"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Most of what you see my dear is worth letting go _ Indianna&James 2979874845 Most of what you see my dear is worth letting go _ Indianna&James 1973890357
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Most of what you see my dear is worth letting go _ Indianna&James

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James M. Wilde
James M. Wilde
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() message posté Mer 11 Oct 2017 - 18:20 par James M. Wilde



« Most of what you see my dear
Is worth letting go
Because
Not everything that goes around
Comes back around, you know
Holding on too long is just
A fear of what's to show »

Indianna
& James




Mes mains amorphes sur le clavier. Je songe... Songe... Songe à désespérer. Avant que la colère qui ne cesse de m'étreindre ne cherche à m'étrangler de nouveau. Les gars me regardent, ils me zyeutent dans une ritournelle de mouvements si peu discrète que je cherche à échapper à l'inquisition en m'enfonçant plus encore dans le canapé en cuir. Crissement désagréable de mes instincts de fuite. Il y a dans la musique de mes silences tout ce que je ne cesse de m'avouer à moi-même. C'est terminé. C'est terminé. Tout est par terre, gît à mes pieds. Je fais semblant de consulter mes mails mais je ne vois strictement rien. Et chaque fois que mes paupières s'abattent, c'est tel le couperet dans mes souvenirs. Il n'y a plus qu'elle, il n'y a plus qu'elle. Mes doigts tremblent, je me tais, j'essaie de songer au rail de coke qui ne suffira jamais pour que je puisse achever la journée. J'essaie de sourire, sans succès. Je sais pourtant que Greg en serait éminemment soulagé, qu'il verrait sur mes lèvres la joie non usurpée du succès de notre album dont la sortie la veille fut accueillie par des critiques flatteuses. Mais depuis le Royal Albert Hall, je ne les lis plus. J'ai cessé de les lire car à chaque fois que je me rappelle le triomphe arraché, ce sont ses mots que j'entends, sa voix broyée par la peur au téléphone. Et mon corps se contracte rien qu'à l'idée. Puis je me rappelle. Je me rappelle de tout ce qui a suivi. Mes yeux se rouvrent, il est 8h55. Ellis bat la mesure de mes angoisses avec son pied, je n'ai même pas le courage de lui dire d'arrêter.
"Il ne viendra pas, il n'a jamais de retard. Il a dû arriver quelque chose."
Si tu savais mon grand tout ce qui arrive sans même que tu ne le saches... Je soupire, choisit une nouvelle cible à mon agacement pour me détourner de ce qui noie lentement tout mon corps dans l'apathie.
"Pourquoi on n'a pas été prévenu hein ? Ça se fait, d'être prévenu."
La nervosité de Greg n'a rien à voir avec l'absence de notre photographe, il a toujours ses prunelles rivées sur moi, je relève les miennes, prêt à affronter ses interrogations mais je me surprends à aussitôt interrompre la question qui se forme déjà sur ses lèvres. Instincts de fuite. Légion. A l'intérieur. La cocaïne pulse dans ma tête, je les entends de si loin :
_ On a qu'à prendre quelqu'un d'autre.
Idée ridicule, idée de sauvetage désespéré. Idée divertissante pour mes esprits trop encombrés. Je fais un geste négligeant, comme si l'envie m'était tout à coup irrépressible puis je me mets à pianoter en cherchant à l'aveuglette un photographe. Wells est dubitatif. C'est son état général dans un sens, et presque quotidien à mon endroit :
"Hmm. Comme ça ? Alors que Barney est notre photographe depuis..."
Je le coupe :
_ ... qu'on est revenus. Il est temps de changer.
"Pas faux. On a toujours l'air d'élèves parfaits sur ses shootings."
Merci Ellis. Voilà un ami, un vrai. Pas comme les autres traitres de ma connaissance, mes iris reviennent au blondinet, je scrute à mon tour, j'essaye même d'avoir l'air détendu, aventureux. J'essaye de me ressembler alors que je suis en complète dissociation comme diraient ces connards de psys.
"Et alors ? Elles étaient bien. Ses photos. On va l'appeler quand même pour le prévenir."
Il farfouille dans son téléphone pour excaver Barney qui doit être pris dans un embouteillage. Ou accablé par un décès. Ou encore endormi dans son plumard. Mon navigateur cependant joue le rôle de complice dans mon infidélité, et il m'affiche bientôt un site des plus sobre, avec un book que je ne parcours même pas, mais que je sélectionne parce qu'il est bien positionné dans les résultats de recherche. Et que la fille s'appelle Indianna. Et qu'accessoirement, quand je vais fouiner du côté des photos qui la représentent dans diverses occasions, elle est... blonde. Et belle. Un flash. Je chasse les sensations qui reviennent en nombre en crispant mes mots que je peine à murmurer :
_ Appelle plutôt celle-là.
"Celle-là qui ?"
_ Magne. Et ne me demande pas de répéter...

***

Il a composé son numéro. Il l'a fait parce que je l'exigeais, comme toujours. Bien qu'il continue à baragouiner que Barney risque d'être mécontent, et d'appeler la production qui plus est pour se plaindre de sa mise au rencard. J'ai tourné la tête vers la fenêtre quand il a mentionné la prod. Heureusement... heureusement, il n'a pas prononcé son prénom. Je ne parviens pas à le faire moi-même. Pas encore. Pas maintenant. Encore quelques heures avant de me distinguer d'elle, de l'oublier dans des excès qui gommeront ceux qu'elle a opérés à mes dépends. J'ai un rictus amer pour le paysage, je sais que je mens. Je continue de le faire jusqu'à parvenir à me persuader. Indianna avait un planning chargé, tout du moins c'est ce que nous avons cru comprendre au téléphone. Moi je n'ai pas parlé. Greg a donné le nom du groupe, puis tout s'est dégagé. Parce que personne ne l'ignore en ce moment, personne ne peut passer à côté des affiches qui annoncent en fanfare l'album, la pochette exposée comme un cadavre gisant sur le papier. J'ai déjà du mal à me considérer en tant qu'être vivant dernièrement, mais voir mon nom partout, ainsi que les illustrations si longtemps pensées et commandées à l'agence me fait l'effet d'une trahison exposée. Tout le monde doit voir. Tout le monde doit lire. Collaboration fantoche, usurpée et malsaine. Oaks Production. partout son nom allié au mien quand je ne peux même plus me résoudre à l'appeler. Je baisse le regard, je tombe sur mes mains amochées, qui cicatrisent avec une lenteur assassine, stigmates supplémentaires quand le plus voyant est sur ma gueule. La coupure à l'arcade me donne l'air d'avoir fait les sorties des bars, de m'être frotté à l'ivresse et à la débauche. C'est  ce que j'ai prétendu dans un réflexe étonnant pour la couvrir. C'est moi que je couvre toutefois. Moi. Il y a quelque chose dans ses regards que je n'assume pas. Quand elle me voit, je sais. Quand elle m'a regardé le soir de la petite fête organisée, elle a pris plus encore qu'elle ne m'avait déjà arraché. Elle a vu le mensonge, elle l'a même combattu. Elle m'a même ôté cela. Le personnage surjoué qui me sert de défense. Je serre les dents, en pliant ma main droite, par deux fois, pour vérifier qu'elle fonctionne comme elle le doit. Impossible de jouer... Les cordes m'échappent, les touches du piano sont étrangères. Je suis d'une maladresse à hurler. Et j'ai essayé. Encore et encore. Jusqu'à rouvrir les chairs à peine cicatrisées.

Le taxi nous emmène jusqu'au studio qui nous a été indiqué en catastrophe, mais lorsque nous arrivons, il s'agit plutôt d'une sorte d'usine désaffectée. Je regrette mon choix. Elle doit se prendre pour une artiste inspirée... Je hais les artistes. J'ai déjà bien du mal à me supporter. Alors les autres, c'est peine perdue.
"... pour l'interview ?"
Je tourne lentement la tête vers Ellis qui me regarde. Encore. Ça doit être une sorte de mode aujourd'hui.
_ Hmm ?
Ton mal-aimable, voire renfrogné. Qu'ils me laissent, bordel, qu'ils me lâchent.
"Moira t'a dit à quelle heure nous devions nous présenter demain pour l'interview ?"
Impact. En plein ventre. En pleine gueule. J'accuse le coup en expulsant l'air de mes poumons avec violence. 15h. Il a fallu 15h pour que l'un d'eux finisse par parler d'elle. J'ai cru que j'aurais moins de répit que cela. Comme quoi... Les miracles arrivent.
_ Non.
Échelle Woaks : -80. Ponctuation virulente. Le taxi stoppe et je sors aussitôt avant d'épiloguer. Non. Non elle n'a rien dit. Non je n'ai pas demandé. Non je n'appellerai pas. Non je ne lui parlerai pas non plus. Non pas maintenant. Non pas aujourd'hui. Non pas demain. Non. Putain. Non. Non. Non. Non. Non. N...
"Merci d'avoir accepté de nous recevoir aussi rapidement. Vous comprenez, en ce moment, on peut difficilement se passer de ce genre de couverture. Je crois que nous avons lu que vous aviez déjà collaboré avec le magazine, on les a prévenus, ils sont ravis que vous acceptiez de remplacer Barney. Il faut dire que se péter le poignet le matin-même pour..."
Par l'Enfer, la ferme ! Je ne m'entends plus penser.
_ Passionnant.
Ma voix est trouble, et grave. Je m'ennuie, je n'ai pas envie d'être ici, je n'ai pas envie d'illustrer l'interview de demain. Je n'ai pas envie de faire semblant d'exister. Non. Leitmotiv. Je la traverse presque d'un coup d'oeil, je la visualise sans totalement la considérer.
_ On s'en branle de la vie ridicule de Barney et de son foutu poignet. On commence oui ?
J'avance. Vers le bâtiment laid et austère, les mains dans les poches de ma veste, renfrogné après mes aboiements de circonstance. Greg hausse les épaules et semble s'excuser auprès de la jeune femme :
"Ce n'est pas l'exercice qu'il préfère."
Sourire contrit des deux trainards, expression plus fermée encore de ma part car personne n'avance dans la direction que j'ai empruntée. Personne ne le peut... Il n'y a plus que moi sur cette route désormais. Plus que moi. Et je le sais.
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() message posté Dim 15 Oct 2017 - 19:37 par Invité

