"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici [Tinseltown diner] Not again... • Sha&&Lucian 2979874845 [Tinseltown diner] Not again... • Sha&&Lucian 1973890357
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[Tinseltown diner] Not again... • Sha&&Lucian

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Sharona K. García-Brown
Sharona K. García-Brown
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() message posté Sam 26 Aoû 2017 - 10:20 par Sharona K. García-Brown
Mercredi 30 août 2017 • Tinseltown diner

La rentrée approche, et avec elle, la réduction de mes horaires au diner, que j'ai augmenté pour l'été. Et je dois bien avouer que ça va clairement me soulager. Déjà parce que je suis pas la fille la plus patiente du monde et que les clients relou me saoulent toujours autant, et qu'il faut éternellement que je prenne sur moi pour pas leur rentrer dans le lard - et quand on connaît ma patience légendaire, on sait comme ça peut être un exploit - et puis parce que mon emploi du temps commence à être légèrement chargé, et que ça va faire du bien de l'alléger de ce côté-là, même si ça veut dire aussi qu'il y a les cours en plus. Mais la plupart sont le soir, et donc quand Nate travaille au resto. Et je suis un peu désespérée de moi-même quand je me surprends à me projeter dans quelques semaines, à sortir de cours en soirée pour passer au Lucky Star le voir bosser, faire un coucou à l'autre Nate s'il est là - trop pratique leurs noms, ahem... - et à ma soeur au passage... Bref... Des trucs de minette transie que j'ai jamais été mais... Mais oui, bon bah je le kiffe grave ce mec, c'est une catastrophe... Catastrophe ? Un sourire étire mes lèvres comme j'y pense et... bon bah non, pas tant que ça. Résultat : je me fais chambrer par Marlon qui me grille des cuisines et Betty vient jouer les commères, pour le reste de l'après-midi. Elle veut tout savoir, et je la blâme pas : on se connaît depuis trois ans maintenant, et elle est bien placée pour savoir qu'il s'est rien passé de ce genre dans ma vie à part Nik, et vu comme ça a fini, et l'attachement qu'on a les uns pour les autres tous les trois, je comprends très bien qu'elle soit curieuse. Et inquiète, je suis sûre, aussi, mais pour l'instant, elle a pas vraiment de raison de l'être. Même si là non plus, je lui jette pas la pierre, parce que je suis pas mieux, et je sais bien qu'elle se demande si ça va finir comme avec l'avocat, parce que je me pose les mêmes questions régulièrement.

-"C'est sûr qu'on peut jamais savoir à l'avance... Et si on tente rien bah..."
-"On n'a rien... Et pour l'instant, ça se passe vraiment bien, t'inquiète pas Betty."


Cette fille est adorable. Et je vois bien comme Marlon la regarde parfois. Je suis sûre qu'au milieu de ses histoires qui tournent en jus de boudin en permanence, il ose juste pas tenter quoi que ce soit avec la jeune maman, et je sais pas si c'est parce qu'elle a son fils à gérer, ou parce qu'on bosse ensemble ou... je sais pas. Un jour, faudrait qu'on en parle sérieusement. Mais on est presque tout le temps sur les mêmes horaires tous les trois, et je sais bien qu'il le fera pas s'il y a le risque qu'elle surprenne la conversation. Même si on se parle en espagnol.

-"Il a pas intérêt à te faire du mal, celui-là..."
-"Il en a pas l'intention. Et tu ferais quoi, d'abord, hein ?"


On tourne ça en dérision, on en rigole, mais la sollicitude de Marlon me touche. On approche de la fin de mon service, et si la fermeture du diner n'est pas pour tout de suite, la masse des clients commence à s'amoindrir. Il en entre encore quelques uns, mais les sorties se font plus nombreuses que les entrées. Et je m'apprête à partir, mais je vois l'air déçu de mes potes.

-"Il y a une éternité que j'ai pas dîné ici en fait..."

Le grand sourire de Marlon on dit long. J'ai fini de bosser, mais rien m'empêche de passer du côté des clients... Et de rester avec eux encore un peu, pour la peine. L'uniforme en moins, cette fois, et je suis pas fâchée de quitter la chemise rose typique de l'endroit... Il se fait vraiment tard quand je vide mon plateau dans une des poubelles prévues pour ça, et le ramène à mes potes, le sourire aux lèvres. Je traîne un peu, histoire de finir vraiment le service de Betty, mais quand je vois ce type entrer dans le diner, mon sang se glace.

Il avait beau être cagoulé quand il a pénétré ici la première fois, il a été démasqué quand les forces de l'ordre sont intervenues. Quand Frank est intervenu. Et je suis vraiment pas prête d'oublier son visage, ni celui de son pote. Je suis pas la fille la plus craintive du monde, à la base, loin de là. C'est sans doute d'ailleurs pour ça que ça s'est mal passé pour moi cette nuit-là. Si j'avais sagement filé ma caisse sans rien dire, peut-être bien qu'ils seraient partis avec ce qu'ils voulaient et que ça en serait resté là. Mais j'ai ouvert ma gueule, j'ai même essayé de cogner. A deux contre moi, leurs armes en prime, j'avais aucune chance, et je me suis pris un paquet de coups dans la gueule avant que Frank et ses collègues ne les arrêtent. Je crois que j'oublierai jamais comme je me suis sentie impuissante ce soir-là. Alors que je me suis battue y a un peu plus d'un mois avec une grosse baraque devant le LuSt, là, face à ce type qu'a rien d'une armoire à glace, je suis tétanisée. Et j'arrive même pas à me concentrer sur ce qu'il raconte, le regard furibond, mais j'ai pas vraiment besoin d'entendre ses mots pour comprendre qu'il vient me faire payer le fait d'avoir été foutu en taule...

