"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici [Terminée] Richard "Rick" Lambert 2979874845 [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1973890357
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[Terminée] Richard "Rick" Lambert

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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:31 par Invité

Richard Georges Lambert

Maintenant tu prends surtout du bide, tu prends des rides
NOM(S) : Lambert PRÉNOM(S) : Richard, aka Rick, ou Ricky pour quelques vieux copains ÂGE : 59 ans cette année. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : Rick est né le 5 décembre 1958 à Sheffield, ville industrielle du nord de l'Angleterre. NATIONALITÉ : Britannique STATUT CIVIL : Divorcé. Sa faute à elle. C'est pas une honte, ça ? Après douze ans d'amour, après dix ans de mariage et de vie plus ou moins commune, après avoir fabriqué deux mômes, tout foutre en l'air comme ça soi-disant parce que leur relation était "malsaine", parce qu'ils "se tiraient vers le bas" et qu'il fallait bien que l'un d'eux "essaie de mettre sa vie en ordre et d'arrêter de boire" au moins pour "le bien des enfants" ?...

MÉTIER : Bosse dans un dépôt-vente quelques heures par semaine. Le boulot est simple, d'autant qu'en raison de son âge il a réussi à se faire exempter du déchargement des camions ; lui, il se contente de tenir la caisse et de griffonner des prix sur des étiquettes qu'il colle sur les meubles dépareillés, les jouets probablement hantés, les bouquins jaunis et les appareils électroménagers graisseux que toutes sortes de personnes leur laissent régulièrement entre les pattes. C'est une bonne planque, le salaire est maigre mais il a la paix. Le petit jeune qui gère le hangar est un cheffaillon en puissance malgré ses dreads blondes et ses gros pulls en laine, mais il déploie tant d'efforts à refouler son autoritarisme qu'il n'ose jamais emmerder Rick lorsque celui-ci prend des pauses interminables ou met un temps délibérément long à effectuer les tâches les plus simples. Ça fait marrer Rick, de voir le gamin se battre ainsi contre ses instincts, c'est pour ça qu'il le provoque. Peut-être qu'un jour il craquera et le foutra à la porte, mais Rick s'est fait virer tant de fois dans sa vie qu'il n'est plus à un licenciement près. De toute façon, il s'en sort toujours.

TRAITS DE CARACTÈRE : Rick s'en fout. De quoi ? Oh, de presque tout. Il se fout de l'état du monde, de celui de son foie, il se fout de l'avenir et il fait son possible pour se foutre du passé, aussi. Atteindre un tel niveau de cynisme, ça demande du travail, surtout quand on ne l'a pas toujours été, cynique, surtout quand au fond on a toujours des traces de ce vieil optimisme qu'on brandissait comme un étendard à seize ans, à vingt, à vingt-cinq et qui encore aujourd'hui nous fait serrer le poing, parfois, quand on n'y prend pas garde, comme un membre fantôme qui vient nous foutre un coup de jus spectral dans les neurones. Mais les grandes causes, les belles idées et la colère créatrice sont d'un autre temps, d'une autre époque, et Rick les a troquées contre un joyeux nihilisme et une application entêtée à vivre dans et pour le présent. Résolument hédoniste, Rick vit pour le plaisir immédiat, avec peu de considération pour l'avenir.

C'est un homme simple, au fond, qui tire plaisir de petites choses. L'alcool, la bouffe, la musique. Des gens à qui parler, et surtout qui l'écoutent. Rick aime avoir un public, être au centre de l'attention. Il renvoie l'image d'un homme excessivement sûr de lui et de ses opinions  jusqu'à l'arrogance, sourd à la critique et à la contradiction. Cette vanité est en grande partie une défense qu'il a construite au fil des années pour combler les failles d'une estime de soi lacérée par de trop nombreux échecs, mais qui s'est petit à petit intégrée à sa personnalité de façon quasi-homogène au point qu'il n'a plus réellement conscience de sa nature artificielle.

