avec un fantôme. Il fallait faire quelque chose. L’américaine voulait lui dire qu’elle l’aimait, le lui montrer, arrêter de se murer toute seule dans le silence et la solitude, d’autant qu’elle se doutait bien que ça peinait celui qui faisait battre son coeur. Mais la culpabilité, bien que forte, ne l’était pas autant que cette peur irraisonnée qu’elle avait en elle. Mais ce jour-là, Rachel avait décidé qu’elle essaierait de faire abstraction, qu’elle essaierait de prendre sur elle et de faire un pas vers Frank, au moins pour le rassurer. Elle aurait tant voulu lui annoncer une bonne nouvelle, lui dire que ses mains ne tremblaient plus et qu’elle était parvenu à faire des sutures sur une peau de banane. Mais hélas, ce genre de nouvelle ne serait pas pour aujourd’hui. Tant pis, quand il rentrerait, elle irait lui dire bonjour, elle essaierait de lui sourire et aussi de lui prendre la main. Ce simple contact lui manquait, mais Frank, soucieux de respecter ses angoisses, n’osait plus la toucher. Alors, aujourd’hui, elle essaierait.

Ce moment était arrivé plus vite qu’elle ne le croyait. Alors quelle était assise sur le sol de la cuisine, adossée au plan de travail, les genoux repliés vers elle, la voix de l’américain se fit entendre. La brunette releva la tête pour être sure qu’elle avait bien entendu. Mais oui, l’ancien flic était bel et bien rentré. Rachel sécha ses larmes d’un revers de main et se releva, titubant un peu à cause du geste un peu trop rapide que la prise d’anxiolytiques n’aidaient pas à stabilisée. Appuyée à la table de la cuisine, elle attendit quelques secondes avant de reprendre sa marche vers l’entrée.

- J’arrive ! Répondit-elle.

Contrairement à elle qui restait cloîtré dans le confort sécurisé de la caserne, Frank, lui, ressentait probablement le besoin de sortir. Rachel était loin de lui en tenir rigueur et ne lui demandait pas de comptes. Elle lui faisait confiance et n’avait pas à être sur son dos pour savoir ce qu’il faisait. Lorsqu’elle posa son regard sur lui, alors qu’elle s’apprêtait à lui sourire pour lui dire qu’elle était heureuse de le voir, ce qu’elle vit la choqua. La mine qu’il arborait, on aurait dit qu’il était passé sous une voiture. Le coeur serré, inquiète, elle s’ »approcha de lui.

- Frank ? Mais… qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu … tu t’es battu ? Qui t’a fait ça ?

Une angoisse la prit soudain : est-ce que c’était Maxwell qui s’en était encore pris à lui ? Elle s’avançait prudemment tout en lui parlant, observant ses blessures et marques, un réflexe de médecin, et lorsqu’elle fut assez près, elle put sentir une désagréable odeur qu’elle ne connaissait que trop bien.

- Tu as bu ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Hésitant, elle prit sur elle et attrapa sa main dans le but de l’inciter à venir s’asseoir au salon. C’est là qu’elle remarqua que les bases de ses phalanges étaient abîmées. Il s’était bel et bien battu.

- Viens… viens t’asseoir, je vais regarder ça de plus près.

Inquiète, elle l’était. Parvenait-elle à le cacher ? Pas vraiment. Comment avait-il pu se retrouver dans de tels ennuis ? Sans attendre, elle regagna la cuisine non loin de là et revint avec un bol de glaçon et plusieurs torchons propres. Le froid lui ferait du bien et l’eau permettrait un premier nettoyage. Elle s’occupa donc de lui sans attendre d’avantage. Les tremblements de ses mains étaient toujours présents mais elle parvint néanmoins à oeuvrer.

Heureusement qu’il n’a pas besoin de points… songea-t-elle.

