"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Our love died in a room that smelled like blood and roses (Olivia)  2979874845 Our love died in a room that smelled like blood and roses (Olivia)  1973890357
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal


Our love died in a room that smelled like blood and roses (Olivia)

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Dim 17 Mai 2015 - 18:48 par Invité
“There’s a pain. It does ripple through my frame, makes me lame, make me weak. And his touch, must be wanted, must become, through your ask as I bled every day now, for a year and a year. ”  J’étais perdu entre les vestiges d’un sentiment d’amour agonisant, complètement paralysé par la peur de faillir à tous mes devoirs. Mon cœur se brisait au creux de ma gorge avant de fondre dans ma bouche amère. Toutes mes désillusions avaient disparues, laissant place au grand chaos de la vie. Il n’y avait pas d’étoiles dans mon ciel, et si par le passé j’avais songé qu’Olivia était un soleil majestueux, il ne restait plus que les chimères de ses lumières éteintes dans l’obscurité grisante de mes souvenirs. Mes jambes tremblaient au fil de ma démarche – prises de panique dès que mes souliers claquaient contre le parquet. Je roulai les yeux dans la pièce froide, solitaire et propre. Un léger effluve de térébenthine flottait autour de mes narines avant de s’embraser dans mes poumons. Je pouvais respirer dans les escaliers cette odeur de paix, d’ordre et de mensonge. Et malgré ma haine pour ce cocon de petits-bourgeois londoniens, je franchis la porte de l’appartement d’un air flegmatique. Les décorations éteintes du salon semblaient à l’abandon, tournées vers les murs dont les crépis saumon me rappelaient la couleur de la rouille et du désespoir. Je serrai ma prise sur les pans de ma veste avant de me glisser le long du couloir. Mon voyage en Louisiane m’avait violement arraché de ma crypte paisible. Il avait réveillé mon penchant sentimental pour le milieu familial et les ordres de l’armée, mais cette fois, mes sentiments étaient nuancés par la colère d’un homme brisé par la guerre. Je n’avais plus de foyer sur cette terre. La propreté, la bienséance et la douceur d’Olivia ne pouvaient plus me ramener. Je soupirai en tirant les longs voiles de la fenêtre, laissant le soleil griffer ma peau translucide une dernière fois avant que je ne m’enferme dans la solitude. Le cœur nostalgique était malade, mais c’était mon esprit tout entier qui se languissait d’une histoire révolue. Je piétinais le seuil de la réalité, et toute mon identité s’évaporait dans les arcs d’un monde étranger. Je marchais à moitié éveillé à travers l’agitation de l’appartement, comme si la présence de la fratrie Marshall ne m’importait plus. J’étais déjà isolé. Ma tête était pleine de mélancolie et de poésies tragiques. Il y avait parfois, des moments d’émotions violentes, des moments de douleurs infinies, où tout s’effondrait autour de moi, puis le silence revenait pour me hanter. J’étais égaré dans mon unique conscience ; pour moi le jour avait sombré et ne reviendrait plus jamais. Près de la chambre principale, je notais les lueurs des lustres qui scintillaient au-dessus du berceau de Jasmine comme les ailes déployées d’une flopée de petites fées. Olivia la surveillait avec application, ses yeux vifs comptaient les mouvements de sa respiration fluide et régulière. Son instinct maternel ne l’avait jamais rendu aussi belle. Je baissai les yeux en m’arrêtait près de l’entrée. Je souffrais avec félicité, n’opposant plus aucune résistance au mal qui me rongeait les entrailles. En réalité, je ne faisais qu’endurer l’existence parallèle de ma femme encore veuve. Elle soignait les blessures de son cœur, tandis que je regrettais l’homme qui avait brûlé en portant mon nom. Je pouvais entendre ses cris invoquer ma présence de l’autre côté. Je déglutis en plissant le front. Comme elles sont longues ces soirées sombres et tristes. J’agonise dans les poisons de mon désir tourmenté pour toi. Je ne peux pas être à tes côtés en cet instant. Je ne peux pas te regarder réaliser un bout de notre rêve. Tu sais que je ne suis plus le même. Tu as enterré cet homme-là et moi, je l’ai abandonné derrière les arcs du désert aride d’Afghanistan, sous le soleil de plomb et les bourrasques de vent. Je levai lentement mes mains vers mon visage avant pousser un long soupir. J’étais emmitouflé dans l’ambiance austère de nos silences. Elle bougea avec allégresse avant de me transpercer du regard. Ses iris éteints clignaient dans une direction opposée, comme si le destin avait fini par nous séparer pour de bon. Mes yeux s’humidifiaient lorsque je voyais son ombre se pencher loin de moi. Je lui souris tristement avant d’écraser mes mains chevrotantes sur ma mâchoire crispée. J’ai besoin de t’aimer. J’ai besoin que ce soit moi. C’est si difficile de se battre contre la présence d’un homme mort. Je ne peux pas concurrencer ton premier amour, Olivia. Il n’est plus là. L’image noble de sa silhouette gracieuse se dessina au coin du lit, alors qu’elle tentait de se redresser sur ses béquilles. Je tendis la main afin de lui intimer le calme. Non, ne bouge pas. Je me glissai lentement vers elle. L’enfant dormait à poings fermés à quelques mètres, et je pus sentir l’odeur délicate de son innocence chatouiller mon menton. Elle était si petite. La fille de mon ami. Je fermai les yeux d’un air dépité. J’avais si mal en cet instant, mais l’honneur et la fierté que l’on m’avait inculqué durant mon enfance, m’interdisaient d’afficher la cruauté de mes émotions à l’égard de cette situation. Je me détournai en grinçant des dents. « Je … » Mon souffle se noyait dans mon chagrin. J’observai Olivia avec une gravité tragique avant d’ouvrir la bouche à nouveau. « Olivia … » Articulai-je avec lenteur, ma voix enraillée vibrait au creux de mes cordes avant de raisonner comme les rythmes tristes d’un chant funeste. Je faisais mes adieux au soldat déchu. Je m’éloignais de ma jeunesse oubliée et de mon identité volée. Je devenais moi tout simplement. « Olivia, je sais que tu attends une déclaration. Tu la mérite certainement mais … je n’arrive pas à prononcer ces mots. Je t’ai aimé alors que je n’étais qu’un gosse et j’ai porté en moi toute la ferveur et la passion de ce sentiment pendant des années. Je … Je ne pensais pas qu’il était possible que ce soit ma dévotion qui me pèse le plus. Je ne pensais pas non plus qu’il puisse y avoir quelqu’un d’autre, capable d’illuminer ton regard de cette façon. Mais c’est possible. » Je soupirai douloureusement. Je souhaitais réellement disparaitre à cet instant. Je voulais que les rainures du sol s’ouvrent pour m’engloutir à tout jamais. Je relevai mon visage troublé vers elle. « Il y a Jasmine … Et il y a tellement de choses que j’ignore de ta vie à présent. » Je tendis ma main vers sa joue sans la toucher, sans même l’effleurer. Tous mes gestes étaient suspendus dans mes pensées. Je suppose que c’était le prix à payer pour revenir à la vie. Je serrai les poings afin de contenir ma tristesse, mais ce flux bouillonnant se déversait dans ma poitrine, entouré de doutes et de terreur. « Je me suis accroché à ton visage lorsque tu n’étais qu’une hallucination, mais tu es réelle maintenant. Tu es réelle et c’est moi qui suis fantôme. Je t’aime toujours. Tu es une ancienne blessure sur mon cœur que je refuse de guérir, mais si tu ne peux plus le voir, si tu penses que tu n’es qu’une chair appétissante dont je me languis –je pense qu’il est temps pour moi de partir. » Mes paroles tourbillonnaient dans ma tête comme une musique oppressante et tapageuse. « Il fallait que tu l'entendes la bouche de Jake pour que tu puisses me croire ? Je ne comprend pas. » Soufflai-je en m’éloignant d’un pas. Avais-tu besoin de plus de preuves alors que je vénérais chaque regard, chaque sourire et chaque soupir que tu m’adressais ? Je suis revenu pour toi, et me voilà, me mourant pour la même raison. C’est toujours toi, Olivia. Je suis désolé d’être seul face à une centaine d’amants et de prétendants. Je suis désolé d’être différent, mais tu ne peux pas m’empêcher d’être l’autre moitié de ton âme fendue en deux.



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 19 Mai 2015 - 14:36 par Invité

Isaac & olivia — deep grief sometimes is almost like a specific location, a coordinate on a map of time. when you are standing in that forest of sorrow, you cannot imagine that you could ever find your way to a better place. but if someone can assure you that they themselves have stood in that same place, and now have moved on, sometimes this will bring hope. ✻ ✻ ✻ Il m’avait abandonné. Il était parti. Il avait fui. J’avais eu bien plus besoin de lui que des autres ces dernières semaines et il s’était dérobé pour ne pas assumer ses responsabilités. Pour ne pas m’assumer, moi, cette femme brisée qu’il ne savait même plus aimer. Je n’avais pas eu le droit d’aller mal à mon tour. Je n’avais pas eu le droit d’être malheureuse à mon tour. Je n’avais pas eu le droit de réclamer son attention à mon tour. J’avais cette impression pesante de toujours donner sans jamais rien recevoir ;  mon cœur s’était brisé une centaine de fois sans que je ne parvienne à sortir la tête de l’eau et avancer de nouveau.
Il m’avait abandonné. Il était parti. Il avait fui. Il m’avait envoyé un simple message, froid, m’annonçant sans aucun détour qu’il repartait pour les Etats-Unis pendant une durée indéterminée. Je ne l’avais pas revu. Il ne s’était même pas donné la peine d’honorer ses paroles quand il m’avait assuré qu’il fallait que l’on parle. Je voulais croire qu’il m’aimait encore. Je voulais croire qu’il me portait encore une quelconque affection. Je voulais croire que nous connaîtrions un futur meilleur. Mais je ne pouvais plus me permettre d’espérer comme une enfant. Je ne pouvais plus me permettre de rêver comme une gamine. La réalité était dure et blessante, autant que son attitude à lui pouvait l’être.
Il m’avait abandonné. Il était parti. Il avait fui. Il était ailleurs en ce moment même, sans se douter que toutes mes pensées étaient tournées vers lui, sans se douter que mon cœur agonisait par sa faute. Il m’avait laissé en pleine convalescence. Il m’avait laissé au pire instant de ma vie, jugeant, sans doute, que cela lui était autorisé. Mais j’aurais aimé lui dire que, non, il n’avait pas eu le droit. J’aurais aimé lui dire que s’il avait réellement tenu à moi, il serait resté. Ou il m’aurait emmené avec lui. Mais il ne nous aurait pas forcé à nous séparer de nouveau, pas quand j’étais si instable, si fragile.