Rick ne supporte pas d'être critiqué ou mis en difficulté. Il fait son possible pour éviter les situations où il risquerait d'être pris à défaut, de ne pas savoir comment réagir, d'apparaître incompétent ou limité, notamment intellectuellement. Lorsque les choses deviennent trop sérieuses, trop dangereuses, il choisit la fuite ; s'il n'arrive pas à faire quelque chose, il l'abandonne plutôt que d'avoir à se confronter à l'échec. Il se remet rarement en question, et parvient toujours, par des pirouettes rhétoriques, à se convaincre lui-même que ses erreurs n'en sont pas.

GROUPE : Walk on a line. Il n'a pas racheté de voiture depuis qu'il a planté la dernière contre un platane il y a deux ans après une matinée bien arrosée. Et puis il aime traîner ses semelles sur les trottoirs, respirer les exhalaisons des pots d'échappement et des lavomatics, emmerder les gens pressés en marchant lentement au milieu des trottoirs étroits. Il n'y a qu'en y marchant qu'on peut vraiment faire l'expérience d'une ville. Surtout au petit matin. Il n'y a rien de plus beau qu'une ville juste avant l'aube.



My style, my life, my name



1. Les mains

Allongé par terre sous la table du salon qui faisait comme une cabane autour de lui, le gamin maigrichon était absorbé dans la lecture d'un album illustré qui parlait de pirates, de trois-mâts et de mutineries. Il avait étalé un manteau sur le carrelage froid, ses lunettes trop grandes - "elles dureront plus longtemps" - glissaient sur son nez mais c'est vrai que c'était plus facile de lire avec que sans. Il refusait de les mettre à l'école parce qu'il se faisait déjà bien assez emmerder comme ça par les autres, il aurait plus manqué qu'ils sachent qu'il était myope en plus d'être petit et trouillard ; mais du coup il se chopait tout le temps mal à la tête et le Maître était persuadé qu'il était un peu attardé, parce que depuis le fond de la classe c'était pas facile de voir ce qui était écrit au tableau alors tout le monde pensait qu'il lisait juste très mal.

Peut-être qu'il avait un peu raison, quand même, le maître. Pas par rapport à la lecture, parce que Richard ne lisait pas plus mal qu'un autre, c'était vraiment la faute des lunettes s'il donnait cette impression ; mais c'est vrai qu'il écrivait mal, il avait du retard là-dessus, sa main se crispait quand il devait tracer des lettres et il devait se concentrer pour qu'elle fasse ce qu'il voulait d'elle, et plus il se concentrait plus elle se crispait jusqu'à lui faire mal et les mots sortaient trop grands et de traviole. C'était plus facile de la main gauche, mais lorsqu'il avait commencé l'école et que le maître de l'époque l'avait vu faire, il l'avait engueulé et lui avait collé des punitions jusqu'à ce qu'il apprenne à se servir de l'autre.

Aujourd'hui Rick se l'était bousillée, sa main droite. Broyée dans une machine lorsqu'il bossait à l'usine, os brisés, ligaments pétés, un mal de chien pendant des mois mais une pension d'invalidité qui lui avait permis de se la couler douce pendant pas loin de dix ans avant que le gouvernement n'en durcisse les conditions d'accès et ne la lui retire. La cicatrice que l'accident lui avait laissé était laide et ses doigts étaient gourds, rigides ; mais d'une certaine façon, lorsque ça le lançait parfois sans prévenir, dans la rue, dans la nuit, la douleur avait comme un petit goût de revanche.

2. Les poings

Comme Rick était un gamin faiblard, timide et empoté, son ancien soldat de père l'avait inscrit à des cours de boxe thaïlandaise. Les sports de combat, ça forgeait le caractère ; s'il apprenait à se défendre, peut-être serait-il un peu moins manche. Rick s'était pris plus de coups qu'il n'en avait donné, les premiers mois, et il avait supplié son père de le laisser arrêter. Mais Georges Lambert s'était montré inflexible, et Rick avait encaissé vaillamment, un an, deux ans, six ans. À quinze ans, alors qu'il venait de débarquer au lycée, il avait étalé un type qui avait voulu essayer de l'intimider d'un crochet du gauche que l'autre n'avait pas vu venir. Personne n'avait plus osé l'emmerder après cela, et il s'était dit que ça n'avait peut-être pas été une si mauvaise chose, les cours de boxe. Il se l'était redit à dix-neuf ans, lorsqu'il avait éclaté le nez d'un type qui avait voulu lui arracher son duffel bag. Et à vingt-deux ans, lorsqu'une violente bagarre avait éclaté dans la cave d'un bar où il était venu assister à un concert, qu'un type était reparti en ambulance et était mort à l'hôpital mais que lui s'en était sorti presque indemne grâce aux réflexes acquis sur le ring.

