(Scones) J'ai déjà vu ça dans un Stephen King.

Habituellement, je fais mes achats sur internet. C’est bien plus facile de cliquer sur la souris et d’attendre que le livreur m’apporte ma commande juste devant la porte de mon appartement. Je reconnais que ce n’est pas la même chose que de parcourir les allées des magasins mais je n’aime pas vraiment la foule et me sentir bousculée dans tous les sens ne m’attire pas vraiment. Commander en ligne m’évite tous ses désagréments. Et pourtant, j’étais tranquillement assise dans le taxi qui m’amène dans le centre-ville. J’avais vu passé dans le courrier, une information plutôt intéressante : une liquidation au centre commercial. L’aubaine pour faire le plein de livre. Je savais déjà que la foule allait sans doute prendre possession des lieux et depuis mon départ de la maison, je m’efforçais à me dire que tout allait bien se passer. A part quelques coups de coude par-ci, par-là, je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de pire. A peine les portes coulissantes de l’entrée passée, je sens déjà que je regrette d’être là. Les voix se mêlent les unes aux autres et je me rends compte que beaucoup trop de personnes ont eu la même idée que moi. J’hésite à faire demi-tour et pourtant mes jambes m’amènent vers le seul magasin qui peut me faire vider mon compte en banque : la caverne d’Ali baba du livre. Depuis de nombreuses années, mes plus grosses dépenses sont pour la littérature. J’ai beaucoup de livres d’avance mais ce n’est jamais suffisant. L’été approche et je risque de passer tous mes temps libres sur un banc à dévoré des histoires passionnantes. Les bras chargés de bouquin en tout genre, je me rends vers la caisse du magasin. La luminosité me semble étrange et en quelques secondes l’électricité semble avoir disparu. La panique s’installe et j’entends des cris en tout sens. Mais que se passe-t-il ? Je sais qu’un bon nombre de personnes ont peur du noir mais ça n’explique pas cette panique quasi générale. Je ne bouge pas vraiment pensant que la lumière va rapidement faire son apparition. Totalement invisible pour les autres, je me fais bousculer et ma pile de livre me suit dans ma chute. « C’est pas vrai ! » Comment vais-je faire pour tout récupérer dans ce noir. Vu le bruit extérieur je suis obligée de crier pour me faire entendre. « C’est trop demandé de faire attention. » Il fait tellement noir qu’on y voit rien et que c’est impossible de faire attention. Mais j’ai honte d’être les fesses à terre que je m’énerve. Voulant m’appuyer sur ma main pour me relever, je sens un pied qui l’écrase et reste en position. Je crie une nouvelle fois. « Bouge ton pied de ma main ! » Je vais vraiment être prise pour une folle. On y voit pas grand-chose tellement les fenêtres manque dans cet endroit. Je suis loin des portes et donc de la luminosité que pourrait donner l’extérieur du magasin.  

Je posais mes affaires, me sentant rassuré par mes mains libres. De toute façon, passer à la caisse n’était plus à l’ordre du jour. Je doutais que les machines fonctionnent. Rien n’avait l’air de fonctionner. Ni la lumière, m’obligeant à ouvrir grand les yeux -réflexe idiot, je ne voyais pas mieux-, ni ces foutues portes vers lesquelles tout le monde se pressait. Du moins, j’en avais l’impression alors que j’avançais tant bien que mal à travers une flopée de personne allant dans l’autre sens que le mien. Si Amanda et Ava faisaient partie de cette foule, je n’étais pas prêt de la voir. Avant de finir englouti au milieu d’inconnus, je repérai le premier truc un peu en hauteur à ma portée pour monter dessus. Quelque chose tomba quand je montais, des dvd peut-être, tans pis, j’avais besoin d’un meilleur point de vue. Après quelques secondes, je vis enfin ma femme, levant un bras pour lui faire signe. Mon perchoir dérisoire ne me permit pas de voir une autre tête blonde à ses côtés, trop petite. Prier pour qu’elle soit bien avec elle, voilà tout ce que je pouvais faire. Comme moi tout à l’heure, l'australienne nageait à contre courant en tentant de me rejoindre. Je vis ses lèvres s’ouvrir sans qu’aucun son ne parvienne jusqu’à moi. Elle était trop loin. Et en une seconde elle n’était plus là du tout. Elle avait plongé, à la merci de la marée humaine, mes yeux incapable de la retrouver. Mon coeur manqua un battement avant de se mettre à accélérer tout d’un coup. Je venais juste de la voir tomber, alors, une seule chose comptait : l’atteindre. Bousculer n’importe qui pour arriver à mes fin n’était pas dans mes intentions, pourtant, mes bonnes intentions commençaient à disparaitre au même rythme que ma patience, bien vite. « Papaaa ! » Je crus halluciner, me stoppant net. Ava. Juste le temps de la voir essayer de se faufiler entre les jambes des passants qu’elle se retrouva accrochée à ma taille. « J’ai perdu maman, on m’a… on m’a poussé. » Je serrai les dents, contenant ma rage. « Ça va aller mon ange, on va la retrouver. » Je n’étais pas l’homme le plus impressionnant physiquement qu’il soit, mais avec ma fille en sanglots parce qu’elle avait perdu sa maman, j’étais à deux doigts de me transformer en véritable bulldozer. Faire partie de ces abrutis qui poussaient tout le monde n’était pas dans mes intentions, seulement, mes bonnes intentions disparaissaient au même rythme que ma patience, très vite.