 
« Sticks and stones, they may break these bones. But then I'll be ready. Are you ready? It's the start of us waking up, come on. Are you ready? I'll be ready. I don't want control, I want to let go. Are you ready? I'll be ready cause now it's time to let them know you are ready »  What about us, Pink
 

 
James & Indianna

 
Nolan lui avait lâché la main rapidement, partant déjà retrouvé ses camarades de classe. Depuis quand était-il devenu si indépendant, si sûr de lui ? Elle n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir davantage que le portail de l'école se referma, engloutissant avec lui une foule de petits êtres. De toute façon, Indianna ne faisait pas partie de ces mères inquiètes qui tentaient de forcer un passage jusqu'à la classe. Elle n'était pas institutrice, elle ne le serait jamais, elle laissait le soin à une personne formé de de faire ce travail. Et puis elle n'aurait jamais eut la patience pour cela. En soit, elle estimait qu'elle était déjà mère, ce qui représentait le rôle le plus difficile à tenir pour elle. Mère célibataire de surcroît, mais qu'elle avait choisi d'assumer jusqu'au bout. Cependant, elle n'était pas toujours d'accord avec le mode éducatif anglais, le trouvant trop rigide, pas assez ouvert sur la créativité et l'environnement extérieur. Soit, elle enseignait ce qu'elle savait de tout cela à son gamin en dehors des heures de classe. Mais elle restait dans les clous, du moins elle essayait, en l'emmenant à l'école, en se pliant à cette réalité qui était l'enseignement obligatoire. Et puis elle s'était déjà mis plus ou moins l'institutrice à dos en ne respectant pas toujours les heures d'arrivée ou en autorisant Nolan à rester à la maison au lieu d'être à l'école. C'était une maman anticonformiste qui s'assumait, qui ne voulait pas que son gamin ressemble à tous les autres. Elle ne voulait pas que Nolan colle à ce que l'enseignement national attendait de lui. Elle le voulait ouvert, curieux, aventurier, un peu comme elle au même âge. Elle savait que l'école l'avait dans son radar, qu'on la regardait comme un animal de foire parce qu'elle n'avait rien de classique, parce qu'elle défiait l'autorité et les règles. Mais elle ne voulait pas pour autant que son fils soit coupé du monde, alors elle faisait le minimum, tout en rechignant à préparer un goûter pour 30 gosses quand arrivait le début des vacances.

Sur le trajet retour de l'école, elle reçu un texto de confirmation pour son shooting de l'après-midi. Elle se sent d'attaque, même si l'ampleur du projet est assez nouveau pour elle. Indianna revient de loin. Elle n'a pas de vraie carrière dans la photographie, n'est même diplômée. Elle agit à l'instinct, elle s'inspire, elle n'est pas conventionnelle la non plus. Au départ, elle ne pensait pas gagner sa vie en prenant des photos, comme si une simple passion devait le rester, sans devenir plus au risque de s'y perdre. Mais elle avait croisé la route des bonnes personnes, elle avait eu une chance insolente aussi, sans doute. Titulaire d'une licence en journalisme, rien ne la prédestinait à se retrouver ici aujourd'hui. Elle qui avait voyagé à travers le monde, qui avait dû pour-parler avec des négociants du pétrole, avec des peuples opprimés et tout un tas de personnes influentes, avait délaissé son job de chargé de mission humanitaire. Indianna avait commencé par être embauché pour des mariages, pour pas cher, puis elle avait élargit son réseau. Elle avait créé un blog, s'était développé sur la toile comme à la ville. Et finalement, cela commençait par payer. Aussi, elle avait rendez-vous aujourd'hui avec un groupe de musique, Wild, pour les shooter en vue d'une importante interview. Elle avait été étonné d'être contacté pour ce genre de contrat mais n'avait pas refusé, prête à relever le défi.

Indianna est entrain de s'attacher les cheveux en une longue tresse quand elle aperçoit le taxi arriver. Très vite, elle analyse ses futurs sujets. Elle ne connaît pas leur groupe, mais elle s'est renseigné et a écouté quelques titres. Pas pour faire de la lèche, non, mais plus pour coller au maximum avec l'image qu'ils renvoient, aux messages qu'ils veulent faire passer. L'un d'eux tire la tronche et elle reconnaît le leader du groupe. Elle se rapproche d'eux, faisant claquer ses bottines noir sur le sol en granit. « Merci d'avoir accepté de nous recevoir aussi rapidement. Vous comprenez, en ce moment, on peut difficilement se passer de ce genre de couverture. Je crois que nous avons lu que vous aviez déjà collaboré avec le magazine, on les a prévenus, ils sont ravis que vous acceptiez de remplacer Barney. Il faut dire que se péter le poignet le matin-même pour... ». Indianna serre leurs mains avec enthousiasme quand le leader, James si elle se souvient bien, se montre indésirable. Le premier, Greg, lui fait un sourire navré. « Pas de problème. Je suis ravi de réaliser cette séance », dit-elle avec un large sourire. Elle se moque pas mal de l'attitude austère de l'autre, c'est pas cela qui va lui bouffer sa journée. « On s'en branle de la vie ridicule de Barney et de son foutu poignet. On commence oui ? ». Elle le voit gagner du terrain vers le lieu du shoot, boudeur.  Elle trouve cela presque drôle. Il a tout de la rock star blasée, de celle qui se donne un air sombre juste pour cultiver son statut d'écorché. Greg s'excuse à nouveau pour lui mais Indianna le rassure. Elle en a maté des plus coriaces, elle s'en tape de sa mauvaise humeur. Elle entraîne le reste du groupe à la suite et ignore superbement James qui sa tapit dans un coin, presque comme une bête blessée. Elle leur donne quelques consignes et finalement, crie dans sa direction : « Je croyais que vous étiez pressé ? Parce que la photo va pas se faire toute seule. » Il se tourne vers elle et elle le toise. Indianna n'est pas du genre à se mettre à dos des clients, elle sait que son travail repose sur leur porte-feuille, mais elle est consciencieuse également. « Vous comptez faire cette tête là tout le long ? Juste pour savoir si je dois réévaluer ma séance en mode dark place. »

 
(c) black pumpkin

 
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James M. Wilde
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() message posté Dim 22 Oct 2017 - 15:21 par James M. Wilde



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Greg trouve la fille jolie, c'est clairement inscrit sur sa tête alors qu'il lui sort son sourire des plus charmeurs. Charmeur, charmant, sympathique, parfois goguenard. Nous sommes avec Wells les deux versants d'une même pièce, il est aussi solaire que je suis ombrageux, aussi positif que mon pessimisme me dévore. Bien plus sain quand la cocaïne palpite dans mon sang et me peint des flashs dérangeants sur la rétine, d'une nuit honnie pour ne plus savoir comment en accepter le souvenir. Mes serments me reviennent dans la gueule, et les murmures d'une autre viennent pervertir les phrases anodines qui s'échangent sur le terrain vague où nous nous regardons en chien de faïence. Elle a l'air professionnel, sans trop cependant de cet égo que trimballent souvent les photographes à se croire maîtres d'une réalité dont ils sont malencontreusement captifs. Ils ne font qu'imprimer une enveloppe, peinte en couleurs vives ou délavée en noir et blanc, blafarde sur le papier, sans âme, ni odeur, ni saveur. Du vide sur une page. Placardé sur une affiche. Du vide qui répond à la musique et rien d'autre. J'ai un grand mépris pour le réalisme. Car le réalisme est trop cru, me blesse, m'incommode, et me rappelle que je suis un captif moi aussi. Tout comme cette femme que je juge et que pourtant, je ne connais guère. Un captif comme un autre. Comme un autre.

