"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Et ce détour qui n’en finit pas _ Eleah&James - Page 7 2979874845 Et ce détour qui n’en finit pas _ Eleah&James - Page 7 1973890357
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Et ce détour qui n’en finit pas _ Eleah&James

James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
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() message posté Lun 7 Jan 2019 - 18:31 par James M. Wilde


« Tu es mon toujours ou tu ne l'es pas
Tu es ce velours si doux sous mes doigts
Et ce détour qui n'en finit pas
Oui, ce détour qui n'en finit pas
Je voudrais que ce séjour dans tes bras
Que tes caresses ne s'arrêtent pas
Je voudrais compter les jours sur tes doigts
Ou tu es mon amour ou tu ne l'es pas »

Eleah
& James




Ici, la frénésie au coeur de ce visage que l’on traque au milieu de la foule. Ici, la frénésie au corps de tous ces voyageurs qui se ressemblent, se saluent parfois, ou s’ignorent pour mieux tracer ces chemins qui ne se croiseront pas. J’ai la fièvre au regard, les frissons sous la peau, tout mon être demande une once de ce trépas que je ne lui accorde plus depuis des jours, à me satisfaire de ces autres extases. Il y a une exigence, fichée dans les muscles, presque incluse jusqu’aux os. Une allure par trop désinvolte pour maquiller l’envie, chimique et onirique, gravée dans le secret de prunelles plus intenses. Les lieux m’accueillent mais me frustrent aussitôt. L’infini se dévoile au travers des verrières, mais les espaces sont définitivement clos. Me voilà enserré, dans le béton armé, cerné par la foule, dérangé par la houle de sensations contraires. L’attente me paraît presque ignoble quand elle est déjà là. Eleah, icône distinguée, une goutte de sang dans toute la grisaille. La capeline est surannée, les chaussures très modernes, un contraste qui lui ressemble, présence arrachée d’une époque maudite pour mieux paver celle où je gis de quelques autres enfers. Je penche ma tête sur le côté, après avoir avalé une longue gorgée de flotte, comme pour chasser l’inavouable besoin, le lover près de l’autre. Celui qu’elle déclenche, rien qu’en apparaissant. Mes regards la dévorent, mais mon sourire est sobre, secret d’un silence que les amants partagent, la nuit enfuie depuis longtemps, toutefois toujours là, dans chacun de nos soupirs. Désormais qu’elle est là, l’enfermement est moins rude, je la rejoins avec une sorte de fébrilité, que je dois tenir au repos pour éviter de dessiner quelques précipitations qui trahiraient absolument tout ce qu’elle déclenche. Mais elle le sait, elle le sait. Ses iris sombres se posent, sur les marques données en héritage, la peau corrompue par des avidités inavouables. La moue qu’elle arbore est satisfaite, le léger haussement de mon sourcil met en exergue ma fierté. L’appartenance. L’appartenance mutique, qui n’a plus besoin d’être dite. Elle s’est glissée dans la tête et dans les chairs.
_ Ensemble alors.
Ensemble. La responsabilité commune. La déclaration désuète, douce, aux airs anodins, quand elle caractérise cette relation naissante. Être ensemble, elle et moi. Quelle idée incongrue, quel élan inconvenant. Ensemble dans le chaos des sensations diffuses. Incapables d’être ce couple que l’on pourrait détenir, à l’ombre d’une seule phrase. Mes yeux déparent, dérivent, suivent la ligne de la taille, la courbe de la hanche, ne déguisent aucunement les réactions triviales à ses provocations. Féminine créature, compagne sans discipline, j’aime qu’elle se permette ce genre de torture, quand nous devons nous rendre dans les espaces confinés de l’avion. Je sais que nous serons très loin, je l’imagine mal se confondre dans les aises d’une classe affaire, où l’on picole tranquillement sous l’épaisseur d’un plaid dans un siège plus large. Mais me retrouver complètement étreint dans ces petites rangées ignobles, même pendant deux heures, c’est trop pour moi, je pourrais assommer un vieux radoteur, étrangler un môme pour qu’il se la ferme. Ça ferait désordre… J’ai bien sûr demandé un siège qui ne jouxte personne, rencogné dans ma solitude de star, déjà arborée par cette paire de lunettes noires que je ne quitte plus.