 
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() message posté Sam 19 Mai 2018 - 13:54 par Frank Turner
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Part II


Son visage laissait paraître quelques égratignures, tout comme ses phalanges. Frank s'était battu et l'odeur d'alcool froid émanant de son haleine, ne trahissait personne sur son état d'ivresse. À quoi bon, il n'était même pas parvenu à gagner ce fichu tournoi, mais pire encore, l'espace d'un instant, aussi infime soit-il, il avait pris du plaisir à frapper ces pauvres types et à faire parler sa colère, comme son père jadis avant lui. Un constat qui l'ébranla assez pour se prendre un mauvais coup et laisser la victoire lui filer entre les mains. Mais était-ce le plus important ?  « - Tu te cachais encore, c'est ça ? » laissait-il entendre avec amertume malgré l'ivresse. La jeune femme dont le regard trahissait une inquiétude qui l'a dépassé, s'approcha avec précaution pour mieux diagnostiquer la gravité des blessures de son beau policier, qui n'avait désormais plus fière allure. « - Ca va, c'est rien, j'ai connu pire » tentait-il de minimiser alors que l'angoisse gagnait Rachel. « - Ce n'est pas ton mari, rassure-toi ! » Elle se mit alors à grimacer, de toute évidence, elle venait de sentir son haleine emplit de volutes alcoolisées. « - Ouais, j'ai bu, ça m'arrive de temps en temps ! »  Conciliante, elle lui attrapa la main, il se laissa faire et regagna le salon pour s'asseoir sur le canapé où ils avaient vécu tant de doux moments, qui semblaient désormais se perdre dans l'ama de désespoir de chacun. Depuis quand d'ailleurs, n'avaient-ils pas pris du temps pour eux ? Frank, bien que sans-emploi, semblait avoir un emploi du temps de ministre et fuyait les lieux à la moindre occasion. Incapable de pouvoir la toucher, il ne supportait que très mal cette situation alors le fait de sentir ses mains contre les siennes, lui fit un bien fou, aussi éphémère soit-il.

« - J'ai besoin d'un verre, ça me fait du bien de temps en temps » maugréait-il alors qu'elle s'était éclipsée pour rejoindre la cuisine et récupérer un bol plein de glaçons et quelques torchons propres. Elle retrouva ensuite sa place et commença à désinfecter les plaies « - Tes mains tremblent encore hein ! » Observateur malgré l'alcool, bravo ! « - Le monde ne tourne plus rond, plus rien ne va. C'est comme si quelqu'un avait lancé une putain de malédiction, comme si on n'avait fait un truc pas bien dans une vie passée et qu'aujourd'hui, on en payait le prix. » Il mit alors à rire, sans raison, alors que Rachel continuait à le soigner. « - Aujourd'hui, je me suis pris pour mon père. J'ai senti toute sa colère, toute sa bestialité, j'étais comme lui. C'est sûrement héréditaire ce genre de truc. Je m'imagine fracasser la tronche de Maxwell et j'aime cette idée. Puis je m'imagine .... » Il peinait à garder les yeux ouverts, son dialogue n'avait plus aucune cohérence. « - Tu ne devrais pas rester là avec moi, je ne sers à rien. » laissa-t-il entendre avant de s'allonger. « - Je voulais juste être heureux moi ! Je voulais être heureux, pourquoi ce n'est pas le cas ? Pourquoi Rachel ? »



 
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() message posté Lun 21 Mai 2018 - 19:32 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Part II


Arrivée dans le salon où se tenait Frank, ou du moins ce qu’il en restait, elle fut horrifiée de voir ce qui était arrivé à son visage. L’homme qu’elle aimait avait visiblement été malmené et soudain, des flash des coups qu’elle avait pris cette fameuse nuit lui revinrent en mémoire, la faisant frénétiquement fermer les yeux plusieurs fois. La voix de Frank la ramena à la réalité, pour lui demander amèrement si elle se cachait « encore ». Cette remarque la blessa et elle pinça les lèvres, hésitant à répondre.

- Non.. je … j’étais dans la cuisine, je…

Et voilà qui la ramena à son échec constant.

- J’essayais de faire des points de surjet simple…

Qui n’ont de « simple » que le nom. Elle ne continua pas puisque ce qui l’inquiétait le plus était l’état de Frank. Il était bizarre, il parlait sèchement et elle n’était pas habitué à ça de sa part. La pédiatre comprit rapidement que le nouvel homme d’affaire avait bu, ce qui était loin de l’enchanter.

- C’est pas parce que tu as connu pire qu’il faut te laisser comme ça !