Il m’avait abandonné. Il était parti. Il avait fui. Et, le pire, sans doute, ce qui faisait le plus mal, était que cette fois-ci, la mort ne l’avait pas contraint de le faire. Il avait choisi. Choisi de m’abandonner. Choisi de partir. Choisi de s’enfuir.
Ma gorge se serra alors que mes yeux détaillaient l’expression de Jasmine. Ces derniers temps, j’avais eu bien du mal à simplement la poser dans son landau ; je l’avais tenu dans mes bras, je l’avais serré contre moi, comme pour m’assurer qu’elle était bel et bien là, comme pour m’assurer qu’elle était réelle. J’avais l’impression qu’elle n’était que ce qui me restait. Que, sans elle, j’aurais été seule. Seule avec mon cœur brisée. Seule avec mon corps cassé. Seule. Seule. Seule. J’entendis des pas se glisser dans ma direction, et je levai le regard pour poser mes yeux sur Isaac. Je sentis une vague de tristesse me percuter avec violence et, presque automatiquement, je cherchai à me lever pour retrouver une certaine contenance. D’un geste de la main, il m’incita à ne rien faire, et ce fut la détresse dans l’âme que je restai assise.
Je ne parvenais même plus à l’observer sans avoir envie de pleurer. « Je… Olivia… » commença-t-il. Tiens, tu te souviens de mon prénom, Isaac. Tu sais, parfois, je me demande même si tu te souviens de qui je suis. Si tu te souviens de tout ce que je fais pour toi. Si tu te souviens que je t’aime, que je t’aime tellement que c’est peu à peu en train de me détruire. « Olivia, je sais que tu attends une déclaration. Tu la mérites certainement mais… Je n’arrive pas à prononcer ces mots. Je t’ai aimé alors que je n’étais qu’un gosse et j’ai porté en moi toute la ferveur et la passion de ce sentiment pendant des années. Je… Je ne pensais pas qu’il était possible que ce soit ma dévotion qui me pèse le plus. Je ne pensais pas non plus qu’il puisse y avoir quelqu’un d’autre capable d’illuminer ton regard de cette façon. Mais c’est possible, » reprit-il et je demeurai impassible. Je ne tentai même pas de chercher des noms dans mon esprit ; j’étais sûre et certaine, au fond de moi, qu’il ne faisait que se donner des raisons pour me donner l’air cruelle. Cruelle et indigne, tout simplement parce que c’était ainsi qu’il désirait me voir. « Il y a Jasmine… Et il y a tellement de choses que j’ignore de ta vie à présent. » Je tournai la tête vers la petite fille avant de relever la tête vers lui. Je feignais l’impassibilité mais, au fond de moi, j’avais mal à en crever, mal à en hurler. Mais pleurer n’aurait servi à rien. Isaac se fichait de mes larmes. Il n’en avait que faire de moi. Il m’avait abandonné. Il était parti. Il avait fui. « Tu ignores ces choses parce que tu ne te donnes pas la peine de les apprendre, » répondis-je avec dureté. Je lui avais tout donné mais cela n’avait servi à rien. Je lui avais tout donné mais je n’avais fait que m’épuiser à la tâche.
M’épuiser parce qu’il en avait rien eu à faire. De moi, de mes efforts, de nous, même. Il s’était enfermé dans ses pensées morbides. Il s’était plu à croire qu’il était un incompris alors que je n’avais demandé qu’à le découvrir, lui. Qu’à réapprendre à le connaître. « Je me suis accroché à ton visage lorsque tu n’étais qu’une hallucination, mais tu es réelle maintenant. Tu es réelle et c’est moi qui suis fantôme. Je t’aime toujours. Tu es une ancienne blessure sur mon cœur que je refuse de guérir, mais si tu ne peux plus le voir, si tu penses que tu n’es qu’une chair appétissante dont je me languis… Je pense qu’il est temps pour moi de partir. » Ses mots étaient comme une gifle et je détournai le regard pour ne pas le laisser percevoir la détresse qui prenait possession de mes prunelles. « Il fallait que tu l'entendes de la bouche de Jake pour que tu puisses me croire ? Je ne comprends pas, » finit-il par ajouter. Jake. Jake. Jake. Je pouvais presque noter son amertume. Je pouvais presque noter la démence dans ses mots sans même qu’il ne s’en rende lui-même compte. « Non, » répondis-je d’une voix blanche avant de finalement tourner la tête vers lui. J’espérais qu’il ne se rendrait pas compte que mes yeux étaient humides. J’espérais qu’il ne ferait pas suffisamment attention à mon expression pour se rendre compte que je souffrais de tout mon cœur. « Je t’aurais cru si tu avais fait des efforts pour me le prouver. » Je baissais le regard sur ses doigts qui formaient un poing, alors qu’une poignée de secondes auparavant, il avait sans doute voulu caresser ma joue. « Je ne te parle pas d’être le même qu’auparavant, parce que tu t’obstines à croire que je désire que tu redeviennes l’homme que tu étais mais c’est faux. Je me fiche de tes différences. Je me fiche de tes blessures. Je t’accepte comme tu es. Mais je te parle de ça, Isaac. Le simple fait que tu sois incapable de me toucher. Le simple fait que tu sois incapable de me parler. Est-ce que je te répugne, Isaac ? Parce que c’est l’impression que tu me donnes. » Ma voix était calme, basse, pour ne pas réveiller Jasmine. Pourtant, j’aurais aimé crier. J’aurais aimé hurler. J’aurais aimé enfin parvenir à exprimer tout ce que j’avais sur le cœur, mais je ne parvins pas à le faire.
Peut-être avais-je trop attendu. Peut-être qu’à toujours refouler mes émotions, j’avais fini par être contrainte au silence éternel. « Est-ce que tu t’es rendu compte à quel point ton comportement a pu me blesser ? Tu es parti en me prévenant comme si tu en avais rien à faire de moi. Tu dis toujours m’aimer comme avant et tu t’attends à ce que j’y croie alors que tu me montres tout le contraire ? » repris-je finalement. « Et, très bien, pars. Je ne peux pas faire des efforts pour nous deux, plus maintenant. Mais c’est être lâche. » Je me tus, mon regard dans le sien. J’écrasai une larme qui s’était échappé de ma paupière pour couler le long de ma joue.
Il m’avait abandonné. Il était parti. Il m’avait fui. Il osait prétendre m’aimer, il osait me blâmer moi pour cette relation imparfaite, mais la vérité était qu’il était celui à réduire le moindre de mes efforts en cendres, comme s’il ne voulait pas, du plus profond de son cœur, que cela ne fonctionne.  
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 26 Mai 2015 - 23:00 par Invité
“There’s a pain. It does ripple through my frame, makes me lame, make me weak. And his touch, must be wanted, must become, through your ask as I bled every day now, for a year and a year. ” Mes pensées tournoyaient autour de ma tête à une vitesse vertigineuse. Je regardais le visage d’Olivia, ses joues creuses, sa bouche pincée et ses mains tendues vers ses cuisses. J’étais envahi par son fantôme - tout le temps. Il m’était impossible de retracer l’authenticité de mes sentiments à son égard. Je ne savais pas réellement. Il y avait une douleur lancinante qui refusait de me lâcher. J’étais indubitablement à l’agonie. Mes souvenirs d’Afghanistan me paraissaient comme une création arbitraire. J’avais tout inventé. J’aurais tant voulu avoir tout inventé, mais toutes mes tentatives de persuasion ne faisaient qu’accentuer les mouvements profonds de mon âme. Certaines de mes cicatrices étaient indélébiles. Je suis perdu ; je suis tellement perdu. Mon comportement et mon apparence physique étaient troublées par un mal étrange. Je m’absentais souvent, laissant place à une colère sourde et infondée. Ce n’est pas moi qui te parle, mais l’ombre du soldat que tu as enterré. C’était ma fierté qui s’ébranlait à chaque fois que j’entendais les crépitements de sa respiration saccadée. C’était mes doutes et mes incertitudes qui grouillaient à chaque instant dans mon système. Je sombrais dans un état de grave dépression, restant immobile au coin de la pièce. Nos noms se brisaient dans le silence avant se noyer dans les tréfonds du passé. Combien de temps encore devais-je attendre avant pouvoir la retrouver pour de vrai ? Toutes mes bonnes intentions ne faisaient que rendre les choses plus difficiles encore. Je l’aimais. Non, je demeurais persuadé que je ne m’étais pas donné la mort uniquement pour la revoir. Je vivais toujours, et c’était là mon ultime déclaration. Je passais mes journées dans la solitude et mes nuits dans la baignoire ; ou bien je restais allongé sur le canapé, entendant le monde bouger à l’extérieur de la fenêtre. Je me savais exclu, mais la foi qui me restait me liait jusqu’au calice de la douleur à notre mariage. Je penchai la tête avec recueillement avant de soupirer. Dis-moi que tu en a assez. Donne-moi une raison valable de rester. Cette absence cruelle est ancrée dans mon cœur. Je n’ai plus le don du bonheur. Olivia, nous ne sommes pas les seuls à être brisés. L’existence elle-même est éphémère. Il n’y a plus que des espaces vides autour de cette ville. Elle restait impassible comme à son habitude, l’expression allongée de cette manière si bourgeoise et si distinguée qui caractérisait tant sa personnalité. Elle ne me dévoilait plus ses faiblesses, comme si je ne pouvais plus soulager ses supplices. En réalité, j’étais moi-même une rature sur sa peau translucide. Mes mots glissaient sur ses joues avant de se cacher entre les plis de ses vêtements propres et parfaits. Elle adressa un regard à Jasmine avant de relever le menton vers moi. « Tu ignores ces choses parce que tu ne te donnes pas la peine de les apprendre, » Elle avait raison. Je ne me donnais pas la peine d’en apprendre plus pour me préserver. Je considérais certaines de mes souffrances comme naturelles, j’acceptais de supporter les vestiges de ma captivité avec patience par exemple, mais je ne pouvais pas envisager qu’elle puisse se dérober à moi. Il y avait des vérités que je préférais ignorer. Où était le mal ? Sans tes doigts enlacés dans mes cheveux, c’est un miracle que je me tienne toujours debout. J’ai tellement peur que ce soit fini. Tu es si près avec moi mais tout nous sépare. C’était un enfer lorsque la dualité de mon esprit interférait dans les raisons qui animaient ma passion. Je brûlais par plus de feux que je ne pouvais en allumait. Il