"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. w/ julian 2979874845 we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. w/ julian 1973890357
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() message posté Lun 1 Déc 2014 - 19:00 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ Je poussai un soupir en m’arrêtant à quelques mètres de l’entrée du cimetière. Mes yeux détaillèrent le portail en fer forgé, cherchant dans l’air vide le peu de courage qu’il me manquait pour passer le pas. J’avais retardé l’échéance. Retardé cet instant. Retardé le moment où j’aurais à renouer avec lui d’une quelconque manière que ce soit. J’entendais encore la voix de Julian résonner dans mon esprit. Je sentais encore mes poumons se perdre pour chercher de l’air. Je me remémorais encore ces longues journées où la pneumonie n’avait fait qu’un avec mon être. Je secouai la tête avant de finalement donner un coup dans mes roues, laissant derrière moi toutes mes pensées ; je pénétrai dans l’enceinte en silence, avançant avec lenteur pour ne pas troubler les âmes perdues en ces lieux. Je n’entendis aucun bruit. Aucun son. Les oiseaux avaient cessé de chanter à l’instant même où mon corps s’était retrouvé dans le royaume des morts, laissant planer autour de moi un silence lugubre. Un frisson parcourut mon échine à mesure que mes yeux se posaient sur les différentes plaques et tombes autour de moi, anciennes ou nouvelles, entretenues ou laissées à la nature. Tant de vies perdues. Tant d’êtres chers disparus. De tout ce que je pouvais voir, cela était la fosse commune qui me faisait le plus mal ; je ressentais tant de peine pour ces inconnus et John Doe que personne n’avait réclamé au décès. Des familles entières attendaient encore le retour de leur fils défunt sans savoir qu’il avait déjà rendu son dernier soupir.
Ma gorge était nouée. Je m’imaginais une centaine de scénarios différents dans mon esprit, incapable de poser des limites à mon imagination. Je ne voyais que la tristesse et le deuil, en ces lieux. Je ne ressentais que le chagrin et l’abandon.
Je m’aventurerais dans les différentes allées, connaissant parfaitement mon chemin. Je finis par m’arrêter devant une sépulture qui m’était familière. Mes yeux balayèrent les inscriptions qui l’ornaient. Aïda Fitzgerald. 1963-1997. Beloved wife and mother. Un sourire triste flotta sur mes lèvres, à mesure que je détaillai l’état de la tombe. Cela faisait plus d’un mois et demi que je n’avais pas eu l’occasion de venir ; en ce laps de temps, la nature avait trouvé un moyen de faire valoir ses droits. La poussière recouvrait la pierre polie. Le vent s’était appliqué à reverser des pots de fleurs. Je poussai un petit soupir avant d’ouvrir le sac que j’avais posé sur mes genoux. « Bonjour, Aïda. » murmurai-je doucement. « Je suppose que vous n’avez pas eu beaucoup de visite depuis la dernière fois que je suis venue. » Cette vérité me serra le cœur, mais je m’attelai à ma tâche. Doucement, je fis glisser mon fauteuil sur un côté de la tombe, et je retirai chacun des pots et chacune des plaques afin de pouvoir retirer la poussière de la pierre.
Mes gestes étaient appliqués et soigneux. Acharnés dans ma tâche, peut-être. Je me perdis dans mes pensées en m’occupant de la sépulture de la mère de Julian, ne sachant même plus pourquoi je continuai de venir pour me charger d’une tâche qui n’avait jamais été la mienne. Mais si je ne le faisais pas, qui d’autre le ferait ? Je ravalai la bile qui me montait en remettant les différentes épitaphes sur la pierre de la tombe. J’avais commencé à me rendre au cimetière dès l’instant où je m’étais installé à Londres ; j’avais trouvé la sépulture dans un état épouvantable et j’avais fait en sorte de m’en occuper, tous les mois, depuis quatre ans. Elle n’était pas ma mère. Je ne l’avais jamais connu. Je ne la connaîtrais jamais. Et, pourtant, je me sentais proche d’Aïda Fitzgerald comme si je l’avais connu toute ma vie.