Je crois que j'ai entendu Betty crier derrière le comptoir, et je me suis entendue comme dans un rêve lui dire d'aller se planquer en cuisine. Elle a un môme, elle. Et y a Marlon pour la protéger là-bas. Je me pardonnerais toujours pas s'il leur arrivait quoi que ce soit par ma faute. Ce type, il est là pour moi, pas pour eux, qu'il leur foute la paix. Mais j'ai la chair de poule comme jamais, et si mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, j'arrive même pas à serrer le poing quand il m'attrape par le col pour me plaquer au mur, prêt à prendre sa vengeance. Une poupée de chiffon entre ses mains... Bordel ?! Quand est-ce que je suis devenue aussi faible ? Mon cerveau a l'air déconnecté de mes muscles, et je suis incapable de bouger...

@Lucian M. Torres
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() message posté Lun 28 Aoû 2017 - 18:19 par Invité
Alors que l'aube pointe le bout de son nez, Lucian ne s'est toujours pas couché. La nuit a été longue, comme toujours, mais cela ne le dérange pas. Avec son passif, il avait peu de chance d'être embauché dans une bonne boite alors il ne se plaint pas. Ils ne sont pas nombreux les patrons prêts à engager des anciens taulards. On ne pouvait pas dire que Lucian se faisait tout petit au vu de sa carrure, mais il ne faisait pas de vague, c'était déjà ça. Et puis il avait besoin de ce travail pour vivre, de ces deux jobs qui lui permettaient de joindre les deux bouts. Plus il était au travail, moins il était seul chez lui à ruminer. C'était sans doute mieux ainsi. Il vivait la nuit et dormait le jour, cela lui changeait de son ancien rythme en prison. Il venait de finir son service comme videur. Il avait dû intimider quelques types et intervenir lors d'une bagarre, mais à part ça, la routine. Il traîna sa carcasse jusqu'à chez lui où il fut accueilli par deux molosses. Rango et Ragnar, ses deux énormes chiens, lui firent la fête. Lucian se forçait souvent à rentrer chez lui pour eux. Ils avaient besoin de lui autant que lui avait besoin d'eux. Il ne prit pas le temps de se poser qu'il attrapa deux laisses et les laissa passer devant. Comme toujours, les chiens avaient tendance à faire peur aux gens. L'avantage à cette heure-ci, c'est que le quartier était plutôt désert. Les deux chiens étaient libre de leurs gestes, Lucian n'aimait pas vraiment leur imposer la laisse. Et puis ils étaient dressé au doigt et à l’œil si bien que Lucian ne se faisait jamais de soucis. Il croisa une joggeuse qui fit un large détour afin de ne pas passer à côté des chiens. Dommage, elle était plutôt craquante dans son legging noir et sa brassière rose bonbon...

Lucian dormit quelques heures avant de prendre son service au bar. On ne pouvait pas dire qu'il adorait le job mais ça avait le mérite de payer les factures et d'être une profession légale. Il n'avait pas la maîtrise de ses collègues dans la réalisation des cocktails mais il dissuadait les clients un peu trop pénible. Et il se foutait d'être payé pour ça. Il pouvait flirter sans trop de risque et boire à l’œil, ce qui constituait un poste assez enviable même si sa paye était dérisoire comparée à celle qu'il touchait avant. Seulement il s'était promis d'arrêter tout ça. Pour Nina. Pour Sally. Et puis parce que la prison n'était pas vraiment un endroit où il souhaitait remettre les pieds. Alors il enchaînait ses heures de travail, essayait de se faire oublier et tentait de mener une vie plus stable qu'autrefois.