Elle n'a pas l'air de s'ébranler de mon ton ou de mon attitude. Je ne les aurais pas réformés pour ses beaux yeux cependant, je n'en suis pas capable aujourd'hui. J'en serai encore moins capable demain. Mon malêtre gronde, mes mains me font souffrir de n'être que deux prédateurs inertes quand elles frissonnent encore de l'épiderme qu'elles ont violenté. Je ferme les yeux un instant. Seul auprès du bâtiment que je fais mine de toiser au milieu du salvateur oubli qui résonne comme une psalmodie. Non. Non. Non. Encore non. Jamais plus. Greg est mal à l'aise, il doit remplir le vide à son tour, celui que je distille autour de moi pour l'éloigner comme tous les autres. Je frotte distraitement mon arcade, appuyant un peu trop pour rappeler une douleur qui me projette dans l'instant présent. Je déglutis. Elle m'interpelle, me rappelle à l'ordre, s'octroie une sorte de droit que je conteste vaguement d'un grognement agacé. Ellis se marre, un rire un peu éraillé d'une soirée trop longue qui s'éternise encore et glisse sur ses paupières bleutées. Il fermait le Viper hier. Mon propre club que je dénigre comme le reste, tout m'échappe, tout me contraint, tout m'accable. Même elle... Et ses réflexions malvenues. Je fais volte-face et me recompose un visage humain, alors que mes yeux viennent lui rendre toute sa matérialité. Je la scrute longuement, la détaille, l'incise pour essayer de dévoiler un vide qui pourrait venir répondre au mien. Mais à première vue, elle a l'air banalement saine. Je hausse les épaules, patiente (difficilement) jusqu'à ce que les gars me rejoignent, puis me dépassent, menés par la silhouette féminine et volontaire. Petits chiens obéissants. Et traitres avec ça. Je plisse des paupières, j'apprécie moyennement que l'on m'ignore. Je finis par suivre le mouvement, en trainant ostensiblement pour l'emmerder, même si Ellis et Greg jettent régulièrement des oeillades en arrière pour s'assurer que je suis là. Je gratte l'un des bandages qui me gêne, avant de finir par fourrer mes deux cadavres dans mes poches pour les dissimuler. La seconde réplique me fait sortir de mon apathie. Elle ose, encore, me bousculer quand pourtant rien n'indique qu'on puisse se le permettre seulement. Le goût de la joute ressuscite, langoureusement. Le réflexe des moribonds pour combattre le néant :
_ Parfaitement, je compte faire la gueule. C'est ma nature, je fais la gueule tout le temps. On ne vous avait pas prévenue ? C'est moi l'emo-gothique-poète-torturé-malingre-phtysique de la bande.
J'aboie un peu mais mon humour saille dans mon accent, elle est parvenue à me détendre un bref instant. L'oubli si longtemps appelé sans savoir l'apprivoiser vient dans sa conversation gouailleuse. Je hausse un sourcil, la provoque pour continuer sur le même ton ironique :
_ Puis ne vous plaignez pas, c'est la mode, les filles aiment les mauvais garçons de façade, ça plaira au public. Je vous mâche donc votre putain de travail. Je suis livré avec les airs adéquats et même avec les accessoires. C'est pas merveilleux ?
Référence à mes blessures. Même pas besoin d'un faux maquillage pour ça. J'ajoute, mon éternel sourire en coin reparaissant :
_ Je suis parfait.
Mes comparses rigolent, saisissent au vol l'air qui s'allège, le respirent, le goûtent, et sans vraiment nous concerter, nous nous observons tour à tour, comme bien souvent quand nous sommes sur scène, ou sur des shootings justement. Ils me laissent en avant, convention pour que je n'apparaisse pas si petit que je ne le suis, et qu'on comprenne qu'au final, je suis le leader de Wild. L'évidence même. Plus besoin de réfléchir, à force des années. L'oubli supplémentaire, qui pourra vibrer et s'éterniser au rythme des instructions de la photographe, que nous suivons avec bonne volonté. Ou presque...
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() message posté Jeu 2 Nov 2017 - 16:38 par Invité

 
« Sticks and stones, they may break these bones. But then I'll be ready. Are you ready? It's the start of us waking up, come on. Are you ready? I'll be ready. I don't want control, I want to let go. Are you ready? I'll be ready cause now it's time to let them know you are ready »  What about us, Pink
 

 
James & Indianna

 
Elle n'avait pas imaginé cette séance comme ça. Ce n'est pas qu'elle avait tendance à voir le bien partout, loin de là, mais elle préférait l'optimisme au négativisme. Pourtant, le mal, elle l'avait côtoyé et de près. Elle avait pu voir la noirceur, la brutalité voire la cruauté de certaines personnes. Indianna ne s'était jamais sentit très à l'aise en leur présence, comme de peur d'être contaminée. Néanmoins, elle avait toujours su faire avec. Elle avait grandit dans une famille mafieuse, même si sa mère avait toujours tenté de l'éloigner un maximum de cette ambiance, elle et son frère. Pour autant, Indianna avait très vite comprit que le mal séjournait en chaque personne, mais qu'il pouvait être canalisé avec une part de bien, avec des compromis, des sacrifices. Elle avait assez bourlingué pour voir que n'importe où à travers le monde, chaque personne était habité par une noirceur, même infime. Seulement elle avait vu tout cela de trop près, bien trop près, pour en sortir indemne. Encore aujourd'hui, il lui suffisait de fermer les yeux pour être assaillit par des flashs, des images de violence. Bien qu'elle était soignée aujourd'hui, du moins c'est ce qu'elle s'acharnait à dire pour son bien et celui de son fils, elle ressentait encore des pointes d'angoisses certains soirs. Mais en quittant son ancienne vie de nomade, elle avait retrouvé une certaine stabilité. Elle avait lâché ses responsabilités de manager pour un appareil photo, préférant de loin photographier des instants heureux plutôt que des catastrophes. Si autrefois ses clichés servaient à rendre compte aux yeux du monde les atrocités des hommes, aujourd'hui ils venaient souligner les beaux moment de la vie. C'était sûrement un peu futile, un peu enfantin, mais c'était le meilleur remède qu'elle avait trouvé afin de remonter le pente. Ça et la naissance de son fils, avec la promesse d'une guérison.

Aussi, cette séance ne s'annonçait pas vraiment de la manière dont elle l'avait imaginé. Quand bien même, elle avait vu pire. Chacun ses mauvais moments, chacun ses états d'âme et elle se devait de faire avec. Indianna avait préparé sa séance avec soin, ayant repéré en amont un espace intéressant pour son shooting. Elle ne voulait pas ressembler aux autres photographes, elle aimait développer sa propre technique, travailler à l'ancienne avec une touche de modernité. Elle savait qu'elle avait encore tout à prouver, elle n'avait pas l'ancienneté pour jouer en sa faveur, ni un diplôme sortant d'une grande fac pour appuie. Mais elle n'était pas aux abois on plus, pas encore prête à tout accepter par dépit. Indianna ne faisait jamais rien dans ce sens, elle avait bien trop d'estime de soi. Si elle avait pu mener toute une équipe à l'autre bout du monde, elle pouvait bien driver un petit groupe comme celui qu'elle avait devant elle. Quant bien même le leader faisait de la résistance, elle ne lui ferait pas le plaisir de se plier à son bon vouloir. Certes, il était le payeur et elle savait très bien qu'on l'attendait au tournant. C'était son premier contrat avec ce genre de commande, mais elle ne voulait pas s'écraser. Jamais. Et puis, quelque part, sa réaction l'amusait. Le côté boudeur, revêche, c'était une matière supplémentaire à son travail. Elle aimait les défis et ça la changeait des couples de mariage et autres photo de bonheur débordant.

Indianna avait donc installé son matériel, ce dont elle disposait, à des endroits bien spécifiques. Elle favorisait les prises rapides, l'inconnu, l'imprévu, elle ne voulait pas quelque chose de formel, d'attendu. Elle voulait provoquer, elle détestait l'idée même de normalité, de routine. C'était sa manière de travailler et si le groupe n'était pas ok, ils pouvaient toujours faire demi tour. Tandis qu'elle discutait innocemment avec les trois autres membre de Wild, le dernier restait en retrait. Pourtant, Indianna avait un côté rassurant, facile d’accès. Elle n'était pas fermée, mais avenante et réussissait à mettre les gens à l'aise. Et puis elle avait un certain charme, une assurance peu commune qui attirait l’œil des hommes comme des femmes. Du moins, cela marchait avec les autres musiciens. « Parfaitement, je compte faire la gueule. C'est ma nature, je fais la gueule tout le temps. On ne vous avait pas prévenue ? C'est moi l'emo-gothique-poète-torturé-malingre-phtysique de la bande. » Indianna lève la tête de son appareil, faussement attentive. Elle aurait presque envie de rire si son regard n'était pas aussi noir. Elle met l'appareil à hauteur de son œil, en direction de James, et appuie sur le détonateur, le prenant au dépourvu. « Parfaite celle-là », dit-elle avec un rictus. « Puis ne vous plaignez pas, c'est la mode, les filles aiment les mauvais garçons de façade, ça plaira au public. Je vous mâche donc votre putain de travail. Je suis livré avec les airs adéquats et même avec les accessoires. C'est pas merveilleux ? ». Indianna soupire, rectifie le zoom de son appareil. Elle le toise quelques secondes. Elle ne sait pas si c'est une façade ou bien s'il est vraiment ainsi : cynique, froid, râleur. Elle est plus partisante de la seconde option. Tout ce qu'elle déteste chez un homme réuni en un seul être. « Oh mais je ne me plains pas. Après tout, c'est pour votre groupe que je suis là, pas pour vos beaux yeux. Je suis payée à l'heure par contre, donc si vous avez de l'argent à perdre... » Pure provocation de sa part. Elle peut jouer à cela un moment cela dit. «Je suis parfait. » Elle affiche un large sourire plutôt ironique. Derrière elle, les autres rigolent et elle devine qu'il se met en scène, qu'il aime plutôt ça. Bien. Elle, elle s'en moque du moment qu'elle peut faire son travail. « Vous m'en direz tant... Bon et Mister Parfait, il veut bien rejoindre les autres pour la photo oui ou non ? ». Elle se montre un peu plus insistante, au risque de le brusquer, mais quelque chose lui dit qu'il marche à cela. C'est étrange, car derrière son sale caractère, elle aime son air revêche, ainsi que les traits de son visage. Quelque part, elle le trouve même séduisant, sans le trouver charmant. « Sinon je peux toujours garder celle là, je trouve qu'elle illustre bien le chef en vous, non ? », dit-elle en affichant l'écran de son appareil, d'abord au principal au concerné puis aux autres qui semblent approuver.

