(✰) message posté Dim 13 Nov 2016 - 7:19 par Theodore A. Rottenford
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ L’autre et les caprices de Belfast. Je soupirais en regardant le vieux train passer sur les quais. Les locomotives reptiliennes s’insinuaient dans les plis de la ville dormante. La fumée léchait les murs. Elle se frottait aux étals rouillés par la pluie. Il voyage, tel un oiseau de feu – un monstre dont les écailles ouvraient une étrave dans la foule. Je me noyais dans les images. Les fragments d’une vie ailleurs. Mes doigts se crispaient sur le cuir de ma voiture. C’était étrange. Je n’avais pas conduit depuis l’incident. Je ne m’étais pas attardé sur la gare – sur les ruelles encombrées par les passants et leurs chariots multicolores. J’observais les silhouettes sur les couloirs du quartier irlandais. Les filles étaient droites sous les parapluies. Elles avaient peur du soleil car les hommes d’ici préféraient les peaux blanches et les yeux qui reflétaient les ombres vertes de la colline. Nous étions libres – naturellement attirés par l’herbe fraîche des montagnes rocailleuses. Les symboles du celte tapissaient les insignes. Je roulais lentement – laissant la marque des pneus s’aligner sur les bords de l’asphalte. Le nouveau chef était là. Il guettait le territoire. Il divisait les districts pour mieux contrôler les pions. Je m’arrêtai près du cimetière. Les épitaphes se dressaient autour des stalles de l’église. J’entendais les sonnets, la musique de l’âme – pleine de promesses et de réviviscence. Je descendais enfin. Mes jambes s’amenuisaient sur le carrelage, entre les rangs du père Alfred et de ses sermons religieux. Je souris en allumant un cierge. Mes prières ? Un coup de feu sur le vitrail. Une simple mise en garde. J’en avais assez de m’écraser sous la foi qui se vautrait dans les besoins égoïstes du pouvoir. Il n’y avait pas de compromis avec l’IRA. Ils voulaient que je tombe, que je m’éloigne de ma destinée. Mais je n’étais pas ce garçon brisé. Pas aujourd’hui. Je fixais le confessionnal. Mes pêchers me fixaient avec les yeux du passé. Ils m’appelaient ; la fraude – l’assassin, le traitre. Mais ce n’était pas important. Je tournais autour du trône. J’étais arrivé le premier. Je tendis le bras, l’arme chargée, le canon dirigé vers la tempe du notre père. «Je ferme le hangar. La marchandise ne passe plus par Londres.» Il ne m’entendait pas – il savait que j’étais fou. Intouchable. L’organisation dépendait de la mafia. Nous étions les mules de la cargaison. Les docks s’ouvraient directement sur notre domaine. Mais je refusais de salir ma réputation dans la police. Ma double identité était immaculée. «Il y a trop d’agitation ici. Je veux retourner au calme. Belfast sera toujours un allier.» Il leva les bras vers mon poignet. Le vieil Alfred récitait un verset de la bible en éloignant la pression du revolver. Le mouvement pour l’indépendance était féru. Il s’emportait trop vite – trop facilement. Je ne voulais pas m’exposer de cette façon. Le règne avait changé. Mes politiques s’opposaient aux anciens régimes. J’étais le visionnaire qui avait renversé les O’Connor. Je pouvais respirer les poudres des canons alors que les machines lançaient des rockets sur les champs de bravoure. « Le conseil refusera, mon fils. » Je ricanai en faisant tournoyer l’acier dans mes mains. Fallait-il que je sois persuasif ? Mes ongles se fermaient sur son cou. «On raconte que ma mère est une méduse. Cela-t-il fait-il de moi une vipère ? Et si je vous crucifie, que je me mets à genoux pour implorer la miséricorde. Pardonnerez-vous mes vices ? Je suis curieux.» Il frissonnait sous ma prise. Je pouvais le briser, tordre ses os sous ma grappe insistante. «Dites au conseil que je ne reçois plus aucun stock à Londres.» Je lui offrais une dernière chance. Je fis passer mon pouce sur mes épaules pour dessiner une croix. «Amen.» Je perdais mes émotions. L’amour n’était pas une cruauté. J’avais changé mes perspectives pendant ma convalescence. La rébellion était dangereuse. Depuis le Brixit, l’Irlande du Nord rêvait de se détacher de l’influence de la couronne. La fantaisie rendait les gens stupides. Mais je n’étais pas de ceux-là. Je me dirigeais vers les boutiques pour trouver le fleuriste. Un bouquet de marguerites sauvages, simples, blanches et mortelles. Mon regard s’attardait sur la vitre du coiffeur. J’observais les femmes qui se lavaient les cheveux, aspirant les vapeurs du savon avec une avidité obsessionnelle. Elles étaient belles parce qu’elles s’inondaient de propreté. Je me détournai avec pudeur. Car souvent, il suffisait d’une seconde pour frôler l’indécent. Mon visage s’allongeait dans la pénombre. Les lampadaires couvraient l’habitacle d’un éclat argenté. Je pressai les pédales jusqu’au centre-ville. Soho. Puis Shoreditch. J’avais besoin de me changer, de porter les vêtements qui s’accordaient le mieux avec l’occasion. Une chemise froissée sur les pans d’un jeans casual. Une eau de Cologne légère et l’emprunte d’une pièce d’or sur la poitrine. C’était de cette façon qu’elle m’aimait. La version qui se détachait. La version qui avait failli se vider. Je me tenais devant l’immeuble. Je connaissais son adresse depuis des jours. Mais je n’étais pas venu – par manque de temps, de conviction. Parce que j’étais occupé à courtiser Hanna. Non. J’étais un Homme de parole. Je respectais seulement sa décision, la liberté qu’elle m’avait si ardument réclamée. Le dépit nous tuait. L’orgueil, cette belle connerie ! Je frappais à la porte. Elle m’attendait. Je n’avais pas répondu à son message. Mais elle attendait mon intrusion. C’était prévisible. Elle apparut dans le vestibule. Nos cœurs se reconnaissaient comme deux moitiés séparées depuis la naissance. Je souris en poussant la poignée. Il n’y avait tant de mystères, une éternité de désirs refoulés. Une passion écrite dans l’absence. Babi était en colère. Je cherchais la petite fille inconnue, que le père, pêcheur, avait oublié sur le rivage. Je cherchais la silhouette de la guerrière téméraire. De l’amie que j’avais créée pour accompagner ma solitude. Les femmes des bars n’étaient pas toutes des putes. Pas vrai ? Je fermai les yeux et posai ma tête sur son épaule. Ma main s’attardait sur sa frange ébouriffée. On communiquait en équilibre sur une seule roue. Notre affection était un manège. Je me perdais à l’intérieur de sa demeure. Sans invitation. Sans un mot. Le langage du corps racontait mille histoires. Je mettais mes genoux à terre. Ma blessure s’étirait sur le parquet. Elle avait causé cette douleur – et je l’affichais fièrement en ouvrant mon écrin. J’avais enfin compris. Babi était une femme. Et j’avais une demande. Elle ressemblait aux autres. Elle n’avait plus ses particularités. C’était paisible. La chaîne d’or scintillait sous la lampe. Un bracelet avec un motif de menottes. «Babi, rend-moi ma promesse et je t’emmènerais danser.» Je me rappelais du bal. Je pensais que j’étais incapable de l’aimer. Mais j’avais tort. J’avais besoin d’elle pour sauver Belfast. Je me tournai vers les vestiges du salon. Les cartons s’entassaient dans la poussière. Le désordre m’étouffait alors que je réalisais que je m’étais assis au milieu. «Ce n’est pas la vie que tu as choisi. Ce n’est pas la maladie. Tu t’essaies à la liberté, mais à quoi bon ? Ton appartement est sinistre.» Je hochai la tête avec conviction. Ce n’était pas sa place. Ni la mienne. On s’appartenait depuis le premier jour.
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(✰) message posté Sam 19 Nov 2016 - 11:34 par Invité
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Le sourire aux lèvres. Le goût pétillant de la liberté sous la langue. Les fumées blanchâtres s'élevaient dans l'obscurité de la nuit pour couvrir les étoiles de leurs voiles chaleureux. Parce qu'il fait froid là-haut. Il fait beau dans la nuit. Mes sens étaient engourdis, par les bruits, les odeurs. L'esprit fou, je naviguais entre les corps dansant de la jeunesse londonienne. Les musiques s'épandaient dans un capharnaüm cohérent dans la rue. L'une aux consonances latines, l'autre aux accords classiques tandis qu'une mélodie aux notes rock s'échappaient de la porte d'un bar. Ce quartier était un véritable melting-pot de culture et de genre. De religion et d'habitude. Shoreditch était aussi animé que les ruelles de Belfast un vendredi soir. Je souriais parce que je sentais l'effervescence monter au creux de mon ventre. La lumière avait fini par chasser l'ombre ténébreuse. Mais une part de moi la chercherait toujours. Parce qu'il faisait partie de moi. Mes semelles claquaient contre le bitume. Les couleurs des pastels s'étalaient sur les murs. Du bout des doigts je faisais le contour des arabesques pour sentir la matière sous ma peau lorsque je passais devant. Les dessins me rappelaient ceux qui étaient peints sur les murs de notre ancienne école primaire, ombragé par le clocher de l'église. Tout était plus simple à l'époque où le plus gros soucis que nous pouvions rencontrer était de perdre ses billes à la récréation. Ou de se faire voler son goûter. A cet âge, les problèmes n'ont pas la même dimension. Les nuances n'existent pas. Parce que la seule chose qui nous importe sont les mascarades enfantines.Les jeux d'enfants. Il n' y avait pas de responsabilités. Parce que nous n'étions pas encore assez grands. La mafia, la maladie, les sentiments, les rancoeurs, rien de tout cela n'existaient. Je regagnais mon appartement après un rendez-vous sur les quais. Une dernière transaction. Je venais de vendre le dernier stock d'arme que nous avions sur la capitale britannique, jusqu'à la prochaine livraison. D'ailleurs, sur le chemin, je tentais de contacter Abel, les américains étaient frivoles de nos calibres Ab, tu devais me contacter. J'ai plus rien soufflais-je en coinçant mon téléphone contre mon épaule et mon oreille. Je tournais la clé dans la serrure lorsqu'Abel m'informa qu'il n'y aurait pas de livraison. Qu'il n'y aurait plus de livraison. Tu te fous de moi ?! On avait un accord ! Si je t'ai laissé les 20% sur les ventes, c'est pas pour rien. T'as autant de parole qu'un ritale le sang me montait aux joues. Abel avait toujours été un homme de parole, mais je soupçonnais des révoltes internes. Peut-être que Bugsy essayait de nous concircuitait. Peut-être que l'Ira tentait de nous passer devant, à moins que se soient les italiens qui aient récupérés le marché. Scar, tu sais très bien qui je suis, m'assimiles pas avec ces ordures ! J'ai plus rien pour toi parce que l'ordre vient de plus haut. Si tu comprends pas, demandes à ton mec Les secondes passaient et je ne comprenais pas, mon mec. Il n'y avait pas d'homme dans ma vie, parce que je n'avais plus le temps pour ça. J'ouvris la bouche pour la refermer l'instant d'après. Theodore. C'était de Theo dont il parlait. De la mascarade. Je soupirais en raccrochant. Les semaines étaient passées et il n'avait donné aucun signe de vie. Pourtant, maintenant, il revenait avec ses gros sabots pour tout faire foirer. J'avais gardé le cap pendant toutes ces semaines. J'avais su faire tourner les rouages de la machine. Les hommes avaient eu les primes qu'ils méritaient parce que j'avais su prendre les risques nécessaires. Le magasin de Jack, la serre de Peper. Les armes s'étaient écoulées avec aisance et sans heurts.