y avait l’amour, l’adoration et la haine viscérale pour tous ces hommes qui avaient un jour foulé le même sol qu’Olivia. J’haussai les épaules avec désespoir. Jake était peut-être innocent de tous ces tords, mais ce n’était qu’un générique à mes yeux. Jake, Edouard, William … Peu m’importait. Elle avait abandonné ma mémoire. Elle m’avait fuit dans un autre pays étranger afin de se couvrir d’oubli et de mensonges, et cette existence en demie teinte qu’elle m’offrait n’était qu’un pâle reflet de ce que je voulais réellement être. Ses yeux humides versaient des larmes invisibles dans la pièce mais je ne capitulais pas. Je tenais mon poing serré de toutes mes forces en récitant les mêmes pensées ; Je devrais partir. Je devrais partir d’ici et tu devrais venir avec moi. « Non. Je t’aurais cru si tu avais fait des efforts pour me le prouver. » Je me mordis la lèvre inférieure. Je devrais partir. Ce n’est pas un endroit pour moi. C’est trop grand, trop propre et trop différent. J’étais de ceux que le destin condamnait à percevoir la précarité de l’existence humaine. L’indolence, le contentement et la joie, n’étaient plus de valeurs que je comprenais. Je ne voulais pas la quitter, cependant je me trouvais dans l’incapacité de lui faire une quelconque promesse. « Je ne te parle pas d’être le même qu’auparavant, parce que tu t’obstines à croire que je désire que tu redeviennes l’homme que tu étais mais c’est faux. Je me fiche de tes différences. Je me fiche de tes blessures. Je t’accepte comme tu es. Mais je te parle de ça, Isaac. Le simple fait que tu sois incapable de me toucher. Le simple fait que tu sois incapable de me parler. Est-ce que je te répugne, Isaac ? Parce que c’est l’impression que tu me donnes. » Les fluctuations de sa voix calme et sereine berçaient mes songes avant que ses mots ne caressent violemment ma mâchoire. « Est-ce que tu t’es rendu compte à quel point ton comportement a pu me blesser ? Tu es parti en me prévenant comme si tu en avais rien à faire de moi. Tu dis toujours m’aimer comme avant et tu t’attends à ce que j’y croie alors que tu me montres tout le contraire ? Et, très bien, pars. Je ne peux pas faire des efforts pour nous deux, plus maintenant. Mais c’est être lâche. » J’arquai un sourcil. Cette atmosphère épaisse et tiède d’ennui suscitait en moi une grande tristesse. Je secouai la tête d’un air impérial avant de croiser mes bras sur mon torse tremblant. Je n’aimais pas son détachement. Il m’inspirait un dégout intolérable qui me poussait à chercher désespérément une réaction de sa part ; que ce soit dans le plaisir ou dans la souffrance si nécessaire. « Ne me traite pas comme si j’étais ton petit ami, Olivia. Je suis ton mari que ça te plaise ou non. » Mon souffle se consumait dans ma gorge. Je ne pensais jamais en arriver là. Mes sentiments n’étaient qu’un murmure discret qui refusait d’élever la voix. Tu parles avec des mots, mais je te regarde avec mes émotions. Je te respire avec mon cœur. Je te touche avec honte – parce que j’ai mal agi. Pas toi. J’ai gouté la médiocrité insipide de ces journées d’oisiveté prétendument agréables. Je sais que tu fais des efforts mais il est peut-être temps, que j’en fasse moi-même. Je fis un pas vers le berceau de la petite. Je la couvris d’un regard morne avant de m’adresser à Olivia à nouveau. « Je t’aime que ça te plaise ou non… » Je déglutis avec difficulté. « Et je pars que ça te plaise ou non. Tu as raison, je ne demande pas ton avis. Je n’en ai rien à faire. Sincèrement. Je n’avais pas l’habitude d’être égoïste avec toi, mais lorsque tu m’impose tout ça, je ne sais pas faire autrement. » Mes pensées étaient erratiques. J’éprouverais une gêne dans ma poitrine qui rendait ma respiration laborieuse. « Je ressens toute la gratitude qu’un homme dans ma condition puisse ressentir, je suis réellement reconnaissant d’avoir vécu un amour aussi pur à tes côtés. J’ai trouvé l’amour de ma vie, lorsque d’autres sont morts sans jamais connaitre ne serait-ce que le tiers de notre histoire. Je sais que ce n’est pas de ta faute, mais ce n’est pas la mienne non plus. » Je grinçai des dents avant de glisser sur le matelas à ses côtés. « J’avais tellement de choses à partager avec toi, mais je suppose que je t’ai déjà tout dit pendant ces années de séquestration. » Je ne la touchais toujours pas. Mes yeux d’un bleu très vif se posèrent sur sa hanche cassée avant de remonter vers sa poitrine et son cou. « Tu devrais partir avec moi. Ta place est à mes côtés. Je suis ta famille - » Je ravalais toute ma rancune, mais autour de mon esprit tout était clair et éclatant. Cet endroit si bien épousseté, astiqué et nettoyé n’était qu’un terrible leurre. Cette gamine qui dormait à quelques pas, n’était qu’un lot de consolation. Je suis ta famille. Viens avec moi, ailleurs.




Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mer 27 Mai 2015 - 15:10 par Invité

Isaac & olivia — deep grief sometimes is almost like a specific location, a coordinate on a map of time. when you are standing in that forest of sorrow, you cannot imagine that you could ever find your way to a better place. but if someone can assure you that they themselves have stood in that same place, and now have moved on, sometimes this will bring hope. ✻ ✻ ✻ Il n’y avait que Jake qui savait. Que Jake qui s’en était rendu compte. J’avais peur en présence d’Isaac. Peur de ses silences. Peur de ses réactions que je ne comprenais pas. Peur du fantôme qu’il incarnait. Peur des mots durs qu’il pouvait avoir envers moi. Je n’avais pas demandé un seul remerciement de sa part pour tous les efforts que je faisais, et je n’en avais jamais reçu ; je m’étais occupée de lui en silence, tout en prenant sur moi, tout en ravalant mes désillusions, mais il avait trouvé un moyen de m’atteindre quand même. Mais il avait trouvé un moyen de me faire du mal quand même. J’avais beau être courageuse ; j’avais beau redresser les épaules et sourire, cela n’avait jamais semblé être suffisant. Il était constamment en demande mais ne précisait jamais ce dont il avait besoin. J’étais prête à lui donner le monde tout entier mais il ne se donnait jamais la peine de me regarder dans les yeux. Son amour avait toujours été distant mais l’univers tout entier qu’ils dressaient entre nous deux disloquait mon cœur, et je me perdais dans les pires craintes de mon âme. J’accumulais les échecs. J’accumulais les horreurs. J’accumulais toutes ces choses en silence parce que je considérais que tout ceci était bien dérisoire par rapport à ce qu’il avait pu vivre.
Mais même cela semblait être trop. Même cela ne lui convenait pas. Je me demandais ce qu’il aurait aimé que je fasse. Je me demandais si arrêter de respirer était ce qu’il désirait. Il avait été le premier de nous deux à mourir. Peut-être souhaitait-il que cela soit mon tour.
Une part de moi demeurait persuadée qu’il ne me supportait plus vivante. Qu’il ne supportait plus que je sois capable de penser, de parler, de réfléchir, de soulever des objections. Qu’il ne supportait plus que je sois capable de me lever, de marcher, d’aller à mon travail. Il avait passé quatre années à se forger une image de moi, à se conforter dans ses illusions. Je ne pouvais pas rivaliser avec l’être de perfection qu’il avait inventé. Je ne pouvais pas rivaliser avec celle qu’il avait fait de moi dans ses songes. Il parlait souvent de moi qui désirais qu’il redevienne comme avant, mais il ne se rendait pas compte qu’il était probablement celui à ne plus savoir qui était réellement l’autre. Mon cœur se serra dans ma poitrine, alors que je ressentais de la terreur envahir mes veines au même rythme que les larmes pouvaient monter dans mes yeux. « Ne me traite pas comme si j’étais ton petit ami, Olivia. Je suis ton mari que ça te plaise ou non. » Son ton trancha l’air et j’accusai ses paroles sans rien laisser paraître. « Alors agis en tant que tel. » Je levai les yeux vers lui, le regard assombri par la colère. Le regard chargé de toute cette colère qui grondait en mon sein. Regarde comment tu me traites, Isaac. Regarde simplement. Mais je ne suis même plus sûre que tu sois capable de te rendre compte de l’horreur de tes gestes, de l’horreur de tes paroles, de l’horreur de tes actions. Tu es aveuglé par tes convictions erronées. Tu es aveuglé par la haine que tu me voues, d’une quelconque manière. Par cette haine viscérale qui te consume de l’intérieur. Je refusais qu’il me tienne tête. Je refusais que, sous prétexte qu’il était son mari, il puisse se permettre de me rabaisser. Me rabaisser pour me faire taire. Je n’étais pas son objet. Je n’étais pas son souffre-douleur. Je n’étais pas sa femme uniquement quand il désirait démontrer sa virilité et me mettre à terre. « Je t’aime que ça te plaise ou non… Et je pars que ça te plaise ou non. Tu as raison, je ne demande pas ton avis. Je n’en ai rien à faire. Sincèrement. Je n’avais pas l’habitude d’être égoïste avec toi, mais lorsque tu m’imposes tout ça, je ne sais pas faire autrement, » reprit-il et je dus me faire violence pour ne pas m’indigner haut et fort. Pour rester silencieuse, pour ne pas faire le moindre bruit. Mon regard se posa sur Jasmine alors que je ruminais ma colère, cette colère que je ne parvenais pas à taire au fond de moi comme j’avais bien pu avoir l’habitude de le faire toutes ces années. « Lorsque je t’impose tout ça ? Et qu’est-ce que je t’ai imposé ? Un toit sur ta tête ? Un endroit où dormir ? Tu veux savoir ce que tu m’as imposé, à moi ? L’armée. L’Afghanistan. La guerre. Ta mort. Tu m’as imposé ta mort, Isaac. Tout ça pour quoi ? Pour me faire entendre dire que je suis égoïste de t’imposer mon appartement ? » Mon ton n’était plus un murmure même s’il demeurait incroyablement bas ; le corset qui maintenait le haut de mon corps commença à m’étouffer, et je redressai mes épaules pour me sentir mieux, en vain. Des douleurs commençaient par m’élancer également, m’élancer à cause de l’agitation qui régnait dans mon corps malade.