_ Je t’assure que le jour où l’on m’oblige de nouveau à voyager en classe éco, il faudra m’assommer ! On se revoit…
Je m’invite dans l’indécence de ses prunelles, dégringole de nouveau les atours qui parent son corps :
_ … On verra bien, si tu me manques.
Je sais déjà que ce sera le cas, il y a cette intoxication qui confine au malsain, entièrement insinuée dans mes veines. Les allures sensuelles appuient mes oeillades aventureuses, bientôt des gestes s’y joignent, sans que la discrétion ne sache les étouffer. Nous sommes dans la file d’attente, ils appelleront bientôt, dans une organisation discutable, les rangées et les zones. Je glisse ma main dans la chute de ses reins, une caresse diaphane, du bout des doigts. L’envie de l’étreindre plus encore ressuscite tout mon corps, met en déroute les influx du manque, la distraction est bienvenue tandis que ma concentration papillonne, cherchant à me détourner de ma claustrophobie. Deux heures. Deux foutues heures dans cet espace contraint, dans des altitudes qui donnent le vertige. Je ne m’égare pas plus longtemps, j’ai cette conscience plus appuyée de ceux qui pourraient dérober l’intime dans un lieu comme celui-ci, qui pourraient galvauder le sentiment pour mieux le froisser entre des mains importunes. J’ai un dernier sourire, par dessus mon épaule, quand il me faut la quitter, et je murmure dans une ambiguïté voulue :
_ A tout à l’heure.
Ensuite c’est le défilé de l’idiotie, je ne supporte rien, ni l’hôtesse qui me demande une fois de plus et ma carte d’embarquement et mon passeport. Ma bouche pincée assène mes humeurs contrariées. Encore ? Pourquoi ? Ça ne vous lasse pas d’être aussi inutile ? Vous ne vérifiez même pas de toute façon. Elle ne m’aurait pas congédié d’un geste pressé que j’en serais déjà à lui démontrer ô combien ces vérifications d’usage sont ridicules, et que l’on peut parfaitement faire sauter l’avion en ayant une identité sans tâche. La mienne ne l’est pas, mon argumentaire n’a pu s’étendre et je suis encore plus agacé lorsqu’il faut piétiner dans l’habitacle pour rejoindre une place où je me laisse tomber, vaincu par ces obligations qui me foutent en rogne. J'ouvre la première miniature que l'on me distribue, j'insiste pour avoir un pur malt pendant au moins trente secondes de peur que la fille qui parle encore un anglais à couper au couteau ne comprenne pas, et me l'enfile avec la précipitation des addicts. Le whisky. Pas l'hôtesse. Même si en passant forcément je la reluque comme je le fais toujours. Protégé de mes lunettes de soleil je pianote ostensiblement sur mon smartphone pour qu'elle revienne me faire chier sur le règlement au décollage. J'émets un claquement de langue agacé avant de lui dire assez fort de me foutre la paix. Je l'entends parler en français ensuite et me jeter des regards furibonds que j'accentue à grand renfort de sourires très narquois. Je n'ai bien entendu absolument pas bouclé ma ceinture. Mais j'attends malgré tout que notre envol soit terminé pour me lever, me dégourdir les jambes qui déjà n'en peuvent plus. Je déteste les avions. Imaginer y passer des heures infernales tout au long de la tournée me donne l'envie de hurler. Je ne suis pas long à déranger la séparation qui masque avec pudeur la classe affaire de la classe économique. J'apparais dans l'allée opposée, je la distingue non loin de là, et bouscule trois personnes dont une vieille dame pour me frayer un chemin sans faire véritablement le tour de ce putain d'appareil. Les épaules bien droites, plus stressées encore qu'auparavant parce que des inconnus m'ont frôlé je m'amène à sa hauteur, m'appuie nonchalamment sur la rangée de sièges qui la précède et relève les lunettes sur le haut de mon crâne :
_ Je m'ennuie. D'habitude je persécute Greg. Tu estimes ta chance pour la prochaine demie-heure hein ?
J'ai déniché une nouvelle miniature que j'ai attrapé sur l'un des chariots en passant, et la lui tend après en avoir pris une nouvelle lampée :
_ T'en veux ? C'est dégueulasse.