Je poussai un soupir en remettant correctement les pots de fleurs droits, arrangeant la terre et coupant les branches mortes. J’avais songé à ne pas y retourner, depuis que Julian m’avait jeté dans la mer et frappé mon père. Depuis que j’avais porté plainte contre lui et qu’il m’avait fait comprendre que je n’avais plus rien à faire dans son existence. Mais je n’avais pas réussi à lui tourner le dos. Lui tourner le dos à elle. Après tout, si je n’étais plus là pour s’occuper de sa mémoire, qui le ferait à ma place ? « Il semblerait qu’entre moi et Julian il n’y ait vraiment plus rien à sauver. » marmonnai-je en déposant finalement le bouquet que j’avais acheté sur la pierre. « Il l’a dit lui-même. Il m’aura fallu du temps pour le comprendre… J’étais trop idiote et naïve pour me rendre à l’évidence. Trop naïve de croire que je pourrais comprendre ce qu’il désirait réellement. Je ne sais toujours pas ce qu’il veut, d’ailleurs, hormis que je reste en dehors de son existence. » J’avais tant pris l’habitude de lui parler de lui. De lui parler de nous. J’avais l’impression de ne pouvoir le faire qu’ici, devant son prénom et ses dates gravés dans la pierre. Je passai une mèche de cheveux derrière mes oreilles, prenant mes respirations avec attention et soin. Je laissai mon regard se perdre dans le vague, et j’oubliai le monde qui existait autour de moi.
Parler aux morts. N’était-ce pas une chose étrange à faire ? Je n’en savais rien. Je le faisais. Je le faisais et je ne savais pas si cela était une bonne ou une mauvaise chose. « Parfois, j’avais l’impression de le retrouver. De le retrouver au fond de son regard. Vous savez, cette lueur qui brillait dans ses yeux lorsqu’il souriait. Je me suis raccrochée à cet espoir, j’imagine. Je me suis raccrochée à mes sentiments parce que c’était plus facile d’y croire que de lâcher prise. » Je me perdais dans mes paroles et mes confessions. Je me perdais dans ce que je disais. Je parlais à une morte. Je parlais à la mère de Julian sans jamais l’avoir connu. « Je sais que c’est de ma faute. Je sais que je l’ai brisé, quelque part. Je me suis excusée, vous savez. J’ai tenté de rattraper mes fautes mais c’était trop tard. J’ai entendu dire que nous blessions les personnes que nous aimions le plus et que c’était elles qui nous faisaient le plus mal en retour. Il faut croire que c’est vrai. Je sais que je lui ai fait mal. Et, en retour, il m’a fait mal à son tour. » poursuivis-je dans un murmure. « Et vous savez, le pire, Aïda, c’est que malgré l’abandon, malgré tous les mots qu’il a pu me dire, malgré les disputes, malgré la noyade et la pneumonie, malgré le fait que j’aie porté plainte contre lui, je continue de l’avoir sous la peau. Je lui en veux tellement que je ne sais même plus quoi faire de tous mes sentiments. Je lui en veux tellement qu’il ne fait que m’obséder d’autant plus. » Je fermai les yeux, frottant mes paupières. Mon cœur battait de manière désordonnée. J’aurais tant aimé la rencontrer. J’aurais tant aimé faire sa connaissance. Mais je savais que si elle n’était pas morte en 1997, je n’aurais probablement jamais rencontré Julian. Et il ne m’aurait jamais brisé autant que j’avais pu le briser, moi.