Je n’arrivais pas à le croire, non. Je n’arrivais pas à croire qu’il puisse oser me dire toutes ces choses, me les dire maintenant. J’avais l’amère impression qu’il était injuste et qu’il me punissait pour une quelconque erreur. Qu’il me punissait sans aucun respect. Qu’il me punissait avec cruauté. Qu’il me punissait sans plus m’aimer. « Je ressens toute la gratitude qu’un homme dans ma condition puisse ressentir, je suis réellement reconnaissant d’avoir vécu un amour aussi pur à tes côtés. J’ai trouvé l’amour de ma vie, lorsque d’autres sont morts sans jamais connaitre ne serait-ce que le tiers de notre histoire. Je sais que ce n’est pas de ta faute, mais ce n’est pas la mienne non plus, » poursuivit-il. Il disait cela comme s’il me faisait ses adieux. Il disait cela comme s’il m’enterrait. Isaac, tu ne m’aimes plus, c’est ça ? Je le sens depuis que tu es revenu. Je le sens depuis que tu n’es plus toi-même. Je le sens et pourtant je ne dis rien, Isaac. Mais je suis fatiguée. Fatiguée de me battre pour ton amour qui n’est plus. Fatiguée de faire des efforts pour voir que tu n’es pas enclin à nous sauver. « J’avais tellement de choses à partager avec toi, mais je suppose que je t’ai déjà tout dit pendant ces années de séquestration, » ajouta-t-il. J’étais presque jalouse, au fond. Jalouse de cette image qu’il s’était faite de moi. Jalouse de cette illusion qui m’avait volé tous les sentiments qu’il avait bien pu nourrir, un jour, à mon encontre. « Tu devrais partir avec moi. Ta place est à mes côtés. Je suis ta famille. » Je fronçai les sourcils. « Partir où ? » demandai-je. Il s’était assis à mes côtés et je sentis l’intégralité de mon corps se crisper, m’arrachant un petit halètement de douleur. Jasmine continuait de dormir paisiblement à nos côtés, insouciante de ce qui pouvait bien se passer autour d’elle. « Donne-moi des bonnes raisons de te suivre. » Il me demandait de partir avec lui sans même se rendre compte que cela serait sans doute signer mon arrêt de mort. Signer la fin de mon cœur. Signer la destruction de mon âme. Je l’aimais suffisamment pour accepter un nouveau départ, un nouveau départ avec Jasmine, mais j’étais également suffisamment méfiante pour savoir que cela n’arrangerait pas forcément les choses. Pour savoir qu’il pourrait continuer d’être odieux avec moi. Pour savoir que, sans la présence de mes frères et sœurs, il pourrait sans doute me faire encore plus de mal.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Jeu 4 Juin 2015 - 23:51 par Invité
“There’s a pain. It does ripple through my frame, makes me lame, make me weak. And his touch, must be wanted, must become, through your ask as I bled every day now, for a year and a year. ”  J’étais tout simplement fatigué. L’accident. La stérilité. La douleur. Combien de fois avait-elle prononcé les mots ; je suis veuve ? Je soupirai en la regardant d’un air affligé. Elle se perdait au milieu des nuances pourpres de la chambre alors que je demeurais tapi dans la pénombre. Je fermais les yeux, et la réalité c’est que je ne la reconnaissais pas. Dans mon esprit, l’image que je me faisais d’Olivia était complètement différente. Mes souvenirs se bousculaient dans ma tête afin de répéter un processus dont j’avais déjà profondément éprouvé l’amertume. Je ne voulais plus revivre tout ça. Cette détresse insensée, cette dépendance pathétique et ces confrontations silencieuses qui frôlaient la bassesse et l’indécent. Je résistais pour ne pas succomber à mes réflexes les plus brutaux et cette crainte me ramenait inéluctablement vers l’Afghanistan. Je savais bien que le but de mon retour n’était pas la paix, ce n'était qu'une étape de plus dans la destruction de tout ce que j’avais de plus cher. J’avais parfois pensé au suicide comme un acte lâche et mesquin et à présent il m’apparaissait comme une issue de secours un peu honteuse mais qui pouvait finalement me mener à la tranquillité. Mon cœur échappait à mon contrôle. Il succombait face aux aboiements de ma bête sauvage. Il se broyait entre les parois de mon déshonneur à chaque fois que je reprenais mon souffle. Il ne s’agissait plus de faire preuve d’héroïsme ou de noblesse. Il ne s’agissait plus de se conformer à l’étiquette ou de suivre un choix entre une douleur passagère et l’inimaginable souffrance de la liberté. J’avais souvent joué le rôle du héros au cours de mon existence, préférant l’aventure et la folie au confort de la raison – mais s’en était assez. Il fallait en finir maintenant ! Je pensais que retrouver ma femme pouvait panser mes blessures de guerre mais plus je la regardais et plus j’avais mal. Je n’arrivais plus à dormir à ses côtés car l’odeur de ses vêtements me procurait une sensation de répit que je m’interdisais. Sans en avoir pleinement conscience, je crachais mon poison sur notre mariage. Je tombais en l’entrainant dans ma chute. Le retour à la réalité réveille en moi un sentiment de haine effroyable. J’ai la cervelle brûlée. Je ne sais pas réfléchir. Ma mémoire heureuse est partie. Il n’y a plus que des traces de toi. Je … Je pense que ce n’est plus envisageable. Elle releva son visage vers moi d’un geste las, et je pu déceler toute la colère qui emplissait son regard humide. Elle me détestait, sans doute avec la même ferveur et la même hargne que je pouvais bien me détester moi-même. Tous ces meubles silencieux, ces décorations harmonieuses et ces rideaux colorés s’abaissaient avec une expression crispée. «Alors agis en tant que tel.» Je penchai la tête avec recueillement avant de soupirer. Elle s’éloignait à l’instant où je pensais pouvoir éveiller en elle une quelconque réaction.  Ma bouche amère se figea dans le temps, ravalant toutes mes remarques sèches et glaciales. Tu voudrais que j’agisse en tant que mari après ce qui s’est passé dans la baignoire ? Me demandais-je ne lui adressant un regard au coin comme le font les personnes qui partagent un terrible secret. Je repliais précautionneusement les revers de ma veste avant de croiser mes bras sur mes cuisses cagneuses. Olivia demeura muette un instant. Ses longs cheveux blonds tombaient comme des filets célestes sur ses épaules tremblantes. Cette merveilleuse femme m’avait un jour accompagné jusqu’à la marie afin de m’épouser une seconde fois. Elle m’avait parlé d’espoir et d’avenir, mais je ne pouvais plus songer à ces choses là. Je ne pouvais pas m’en sortir. J’avais déjà sombré si loin dans la crevasse. «Lorsque je t’impose tout ça ? Et qu’est-ce que je t’ai imposé ? Un toit sur ta tête ? Un endroit où dormir ? Tu veux savoir ce que tu m’as imposé, à moi ? L’armée. L’Afghanistan. La guerre. Ta mort. Tu m’as imposé ta mort, Isaac. Tout ça pour quoi ? Pour me faire entendre dire que je suis égoïste de t’imposer mon appartement ?» Sa voix n’était qu’un murmure dont les flottements caressaient mon visage avec allégresse.  La majorité de mes plaies avaient guéris, ne laissant plus que des cicatrices sur ma peau, mais parfois, la douleur inhérente à toutes mes tortures envahissait ma poitrine. Je distinguais ses reproches. Je les encaissais car je pensais exactement la même chose. J’avais causé tous ses malheurs. Puis-je exister à nouveau ? Puis-je redevenir un homme ? Je sentis l’indignation bourdonner dans mes oreilles. Je déglutis avant de tendre mes mains vers le vide. « Je ne suis pas mort ! Je ne suis jamais mort … Ils n’ont même pas essayé de me tuer. Je n’étais qu’un jouet bon à tourmenter… Un corps qu’on pouvait mutiler et humilier … Je … Je suis un soldat d’élite de l’armée américaine. On m’appelle Lucky Louie, et maintenant tu me méprises comme si j’étais endommagé. Je suis là. Je suis toujours moi. Tu n’as rien perdu Olivia. C’est moi ! J’ai tout perdu là-bas et tu as pu mener un semblant de vie et te noyer dans le déni. Alors que je t’ai aimé tous les jours et que je suis usé de t’aimer encore et encore … il y a tellement d’hommes entre nous. Tu as perdu notre enfant à cause de moi aussi ? Je t’ai emmené. Je l’ai tué … » Je ne voulais pas de son toit. Je ne voulais pas de SON appartement. Je m’éveillai de ma torpeur afin de me redresser avec nonchalance. La tristesse se dessinait de plus en plus nettement sur mon visage. « Je n’ai pas religion, Olivia. Et si je devais choisir entre être ici et la possibilité de retrouver une quelconque forme de paradis, je choisirais de partir. Tu m’as laissé tomber. Vous m’avez tous laissé pourrir. »  J’haussai les épaules en faisant un pas vers Jasmine.   Elle était si petite.  Un frisson de dégout traversa mon échine. Je fermais les yeux afin de lutter contre mon émotion. « J’ai rencontré quelqu’un dans un bar. Elle s’appelle Danny. Je ne porte pas mon alliance et mon tatouage s’est effacé … Mais à chaque fois, que j’ai tenté une approche j’ai pensé à toi. Comment as-tu pu le faire ? » J’avais l’impression qu’on me tranchait la gorge. Je sentais l’angoisse absolue qui faisait battre  mon cœur à toute rampe. L’angoisse de la trahison, de la mort et de la fin. J’étais prisonnier du temps. Le monde bougeait à une vitesse fulgurante et je restais stoïque, enchainé à mon propre désarroi. Je ne savais plus comment me soustraire au destin que je redoutais. Je ne savais plus comment me soustraire à l’amour qui me pesait. Je suis peut-être comme toi. Comment tu te sens quand tu dors dans ce lit de solitude ? Je posai mes mains sur les rebords du berceau. «Partir où ? Donne-moi des bonnes raisons de te suivre.» Je me retournais lentement vers elle avant d’acquiescer d’un hochement de tête. Elle m’apparaissait comme un bourreau. Olivia portait en elle une guillotine luisante, tandis que je grelottais de froid dans la grisaille, la gorge serrée par une sensation pitoyable de défaite, mais j’étais prêt. Je consentais à tomber une dernière fois. « Nous devons être ensemble. Nous sommes faits pour être ensemble, Liv. » Je tressailli en prononçant ce surnom. Jake l’appelait comme ça. Tout le monde l’appelait comme ça. D’une voix basse, les dents serrées, je déclarai : « Oublie-les tous, et restes avec moi - exclusivement. »  Mes yeux sombres la regardaient de manière intense et je lui tendis la main. Lève-toi et dis moi que tu me suivras. Ailleurs. N’importe où, mais pas ici.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mer 17 Juin 2015 - 20:57 par Invité

Isaac & olivia — deep grief sometimes is almost like a specific location, a coordinate on a map of time. when you are standing in that forest of sorrow, you cannot imagine that you could ever find your way to a better place. but if someone can assure you that they themselves have stood in that same place, and now have moved on, sometimes this will bring hope. ✻ ✻ ✻ Je ne le comprenais pas, non. Il me perdait. Il me baladait. Il s’acharnait. Pire encore, j’avais l’impression qu’il n’avait pas pleinement conscience des incohérences qui rythmaient ses discours et de l’horreur de ses mots ; cependant, il ne s’était jamais donné la peine pour m’aider à assembler le puzzle de mes pensées, ni même à soulager mon mal être. Il n’avait jamais fait d’efforts pour me retrouver ou pour m’inciter à rester. Il n’avait jamais tenté de paraître plus clair, plus clair et plus compréhensif. Peut-être s’en fichait-il. Peut-être n’en avait-il rien à faire. Je n’étais qu’un jouet entre ses mains tremblante. Un souffre-douleur dans son existence tragique. C’était comme s’il n’était qu’un gosse, un gamin qui souhaitait seulement me faire payer pour mes actions, me faire payer pour ce qu’il lui était arrivé, un gamin qui ne comprenait pas toutes les situations et qui, pourtant, se bornait à croire qu’il avait raison.