 
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James M. Wilde
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() message posté Jeu 9 Nov 2017 - 20:19 par James M. Wilde



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Indianna
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Elle furète, elle bouge, elle m'ignore, elle prend son temps. Elle prend son temps pour m'ignorer, dirais-je même, si j'avais l'outrecuidance de croire être soudain au centre de son existence. Mais je crois qu'elle m'ignore parce que je la gonfle prodigieusement et quelque part, il y a en moi une réaction contraire au malaise qui continue de m'étreindre cette semaine, il se noie dans l'ironie d'une situation complètement échappée à mes idéaux brisés. Tout se décale, les événements galopent sous mon crâne, presque incertains désormais que nous faisons brochette sur le crépis qui tombe en lambeaux. Temps passés d'une époque révolue, l'industrie de l'Angleterre en ruines, qui nous surplombe dans la splendeur de son cadavre encore exposé. J'aime bien au final le choix du lieu, il y a ici un charme de décomposition qui me plaît, elle a eu par là une bonne idée. Je n'irai pas jusqu'à le lui avouer, mais l'ombre d'un sourire moqueur ponctue mon silence, alors que je la regarde installer tranquillement son matériel. Mon envie de l'éreinter autant que je ne le suis déjà revient lécher mes plaies, histoire de me les faire oublier quelques minutes. Je clame, de loin, guindé contre mon mur. Oui le mien. Définitivement. À présent qu'il sert de décor à la sortie de mon album :
_ Surtout, ne vous pressez pas hein... C'est qu'on a absolument tout notre temps.
"D'un côté, on a pas grand chose de prévu."
Je fusille Greg du regard, qui me sourit largement en retour, heureux qu'il est de me surprendre tout haut à mentir. Je grogne :
_ Peut-être que j'ai quelque chose de prévu. Contrairement à toi qui a une vie absolument ennuyeuse. Et vide. Et chiante de surcroit.
"Mais c'est pas vrai ! Je fais presque la même chose que toi, ma vie est passionnante, Wilde, passionnante, enivrante, même parfois surprenante."
"Ah ça, c'est fou comme elle est surprenante. La dernière fois que je t'ai vu faire quelque chose de fou, Gregory, ça devait être quand tu étais ivre mort à 19 ans. Et encore, c'était un accident, même ivre, tu es trop sérieux."
"La dame nous parle, ça vous dérange d'écouter ?"
"Qu'est-ce que je disais..."
"Puis d'ailleurs, qu'est-ce que tu as à faire au juste ?"
Je prends un malin plaisir à n'absolument rien répondre, et je me concentre de nouveau sur Indianna. Sur sa voix particulièrement, un timbre avenant, un phrasé à l'aise alors qu'ils commencent à concevoir l'idée du shooting. J'écoute mais je demeure mutique, c'est surtout Greg qui parle, qui explique l'ambiance grandiloquente de l'album que nous souhaitons contraster avec des photos plus froides, peut-être même en noir et blanc. Ça a l'air simple d'interagir avec elle, voilà pourquoi je m'y mets également, mais toujours sur un ton offensif, pour me défendre de cette sympathie qu'elle parvient à créer sans que je ne puisse réellement la combattre. Je dois être au comble du désespoir pour m'intéresser à quelqu'un que je ne croiserai plus jamais. L'obturateur claque dans l'air qui se tend entre nous, elle me capture, c'est fait, il y a quelque chose arraché à mon être qui se voit dorénavant gravé dans son cristallin. Bien sûr qu'elle est parfaite, ils disent toujours que j'ai un don pour me mettre en scène, sans doute parce que je me mets en scène en permanence. Il n'y a de moi que peu de vérité dans un quotidien toujours emprunté par mon personnage. Je ne retiens pas mon exclamation quant à sa réplique moqueuse. Ostentatoire du dégradé de nos sensations naissantes. Elle m'intéresse parce qu'elle me cherche en retour, elle me distrait. Je me détache de mes deux amis pour mieux la cerner, je plisse mes paupières :
_ Vous avez tort, j'ai de très beaux yeux à ce qu'il paraît. Et suffisamment d'argent pour en perdre à m'ennuyer ici, rien que pour voir si vous saurez être digne de troubler ces minutes que vous êtes en train de dérober.

Ellis sourit, rasséréné sans doute aucun par mon personnage redevenu entier, alors qu'elle semble parvenir à le ressusciter à force de railleries. Elles ne viennent jamais ôter à son propre personnage cette élégance de femme indépendante, celles que je préfère, qui maquillent toujours leurs peurs sous l'aplomb de façade. Son sourire éloquent, les rires de mes comparses, mes prunelles pétillent à l'ombre de mon aigreur, j'essaye de ne pas peindre une silhouette pleine d'aplomb que j'ai connue un soir brisée par la couardise. L'autre voleuse, celle qui a tout pris, et à qui je refuse le temps pourtant promis, murmuré, gémi... J'inspire douloureusement avant de chasser son visage de ma mémoire. Je pose de plus en plus, je bouge aussi de mon propre chef, les autres suivent, s'assemblent à mes parcours avec ce naturel factice de nos instants crachés à la Une d'un magazine. Je consens même à l'agréer en faisant quelques pas de plus, histoire de lui permettre d'immortaliser notre trio, relevant le col de ma veste comme pour me garder du froid enfoui à l'intérieur de moi. Je hausse un sourcil, je maquille les blessures en cherchant une légèreté de ton qui sonne presque vraie quand tout s'écroule sans discontinuer, que je songe au passé, ou que je ne me risque à caricaturer des avenirs revenus à la tombe. Puis je m'intéresse à l'écran du numérique, pour vérifier ses arguments. Il y a un vrai sourire qui naît sur mes lèvres, cet orgueil infantile qui m'a toujours porté, et qui porte les deux autres également dans mon sillage. Je frappe l'épaule de Greg, brusquement, avant de répondre à la jolie photographe :
_ Vous avez parfaitement raison, on voit que sans moi, Laurel et Hardy ne valent pas grand chose.
"Hardy il va finir par te foutre dans une poubelle histoire de te rappeler à quel point le soit disant chef est petit."
_ Bon, allez, Indianna, d'accord, faites-donc une photo qui prétend à l'égalité, sinon c'est la révolution dans les rangs. C'est ça, le petit peuple, il n'est jamais content. Il jalouse les privilèges.
Indianna. C'est sorti comme ça, parce qu'elle m'a capturé aussi. Parce que je souhaite être capturé pour oublier que je suis en chute libre. Et qu'ainsi... lorsque je toucherai le sol, il m'aura été donné un bref instant d'incertitude, prolongé par chaque déclic de son objectif.
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() message posté Mer 15 Nov 2017 - 16:01 par Invité

 
« Sticks and stones, they may break these bones. But then I'll be ready. Are you ready? It's the start of us waking up, come on. Are you ready? I'll be ready. I don't want control, I want to let go. Are you ready? I'll be ready cause now it's time to let them know you are ready »  What about us, Pink
 