Son service prit fin en début de soirée. Il avait quelques heures devant lui avant de retourner jouer le videur de boite de nuit. Il savait que son frigo était vide et il n'était pas d'humeur à faire le courses. De toute façon, il n'était pas bon cuisinier. Il décida de s'arrêter dans un Diner sur la route de chez lui. A cette heure-ci, le resto était plutôt vide et ça lui allait très bien. Lucian n'aimait pas la foule. Il préférait le silence au bruit ambiant. Il s'installa à une table vide près de l'entrée et attrapa la carte. La serveuse vint prendre sa commande et il choisit un steak saignant ainsi qu'une grosse assiette de frites et une bière. Il repéra rapidement la table composée de jeunes un peu plus loin. Ils avaient l'air heureux, riaient pour un rien. Il trouvait cela à la fois niais et rassurant. Il n'avait jamais été ainsi, même à leur âge. Il eut une pensée pour sa mère et la chassa aussitôt. Même après tout ce temps, il était toujours remué quand il songeait à celle qui lui avait donné la vie et qui avait été emporté par un foutu cancer. Finalement, son plat arrive et il se jette sur sa viande comme un affamé. Le petit groupe fini par se séparer et il reste peu de monde sur place. Il est entrain de boire une autre gorgée de sa bière quand il entend crier. Il se penche le long de la banquette, tendant l'oreille. Et ce n'est pas un bruit qui lui fait penser que quelque chose ne va pas, non, c'est le silence qui suit. Lentement, il pose ses couverts et se lève. Il arpente le comptoirs et ne voit aucun membre du personnel, ce qui met tous ses sens aux aguets Puis il entend un bruit sourd, comme quelqu'un qui vient de chuter ou un coup sec. Il passe de l'autre côté et aperçoit d'abord la jeune fille de tout à l'heure, plaquée au mur, puis un type au visage déformé par la colère. « C'est quoi ce bordel ? », gronde-t-il. Sa question à l'effet escompté puisque le type relâche quelque peu sa prise, se tournant vers lui, surprit d'être dérangé. Il devine aisément que ce gars n'a pas l'habitude qu'on s'oppose à lui. Cela se voit à sa manière de se tenir ou à sa grimace furieuse. « Dégage de là toi ». Lucian croise le regard tétanisé de la serveuse et il ne lui en faut pas plus pour avancer dans leur direction. « Lâche là », dit-il d'une voix neutre mais qui ne laisse pas vraiment place à la négociation. Le type lui fait un rictus digne d'Hannibal Lecteur et tente de lever à nouveau la main sur la fille. Mais trop tard, Lucian a bondit sur lui. Et dire que c'était sensé être une journée comme une autre.
@Sharona K. García-Brown
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Sharona K. García-Brown
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() message posté Mar 29 Aoû 2017 - 16:14 par Sharona K. García-Brown
Il y a qu'ici, face à ce type-là, que je suis aussi tétanisée. Pourtant c'est pas ce type de contact qui me fait peur, d'ordinaire, je suis capable de me défendre, normalement. Normalement. Mais ce soir, face à lui, j'y arrive pas, j'arrive même pas à me mouvoir, et le mur dans mon dos claque méchamment. Je serai endolorie, demain, et les jours suivants, certainement, mais à cet instant, je sais même pas s'il y aura un "demain". Jusqu'à ce que...

« C'est quoi ce bordel ? »

Comme mon agresseur, je me tourne vers l'origine de cette voix sourde et grave, qui résonne comme un roulement de tonnerre, surprise de l'entendre. Sans doute plus agréablement surprise que le type qui me tient en respect, j'imagine, mais ça a au moins le don de le faire relâcher un peu sa prise. Pas assez pour que je m'échappe, et j'ai beau me démener, je suis encore entravée entre lui et ce foutu mur, et je sens la panique prendre un cran de plus.

« Dégage de là toi »

Non... Non non non non non, partez pas ! Les mots restent bloqués dans ma gorge, cependant, mais mon regard parle sans doute pour moi.

« Lâche-la. »

Je vois au ralenti mon agresseur lever la main, je sais ce qu'il s'apprête à faire, me prépare à sentir le choc mais... Mais non. Le choc, c'est celui du client que j'ai servi tout à l'heure - mon dernier - qui empoigne ce type que j'aurais jamais voulu revoir. Ils en viennent aux mains, évidemment, et moi je reprends mon souffle et mes esprits, difficilement, mais c'est comme si je reprenais enfin possession de mon corps... et j'attrape la première chaise qui vient pour la fracasser sur le dos de mon agresseur après que le client lui a déjà mis quelques coups dans la tronche - j'ai pas tenu le compte, cependant, j'étais trop occupée à tenter de respirer à nouveau.

Essoufflée comme si je venais de courir un 400m olympique, je fixe le type au sol, craignant qu'il se relève, mais non, il a fini assommé pour le compte - fort heureusement pour moi. Et il faut plusieurs dizaines de secondes pour que je relève les yeux vers mon sauveur.

« Merci... Je m'en serais pas bien sortie, je crois, si vous étiez pas intervenu alors... Merci. »

Marlon et Betty sont ressortis des cuisines, je les ai rassurés comme j'ai pu - ça va, au final j'ai rien - et ils m'ont indiqué avoir appelé les flics - qui ne devraient plus tarder maintenant je suppose. Et pendant qu'ils s'affairent à ligoter le type à terre, pour ma part, j'ai sorti mon portefeuille, et réglé la note de mon dernier client.

« Je vous dois au moins ça... »

Même largement plus, mais je sais pas trop comment l'exprimer. Ce que je sais, en revanche, c'est que mon accent américain est toujours aussi audible, et si j'étais pas aussi chamboulée, je remarquerais peut-être que le sien n'est pas mal non plus...
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() message posté Mar 5 Sep 2017 - 19:29 par Invité
Il avait la fâcheuse habitude de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Mais en général, c'était recherché. Il était payé pour ça. Il était exactement là où il devait être quand les choses partaient en vrille. Pour la simple et bonne raison qu'il était généralement à la source du problème. Mais pas aujourd'hui. Pas depuis qu'il cherchait désespérément à changer. Mais une fois de plus, le conflit semblait s'imposer à lui comme un aimant. Lucian aurait très bien pu tourner les talons, faire comme s'il n'avait rien entendu, mais ce n'était pas dans sa nature de jouer à l'autruche. Même quand il se faisait pincer, il était du genre à assumer. Alors il avait choisi d'aller jeter un coup d'oeil, d'aller vérifier ce que tout son être lui criait : il y avait un souci pas loin. La nature l'avait pourvu d'une stature imposante que Lucian avait allégrement entretenu avec les années. La vie de la rue au Brésil l'avait forgé plus qu'il ne l'aurait voulu. A force de traîner avec plus grand et plus fort que soit, il avait apprit à se défendre, à encaisser et plus tard, à attaquer. Mieux valait être le bourreau que la victime. Il n'était pas forcément très fière de son passé mais il n'avait fait que survivre et personne ne pourrait le lui enlever ça. Lucian avait donc traversé le restaurant avant de se retrouver nez à nez avec un sale type menaçant la serveuse. En effet, elle faisait une victime facile avec ses 40 kilos. Ce type se sentait puissant, il le savait, il se sentait virile, imbattable, il était prêt à mettre à terre une jeune fille, qui, il le savait, n'avait aucune chance contre lui. Pitoyable, voilà ce que pensa Lucian au premier abord. Il s'était battu un nombre incalculable de fois dans sa vie mais jamais contre plus jeune que lui, ni contre une femme. Il n'y avait aucun honneur la-dedans, seulement de la lâcheté. Alors même si le regard suppliant de la jeune femme lui intimait silencieusement de rester, Lucian avait déjà prit sa décision à la seconde où il avait vue la scène. Il ne pouvait fuir même si cette situation risquait d'aggraver son cas, déjà bien délicat.