3. Le talent

Dans sa jeunesse, Rick s'était découvert une multitude de passions et avait cru, dur comme fer, qu'il pourrait percer dans chacun des champs qui piquaient son intérêt. La musique, la peinture, la poésie, la mécanique... Il s'était lancé dans chaque nouveau hobby avec enthousiasme et une confiance arrogante en son talent. Le public, les professionnels, les professeurs à qui il avait été amené à démontrer ses habiletés avaient systématiquement tempéré ses ardeurs ; il avait été contraint de réaliser qu'il ne serait pas le prochain Clapton, le prochain Van Gogh, le prochain Raimbaut. Il était quelqu'un de profondément moyen. Et comme il était incapable de travailler à s'améliorer, de palier à un manque de talent naturel par une pratique rigoureuse, il avait abandonné chaque discipline dans lesquelles ses réalisations n'avaient pas rencontré l'adhésion de ses pairs et enrobé chaque échec de récits élaborés sur son génie incompris, fauché tragiquement par la médiocrité des hommes.

4. Les femmes

Il avait toujours rencontré deux problèmes majeurs en ce qui concernait les femmes.

Le premier était qu'il avait des goûts de luxe et ne jetait son dévolu que sur les plus belles, celles dont les jambes immenses happaient le regard et le conduisait, de cheville en mollet, de genou en cuisse jusqu'à des culs statuaires, celles dont le galbe des seins se dessinait sous le tissus léger des chemises à peine entrouvertes et dont la conscience de leur beauté fait brûler les regards d'assurance et de mépris.

La seconde était qu'il avait toujours été un peu trop romantique pour son propre bien ; pour se frayer un chemin dans leurs draps, il tentait de les séduire. Il jouait les parfaits galants, cherchait à les charmer, à se montrer drôle, fin, à s'intéresser à elles, à leurs passions et à leurs petites vies, à faire étale de sa culture, de son romantisme et de son intelligence. Mais cette stratégie n'était pas la plus payante. S'il n'était pas laid, il n'était pas non plus beau ; trapu, mal dégrossi, le visage long et le nez épaté, la bouche tombante et les cheveux gras, ses efforts de séduction provoquaient plus souvent le rire que le trouble chez les femmes qu'il convoitait. Son adolescence avait donc été désespérément chaste et il n'avait pu se libérer de son pucelage et de sa frustration qu'à l'âge embarrassant de vingt-deux ans, auprès de la frangine de son pote Jimmy.

Il avait fini par comprendre ses erreurs et par y remédier. Pour être sûr de réussir son coup, il ne devait pas viser les canons. Non, mieux valait jeter son dévolu sur les pas tout-à-fait belles, les à-peine-mignonnes, celles qui avaient un défaut, un nez trop grand, des cheveux trop crépus, des seins trop petits, ou trop gros. Ces filles-là étaient toujours reconnaissantes de se voir accorder de l'attention par un mâle, et il n'était pas bien difficile ensuite de les amener à prouver cette reconnaissance en actes. Quant aux belles, elles n'étaient pas inaccessibles ; la subtilité résidait dans la façon de les aborder, il ne fallait pas les charmer comme il avait tenté de le faire maintes et maintes fois, mais les traiter comme des merdes. Se montrer moqueur, sarcastique, corrosif, les faire douter d'elles-mêmes, se reconsidérer, les déstabiliser jusqu'à les faire tomber de leurs piédestaux, elles si habituées à ne voir les hommes leur montrer que déférence et empressement. Le tout sans oublier de leur faire sentir, par un regard, par une posture, par une parole même, que derrière la condescendance qu'elles inspiraient se terrait un désir qu'il ne tenait qu'à elles de faire sortir de sa tanière. Cette méthode n'était pas infaillible, mais elle lui avait plutôt réussi dans sa jeunesse. Ah ça, il les avait bien rattrapées, ses deux décennies d'abstinence.

