and they lived happily ever after ; Ces quelques mots auraient pu résumer l'histoire de mes parents. Oui, ça l'aurait pu, totalement. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme dans un conte de fée. Je suis née, avec Samaël et Liloo, le douze avril 1990 à New York City. Après une grossesse pleine de difficultés et de problèmes, ma mère a réussi à accoucher de trois beaux bébés. L'histoire aurait du commencer là, mais quelques heures après sa naissance, Samaël a eu quelques problèmes respiratoires puis cardiaques. Mes parents nous ont raconté cette histoire une fois ou deux, à Liloo et moi. Ils nous appellent les rescapés car nous aussi, on était dans un sal état lorsqu'on a pointé le bout de notre nez. Samaël n'a pas eu la force que nous avons eu, il est décédé trois jours après sa naissance et cela a mis un sacré coup à mes parents. Je pense qu'ils ne s'en sont toujours pas remis, enfin que ma mère ne s'en s'est toujours pas remise. Pendant notre enfance, le sujet Samaël était un peu le sujet tabou. On n'a jamais trop parlé de lui et j'ai des tas de questions à poser à ma mère, questions que je ne poserais sûrement jamais. Liloo n'est pas aussi curieuse que moi alors je n'ose pas lui dire d'aller à la pêche aux informations. Pendant notre enfance, nous n'avons jamais manqué de rien. Ma mère étiat une des rares actrices américaines qui ne restaient pas trois ans à la maison entre deux films. Mon père, lui, était pompier. Il a toujours été mon héros, je dois bien l'avouer et c'est aussi décourageant que rassurant. Je savais qu'il serait là pour chasser les monstres sous mon lit mais aussi là pour réparer mon cœur dès qu'un jeune homme l'aurait brisé. Nous avons vécu, tous les quatre, pendant dix huit ans dans un bel appartement à Manhattan. Avec Liloo, nous allions dans les plus belles écoles, nous étions toujours liées et personne ne pouvait nous séparer, enfin presque. Alors que j'allais rentrer à l'université, mon père perdit la vie dans un accident lors d'une intervention. Je me souviens encore, voyant James – le pompier le plus canon de la caserne – débarquer à la maison, le casque sous le bras. Ma mère avait été injoignable toute l'après-midi, il n'avait plus d'autres choix... Le visage plein de poussière. Je me souviens encore de son visage, de la mine défaite qu'il avait lorsque j'ai ouvert la porte, short en tissu sur les fesses, t-shirt de la caserne sur le dos, stylo coincé derrière l'oreille et lunette sur le nez. Je me souiens de chaque moment, de chaque minute. Le moment où il m'a tout annoncé, où je me suis écroulée, pleurant comme jamais. Je me souviens encore le regard de Liloo quand il a du tout lui raconter et celui de ma mère, rentrant en courant, pensant que nous avions été cambriolées. Je me souviens aussi d'avoir enfilé une paire de basket et d'être partie comme ça, à moitié découverte. J'ai couru pendant des heures et des heures. J'ai fais le tour de New York, je suis passée par la caserne et la mine déconfite des collègues de mon père m'a fait partir encore plus loin. Ce jour là, je crois que j'ai tout perdu, enfin presque. Il devait être aux alentours de vingt trois heures lorsque je sentis un homme se poser à côté de moi, dans un bar. Je glissa mes yeux sur ce dernier et fondit en larmes. James m'avait retrouvé. Il savait comment je fonctionnais, un peu trop même. Dans ses bras, je me laissais aller.
« Ca va allez Jack, ça va aller » Comment voulait-il que les choses aillent alors que je venais de perdre la personne la plus importante à mes yeux ? Je suis restée là plusieurs heures, à enfiler les verres de boisson soft. James avait menacé le barman de le faire renvoyer s'il me servait encore une goutte d'alcool. J'avais l'impression d'être nue, vide, morte. C'est à ce moment que je décida de quitter les Etats-Unis pour l'Angleterre. Une bonne nuit de sommeil et je prévoyais déjà mon départ. Hors de question de rester ici où tout me ramenait à mon père.
« T'es entrain de me dire que tu fous en l'air trois ans de relation parce que ton père s'est trouvée une nouvelle copine et que tu veux voir comment ça se passe ? » Je regarde mon petit ami, Nolan, et ris. Je ris encore et encore pendant trente secondes. Je ris usqu'à ce qu'une boule se forme dans ma gorge et que mes rires se tranforment en larmes. Comment ose-t-il ?