C'est lourdement que je me laissais choir sur le canapé, le poids des responsabilités en moins. De sursaut, je bondissais en retirant la télécommande de sous mon fessier en la balançant plus loin. D'un regard furtif, je regardais mon téléphone. Rien. Il n'avait même pas daigné donner signe de vie, surtout aujourd'hui. Mais je savais qu'il était de retour. Je mordillais ma lèvre en lâchant mon mobile. Déçue par son comportement. Finalement, les aléas avaient finis par nous rattraper. Hanna. La police. Le clan. Alors que moi. Moi j'étais restée la même. Au même endroit. Avec les mêmes yeux et le même cœur. Peut-être que c'était ça le problème. Je n'avais pas su m'accrocher au wagon. Cependant, peu à peu, j'apprenais à m'en détacher, parce qu'aujourd'hui, mes tourments étaient différents. Ces derniers temps, mes membres semblaient faire de la résistance. Par moment, boucher un simple stylo était devenu mon pire cauchemar. Bien plus difficile que de faire parti d'une organisation criminelle. Parce que ça, je ne l'avais pas choisi. Les traces des tests, des piqûres coloraient le plie de mes coudes, le scintillement de mes veines. La porte cognait. Je baissais les manches de mon pull pour aller ouvrir parce que je savais qui ce tenait derrière la porte. Je reconnaissais son odeur derrière les boiseries. J'ouvris la porte sans un mot, mais avec mon regard. Mes prunelles se posaient dans les siennes, accusatrice et adoucis. Parce qu'il n'avait pas été là pour moi jusqu'à présent, mais il était là maintenant. La nuit était tombée sur Londres et dans une heure, l'étoile d'une journée allait s'éteindre. J'aurais aimé lui dire que je ne voulais pas le voir, mais c'était faux et il le savait. C'était une lutte au quotidien. Ses bras se refermaient autour de mon dos. Je soupirais, laissant mes bras ballant ne sachant que faire. Si je les refermais, je serais l'une parmi tant d'autre. Une de ces femmes qui a besoin de le sentir à ses côtés, mais si je les laissais ainsi, le manque ne serait qu'abstrait. Je ne répondis pas à son étreinte et il s'éloignait. Je reculais d'un pas lorsque je le vis poser ses genoux à terre. Surprise, j'arquais un sourcil en regardant autour de nous. Qu'est ce que tu fais ?! Relève-toi. soufflais-je en lui tendant une main. Une main agitée par de léger tremblement. Alors je la ramenais dans ma poche pour la cacher. Me cacher. Qu'importe la femme, devant ce geste, une seule idée lui serait venue en tête. Mais pas à moi. Ce que je voyais était une nouvelle preuve de soumission. Un nouveau jeu. Une nouvelle façon de s'appartenir, de se promettre dans les tourments. Parce que notre promesse s'était brisée sur les carreaux ensanglantés à Belfast. Elle s'était étalée jusqu'à s'épuiser. «Babi, rends-moi ma promesse et je t'emmènerais danser.» Le scintillement du bracelet m'aveuglait la rétine. Je le regardais sans oser le prendre entre mes doigts. Parce qu'il semblait si fin et si lourd. Les menottes. Je souriais devant la métaphore. «Ce n'est pas la vie que tu as choisie. Ce n'est pas la maladie. Tu t'essaies à la liberté, mais à quoi bon ? Ton appartement est sinistre.» Je regardais Theodore se redresser, puis accompagnais son regard pour longer les courbes de l'appartement.. Il est sinistre aujourd'hui. Mais dans une heure, tu verras comme il sera lumineux. Tout est une question de timing. soufflais-je en haussant une épaule. Après tout, il venait de jouer avec le temps pour faire son entrée. Il était le dernier souffle d'une journée exceptionnellement banale. L'or du bracelet scintillait encore sous l'éclat de la petite lampe. t'es à Londres depuis combien de jours ? dis-je en poussant enfin la porte depuis combien de jours tu m'as laissé dans l'ignorance de ton retour ? Depuis combien de temps es-tu là, à te tapir dans l'ombre sans te demander si je vais bien ? . Je retournais sur mes pas pour me dresser devant lui. J'attrapais le bracelet entre mes doigts, les cheveux dans les yeux. Mon cœur respirait fort. Je me pinçais les lèvres avant de tendre le poignet Tu peux l'attacher s'il te plait ? soufflais-je en redressant le visage, mais lorsqu'il allait pour refermer le fermoir, les menottes, je posais mes doigts sur les siens. T'as raison tu sais, j'ai pas choisis cette vie. Et toi. T'as choisis de ne pas être capable de l'aimer. C'est ce que tu m'as dit. Demain, je serais toujours malade. T'as réfléchis avant de débarquer ici avec ta belle promesse ?
(✰) message posté Sam 26 Nov 2016 - 17:48 par Theodore A. Rottenford
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Mon regard restait figé sur l’expression blafarde de Babi. Elle ne se cachait plus. Les signes de la maladie s'exprimaient dans ses gestes, dans le timbre de sa voix. Partout autour de la pièce. L'odeur oppressante du corps qui ne filtrait plus, du cœur qui battait à contre sens pour rendre hommage aux promesses de Belfast. Je la voyais dans toute sa splendeur. Je me perdais dans les courbes de ses longs cils noirs, avide de toucher l’azur, d’effleurer l’esquisse de ses peintures ivres sur les murs. Je lui avais dit de rester. Puis je lui avais rendu sa liberté. L’oiseau de feu mourrait derrières les barrières dorées d’un appartement trop spacieux, au bout de la ville – loin de ma résidence luxueuse et de mon emprunte maléfique. Je me redressai en enlaçant son cou. Ses cheveux ondulaient comme des liasses sauvages autour de mon visage. La collision était insupportable. Mais je souris avec douceur lorsque mes doigts tombaient sur sa peau grumeleuse. Sa peau mutilée de la joue jusqu’à la pensée. Ses blessures avaient une signification. Pour moi. Pour son beau-père. Pour tous les Hommes à terre. Je respirais les voiles de son chemisier. J’imaginais les plis de sa chair flétrie par les syndromes nerveux de Huntington. Les troubles se répétaient mais le mal restait immuable. Elle m’avait adressé un aveu de désespoir, dissimulé derrière l'éclat ambré de ses jolies prunelles d'enfant. Ces prunelles que je dessinais dans le noir pour m'assurer qu'elles me regardaient toujours. Qu'elles étaient encore vivantes. Je l’aimais dans la démesure du crépuscule, dans le déchirement du jour et de la nuit. Et me voilà encore. Suppliant presque. Affligé par l’absence de son vacarme. Le désordre m’avait manqué. Les sifflements stridents de sa langue insolente et les claquements de ses grosses semelles en caoutchouc. Je me souvenais de sa robe de soirée. De la frange qui s’inclinait à la naissance de sa poitrine pour me purifier de désir. Mais on s’était refusé cette étreinte. On avait choisi le clan, la haine et la rébellion. Je n’avais pas entendu les coups de feu. Mais on m’avait raconté. La charge s’était vidée dans le sang. Elle s’était attaquée aux O’Connor pour prouver sa place. Une place que je lui avais repris pour la protéger de la folie. Regarde les lampadaires dehors. Ils brillent pour nous. Parce qu’on se retrouve. Je la quittais pour prendre appui sur le sol. Mon genou s’arquait douloureusement, me rappelant la blessure lancinante sur ma cuisse. Je boitais souvent. Comme un rappel. Comme une indication de mon rang. Je tendis les bras pour découvrir l’écrin en argent. Babi semblait surprise – elle ne parvenait plus à sonder mes réactions, à s’aligner dans nos anciens repères. Peut-être que la médication l’avait rendue amnésique. Ou peut-être qu’elle choisissait le déni pour mieux rejeter l’évidence. On s’appartenait dans un cycle vicieux – On s’était donné rendez-vous sur les landes verdoyantes qui conduisaient vers les caveaux des héros. Jamie nous attendait là-bas, aveuglé par les parois rigides d’un cercueil en bois. «Qu'est ce que tu fais ?! Relève-toi.» J'arquai un sourcil. Elle faisait semblant elle aussi. Je la fixais avec attention. Mes pensées s'écrasaient sous l'écume de la lampe, traversés par les rayons filamenteux d’une lune opaque. Je n'étais pas sûr de l’accepter. Je la voyais alitée, piégée entre les caresses des draps et les perfusions de liquides. Le moniteur lançait le compte à rebours. Les bips nous éloignaient. C’était la fin du respect. Et je ne pouvais pas la protéger si elle choisissait de me quitter. Mon émoi s’effondrait entre deux gorgées de Whisky. La saveur âpre avait roulé dans ma gorge jusqu’à me perforer le cœur. Je me redressai avec nonchalance. «Il est sinistre aujourd'hui. Mais dans une heure, tu verras comme il sera lumineux. Tout est une question de timing.» Je fronçais le menton. Je l’avais honoré de ma présence, malgré les giboulées automnales, malgré le froid et mes obligations. Le timing, c’était maintenant. Je décidais de nos rencontres. Je me délectais de son détachement, de son caractère déroutant. Babi était proche de l’hérésie. Elle vacillait dangereusement sur les limites. Je la rattrapais pour mieux la pousser dans l’abysse. Puis je sautais à pieds joint dans le silence. Je sautais pour la rejoindre – à tout moment. «T’es à Londres depuis combien de jours ?» Je pinçai les lèvres en prenant appui sur un meuble. Ma démarche vacillait, portée par les spasmes de mes muscles endoloris. Je m’étais réfugié dans le manoir familial durant ma convalescence. Il ne s’agissait pas d’un abandon, simplement d’un choix stratégique. Je ne pouvais pas reprendre le pouvoir sans marcher. Mais encore une fois, tout était reproches. Tout était fêlures. Elle ne m’écoutait pas. Je frôlais sa tempe avec délicatesse. «Je ne suis pas là pour parler de nos illustres illusions de couple. Ni pour justifier mon comportement. Je suis venu parce que je tiens enfin debout. » Je me penchai vers sa bouche. Lorsque je la voyais, je retrouvais ma monstruosité et l’éclat de mon enfance avortée. J’existais entre les courbes de ses lèvres. Dans les teintes rosées qui