Aujourd'hui, il n'était plus aussi vif qu'avant ; à vrai dire, il n'avait plus l'envie ou l'énergie de séduire qui que ce soit. Ce qui ne l'empêchait pas de se rincer l'oeil, de contempler toutes ces filles qui offraient généreusement aux regards de vieux salauds comme lui les courbes de leurs corps.

5. Sa femme

Il l'avait rencontrée dans un bar, il avait vingt-quatre ans, elle en avait vingt-six. Elle était belle comme un graffiti dont l'explosion des couleurs illuminerait les murs tristes d'une ville trop grise, comme la mer qui surgirait sans prévenir dans le paysage qu'on regarderait distraitement défiler à travers les vitres sales d'un train. Elle buvait plus que lui, elle riait à pleine voix, elle baisait à plein corps, il s'était fait tatouer son nom sur le bras pour que tout le monde puisse le lire, pour le balancer aux yeux du monde, que cette fille-là c'était la sienne ; elle s'était fait tatouer le sien sur la cuisse, à l'intérieur, là où la peau est fine et douce et délicate, son nom en lettres bancales, noires sur brun, là où lui seul pouvait le voir, pour lui murmurer dans l'intimité qu'il était sien.

Le tatouage était un peu délavé, maintenant, mais il était toujours là, sur son bras. Pas question de le barrer, pas question de l'effacer, de le recouvrir. Malgré leurs voeux, ce n'était pas la mort mais la vie qui les avait séparés ; mais son nom gravé à l'encre bleue, tissé dans ses fibres à coups d'aiguille à coudre chauffée à la flamme d'un Zippo qui puait l'essence, le témoin de la passion qui les avait animés, il le garderait sur sa peau jusqu'à ce que les vers la bouffent.

Il se demandait parfois si elle avait gardé le sien.

6. Les Petits

Le Petit était arrivé le premier. Il les avait pris par surprise, ils vivaient chez sa soeur à elle, un canapé-lit sur une mezzanine, ils voyaient que la soeur commençait à ne plus les supporter et qu'elle ne tarderait plus à les foutre à la porte mais ils étaient bien décidés à profiter d'elle jusqu'au bout. Il bossait sur les marchés, deux jours par semaine, elle faisait des ménages, de temps en temps, ils buvaient beaucoup, ils fumaient trop, personne ne leur avait dit que ce n'était pas l'idéal pour le bébé.

Ils s'étaient dégoté un appart, par chance et par hasard, celui d'un pote parti sans prévenir faire le tour du monde et qui leur avait laissé les clés. Le Petit avait débarqué un jour de Mai. Fripé, crispé, écarlate. Rick était sceptique, un peu effrayé ; pas elle, elle elle était radieuse, illuminée comme si le petit machin qu'on avait collé contre ses glorieux seins était la réponse à toutes ses questions. La Petite s'était pointée deux ans plus tard.

Rick les trimbala, bébés, emmaillotés contre son torse. Il les emmena au parc, à la plage, au bistrot, il leur raconta des histoires et répondit à leurs questions quand ils furent assez grands pour en poser. Il alla s'abrutir à l'usine pour leur payer à bouffer et des cartables Spiderman et des leçons de piano. Il picolait, mais c'était sous contrôle - jusqu'à ce que ça lui coûte une main.

Ils avaient sept et quatre ans au moment du divorce.

Rick n'avait pas eu la garde, il ne l'avait pas demandée, il les voyait une semaine sur deux, un mois pendant l'été, c'était douloureux, ce n'était pas eux qu'il voulait, c'était leur maman.

Il les avait aimés lorsqu'ils étaient petits, curieux et naïfs. Il se rendit compte à mesure qu'ils grandissaient qu'il perdait de plus en plus son intérêt pour eux. Il n'était pas sûr que ce soit normal, mais il était si souvent torché à cette époque que ça ne le préoccupait pas tant que ça. Il faut dire que les Petits étaient devenus de vraies personnes, sans le prévenir, et que Rick ne supportait pas leurs personnalités. Le Petit était sérieux, sûr de lui, déjà boursouflé de certitudes. Il voulait devenir banquier. La Petite était ingrate, moralisatrice, apitoyée sur son sort. Elle lui reprochait ses absences, ses excès. Elle voulait faire dans le social, aider les enfants qui n'avaient pas de chance dans la vie parce qu'ils étaient nés dans des familles de merde, parce que leurs parents les avaient bousillés. Il lui aurait bien foutu une paire de baffes, mais ça n'aurait fait que la conforter dans son délire de persécution.

