look like barbie, smoke like marley (salomé)

C'était une nuit d'automne banale, l'hôpital était banal, toi aussi, tout comme ton nom de base Camille Balande. Alors qu'est ce qui allait mal pour qu'un an plus tard tu sois abandonnée dans un parc ? Tes parents, ce sont eux qui faussaient l'équation. Deux alcooliques un tantinet accro à la beuh, il y avait peu de chance qu'il sache s'occuper d'un bébé correctement. Les rendez-vous chez le pédiatre, les repas équilibrés et diversifiés, les tétines, les doudous. T'as pas connu tout ça avec eux, ils se débrouillaient avec les restes de fin de mois -s'ils en restaient- après qu'ils se soient fait plaisir sur les bouteilles et joints. Et au fur à mesure que leurs addictions grandissaient, l'attention qu'ils t'apportaient disparaissait. Jusqu'au point où tu n'étais plus leur enfant mais un fardeau qu'ils se trimballaient. Et un soir de décembre, saoulés et défoncés, ils t'ont laissée. Y avait plus que toi, une couverture et ton cosy. T'as eus le temps de dormir, pleurer, encore pleurer et redormir avant qu'un couple te trouve et te recueille. Les Alezra, ta mère, Florence Alezra, française de confession juive, âgée de quarante-six ans est avocate. Sa profession et son éducation ont fait d'elle quelqu'un de très droit et honnête. C'est une altruiste, si elle le pouvait, elle donnerait tous ses biens au tiers-monde. Bien plus qu'à toi. Elle est beaucoup dans tout ce qui est honneur, mérite. Ton père, Abdel Alezra, saoudien et musulman, âgé de cinquante-deux ans. Co-directeur et associé d'une société pétrolière saoudienne, n'était pas souvent à la maison. Il essayait de se racheter lors des anniversaires ou fêtes. Il te consacrait la plupart de son temps libre tout en ne s'intéressant pas à toi. Il parlait surtout de lui, de son boulot et de sa vie. Son truc c'était de te donner des leçons de vie sans s'intéresser à la tienne. Ils t'ont alors prénommée Salomé Ana-Rose. Tu ne penses pas souvent à tes parents biologiques. Tu iras peut être à leur recherche, un jour, tu aurais préféré vivre et grandir avec eux, même si tu remercies l'Univers de t'avoir donné un foyer et une famille.


Le lycée ou la période de ta vie qui te changea à tout jamais. Avant cette fameuse étape, tu étais juste Salomé, la fille qui était à ses cours de danse. Qui, pendant son temps libre jouait au sport du jour avec ses amis. Tu étais assez invisible, tu avais tes amis et il te contentait amplement. Même si tu rêvais secrètement de popularité, comme tous les gens de ton âge sûrement. Mais comme beaucoup d'enfants, tu n'as jamais rien fait pour en obtenir. Puis t'es allée en lycée privée, avec la crème de la crème de la richesse parisienne. Tu t'es vite sentie dans ton élément et tu es devenue quelque peu superficielle. Tu voulais qu'on t'admire et qu'on fasse attention à toi, alors tu faisais ce que personne n'osait. Des bêtises, plus ou moins grosses, qui t'ont menait à de vraies conneries, tu courais après cette image de « riche, populaire, badass et irrésistible. », ça a marché. Puis ta famille t'y as poussé aussi. Tu avais l'impression d'avoir une montagne de pression sur les épaules, il fallait que tu réussisses pour que maman et papa puissent citer tes exploits scolaires aux réunions de famille. T'aimais pas cet était d'esprit, toi t'avais rien à montrer. Pas de talents, ni de bonne notes. Une honte que tu ne pouvais cacher, elle te suivait constamment lors de ces rassemblements. Tu te voyais comme la tâche de cette parfaite “famille”. Puis un jour tu t'ais dit : " si je suis le vilain petit canard de la famille, autant l'être à fond " et t'es parti en vrille. Dès la première, tu t'es mise à dealer, d'abord dans ton lycée puis un peu partout dans Paris, t'allais dans des soirées avec un stock et t'écoulais le tout. Tu vivais pour ce danger qui manquait dans ta vie de petite bourge parisienne. Peu à peu, tu t'es fait de plus en plus de mauvaises fréquentations jusqu'à rencontrer, en terminale, le leader de ton groupe de dealeurs. Il avait craqué pour toi. Son amour et attirance, était à sens unique. C'est peut-être là que les choses ce sont vraiment compliquées. Niveau cours, tu séchais quelques heures. Tu essayais d'être sérieuse, en apparence du moins. Tu as passé ton bac ES en candidat libre vu tes notes, tu as quand même réussit à l'avoir avec la moyenne.