entouraient ses commissures. Et ça me faisait bien. Parce qu’elle me faisait croire, de manière hypocrite et insensée, que je ne pouvais pas mourir à ses yeux. Que malgré mes lacunes et les changements de personnalités, mes douleurs se calquaient sur les siennes. Nous étions unis sur les pavés rutilants de la ville oubliée. Nous devenions stupides. Non. J’étais stupide. A cet instant, je dévoilais un sentiment. Une éternité après. Trop tard, évidemment. «Tu peux l'attacher s'il te plait ?» Je hochais la tête avec entendement. Mes doigts s’articulaient autour du fermoir comme des griffes saillantes. Il ne fallait pas que je la contraigne à me suivre. Je ne voulais pas la ramener dans mon appartement, dans une ambiance dénudée de spontanéité. Mais Babi avait un trône dans mon univers – aussi abstrait et intelligible soit-il. Sa main se posa sur la mienne. Je marmonnai en la regardant. L’éclat de ses iris était une malédiction. Et je ne parvenais pas à conjurer le sort. «T'as raison tu sais, j'ai pas choisis cette vie. Et toi. T'as choisis de ne pas être capable de l'aimer. C'est ce que tu m'as dit. Demain, je serais toujours malade. T'as réfléchis avant de débarquer ici avec ta belle promesse ?» Je soupirais sur sa clavicule. Son assurance était charmante. Terrifiante. Je ricanais en m’approchant. Nos poitrines étaient soudées dans la clarté du salon. C’était idiot. Toutes ces conneries. «Non. J’ai juste suivi le chemin jusqu’à l’avenue des fêlés.» Ironisai-je en la retenant contre le bord d’un meuble. Je me faufilais entre les piles de cartons pour l’emprisonner dans ma prise. «C’est toi qui ne mesure pas tes mots, Babi. Je ne joue pas. Je ne te demande pas de revenir. Je veux simplement avoir ta permission pour casser la gueule à tous les cons qui t’approchent. J’ai aussi une réservation dans un restaurant italien.» Je fixais son regard. Elle était intrépide. Impossible à combler. Je m’éloignais avec légèreté. «Alors tu viens ? Ou je commande chinois et on mange sur le sol. Ne m’obliges pas à sacrifier mes bonnes manières simplement pour me repentir.» Je haussais calmement les épaules. Mais je pouvais le faire. Ce soir, c’était son anniversaire. Et elle était spéciale, l’espace d’une soirée.
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(✰) message posté Jeu 15 Déc 2016 - 14:54 par Invité
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ La noirceur du crépuscule était tombée. Ce soir elle ne laissait filtrer aucune lumière. Les étoiles s'étaient cachées dans mes prunelles. Parce qu'il était apparu, déployant ses ailes d'acier. Son ombre longeait le monde pour s'abattre sur les petits gens, ne leur laissant le choix que d'être sous son l'emprise de son charisme indéniable, de se plier sous l'intensité de ses prunelles. Pourtant, c'est à ma porte qu'il venait frapper, dans l'espoir de se repentir de ses actes et omissions, mais son aura n'avait pas la même saveur. Elle m'apparaissait différente. Parce que mélangeait à une multitude d'émotions. L'admiration, la déception, la haine, l'amour. Il y avait tant de façon de ressentir cet homme qui se dressait dans l'encadrement aux dorures défraichies. Il était si près et pourtant déjà si loin. Son retour n'était que temporaire, parce qu'au fond, je savais que nos destins allaient finir par se fracasser contre le trottoir, c'était une évidence, nous n'étions pas fait pour profiter des rayons pacifiques de la lune. Il sentait la boue, la pluie et l'herbe fraîche. Il était l'essence même de mon Irlande enfantine. Celui qui m'avait appris à ouvrir les yeux face au soleil sans avoir peur de me brûler les rétines. Son ombre n'avait pas écrasée la mienne. Elle m'avait enlacé de ses bras pour me protéger et même si je ne voulais pas me l'admettre, j'en avais conscience. . Sa main était venue prendre la mienne, m'aidant à gravier l'escalier écharpé de la vie. Mais il allait la lâcher, le sommet n'était plus très loin maintenant. Un léger sourire se figea à la commissure de mes lèvres, surprise. Mes yeux s'étalaient sur son corps, ses blessures semblaient avoir disparues. Ses genoux s'écrasaient au sol. D'instinct, je faisais un pas en arrière. Parce que je ne le reconnaissais pas. Parce qu'il n'était pas de ceux à plier sous la volonté des autres. L'écrin brillait sous la lampe. Je regardais le bracelet avec attention me retenant d'exprimer mes émotions. Je peux pas avec toi. C'est interdit alors je m'évertuais à le faire fuir avec mon irascibilité. Sa stature se redressait et la pliure de son muscle me sauta aux yeux. Il n'était pas remis. Pas complètement. Mais il était là. «Je ne suis pas là pour parler de nos illustres illusions de couple. Ni pour justifier mon comportement. Je suis venu parce que je tiens enfin debout. » Dans un sursaut de conscience je tournais le visage pour ne pas sentir la froideur de ses doigts. Ne pas sentir la chaleur de son contact. « Ne te m'éprend pas. Il n' y a jamais eu d'illusion. Je n'y ai jamais songé » soufflais-je en haussant une épaule l'air détaché. Est-ce qu'il m'était arrivé d'y songer accroché à son bras. Bien sûr que oui. Bien sûr que non. Il n'y avait pas d'issu pour nous. Nous étions condamnés à vivre dans le noir. Sans la flamme des sentiments. Il n'en avait pas. « Qui suis-je pour demander des justifications. En tout cas, je suis heureuse de voir que le silence répare les morts » N'est-ce pas ce qu'il avait fait, le mort ? L'égoïsme avait pris le pas sur l'attachement tandis que je m'étais évertué à songer à son clan. A maintenir l'ordre dans le chaos. Pourtant, faiblement, je tendais le poignet. Je ne savais pas vivre sans lui appartenir. C'était un besoin naturel. Une routine chronométrée. Cependant, j'avais appris à vivre sans lui. A combler la noirceur qu'il avait laissé par une autre. Fatalement, il n'y avait pas de place pour la lumière. La rudesse de ses phalanges s'étalait autour de mes os. Il prenait conscience du temps limité qu'il me restait, mais il fermait le fermoir. Scellant nos destins. «Non. J'ai juste suivi le chemin jusqu'à l'avenue des fêlés.» Cette fois-ci, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un rire hautin. « J'ai pourtant demandé à Google Map l'anonymat. Fais chier, est-ce que ça veut dire que je vais avoir droit à un défilé d'emmerdeur à ma porte ? soufflais-je en posant mes mains sur ses épaules pour l'empêcher d'approcher de si prêt. « et dis moi ce que je suis censé faire pour y échapper, si c'est toi le représentant de l'ordre. Si j'appelle le 911 c'est toi qui réponds » La courbure du meuble m'empalait. D'où tenait-il sa fâcheuse tendance à toujours vouloir me coincer. Il ne me laissait jamais d'issus à moins de lui faire mal. Le nacre de mes iris se levait dans les siennes. Je posais mes mains sur les bords du meuble pour me retenir. M'empêcher de fuir. Je n'ai pas peur de toi Theodore. Je te connais. Mieux que personne. Le sais-tu ? «C'est toi qui ne mesure pas tes mots, Babi. Je ne joue pas. Je ne te demande pas de revenir. Je veux simplement avoir ta permission pour casser la gueule à tous les cons qui t'approchent. J'ai aussi une réservation dans un restaurant italien.» Je me pinçais la joue en baissant le visage. Le calme s'imposait sous la lueur des réverbères. Les ombres chinoises contaient une histoire sur les murs. La notre. Celle de deux âmes en perdition dans les flammes de l'enfer. Le feu crépitait pour nous. Crachant ses émotions contre la vitre. Son torse s'étalait sur le mien. Son haleine était devenue la mienne. « Alors, dans ce cas. On a déjà un problème. T'es bien trop proche. J'ai le droit à une délégation de pouvoir ? ironisais-je en faisant glisser mon genou contre sa cuisse. J'avais appuyé une fois et il était tombé. Mais je ne voulais pas qu'il s'écrase au sol à nouveau. Cette image me hantait encore. L'espace de quelques secondes, je vivais à travers lui. Ce soir là, j'aurais aimé glisser mes doigts sur sa chemise pour en défaire les boutons un par un, mais l'appel du sang avait été plus fort. Il m'avait comblé plus que quiconque aurait pu le faire. Mes envies n'étaient que sanguinolentes. Les siennes aussi. J'avais été fasciné par l'odeur du sien, par ses nuances pourpres avant de me rendre compte de l'ampleur de la situation. Il s'éloignait. Et je pouvais enfin respirer. Loin de son parfum ténébreux. «Alors tu viens ? Ou je commande chinois et on mange sur le sol. Ne m'obliges pas à sacrifier mes bonnes manières simplement pour me repentir. » mon regard se posait sur le tapis. J'imaginais sa silhouette courbée en indienne. Amusée, je tournais la tête vers lui en levant les yeux au ciel « Ne me le répète pas deux fois, mais je crois que je t'ai assez vu courber l'échine contre le sol ces derniers temps. Il serait plus sage d'être autour d'une table pour préserver le respect qu'il me reste à ton égard » articulais-je en lui faisant un clin d'oeil. « Puis je dois reconnaître que même s'ils sont cons, les italiens savent faire à manger. Autant en profiter » je me décollais du meuble. Enfin. J'attrapais une veste pour la mettre par dessus mon débardeur gris, détachant ma chevelure ébène jusque là contrait d'ondoyer sous l'assaut d'un élastique. « J'y crois pas ! T'étais prêt à t'asseoir par terre pour te faire pardonner. Est-ce que j'aurais pu avoir plus ? » demandais-je en fermant la porte à clé derrière nos silhouettes. Tout à coup, je refermais les pans de ma veste en sentant l'humidité nocturne. Les flocons tombaient sur le goudron. Alors, je me cachais sous son bras. Parce que je n'aimais pas ce froid. Parce que je le ressentais deux fois plus maintenant. Une fumée blanche sortait d'entre mes lèvres gercées par l'hiver. « Tu m'en veux pour ce qu'il s'est passé ? » sa réponse n'avait pas d'importance. Ce qui était fait n'était plus à faire. Pour autant, je me demandais si ma prise de décision avait aggravé la décision, parce qu'il n'y avait plus d'échos irlandais sur Londres. Les transactions se faisaient rare et le sang roulé encore sur mes paumes. « T'as pas été discret. J'ai tout de suite remarqué que tes petits chiens me suivaient, mais t'as bien fait. C'était la folie ici » Merci d'avoir pris soin de moi, même à distance. Nos talons s'effritaient contre le bitume. Les guirlandes du restaurant éclairés nos visages et sous la lumières, j’eus besoin de mettre la distance entre nos corps. Parce qu'il allait voir que je n'étais plus la même. Remy m'avait proposé de suivre un essai clinique. Mais je ne voulais pas perdre mon temps. Je voulais profiter et gambader sous la brise marine. Sentir l'herbe émeraude chatouiller mes pieds « Je crois que j'aimerais rentrer en Irlande » soufflais-je avant de pousser la porte, mais ce n'était plus sûre dans les landes lointaines. Les O'connor avaient mis le feu à mon bar, en guise d'avertissement, de rébellion.