7. La liberté

À dix-huit ans, au sortir de l'école, le père de Rick l'avait fait embaucher à l'aciérie où il travaillait depuis des années. Rick avait démissionné au bout de quelques jours. Si tu veux continuer à vivre dans cette maison, tu vas te trouver un travail et payer ta part du loyer, avait gueulé son père ce soir-là lorsqu'il était rentré de l'usine.

Rick avait préféré se barrer. Son sac était prêt depuis la veille.

8. Le travail

Maçon. Barman. Homme de ménage. Ouvrier. Petit dealer. Peintre en bâtiment. Conducteur de grue. Contrôleur dans le métro londonien. Assisté, parasite, bon à rien engraissé aux allocs. Vendeur à la sauvette. Maraîcher. Employé de dépôt-vente.

9. Les chevaux

Rick avait toujours été fasciné par les chevaux. Il n'arrivait pas à comprendre comment tout le monde pouvait penser que c'était un truc de gonzesses ; quoi de plus viril qu'un cheval ? L'image même de la puissance, de la fougue, de la liberté ! Gamin, il s'imaginait cow-boy. Adulte, il avait toujours cette fascination à l'idée de foncer à toute allure dans une plaine infinie sur le dos d'un canasson musculeux, avec le vent, la poussière qui vole et tout le cinéma. Il était amateur des courses hippiques, parieur hebdomadaire, mais ce n'était pas pareil de les voir tourner en rond sur une piste, ce qui le faisait rêver, lui, c'étaient les grands espaces et l'horizon à perte de vue, alors il rêvassait dans le brouhaha du PMU et s'imaginait que le sable de l'hippodrome était celui d'un désert immense.

10. L'alcool

Ils lui disaient tous qu'il avait un problème avec l'alcool. Quelle connerie. L'alcoolisme n'était qu'une invention des rebouteux modernes pour faire croire aux pauvres qu'ils étaient souffrants, malades, afin qu'ils rentrent volontairement dans les clous, qu'ils se fassent soigner, qu'ils redeviennent dociles et sous contrôle. Pas question que la populace s'évade ou s'amuse ! Faisons de toute forme de fête une pathologie ! Non, Rick buvait parce qu'il aimait boire, et parce que l'alcool le rendait heureux. C'était un choix libre et éclairé, et il emmerdait tous ceux qui osaient faire des commentaires à ce sujet.


PSEUDO : Lilith PRÉNOM : Camille ÂGE :  23 PERSONNAGE : inventé. Je recycle une idée de perso que j'avais vite fait jouée sur un autre forum mais abandonnée trop vite faute de temps. AVATAR : Tim Burton  CRÉDITS : Mmmmh... J'ai pas été voir, c'est une photo que j'ai chopée sur Google. À vérifier. COMMENT ES-TU TOMBÉ(E) SUR LC ? : Top CE COMPTE EST-IL UN DOUBLE-COMPTE ?: Nah



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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:31 par Invité
At the beginning



- Je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis foutu.


Rick leva les yeux au ciel. Il était venu au bar pour boire quelques bières et regarder la course, il avait parié sur un cheval peu côté mais qui, il en était persuadé, avait de bonnes chances de l'emporter ; mais d'une manière ou d'une autre, voilà qu'il se retrouvait à jouer les thérapeutes pour son voisin de comptoir. Un petit jeune, bien propre, les traits encore juvéniles sous une barbe de trois jours qui n'arrivait pas tout à fait à le vieillir, qui avait débarqué dans le bistrot tout dégoulinant de la pluie sale qui tombait sur Londres depuis la veille avec un sac à dos de baroudeur ou de clochard et un air misérable sous ses cheveux blonds. Il avait visiblement envie de parler, le gamin, et Rick avait pendant un temps délibérément ignoré ses soupirs accablés et les lamentations qu'il n'adressait à personne mais espérait sans aucun doute qu'elles suscitent une réaction de sa part, seul autre client accoudé au comptoir. Et puis la course s'était achevée, et comme Rick n'avait pas grand-chose de mieux à faire, il s'était décidé à demander au gosse ce qui n'allait pas. Celui-ci n'attendait visiblement que ça et s'était empressé de lui expliquer sa situation.