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() message posté Mar 2 Déc 2014 - 17:04 par Invité
“I've hit the ground. Gone right through it. Never in my life have I felt this. Nothing like this. I've felt shame and cowardice, weakness and strength. I've known terror and indifference, self-hate and general disgust. I've seen things that cannot be unseen. And yet I've known nothing like this terrible, horrible, paralyzing feeling. I feel crippled. Desperate and out of control. And it keeps getting worse.” Je vacillais sous la lueur crépusculaire de la nuit. Mes yeux meurtris restaient figés sur le sol tandis que je bravais les ténèbres. J’avais perdu toute ma grâce et mon éloquence humaine. Je ne faisais jamais le poids face aux obstacles. Je me sentais presque vide lorsque le visage d’Aïda se brouillait devant moi. Ce n’était plus une mère, mais un fantôme qui ne me quittait jamais. Je m’étais évertué à la détester durant des années, mais une part de moi restait attachée au souvenir de ses foulards à fleurs et de l’odeur boisée qu’elle dégageait. Ma mâchoire se crispa – Elle devait être si fière de moi ! Je soupirai en traînant les pieds jusqu’au fond du cimetière. Toutes les choses que je touchais n’étaient jamais assez sombres. Je n’essayais même plus de fuir le monstre qui sommeillait en moi. J’étais l’homme qui mentait et qui respirait les pêchers par million. Je m’évertuais à sombrer au-delà des océans de sel et de mélancolie. Eugenia était douce. Une créature angélique et délicate. Elle n’aurait jamais supporté mes voiles de fumées, et mes manipulations vicieuses. Le mal avait corrompu toutes mes valeurs. Je crispai les doigts autour de mes manches. Le vent froid sifflait dans mes oreilles, rythmant ma démarche lasse et fatiguée. Je n’aimais pas côtoyer les morts, mais je prenais sur moi à chaque fois que la présence maternelle me manquait. La torture n’était pas une torture tant qu’il y avait de l’espoir. Aïda Barakath-Fitzgerald était cette lueur fade et lointaine qui me ramenait sur terre. Je levais les yeux vers le ciel ombrageux. Il s’était passé deux longs mois depuis ma dernière visite. Mon départ fortuit en France m’avait quelque peu éloigné de ma tristesse incommensurable. Athéna, était le bien qui pansait toutes mes blessures. Mais je ne pouvais abandonner les chimères de ma mère éternellement.

Je fis quelques enjambées entre les tombes désertes. Les épitaphes marquaient les éloges d’hommes et de femmes qui n’étaient plus. Beloved wife and mother … Mon cœur rata un enchaînement au souvenir de l’abandon cuisant. Elle était partie faire les courses pour ne jamais revenir. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu’au sang afin de me laisser bercer par le gout âpre et ferreux de mes douleurs. J’imaginais les silhouettes errer dans les couloirs de la mort et les ombres se mélanger dans l’obscurité. Un rire malsain m’échappa. Je chancelais un instant avant de me figer derrière les buissons. Je vis un fauteuil roulant, et le profil familier de Ginny. A la minute ou mon regard se posa sur elle, je réalisai qu’elle était la seule fille au monde capable de me briser. Je l'avais aimé jusqu'à la damnation, et malgré tous mes supplices et mes erreurs, je ne parvenais à oublier ses traces sur ma peau. Le son de ses lamentations me parvenait de loin, sans que je ne puisse réellement en saisir la portée. Un frisson me parcouru l’échine. Je me postai dans son dos en silence, adressant mes respects à ma défunte mère dans un mutisme divin.

« … Je lui en veux tellement que je ne sais même plus quoi faire de tous mes sentiments. Je lui en veux tellement qu’il ne fait que m’obséder d’autant plus. »

Je fronçais les sourcils, assaillit par mes pires tourments. Il me semblait que mon âme ployait, asservie par les confessions poignantes de Ginny. Je fis un pas en arrière, prêt à rebrousser chemin lorsque l’herbe craqua sous mes souliers. Je me redressai brusquement afin de me donner une certaine contenance. Un sourire terne fit courber ma bouche serrée.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » Marmonnai-je en fendant l’air en direction de la tombe. « Tu peux te pousser, s’il te plait ? » Demandai-je avec beaucoup de retenue.

Comme s’il n’y avait personne autour, je commençais mon rituel personnel. Je m’agenouillais face aux esprits de la mort. Mon front toucha le marbre glacé, tandis que j’enfouissais mes mains dans la terre humide. Mes yeux clos étaient assaillit par des flashs de mon enfance déchue ; la rue principale de la résidence familiale, le ciel éclatant de couleurs, les premiers flocons de neige, mes fêtes d’anniversaire, l’odeur de la tarte au pomme, les séances de jeu avec Robin, puis sa disparition soudaine. Je revivais chaque dernier moment passé à ses côtés – Elle m’avait tellement manqué durant nos exodes en Ecosse, ou le déménagement au Pays de Gale. Je me blottissais dans mon manteau comme un enfant perdu. Mes doigts gelées glissaient à la recherches des pots de fleurs organisés en parfaite harmonie. Je les fis tomber un à un afin de dessiner un cercle discontinu. La beauté était imparfaite. Ma vie était un champ de ruines. Tel était la marque que je voulais laisser derrière moi. Maman, je ne suis pas heureux … Je pris une grande inspiration.