Elle l’entraîna alors au salon, rassurée tout de même d’apprendre que ce visage abîmé n’était pas l’oeuvre de Maxwell. D’ailleurs, ne plus avoir de ses nouvelles, bien que ce soit ce qu’elle espérait, l’angoisse un peu. Elle craignait qu’il ne manigance quelque chose. Un fois l’ex flic assis, la pédiatre partit en cuisine chercher de quoi arranger un peu le visage de son compatriote américain, l’entendant à regret prononcer dans la même phrase les mots « verre » et « besoin ». Elle revint, s’installa à côté de lui et tenta, tant bien que mal, d’éponger le sang et rincer pour que les petites plaies soient propres.

- Oui, je sais ! C'est gentil de le souligner ! Répondit-elle avec amertume à son tour lorsqu’il lui fit remarquer que ses mains tremblaient toujours.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, brouillant sa vision. Elle dut s’arrêter de lui éponger les quelques gouttes de sang présents sur sa peau et détourner le regard alors qu’il énonçait toute l’ampleur de la malchance qui les touchait. Le désespoir dans les propos de Frank la toucha, elle ressentait la même chose. La brunette sentit son coeur se serrer en l’entendant parler de la violence qui l’habitait.

- Oh Frank, non, je t’en prie…

Elle le regarda s’allonger, tandis que des larmes roulaient silencieusement sur ses joues. Il était à présent allongé sur le canapé, elle déposa le plaid sur lui, ce fameux plaid qui les avait entourés tant de fois. Puis, elle prit des glaçons qu’elle mit dans le torchon. Evidemment, deux ou trois tombèrent au sol au vu de la maladresse de ses gestes, mais elle parvint à refermer l’étoffe en faisant tourner la masse froide plusieurs fois, et le déposa contre l’oeil droit du combattant d’un soir.

- C’est pour essayer d’éviter un gros cocard… dit-elle, la voix prise par l’émotion.


Elle prit une inspiration profonde, elle voulait lui répondre. Elle savait qu’elle était fautive, qu’il était malheureux à cause d’elle, cette fois, il l’avait clairement.

- Frank, je… je suis… tellement… tellement désolée. Je t’aime, tu n’imagines pas à quel point je t’aime. Je voudrais tant réussir à te rendre heureux, mais je suis… vraiment perdue en ce moment, tu le sais, c’est pas une surprise. Je fais de mon mieux, je t’assure. Je… je sais pas ce que je dois faire. Toi, dis-moi si tu le sais. Qu’est-ce que je dois faire pour que tu sois heureux ? S’il te plaît, dis-le moi.


 
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Frank Turner
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() message posté Lun 21 Mai 2018 - 20:13 par Frank Turner
A night in hell
Part II


C'est dur d'affronter une réalité que l'on se démène à fuir par tous les moyens aussi peu recommandables soient-ils. Nous n'avons pas toujours le choix et faute de mieux l'on prend ce que l'on a. Frank avait choisi l'alcool, le sac de boxe, les coups, la violence. Il fuyait une fois encore tant, il se sentait coupable et impuissant. Cependant, il ne se rendait pas encore bien compte des enjeux et du fait que son état puisse affecter Rachel déjà bien accablée par ce qui lui était arrivée. Frank se revoyait encore boire plus que de raison et se sentir bien, l'espace d'un instant. Puis il se revoyait frapper Maxwell quelques mois plutôt, là aussi, il s'était senti bien l'espace d'un instant, tout comme ce moment où il s'était retrouvé dans l'arène improvisée afin d'y être destitué comme un malpropre. Rachel continuait tant bien que mal à éponger son visage pour que le sang cesse de brouiller sa vision. Ses mains tremblaient encore, Frank savait qu'il n'y avait aucun remède contre ce mal, ce qui le désespérait encore plus et en voyant la banane suturée sur le plan de travail, il comprit que la pédiatre était tout bonnement incapable d'exercer. Quel désespoir ! Être flic, c'était toute sa vie et le priver de ça, c'était comme lui enlever une part de lui. Ce qui nous caractérise, ce qui fait de nous ce que nous sommes ! Turner ne pouvait que trop comprendre cela en repensant à son propre cas. Être flic, c'était toute sa vie et le priver de ça, c'était comme lui enlever une part de lui. Rachel devait, à n'en pas douter, ressentir la même chose.