Je n’étais pas suffisamment vaniteuse pour affirmer que je détenais la vérité, pour clamer que je savais ce que je faisais. Mais, au fond de moi, au fond de mon coeur, j’avait conscience qu’Isaac fonçait droit dans le mur. J’avais conscience qui se plaisait dans le chaos de son existence et qu’il cherchait, sans cesse, des excuses pour aller encore plus mal. Quelque part, il ne correspondait pas à l’image que j’avais de mon mari autrefois ; il n’avait plus ce courage presque borné, il n’avait plus ces intentions de ne pas se laisser faire. Il avait promis de défendre sa patrie mais il n’était plus suffisamment déterminé pour se sauver lui-même. C’était une preuve soulevant sa lâcheté mais aussi des ravages qu’il avait subit sur sa personnalité même. Mon mari avait changé. Je peinais à l’accepter mais je tentais de m’y faire quand même. C’était lui qui refusais de voir la vérité en face. Lui qui s’aveuglait sur sa condition, s’en tenait au à priori qu’il avait. « Je ne suis pas mort ! Je ne suis jamais mort… Ils n’ont même pas essayé de me tuer. Je n’étais qu’un jouet bon à tourmenter… Un corps qu’on pouvait mutiler et humilier… Je… Je suis un soldat d’élite de l’armée américaine. On m’appelle Lucky Louie, et maintenant tu me méprises comme si j’étais endommagé. Je suis là. Je suis toujours moi. Tu n’as rien perdu Olivia. C’est moi ! J’ai tout perdu là-bas et tu as pu mener un semblant de vie et te noyer dans le déni. Alors que je t’ai aimé tous les jours et que je suis usé de t’aimer encore et encore… Il y a tellement d’hommes entre nous. Tu as perdu notre enfant à cause de moi aussi ? Je t’ai emmené. Je l’ai tué… » dit-il. Son discours était décousu. Ses paroles me touchaient trop pour que je parvienne à lui répondre. Je refusais de l’observer, songeant à quel point il pouvait se tromper. Il ne s’était jamais demandé ce qu’il s’était passé pour nous. Il avait vécu l’enfer sans même se dire, une seule fois, que nous n’avions pas connu le paradis de notre côté. « Je n’ai pas religion, Olivia. Et si je devais choisir entre être ici et la possibilité de retrouver une quelconque forme de paradis, je choisirais de partir. Tu m’as laissé tomber. Vous m’avez tous laissé pourrir, » acheva-t-il en faisant un pas vers Jasmine. Je sentis mes mains trembler de rage sur mes genoux. Il était une victime, oui. Une victime de la guerre. Une victime des combats. Une victime des Etats-Unis d’Amérique. Cependant, il se plaisait dans cette dénomination, l’entendant encore plus, s’amusant à croire que nous avions aussi été des bourreaux, à notre manière.
Des bourreaux parce que nous n’avions pas su voir que la mort nous avait trompé. « Tu étais mort, Isaac. Mort. J’ai le ton certificat de décès entre mes mains. J’ai vu ton corps se faire rapatrié. Tu ne l’étais peut-être pas réellement mais nous avons tous cru t’enterrer. Nous avons tous cru que nous t’avions perdu, » articulai-je en tentant de rester calme. En tentant de ne pas montrer à quel point cela pouvait m’atteindre. En tentant de garder la tête haute même si j’avais envie de me recroqueviller et ne plus jamais le regarder. « Tu ne peux pas nous blâmer pour ça. Tu n’as pas le droit de nous accuser d’avoir tourné la page alors qu’on a été obligé de le faire. J’ai perdu mon mari, que tu le croies ou non. J’ai été persuadée de t’avoir perdu, toi, pendant plus de quatre ans. J’ai passé plus de quatre années à me répéter que tu ne serais plus jamais là. Pour moi tu étais mort au champ de bataille et je n’avais pas d’autres choix que faire mon deuil et aller de l’avant. Je ne t’ai pas cherché parce que je n’avais pas envie de le faire. Je ne t’ai pas cherché uniquement parce que je croyais que l’on ne pourrait plus te trouver, » poursuivis-je. Il ne s’était pas donné la peine d’évaluer mes douleurs. Il ne s’était pas donné la peine d’y penser, même. « Il n’y a aucun homme entre nous, Isaac. C’a toujours été toi. C’est juste que j’aie dû tenter de trouver du bonheur ailleurs en croyant que j’avais déjà perdu l’homme de ma vie. Si j’avais vraiment réussi à me défaire de toi, crois-moi, je me serais déjà remariée, j’aurais déjà eu des enfants. Mais je n’en ai pas été capable. Je n’ai pas réussi. Aucun autre ne t’arrivait à la cheville. Mais tu sembles obstiné à penser le contraire. » Je levai les yeux vers lui. Mes attaques étaient directes ; j’étais fatiguée, fatiguée et lasse, d’être dénigrée de cette manière simplement parce que j’avais commis la bêtise de reconstruire ma vie sexuelle au bout de deux années de deuil. Regarde-toi, Isaac. Tu te souviens des promesses que tu m’as arraché, avant de partir au front ? Tu te souviens que tu ne voulais pas que je reste veuve toute mon existence s’il t’arrivait malheur ? Tu voulais que je sois forte. Tu voulais que j’aille de l’avant. C’est ce que j’ai fait, et tu n’as même pas la décence d’admettre que c’était ton idée, au départ. Maintenant assume. « J’ai rencontré quelqu’un dans un bar. Elle s’appelle Danny. Je ne porte pas mon alliance et mon tatouage s’est effacé … Mais à chaque fois, que j’ai tenté une approche j’ai pensé à toi. Comment as-tu pu le faire ? » Je revins sur Terre en l’entendant reprendre. Je ne pus m’empêcher d’éprouver une pointe de jalousie. Je ne pus m’empêcher de me sentir trahir. J’aimais crois que c’était différent. Que je ne l’avais pas trompé. Que nous n’avions pas été mariés quand j’avais fini dans les draps des autres. Que, lui, avait volontairement essayé de voir ailleurs, même s’il n’y était pas parvenu. « Je te l’ai dit. Je te croyais mort, » expliquai-je avec froideur, incapable de conserver mon calme olympien. « Et ça m’a demandé des mois et des mois pour ne serait-ce qu’oser regarder un homme dans les yeux. Puis, finalement, une personne a fini par me dire que personne ne méritait d’avoir aussi mal. Que je ne pouvais pas perdre mon temps à souffrir à cause du passé. » Mes yeux glacials étaient levés vers lui et je l’observai, toute expression ayant déserté mon visage. Je voulais qu’il me regarde et qu’il admette. Qu’il admette que Julian avait eu raison de me dire une chose pareille. Qu’il admette que c’était ce qu’il m’avait toujours dit.
Qu’il admette que je n’avais pas mérité de souffrir autant. Que cela n’aurait jamais dû être le cas.
Mais qui étais-je pour demander des choses pareilles.