(✰) message posté Dim 8 Jan 2017 - 19:20 par Theodore A. Rottenford
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Je tendis le bras. Ma silhouette ondulait avec disgrâce dans le couloir. J’étais rongé par le souvenir flétri de nos baisers. Sa maladie s’enfonçait dans ma chair comme une lame usée. Mon souffle s’imprégnait de l’odeur ronce de la mer. Puis je mélangeais les saveurs, je retrouvais l’onguent doucereux de l’herbe fraîche, l’éclat rocailleux des montagnes irlandaises. Quelque chose s’était brisée dans les nuages. Le vent avait changé de direction afin de nous rappeler la promesse insondable du cœur. Je la regardais en silence. Depuis des années, j’avais murmuré mes doléances au couteau. Le sang sublimait l’horizon, puis il nous enterrait dans la folie. Je n’entendais plus rien. Je me cambrais en poussant un gémissement. Ma jambe était engourdie. Je ne parvenais plus à bouger. Les gens pensaient que Huntington était un trouble nerveux, qu'il s'agissait de tremblements anodins ou de pertes de conscience. Mais le mal se déchirait comme une étoile sur mes paupières. Le poison nous avait tous infectés. Car mes rêves étaient devenus pourpre. Mes muscles se déliaient lorsque je touchais sa gorge. Je me demandais si l’air se consumait dans sa bouche. Si nous pouvions trouver un équilibre entre les éléments. Les averses laissaient échapper un cliquetis stridents sur la vitre. Les passants se hâtaient sous les toitures des bâtiments. L’asphalte tremblait sur les chaussées grises de Londres. Et je demeurais abîmé dans la pensée du tueur. Trouves-moi une raison d’arrêter. L’obsession du pouvoir avait levé les voiles sur nos cicatrices. Mes doigts s’amenuisaient dans sa chevelure ténébreuse. Ses yeux ceindraient la lumière afin de se déployer dans une stature vaniteuse et magnifique. Maintenant, maintenant. Je crispai la mâchoire en essayant de saisir son reflet entre les plis du rideau. Je voulais caresser sa joue encore une fois. Mes ongles tiraient sur son échine. Je vacillais contre le mur en l’entraînant dans mes sillons. Je voulais tomber sur Babi et inspirer la poussière des cartons. Ma chute semblait moins effrayante. L’étreinte était naturelle, presque autant que la douleur et le manque. Je secouai les épaules en la retenant sur ma poitrine. Son regard acéré disparaissait dans la pénombre avant de réapparaître dans le salon. Je tressaillis en suivant les fluctuations de sa voix. Elle n'était pas réelle. Son expression n'était qu'un mirage. Je ne connaissais que la petite fille. Je n’aimais qu’elle, avec ses jupons sales et boueux. Je grimaçai en m’éloignant. La lutte m’avait lassé. Je m'avançais vers la porte en grommelant. Je tirais sur la poignée mais la peur était fulgurante. Je ne pouvais pas quitter le passé. Car Babi m’appartenait dans une spirale enchantée. Elle s’était présentée sous mes yeux, pour la dernière fuois, afin de lire mon âme. Je voyais l’ange déguisé en diable. J’effleurais la main de seigneur en répétant nos paroles. Sans m’envoler vers le paradis. Sans embrasser la miséricorde. Elle était mon église et le chant des carillons. «Ne te méprend pas. Il n’y a jamais eu d’illusion. Je n’y ai jamais songé.» Je souris en me penchant vers son oreille. Elle refusait dignement mes justifications. Et je la rejoignais dans ses jeux enfantins. Je marchais sur le bord de l’abîme sans glisser dans le pique. «[color:7614==#365740]Tu y songes ici – lorsque je ferme le bracelet autour de ton poignet malade. Tu y songes depuis que tu as dix-huit ans. Mais Jamie est mort. Et tout a changé.» M’enquis-je en hochant la tête. Je n’étais pas dans le déni des sentiments. Je n’en voulais pas et cela faisait toute la différence. Je retirais mon manteau dans un geste las. Les plis de ma chemise se froissaient contre les courbes de mes hanches raides. J’imaginais les chœurs de Belfast. Puis le néant. Elle avait ruiné la soirée en me poussant à bout. Les coups de feu pétaradaient dans le manoir à l’heure du couronnement. Le fantôme de Jamie m’avait effleuré avant de partir. Je n’étais pas prêt à mourir – et elle avait promis de se ranger à mes côtés. Je levais sa main afin de la déposer sur mon pansement. La colère oblitérait mes jugements. «Tu m’as fait mal, Babin. Tu payeras pour chaque goutte de sang. Mais si je te blesse, j’ai encore mal. C’est stupide. » On ne s’arrêtait jamais. Elle me retirait tout mon désir. Je ployais en joignant les coudes sur le sol. «Je ne suis pas un emmerdeur.» Ses paumes se crispaient autour de mes épaules, m’intimant l’immobilité. Mais je voulais me rapprocher de la constellation. Mes lèvres brûlaient pour avaler les méandres célestes. Elle était si belle avec ses crocs acérés et sa démarche insistante. Je maintenais la pression afin de la coincer sur le meuble. C’était mon nom qu’elle devait murmurer pour être sauvée. Je l’avais créée dans l’essence vespérale du crépuscule – A chaque instant, elle aspirait mes pêchers. Nous avions grandi sous les ondoiements de la lune et la vase de la rivière. Je voulais lui rappeler le contact de l’acier et l’insouciance de nos promenades avant qu’elle ne vieillisse encore. Combien de balles s’étaient perdus sur nos corps enlacés ? Une centaine. Un millier. Je ressentais ses craintes à travers les fluctuations de sa poitrine courroucée. «Dois-je partir aussi ?» Déclarai-je avec mesquinerie. Son genou se pressait sur ma cuisse, mais je ne redoutais plus la menace. Elle ne supportait plus mes faiblesses. Car la fièvre engendrait la déclaration. Et la déclaration lui faisait comprendre à quel point je l’aimais. Je humais sa frange dans un mouvement de recul discret. Puis je me laissais entraîner à l’extérieur. Elle avait choisi de m’épargner le désordre de son appartement. Je me tournais vers son profil en fronçant les sourcils. «J’y crois pas ! T’étais prêt à t’assoir parterre pour te faire pardonner. Est-ce que j’aurais pu avoir plus ?» Je soupirais en l’attirant vers la voiture. Les flocons hivernaux roulaient sur mes joues racées. Je n’avais plus de regrets. Mais la rancune possédait un écho dans mon esprit. Je me cramponnais aux pans de sa veste en claquant mes talons sur le bitume. Je ne répétais plus mes erreurs. «Tu aurais pu tout avoir. Mais il est trop tard.» Je l’invitais à me suivre jusqu’aux quartiers italiens. Le restaurant des Bondasio sublimait l’allée endormie. Je serrais le poing sur ma ceinture. L’arme était chargée dans mon dos. «Tu m’en veux pour ce qui s’est passé ?» J’esquissai un léger rictus. «Oui.» Claquai-je avec mépris. Elle m’avait envoyé vers les stalles du cimetière. Ma chute m’avait imposé le visage de James O’Connor, et avec lui, venaient les ressentiments et la culpabilité. Je l’avais tué par négligence. Je déglutis en bifurquant à l’arrière des bâtiments. La pluie accompagnait notre danse funeste au milieu des faubourgs. «T’as pas été discret. J’ai tout de suite remarqué que tes petits chiens me suivaient. C’était la folie ici. » Je remuais le menton avec entendement. Ce n’était pas mon intention de me cacher. Ma protection signifiait quelque chose. Babi détenait un secret – elle avait cette facilité à me faire fléchir. Je la pris par le bras afin de longer le corridor. «Je crois que j’aimerais rentrer en Irlande.» Je m’immobilisais à l’entrée du restaurant. Mes pupilles s’assombrissaient en croisant son visage. Elle ne pouvait plus me quitter. Mes doigts se glaçaient sur les dorures du bracelet. Les jougs étaient scellés sur sa peau. Je grognais une injure celtique avant de la fusiller du regard. «Ta liberté est conditionnelle, Babi. Tu restes là où je reste. Qu’est-ce que tu cherches ? Il n’y a plus rien là-bas. Ta mère est folle. La mienne est venimeuse. » C’était sans appel. Je la guidais entre les tables – puis je nous installais près de la baie vitrée. Le serveur nous présenta les menus. Je le regardais avec amusement. Il avait reconnu l’accent rustique des landes. Le teint blafard des Hommes de l’hiver. Je commandais une bouteille de Whisky et des glaçons. Il me suffisait d’une gorgée pour retrouver la sérénité de mes humeurs. Il y en avait beaucoup. Les pensées se mélangeaient sous mon crâne afin de former un magma grumeleux de préjugés. J’enfonçais mes mains dans le verre avant de rire. «Les spaghettis se sont alliés avec les O’Connor. Ils ont brûlé le bar en gage de loyauté.» Susurrai-je en repliant les jambes sous ma chaise. «Joyeux anniversaire.» Je coiffais ma barbe en la juchant du regard. J’anticipais ses réactions malsaines. La frénésie de la chasse m’avait manqué. Nos longues escapades dans les caves de Belfast retentissaient comme un sonnet majestueux dans ma mémoire.