« - Si Rachel ! J'étais lui ! J'crois que j'ai un problème avec ma colère ! » Il marqua une pause pour reprendre sa respiration force est de constater que ses côtes lui faisaient mal, mais pas que. Malgré l'ivresse et l'adrénaline qui avaient tant pulsé dans ses veines, l'euphorie des premiers temps n'était plus au rendez-vous. Il souffrait à présent, tellement qu'il était incapable de garder sa douleur. « - Il faut que j'en parle à Dylan... Je dois lui dire... Il doit connaître la vérité. » Car oui, Dylan ignorait encore la vérité sur Victor Turner et ce qui avait poussé Jude à quitter précipitamment les Etats-Unis. Frank conservait jalousement le secret depuis des décennies, mais ce soir, au comble du mal-être et se soupçonnant une propension à la violence comme son père, il était évident qu'il ne pouvait continuer à garder son secret. S'il n'y avait que ça ! Le pauvre était aux prises avec bien des malheurs ces derniers temps et incapable de gérer, ni même de tendre la main pour être aidé. Encore et toujours cette histoire de fierté mal placée, paradigme du mâle alpha par excellence. Rachel déposa de la glace sur son œil, elle espérait encore le préserver d'un trop gros cocard, lui s'en fichait, il se fichait de tout pour ainsi dire, surtout de sa propre santé. Il était pour l'heure si fatigué, ivre, triste et désemparé qu'il ne put résister bien longtemps à l'envie de s'allonger avant de faire entendre, avec comme des trémolos dans la voix, qu'il n'aspirait qu'au bonheur et qu'au lieu de ça, seul le malheur perdurait.

Attendant Morphée, il fut surpris d'entendre Rachel répondre à ses suppliques. « - Arrête commença-t-il lorsqu'elle tenta de présenter, une fois encore ses excuses. « - Les victimes ne sont pas coupables, chacun son rôle Rachel. » Les yeux fermés, il commençait à s'enfoncer progressivement « - C'est l'ancienne Rachel que j'aimais... Elle me manque...Sans elle, je suis comme la moitié d'un truc qui ne peut pas exister sans l'autre moitié » L'argumentaire était rudimentaire, mais l'idée on ne peut plus compréhensible. « - Il faut sortir du tunnel... » fit-il entendre dans un soupir avant de totalement s'endormir dans le canapé avec sur ses épaules leur plaid. Demain sera un autre jour à n'en pas douter, mais parviendront-ils à sortir du tunnel ? Rien n'est moins sûr pour l'heure.




 
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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Lun 21 Mai 2018 - 21:50 par Rachel-Mary Parker-Davis
A night in hell
Part II


La vie était devenue si difficile, comment était-ce possible ? Comment en était-elle, en étaient-ils arrivés là ? Rachel n’avait de cesse de se poser la question. Une éminente chirurgienne, respectée et admirée dans sa profession, comment pouvait-elle à présent ne plus être capable de faire des points de base ? Comment être en présence de l’homme qu’elle aimait pouvait-il faire naître en elle des angoisses dues pourtant à d’autres personnes ? Comment avait-elle pu ne devenir que l’ombre d’elle-même ? Elle ne se supportait plus, elle détestait cette femme qu’elle était devenue. Jamais la jeune fille pleine de vie qu’elle était quand elle avait rencontré Frank ne se serait imaginé devenir cette petite souris apeurée à la simple idée de parler à un autre être humain, ne serait-ce qu’au téléphone. Elle ne pouvait que comprendre la colère de Frank. Il avait tout fait pour elle, il avait pris tous les risques, il avait été viré de son travail, viré de sa terre d’accueil et séparé de son fils, puis il l’avait accueillie chez lui, il l’avait aimée malgré les casseroles qu’elle se traînait, et finalement il lui avait sauvé la vie, prenant tous les risques possibles. Normalement, être la personne aimée de quelqu’un devait susciter de la fierté chez celle personne. Comment alors l’ancien flic pouvait-il être fier d’elle alors qu’elle ne supportait même plus de vivre ? Oui, elle comprenait parfaitement la colère et la déception de celui qu’elle aimait. Et cette colère, voilà qu’à présent il l’exprimait physiquement, devenant ce qu’il abhorrait le plus : une sorte de version 2.0 de son père. Du moins, c’était ce qu’il disait. Mais Rachel, qui avait entendu parler du comportement de Victor Turner, savait que jamais Frank ne pourrait devenir comme lui. Du moins, elle l’espérait. Pour le moment, il était en colère et essayait d’extérioriser. Elle ne pouvait lui en vouloir. Elle était seulement triste qu’il soit ainsi à cause d’elle, et plus encore d’être incapable de l’aider.