Un cri. Un deuxième, plus exaspéré. Une silhouette féminine à terre. J’ignorais si je devais me réjouir ou m’inquiéter. Non, les réjouissances n’étaient pas pour tout de suite, ce n’était pas Amanda. Je changeais tout de même de trajectoire, parce que j’espérais que quelqu’un ait fait pareil pour ma femme. Laisser quelqu’un à terre… quelles drôles de manières. « Papa elle a perdu ses livres !! » Filant entre mes doigts, elle se précipita tout droit sur la lectrice sans que je ne puisse la retenir. « AVA ! » Impossible ! Je courus à sa suite, sauf que je ne pouvais pas rivaliser avec sa technique imparable : se faufiler entre les jambes des passants. « Y’a mamaaan !!! » Quoi ? Je crûs reconnaitre la voix de ma moitié. Mais tout ce que je trouvai à l'endroit où j’avais vu la jeune femme a terre, fut un lourdeau manquant de me percuter et des livres. Je me risquai à ramasser ceux à ma portée, une idée dont j’allais découvrir toute l’ingéniosité. Accroupi ainsi, je pus voir une petite tête blonde que j’aurais reconnue entre mille. Je n’entendais pas ce qu’elle disait, mais je savais qu’elle parlait à la façon dont elle agitait ses bras. Tentant de la rattraper, j’accrochai le premier bras le plus proche, me retrouvant nez à nez avec la femme que j’avais entendu s’énerver. « Vous avez un sacré coffre pour un petit bout de femme. » Je lui tendis ses livres, un sourire victorieux aux lèvres. Ça valait mieux que des présentations formelles. « Je crois que vous vous êtes fait des amies ? La plus petite des deux est ma fille. L’autre ma femme. » J’ignorais encore qu’une autre femme était avec elles. Mais les deux personnes qui m’intéressaient ne devaient pas s'être éloignées bien loin de la jeune fille.

Spoiler:

Je suis plutôt quelqu’un dont le tempérament est calme. Pourtant, en cet instant, j’ai beaucoup de difficultés à rester calme et à ne pas m’énerver. En l’espace de quelques secondes tout va de travers. Il commence à faire très sombre et les gens autour de moi deviennent de simples silhouettes impossibles à distinguer les unes des autres. La panique s’installe dans la majorité d’entre elles. Et un bruit insupportable de cris se fit entendre. Face à tous ces problèmes, vint s’ajouter une bousculade et s’ensuivit la chute de tous mes achats. J’avais déjà difficile de garder mon calme et je ne pus m’empêcher de crier quand quelqu’un m’écrasa la main. La douleur était désagréable surtout quand le coupable de cet incident, mit de nombreuses secondes avant de bouger son pied. Ses secondes me semblèrent des heures. Mon cri avait alerté des inconnus qui vinrent rapidement à mon secours. Une jeune femme dont je voyais à peine les traits prit rapidement la parole dans le but de me défendre. "M'enfin vous ne pouvait pas faire un peu attention ! " Ca me rassurait de voir que je n’étais pas la seule à engueuler cet inconnu. " Vous allez bien ? Rien de casser ? " C’était une autre jeune femme qui venait de me poser une question. Je mis quelques secondes avant de répondre. Je ne voulais plus paraître froide et désagréable alors que toutes deux venaient de m’aider. « Oui je vais bien merci. Juste une main écrasée mais je pense que je m’en sors plutôt bien.» Je fis quelques grimaces qui j’espère ne se voyaient pas car j’avais un peu mal. Quelques petits avaient du souffrir un peu sous le poids de l’inconnu. "Vous devriez laissa ça de coté pour l'instant, le temps que ça ce calme" Je me demandais de quoi elle parlait. Avec l’incident j’avais oublié la raison pour laquelle j’étais venue ici : mes livres. Ils ne me sont pas trop d’une grande utilité. Je doute de pouvoir aller à la caisse pour les payer. Avant même que je prenne le temps de répondre à la jeune femme, un jeune homme fit irruption avec mon tas de livre. « Vous avez un sacré coffre pour un petit bout de femme. » Je ne pus m’empêcher de rire. « On réserve beaucoup de surprises nous les femmes. » Puis il semble que tous ceux à mes côtés se connaissent. C’est un peu déroutant d’être une intrus. « Je crois que vous vous êtes fait des amies ? La plus petite des deux est ma fille. L’autre ma femme. » J’avais un peu du mal à suivre. En entendant les deux premières voix féminines, j’avais du mal à croire qu’il s’agisse d’une mère et de la fille. Puis j’entendis alors la seconde voix qui me permit de remettre la situation en place. " Ethan et Ava, je suppose ? " Ce fut plus facile de resituer toutes ces personnes. Au moins je connais deux prénoms sur les quatre. " Quelqu'un à une idée de ce qu'il se passe ? " Personnellement je n’en ai aucune idée. J’étais loin de la foule au moment où le courant s’est coupé. « On dirait une coupure de courant mais ça semble pire que ça vu le stress de certaine personne.» Je faisais référence à la panique qui avait envahi un bon nombre de personne.