Tu continuais ta petite vie remplie d'illégalité sous le pseudonyme d'Ana. Tes parents pensaient que tu cherchais ta voie, que tu étais en stage ici et là, alors que tu te fumais un joint en bas des blocs. Tu avais commencé à dealer pour le danger et l'adrénaline, mais tu ne t'attendais pas à ce que tu sois parfois en réel danger au point ou ta vie était sur le fil de la mort. Tu avais réellement peur de quitter le groupe à cause de Nos, le leadeur. Tu avais l'impression qu'il avait une épée Damoclès au-dessus de ta tête et que si tu tentais quoi que ce soit qui pouvait l'offenser, c'était la fin pour toi. Tu étais sa propriété, tu étais à lui. Il n'avait jamais rien fait, mais certains regards, certaines caresses ou phrases t'avaient tout de suite fait comprendre ta place. À une énième soirée de vente, après l'effort, le réconfort. Tu t'amusais, ton sang imprégné d'alcool et le cerveau de beuh, tu te déchaînais sur le rythme endiablé de Work de Rihanna. Un peu dans les vapes, tu avais mis du temps à sentir le corps musclé de Nos se frottait contre toi. Apeurée tu ne bougeais plus trop. Brutalement, il engagea un baiser coupant ta faible respiration. Tu avais réellement peur qu'il ne t'oblige à passer aux choses sérieuses dans les toilettes. Effrayée, tu ne résistais pas sans rien donner en retour. Tu restas statique alors que ton cerveau semblait enfin se réveiller sentant le danger. Il essayait tant bien que mal de trouver une solution. Après quelques secondes, alors que les mains de Nos commençaient à se balader un peu trop loin, tu simulas le début d'un vomissement. Quelque peu dégoûté et réticent à te laisser partir, il finit par le faire, tu finis par t'enfuir de la soirée. Soirée qui t'avais poussé un peu plus à le balancer. Puis un jour où cette fois-ci tu étais guetteuse, un assaut de la BAC fut lancé. Tu alertas les autres, mais tu te fis vite attraper par un policier. Depuis cinq ans que tu étais dealeuse, c'était la première fois que tu te retrouvais en garde à vue. T'avais vingt ans donc majeure et vaccinée mais tu n'imaginais pas avoir un casier que peut-être tes parents allaient découvrir. Et lorsqu'on te proposa d'être une indic' afin de démonter le réseau, tu acceptas la proposition à condition que les charges contre toi soient abandonnées. Chose faite, tu donnas des informations à la police sur les soirées, les lieux d'échanges etc.. tout en t'éloignant petit à petit du groupe. Tu savais bien qu'ils comprendraient en deux temps trois mouvements que tu les avais trahis et Paris te semblait si petit maintenant que tu avais des ennemis. Tu te sentais prise au piège dans cette ville que tu adorais pourtant tellement. Su un coup de tête, après avoir vidé ton compte et rassemblé quelques affaires, tu pris la direction de la gare et sautas dans le premier train que tu vis. En l'occurrence, celui-ci t'emmena à Londres.


Londres. Te voilà aux porte de la gare King's Cross. Tout te parait si grand, ton premier réflexe a été de faire du tourisme, parcourir les quartiers, à la recherche d'un appartement. Tu trouvas un appartement abordable dans Camden Town, c'est là où tu t'installas d'abord. Tu essayais d'économiser l'argent que tu avais emmené avec toi. Pour certain c'était une grande somme mais par rapport au luxe dans lequel tu vivais d'habitude, tu avais l'impression d'être pauvre. Accro aux marchés d'antiquités de Notting Hill, ne voulant pas dépenser tes économies, tu te mis à travailler en tant que serveuse dans l'intention de pouvoir obtenir les biens que tu avais repéré. Mais l'argent mettait du temps à apparaître et un soir, après avoir regardé le film Sugar Babies, l'idée de te lancer dans cette activité te vins. Tu avais la beauté, le caractère et des soucis d'argent. Tu t'inscris vite sur un site spécialisé, cette fois sous le pseudonyme de Rose. Tu enchainas rapidement les rendez-vous et soirées. Il t'arrivait parfois d'aller déjeuner puis diner avec deux clients différents. Au début tu étais mal à l'aise puis tu t'es vite fait à l'idée. Tes tarifs ont vite augmentés, tout comme ton aisance avec tes clients. Voyages, soirées, galas, diner, déjeuner, tu étais ouverte à tout. Tu offrais même quelques caresses et baisers sans jamais pour autant aller plus loin. Depuis peu, tu as emménagé dans un loft à Kensington grâce à l'argent que tes centaines de rendez-vous t'ont apportés en plus de tes économies qui lors de l'achat t'ont paru plus importante que lors de ton arrivée. Cette nouvelle activité ne t'as tout de même pas empêché de continuer ta vie de débauche entre les soirées alcoolisés, les joints que tu ne comptes même plus. Malgré ton attachement à ta vie actuelle, tu regrettes d'avoir du laisser tes parents et amis à Paris sans même leur avoir dit au revoir.