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(✰) message posté Dim 5 Fév 2017 - 16:11 par Invité
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Son ombre illuminait toute la pièce. L'odeur de son charisme s'imprégnait dans chaque fibre comme pour me rappeler que je ne serais jamais seule. A quoi bon chercher la liberté ? Je n'en avais pas. Il était là, tout le temps, que je le veuille ou non. Les prunelles fixes, je sentais son coeur battre contre ma poitrine. Faiblement. Parce que l'acier empêchait les vibrations. Les sentiments. «Tu m'as fait mal, Babin. Tu payeras pour chaque goutte de sang. Mais si je te blesse, j'ai encore mal. C'est stupide. » J'ouvris la bouche, mais aucun son ne sortait. Je pinçais les lèvres en baissant les yeux, crispant mes mains contre ses épaules. Mes doigts s'enfonçaient dans sa chaire, parce qu'à cet instant, j'avais besoin de le sentir contre moi. Encore plus. Alors, j'écrasais son torse contre ma poitrine, serrant son pull entre mes doigts. Le menton contre son épaule, je tournais le visage vers son oreille, les paupières fermées. « Tu te ramollis Teddy. Fais-moi mal, sans me blesser. Tu sais comment faire soufflais-je en attrapant son menton entre mes doigts. J'inspirais son parfum, laissant le poison courir dans mes veines. Aimer est une torture. Aimer Theodore est encore plus obscure que les abysses. «Je ne suis pas un emmerdeur. Dois-je partir aussi» Un léger sourire se déposa contre la commissure de mes lèvres. Un instant, mon nez frôla le sien, instaurant une proximité entêtante. Je sortais mon téléphone en composant le 911. « Il y a un homme chez-moi ! Il est entré par effraction. J'ai peur. Il essaye de me tuer. Je suis enfermée dans la salle de bain, mais je tiendrais pas longtemps. Vite ! Je vous en pris. Il a une arme, il va me tuer.... ma voix était douloureuse, empreinte de peur et d'inquiétude. La comédie était une arme pour une femme dans un milieu d'homme. Savoir jouer des émotions, c'est tout un art. Je regardais Theodore avec un petit sourire, posant la main contre le micro. Je te laisse 3 minutes pour choisir. Tu veux partir ? je riais, un air de défi dans les yeux. Mais bien rapidement, nous tournions les talons. Nous n'avions pas le temps pour les conventions, pour les forces de l'ordre. Une fois dans la voiture, je tournais le chauffage, envahie par le froid hivernal. Par le froid qu'il avait laissé s'insérer après la chaleur incandescente de son corps. « Tu aurais pu tout avoir. Mais il est trop tard.» ses mots se répercutaient avec un écho incertain dans mon âme. j'ai la vague impression que tu ne parles pas que de tes excuses. Je me trompe ? il n'y avait aucun sentiment dans ma voix. Aucun regret. Je n'en avais pas, parce qu'encore aurait-il fallu que je sache les options qui m'étaient proposées en temps voulu. Je n'attendais pas de réponse, parce que je ne voulais pas l'entendre. Je la connaissais déjà. Le temps avait enlisé chacun de ses sentiments. Si en arrivant à Londres, l'idée de retrouver celui que j'avais toujours connu, aimé, aujourd'hui, je n'y croyais plus. Il n'était plus l'adolescent aux boucles rebondis. Donc le soleil s'amuser avec ses reflets cuivrés. «Ta liberté est conditionnelle, Babi. Tu restes là où je reste. Qu'est-ce que tu cherches ? Il n'y a plus rien là-bas. Ta mère est folle. La mienne est venimeuse. » Il me faisait mal. Les dorures s'enfonçaient dans ma peau, laissant la marque de la dévotion. Je me crispais en m'agitant. Ses injures celtiques ne me faisaient rien, mais son regard n'était pas pare balle « Qu'est ce qu'il y a pour moi ici Theo ? Je suis là pour toi. Je suis ta prisonnière, mais je suis qu'une spectatrice. Tu me gardes sous ton coude parce que tu as peur d'être seul. Je serais toujours là pour toi, de ton côté, où que je sois » soufflais en laissant mon dos cogner le mur. Mon visage se redressait vers les cieux, la neige fondait contre ma peau brulante. Puis j'inspirais profondément. Tu me l'as dis. Je peux plus rien avoir. mes prunelles s'enfonçaient dans les siennes, puis je haussais les épaules pour balayer la discussion. Viens, j'ai faim ma main se crispa contre son bras, l'entrainant dans le petit restaurant italien. «Les spaghettis se sont alliés avec les O'Connor. Ils ont brûlé le bar en gage de loyauté. Joyeux anniversaire.» La surprise me pris de cour. Mes traits se métamorphosaient. Les O'Connor n'avait plus d'honneur, s'allier avec les Italiens était gage de faiblesse. J'interpellais le serveur et lorsque ce dernier se dressait près de moi, d'un geste vif, j'enfonçais la fourchette dans sa cuisse, profitant de son mouvement pour écraser son visage contre la table. «Je crois qu'on ne s'est pas présenté. Chuuuut, arrêtes de crier comme une fille. Tu vas finir par me distraire et mon doigt risque de lâcher » soufflais-je contre son oreille, lui laissant la liberté de deviner le révolver pointait contre sa tête. « Peut-être que tu n'as rien à voir avec l'incendie de mon bar, mais j'ai besoin que tu fasses passer un message à tes patrons pour moi. Ca risque de pas être agréable, mais je vais tâcher d'être douche et rapide. Je voudrais te laisser un souvenir impérissable. C'est important les premières fois» murmurais-je avec une sensualité venimeuse contre sa joue. D'un coup sec, j'arrachais mon médaillon aux couleurs de l'Irlande, laissant le trèfle vaciller entre les flammes de la bougie. «Un endroit de prédilection Theo ? » D'un mouvement de tête, je fis voler ma chevelure brune pour le regarder. Je voulais que les italiens comprennent ce qui allait se passer dans les minutes suivantes, je voulais qu'ils sachent à qui, ils avaient affaire.