 
James & Indianna

 
Sans s'en rendre compte, Indianna se retrouva également plongé dans ses propres souvenirs. Jusque là, rien ne pouvait lui revenir en mémoire car elle avait, soigneusement, éviter de se retrouver dans ce genre de situation. Avant d'accepter ce contrat, elle n'avait pas encore fait de photo d'un groupe comme celui-ci. Des musiciens, des hommes, des personnalités à priori bien différentes. Les voir poser ainsi sous son objectif lui contracte l'estomac, sans qu'elle se l'explique immédiatement. Pourquoi une telle réaction ? Elle sait que ce n'est pas les remarques du Wilde, elle est bien trop au dessus de ça pour se laisser atteindre. Et elle y prend presque du plaisir à le voir la rabrouer, l'agacer avant de jouer lui aussi avec elle. Non ce n'est pas ça. Elle prend les premières photos, change d'endroit et surprend leur rires, leurs façons de se rabrouer. Le déclic. Connord aurait leur âge, Connord aurait sans aucun doute adoré ce groupe, Connord serait si fière s'il se tenait là. Elle l'imaginait sans mal se tenir dans l'ombre de l'arche, adossé nonchalamment au granit à la fixer d'un air rieur. Il serait resté en retrait, préférant ne pas la déranger. Indianna n'avait pas pensé à lui depuis un moment, pas avec ce genre de pensée en tout cas. L'imaginer, là, bien vivant, lui souleva le cœur mais elle ne laissa rien paraître. En ce groupe qu'elle prenait en photo, elle pouvait imaginer celui dont elle avait été la première fan des années plus tôt. DICE. Le groupe de son frère, d'Ethan et de Daley. Un groupe de rock planqué dans le garage familiale dont les membres se voyaient, un jour, brûler les planches et être entouré d'un tas de groupie. Mais Connord était mort et le groupe avec lui. Et une partie d'elle aussi, enterrée avec son jumeau, à Belfast. « Vous avez tort, j'ai de très beaux yeux à ce qu'il paraît. Et suffisamment d'argent pour en perdre à m'ennuyer ici, rien que pour voir si vous saurez être digne de troubler ces minutes que vous êtes en train de dérober. » Indianna cligne des paupières, imprégné de nouveau au temps présent. Elle préfère laisser Connord s'en aller pour le moment. Elle aura le temps de songer à ce que DICE aurait pu être à son retour chez elle. James continue sur sa lancée, prenant, visiblement, de plus en plus de plaisir à la chercher. Mais il est tombée sur une rusée. « C'est vrai que vos yeux sont pas trop mal, mais ce que je préfère chez vous, c'est votre modestie. » Elle ne parlera pas de son fric, c'est un discours bien trop puéril pour elle. Sans doute parce qu'elle a une valeur de l'argent qui ne correspond certainement pas à celle de ce type. Indianna n'a jamais été riche et n'a jamais voulu le devenir. Elle a toujours donné beaucoup d'importance à ce qui n'avait pas de valeur marchande, refusant de vivre dans la société de consommation d'aujourd'hui. Elle avait vu des gens vivre avec presque rien et être heureux tout de même. Mais à quoi bon parler de ça ici ?

Les gars recommencent à se chamailler, mais James semble plus détendu. Elle ignore si c'est le fait de s'être montré détaché à sa connerie ou simplement le fait qu'il en a marre de jouer le boudeur de service. Dans tous les cas, Indianna en profite pour jouer son rôle, prenant cette séance au sérieux sans pour autant se montrer autoritaire. « Bon, allez, Indianna, d'accord, faites-donc une photo qui prétend à l'égalité, sinon c'est la révolution dans les rangs. C'est ça, le petit peuple, il n'est jamais content. Il jalouse les privilèges. » L'irlandaise détache ses yeux de son objectif pour lui faire un sourire à la limite de la grimace. Mais elle s'amuse de tout ça et il semble le comprendre. Elle aimerait bien lui dire qu'il est mieux ainsi, mais son intuition lui dit qu'il préfère que cela reste naturel. James est sans doute un homme versatile, de ceux qui ont plusieurs facettes, toutes indomptables. Indianna, elle, est entière, vraie. La séance se prolonge dans une bonne ambiance sans qu'Indianna n'est plus besoin de jouer le gendarme. Elle joue également avec les lumières naturelles qui varient en fonction de l'heure, plus avancée à la fin de la séance. « Bien les gars, je vous annonce que vous êtes enfin libre », dit-elle en regardant son dernier cliché. Pour faire bien, elle a prit le temps de prendre un portrait individuel de chaque membre du groupe et elle a déjà une idée de la photo qui sera celle de leur album. Alors que tous débriefent de la séance, Indianna se rapproche de James. « J'enverrais les photos à votre agent dans la semaine. Mais j'ai bon espoir que l’une d'entre elles vous plaise », dit-elle avec un léger sourire.

***

La nuit venait de tomber sur Londres. Indianna traîna sa silhouette jusqu'au quartier de Soho sans trop savoir pourquoi. Les mains dans les poches de sa veste en cuir noire, elle égare son regard aux alentours. Elle grelottait de froid, mais elle s'en rendait à peine compte, son esprit bien loin de ce genre de sensation. Comme anesthésié, elle laissa ses pieds la traîner au hasard dans le quartier. Elle fit claquer ses talons sur le bitume, attirant au passage des yeux curieux puis intéressés. Elle s'en foutait. Elle poursuivit son chemin, hagarde, alors même qu'elle n'avait presque rien but. Mais une fois encore, son esprit était ailleurs, embrumé et son corps semblait lui répondre en échos. Finalement, elle entendit du bruit, une musique qu'elle sembla reconnaître. Le son n'était pas très claire mais le rythme plutôt entraînant. Elle se pointa devant un Pub, Le Viper Room où un charmant vigile la laissa entrer, non sans lui jeter un regard interrogateur. Pourquoi ce nom lui disait-il quelque chose ? Elle aurait bien laissé sa mémoire faire son travail mais elle semblait en burn out actuellement. Indianna se laissa guider vers le bar, bondé à cette heure bien avancée, et perdit son regard vers la scène. Voilà, elle se souvenait maintenant. Wild. Et James, le leader, le type méga chiant mais plutôt séduisant. Elle attrapa le verre d'alcool qu'on lui tendit et le pointa dans la direction du Wilde, sans savoir s'il allait la voir ou même la reconnaître. Mais normalement oui, c'était elle qui avait signée la photo de son album après tout.

 
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James M. Wilde
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() message posté Lun 20 Nov 2017 - 18:54 par James M. Wilde



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Indianna
& James




Un rire de plus qu'elle m'arrache, exhume de la tombe que je creuse patiemment pour m'y terrer. Les envies immodérées qui m'assaillent depuis deux jours, les angoisses qui m'étreignent chaque nuit, se confrontent à ce présent qui continue de m'échapper. Je suis en dehors. Je ne suis pas vraiment ici, avec eux. Je suis ailleurs, je suis encore dans ce salon avec Moira, le parquet plein de sang, les mains douloureuses, le plaisir délivré dans mes entrailles, la honte dans les yeux. Ce jour est important, la sortie officielle de cet album sur lequel nous avons tant travaillé devrait me ravir et pourtant je m'en tiens éloigné, le plus éloigné possible avant de ne trouver le moyen de le rendre difforme, mon oeuvre jetée dans mes enfers, donnée aux flammes de la détestation que je me réserve. J'aimerais partir pour aller retrouver mon antre et ma cocaïne. L'alcool sur la langue et les veines pleines de musique pour étouffer les cris que je souhaiterais pousser. Mais je ris. Je ris avec la photographe, le sourire tentateur, en m'imaginant prendre son corps pour oublier toute la souffrance accumulée dans le mien. Idée fantasque, qui glisse en moi et s'invite à la fête donnée en grand secret par tous mes démons réunis, la came, le sexe, la débauche des sens. Elle est attirante. Elle est trop attirante sans doute pour que je ne musèle mes désirs. Ce n'est pourtant pas le moment. Ça n'arrangera rien. Tant mieux, d'ailleurs, que tout parte en vrilles, encore une fois. Je la dévisage alors qu'elle me chambre sur ma légendaire modestie, ma voix exergue un son presque rauque, parce qu'il me faut quitter mes pensées trop libertines :
_ Vous n'avez pas idée...
Je reste sage ensuite ou presque. Je ploie devant l'exercice, je me laisse prendre au jeu vu que les règles continuent de ne plus être les miennes. La maîtrise de mon existence fracassée à mes pieds, ne demeure que dans ce clair-obscur les quelques saillies de la réalité. Clac. Une image de plus. Clac. Une image de trop. Mon personnage dévoilé. Clac. Mon personnage désoeuvré. Rideau.

Nous nous entendons sur les modalités d'envoi des photos, sur la sélection que nous ferons, sur les délais et autres détails triviaux qui me laissent sur ma faim, je retourne au mutisme, massant les jointures de mes mains estropiées. Greg joue mon interprète quand je décide de déléguer, c'est le meilleur dans ce rôle :
"Oh, nous n'avons plus d'agent. Transmettez-les nous directement, on verra avec le magazine ensuite. Je pense que ça nous plaira, oui, j'aime beaucoup les plans sur lesquels vous avez joués."
Nous vivons en nomades, nos agents nous ont quittés, l'un après l'autre. Enfin m'ont quitté, ce serait plus justement dit. Nous ne sommes représentés désormais que par notre production, les seuls qui parviennent à traiter vis à vis de nous, et à compenser mes frasques incessantes. Nous sommes dans cette ferveur d'indépendance, j'imagine, celle que j'ai tracée dans notre histoire rocambolesque. L'indépendance farouche. L'indépendance. La chaîne est lourde. Je pense à Oaks Production, je ne regarde pas Indianna, et je disparais sur les sièges du taxi qui nous a sagement attendus sans dire au revoir.