Alors sans réfléchir davantage, Lucian fond sur le gars avant qu'il ait le temps de faire quoi que ce soit de plus. La tête du type heurte violemment le sol tandis que Lucian le frappe à trois reprises au visage, de quoi bien le sonner. De quoi le faire souffrir aussi, il faut bien l'avouer. Puis il est déporté sur le côté et voit arriver la chaise, au contraire du gars qui se la prend en plein dans le dos. Lucian jette un regard de biais afin de s'assurer que le choc l'a assommé pour de bon. Il gît, inconscient, sur le carrelage, du sang ruisselant de son visage. Lucian sait que c’est de lui, ça, mais il s'en moque. Puis il jette un regard à la fille, plutôt épaté. Pour une victime, il la sent téméraire, battante et il aime ça. Il se relève en faisant craquer l'ossature de sa nuque puis de ses mains. « Merci... Je m'en serais pas bien sortie, je crois, si vous étiez pas intervenu alors... Merci. » Mieux valait éviter de songer à ce qui se serait passé sans son intervention. Malheureusement, Lucian avait bien trop d'images de jeunes femmes tabassées gravé en mémoire. Et heureusement pour elle, la serveuse n'en ferait pas partie aujourd'hui. « Pas de quoi », se contente-t-il de dire. Il n'est pas très friand des remerciements ou des gestes d'affection en général. Il est plutôt mal à l'aise avec ça. Il fini par voir les autres employés émerger des cuisines en expliquant que la police ne va pas tarder. Fuck ! La police, moins il la voit, mieux il se porte. Il n'as aucune envie d'être face à toute une armada d'uniformes parce qu'il sait qu'il sera jugé, qu'il sera vite repéré comme un ex taulard. « Je vous dois au moins ça... » La serveuse lui tend un billet qu'il toise avec surprise. Il se retient d'éclater de rire. Un rire jaune, car il ne connaît que trop bien ce genre de situation. Mais d'ordinaire, c'est une somme bien plus conséquente et c'est un tout autre contrat que ce type à terre. « Garde ton fric. Vas plutôt consulter pour ta gorge », dit-il d'une voix grave mais qui ne se veut pas agressive. Il n'est pas vraiment conciliant comme garçon, et encore moins pourvu de beaucoup de tact. Ce n'est pas non plus bavard, il préfère épargner sa salive et aller droit au but. Et puis il se doute que le salaire de serveur n'est pas mirobolant, il culpabiliserait presque de lui prendre son argent. S'il n'a pas de scrupule pour les mecs plein aux as qui ont tendance à l'engager, pour une jeune serveuse, c'est différent. Quant à son "conseil", c'est plutôt pour paraître moins froid qu'il n'y parait. Il sait qu'il a tendance à mettre les gens mal à l'aise, aussi il essai à sa manière de savoir comment elle se sent. Si Lucian a déjà été agressé dans sa vie, et un peu par la vie elle-même, il peut oublier par moment que ce n'est pas le cas du commun des mortels. Que la violence n'est pas quelque chose de coutumier, qu'elle ne devrait pas être banalisé. Il tire plutôt un billet de la poche arrière de son jean et le dépose sur le comptoirs. Il voudrait partir mais il hésite. A voir la tête des employés, ils ne sont pas trop rassuré à l'idée de rester avec ce type même en attendant la police. Et surtout, il se doute qu'ils vont parler de lui et il sera obligé de témoigner. Au vue de sa situation, il peut difficilement éviter les flics sans être de nouveau envoyé en prison ou persécuté comme un ex criminel peu collaboratif. Et avoir un mandat à son nom est totalement proscrit. « Que ce qu'il te voulais ce type ? », demande-t-il plus pour laisser à son esprit le temps de réfléchir que pour vraiment connaître la réponse. Par expérience, il a apprit à éviter au maximum les raisons. Très partisan du « chacun ses affaires », Lucian n'est pas du genre à poser des questions, lui qui n'aime pas qu'on le questionne. Seulement là, il n'est pas employé par la serveuse pour régler son compte ce gars.
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Sharona K. García-Brown
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() message posté Mar 5 Sep 2017 - 23:29 par Sharona K. García-Brown
Changer... Je sais pas si c'est quelque chose qu'on peut réellement réussir à faire. Pour ma part, je crois que je serais toujours partagée entre le garçon manqué qui se bat avec tous ceux qui l'emmerdent - et ça fait un paquet de gens - et la petite fille qui rêvait de devenir danseuse étoile. Il y a toujours eu ces deux facettes chez moi, une très masculine, l'autre terriblement féminine, bien qu'on ne s'en soit pas forcément toujours rendu compte de prime abord. Et que je ne les accepte pas toujours très bien, selon les circonstances. Aujourd'hui, ce côté féminin, qu'on a tendance à considérer faible, je l'exècre autant que les mains de cet homme sur moi. Et je déteste tout autant qu'on s'arrête à ma silhouette de mannequin qu'on pourrait briser en la cognant à peine, alors qu'en réalité, je ne suis pas si fragile que ça. Mais à l'évidence, le braqueur d'il y a deux ans ne s'en rend pas compte, et le fait qu'à cet instant, je reste tétanisée, ne joue clairement pas en ma faveur. Pourtant, c'est une chose que je rejette en permanence : ce n'est pas parce que j'ai deux chromosomes X que je doive en permanence être défendue et protégée, je sais me débrouiller comme une grande, merci bien. Enfin habituellement...

