You just have to grow up and try and be worth it.

#REBECCA LUCIE SAMUELS — Elle est complètement épuisée. Deux enfants, ce n’est vraiment pas toujours une partie de plaisir. Elle les aime pourtant ses deux bébés, de tout son cœur, mais parfois il l’a rende complètement folle. Elle sait pourtant très bien qu’elle a de la chance, elle n’est pas seule dans cette histoire. Elle a le père pour l’aider, et la soutenir. Inutile pourtant de prétendre qu’elle n’a pas eu peur de lui en parler au début. Parce qu’ils sont amis depuis des années, parce que n’était absolument pas prévu, parce qu’il était aussi en couple à cette époque -copine qu’elle n’a jamais pu supporter-. Elle savait pourtant très bien qu’il ne l’a laisserait pas seule. Ce n’est pas son genre, pas avec elle. Après tout, elle a quitté l’Italie, sa mère, pour venir s’installer ici avec lui. À l’époque ça lui semblait être la meilleure chose à faire, et aujourd’hui encore elle ne le regrette pas. Alors finalement avoir un enfant ensemble, ou plutôt deux en l’occurrence, semblait presque la suite logique de leur relation. Non, parce qu’ils sont en couple, ni même amoureux. Il n’a jamais été question de sentiment de ce genre entre eux, mais parce qu’il est son meilleur ami. Installée sur son canapé, Rebecca l’attend d‘ailleurs avec impatiente. Tout d’abord parce qu’elle a faim, et qu’il doit ramener de quoi manger, mais aussi parce que ce soir il doit prendre les jumeaux. Ils ont bien essayé de vivre ensemble, en colocation, mais ça n’a pas fonctionné. Chacun chez soi, c’est beaucoup mieux. Enfin, ils habitent le même immeuble, et seulement un étage les sépare. C’est plus simple ainsi si besoin. D’ailleurs ils possèdent chacun les clés de l’autre, et au final ils sont presque tous le temps ensemble, mais pour le principe chaque à son propre appartement.
Ariane et Adam dorment enfin, et Rebecca n’ose plus bouger, de peur de faire trop de bruit. Barney, son énorme chien la regarde compatissant, avant de se rendormir. Elle aurait besoin d’une douche, de dormir, de manger aussi, mais à la place elle allume la télévision, tout en prenant son ordinateur. Cela fait un moment qu’elle n’a pas parlé à sa mère, et puisqu’elle a cinq minutes pour elle, elle se dit qu’il serait temps de le faire. Celle-ci doit venir le mois prochain, et si elle est assez impatiente de voir sa mère, elle ne sait pas encore comment les choses vont se passer. Dès que sa mère est dans le coin, Rebecca a l’impression de redevenir une enfant, ce qu’elle déteste. Sa mère la surprotège beaucoup trop, et elle ne peut s’empêcher de vouloir tout faire à sa place. Visiblement elle ne semble pas au courant qu’elle va avoir trente ans cette année. Pourtant, Rebecca adore sa mère, et elle ne sait pas comment elle pourrait faire sans elle. Elle ne connaît pas son père, elle porte seulement son nom, la chose qu’il a accepté de lui donner. Elle ne l’a jamais vu, et quelques mois après sa naissance, il a cessé de s’intéresser à elle. Elle a réussi à l’accepter, à se faire à l’idée, mais au fond elle ne comprend pas. Parfois elle aimerait le retrouver, simplement pour pouvoir lui dire ce qu’elle a sur le cœur, mais bien évidemment cela n’est pas possible. Elle pousse un soupir, avant de se connecter pour appeler sa mère.

« Bon courage. » Elle l’embrasse sur la joue, le regardant s’éloignant avec leurs enfants. Enfin seule ! Elle pourrait en profiter pour faire tout un tas de choses dingues, mais elle se resserre plutôt un verre de vin qu’elle boit presque d’une traite. L’appartement lui semble silencieux, calme, et elle ne l’avouera jamais, mais elle adore ça. Elle aurait bien trop peur de passer pour une mère indigne si elle avouait à voix haute combien elle aime se retrouver seule. La journée est encore passée à une vitesse folle, et les seules personnes qu’elle a vues sont ses enfants, son meilleur ami, et sa mère à travers son écran d’ordinateur. Elle a grand besoin de sortir, et prévoit de le faire demain soir. Tout en terminant la bouteille, elle envoie plusieurs messages pour proposer à ses amis de se retrouver demain soir. Même simplement pour aller manger un morceau, ou boire un verre, n’importe quoi, qui pourrait la changer un peu. Elle essaie encore de trouver le juste milieu entre être une maman, et une femme. Pour le moment, le côté maman l’emporte beaucoup plus. Et pourtant cela ne l’a dérange pas autant qu’elle aurait pu le penser. Sa vie n’est pas trop mal après tout.