- Ma copine m'a quitté. Toutes mes affaires sont dans ce sac... Je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas où aller... Il pleut, vous voyez, et j'ai pas d'amis dans cette ville, j'étais venu ici pour la retrouver, ça ne faisait que trois semaines qu'on vivait ensemble... Comment est-ce qu'elle a pu me faire ça ? Qu'est-ce que je vais devenir, la nuit va tomber, où est-ce que je vais dormir...

Ah ! Rick émit un grognement de sympathie. Il avait pensé que le gamin était l'un de ces jeunes voyageurs idéalistes qui, après avoir atteint la vingtaine et échoué à leurs premières années de fac, décidaient de faire un tour du monde qui bien souvent se terminait après quelques pérégrinations dans deux-trois pays d'Europe de l'Est et un saut en Thaïlande, au terme desquels, satisfaits, ils s'en retournaient vivre dans le confort de l'appartement que leurs parents s'éreintaient à leur payer. Mais cette histoire était bien plus respectable à ses yeux, et il se prit d'un regain d'intérêt pour le gamin.

- Quelle salope, dit-il avec un hochement de tête entendu.

Le gamin eut un gémissement désespéré.

- Bon, allez, écoute. Les femmes, ça fait souffrir. Les femmes, c'est dix pour-cent de passion et de bonheur et d'extase, et tout le reste c'est de la souffrance, rien que de la souffrance. T'as, quoi, vingt ans ?

Le gamin hocha la tête, sembla prêt à préciser cette affirmation mais Rick s'en foutait et le coupa dans son élan.

- Alors c'est une bonne chose. Il faut que tu commences tout de suite à te prendre des coups, parce qu'ils vont continuer à pleuvoir, crois-moi, et plus tu commences tôt, plus tu seras préparé pour les suivants. Ils feront pas moins mal, mais au moins tu les verras venir. C'était ta première ?

- Oui... Angela... On s'est connus au lycée, on s'est mis ensemble l'année dernière... Je l'aime, putain...

Avec un nouveau grognement de sympathie, Rick prit une grande lampée de bière. Il se souvenait de son premier amour - Margaret, ils avaient dix-sept ans, il s'était emballé. Il avait tout investi dans cette relation, il aurait tout donné pour cette nana, il lui avait fait peur, elle l'avait quitté. Il avait cru qu'il ne s'en remettrait jamais.

- Tu t'en remettras. Crois-moi. La meilleure, la bonne, la seule qui te convient, elle arrivera plus tard. Ton Angela, c'était un premier jet, un brouillon, mais quand tu te retrouveras devant l'oeuvre d'art qui va changer ta vie tu le sauras et elle te fera oublier toutes les autres.

Et si tu fous tout en l'air et qu'elle te quitte, celle-là, tu ne t'en remettras pas. On n'a qu'une seule chance en amour.

Rick fit signe à la petite barmaid pour qu'elle remplisse son verre, lui intima d'un mouvement de tête de servir aussi une petite blonde au petit blond, en passant.

- Bon, tu n'as vraiment nulle part où dormir ce soir ?

Le gamin poussa un nouveau gémissement.

- Alors prépare-toi à une bonne vieille nuit à la dure. Trouve-toi un coin abrité. Mais attention ! Pas dans un coin trop calme, évite les parcs, les ruelles, tu vas te faire dépouiller, surtout avec tes affaires neuves et tes fringues propres. Une rue passante, un boulevard, c'est mieux, et t'inquiète pas, les flics viendront pas t'emmerder si tu es calme et que tu te contentes de dormir, si t'es pas trop bruyant ou trop déglingué. Fais un coup de manche demain matin, t'as l'air jeune et pas menaçant, tu devrais pouvoir avoir de quoi te payer un billet de train avant midi et tu n'auras plus qu'à rouler jusqu'à chez papa et maman.

Rick avait un peu connu la rue, dans sa vingtaine agitée, à l'époque où il se laissait porter uniquement par ses envies et les rencontres qu'il faisait, préférant une certaine précarité à l'asservissement volontaire que d'aucuns appelaient stabilité. Il lui était arrivé de passer des nuits dehors à des âges plus avancés, aussi, c'est vrai, quand, trop torché pour rentrer jusque chez lui, un coin de trottoir semblait soudain un choix de literie tout à fait pertinent.