Ce soir, si cette armoire à glace latino avait pas foncé dans le tas, je sais pas trop comment j'aurais fini. Je l'ai vu comme dans un rêve, comme si j'étais à l'extérieur de mon corps repousser mon agresseur, l'envoyer au sol, sa tête heurtant lourdement les dalles, avant de le frapper au visage trois fois de suite. Ce type sait se battre, c'est indéniable. Et peut-être que c'est ça, et ma soudaine liberté de mouvement, qui me permet de réagir. La chaise que je viens d'attraper s'est écrasée dans le dos du braqueur, qui gît à présent inconscient, dans une marre de sang. Et Betty et Marlon nous rejoignent, avant que la blonde ne se rétracte derrière mon camarade hispanique, incommodée par l'épanchement d'hémoglobine, qui ne me fait ni chaud ni froid.

Et je sais pas comment interpréter le regard de mon sauveur, pendant une petite seconde, juste avant qu'il se relève. Je le dévisage, attendant un commentaire qui ne vient pas, avant qu'il ne fasse craquer sa nuque. Mes remerciements ont l'air de lui passer un peu au-dessus, ou alors c'est son caractère bourru. Il n'empêche, je lui dois une fière chandelle.

« Pas de quoi. »

Euh... Si en fait. Mais je vais pas m'étaler outre mesure non plus, ça a pas l'air d'être dans son caractère et ça l'est certainement pas dans le mien. De rester redevable sans rien tenter pour rééquilibrer les choses non plus, d'ailleurs, mais je vois bien à l'air sur son visage qu'il trouve ça ridicule. Je fronce les sourcils, pas décidée à en rester là.

« Garde ton fric. Va plutôt consulter pour ta gorge. »

Ma gorge, elle ira très bien demain, après une bonne nuit de sommeil loin du connard qui reste sonné pour le compte à nos pieds. Le billet dans mes doigts disparaît de sa vue pour rejoindre la caisse, et solder sa table. Quant au sien, je lui fourre dans la poche la plus accessible.

« Hors de question. »

J'en démordrais pas, ça se voit sans doute dans mon regard. Je pourrais avoir peur de lui, vu comme il a défoncé la gueule de celui qui me terrorisait il y a trois minutes, pourtant c'est pas le cas. Je ferais certainement pas le poids s'il avait l'intention d'en venir aux mains, mais c'est pas la mienne, d'intention, et je crois pas qu'il en soit arrivé là non plus, même si on est pas d'accord pour sa note.

« Qu'est-ce qu'il te voulait ce type ?
- Se venger. »

Je vois pas pourquoi je le cacherais, j'ai pas honte de ça, en soi. J'ai honte de pas avoir réussi à me défendre, de la sensation d'impuissance totale qui reste depuis lors, mais j'ai pas honte de lui avoir tenu tête quand il est venu braquer le diner. Je regrette juste qu'ils aient été deux et que j'aie pas réussi à m'en sortir correctement toute seule.

« Il a pas trop aimé que je le laisse pas tranquillement prendre ma caisse il y a deux ans et qu'il ait fini en taule pour le compte... »

Les gens aiment moyen la blague, en général. Je me doute évidemment pas que le sujet peut être sensible pour mon interlocuteur, à vrai dire, l'idée qu'il soit repris de justice aussi ne m’effleure même pas l'esprit...
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() message posté Jeu 14 Sep 2017 - 13:13 par Invité
Le regard des gens n'avait jamais heurté Lucian. C'était comme s'il s'y était habitué avec le temps. En dehors de sa carrure imposante, il mettait les gens mal à l'aise avec son visage froid, son absence de chaleur caractérisée. Voilà pourquoi il ne passait jamais vraiment inaperçu. Seule la présence de Lexie, à l'époque, lui permettait de montrer au monde une autre facette de lui. Voir une jolie blonde au bras d'un colosse interrogeait et lui permettait d'offrir une image bienveillante. Quant aux femmes, il y avait de tout. Celles qui se cherchaient un protecteur, un mec capable de les sauver de toutes leurs mauvaises passes. Et celles qui cherchaient un modèle paternel, une image du père qu'elles n'avaient pas connu. Et en fréquentant le monde de la nuit, Lucian avait fini par attirer les abîmées, les écorchées, celles qui provoquaient le mal, voir même la douleur. Aucune d'elles n'étaient Lexie, aucune ne lui permettait de se sentir unique, de se sentir intégré dans cette société qui avait fait de lui un paria. Enfin, il devait bien reconnaître qu'il s'était bien débrouillé pour le faire seul. Mais son passé de taulard n'était jamais bien loin derrière lui car il devait encore rendre des comptes à la justice auprès d'un contrôleur judiciaire. Quoi qu'il fasse, tout le ramenait à ce qu'il avait pu faire et encore aujourd'hui, il semblerait que la violence faisait partie intégrante de sa vie.

