Barbara - Rue de Siam.

Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).

Je me suis toujours senti l’âme d’un écrivain. Pourtant aujourd’hui, plantée devant mon ordinateur, aucune inspiration ne me vient, pas même pour une autobiographie. J’éteins mon ordinateur, ou du moins je pousse l’écran pour le mettre en veille, éteint la lumière et vais me coucher, dans mon énorme lit double. Etant capable de dormir avec ou sans bruit, je plante les écouteurs de mon lecteur pour écouter un peu de musique avant de m’endormir. Qu’écouter ? De la musique classique ? De la pop ? Une jolie musique triste ? Rien ne me botte vraiment. Décidée à lancer le lecteur en musique aléatoire j’appuie sur le bouton on, sans obtenir de réponse de sa part. Je lâche un soupir et pose mon lecteur sur ma table de nuit, tout en douceur mais en rogne. Je me lève de nouveau, prends l’ordinateur et lance la musique. Cette fois, ça fonctionne. Pourtant, impossible de trouver le sommeil. Mon fond d’écran, une photo de moi gamine avec mes frères et sœur me laissent bien triste, si triste est le mot qui convient. Je n’ai jamais été très famille, surtout depuis que mes parents ont divorcé, c’est-à-dire dès ma plus tendre enfance. Je suis la troisième de la fratrie, composée de quatre enfants.

Née le 28 Avril 1991, sous une traînée de pluie, mon nom est Barbara. Ma famille est en soi assez composite et cosmopolite, si on veut. Mon père est né d’une mère irlandaise et d’un père anglais, ce qui est assez singulier à l’époque, mais qui m’a toujours voulu beaucoup d’admiration. Ma grand-mère paternelle était quelqu’un de vigoureux, d’actif, et surtout de très engagée dans tout ce qu’elle faisait. Elle n’aimait pas se faire mener par le bout du nez, et entendait bien mener tout son petit monde et ses affaires à la baguette. C’est son côté combatif que j’ai toujours aimé. C’est comme cela qu’elle a pu se marier avec papy, et avoir ses enfants en toute sécurité. Elle était mal vue, certes, étant donné les rivalités anglo-irlandaises de l’époque, mais elle savait se faire aimer et accepter de son entourage. Ce fut, et cela l’est toujours, mon modèle de vie. Elle savait être autoritaire, mais elle savait aussi m’accepter dans ses jupons et me caresser les cheveux lorsqu’un caillou avait osé me laisser une plaie sur le genou. J’allais toujours chez eux lorsque j’allais en vacances, et beaucoup moins chez mes grands-parents maternels, qui me suscitaient déjà un peu moins d’admiration, bien que je les affectionne tout de même.

Ma mère m’a beaucoup cajolée lorsque j’étais petite, jusqu’à ce que ma petite sœur naisse et que les derniers problèmes de couple de mes parents n’achèvent leur union matrimoniale. Je ne m’en sentais pas spécialement responsable, j’étais assez mâture pour mon âge et je compris très vite que cela n’avait aucun rapport avec moi ou mes frères et sœur, mais je ne pouvais m’empêcher de les détester pour nous faire subir cela. C’est à ce moment de ma vie que j’ai commencé à en faire voir de toutes les couleurs à mes parents ; Du moins à ma mère, car mon père s’était exilé en France pour s’occuper d’un domaine viticole bordelais.

Jusque leur divorce et la naissance de ma sœur, qui furent leurs seules préoccupations jusqu’au divorce, j’étais une enfant sage, très précoce à l’école, et très mature. Mais je changeais vite de caractère. Je devenais entêtée, jalouse, curieuse aussi bien d’un point de vue positif que négatif, et l’un de mes grands-frères (le deuxième de la fratrie) fut le premier à qui je jetais mes regards foudroyants, celui-ci n’étant que trop rabat-joie à mon goût. Le premier quant à lui avait eu le droit à sa période de rébellion, ce qui l’autorisait à me laisser avoir la mienne.

Ma mère quant à elle, ne voulait rien laisser passer. Pourtant elle n’eut pas le choix. Je fis des choix contraires à ce qu’elle souhaitait pour moi. Je sortais avec des garçons immatures ou bad boys pour la rendre folle, faisais exprès de me faire remarquer à l’école tout en maintenant un parcours excellent, sortais jusque tard la nuit, lui répondais, m’exilais de la vie familiale, détestais mon deuxième frère et surtout ma petite sœur. Je leur menais globalement la vie dure. Lorsque je grandis, je n’avais pas décoléré. Pourtant la voie que je choisissais, loin d’être conforme à ce que ma mère exigeait et désirait pour moi, était une évidence pour moi. Je choisissais de mener des études d’histoire en parallèle à des études sur le monde asiatique. Etant plutôt en avance, je sortais à 22 ans de mon parcours universitaire, et me voyais proposé un poste de professeur de chinois dans un lycée, qui malheureusement ne dura qu'un an, ce qui l'encouragea à reprendre ses études, toujours en relation avec l'Asie mais davantage poussée vers l'histoire. Les chances de reprise d'études dans ce domaine étaient si peu étendues que je sautais sur l’occasion, , et malgré tout me calmais légèrement, des rêves de voyages et de lectures plein la tête, des tas d’horizons en perspective, et désirant quelques fois faire de moi un grand écrivain comme je les aimais. Après tout, beaucoup d’écrivains en ce monde sont des marginaux, ou plutôt des génies, même si l’un n’empêche pas l’autre. Je ne me prétends pas être un génie, mais je crois et j’espère avoir l’esprit assez clair et fou pour partir à la poursuite de mes rêves, et suffisamment de caractère (comme ma grand-mère) pour vivre ma vie comme j’aimerais la vivre.