La mamie fronce ses sourcils gris à cause de ce langage que je viens disperser autour du mioche qui l'accompagne. Mes yeux tombent sur le petit qui semble passionné par le profil d'Eleah :
_ Hein qu'elle est jolie ta voisine ? Bah figure-toi mon petit pote que je joue souvent à la poupée avec elle.
Oui parce que des bribes du discours qui doit durer au moins depuis une vingtaine de minutes ne m'ont pas échappé. Mamie se renfrogne plus encore, ne sachant pas vraiment comment intervenir sans paraître mal élevée. Je lui souris très largement comme si j'étais de cette race angélique qui ne pense jamais à mal. Et je continue ma conversation à double sens avec le môme qui bien entendu ne saisit que le plus littéral d'entre eux. Je pense que je fais l'animation pendant bien trois quart d'heure, préférant rester debout, à causer au marmot et à esquisser des airs goguenards envers la si jolie poupée de notre conversation. L'hôtesse qui ne cesse de me martyriser finit par me faire décamper alors que l'avion commence à piquer du nez.
_ Mais c'est bon, sergent major, j'y retourne sur ta connerie de siège de torture. Tu veux pas venir dessus pour lui donner de l'intérêt ? Non ? Vraiment ? Tant pis ma grande…
Et mon discours babillard s'efface sous l'aplomb du rideau qu'elle referme d'un geste assez rageur. Je peine à maquiller mon amusement. Nous descendons avec une lenteur consommée et dès que le signal retentit je file comme un désespéré vers la sortie. Si je pouvais courir dans le couloir à bestiaux qu'on nous force à emprunter sans perdre toute ma dignité je crois que je le ferai. Mais je l'attends dans un détour, mes lunettes de nouveau en place et mon sourire fané. Je sais qu'ils seront là. Tandis que nous avançons vers cet inéluctable, je sais qu'ils seront là. Ils traînent toujours dans mon sillage, ces vautours. Ces charognards. Je prends sa main tant que l'enceinte encore protégée me le permet, mon pouce trace des formes indéchiffrables dans sa paume. Je ne dis strictement plus rien. Je préfère profiter de ce contact que je ne peux qu'ébaucher avant de l'abandonner. Je stoppe, à distance des portes automatiques, après que nous ayons récupéré nos bagages. L'arrête au passage avant de porter ma main à son visage, j'en frôle les contours en soufflant :
_ Merci. Pour l'invitation.
Je ne l'embrasse pas, la voracité rentrée dans le creux de mon ventre, visible dans les joues qui se creusent. Je cesse tout contact, l'abandonnant là, pour la précéder et que nous ne sortions pas en même temps :
_ A plus tard, poupée. Je passerai peut-être dans ton quartier.
Peut-être. L'illusion de ce choix désormais éventré. A plus tard, mon amour. Je me détourne d'elle, ma posture change, l'arrogance se fige dans la silhouette. Je pense à la veste qu'elle m'a offerte, soigneusement pliée dans le sac de voyage. J'en assure la sangle sur mon épaule puis marche de mon pas martial prêt à affronter les flashs qui accueillent ma tronche. Il leur aura fallu une minute à peine pour balancer des questions. Je me suis toujours demandé comment les tabloïds faisaient pour toujours traîner dans les halls d'aéroport. Peut-être qu'ils attendent toute la journée comme ça. À n'importe quelle heure. Je ne leur réponds pas hormis pour leur dire de s'occuper de leur cul, même si je freine un peu mon allure pour les empêcher de s'attarder sur elle au moment où elle passe. Je ne distingue que sa capeline et ses allures distinguées. J'ai un sourire un peu perdu avant de l'interdire et de passer mon chemin, laissant les journalistes sur leur faim quant au scandale contre lequel ils s'attendaient à me voir argumenter. Ils ont posé des questions sur ma collaboration avec Mademoiselle O'Dalaigh comme pour chercher à percer un mystère que je protège jalousement. Ils n'ont eu le droit qu'à ce sourire sibyllin. Rien d'autre. Rien d'autre. Car la parenthèse se ferme et que le masque retombe. A jamais fracturé, la fêlure indistincte, qu'elle seule pourrait emprunter.  
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