***

Le nighclub est aux couleurs du groupe que nous recevons ce soir et qui est l'un de nos favoris depuis des années. Les Rocking Pistols ont attiré du monde, plus de monde que nous n'aurions cru au premier abord et la salle est pleine à craquer. Le bar est submergé et les serveurs suivent difficilement la cadence, se frayant un chemin très hasardeux entre les fans qui sautillent un peu partout, en cadence du son très lourd et très novateur des quatre jeunes gens qui ont pris d'assaut ma scène. La jalousie m'étreint... Il ne s'agit pas de célébrité ou encore de carrière, la mienne est telle que je n'envie plus grand monde et que mes ambitions surpassent celles d'un groupe encore jugé débutant. Il s'agit de l'appel des cordes qui crissent, du grattement du mediator entre les doigts serrés, de la pulsation de la basse. Backstage, je caresse presque langoureusement les touches de mon grand piano noir, une note échappe au toucher, produit un douloureux écho dans ma cage thoracique. Mes doigts tremblent. J'ai parfois la pensée viciée que je ne saurai plus jouer, plus jamais, elle s’immisce dans mon crâne, le martèle, me rend plus fou encore. Je dessine le rail sur le bois aux tons glacés, dans l'ombre je fais passer ma crise d'angoisse en oubliant plus encore mes souvenirs récents dans mes abus. L'inspiration est ample, ma tête transpire sur le revêtement de l'instrument, alors que je l'ai posée là, souffrant des abîmes qui se rouvrent, s'exaltant dans de nouvelles sensations, le coeur en panique à cause de la coke prise trop souvent ces temps derniers. Le groupe semble hurler, au travers même de la cloison, mes ténèbres divaguent en de nombreuses couleurs, tissu de malêtre et d'intensités qui retombe sur moi. Chape de plomb.

Merde... Plus rien. C'est la pause. Je dois passer sur scène, exhiber mes blessures en pleins projecteurs, vanter les mérites d'autres que nous quand j'aimerais m'oublier dans mes interprétations. Scène interdite. J'ai la patience érodée par mes actions, je la tiens étranglée, contre l'horreur de ne pouvoir lâcher prise, au moins par ce biais-là. Les coups contre la chair. Sourds. Mes articulations qui se brisent. Non... non. Ça ne s'est pas produit ainsi. Mes fantasmagories me soulèvent le coeur, je navigue dans le noir jusqu'à trouver la porte et me glisse sur la scène, le regard acéré et pourtant trop perdu. La foule rugit, parce qu'elle croit que nous allons nous inviter pour une impro, ma gorge se serre plus encore. J'aimerais. Bordel. J'aimerais. Cela me manque et ça ne fait pourtant que bien peu de jours passés sans créer la musique au bout de mes doigts blêmes. Rien n'est cassé dans mes mains, mais les putains d'ambulanciers ont été clairs, les articulations sont trop fragiles encore pour m'y remettre, ce serait pire encore. J'ai pourtant essayé. Je sais que j'essaierai de nouveau demain, et les jours d'après. Je n'écoute pas ce que l'on me dit. Jamais... Je ne peux pas me priver de cela. Mais pour le public, c'est foutu, je ne peux m'humilier avec la gaucherie qu'occasionne mes bandages toujours en place :
_ Ne rêvez pas, bande de connards.
J'agite ma main droite dans un doigt d'honneur à peine dissimulé, les rumeurs fusent déjà depuis le début de semaine, quant à mon état. D'où viennent mes blessures, qu'ai-je donc encore fait ? Je souris méchamment puis me contente d'encourager mes invités :
_ J'espère que vous avez encore de quoi hurler quelques insanités... Ils reviennent, ils ne nous quittent pas encore. Quant à nous, on reviendra sans doute prendre une bouffée de gloire sur cette scène si vous en êtes dignes !
Je fais mine de m'en aller avant de rajouter :
_ N'oubliez pas que vous pouvez toujours raquer à partir de demain pour notre tournée. Même si j'espère voir de nouvelles personnes, vous, vous me fatiguez.
Sourire en coin à la brochette de devant qui campe limite dans le Viper H24. Ultra-fans. J'ai couché avec la fille brune, sa soeur à côté, les deux ensemble si mes souvenirs sont bons, et aussi avec la meilleure amie qui est revenue seule pour se faire troncher. Mes habitudes sont toutes réunies sur leurs lèvres pulpeuses... Je leur réserve toujours un sourire presque sadique. Les gens sifflent et applaudissent, j'entretiens leur désamour et leur adoration, je surprends Ellis qui roule des yeux et me lance :
"Toujours la grande classe pour faire notre auto-promotion hein !"
Je hausse les épaules et me marre avant de faire un signe en direction de l'assemblée. Pas au hasard, un signe plutôt ciblé. Je l'ai remarquée aussitôt, reconnue dès qu'elle a levé son verre dans ma direction alors que je jouais au con sur ma scène. Un signe clair qui lui indique de regarder le balcon au-dessus de nos têtes. Je ne m'amènerai pas jusqu'à elle, je n'ai pas envie de bain de foule ce soir, surtout que tout est redevenu compliqué depuis le Royal Albert Hall. Notre popularité, entre la promotion photo, la sortie de l'album, le concert de lancement, est redevenue flamboyante et nous oblige beaucoup plus à nous faire discrets dans le coeur même de notre nightclub. Ellis retourne d'ailleurs dans ses pénates, Greg fait de la logistique auprès de Phil, mais personne n'est au bar avec Kait', sinon c'est le meilleur moyen de lui gâcher l'existence avec des signatures d'autographes toutes les deux minutes.

Je retourne backstage et emprunte le second escalier privé qui mène à l'étage VIP, parfaitement vide ce soir. Je fais un signe à Phil et à Blondie dans l'espace régie, avant de longer le mur, tout en lorgnant en dessous pour voir si Indianna aura assez de tripes pour venir me trouver. Vega, mon chef de la sécurité, n'est pas idiot, il voit immédiatement qui je désigne comme heureuse élue de mes soirées et ce chaque fois. Il la laissera passer sans problème. J'entre dans le grand salon qui me sert de troisième domicile, même s'il s'agit presque de ma résidence principale depuis que je suis revenu de chez Moira... Je m'installe dans le grand sofa, me sers un verre de whisky, un double sec, avant de distinguer sa silhouette dans les ombres tamisées de l'étage. Je fais mine d'observer la scène, en bas, par la vitre teintée. On appelle ce lieu le perchoir et ce n'est pas pour rien, il me sert de retraite solitaire le plus souvent, je profite de la scène, personne ne me voit, je suis seul au milieu du bruit. Mais pas ce soir... Pas ce soir. Et pas depuis que cette semaine me ravage, corps, âme et esprit. Ma voix s'élève par dessus le son du nouveau titre des Rocking Pistols, ici la musique est légèrement atténué par l'isolation des lieux qui fut choisie... Pour diverses raisons dirons-nous. Je ne la regarde toujours pas.
_ Irlandais ou Écossais ? A moins que vous ne buviez pas de whisky ce qui serait sans doute une faute grave...
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() message posté Jeu 30 Nov 2017 - 15:59 par Invité

 
« Sticks and stones, they may break these bones. But then I'll be ready. Are you ready? It's the start of us waking up, come on. Are you ready? I'll be ready. I don't want control, I want to let go. Are you ready? I'll be ready cause now it's time to let them know you are ready »  What about us, Pink
 

 
James & Indianna

 
Indianna avait envoyé les photos de la séance bien des jours plus tôt, peut-être même des semaines ? A ce moment-là, tout allait encore bien. Elle enchaînait les petits contrats, rythmant sa vie autour de ses clichés et de ses ateliers. Elle avait toujours pensé qu'elle n'arriverait pas à concilier les deux, mais ses capacités en matière d'organisation avaient fait leur travail. Sans doute qu'elle n'avait pas vraiment crut à ses talents de photographe avant d'être sollicité par desplus gros clients. Indianna n'avait pas l'ambition de devenir une femme d'affaire, elle revenait de trop loin pour ça. L'idée même de passer sa vie au travail lui donnait la nausée, amusant quand on savait qu'elle avait passé des mois entier à l'autre bout du monde dans ses missions humanitaires. Mais la-bas, elle se sentait vraiment utile, vivante. Elle laissait derrière elle une mère dépressive dont la charge, même pour ses larges épaules, était devenue trop lourde à porter. Mais maintenant qu'il y avait Nolan, elle ne pouvait plus se permettre de penser de la sorte. Elle avait délaissé ce qu'elle avait toujours fait pour se jeter dans l'inconnu. En commençant par de simples photos, puis en y  ajoutant des écrits sur ses pensées, ses peines et ses doutes. Le tout avait donné lieu à un livre qu'elle avait fait éditer, non sans y croire vraiment à l'époque. Sans le savoir, ce livre lui avait sauvé la vie, par bien des aspects. Il lui avait permit de reprendre confiance en elle, de se sortir de cette impasse qui ne semblait pas avoir d'issue, de remonter à la surface après une bien trop longue immersion dans l'obscurité. Et, petit à petit, elle avait vu ses efforts payer au delà de ce qu'elle pouvait espérer. Elle n'aurait pu imaginer qu'elle allait signer la pochette d'un groupe comme Wild. Bon, elle n'était pas une groupie, elle ne connaissait même pas le groupe avant qu'on l'engage, mais c'était plutôt impressionnant, voire gratifiant, de voir son travail dans les magasins du coin.

