you can make it to the sunrise / spencer

Bienvenue à New Delhi, capitale de l'Inde et joyaux de cette dernière. Avec ces seize virgule trois millions d'habitants (merci wikipédia), c'est une ville en voie de développement, riche de ses grands et magnifiques monuments qui rappellent fortement la culture britannique, colonie l'ayant peuplé durant plusieurs années.
C'était dans cette ville précisément que je suis né et que je me tenais à présent.  Les parfums du marché me montaient jusqu'au nez, les gens me bousculaient, les femmes cherchaient frénétiquement les produits à acheter pour le repas de ce soir. C'était jour de ramadan.  Tout le monde parlait, les vendeurs criaient et quelques bicyclettes tentaient de passer parmi la foule non sans difficulté. C'était cette ambiance que j'adorais et qui m'avait tant manqué. J'en oubliais presque tous les points noirs, comme la saleté et la puanteur qui régnait, les papiers souillés qui gisaient au sol et que tout le monde dégageait d'un sale coup de pieds.
- Spencer, regarde où tu vas ! Grogna mon père en hindou après que ce dernier ait échangé avec moi un bref échange physique dû à mon intacte immobilité au beau milieu du passage.
« Désolé » répondis-je sans vraiment l'être, trop préoccupé à continuer de regarder les alentours pour pouvoir trouver quelque chose qui m'intéresse vraiment.
- Dépêchons nous, grand père et grand mère sont toujours inquiet de ne pas nous voir rentrer à l'heure prévu.
« Je... ne me sens pas du tout visé quand tu dis ça. »
- Nooon, bien entendu, ce n'est pas comme si c'était toi qu'ils ont dû chercher dans toutes les rues avec ne patrouille de police quand tu avais huit ans, pour finalement te retrouver devant le stand de Jabeli après que le vendeur ait accepté de t'en donner trois gratuitement et qu'ils ont cru t'avoir perdu pour toujours.
« … j'y peux rien, j'adore ça. »

Il ne répondit rien, se contentant de s'arrêter devant le stand de fruits et légumes et de prendre le nécessaire pour le soir qui nous attendait. Au passage du retour à la maison, il déposa une petite pièce à un mendiant et nous rentrâmes sans un mot. Ca n'avait rien d'étonnant, père n'était pas connu pour être un grand bavard et il semblerait que j'eusse hérité de ce trait, chez lui. Ou peut être étais-ce simplement le fait de ne pas oser lui adresser la parole quand il avait fermé toute barrières à la discussion.


« Tiens toi bien, ne baisse pas les yeux et soi correct, pour l'amour de Dieu ! »
- Mais grand mère...
« Chut ! On voit bien où tu as été la semaine dernière pour oublier de tels comportements ! »
Je lui adressais un regard noir, lourd de sens, qu'elle ne vit même pas. Elle s'était retourné pour finir de préparer le repas, me laissant seul, sur une chaise de la grande table qui s'imposait dans son immense salon propre... trop propre peut être.
Elle n'avait jamais accepté que sa fille ne s'unisse à un étranger, pire, à un indien musulman. Elle voyait en moi cette partie 'indésirée' et ne cessait de me le rappeler dès que l'occasion se présentait. La moindre imperfection chez moi était dû à mon sang étranger et chaque prouesses que je faisais venait forcément de sa part.
Il faut dire aussi qu'ici, tout était trop parfait. Ma grand mère était devenue particulièrement maniaque depuis le mariage de ma mère et contrôlait le moindre de tous nos gestes. Mon père ne pouvait entrer dans son territoire qu'après seulement qu'elle s'est fait force pour l'accepter et « pour faire plaisir à tout le monde afin que chaque personne puisse voir son admirable tolérance ».
- Regarde moi un peu comment tu t'habille, tu n'as pas honte à porter ça ?
« Tout le monde porte ça au lycée.. »
- Eh bien moi, je n'aime pas.
Je fis la grimace en profitant de son inattention. Je n'allais certainement pas changer pour son bon vouloir. Je détestais venir ici, je détestai recevoir ses remarques et cela était encore PIRE quand j'étais TOUT SEUL avec elle. La raison de ce cauchemar ? Ma mère tenait à ce qu'au moins un de nous puisse passer rien que trois jours avec elle et pour désigner le volontaire, puisqu'étrangement, personne ne levait la main pour, on tirait à la courte paille et j'avais perdu. « La prochaine fois, ce sera Anushka !» m'avait promis maman en ébouriffant mes cheveux, chose qu'elle adorait faire.

Et pourtant, j'adorais vivre à Londres. Il y avait tellement de choses là bas que je ne m'ennuyais pas une seule seconde. Si je n'étais pas en cours, ou en train de roupiller au Green Park, ce que j'aimais par dessus tout, c'était la musique. Eh bien que j'adorais ce qu'ils faisaient en Inde, j'étais davantage tourné vers la pop rock anglaise qui me ressemblait déjà mieux. J'aimais aussi ce petit côté dandy et traditionnel et toutes les connaissances que je m'étais faites....

« Hey, Khan, t'es où ? »
- Coincé à Euston.
« On t'attends depuis vingt minutes là, bouge ton cul ! »
- Mais j'aimerais bien sauf que le métro est à l'arrêt et que je...
«  Je ne veux pas savoir, trouve une solution mais soi là au plus vite ! »
A peine eus-je raccroché que je sortis du wagon et sortis de l'arrêt au plus vite. Le concert avait déjà commencé et je mettais en retard toute la bande, mais tant pis, il fallait que je vienne et ce, même si ça se situait de l'autre côté de la ville (enfin, pas tout à fait heureusement). Je ne faisais même plus attention aux gens, les bousculant sur mon passage tout en criant « attentiooon ! ». De toute façon, les londoniens étaient tous pressés et je ne faisais pas exception à la règle. Je ne fus jamais aussi rapide de ma vie. A mon arrivée, les autres s'étaient mis dans l'idée de trouver quelqu'un d'autre au plus vite mais j'arrivais à temps sur scène pour m'exposer. On était pas beaucoup, de toute façon, notre groupe n'était qu'amateur, mais on parvenait à se dégoter quelques petites scènes pour se produire et tout gratuitement. Le succès, si ça se présentait, ce sera peut être pour plus tard.