Et il supportait mal l'idée qu'on pense de lui qu'il soit un sauveur. Le fait que la serveuse le remercie lui donnait un goût amer. Lucian ne sauvait pas les gens, il ne faisait que les effrayer, les faire fuir, les provoquer. Il n'était pas de ceux qui apportaient le bien. Il n'était pas comme sa mère ou sa sœur, il ressemblait de plus en plus à son inconnu de père. Il savait que, pour une fois, il avait agit en son âme et conscience, non pour répondre à un contrat ou juste parce qu'il avait besoin de se défouler. Mais quand même. Il usait de sa force, de son intimidante carrure, pour imposer son bon désir. Lucian n'avait peur de rien, ce qui faisait de lui un adversaire redoutable. A l'époque, il avait peur de perdre Lexie, mais aujourd'hui, c'était fait depuis longtemps. Elle avait disparue à la seconde où il avait été menotté pour écoper deux ans de prison ferme. En partant, elle avait emmené avec elle ses espoirs, sa rédemption. Avec une grimace, il constata qu'il n'avait pas tant changé que ça. Si elle avait été présente, elle n'aurait fait que le lui rappeler. Parce que Lucian aurait simplement pu le sonner et le tenir en respect le temps que la police arrive, mais non, il avait fallut qu'il cogne, qu'il lui démontre que ce n'était qu'une petite frappe qui ne valait rien. Il soupira avant de lever à nouveau la tête vers la serveuse. « Hors de question.» Effrontée, la serveuse lui colle un billet dans la poche de sa chemise. Lucian la toise avec surprise. Il n'est pas habitué à ce qu'on lui oppose quoi que ce soit. A vrai dire, il n'aime pas vraiment qu'on lui tienne tête. La serveuse soutient son regard et cela l'amuse un brin. Il comprend qu'elle ne lâchera pas si facilement, que c'est une tête brûlée. Comme quoi, il n'existe pas que des femmes fragiles en quête de soutient et de protection. « J'ai cassé des doigts pour moins que ça », dit-il simplement, non sans une once de vérité. Il ne cherche pas à lui faire peur pour autant, mais Lucian est un homme entier pour qui les relations humaines n'ont rien d'évident. « Se venger. » Pour le coup, il semblerait qu'elle est éveillé sa curiosité. Il imagine une querelle amoureuse ou alors elle l'as envoyé balader et le type ne l'a pas supporté. « Il a pas trop aimé que je le laisse pas tranquillement prendre ma caisse il y a deux ans et qu'il ait fini en taule pour le compte... », termine-t-elle. Lucian hausse un sourcil. Cette jeune femme est vraiment un spécimen. Décidément, même jusque là, la prison le poursuit. Il jette un œil au gars inconscient à ses pieds. A peu de chose près, ils se seraient rencontré la-bas et pas sûr que l'issue aurait été la même. Cela confirme ce qu'il pense de la serveuse, elle n'as rien d'une frêle jeune fille. Beaucoup ne seraient pas intervenu, de peur pour leur vie, mais elle non. Elle, elle avait tenu tête à un forcené. Du coup, il songea à ce qu'elle pourrait dire à la police si elle savait pour lui. Après tout, elle pouvait bien mettre tous les taulards dans le même sac et il n'était pas sur de lui en vouloir. « Bravo, tu pourra te vanter d'avoir envoyé ce type en taule à deux reprises ». Parce qu'il était certain pour Lucian que se gars était en récidive et que la moindre infraction lui vaudrait un aller simple en prison. Ce type, en plus d'être violent, était sans conteste un abruti de première. Lucian jetta un regard à l'extérieur. « La police sera là dans combien de temps ? », demanda-t-il, abrupte, aux employés qui se tenaient un peu l'écart. L'une des jeunes filles sursauta et le garçon lui répondit qu'ils étaient en route. Lucian lâcha un profond soupire irrité. « Je vais devoir vous laisser ». Il avait fait son choix. Il n'avait aucune envie d'être traité comme un mec violent une fois de plus, surtout quand il avait agit pour la défense d'une personne.
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Sharona K. García-Brown
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() message posté Lun 23 Oct 2017 - 8:31 par Sharona K. García-Brown
I don't care. C'est ce qui semble écrit sur ma gueule presque en permanence. Comme si les choses et les gens ne le touchaient pas, comme si j'évoluais pas dans le même univers. Et ça me va très bien comme ça, je cherche pas le contact, je suis pas sociable, et j'ai bien assez à gérer avec les quelques personnes qui comptent pour moi aujourd'hui. J'aime d'autant moins m'être retrouvée en position de faiblesse face au connard qui git au sol. Je suis pas cette fille fragile, je refuse de l'être. Je me suis jamais laissée faire et ça me bouffe de pas avoir réussi à réagir, là. Je veux même pas imaginer ce que ça aurait donné si ce type était pas intervenu. Alors oui, sur ce coup-là, il m'a sauvée, et j'en ai rien à carrer qu'il soit effrayant pour les autres, je sais rien de son passé et je m'en cogne : je lui suis redevable ce soir, point.