Oui, elle était dans cet état d'esprit avant l'annonce. Avant le verdict, ce foutu verdict qui lui avait fait l'effet d'un coup de poignard. Elle en avait connu des douleurs, sûrement plus que la moyenne, mais jamais comme celle-ci. Et elle ne parlait pas d'une douleur physique, non, ça, elle pouvait encaisser. Quand on avait vécu dans la rue pendant plusieurs mois, on ne se préoccupait plus de ce genre de ressentis. Le froid, la faim, tout devenait moindre face à la réalité, tenace, violente, qui venait vous assaillir chaque jour. Non, cette douleur là était bien plus virulente car elle venait fouiller dans ses entrailles, dans sa chair et s'immiscer dans son esprit. Votre fils est gravement malade. Cette simple phrase avait bouleversé son quotidien et, quelque part, l'avait replongé dans ses vieux cauchemars. En quelques secondes, l'euphorie et le bonheur avaient fait place à la peur et la colère. Surtout la colère en fait. Parce qu'elle préférait gérer celle-ci plutôt que de s’apitoyer, de couler aussi lentement mais sûrement que sa mère face à la mort de son propre fils. Avec la colère, elle avait l’impression de se battre davantage, de continuer d'avancer malgrés les obstacles, alors que la peur finirait par la paralyser, par la faire chavirer.

Était-ce cette peur qui l'avait amené à sortir de chez elle, à abandonner son petit garçon bien malade, pour se perdre dans une soirée comme celle-ci ? Elle l'ignorait ou plutôt elle ne voulait pas y trouver de réponse. En son fort intérieur, elle se sentait minable de fuir vers ce Pub bondé plutôt que de rester au chevet de Nolan. Mais comment pouvait-elle le regarder souffrir tout en restant impuissante, incapable de faire quoi que ce soit pour sauver sa vie ? Rongée, bouffée, elle décida de s'attabler au bar afin d'éponger un peu plus cette culpabilité refoulée et de nourrir davantage cette colère intérieur. Elle avait déjà bu avant de venir, mais pas assez pour la ramener vers son passé, pas assez non plus pour s'abandonner totalement. Indianna songeait même à rebrousser chemin quand elle remarqua le groupe qui se produisait. Étonnant comme la vie avait un drôle de sens de l'humour. La dernière fois qu'elle les avaient vu, elle était à mille lieux d'imaginer ce que serait sa vie quelques semaines plus tard. James sembla la reconnaître car elle le vit lui faire un signe, comme une promesse de venir la saluer plus tard. Bien. De toute façon, elle ne s'attendait à rien sinon que de boire encore un peu. Elle reste bien assisse sur son tabour tandis qu'elle termine son verre et qu'elle en commande un autre. Le groupe, lui, à finit de jouer et tous se dispersent. Indianna le suit du regard, lui le ténébreux, lui le téméraire. Elle n'est pas vraiment étonné qu'il est décidé de ne pas la rejoindre, sentant chez lui le séducteur mais surtout le joueur. Elle esquisse un sourire pour elle-même et finit par s'extirper de cette place plutôt inconfortable mais qui lui laisse encore l'occasion de changer d'avis. Néanmoins, elle se laisse prendre la direction de l'étage avec son second verre en main. La chaleur du liquide réchauffe doucement son corps tremblant tandis qu'elle passe devant un agent de sécurité qui s'efface simplement, sans rien lui demander de sa présence. Elle soupçonne James de lui avoir glissé un mot. Qu'importe. Indianna traverse un couloir avant de pénétrer dans l'antre, cela y ressemble beaucoup en tout cas. C'est marrant, mais c'est exactement comme ça qu'elle se représentait les salles VIP, dans un mélange de lumières tamisées et de spots aux couleurs criardes. Elle se mut dans la direction du Wilde, levant son verre à sa hauteur tandis qu'il lui jette : « Irlandais ou Écossais ? A moins que vous ne buviez pas de whisky ce qui serait sans doute une faute grave... ». Elle s'adosse contre le mur le plus proche, laissant ses lèvres s'étirer sur un sourire énigmatique. Il regarde la vitre la plus proche, jouant la nonchalance, voire l'ignorance. Elle pourrait faire demi-tour mais l'alcool dans son sang commence à faire son effet, la poussant à rester, à tester. Tester quoi, elle l'ignore encore, mais sa tête tourne légèrement vers une euphorie bien connue. « Irlandais bien sûr. Je vous rappelle que je m'appelle McCarthy ». Elle avait peut être quitté Belfast des années plus tôt mais elle n'en restait pas moins une irlandaise pure souche qui ne rejetait rien de ses racines. « Mais peut être que vous vous foutez de mon nom après tout », ajoute-t-elle. Et elle n'en serait pas étonné. Elle lève de nouveau son verre et le termine, le posant sur la table la plus proche. « Vous comptez m'offrir à boire ou je dois retourner voir votre barman ? Et dans ce cas je ne remontrais pas ».

 
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James M. Wilde
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Indianna
& James




Elle est venue. Venue jusqu'à moi, dans l'antre que j'occupe avec une constance de cadavre revenant hanter son caveau depuis plusieurs journées. Depuis tant de nuits déjà. Je ne les compte plus, celles qui remontent à notre installation au Viper viennent se confondre aux dernières plus indistinctes, déviantes comme les lignes que je trace sur toutes les surface. Je me demande combien il me faudra en dessiner pour que l'une rompe enfin sous le poids de ma détestation, et que je tombe, esseulé dans ce trou que je m'évertue à creuser. Ma solitude se pare de sa présence et si je l'ignore intentionnellement, ne lui rendant aucun regard par peur qu'elle lise dans le mien la déchéance avouée qui s'y niche depuis que je l'ai aperçue lors du shooting, je respire ses gestes, retient les silences dans ses pas. Il y en a un qui la mènera jusqu'à moi. Mais elle ne l'a pas encore esquissé, ce dernier là il lui faudra le tracer avec la candeur de ceux qui se voutent devant le sacrifice. Échouer sa peau contre la mienne, fracasser une partie d'elle sur moi pour que je m'abreuve d'une vie afin d'oublier celle que je fuis. Elle a tout promis en montant jusqu'ici. Les lueurs électriques détourent nos carnations qui se moirent des feux d'une nuit trop avancée. Il y a l'alcool dans sa tessiture, j'aime bien cette chanson-là. Je la chante tous les jours depuis peu. Il y a le désespoir dans mon mutisme, avant que je ne jette les premiers fracas dans le jeu qui s'opère, avec l'appétit de le voir très vite se terminer, et pourtant, le goût inique sur le bout de ma langue de l'imaginer s'éterniser. Elle est postée à ma gauche, mes mains se sclérosent sur la vitre sans teint, parce que je l'entends presque sourire, et que j'ai l'envie de dévorer cette expression d'un coup d'oeil dicté par mon avidité. Mais je regarde la foule indistincte, en dessous de nous, des âmes languides qui s'effacent peu à peu parce que la nuit étend son courroux et les traîne, éreintés, dans les griffes du sommeil. Des morts. Partout des morts. Elle me répond, visiblement sur le fil acéré de l'ivresse, mon coeur bat d'une opportunité malsaine, avant que mes yeux ne condescendent à venir la scruter avec la froideur d'une observation où pulse déjà d'autres images qui se superposent à la sienne. Derrière l'alcool, chantent les quelques accents qui dénotent son origine. J'aurais pu les comprendre plus tôt si elle avait eu autant de matérialité qu'à l'instant... Mais mon sourire en coin, peut-être un peu triste, est l'aveu de cette distance qui me laisse abandonné, perdu au loin, coupé de toutes ces âmes que je renie pour ne pas les voir se lier à ce parcours toujours brisé par mes frasques innombrables :
_ Qu'est-ce qu'un nom au final ? Je ne l'ai pas retenu parce que je vous ai choisie au hasard.
Mais pas ce soir. J'aurais pu choisir une autre de ces filles, le Viper en compte des dizaines chaque soir, des anonymes, celles que j'oublie aussitôt après les avoir consommées. Elle... Pourtant, je la connais. Suffisamment pour que cela ait un impact sur ma frénésie. Je me baisse, cherchant la bouteille aux trois quarts déjà vidée dans le petit bar que compte le perchoir, et ploie la distance en me rapprochant d'elle pour la servir, alors qu'elle a sans doute déjà trop bu. Et moi aussi.
_ Je suis à moitié irlandais. Alors c'est un bon choix.
Je ne sais pas pourquoi je lui confie ce détail que beaucoup ignorent ou oublient. Je me rappelle un instant le rire de Atch quand il me rabrouait de siroter comme un ivrogne les bouteilles de 20 ans d'âge, certains soirs d'été. Choisis le plus jeune la prochaine fois. Désolé, vieil emmerdeur, je récidive. C'est ma marque de fabrique. Je hausse les épaules, m'arrêtant sur la confidence avant de la balayer d'un geste, souriant plus encore à cause de sa menace. Je ne la laisserai pas disparaître. Plus maintenant :
_ Mais vous vous en foutez pertinemment aussi, c'est parfait. Je n'aime pas faire semblant de m'intéresser... Surtout quand on sait l'un et l'autre que vous n'êtes pas venue discuter.
Je suis plus proche, alors que je repousse son verre avec lenteur sur la surface polie, terminant le mien dans une longue gorgée qui brûle ma gorge et enflamme mes entrailles. Mes yeux la déshabillent très ostensiblement, puis reviennent à son visage, pour voir sa bouche se poser sur le bord de son verre. Elle semble aussi avide que moi ce soir, le courage sur la langue, vingt ans d'âge dans la gorge. Mon coeur frappe ma cage thoracique alors que je m'approche plus encore, laissant le dernier pas à sa convenance, même si je sais qu'au fond, je ne lui ménage que l'ébauche du choix quand je me tiens prêt à la retenir si elle esquissait ne serait-ce qu'un seul mouvement susurré par son instinct de fuite. Je hais la couardise, surtout lorsqu'on est venu jusqu'à moi, les minaudeuses sont les pires créatures qui soient. Mais elle n'a pas l'air d'en faire partie. Je penche la tête sur le côté :
_ Un verre de plus ? Je m'en voudrais de profiter de l'inconscience de votre ivresse.
Un temps d'arrêt. Un sourire de plus :
_ Ou peut-être pas.
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Anonymous
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() message posté Lun 8 Jan 2018 - 16:25 par Invité