Alors qu’elle voulut s’excuser, encore et toujours parce qu’elle se sentait terriblement coupable des malheurs qui leur tombaient dessus, Frank l’arrêta. Il était allongé sur le canapé, les yeux clos, le visage tuméfié et une torchons renfermant des glaçons posé sur l’oeil. L’américaine tenta de lui dire qu’elle voulait essayer de changer la donne, mais qu’elle ne savait comment s’y prendre. Frank alors déclara que l’ancienne Rachel lui manquait, que c’était cette femme-là qu’il aimait. La détresse s’empara de la chirurgienne qui sentit son coeur manquer un battement. C’était comme si on le lui avait arrêté à distance. Elle n’était plus cette Rachel-là, et ne savait pas si elle pourrait un jour le redevenir. Alors, cela voulait-il dire qu’il ne l’aimait plus ? En plus, à cause de ça, il se sentait comme incapable d’exister, à ce qu’il disait. Il était ivre, certes, et ça s’entendait à sa manière de s’exprimer, mais ne dit-on pas que l’alcool fait ressurgir une certaine sincérité en ôtant tout filtre ? La gorge nouée, le coeur serré, Rachel se leva tendit que Frank sombrait dans le sommeil, elle pouvait l’entendre à sa respiration. Retenant au maximum ses larmes, elle se rendit dans la cuisine, prise d’un haut de coeur, et s’appuya sur le plan de travail avant d’éclater en sanglots. Ses yeux embrumés de larmes se posèrent sur le kit de sutures qu’elle avait ouvert, en vain au vu de ses piètres tentatives, puis sur le scalpel. Elle s’en saisit et l’espace d’un instant, elle se vit entailler dans le sens de la longueur son poignet. Un geste rapide, elle pourrait enfin être libérée de toutes ses souffrances et surtout libérer l’homme qu’elle aimait du fardeau qu’elle était devenu. Alors que la lame éraflait sa peau à cause de ses gestes encore mal-assurés, elle revit le visage et la tristesse de Frank lors de leur discussion le soir où il l’avait ramené de l’hôpital, puis son visage ce soir lorsqu’il était rentré. Elle réalisa, alors qu’une goutte de sang coulait de son poignet dû à l’épiderme égratigné, que l’homme qu’elle aimait souffrait déjà, qu’il était déjà en détresse et qu’elle ne pouvait se permettre de lui en infliger une supplémentaire. De grosses perles salées s’échappant de ses yeux, coulant à torrent, elle laissa tomber le scalpel dans l’évier et repartit d’un pas rageur vers l’escalier pour monter dans leur chambre. Elle se laissa tomber en pleurs sur le lit et agrippa l’oreiller de Frank pour en humer son odeur tout en sanglotant. Rachel finit par s’endormir, épuisée par toutes ces émotions.

N’ayant pas eu le temps de prendre son médicament du soir, elle se réveilla assez tôt. Pour une fois, ses cauchemars ne l’avaient pas réveillés en sursaut. Elle émergea lentement et se rendit à la salle de bain pour prendre une bonne douche. Il était vraiment tôt, le jour ne s’était pas encore levé. Constatant qu’elle était seule dans la chambre à son réveil, soit Frank avait passé la nuit entière sur le canapé, soit, comme les jours précédents, il s’était éclipsé. Ce matin-là, Rachel avait décidé d’essayer, vraiment, de reprendre sa vie en main. Elle ne voulait pas perdre Frank. Si ça lui arrivait, elle aurait alors tout perdu. Elle l’aimait, cet homme, et elle voulait l’aider. Plus jamais elle ne voulait le voir rentré bourré comme un coing et le visage en sang à cause de bagarres ridicules, seul moyen qu’il aurait trouvé pour extérioriser sa colère. Aujourd’hui, Rachel lui parlerait, elle ferait des efforts, elle se montrerait digne de lui. Ça, c’était sur le papier des résolutions qu’elle voulait prendre depuis longtemps, mais allait-elle y parvenir sans se laisser rattraper par toutes ses angoisses ? Pourvu qu’il ne lui demande pas d’aller parler aux flics…

