NOAH&ELEANOR. tell them i was happy and my heart is broken. all my scars are open.

NOAH&ELEANOR. tell them i was happy and my heart is broken. all my scars are open. ✻✻✻ Postée devant le bâtiment, j’hésite une nouvelle fois. Je ne suis vraiment pas certaine que ce soit une bonne idée. J’ai beau avoir fait le pour et le contre une bonne dizaine de fois dans ma tête comme sur papier, je ne suis toujours pas sûre de moi sur le coup. Au fond, cela ne peut pas me faire de mal. Je ne suis même pas obligée de parler, je peux simplement écouter. Du moins, je crois. Puis, ce n’est pas comme si ils pouvaient me forcer à parler si je n’en ai pas envie. Ça serait ridicule et pas du tout thérapeutique. Le principe des groupes de soutien, c’est de prendre la parole lorsqu’on le souhaite et surtout, lorsqu’on est prêt. En tout cas, c’est mon avis.
En effet, j’ai pris la décision de me rendre à une réunion regroupant des personnes ayant perdu un proche. C’est plutôt étrange lorsqu’on y pense car je ne suis pas le genre de fille qui s’ouvre facilement. J’ai déjà un mal fou à parler de Théo et de son décès avec quelqu’un de mon entourage alors pourquoi pourrais-je le faire devant de parfaits inconnus ? Cette question me traîne dans la tête depuis que l’idée du groupe de soutien est apparue. Je suppose que j’aurai la réponse lorsque j’aurai essayé, comme pour toutes les autres questions que je me pose ou du moins, la majorité.
La vérité, c’est que ça m’a fait du bien lorsque j’ai parlé de Théo à Selena. Certes, sur le coup, c’était hésitant et douloureux mais je me suis sentie légèrement mieux après. Alors, peut-être que continuer dans cette voie-là serait la meilleure façon de faire entièrement mon deuil. Je me devais d’essayer. Je le devais à Théo également. Mon ex petit-ami était un vrai boute-en-train et ça, malgré la maladie. Je le connaissais suffisamment bien pour savoir qu’il n’apprécierait pas me voir aussi mal. Cela fait sept mois qu’il est décédé et je n’avance pas. Je ne parviens pas à tourner la page et cela m’empêche de vivre pleinement. Ce n’est pas sain et ce n’est pas ce que voudrait Théo. Lui, il voudrait que je me batte et que je continue à vivre sans pour autant l’oublier, chose qui me parait clairement impossible. C’est un regroupement de diverses raisons que me pousse à prendre mon courage à deux mains, à venir m’asseoir sur une chaise et partager ma peine ainsi que celles d’étrangers pendant une heure.
Arrivée dans l’immense hall d’entrée de l’hôpital, je me dirige vers l’accueil afin de demander la salle où se trouve le groupe de soutien qui me conseille. L’information partagée, je m’y dirige. C’est au rez-de-chaussée donc pas besoin de prendre les escaliers ou l’ascenseur. Après quelques minutes de marche hésitante, j’arrive devant la porte en question. Je suis surprise de voir que la salle est seulement occupée par une seule personne, un homme. Je regarde ma montre et réalise que j’ai dix minutes d’avance. Je ne sais pas trop comment m’y prendre. Je donne deux petits coups sur la porte ouverte et l’homme lève les yeux vers moi. Il se trouve devant une table où sont posées quelques douceurs. Alors ce n’est pas un mythe, il y a vraiment à manger aux réunions. « Bonjour. Je… je viens pour la réunion, le groupe de partage ou de soutien, je sais pas trop. C’est bien là ? » Je reste sur le pas de la porte en attendant une réponse.