« Tu devrais partir ou t’éloigner, Ginny. Il y ‘a une ordonnance de restriction. » Soufflai-je sans lui adresser un regard. Maintenant qu’elle avait découvert toutes mes faiblesses, je me sentais mis à nu. Je tremblai comme une feuille morte transportée par la brise d’automne. « C’était toi. Tu organisais sa tombe … Tu n’aurais pas dû. » Je marquai un silence. « J’ai l’air d’un mauvais fils à cause de toi. »

Je déglutis avec difficulté avant de me relever. Mon expression lasse trahissait ma tristesse immense. Je me permettais de vivre mon deuil en ces lieux de culte sacrés – mais cette fois ma solitude était brisée par la présence lumineuse d’un ange déchu. Je la fixai d’un air absent.

« Je plaiderais coupable. Tu n’as pas à te ruiner dans un procès interminable. » Murmurai-je en faisant un pas à reculons.
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() message posté Mer 3 Déc 2014 - 18:42 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ Je me sentais connectée. Connectée sans que je ne sache pourquoi. J’étais à la fois proche et inconnue de la mère de Julian ; je m’occupais de sa sépulture avec soin sans avoir eu l’occasion de la rencontrer de son vivant. Pourtant, mon ancien meilleur ami m’avait tant parlé d’elle par bribes que j’avais le sentiment d’avoir vécu à ses côtés des années durant. Elle était importante, importante à mes yeux, importante dans ces sentiments entremêlés que j’éprouvais pour Julian sans parvenir à en dissocier les différentes émotions. Importante dans ma vie. Importante. Je ne m’occupais pas des morts de ma famille et pourtant je le faisais avec une parfaite inconnue Je ne m’occupais pas des miens et pourtant je m’occupais des autres.
J’avais l’impression que cela reflétait ce que j’avais pu faire avec Julian durant des années. Je m’étais occupée de lui. Je m’étais occupée de lui et j’en avais oublié de m’occuper de moi-même.
Je lui parlais en sachant pertinemment qu’elle ne m’entendrait pas. Cela me soulageait, d’une certaine manière. Cela me soulageait de dire à voix haute toutes ces ombres que je gardais au fond de moi, même si personne n’était là pour les écouter. Je me confrontais à la mère ayant donné vie à mon ancien meilleur ami, à cette mère qui l’avait parfaitement connu le temps de sa courte vie. Je déglutis avant de pousser un soupir, ma phrase demeurant en suspens dans l’air froid de décembre ; je n’aurais aucune réponse à mes interrogations si intimes. Il n’en existait pas. Mes sentiments étaient composés de facteur illogiques, refusant de se prêter à une réalité pouvant s’expliquer. Il n’existait pas de vérité tangible concernant les émotions. Elles existaient. Elles s’entrechoquaient aléatoirement dans l’immensité des cœurs désabusés. C’était tout. L’être humain avait été créé pour endurer les torsions de son âme. L’être humain avait été créé pour souffrir, souffrir de cette affection et de cette aversion qu’il pouvait éprouver vis-à-vis des autres. Mes doigts parcoururent mes jambes immobiles. J’esquissai un sourire en faisant trembler mon genou d’une manière si infime que j’étais persuadée d’être la seule à pouvoir le remarquer. Les évolutions étaient lentes. Les évolutions étaient douloureuses. Pourtant, j’avais fini par les voir, rayon de soleil éclatant rompant avec les ténèbres de mon cœur.