Une fois habillée, elle descendit au salon et constata que Frank dormait toujours. A pas de loup elle se rendit dans la cuisine, prit ses médicaments avant d’entamer le rangement qui aurait dû être fait la veille. Elle lança la cafetière, et se sachant incapable de préparer des pancakes sans risquer un carnage, elle opta pour prendre des muffins anglais déjà prêts qu’elle mit dans le toaster. Avec autant de précaution que possible, la pédiatre sortit des bols pour le café, des couverts, des serviettes, et posa à chaque fois le tout sur un plateau. Puis l’assiette de muffins grillés et enfin de quoi les garnir. Elle fit un premier voyage avec le plateau pour l’emmener au salon. La porcelaine s’entrechoqua un peu durant le trajet, mais elle parvint à ne rien faire tomber. Puis elle fit un second voyage avec la cafetière qu’elle posa aussi sur la table basse avec mille et une précautions. Puis, elle s’assit à côté de Frank, du côté de sa tête et ôta le torchon désormais humide à cause des glaçons qui avaient fondu.

- Frank ? Commença-t-elle d’une voix aussi douce que possible.

Elle n’osait même pas le toucher, il semblait si paisible, ainsi endormi. Etait-ce humain de le réveiller ? Elle attrapa le paquet de doliprane posé sous la table basse pour le poser devant lui. Il aurait sans doute un mal de tête carabiné.

- Tu te réveilles mon amour ? Je… je voudrais te parler.

Sa voix était bienveillante, et le voir aussi calme et beau malgré les quelques contusions qui ornait de-ci de-là son visage lui avait même donné un léger sourire.


 
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() message posté Lun 21 Mai 2018 - 23:33 par Frank Turner
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Part II


Morphée eut pitié de lui et le prit avant qu'il ne s'enfonce davantage dans un tas d'inepties qu'il regrettait, si sa mémoire ne lui jouait aucun tour par la suite. Curieusement, il ne fit aucun cauchemar cette fois, preuve que l'alcool peut aussi préserver votre sommeil(parfois) Le pauvre, tout semblait lui tomber dessus, comme si son karma ligué contre lui, lui faisait payer quelque chose. Mais quoi ? La question était trop vaste pour trouver une réponse du moins cette nuit, voir même le lendemain. Toujours est-il que notre ancien justicier avait un problème avec la violence et maintenant la bouteille. À cela s'ajoutait aussi son envie d'alléger sa conscience en acceptant enfin de révéler l'odieuse vérité sur leur père à Dylan. Était-ce cependant le bon moment ? Frank, n'avait-il pas assez à gérer sa détresse plus celle de Rachel ?

« Je me laisse encore le temps de la réflexion. »

La nuit passa lentement, mais sûrement, Frank qui n'avait pas bougé d'un iota, sentait à présent les premiers rayons du soleil lui chauffer la peau, ainsi que l'odeur du café, remontant à ses narines. C'était doux et agréable à la fois, tout comme la voix de Rachel qui achevait de le sortir de sa léthargie. « - Hum... » grommela-t-il en ouvrant un œil, puis le second non sans difficulté. La douceur du moment cessa instantanément au profit d'une bonne vieille migraine carabinée que tout soûlard connaît bien. « - Merde mon crâne ! » Il tenta de se redresser non sans mal à cause des multiples douleurs qui assaillaient son corps. Il n'avait pour le coup que très peu de souvenirs de ce qui s'était passé la veille et en posant son regard sur Rachel, il espérait avoir des réponses. « - Salut mon cœur ! » tenta-t-il en souriant « - J'ai dormi ici ? » Il remarqua la boîte de doliprane et s'en saisit sans plus de cérémonial avant d'en gober un. « - Merde qu'est-ce que j'ai encore fait ? J'ai mal partout, même aux côtés. Dis-moi que... » Il fut alors assailli de quelques flashes et comprit bien malgré lui ce qui s'était passé la veille. « - Merde, mais quel trou du cul ce n'est pas vrai ! Je suis vraiment trop con... Pardon, mon amour, excuse-moi si j'ai fait une bêtise ! » Il s'en voulait encore plus à présent et souffla « - Tu voulais me parler ? Excuse-moi, je t'ai coupé en plus. Je t'écoute ! » tenta-il cependant pour faire diversion.