« Ton père à quarante cinq ans pas vingt deux ! C'est juste une vieille excuse » finis-je par lancer, alors que je passe une main sur mon visage pour enlever les larmes qui coulent depuis quelques secondes. Je le regarde et le vois lever la main pour la poser sur mon épaule. Il n'a pas le temps de le faire que je me lève et me dirige vers la fenêtre. Ne jamais tomber amoureuse sous peine de souffrir. Je me souvenais des mots de mon père ; il viendrait casser la gueule du premier qui me ferait souffrir. Nolan est le premier mais mon père n'est plus là depuis quatre ans. Je déglutis et vois son ombre s'approcher de moi.
« Ne t'approche pas de moi ou je te jure que je te casse en deux » Le jeune américain se stoppe en pleine trajectoire et finis même par faire un pas en arrière alors que je me retourne. Je sens mon mascara couler le long de mes joues. Une rage intense commence à grandir en moi. Trois ans de relations, trois ans de complicité pour ça, pour rien. Je me diriger vers la commode où se trouvent quelques unes de ses affaires et commence à balancer ses affaires à travers la pièce. Je balance même les cadres de nous deux qui finissent par s'écraser contre le mur dans un bruit sourd. J'ôte la bague qu'il m'a offert il y a peu et lui jète au visage. Quelques secondes plus tard, c'est la gourmette qu'il a fait graver à nos noms que je balance à l'autre bout de la pièce.
« Casse toi » Je le regarde et vois ses lèvres bouger mais n'entends rien, enfin presque. Je crois l'entendre s'excuser, ramasser ses affaires et quitter l'appartement. Je claque la porte derrière lui et vois Alessia passer la tête par la porte de sa chambre. Je la regarde et ne bouge plus. Je sens mon corps trembler. Chaque partie de mon petit corps tremble. Je sens mes jambes faillir. Je m'appuies à la porte et me laisse glisser le long de cette dernière. Je le déteste, je le hais plus que tout au monde. Je l'aime. Un sanglot s'écrase contre mes lèvres et je vois la petite espagnole venir vers moi. Elle se pose à côté de moi sans rien dire. Alessia sait comment je fonctionne. Autant ne rien dire et me laisser pleurer. Je pleure ainsi une vingtaine de minutes, une heure ou même plus. J'ai l'impression d'avoir été utilisée, d'avoir servi de cobail pour une expérience. Je ne supporte pas cette sensation, absolument pas. Après cette épreuve, j'ai changé, énormément. Bye bye la petite gentille mignonne. Je me suis transformée en machine de combat, écrasant tout le monde sur mon passant. Je n'avais plus aucune compassion, plus aucune envie de faire plaisir, loin de là même.
J'entends quelqu'un toquer à la porte de l'appartement et ronchonne. Allongée sur le canapé, les cheveux en bataille, j'ouvre un œil et le referme aussitôt. Je suis rentrée à pas d'heures hier soir, seule pour une fois. Je remonte la couverture sur mon visage et espère qu'Alessia est là pour ouvrir la porte, je n'ai aucune envie de me lever et de remballer le voisin qui vient chercher de la farine, un œuf ou un bout de beurre. Mais rien. Ça commence à tambouriner à la porte et je grogne.
« J'arrive putain calmos ! » lançais-je en enroulant la couverture autour de moi. J'ouvre la porte et me frotte les yeux.
« Liloo ?! » Je reste bouche bée alors que ma jumelle me saute dans les bras. What the... ? N'est-elle pas sensée se trouver à New York avec maman et sa nouvelle famille ?
« Qu'est-ce tu fous là princesse » Liloo et moi, c'est je t'aime moi non plus. Câlin, bisous, surnom des plus niais et insultes la mminute d'après. Cela fait trois ans que je n'ai pas vraiment vu ma sœur. Elle est déjà vu en vacances trois semaines, un mois, mais entre les cours et l'hôpital, je n'ai jamais eu une journée à passer avec elle, jusqu'à aujourd'ui. Je n'ai rien à faire et j'exige qu'elle soit libre.