Le petit jeune gémit à nouveau, longuement, et vida la moitié de sa pinte sous le regard appréciateur de Rick.

- Non... Justement... Je ne peux pas faire ça !

Rick haussa un sourcil.

- Pas faire quoi ? Dormir dehors ? Désolé mon petit poto, mais t'as pas vraiment le choix.


- Non ! Rentrer chez mes parents. Je ne peux pas rentrer chez mes parents. Ils m'ont viré de la maison, admit le gamin d'un ton pitoyable.

Rick hocha gravement la tête. Ses parents à lui ne l'avaient pas foutu à la porte, il l'avait prise tout seul, de lui-même. Il ne les avait pas vus pendant des années, après ça - quatre ans ? Cinq ? Il était retournés chez eux à Noël, l'année où il avait rencontré sa femme, qui ne l'était pas encore, bien sûr. Il se souvenait du choc que ça lui avait fait, de revoir son petit frère ; celui-ci était encore un môme lorsqu'il était parti, il avait quoi, dix ans ? Il l'avait retrouvé en ado dégingandé, les cheveux longs, la voix grave et la lèvre surmonté d'une petite moustache duveteuse. Il avait été content de le revoir, son petit frangin. C'était sans doute la seule chose qui avait rendu plus ou moins supportable le fait de revoir son père. Georges Lambert, l'ouvrier, le patriarche, tout rigidifié par les valeurs, la morale et la droiture dont il se targuait d'être investi et les années passées en uniforme, avait vu d'un mauvais oeil le retour au bercail de ce fils aîné à qui il avait donné son prénom, qu'il avait espéré son digne successeur et un exemple pour son cadet mais qui avait craché sur toute l'éducation qu'il avait tâché de lui transmettre en claquant la porte de la maison à dix-sept ans. Il l'avait accablé de remarques acerbes, de critiques, auxquelles Rick avait répondu par un flegme moqueur. S'il ne s'était pas pris une droite, c'était sans doute uniquement dû au fait que le père n'avait pas voulu heurter la mère en cette période sacrée des fêtes.

- Pourquoi est-ce qu'ils t'ont mis dehors ?

Le petit jeune leva vers lui des yeux humides.

- Parce qu'ils aimaient pas ce que je faisais de ma vie... Parce que d'après eux, à vingt-quatre ans, je devrais être indépendant et chercher du travail et pas passer mes journées devant des jeux vidéo.

Pardon ? Rick éclata de rire. Ah, merde, il s'était laissé embarquer, il avait même éprouvé de la sympathie pour le môme, imaginé des points communs entre leurs histoires ! Mais il ne s'était pas fait foutre à la porte par rébellion contre la rigidité et l'étroitesse d'esprit de sa famille, ce petit con. Il lui rappela soudain le Petit au printemps de ses douze, treize ans. Rick les avait récupérés tous les deux, lui et sa soeur, pour une semaine pendant que leur mère se faisait opérer- il était mort de trouille pour elle et aurait préféré être à son chevet, mais le beau-père des Petits occupait déjà la place qui aurait dû être la sienne. Rick ne travaillait pas, à l'époque, vivotait de sa pension d'incapacité, et elle avait considéré qu'il avait tout son temps pour faire du baby-sitting. À peine monté dans la voiture, le Petit avait allumé sa game-boy et s'était mis à jouer à il ne savait quel jeu aux effets sonores suraigus. Arrivé dans l'appartement de Rick, il s'était immédiatement vautré dans le canapé pour continuer sa partie. Le manège avait duré trois jours, c'est à peine si le Petit avait décollé les yeux de son écran pour manger, avant que Rick ne craque.