Il aurait pu faire autrement que l'assommer, l'amocher comme ça ? Oui et ? J'aurais aussi pu ne pas fracasser cette chaise sur son dos. Mon billet rejoint la poche du gars contre son gré. La surprise se lit un instant dans le regard du type, on doit pas lui dire non souvent, j'imagine que la plupart des gens ont la même réaction que Betty qui se planque derrière Marlon. L'instant d'après, ça a l'air de l'amuser.

« J'ai cassé des doigts pour moins que ça.
- Je veux bien le croire. »

Ceci dit sur un ton des plus factuels sans un geste de plus. Je reviens quand même pas sur mes propos, je lui dois bien ça. Résultat, le billet reste où il est et lui, il laisse parler un brinde curiosité. J'ai pas de raison de pas répondre, et je sais pas ce qu'il imaginait que c'était, mais visiblement, la réalité le surprend.

« Bravo, tu pourras te vanter d'avoir envoyé ce type en taule à deux reprises.
- C'est pas mon genre. »

Il a raison, effectivement, le type a toutes les chances de retourner au trou. Et si c'est effectivement la place qu'il mérite, j'en tire aucune gloire.

« La police sera là dans combien de temps ? »

C'est moi où il y a commeun sentiment d'urgence là ? Je fronce les sourcils, Betty sursaute, Marlon lui répond... marrant mais je crois que je me doutais un peu de la suite...

« Je vais devoir vous laisser.
- C'est quoi l'urgence ? »

Je croise les bras sous ma poitrine, le dévisageant, perplexe.

« Je sais pas ce qui vous fait flipper, mais la fuite ça a plus tendance à donner l'air coupable qu'autre chose. C'est d'autant plus dommage que vous avez plutôt le beau rôle sur ce coup-là en fait... »

Je le retiendrai pas outre mesure cela dit et hausse les épaules.

« Je suppose qu'on leur dira qu'on a eu l'aide d'un mystérieux inconnu qui refuse la gloire, n'est-ce pas ? »

Un coup d'oeil en arrière vers mes collègues qui acquiescent plus timidement qu'il faudrait.

« J'ai pas la carrure pour vous retenir de toute façon, ni vraiment envie, vous faites bien comme vous voulez. »

Un simple fait énoncé, une fois encore. Tant que mon billet reste là où il est...
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() message posté Lun 27 Nov 2017 - 16:47 par Invité
C'est ce qu'on pouvait appeler du travail vite et bien fait. Enfin dans son jargon. Ou dans son ancien jargon, devrait-il dire ? Il n'existait pas vraiment de terme pour cela, sinon celui qu'il avait apprit très tôt dans la rue, puis plus tard, quand il avait fallut payer les factures. Il aimait bien se dire qu'il l'avait fait pour ça, mais dans le fond, il savait bien que c'était plus compliqué que ça. Parce que s'il n'avait pas eut ce gabarit là, il aurait dû faire autre chose, s'adapter. Quelque part, c'était un peu la facilité pour lui que de se lancer dans la castagne. Cela ne demandait pas une grande réflexion ni de longues études, juste du muscle et un minimum de tact pour éviter de se faire attraper. C'était une analyse simpliste, certes, mais c'était ainsi. Pour autant, Lucian n'était pas stupide, du moins il ne se définissait pas comme tel. Il était même plutôt intelligent si on partait du principe que tout ce qu'il savait faire, il l'avait prit seul, en vrai autodidacte. Il n'avait jamais eu besoin d'étudier ou de travailler trop dur, les choses lui venaient simplement. Mais il avait préféré utiliser ses facilités d'apprentissage dans autre chose que de vraies études ou dans la réalisation d'un vrai travail. Il ne s'était jamais vu avoir un vrai cursus scolaire ou professionnel de toute façon. Il avait laissé cela à son jeune frère et sa petite sœur, bien plus doués que lui pour se fondre la masse et devenir des personnes importantes. Lui ne se reconnaissait pas dans tout ça, il ne se reconnaissait dans rien en fait. Il était doué dans pas mal de domaines mais sans aller au bout des choses. Il avait un côté marginal, quoi qu'il en dise. « C'est pas mon genre. » Tu m'étonnes, pensa-t-il. Pourtant, c'était un fait en soit. Seulement elle n'avait pas dû passer un bon quart d'heure la fois précédente, même si elle affichait un air revêche aujourd'hui. Il devinait que son arrestation ne s'était pas faite sans mal, qu'elle avait dû sévèrement trinquer. D'autres en seraient encore traumatisé, mais elle, n'en montrait rien.