Il se tourna vers moi quand il entendit ma question. Il me perdait, il continuait de le faire. Je ne savais pas comment interpréter ses paroles. Il s’était appliqué à me faire comprendre que je n’étais qu’une moins que rien, qu’une imposteur, mais il me demandait de m’en aller avec lui. M’en aller comme si je comptais. « Nous devons être ensemble. Nous sommes faits pour être ensemble, Liv. Oublie-les tous, et reste avec moi. Exclusivement. » J’arquai un sourcil. Ses pensées étaient décousues, oui. Ses discours étaient illogiques. Du moins, dans mon esprit terre à terre. « C’est qui, tous ? » demandai-je avec précaution. « Mes frères et sœurs ? Jasmine ? Où ces hommes dont je ne me souviens même plus de leurs visages ? » Je l’attaquai ouvertement mais j’en avais assez d’accepter ses paroles, d’hocher la tête et me laisser faire quand il me blessait. J’attaquai ouvertement mais je n’en pouvais plus de faire comme si j’allais bien, d’être courageuse pour deux quand cela était parfaitement inutile. Tu sais, Isaac, j’ai toujours su que tu serais ma mort, ma damnation. Mais je n’ai jamais songé que cela soit dans ce sens-là.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Dim 21 Juin 2015 - 16:25 par Invité
“There’s a pain. It does ripple through my frame, makes me lame, make me weak. And his touch, must be wanted, must become, through your ask as I bled every day now, for a year and a year. ” Mes pensées bourdonnaient dans mes oreilles. Elles étaient compliquées, difficiles à déchiffrer, si bien que je devais partiellement deviner les sens cachés de ma propre conscience. Le décor se confondait sous mon regard troublé. Les mots restaient figés au fond de ma gorge, mais ils me semblaient pâles, fugitives et fragiles. La réalité s’évanouissait dans les chaos d’un cœur abîmé par la guerre. Je relevai mon visage paralysé vers Olivia. Elle était aux premiers rangs, armée jusqu’aux dents. C’était ses coups qui me blessaient le plus. Je fermai les yeux en m’éloignant mais j’avais beau prendre mes distances, le son de sa voix ne disparaissait jamais. Il me berçait éternellement. Elle me hantait comme un fantôme blanc perdu au milieu des cadavres pourrissants de mes camarades. Pourquoi fallait-il que je l’aime jusqu’au bout de la damnation ? Je soupirai en m’avançant vers le berceau de Jasmine. Je n’avais pas besoin de la présence d’un enfant entre nous. Je ne voulais pas qu’elle vive la concrétisation d’un ancien rêve sans moi. Elle me donnait l’impression d’avoir survécu au pire, tandis que je bataillais encore pour me relever. C’était étrange, mais les chaînes des talibans me retenaient toujours captif, quelque part dans un sous-terrain inconnu du monde. Je voulais m’en sortir. J’essayais d’ouvrir la porte mais la poignée lourde et glissante refusait de s’abaisser sus la pression de ma main. Mes yeux étaient devenus vitreux, jaunes et sans vie. Je regardais les draps roses de la petite. Elle dormait comme un ange déchu du ciel mais l’éclat paisible qui se dessinait sur ses traits innocents ne faisaient qu’éveiller la douleur lancinante qui habitait au fond de ma poitrine. Je voulais qu’elle parte. Je voulais réellement qu’ils partent tous. «Tu étais mort, Isaac. Mort. J’ai le ton certificat de décès entre mes mains. J’ai vu ton corps se faire rapatrié. Tu ne l’étais peut-être pas réellement mais nous avons tous cru t’enterrer. Nous avons tous cru que nous t’avions perdu,» Siffla-t-elle avec froideur. J’étais contraint au silence par une force invisible. Au moment où j’ouvrais la bouche, je me sentais comme un petit ouvrage entre ses mains. Elle pouvait lire entre les lignes filigrane qui marquaient ma peau, mais elle ne comprenait pas les valeurs muettes que je portais sur mes épaules. Je n’étais qu’un mince livret imprimé sur de papier de mauvaise qualité. Une brochure effeuillée sans message ni morale. «Tu ne peux pas nous blâmer pour ça. Tu n’as pas le droit de nous accuser d’avoir tourné la page alors qu’on a été obligé de le faire. J’ai perdu mon mari, que tu le croies ou non. J’ai été persuadée de t’avoir perdu, toi, pendant plus de quatre ans. J’ai passé plus de quatre années à me répéter que tu ne serais plus jamais là. Pour moi tu étais mort au champ de bataille et je n’avais pas d’autres choix que faire mon deuil et aller de l’avant. Je ne t’ai pas cherché parce que je n’avais pas envie de le faire. Je ne t’ai pas cherché uniquement parce que je croyais que l’on ne pourrait plus te trouver,» Je serrai les poings. La rage grondait dans mon système avec une force détonante. J’avais envie de tomber et de fondre sur son parquet parfaitement ciré. Je voulais souiller cette vision de propreté et d’ordre qu’elle s’était crée pour fuir la réalité. Ainsi, peut-être, se souviendrait-elle de ma vie au lieu de me rappeler constamment que j’étais mort. Ma mâchoire frissonna légèrement mais je n’avais pas froid. C’était la peur qui envahissait mes veines et qui coulait jusqu’au tréfonds de mon âme. Je déglutis en secouant frénétiquement la tête. Des conneries. Elle parlait mais je n’entendais que des conneries. «Il n’y a aucun homme entre nous, Isaac. C’a toujours été toi. C’est juste que j’aie dû tenter de trouver du bonheur ailleurs en croyant que j’avais déjà perdu l’homme de ma vie. Si j’avais vraiment réussi à me défaire de toi, crois-moi, je me serais déjà remariée, j’aurais déjà eu des enfants. Mais je n’en ai pas été capable. Je n’ai pas réussi. Aucun autre ne t’arrivait à la cheville. Mais tu sembles obstiné à penser le contraire.» Je plaquai violement mes mains sur mes yeux en soupirant. L’air me manquait terriblement. J’étais à bout de souffle et elle ne pouvait plus m’aider. J’avais grandi dans un foyer machiste. J’avais vu mon père commander ma mère et régir le destin de ses enfants. Toute ma vie, je m’étais promis que je n’imposerais jamais mes pensées, mes choix ou mes décisions à ma femme, mais Olivia était là, et je n’avais qu’une seule envie ; la faire ployer pour exercer une forme de pouvoir exubérant et complètement insensé. Le masque de la désillusion tombait mais je ne reconnaissais pas le visage qui se cachait derrière mes traits fatigués. Je serrais les dents sans dévoiler mon expression horrifiée. Je n’étais qu’un tas de muscles, de chair et d’os grossièrement assemblés sous la forme d’un humain. « Je sais. Je sais ce que je t’ai demandé après la mort d’Alan. Je me croyais invincible à l’époque et je le suis peut-être. Je n’ai pas le droit de mourir en paix apparemment.» Je serrai mes coudes contre mon estomac en me courbant. « Je pensais que te savoir heureuse me réconforterais dans ma disparition, mais je ne suis pas mort. Je ne suis pas immunisé contre la vérité. Je comprends, je t’ai donné mon feu vert. Je t’ai demandé d’avoir une vie sexuelle. Je t’ai obligé à devenir une personne qui me brise le cœur. Tout est de ma faute maintenant et je ne sais pas comment me reconstruire autour de toi. » J’avais l’impression que je voulais lui faire du mal pour compenser toutes les pertes que nous avions subi, pour trouver un semblant d’équilibre dans ma douleur. J’étais perdu et elle ne pouvait plus me retrouver. J’étais revenu mais elle ne pouvait toujours pas me retrouver. «« Je te l’ai dit. Je te croyais mort, et ça m’a demandé des mois et des mois pour ne serait-ce qu’oser regarder un homme dans les yeux. Puis, finalement, une personne a fini par me dire que personne ne méritait d’avoir aussi mal. Que je ne pouvais pas perdre mon temps à souffrir à cause du passé.» Ses yeux glacials étaient dirigés vers moi, attendant une réaction, une confession ou une douce promesse, mais je restais sceptique. Je refusais d’admettre ce qui était de raison. Je refusais de lui offrir un espoir de salut parce que mes souvenirs ne remontaient pas aussi loin. J’étais aussi malsain et égoïste que mon père après son retour du Viêt-Nam. Je clignai des yeux à plusieurs reprises avant de soupirer. « Non, Olivia. Tu n’aurais pas souffert pour le passé. Tu aurais souffert pour moi. Qu’elles étaient les chances pour que je sois en vie ? Aucune, très certainement. Mais je le suis. Je sais que parfois ça te pèse, tu aurais préféré que ta petite routine ordonnée ne soit pas brisée par la présence d’un homme désagréable et fou. » Je crispai mes muscles avant de dégager mon visage. Mes traits perçants se posèrent sur elle. Elle était assise sur le matelas, aussi calme et imperturbable que d’habitude. Aussi parfaite et inchangée que par le passé. C’était moi le chaînon manquant. L’homme qui avait grandi au milieu des barbares. Je plissai le menton en attendant sa réponse. Je m’appliquais dans chacun de mes gestes afin de comprendre cette logique normale qu’elle semblait évangéliser dans ce monde idéal et sans rature.

«C’est qui, tous ? Mes frères et sœurs ? Jasmine ? Où ces hommes dont je ne me souviens même plus de leurs visages ?» J’ouvris un peu la bouche avant de sourire d’un air mesquin. Ces hommes dont je ne me souviens même plus de leurs visages… Moi, je me souvenais de leurs visages même sans les avoir connu. Je reconnaissais son odeur dans leurs souvenirs et j’entendais ses halètements succédés dans leur conscience. Je voulais le retrouver et les tuer un à un. Je croisai mes bras sur mon torse. Elle savait parfaitement où je voulais en venir. Elle réalisait l’ampleur de ma demande. « Tout le monde sans aucune exception. J’ai des tendances agoraphobes, chaque matin ici est une angoisse en plus. Je veux être seul. Je suis seul depuis trop longtemps. » Murmurai-je sérieusement. C’était une proposition que je ne voulais pas répéter deux fois. Il fallait qu’elle se lève et qu’elle accepte de me suivre encore. Ainsi, je pourrais me consacrer à ses blessures. Je pourrais enfin tournoyer en orbite autour d’elle, sans être interrompu par les brouhahas incessants du monde autour.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 30 Juin 2015 - 21:20 par Invité

Isaac & olivia — deep grief sometimes is almost like a specific location, a coordinate on a map of time. when you are standing in that forest of sorrow, you cannot imagine that you could ever find your way to a better place. but if someone can assure you that they themselves have stood in that same place, and now have moved on, sometimes this will bring hope. ✻ ✻ ✻ J’avais toujours eu cette capacité. Cette capacité à prendre sur moi et aller de l’avant. Cette capacité à intérioriser toutes mes émotions pour ne pas les laisser me dominer, pour ne pas les laisser me ronger. De cette manière, j’avais eu l’impression d’être d’exercer un certain contrôle sur ma vie, sur mon existence. De cette façon, je m’étais rassurée, rassurée alors que le monde entier s’écroulait autour de moi. Je prenais sur moi. Je prenais sur moi d’une façon telle que je me faisais marcher dessus par les autres sans même qu’ils s’en rendent compte. Je prenais sur moi jusqu’à l’instant où mes sentiments devenaient trop sauvages pour que je puisse les canaliser.
Puis, finalement, j’explosais, tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre. J’explosais violemment, dans mille-et-un cris, dans une colère toute en nuances. J’explosais et je ne retenais plus rien, plus aucun mot, plus aucun geste. C’était sans doute le prix à payer quand on laissait passer trop de choses. Le prix à payer quand on acceptait d’accorder du crédit aux autres quand ceux-ci n’avaient même pas la décence d’en faire autant avec nous.
Je prenais sur moi, en cet instant. Mes discours étaient sans doute trop franche et teintés d’exaspération mais je retenais en mon sein toute l’indignation qui m’animait. J’avais peur du faux pas, peur de ses réactions, peur de la manière dont il pourrait se comporter si jamais je m’abaissais au même niveau que lui. J’avais peur, oui. Comme si j’avais conscience qu’il pouvait me faire du mal volontairement. Comme si j’avais conscience qu’il pourrait franchir les limites sans même hésiter une seule seconde.
Il y avait cette menace. Cette menace qui planait au-dessus de ma tête. Cette menace qui m’alarmait mais que je continuais d’ignorer. Je savais, au fond de moi, que je ne pourrais pas supporter tout cela plus longtemps. Je savais, au fond de moi, que cela n’était qu’une question de temps avant que je ne tourne les talons pour m’enfuir, m’enfuir loin. Il venait tâcher les souvenirs que j’avais gardé au creux de mon coeur. Il venait ruiner une relation qui m’avait manqué pour finalement me pousser à tout arrêter avant qu’il ne soit trop tard.