(✰) message posté Lun 6 Fév 2017 - 9:52 par Theodore A. Rottenford
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ La vanité – une conscience surfaite. Je me pavanais dans les couloirs de l’appartement. Ma mère disait que les morts disparaissaient au fur et à mesure de la vie. Ils s’estompaient lentement, avec la tristesse et le deuil. Comme une brûlure sur le cœur, les fantômes se déchiraient dans la lumière du jour. Puis la nuit reprenait ses droits. Il ne restait plus que le silence morne. Les étendues obscures d’un souvenir effacé. Les chants de la cornemuse vibraient sur les stalles de l’église. L’herbe verte et les collines rocheuses. Belfast continuait son expansion telle une vague tourmentée sur la rive. La guerre des gangs avait brisé la famille. Nous étions tous frères d’armes, luttant à sang et à travers, pour le trône de fer. Mon esprit se perdait dans les turlupines du salon. Je fixais les parois luisantes et les décorations absentes. Babi n’avait pas de goût. Ou peut-être était-ce son intelligence magnanime que j’aimais le plus. Le néant, entourant chaque aspect de sa personnalité. Je souris en effleurant le mur. Son odeur se désenchantait dans mes narines. Elle embaumait l’esprit logée dans mon pantalon. J’étais irlandais, je possédais toutes les facettes malades de l’humanité. Pervers et immoral. Sanguinaire et amoureux. Les émotions coulaient dans mes veines comme un fléau. Je m’appuyais sur le rebord. Le contact glacé de la fenêtre portait jusqu’aux ruelles du quartier. Je revoyais les silhouettes juvéniles de Jamie, Bugsy et Cole. Nos rires insouciants détonaient comme des feux follets dans l’horizon. On raconte que dans cette ville, il n’y a pas de haine. C’est magnifique ! Un jour, quand j’en aurais la force, je monterais au sommet de la montagne pour applaudir. Je serais le chef du clan, pas vrai Teddy ? La voix de l’enfant résonnait dans ma tête. Je pense – Il y a pas de haine. Mais il n’y a pas d’amour. Il s’agitait entre les nuages en esquissant un mouvement brutal. James O’Connor avait raison. La joie sans désespoir n’existait nulle part. Alors on se détestait pour entretenir la flamme. Babi me tenait toujours dans ses bras. Je le remarquais trop tard. Il y avait trop de gentillesse dans ses gestes. Ses doigts étaient si délicats, correspondant au murmure de la houle. Je ne bougeais pas. Mes réactions étaient toujours les mêmes. Cette incapacité à supporter, à respirer. Je pinçai les lèvres en posant ma joue sur ses cheveux. Son parfum était libérateur. Il s'infiltrait dans mes poumons comme l'onguent magique, celui qui, effleuré par la main divine, s'épandait sur les âmes pour leur insuffler le courage, le pouvoir absolu. Mon cœur s’était endormi. Ma poitrine était paralysée par le froid. Je n'avais plus mal. Ma souffrance était habituelle. Je l'absorbais dans mes sinus, je l'avalais dans ma gorge et je la faisais disparaître dans les tréfonds organiques de mon corps. «Tu te ramollis Teddy. Fais-moi mal, sans me blesser. Tu sais comment faire.» Je serrais ma prise sur sa nuque. Mes doigts l’enfermaient dans une confession nocturne. Je déposais mes lèvres sur sa tempe – mes baisers attaquaient son expression brillante. Mon amour pouvait la tuer avant Huntington. Et après son départ, je serais libre de tomber. De m’embraser dans les cendres qu’elle me laissait. «Tu crois que je ne t’imagines pas haletante dans mes bras ? Regarde-toi, Babi. L’horreur est un choc. Tu es si belle mais je te vois hideuse à chaque fois que je te touche. C’est mon reflet que j’embrasse dans ta bouche. Tu es insoutenable. Ta présence étouffe toutes les autres émotions. J’ai besoin de toi sans te faire mal.» Je l’observais en silence – je l’avais demandé en mariage un millier de fois. Dans les sermons du prêtre. Sur les rangs glacés de la paroisse. Elle n’avait que seize ans. Et je l’avais imaginé dans une dentelle écrémée. «Ce n’est pas ta faute. Tu n’y es pour rien dans ce que je ressens. » Je n’étais jamais venu ici, mais j’avais l’impression de reconnaître les lieux. Mes pas résonnaient dans l’espace alors que je marchais dans le vestibule. Je l’entendais au loin – composant le numéro des secours. Je m’arrêtai un instant, amusé par ses délires enfantins. «Il n’y a aucune trace d’effraction. Aucun signe de protestation. Tu devrais revoir ta déposition.» Me moquai-je en l’attirant dans mes bras. Je ne pars pas, sans toi. Mon souffle caressait suavement son visage. Nous étions déjà dehors. La chaussée glissait sous nos démarches saccadées. Je ne voulais pas parler – mais le manque se recomposait dans ma poitrine. J’acceptais toutes ses concessions. «J’'ai la vague impression que tu ne parles pas que de tes excuses. Je me trompe ? » Un sourire invisible se traça sur mon visage. J’agrippai son poignet avec violence. Je ne montrais aucune résistance, face à ses questions. «Bien sûr. Souviens-toi, Costigan. Je suis là. Je suis le premier.» A t’avoir aimé. Le premier à rester à ton chevet. Et s’il est impossible, pour moi, de t’avoir dans cette vie – alors, j’essayerai plus fort dans la prochaine. Les quartiers italiens se déployaient sous mes yeux. J’anticipais ses représailles – la colère sanglante qui brillait au fond de ses prunelles magnifiques. «Il est trop tard, c’est une phrase pour les mortels. Tu ne penses pas ?» Déclarai-je sournoisement. Je l’attrapai par les hanches, prêt à capturer ses lèvres dans mon souffle. Mais cette fois je décrétais qu’il valait mieux tuer pour ressentir l’extase. Je l’invitais à l’intérieur du restaurant. Babi s’attablait avec élégance. Babi se jeta sur sa proie sans merci. Je m’extasiais sur ses mouvements, la précision de ses coups et la douceur du temps. « Un endroit de prédilection Theo ? » Je souris en me redressant tout à coup. Je levai les bras, la sommant d’étouffer ses instincts meurtriers. «Attends.» Je poussai la chaise afin d’éclaircir le passage. Mon révolver se pressait contre ma hanche alors que je me penchais vers son menton. «Juste au cas où. On pourrait crever chez les ritals.» Je l’embrassais afin de lui insuffler mon allégresse. Les chaînes de son bracelet dansaient autour mes doigts alors que j’accentuais ma prise sur son visage. Lentement je murmurais : «Pète lui le genou. Je veux qu’il marche lentement, comme un chien blessé, jusqu’au patron.» Je me levai dans un sursaut, les armes déployées vers la porte, comme pour créer une zone de protection. Les serveurs lâchaient déjà leurs plateaux. Les fusils pointaient dans notre direction dans un éclat somptueux. Il était là, le délire euphorique.
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(✰) message posté Mar 7 Fév 2017 - 17:55 par Invité
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Les prouesses de l'enfance s'étaient estompées, laissant place aux erreurs du présent. Je fis glisser avec douceur mon index contre la charpente de la poutre. Cet appartement n'était qu'une coquille. Comme mon âme. Rien de personnel, tout n'était qu'illusion. Je n'avais ni le temps, ni l'envie de laisser les autres entrer dans mon monde, pas même Theodore. Il avait su fissurer la parois, mais pas assez pour la briser. Parce que nous ne le voulions pas. Le temps avait été notre meilleur ennemi. Son allégresse avait lissé les contours de nos sentiments, et maintenant, il avait perdu de son utilité. Les chiffres tournoyaient joyeusement autour de mon visages, tranchants les angles de ma peau. Comme une piqûre de rappel. Est-ce que tu as conscience de ce qu'il nous attend Theodore ? Qu'il faut profiter des largesses du sablier Mon regard épousait la carrure de ses épaules musclés. Je souriais sournoisement en entendant ses mots. Tu crois que je ne t’imagines pas haletante dans mes bras ? Regarde-toi, Babi. L’horreur est un choc. Tu es si belle mais je te vois hideuse à chaque fois que je te touche. C’est mon reflet que j’embrasse dans ta bouche. Tu es insoutenable. Ta présence étouffe toutes les autres émotions. J’ai besoin de toi sans te faire mal.» Il ne restait qu'un pas entre nos corps. Alors je le franchissais. Je n'ai plus de limite Teddy. Prudence Mes lèvres caressait l'albâtre de sa peau, s'accrochant au poil de sa barbe sans ménagement, pour trouver le creux de son oreille. La différence entre toi et moi. C'est que tu ne fais qu'imaginer. je souriais en attrapant son oreille. Tu auras toujours besoin de moi. Que tu le veuille ou non. Belle ou hideuse. Le point positif. C'est que j'aurais toujours besoin de toi ma voix n'était que murmure. Et ma main n'était que caresse contre son flan dénudé. Insoutenable mes doigts défaisait un bouton de sa chemise, mon regard le sondait Têtue le deuxième bouton tombait. Incorrigible ... tenace ... Irréfléchie ... mais incroyable et au fur et à mesure sa chemise s'ouvrait sous mes mots. mais tu es bien trop vaniteux. Quand tu m'embrasses, c'est toi que tu embrasses. Un problème d'égo Rottenford la sensualité du moment s'était évanouie dans les méandres d'une blague. Je posais mes paumes contre son torse pour le repousser. puisque tu te satisfait à toi même. Je te laisse en compagnie de tes deux mains. Mais après le diner. C'est mon anniversaire. Concentres toi sur moi. Rien que moi je m'adonnais à un clin d'oeil mais son souffle glacé m'avait transcendé. J'aimais cet homme. Mais il y'avait un millier de façon d'aimer. De ressentir un amour. L'adoration. L'admiration. L'inquiétude. Son odeur était entêtante et écœurante pour la finesse de mon odorat. Puis après les jeux enfantins, le froid hivernal. Les couches immaculés s'accordait à nos âmes froides. Ses doigts avaient remplacé les menottes du bracelet. Sa chaleur épicée laissait des traces brûlantes contre ma peau glacée. «Bien sûr. Souviens-toi, Costigan. Je suis là. Je suis le premier.» mes sourcils se fronçaient. Ma langue léchait mes lèvres et mes prunelles emprisonnait les siennes. Audacieuses. Le passé. C'est trop loin. Tu as été le premier. Mais tu ne seras pas le dernier je haussais une épaule, détachée. Ne te m'éprends pas. Je ne demande rien. J'ai espéré fut un temps. Mais je n'ai été que la première. est le passé. C'est trop loin Teddy je souriais, mes doigts rencontraient sa peau pour lisser ses traits. «Il est trop tard, c’est une phrase pour les mortels. Tu ne penses pas ?» mon rire se heurtait contre son sourire. alors on se reconnaîtra dans une autre vie. C'est toi qui est immortel Theo. Je l'ai toujours su je déposais un baiser contre la commissure de ses lèvres, aspirant les arômes de sa vieille âme. Une fois dans le restaurant, tout s'enchainaient rapidement. Les actes prirent le pas sur les confessions. Ce bar n'était pas qu'un lieu de passe. Il avait été mon refuge. Mon Belfast à moi en plein coeur de Londres. La rengaine irlandaise inondait chacun de mes gestes. Le trèfle s'embrasait dans les flammes de l'enfer. Et tandis que j'allais marquer le serveur de notre sceau, Theodore m'arrêta. «Attends.» j'arrêtais le médaillons près du visage du serveur pour l'écouter. Surprise. «Juste au cas où. On pourrait crever chez les ritals.» et ses lèvres inondaient les miennes. Son souffle m'enrôlait hors du temps. Il n'y avait plus de passé, de présent, de