Il avait décidé ça sur un coup de tête, les Petits étaient couchés et lui sirotait un whisky dans la cuisine. Soit le Petit le faisait tourner en bourrique, soit il était complètement abruti. Dans un cas comme dans l'autre, c'était le devoir de Rick, en tant que père, d'agir. Il s'était levé, avait réveillé les Petits, les avait traînés encore endormis et désorientés dans la voiture, ceinturés à l'arrière et avait démarré le moteur. "On part en vacances", avait répondu Rick à leurs interrogations. "Mais non, c'est pas grave de louper l'école. Si vos profs vous engueulent vous m'appelez." Les Petits avaient fini par s'endormir, lui avait roulé plusieurs heures, la radio en copilote. Ils étaient arrivés au bord de la mer un peu avant l'aube. Encore à moitié endormis, les Petits étaient sortis de la voiture dans l'air froid et iodé de la côte, et tous trois s'étaient assis au bord de la falaise, les pieds ballants, observant les étoiles qui s'effaçaient à mesure que s'éclaircissait le ciel. Rick leur avait expliqué que le soleil allait bientôt se lever, par-là - bras tendu vers l'horizon -, ouvrez grand vos mirettes, comment ça t'as froid, ouais c'est vrai que vous êtes en pyjama, va voir dans le coffre y a une couverture.

Ils avaient attendu que le soleil se soit élevé au-dessus de la ligne d'horizon pour repartir. Avant de remonter dans la voiture et de rouler vers le village d'à côté pour prendre un petit-déjeuner au café de la grande place, Rick avait sorti dramatiquement de sa poche la game-boy qu'il y avait fourrée et, avant que le Petit ne comprenne vraiment ce qui était en train de se passer, l'avait balancé d'un grand geste dans la flotte.


- Il faut que j'aille aux WC, vous pourriez surveiller mes affaires ?

Rick hocha la tête et le petit blond, l'air soulagé, s'engouffra dans le fond du bar. Se faire virer de chez lui allait lui faire les pieds. C'était une bonne chose, ça lui apprendrait un peu la vie. Et Rick allait mettre sa petite pierre à l'édifice de son éducation.

Il finit sa pinte en quelques longues gorgées, descendit de son tabouret et se pencha sur le gros sac neuf du gamin. C'était mal empaqueté, le poids était réparti n'importe comment, mais ce n'était pas ce qui intéressait Rick. Il ouvrit une poche latérale, puis l'autre - bingo. Quelle erreur de débutant, laisser son portefeuille aussi accessible ! Rick l'ouvrit, examina son contenu. Il empocha sans se presser la monnaie - un peu moins de dix livres -, les tickets de métro et - pourquoi pas - la carte de fidélité d'une pizzeria déjà tamponnée trois fois. Il remit le portefeuille à sa place, hésita, le mit plutôt dans la poche opposée - laissons-le flipper un peu avant qu'il se rende compte qu'il a toujours ses papiers -, finit d'une traite la chope du gamin, encore à moitié pleine, et sortit du bar sans se presser, avec un salut de la main à la petite serveuse qui soit n'avait rien vu, soit n'en avait rien à foutre.

Leçon n°1 : ne pas faire confiance à des inconnus. Rick sortit sous la pluie battante en sifflotant ; ça le mettait toujours de bonne humeur, de rendre service.

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Samia Bukhari
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:37 par Samia Bukhari
bienvenue parmi nous et bon courage pour ta fiche [Terminée] Richard "Rick" Lambert 2723850382 [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1973890357
n'hésite pas si tu as des questions [Terminée] Richard "Rick" Lambert 828680203
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Rhiannon O'Connor
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:40 par Rhiannon O'Connor
Bienvenue [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1922099377 Amuse-toi bien par ici [Terminée] Richard "Rick" Lambert 208687334
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:42 par Invité
Merci :D
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Alycia Hemsworth
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 14:47 par Alycia Hemsworth
Bienvenue parmi nous. [Terminée] Richard "Rick" Lambert 2941632856
Bon courage pour ta fiche, & en cas de besoin n'hésite pas. [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1973890357
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 15:20 par Invité
Quel choix original [Terminée] Richard "Rick" Lambert 2941632856
Bienvenue sur le forum et bon courage pour ta fiche. [Terminée] Richard "Rick" Lambert 208687334
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 15:34 par Invité
bienvenue parmi nous [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1922099377 [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1973890357
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 16:16 par Invité
bienvenue =)
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() message posté Sam 20 Mai 2017 - 16:34 par Invité
Bienvenue parmi nous. [Terminée] Richard "Rick" Lambert 1973890357
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