« C'est quoi l'urgence ? » Il la toise. Elle attend réellement une réponse de sa part. « Je sais pas ce qui vous fait flipper, mais la fuite ça a plus tendance à donner l'air coupable qu'autre chose. C'est d'autant plus dommage que vous avez plutôt le beau rôle sur ce coup-là en fait... » Lucian sort un sourire crispé, presque exaspéré. Le beau rôle ? Il ne sait même pas ce que ça veut dire. Enfin si, il sait, mais il ne sent pas concerné. Ce genre d'acte ne rattrapera pas tous les autres, même s'il pense que la plupart le méritaient amplement. Et puis pour l'air coupable, il n'y a qu'à voir sa tronche et ses tatouages, tout chez lui fait penser à un type peu fréquentable. Avec sa mâchoire carrée et ses cheveux éparpillés, il fait plus penser à un voyou qu'à un bon samaritain. Il le sait bien pour en avoir très souvent joué, au départ sans le vouloir vraiment, puis en accentuant ce côté sombre. Aujourd'hui, il reste le même mais se moque bien de savoir comment cela va être interprété. Il sait même que certaines filles recherchent exactement ce frisson là, cette impression de flirter avec le mal. Pour le coup, cela l'arrange pas mal, c'est d'autant plus facile de les mettre dans son lit ces nanas là. Même si sans ça, il n'a pas vraiment de mal non plus. « Si tu crois que les flics font ce genre d'analyse, c'est que t'as encore pas mal de choses à apprendre ma grande », dit-il, un peu sec et un peu moqueur aussi. Il sait très bien ce qu'ils se diront en débarquant. Il ne se fait aucune illusion. Et il n'a aucune envie de leur expliquer qu'il a simplement cherché à défendre quelqu'un tout en subissant leurs regards perplexes. « Je suppose qu'on leur dira qu'on a eu l'aide d'un mystérieux inconnu qui refuse la gloire, n'est-ce pas ? » Le côté vengeur masqué, il n'est pas sûr d'être fan non plus. Mais c'est toujours mieux que l'étiquette qu'on lui colle depuis presque toujours. Quant à la gloire, il s'en tape complètement. Il ne retire aucune satisfaction de tout ça, sinon le fait d'avoir frappé un homme qui le méritait. Au contraire des fois précédentes, il n'en tirait aucun argent non plus. « Voilà, faites dont ça », lâche-t-il. « J'ai pas la carrure pour vous retenir de toute façon, ni vraiment envie, vous faites bien comme vous voulez. » Ça, c'est certain. Même en s'y mettant tous, il arriverait à s'en sortir sans une égratignure. Bon, peut être que la serveuse pourrait lui faire une griffure, et encore... Mais quand il observe les autres employés, il les sent surtout fébrile, limite soulagé qu'il puisse partir. Pourtant, à eux, il ne fera rien. Seule la jolie brunette reste face à lui, le provoque même légèrement. Difficile d'imaginer dans quelle posture elle se trouvait quelques instants plus tôt. « Vous pensez pouvoir vous en sortir avec lui le temps que la cavalerie débarque ? ». Il ne sait pas vraiment pour quoi il lui pose la question. Il devrait s'en foutre. Après tout, il a joué son rôle, si on peut le nommer ainsi. Il aurait tout aussi bien pu tourner les talons et les laisser se démerder. Mais quelque chose chez cette fille le pousse à s'en inquiéter. Elle a dû chien, elle a l'air capable de gérer, mais elle reste une femme plutôt frêle par rapport à un type comme le gars par terre.
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() message posté Mar 13 Fév 2018 - 22:34 par Sharona K. García-Brown
J'en ai rien à battre d'avoir envoyé ce type en taule et qu'il y retourne, je considère même pas que c'est moi qui suis responsable de ça aujourd'hui. Si ce type, l'armoire à glace, là, avait pas été là, je sais pas ce que je serais devenue, et ce mec à terre, il retournerait sans doute pas derrière les barreaux tout de suite. Alors j'ai pas vraiment de fierté à avoir de tout ça, puis ça m'intéresse vraiment pas. Par contre l'empressement de mon sauveur à vider les lieux, ça m'intrigue. Ca me regarde pas, pourtant, mais ça m'intrigue quand même. Alors j'ouvre ma - trop - grande gueule, comme d'hab', et je lui pose clairement la question. Ca a pas vraiment l'air de lui plaire.

« Si tu crois que les flics font ce genre d'analyse, c'est que t'as encore pas mal de choses à apprendre ma grande. »

Je peux pas m'empêcher de penser que ça dépend des flics. Que Frank la ferait, lui, cette analyse. Et que mon sauveur du jour a pas dû avoir la chance de tomber sur un type comme lui. Alors je lâche l'affaire, j'aurais pas de meilleure réponse, de tout façon. Et je me tourne vers mes petits camarades pour plus ou moins guider leurs propres discours à venir.

« Voilà, faites dont ça... »

De toute façon, faudra bien qu'on dise quelque chose, et je vais pas m'accrocher à la jambe de ce géant pour tenter vainement de l'empêcher de partir. Il m'enverrait valdinguer en moins de deux, et ça n'avancerait à rien. J'aime pas qu'on me dicte ma conduite ou me force la main, c'est pas pour le faire aux autres.

« Vous pensez pouvoir vous en sortir avec lui le temps que la cavalerie débarque ?
- Pourquoi vous posez la question ? Vous avez pas l'intention de rester de toute façon, ça changera quoi si on y arrive pas ? »

Réponse limite agressive réflexe. Je hausse les épaules, et mon regard tombe sur le mec inconscient.

« Ca devrait aller. Il est au pays des bisounours pour l'instant, et ils vont sans doute plus tarder... »

...parce que je serais pas surprise de voir Frank débarquer bien vite après que je lui aurai envoyé un message relatant rapidement les dernières dizaines de minutes qui viennent de s'écouler...

« Dans le doute, je garde une chaise pas loin, on sait jamais... »

Sourire carnassier, regard brillant de rage. Ce mec à terre, j'ai pas envie de lui laisser la moindre chance de me faire encore du mal. J'ai pas pu me défendre la première fois, j'ai été tétanisée quand il est entré tout à l'heure, mais il est purement et simplement hors de question que je le laisse prendre le dessus sur moi à l'avenir. Plus jamais ça. Bon, puis faut dire qu'avant qu'il arrive à bouger correctement, va y avoir du boulot, entravé comme il est...

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