futur. Les années, les jours n'avaient plus d'importance. Mais son baiser me fit mal. Tu vois, t’arrive à me blesser sans me faire mal Teddy Sa salive n'était que poison. Pourtant j'en redemandais encore. Si bien que la chaine s'enroulait autour de ma main, laissant ses traces contre ma peau et contre la sienne aussi. La chaleur n'avait pas de sens face à l'incandescence de nos corps. Je souriais en levant mon regard dans le sien Est-ce que c'est vraiment moi que tu viens d'embrasser ou c'est ton reflet que cherchait ? je lui faisais un clin d'oeil mais son attention me plaisait. «Pète lui le genou. Je veux qu’il marche lentement, comme un chien blessé, jusqu’au patron.» Mes mouvements avaient anticipés ses paroles, mais le doux son des armes se faisaient entendre. Je tournais le visage vers les italiens. Le sang, les armes ne me faisaient pas peur. D'un revers de main, je poussais le serveur qui s'étalait contre une des tables. Les canons étaient pointés sur nous, mais je ne transpirais aucune peur. Je n'avais jamais eu peur de la mort. Alors c'est comme ça que font les italiens. Ils se regardent dans le blanc des yeux. je ne cachais pas mes remarques. Je chargeais mon arme en avançant, les balles ne pouvaient pas me traverser. Je faisais un clin d'oeil à Theodore en tournant mon faciès dans sa direction avant de lancer les hostilités.Vivement, j'attrapais un couteau pour le lancer dans l'épaule d'un des mafieux. Son cri déclencha la torpeur. Le chant de l'acier retentissait avec enchantement dans la pièce. Les vitres se brisaient. Des corps tombaient et ma chaire se déchirait. Mais je ne ressentais rien, pas même la balle qui s'était logé sous mes côtes, ni le sang qui longeait ma peau, tâchait mon chemisier blanc. Mon souffle fut plus dur à reprendre. Mais la fin n'était pas pour maintenant. Huntington devait m'emporter. D'autres italiens sortaient de la cuisine alors que j'avais rejoint Theodore derrière une table. Je souriais en sortant mon chargeur encore fumant. Mes lèvres s'étaient teintées de pourpre. Je passais mon pouce contre mes lèvres en remarquant la teinte, mais la folie me dévastais déjà. Il en reste 3. Laisse moi les. mais la douleur me lançait et mes gestes étaient saccadés. Tu me dois bien ça soufflais-je en sentant les arômes de son refus. Je ne voulais pas baisser le regard sur la blessure. En l'ignorant, elle n'existait pas. J'attrapais l'arme de Theodore sans attendre son consentement et le chant reprenait jusqu'à que nos souffles soient les derniers. Le talon de mes bottes remplaçaient le bruit des balles et c'est lorsque je me pencha pour ramasser rougie par le sang que la douleur me coupa tout mes élans. Je serrais les dents, déchirant ma lèvre inférieur. Mon père m'avait toujours dit que la douleur n'était que mentale. Il suffisait de combattre les voix. Mais mon corps s'effondra au sol sous le poids des décibels. Ne t'inquiètes pas. Le phoenix renait toujours de ses cendres pas vrai ?
(✰) message posté Ven 17 Fév 2017 - 11:01 par Theodore A. Rottenford
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Le quartier se noyait dans le silence. Nos silhouettes tremblaient sur les bords de la chaussée. L’église à deux pas. Mon coeur si près du sien. Les nuages entouraient les murs du restaurant L'ennemi tait là - celui qui avait lancé la première flamme sur le bar de Babi. Je plissais les yeux en furetant autour du portail. Il n’y avait que des décombres pourrissants sous les stalles de métal. De vieilles tables que le don italien avait aménagé pour s'assurer une couverture. Je soupirai en sentant l’excitation monter dans ma gorge. Les hurlements de Jazz s’épandaient sur mon âme. Elle me donnait la force de continuer. Parce que le sacrifice d’un père n’était jamais en vain. Il existait pour demeurer. Je lui avais laissé son envol afin d’entamer ma chute. Il ne restait que des vestiges de ma loyauté. La vraie promesse, c’était d’aimer. J’enfonçai les poings dans mes poches en scrutant les lieux. Mon ombre se dessinait sur la vitre. Elle se matérialisait avec volupté afin de marquer les contours de l’aigle acéré. Son bec, tel un poignard tranchant, ceindrait l’espace avec une pureté spectrale. Le prédateur était mon hôte dans ce corps que je ne comprenais pas. Il s’était penché trop tôt, afin de m’embraser dans la passion du feu. Moi, l’homme glacé. L’amurer figé dans l’hiver éternel. Quelle belle ironie. Les caresses de Babi étaient des flammes qui traversaient ma poitrine. Je l’avais attendu pendant des années. Notre amitié n’était qu’une pensée, dont le bruit se mourrait dans le vent. Belfast nous avait séparé. Il avait détruit nos souvenirs sur le trottoir mouillé de sa maison. Je me tournai lentement. Ma main glissait suavement sur son dos. Elle se nouait sur le tissu qui flottait sur ses courbes saillantes. Elle avait perdu du poids depuis Huntington. Mais la maladie, au lieu de lui prendre sa vigueur, l’avait rendu plus intense. Elle se muait telle une créature féline entre les rangées. Son flair nous guidait vers l'absolution. Je voulais tout brûler et la ramener vers ma bienveillance. Je voulais la protéger pour toujours. Mon étoile brillait dans un ciel différent. Pouvait-elle m’embrasser une dernière fois? Toutes nos blessures se ressemblaient. On saignait sans connaître l’origine de la douleur. Mon coeur. Mon pied. Ma conscience. J’avais besoin qu’elle m’adulte. Je voulais la retenir dans une cage d’or et de lumière. Je connaissais son antre secret et le plaisir de ses longues escapades dans la vallée. Babi était naturelle. Ses cheveux ondulaient comme les feuilles d’un chêne géant, libérant le parfum de la forêt dans mes bronches. Je trottais derrière ses pas. J’obéissais à l’impulsion subite. Celle du tueur avide de sang. Le pourpre maquillait toutes les blessures. Il nous rendait invincibles, malgré la mélancolie et la pression familiale. J’avais abandonné mon obsession de la propreté. J’avais tout abandonné pour elle. La petite fille dont les genoux s’étaient écorchés sur les cailloux. L’adolescente bafouée par l’immoralité de son beau-père. Je me redressai en empoignant sa main. Je caressais les bordures osseuses de son poignet. Ne sois pas fragile. Sa mort ne serait pas insensée. Elle résiderait dans les étendues lointaines d’un ciel sans étoiles parce qu’elle était l’essence de la constellation. Elle brillait dans le crépuscule, au fond de la crevasse, à l’abri des lumières et des psaumes religieux. Je humais son odeur en marchant sur son profil. J’observais sa démarche gracieuse dans le noir. Elle semblait accablée par les symptômes. Babi était prisonnière à l’état d’ébauche en dépit de mon immense vanité et de son caractère douloureusement exaltant. Elle était l’incarnation du bonheur. Et pourtant elle l’étouffait pour avancer. Je souris en m’arrêtant près de la chaise. Je n’avais pas entendu la porte claquer, ni les chaussures glisser sur le bitume. Mon oreille était sourde - et tel était mon réflexe. La plomb s’écrasait sur le mur. Putain de ritals! Ils n'avaient aucune courtoisie. Nous étions des invités chez le diable. Je lâchais la prise de Babi alors qu’elle me poussait vers le sol. La peur devenait mon sang. A cet instant, j’étais tétanisé par l’idée de la perdre. Mais elle bougeait encore. Elle rageait en sortant ses minutions. Alors Teddy, t’as besoin d’un tampon? J'imaginais ses pensées et ses satyres habituelles. Mais je ne bougeais pas. Elle était la seule à lancer les hostilités, à s’exposer au danger. Je fixais son ventre - en état de choc. Toutes ses paroles me revenaient. « Tu auras toujours besoin de moi. Que tu le veuille ou non. Belle ou hideuse. Le point positif. C'est que j'aurais toujours besoin de toi. » Sa voix se transformait en murmure. Et sa main s’agitait dans la pénombre. Je me redressai, bercé par nos confessions muettes. « color=palevioletred] mais tu es bien trop vaniteux. Quand tu m'embrasses, c'est toi que tu embrasses. Un problème d'égo Rottenford.[/color] » Non. Cette fois c’était elle que je voyais. Elle était la seule que je parvenais à voir dans la brume. « Est-ce que c'est vraiment moi que tu viens d'embrasser ou c'est ton reflet que cherchait ? » Elle était partie trop vite. Et je ne lui avais pas répondu. Je n’avais pas su lui dire que mon vanité était la plus belle histoire d’amour. Que je l’avais élevé sur le même piédestal. Le sang coulait sur ses côtes mais elle ne semblait pas ressentir la douleur. Je fixais le tissu maculé sur son corps. Il en reste 3. Laisse moi les. Je me postai dans son dos afin de réguler ses mouvements. Elle tremblait, le coeur saccadé par une faiblesse qu’elle refusait d’admettre. Mes doigts glissaient sur son poignet afin d’appuyer sur la gâchette. « Tu me dois bien ça. » Je hochai la tête en dirigeant sa main vers la cible. Elle ne pouvait plus y arriver maintenant. Je lui avais offert sa dernière requête. Je voulais partir. Tombes pas. Je la pris dans mes bras. Les malfrats continuaient de nous assaillir. Il y en avait plus que trois. La cuisine grouillait d’armes. Je repoussais mes limites afin de traîner Babi à l’extérieur, derrière les sacs de poubelles. Ses mains étaient froides. Elles s'enroulaient autour de mon cou comme une corde enfonçant ses torsades contre le pilier qu’elles étaient supposés maintenir. Merde. Elle était touchée. Je commençais à me lever en me cramponnant au mur, mais son profil était instable. Ou peut-être était-ce mon coeur. L'instable, le faible, incapable de la sauver. Mon angoisse avait momentanément disparue. C'était les souvenirs qui provoquaient les douleurs les plus vives. Ses yeux vacillaient. Mais elle n’avait pas le droit de me laisser. J’allongeai mon bras afin d’exercer une pression sur l’hémorragie. Babi ne ressentait rien. Elle n’émit aucune complainte. Son regard reptilien valsait sur mon visage. Je me recroquevillai sur moi-même lorsqu’elle s'extirpa de ma prise. J'avais tellement mal, comme si ses mouvements me retirait une partie de mon âme. La saleté couvrait ses cheveux. La saveur poisseuse et organique du sang remontait dans mes narines. Je déglutis en observant la tâche sur ses vêtements. «Tiens toi tranquille! » Je déboutonnai sa chemise avec force afin de dévoiler la plaie. La balle était trop proche de son torse. Je refusais d’y croire. Ma respiration était sifflante. Je tournais de l’oeil, alors qu’elle était allongée sur mes genoux. Babi toussait. Elle crochait un magma grumeleux sur mes mains, mais à cet instant, j’ignorais mes complexes stupides. Je frictionnais ses bras pour lui tenir chaud.«Babi restes avec moi c’est un ordre! » Gromelai-je alors qu’elle s’échappait de ma prise. Elle semblait ailleurs, suspendue entre deux mondes différents. Je ne voulais pas qu’elle rejoigne Jamie. Je refusais d’inscrire son prénom sur mon coeur. Car elle y avait déjà gravé un sentiment d’amour éprouvant. Je me sentais vaincu, complètement désarmé. Je la secouais en fronçant les sourcils. «Fuck. Réveille-toi, je t’en supplie … » Ma voix échouait sur mon menton. Elle s’estompait emportée par la lâcheté des italiens. Elle n’avait pas le droit de me laisser. De dévoiler ma pire faiblesse. Vivre sans elle.