 
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() message posté Mar 22 Mai 2018 - 10:09 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Part II


Le voir là, allongé, si paisible était une chose plaisante, car au moins, malgré les traces de bagarre sur son doux visage, Frank ne rendait pas l’image de quelqu’un qui souffrait. Il avait l’air bien. Mais c’était simplement parce qu’il dormait, les muscles relâchés de son visage n’étaient pas soumis à la crispation due au stress, l’inquiétude, la tristesse, la colère, la déception et toute cette négativité engendrée par la tragique situation de leurs vies. Tôt ou tard, il se réveillerait et arborerait à nouveau cette mine que Rachel avait le malheur de lui connaître depuis deux semaines, sachant pertinemment que tout était de sa faute. Mais après ce qu’elle avait vu et entendu la veille, elle voulait absolument que ça change. Ce qu’elle faisait jusque là, ça ne suffisait pas. Elle pensait qu’elle finirait par aller mieux, mais ça n’allait pas assez vite. Frank avait besoin d’elle, la chirurgienne l’avait constaté à la détresse émotionnelle qu’elle avait vue. Elle voulait redevenir cette femme qu’il avait aimée, elle ne voulait pas le perdre. Elle le savait, elle devait se battre, même si c’était difficile, même si elle était rongée par la peur, les angoisses, les cauchemars.. elle ne voulait pas rester comme ça. Elle s’était fait peur la veille, se rendant compte que sans Frank, elle était capable du pire. Il fallait qu’elle essaie de se reprendre. Elle espérait qu’en lui préparant un petit déjeuner, certes sommaire mais c’était la première fois qu’elle touchait à la cafetière depuis son retour, il verrait une petite amélioration et que ça lui ferait plaisir.

Assise à côté de sa tête, elle lui parla avec douceur pour le réveiller. Le soleil s’était levé, il faut dire que ça lui avait pris du temps étant donné les précautions qu’elle devait prendre pour ne rien faire tomber. Le bel américain émergeait doucement, et comme elle l’avait anticipé, il était pris d’un méchant mal de tête. Rien de plus normal quand on boit de l’alcool sans prendre le temps de boire un grand verre d’eau avant d’aller dormir. Elle le vit ensuite se redresser, la saluer avec un sourire. Ah ce sourire, voilà qui lui réchauffait déjà le coeur. Il demanda s’il avait dormi sur le canapé, ce qui trahit alors la perte de souvenirs de la veille. Le léger sourire de Rachel s’estompa. Elle ne voulait pas qu’il sombre dans cette habitude de boire plus que de raison au point ne plus se rappeler de ce qui s’était passé, ne serait-ce que partiellement. En tant que médecin, elle connaissait les méfaits de l’alcool ingurgité en grande quantité ou de manière régulière. Il posait des questions mais se faisait les réponses et elle n’avait pas le temps de lui en donner. Il s’excusait, c’était touchant.

- C’est rien mon ange. On a qu’à oublier hier soir, et puis se dire que ça n’arrivera plus ? Est-ce que tu veux bien ? Est-ce que tu veux bien rester un peu avec moi ?

Elle posa sa main sur la sienne, avec douceur et délicatesse.

- Je t’aime, Frank. Je me rends compte que si tu es revenu dans cet état hier soir, c’est à cause de moi, parce que tu es malheureux à cause de moi…

Rachel réentendait les paroles qu’il avait prononcées la veille, baissant le regard vers le sol.

- ...parce que je ne suis plus celle que tu as connu, celle que tu as aimée.

Puis elle le regarda à nouveau, les yeux brillants.

- Mais je veux que tu saches que je vais faire de mon mieux, je te le promets. Je veux être là aussi pour toi, comme tu l’es pour moi. Je m’en veux tellement de te décevoir, mais je vais faire en sorte que ça change. Je ne sais pas le temps que ça prendra, j’espère que ce sera peu, mais je te promets que je vais essayer. Et… tu es loin d’être con, ça arrive de faire des conneries.

Elle repensa à ce qu’elle avait failli faire la veille au soir.

- Est-ce que… tu veux bien qu’on se promette de se parler, d’être franc l’un envers l’autre ?

 
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