« Maman voulait se rapprocher de toi alors on a prit nos bagages et on est venue vivre ici, avec Lioan et ses gosses. Il y en a un il est canon, j'en ferais bien mon quatre heures ! » Je la regarde et fronce les sourcils. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? De quel droit ma mère ose débarquer dans ma vie alors que je l'en ai exclu il y a deux ans. Je ne sais pas si je dois être heureuse ou malheureuse. Je pousse la porte et laisse entrer Liloo. Je tente de ranger deux trois affaires sur la route mais ici, c'est le bordel. Alessia est à l'autre bout du pays pour quelques jours et l'alcool qui coule dans mes veines me l'avait fait oublier.
« Rendez vous à midi dix au Nando's pour que tu rencontres toute la famille » Je regarde ma sœur et éclate de rire.
« Plutôt creuver » lançais-je alors que j'ouvre le frigo pour prendre une bouteille de jus d'orange. Hors de question. Elle me regarde et fronce les sourcils.
« Fais le pour moi. On pourra gossiper sur le bg qui va nous servir de frères dans trois mois » Je manque de m'étouffer avec mon jus d'orange. Je recrache ce que j'ai dans la bouche sur le frigo. Un truc en plus à laver. Elle me regarde avec dégoût.
« Maman va épouser ce mec ? » Je regarde ma sœur et elle secoue légèrement la tête de haut en bas. Quand a-t-il fait sa demande, bonne question.
« Je vai sy aller, tu as du boulot mais tu as intérêt à être au Nando's à midi, c'est clair ? » Je soupire, tend ma main pour la décoiffer et la laisse sortir de l'appartement. Faire la potiche autour d'inconnus, plutôt mourir. Seulement, je sais que Liloo m'en voudra à vie si je ne viens pas. Je m'active donc. J'ai deux heures pour faire le ménage et me préparer. Après quelques rangements, j'enfile une robe bleue plutôt courte, coiffe mes cheveux à la va vite et sors de l'appartement. Une dizaine de minutes de métro et je suis devant le Nando's. Au loin, je vois ma mère rire à gorge déployée avec Liloo et celui qui doit être Lioan. De dos, il y a trois bruns. Deux petites filles de douze ans grand maximum et l'homme dont m'a parlé ma sœur. Pour une fois, j'ai enfilé une paire de talons hauts qui me donnent une certaine assurance. Entrant dans le restaurant, je me dirige vers la table et lorsque le regard de ma mère croise le mien, je déglutis avec difficultés.
« Lioan, c'est ma fille, Jacqueline » Je fusille ma mère du regard et pose ma pochette sur la table.
« Jack » lançais-je en défiant ma mère du regard.
« Enchantée Jack. Voici Aria, Kathlynn et Nolan » Le visage de l'aîné se tourne vers moi et je me fige. Mon cœur râte un battement, peut être deux. Je regarde Liloo et elle me fait un clin d'oeil. Non, pas de clin d'oeil, vraiment. Cela fait deux ans que je n'ai pas vu Nolan et j'ai presque réussi à l'oublier, presque.
« C'est une blague c'est ça ? Il y a une caméra cachée ? » Tout le monde me regarde en fronçant les sourcils et je vois Nolan se lever vers moi.
« Ne t'approche pas ou je te jure que je te casse les deux jambes devant tes deux petites soeurs » Je le regarde de haut en bas et lâche un rire nerveux.
« T'étais au courant. C'est pas comme si Liloo me ressemblait comme deux gouttes d'eaux ! Et t'as que des fringues que je t'ai offert sur le dos » Je tourne la tête, attrape ma pochette et regarde ma mère.
« Tu te souviens l'homme parfait avec qui je suis sortie trois ans ? Celui qui m'a brisé le cœur, celui qui m'a fait devenir la garce que je suis à l'heure actuelle. Je t'en ai parlé pendant des heures maman, des heures ! Je t'ai dis qu'il rentrait pour surveiller son père et toi tu n'as pas fais le rapprochement. Liloo... J'en parle même pas ! C'est lui l'homme dont j'étais amoureuse pendant trois ans ! C'est avec lui que j'ai fait ma première fois, c'est lui qui m'a démolli ! » lançais-je à ma mère en frappant sur Nolan avec ma pochette. Il s'était approchée de moi et je ne le voulais pas. Ma sœur posa une main sur sa bouche et déglutis avec difficultés, je le voyais. Je les regarda tous bouche bée et partis en courant, comme à mon habitude. Personne n'avait fait le rapprochement et lui n'avait rien dit. J'étais brisée, une nouvelle fois, pour changer.