 
« Sticks and stones, they may break these bones. But then I'll be ready. Are you ready? It's the start of us waking up, come on. Are you ready? I'll be ready. I don't want control, I want to let go. Are you ready? I'll be ready cause now it's time to let them know you are ready »  What about us, Pink
 

 
James & Indianna

 
Elle n'avait sans doute rien à faire là. Dans une autre vie, une ancienne époque, oui, mais pas aujourd'hui. Pourtant, ses jambes refusaient de la porter, sa raison l’empêchait de tourner les talons. Son regard était hypnotisé par le groupe qui jouait. Ce n'était pas vraiment eux qu'elle regardait, mais plus l'ambiance qui se dégageait de cette atmosphère musicale, à la fois sombre mais percutante. Les lumières jouaient avec les sons, la torpeur l’envahissait doucement, et son pied se mit à taper le sol au rythme de la caisse de resonnance. Elle n'aurait su dire si elle appréciait la musique ou si c'était juste son cerveau qui se mettait sur pause. Quoi qu'il en soit, elle restait assise sur ce tabouret à boire son verre comme s'il s'était agit du dernier. Elle n'était pourtant pas condamnée, elle était encore jeune, elle avait la vie devant elle... Amer, elle soupira de rage. Oui, c'était son cas, alors que son petit garçon, lui, comptait les jours. Et Indianna, l'optimiste, la gaieté même, se retrouvait à haïr cette foutue joie qui voulait lui prendre son fils. Elle avait presque oublié ce que c'était qu'être ainsi habiter par la haine, le chagrin, tout ça à la fois. Ça lui donnait la nausée. Et elle soupçonnait l'alcool de ne faire qu'aggraver son état. Mais elle en avait le droit, pas vrai ? Elle jeta un regard au barman, comme pour lui demander son avis, alors qu'elle s'en foutait. Mais une part de son inconscient avait envie qu'on l'autorise à se perdre ce soir, que quelqu'un la déculpabilise d'être là alors que son fils était mourant. La pire mère de l'année, sans aucun doute. Elle n'avait qu'à boire à ça. Elle souria, un sourire cruel, en repensant à tout ce qu'elle avait bien pu dire à sa propre mère. Debra, mère brisée, mère dépassée, qui s'était laissé couler après la mort de son fils, du jumeau d'Indianna. Dieu qu'Indie lui en avait voulu. Et ce soir, elle ne valait pas mieux. Sauf que Nolan, lui, était encore en vie, mais pour combien de temps ? Cette pensée lui souleva le cœur et elle dut inspirer un moment afin de dissiper son malaise.

Et comme si s'attarder au bar ne suffisait pas, elle s'était égaré à l'étage. Enfin égarer c'était un grand mot car elle avait décidé sciemment de rejoindre cette pièce aux vitres teintés. De le rejoindre. Venant d'elle, ce n'était pas vraiment étonnant. Indianna avait toujours aimé jouer, flirter, prendre du bon temps. Elle ne voulait personne dans sa vie, mais elle ne refusait jamais un peu de chaleur le temps d'une nuit. Et alors que sa raison lui hurlait qu'elle n'avait rien à faire ici, son corps se mouva jusqu'à l'étage où elle entra dans la tanière du Wilde. Elle laissa sa silhouette glisser dans son antre mais sans trop s'approcher. Pas qu'elle était intimidé, non, loin de là, mais cela faisait partit du jeu. Comme pour se garder une porte de sortie. « Qu'est-ce qu'un nom au final ? Je ne l'ai pas retenu parce que je vous ai choisie au hasard. » Indianna le toise, un demi sourire au coin des lèvres. Le hasard... Elle pourrait écrire un roman sur lui. Indie a souvent laissé le hasard la guider, entrer dans sa vie. Elle a toujours crut à la destiné, aux douces coïncidences, certainement sa seule part de naïveté. Et ce soir, c'est le hasard qui la mena jusqu'au Viper Room pour finalement se retrouver quelques instants plus tard auprès de James. Mais elle n'avait pas été insensible à son regard, à son invitation silencieuse, quant lui ne semblait pas étranger à sa présence en ces lieux. Elle n'avait pas le souvenir qu'il y est eu cette ambivalence la première et unique fois où ils s'étaient vu. Mais le côté professionnel d'Indianna avait certainement banalisé cette rencontre. « Vraiment ? », dit-elle, évasive. Mais elle sait que la liste est longue, que ce genre d'homme ne doit jamais être à court de filles pour partager son lit. « Je suis à moitié irlandais. Alors c'est un bon choix. » Elle attrape le verre remplit, le porte aussitôt à ses lèvres. Elle sent la douce chaleur du liquide embrumer sa gorge puis doucement sa tête. C'est agréable bien que dangereux. Elle le sait, mais elle est allé trop loin pour reculer. « Mais vous vous en foutez pertinemment aussi, c'est parfait. Je n'aime pas faire semblant de m'intéresser... Surtout quand on sait l'un et l'autre que vous n'êtes pas venue discuter. » Il la déshabille du regard et elle retient un sourire de satisfaction. Elle n'a jamais eu besoin de faire beaucoup d’efforts pour obtenir des œillades ou davantage. Indianna n'est même pas allumeuse, elle n'a pas besoin d'artifices. Elle est belle et désirable, mais avant tout, elle a le charme facile, le minois qui plaît. Elle pourrait avoir la réputation de croqueuse d'homme si elle n'était pas aussi avenante et gentille, voire même douce et prévenante. Elle peut être maternelle, rebelle, violente, selon l'envie, selon la personne qui lui fait face. Et puis elle ne se contente pas des hommes, elle aime le plaisir charnel d'une compagnie féminine. Indianna couche avant tout avec une personne qui lui plaît, qui la fait vibrer, qui lui procure autant de plaisir qu'elle peut en donner. Sur une courte durée par contre, toujours. Au delà, elle s'ennuie, elle s'attarde trop et elle n'aime pas ça. « Il y a un temps pour tout... », commence-t-elle en prenant place sur la banquette, sans y avoir été invité. Ils n'en sont plus aux formalités. Et puis elle le voit se rapprocher, lent mais assuré, et elle sait qu'elle ne ressortira plus maintenant. Ils sont piégés dans leur jeu. Elle croise ses jambes, s'appuie sur son bras gauche, offrant son buste à hauteur des yeux du Wilde. « Un verre de plus ? Je m'en voudrais de profiter de l'inconscience de votre ivresse...Ou peut-être pas ». Sans répondre, elle se contente de lui tendre à nouveau son verre. Elle passe une main dans sa propre nuque et repousse ses cheveux en arrière. « Je ne pense pas être la seule à boire », dit-elle en levant son verre à hauteur de son visage avant d'en boire une gorgée. Elle plonge son regard dans celui de James. Ses yeux sont noir mais brûlant. Un regard qui devrait la faire fuir parce qu'elle sait qu'il n'est qu'obscurité quant elle n'est que lumière. Mais ce soir, elle sent sa part d'ombre refaire sa surface, elle sait qu'elle ne sera plus jamais vraiment la même et elle meurt d'envie de se jeter la-dedans avec lui. Pour l'encourager, mais aussi elle sans doute, elle se rapproche encore, sa cuisse frôlant celle de James. « On continue à se vouvoyer ? Remarque, peut-être que tu voudrais entretenir de bonnes relations avec un partenaire professionnel... », commence-t-elle, ses lèvres mi-clause, en référence à leur première rencontre. Parce que James est avant tout un client, enfin techniquement, c'est la production qui l'a engagé, pas vrai ? « Ou peut être pas », ajoute-t-elle, se mêlant à son jeu. « Tu as besoin d'un consentement libre et éclairé ? Ou peut être que tu attend que je sois totalement saoule, mais en tant qu'irlandais, tu n'es pas sans savoir que les irlandaises sont plutôt des reines dans le domaine. ».
 
(c) black pumpkin

 
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