she’s waiting in his dreams to drag him back to the meeting place. when the voice still echoes ; i’m sorry i met you darling. i’m sorry i left you. ✻ Les mouvements étaient rapides. Je ne distinguais plus les silhouettes. Elles devenaient muettes. Incolores et inhodorantes. Les couleurs étaient floues. Mon corps semblait flotter sur les nuages du paradis. Je ne ressentais plus rien, ni même les courbes de Theodore couler sur mon dos. Ni ses doigts se poser avec largesse sur les miens pour tirer le dernier coup. BANG ! L'odeur du sang envahissait mes narines tel des psaumes irlandais. Les cloches de la cathédrale sonnaient dans mes tympans pour marquer la fin de la messe. Les prières étaient finies. Il ne restait plus que les confessions des infidèles. Je ne veux pas mourir L'équilibre me manquait. Mon oreille interne me jouait des tours. Je me rattrapais à une table dans un dernier élan de bravoure, mais mes doigts glissaient sur la nappe pour tout saccager au passage. Jusqu'au bout puis mon corps tombait contre le sol. Contre l'étendue d'herbe verte. Mes lèvres s'ouvraient pour offrir un dernier sourire au monde. L'Irlande se dessinait sous mon ventre. Les paupières closes, je sentais le parfum des pâquerettes inonder mon âme. La rosée matinale se posait sur ma peau. Elle semblait moite et gluante. Je fronçais les sourcils, ce n'était pas le souvenir que j'en avais. Les bruits de pas se faisaient plus proche. Theodore. Bugsy . Cole. J'ouvris les paupières. Aveuglée par la lumière blanchâtre du soleil. Le ciel était dégagée, nous offrants les promesses d'une journée rocambolesque. C'est le visage enfantin de Theodore qui se dressait au-dessus du mien. Il avait ce petit sourire en coin qui le caractérisé tant. Celui que j'avais toujours aimé. Stricte, sa main se tendait vers la mienne puis il me relevait. t'es pas une vraie fille. T'es toute sale cela sonnait comme une remarque. Une critique, mais ce n'en était pas une. Il était celui qui pansé mes écorchures. Celui qui se préoccupait de mes plaies. j'ai jamais demandé à en être une riais-je en attrapant sa main. D'un geste désinvolte, je baissais ma robe pour cacher la boue sur mes jambes, mais ça ne servait à rien. Le tissu était tâché. Ses bras se refermaient autour de mon corps. Je fronçais les sourcils alors qu'il me portait contre son coeur. Teddy lâche-moi. Je veux pas jouer la princesse en détresse. C'est moi le chevalier. C'est toi la fille mais sa prise se renforçait jusqu'à m'étouffer. Les souvenirs s'effaçaient pour laisser place à la réalité hivernale. Le vent se mélangeait à la fine pluie. Je sentais les gouttes s'accumuler sur mon visage, lavant mes pêcher dans un élan de grâce. pour m'ouvrir les portes de l'absolution. Du paradis. Lorsque j'ouvris enfin les paupières. Nous avions grandis. Ce n'était plus les traits délicats du garçonnet qui s'affichaient, mais ceux de l'homme. Ceux du nouveau roi. Il était le chevalier. J'étais la princesse en détresse et ceci depuis le début. Depuis notre rencontre. Il avait voué sa vie à défendre ma vertu. A corriger mes erreurs et à en assumer le prix. Je soupirais. Je gémissais sous la douleur, mais je ne criais pas. Je voulais rire. Lui laisser le son délicat de mon cristalin en souvenir, mais des giboulées de sang gisaient contre l'albâtre de ma peau, traçant des arabesques contre ma gorge. Respirer me faisait mal. ne compte pas sur moi pour t'avouer mes sentiments. C'est toi la fille soufflais-je contre sa gorge faiblement. Je riais, mais une nouvelle vague de sang apparue. Mon corps entier se crispait contre le sien. Baignant dans la froideur de Londres. N'est-ce pas ironique ? S'éteindre le jour de sa naissance. «Tiens toi tranquille! » mais je ne bougeais pas. Parce que je n'en avais pas la force. Le givre se posait contre mes lèvres. Elles s'étaient teintées de bleu. Comme mes yeux. J'ai froid Theo. Me laisse pas Ma fierté m'avait conduit à chérir les portes de l'enfer. A rechercher la chaleur des flammes, mais en cet instant, je chérissais la chaleur de ses bras. Je l'avais toujours espéré, sans en trouver le chemin. Ses longues phalanges s'aplatissaient avec rage contre mon derme , à croire qu'il avait entendu mes prières silencieuses. «Babi restes avec moi c’est un ordre! » je tentais de sourire. Mais mon expression relatait une grimace. à vos ordres mon seigneur ironisais-je dans un murmure étouffé. Je toussais. Le coeur au bord des lèvres. J'entendais le bruit des sirènes. Elles étaient encore lointaines. A moins que se soit les cloches de l'Olympe qui me souhaitaient la bienvenue. Une myriades de frissons s'inscrivaient sur ma chair. «Fuck. Réveille-toi, je t’en supplie … » Ma main se dressait pour se poser contre sa joue. Froide. Taciturne. Elle tremblait sous l'effort. Huntington s'exprimait. Du bout des doigts, j'enlevais cette cendre accrochait à ses cils, puis mes ongles glissaient contre la crasse pour retomber contre le sol. Je t'ai toujours aimé Teddy. Depuis le premier jour. Le premier regard A nouveau, les gémissements m'emportaient. Le désir s'apparentait à la douleur. J'ai mal ..... mon corps ne tenait plus droit, il glissait contre son torse. J'ouvris les yeux pour les plonger dans les sien. Une dernière fois. J'ai jamais cessé de penser à toi. Je t'ai toujours attendu. Sauve-moi. Encore une fois mais ma voix s'enrouait à cause du sang qui se déversé contre ses vêtements. Le sirènes approchaient mais tout à coup elle s'éloignait. Les secousses vinrent réveiller ma conscience à nouveau. Il marchait. Courait jusqu'à la voiture. Les lumières de la ville défilaient sous mes paupières. Et je revoyais l'Irlande. Je sentais l'iode de l'océan. Teddy, viens nager avec moi murmurais-je emporté par la folie. Je me vidais de la sève vitale. Demain, lorsque le cauchemar sera passé, ses démons le retrouveraient. Ses doigts allaient s'user contre le cuir du siège pour effacer les traces de mon passage. Comme il l'avait fait avec Jamie. Il nous oubliait pour nous confiner dans son cœur. A l’abri des regards, effaçant les vestiges que nous avions laisser sur le monde. Cette fois-ci, je n'arrivais plus à garder les yeux ouverts. Un pied dans chaque monde. Entre la vie et la mort. Entre la paradis et l'enfer. Les anciens me tendaient les bras. J'entendais la sirène du bateau de mon père. Le mat se détachait de l'horizon, outrepassant la brume grisâtre et dangereuse. Il revenait au bord et je l'attendais, les bras ouvert. Comme à chaque fois. Un nœud dans les cheveux qui s'envolaient bien rapidement sous les bourrasque de vent lorsque mes jambes s'élançaient à la rencontre de mon paternel. Je lui sautais dans les bras pour ne plus le lâcher. Enfin. Je te pardonne de m'avoir laissé. Tu m'as manqué.