Avant que je ne regrette. Regrette de l’avoir rencontré.
Regrette de l’avoir un jour aimé.
Je déglutis avec difficulté, mes pensées décousues s’entassant dans mon esprit. Mes justifications étaient veines et je le constatais avec une certaine amertume ; je vis Isaac plaquer ses mains sur ses yeux, comme pour se voiler le regard, comme pour ignorer la vérité comme un enfant, un gamin. « Je sais. Je sais ce que je t’ai demandé après la mort d’Alan. Je me croyais invincible à l’époque et je le suis peut-être. Je n’ai pas le droit de mourir en paix apparemment. Je pensais que te savoir heureuse me réconforterais dans ma disparition, mais je ne suis pas mort. Je ne suis pas immunisé contre la vérité. Je comprends, je t’ai donné mon feu vert. Je t’ai demandé d’avoir une vie sexuelle. Je t’ai obligé à devenir une personne qui me brise le cœur. Tout est de ma faute maintenant et je ne sais pas comment me reconstruire autour de toi. » Le fait qu’il l’admette de cette manière me parut presque étrange, mais je ne dis rien, contenant ma surprise. Je ne vins même pas le reprendre sur d’autres points ; il se focalisait sur mes amants comme s’ils avaient encore une quelconque importance à mes yeux. Il se plaisait dans sa jalousie maladive comme si elle lui donnait une raison d’être. Comme s’il avait besoin de ça pour s’imposer dans mon existence en tant que mari. « Non, Olivia. Tu n’aurais pas souffert pour le passé. Tu aurais souffert pour moi. Qu’elles étaient les chances pour que je sois en vie ? Aucune, très certainement. Mais je le suis. Je sais que parfois ça te pèse, tu aurais préféré que ta petite routine ordonnée ne soit pas brisée par la présence d’un homme désagréable et fou, » reprit-il et j’encaissai le coup en demeurant impassible. Je n’aimais pas la manière dont il me dénigrait. Je n’étais même pas sûre qu’il se rende compte que ses mots étaient blessants. Finalement, il posa de nouveau son regard sur moi et je le fixai avec insistance, comme si mes yeux pouvaient être bien plus évocateurs que les mots. « Ce qui me pèse, ce n’est pas mon quotidien boulversé ou ta présence, » repris-je en pensant chacun de mes mots. « C’est l’application constante que tu as à me faire comprendre que je ne suis qu’une salope et une moins que rien. J’étais heureuse, sinon. Heureuse que tu sois là. Heureuse que tu viennes tout déranger parce que tu étais finalement là. » J’eus presque envie de rire. Envie de rire parce que je savais, malgré l’obstination que j’avais, que mes mots n’avaient aucun sens, que mesmots ne servaient à rien.
Qu’ils ne les entendrait pas. Qu’il ne les écouterait pas.
Comme s’il était au-dessus de tout ça. Comme s’il était au-dessus de moi.
Je l’observai avec gravité quand il me fit sa proposition, incapable de savoir s’il était sérieux, incapable de deviner s’il pensait réellement ses mots. Je ne savais même pas s’il se rendait compte de la demande qu’il me faisait ; je lui avais tant donné et pourtant cela ne lui suffisait pas, cela ne lui suffisait plus. Il lui faisait plus. Encore plus. Toujours plus. « Tout le monde sans aucune exception. J’ai des tendances agoraphobes, chaque matin ici est une angoisse en plus. Je veux être seul. Je suis seul depuis trop longtemps. » Son sérieux me frappa, me prouvant qu’il ne mesurait pas du tout le sacrifice qu’il me demandait contre bien trop peu d’assurance que cela arrangerait les choses. Je demeurai silencieuse le temps de remettre de l’ordre dans mes idées, puis je détournai la tête pour poser mes yeux sur Jasmine. « Non, »  répondis-je finalement, lui tenant tête, cessant de céder à ses caprices pour la première fois. « Je ne peux pas laisser Jasmine. Je refuse de le faire. » C’était catégorique, non négociable. S’il n’avait pas encore compris que j’étais réellement mère, j’espérais qu’il allait mesurer l’ampleur de mon engagement, désormais. Qu’il allait réellement se rendre compte que je l’aimais comme une mère pouvait aimer sa fille, que je refusais de l’abandonner comme une étrangère pourrait le faire. Je n’étais pas celle qui l’avait mis au monde mais j’étais celle qui avait promis de l’élever.
Elle était ma fille. Ma seule et unique fille. Le seul et unique enfant que j’aurais. « J’ai déjà abandonné ma famille une fois pour toi et regarde où est-ce que ça m’a mené, » repris-je avec lassitude. « Mais je pense que je pourrais le refaire. Mais je n’abandonnerai pas ma fille.» Ma fille, mon enfant, mon bébé. Mes yeux l’observaient de là où je me trouvais, détaillant ses traits poupins, ignorant Isaac qui était toujours dans mon champs de vision.
Il ne faisait que de me décevoir, quelque part, malgré tout le soutien que je lui donnais. Je n’avais jamais le droit à une lueur d’espoir. A des mots de réconfort. A des éclats de lucidité. Et, en cet instant, j’avais l’impression que la seule qui ne me faillirait jamais se trouvait dans ce berceau.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Jeu 9 Juil 2015 - 11:27 par Invité
“There’s a pain. It does ripple through my frame, makes me lame, make me weak. And his touch, must be wanted, must become, through your ask as I bled every day now, for a year and a year. ”  Je ne voulais plus l'entendre. Cet abandon de mes illusions, cette dissolution de ma personnalité et cette application qu'elle avait à reprendre chacune de mes paroles, devenait pénible. Je remarquai pour la première fois, la crainte atroce et honteuse qui faisait partie de mon ancienne vie de bourgeois. Olivia n'était pas la seule à mentir. Je le faisais moi aussi. Jusqu'à présent, je n'avais fait que subir les conséquences d'une vérité oubliée. Je m'étais languis du passé sans essayer d'envisager la situation actuelle. Oh, je comprenais tout. J'entendais quelque part derrière moi le rire effroyable de tous les hommes qui avaient touché ma femme parce que j'avais été stupide pour détourner le regard. Je savais que je portais en moi, les souvenirs d'un millions de soldats, aussi petits et insignifiants que des figurines de jeu. J'étais prédisposé à ressentir leurs souffrances, à frémir d'horreur devant l'absurdité de leur destin. Je les avais conduis jusqu'à la mort afin de suivre les commandements de mon capitaine. J'avais parcouru les entendues de sables sur plusieurs kilomètres avant de réaliser que je traversais les portes de l'enfer. Je soupirai en marchant à reculons. Mon dos heurta le fond de la pièce et je restai là, immobile, piégé dans mes pensées. Je relevai ma tête, j'étirai mon visage et je rencontrai l'expression triste de ma veuve. La femme qui avait serré le drapeau américain en susurrant mon prénom. La femme que j'aimais tellement fort, qu'à chaque fois que son regard bienveillant se posait sur moi, elle me volait un morceau de mon âme. C'est fatiguant. Te détester me fatigue. J'aimerais tout oublier. Je voudrais fermer les yeux et perdre la mémoire. Olivia, l'existence a un goût amer. Je faisais vraiment un effort pour survivre, puis je me suis arrêté à bout de souffle, excédé par les coups et les humiliations à répétition. Alors je me suis demandé à quoi bon continuer. Pourquoi ? Je les ai laissé plonger le couteau dans mon abdomen jusqu'au manche. Le sang a coulé sur ma peau. Je me suis tourné et j'ai laissé la vie onduler autour de ma plaie. J'ai abandonné un million de fois mais tu apparaissais toujours au dernier moment pour me secouer. Tu posais ta main sur mon front. Tu essuyais le sang avec tes lèvres et tout à coup, j'étais à la maison. J'ouvris les yeux un court instant avant d'observer sa silhouette qui se reflétait dans l'obscurité comme un faisceau de lumière. « Ce qui me pèse, ce n’est pas mon quotidien boulversé ou ta présence, c’est l’application constante que tu as à me faire comprendre que je ne suis qu’une salope et une moins que rien. J’étais heureuse, sinon. Heureuse que tu sois là. Heureuse que tu viennes tout déranger parce que tu étais finalement là.  » Je me mordis nerveusement la lèvre inférieure. Je frottai le bout de mon pouce contre ma mâchoire avant de grogner comme une bête sauvage. La querelle qui nous opposait m'avait presque fait oublié la présence de la petite Jasmine dans la chambre. Mon regard se posa sur son berceau. J'avais réellement l'impression d'avoir tout perdu. Je m'efforçais à rester calme mais je finis par montrer mon mécontentement. L'air sarcastique, je me redressai et tendis les bras en avant. Ma main droite effectua deux gestes militaires bien distincts ; le premier avait pour but de signaler la présence d'un ennemi dans le secteur et le second, plus rapide et plus bref, donnait l'ordre d'éliminer la cible. Je tuerais l'ennemi. Peut-être était-il trop tard pour me sauver. Peut-êre avais-je causé trop de douleurs et de pleurs. Je grinçai des dents. « Je n'ai jamais dis que tu étais une salope. Je dis que tu es une épouse obéissante qui a très bien respecté les dernières volontés de son mari. » Je pliais et dépliais mécaniquement mes doigts afin de lutter contre l'appréhension qui s’infiltrait entre mes membres. Je marquai un léger silence avant de continuer : « Pourquoi tu me l'as dit ? Je t'aurais cru. Je ne l'aurais jamais deviné, tu es une sainte à mes yeux. Alors pourquoi tu me l'as dit, Olivia ? Je suis toujours irrationnel quand il s'agit de toi.   » Je frémis. Mon sentimentalisme me faisait courber l'échine bien malgré moi. J'avais si mal. Je ne supportais plus de rester confiné dans cet espace propre et ordonné. Je ne croyais plus que la perfection puisse exister dans un monde assailli par les guerres et la cruauté des peuples. Je flottais dans la chambre, effleuré par des parfums et des sons que je ne reconnaissais plus. Mon esprit succombait, salué et enflammé par le regard réprobateur d'Olivia.

« Non. » Sa voix trancha l'air comme une lame de rasoir. J'arquai un sourcil, surpris qu'elle puisse me refuser une requête. C'était la première fois en vingt-neuf ans qu'elle se dérobait à mon autorité. « Je ne peux pas laisser Jasmine. Je refuse de le faire.  » Plus elle était catégorique et plus j'étais blessé par son rejet. « J'ai déjà abandonné ma famille une fois pour toi et regarde où est-ce que ça m’a mené, mais je pense que je pourrais le refaire. Mais je n’abandonnerai pas ma fille. »  Pendant un instant, tout mon corps jusqu'aux genoux se serra sous l'emprise de la colère. Elle ne me regardait même pas. Ses yeux brillaient dans un direction différente de la mienne, et cette vision aussi puérile et ridicule soit-elle, suffit à me faire perdre le contrôle. « Pardon ? » Je fulminais. Sa fille ? Elle me réduisait à ça ? A être l'homme qui l'empêchait de voire ses enfants imaginaires ? Je pouvais vivre. J'avais le droit d'être là, de solliciter, d'exiger, son attention. Je n'avais plus à endurer de tourments, mais ses révélations me remplissaient de dédain. « Je suis curieux de savoir , qui est le père légalement ? Je suppose que ce n'est pas Theodore … Qui d'autre y a t-il dans ta vie ? » Je tremblais mais elle était toujours tournée vers Jasmine. Je conservais dans mon cœur les traces de ses piques. Je sentais la fièvre se propager dans mes veines et embraser ma poitrine. Je plaquai violemment mon poing contre le mur, faisant vibrer la commode et les décorations niaises qui s'y trouvait. « Je te parle. Regarde-moi. » Je venais d' hausser le ton. La petite se réveilla mais je ne bronchai pas. Je retins ma respiration.  « Je ... » Je t'aime. Vas-y dis-le ! Je déglutis en me postant devant elle. Je m'imposais dans son champ de vision, dans ses pensées, dans l'air qu'elle respirait.  « Pourquoi tu penses que je fais tout ça ? » Je fronçai les sourcils alors que les cris du bébé se faisaient entendre. Je me posai ma main sur l'épaule d'Olivia. Je te parle. Regarde-moi.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Lun 13 Juil 2015 - 19:10 par Invité

Isaac & olivia — deep grief sometimes is almost like a specific location, a coordinate on a map of time. when you are standing in that forest of sorrow, you cannot imagine that you could ever find your way to a better place. but if someone can assure you that they themselves have stood in that same place, and now have moved on, sometimes this will bring hope. ✻ ✻ ✻ Je l’avais pris pour époux pour le meilleur et le pire. Dans la richesse et la pauvreté. Dans la maladie et l’adversité. Je lui avais promis de l’aimer et de le chérir jusqu’à la vie de mes jours. Je me souvenais encore de notre premier mariage, celui où j’avais été vêtue de blanc, celui qui avait parfaitement correspondu à des rêves de petite fille. Je me souvenais encore des allures princières de notre union, de chaque détail de la cérémonie. Plus récemment, encore, je me souvenais de notre deuxième mariage, beaucoup plus sobre, où nous avions simplement signé des papiers attestant de notre engagement l’un envers l’autre. Il y avait eu moins de fantaisie, moins de magie, mais le contenu de nos voeux avaient été le même. Nous nous étions promis toutes ces choses. Nous les avions pensé. Du moins, je les avais pensé de tout mon coeur, du plus profond de mon âme.
Mais, j’avais fini par me demander si mes promesses concernaient également cet être que je ne reconnaissais plus. J’avais promis toutes ces choses, oui. Je les avais promis à Isaac. Pas à ce monstre qui s’amusait à me faire du mal à chaque fois un peu plus fort pour le simple plaisir de me voir agoniser sur le sol.
Je ne m’étais pas mariée avec lui. Du moins, presque.
Je déglutis avec difficulté, tentant de calmer mon coeur qui s’affolait dans ma poitrine. Mes mains étaient crispées sur mes genoux mais je ne parvenais pas à m’intimer au calme. Mon sang bouillonnait, mon corps réagissait. Je ne pouvais pas rester impassible parce que tout cela me tenait à coeur, parce que tout cela m’importait. M’importait réellement.
J’aurais aimé pouvoir être détachée, pouvoir mettre de la distance. J’aurais aimé pouvoir me dire que je m’en fichais, que je m’en fichais éperdument. Mais je n’y arrivais pas. Je n’y parviendrais pas. Notre passé, notre histoire, notre amour, même, étaient les fléaux de mon existence, des fléaux que je n’avais jamais soupçonné avant qu’ils ne finissent par me déchirer l’âme morceau par morceau, avec une lenteur inouïe et une violence rare. « Je n'ai jamais dis que tu étais une salope. Je dis que tu es une épouse obéissante qui a très bien respecté les dernières volontés de son mari, » me répondit-il et je secouai la tête. Je n’avais même plus la force de rire sans conviction. Je n’avais même plus la force de m’amuser de l’incohérence de ses paroles. Il osait me dire de pareilles choses en pensant tout le contraire. En se vengeant comme un gamin. En s’acharnant comme un monstre de terreurs. « Pourquoi tu me l'as dit ? Je t'aurais cru. Je ne l'aurais jamais deviné, tu es une sainte à mes yeux. Alors pourquoi tu me l'as dit, Olivia ? Je suis toujours irrationnel quand il s'agit de toi. » Je tournai la tête dans sa direction pour l’observer. J’avais l’impression que la réponse à ses questions était évidente, si évidente qu’il n’avait même pas d’excuse pour se demander ce genre de choses. Si évidente que je n’avais même pas à me donner la peine de lui répondre. « Je ne voulais pas que tu le saches autrement que par ma bouche. Je ne voulais pas te le cacher, » dis-je d’une voix lasse. Après tout, Isaac, n’avait-ce pas été toujours ainsi ? Je te dis tout, tu me dis tout. Tu me demandes pourquoi j’ai été franche avec toi alors que nous avons passé toute notre vie à respecter la vérité ? Regarde-toi, Isaac. Regarde-toi vraiment. Tu oses prétendre avoir des sentiments pour moi mais tu ne sais même plus de quoi notre amour a un jour été fait. Tu n’as pas d’excuses, Isaac. Tu n’en as pas. Parce que mes souvenirs sont aussi les tiens. Tu es peut-être différent mais cela ne te retire en rien ton passé. Notre passé. Mes pensées résonnaient dans mon crâne, sans réponse. Mes pensées résonnaient mais il n’y avait plus personne pour les entendre.
Plus personne pour les exprimer à voix haute. J’étais comme à demi-morte. « Pardon ? » me demanda-t-il d’un air courroucé en entendant mon refus. Je me redressai, le dos droit, continuant de refuser de le voir. Continuant de refuser de l’observer. « J’ai dit non, »  répétai-je d’une voix dure. Je refusais. Je refusais catégoriquement. Je refusais parce qu’en me soumettant ce choix, simplement, il m’avait prouvé que cela n’en valait pas la peine. « Je suis curieux de savoir, qui est le père légalement ? Je suppose que ce n'est pas Theodore… Qui d'autre y a t-il dans ta vie ? » reprit-il. Je serrai les dents en l’entendant s’emporter une nouvelle fois, en l’entendant s’emporter contre le vent. Je restai cramponnée à mes idées, cramponnée à celle que j’étais. Je refusais de céder à ses caprices simplement parce qu’il me faisait peur. Je refusais de céder à ses caprices simplement parce qu’il me brisait le coeur. « Personne ! Elle n’a personne d’autre que moi, » lui répondis-je. Il se trompait de problème. Il envisageait la situation comme s’il y avait toujours quelqu’un d’autre que lui alors que, depuis son départ, je n’avais fait qu’être seule. Seule, tout le temps seule. [coor=cadetblue] « Elle serait orpheline légalement si je venais à l’abandonner. Je refuse de le faire. Je refuse de la laisser simplement parce que tu es pris d’une folie passagère. » [/color] Je conservais mon menton haut, ma tête droite, mes yeux ne se tournant plus une seule fois vers Isaac. A côté de moi, je l’entendis frapper dans un meuble, mais je ne battis pas des paupières dans sa direction. Je ne désirais pas lui donner cette satisfaction. « Je te parle. Regarde-moi, » fulmina-t-il en haussant le ton. La petite se mit à pleurer. Je fermai les paupières pendant une poignée de secondes avant de me redresser pour m’avancer vers elle. M’avancer vers elle et la réconforter. « Je... Pourquoi tu penses que je fais tout ça ? » Il se posta devant moi, me barrant l’accès vers le berceau. Sa main se posa sur mon épaule et je me dégageai d’un mouvement, faisant douloureusement un pas en arrière pour lui faire comprendre que je ne souhaitais aucun, absolument aucun, contact avec lui. « Ne me touche même pas, »  déclarai-je en levant les yeux vers lui. J’étais en colère, oui. En colère contre lui, en colère contre ses folies, en colère contre cette application qu’il avait à toujours me contredire, à toujours faire l’inverse, à toujours trouver du mal dans tout le bien que je voulais lui offrir. « De toute évidence, tu ne fais pas ça pour moi, »  repris-je. Les cris de Jasmine s’intensifièrent et mon coeur, lui, sembla pleurer avec elle dans ma poitrine. « Je suis mère, Isaac. Sa mère. Il n’y a absolument aucune histoire avec un homme ou quoi que ce soit d’autre. Tu sais ce que tu fais ? Tu me tues. Tu m’épuises. Tu joues avec moi comme si j’étais un vulgaire jouet bon à martyriser. Mais, tu sais quoi Isaac ? Je suis humaine. J’ai des sentiments. Et si tu n’es pas prêt à le comprendre, ou même à tenter de faire des efforts, la porte est juste là. Maintenant, je vais m’occuper de ma fille. »  Je le bousculai légèrement, laissant échapper un cri quand une vive douleur remonta dans ma hanche, pour finalement me pencher au dessus du berceau de Jasmine. Je l’attrapai dans mes bras pour la loger contre moi, presque rassurée au contact de sa peau chaude, presque rassurée de finalement l’avoir contre moi.
Parce qu’il ne me restait plus qu’elle. Le corps de mon mari était peut-être revenue de la guerre, mais son esprit était toujours perdu ailleurs, me laissant seule, plus seule que je ne l’avais été quand je l’avais cru mort.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
() message posté par Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
London Calling. :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
» Love is keeping the promise anyway (Olivia)
» to write love on their arms. (eugenia/olivia)
» Au lieu de voir que les roses ont des epines, voyez que les epines ont des roses ♦ Jenny
» (sam + julian) i love you once. i love you twice. i love you more than beans and rice.
» today, you said « hi» to me. and i died. (leonie)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-