Une branche craqua derrière moi, et mon cœur s’affola. Je tournai vivement la tête pour scruter la pénombre, avant de découvrir le visage de Julian faiblement éclairé par le soleil de fin d’après-midi de décembre. Mon rythme cardiaque repartit de plus belle. Je me sentis trembler, trembler dans cette surprise, trembler sans savoir réellement comment réagir. Il avait l’air d’être une ombre. Une ombre sortit tout droit de l’enfer de mon cœur. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » me demanda-t-il avant de s’approcher. Un sourire terne avait pris possession de ses lèvres. Je ne répondis pas à ses mots. Je n’étais même pas sûre d’y être autorisée. « Tu peux te pousser, s’il te plait ? » enchaîna-t-il et je m’exécutai. J’avais peur de le mettre en colère. Peur qu’il se mette à crier, à m’insulter, à continuer cette tâche qu’il avait si bien commencé à faire. Alors, je me reculai dans la pénombre, l’observant se mettre à genoux devant la tombe de sa mère.
Je détournai le regard à l’instant même où je compris que cela n’était pas une chose que j’étais censée voir. Ses gestes étaient au comble d’une intimité à laquelle personne n’était donné d’assister. Mes yeux se perdirent sur mes jambes tandis que Julian se recueillait. Je le vis, du coin de l’œil, désordonner les pots que je m’étais appliquée à ranger et ej compris.
Je compris que cela n’avait pas été contre le vent que je m’étais battue durant toutes ces années, à tenter de donner une allure présentable à la sépulture. Non. Cela avait été contre lui.
Le temps fila lentement et j’eus l’impression de me perdre dans le compte de mes battements de cœur. Je jouai avec mes doigts et mes ongles, cédant presque à l’envie de m’en aller plusieurs fois ; une partie de moi me disait que cela était la meilleure chose à faire. Il n’avait probablement pas plus envie d’être en ma présence que moi j’avais envie d’être en la sienne. Il avait été très clair à ce sujet. Je n’avais rien à faire dans son existence. Rien du tout. « Tu devrais partir ou t’éloigner, Ginny. Il y a une ordonnance de restriction. » me dit-il finalement. Il ne m’adressa pas un regard. Je posais mes mains sur mes roues, décidée à m’en aller, cette fois-ci ; cependant, il m’interrompit dans mon élan en reprenant la parole. « C’était toi. Tu organisais sa tombe… Tu n’aurais pas dû. J’ai l’air d’un mauvais fils à cause de toi. » Il avait donc compris. Il avait donc compris lui aussi que nous nous étions disputés pour des pots de fleur, de manière détournée, durant des mois. Je ne savais pas si ses mots étaient un réel reproche ou s’il constatait simplement. Un frisson me parcourut jusque dans mes entrailles ; je ne parvenais plus à interpréter ses paroles, interpréter ses gestes. Il était un vaste océan qui se déchainait sans cesse. « Je pensais que j’étais la seule à venir. J’imaginais que c’était la moindre des choses à faire. M’occuper d’elle. » Ma voix n’était qu’un murmure. J’étais fatiguée. Fatiguée d’avoir peur de dire les mauvais mots. Fatiguée par ma convalescence, aussi. Fatiguée par un tout.
Il finit par se redresser. Je songeai une nouvelle fois à partir. Une nouvelle fois à m’en aller. Mais je trouvais une nouvelle excuse pour rester. Je trouvai une nouvelle excuse pour rester parce qu’une partie de mon cœur n’était pas encore tout à fait emprunt à le fuir. J’aurais sans doute dû. J’aurais sans doute dû le fuir. « Je plaiderais coupable. Tu n’as pas à te ruiner dans un procès interminable. » Son murmure était venu troubler le silence du cimetière. Je l’observai en détaillant son expression figée, n’y trouvant rien, absolument rien, qui puisse m’aider à comprendre ce qu’il était en train de penser. Mais au fond, aurais-je réellement su détailler ses traits ? Non, bien sûr que non. Il s’était appliqué à me le faire comprendre, cela aussi. Je m’étais autant trompée sur son compte qu’il ne s’était trompé sur le mien. Un goût amer pris possession de ma bouche. La bile me maintenait dans la réalité inconfortable. « Tu n’auras pas besoin de le faire. Je vais suspendre ma poursuite. » marmonnai-je. J’avais agi sur un coup de tête. Sur un coup de douleur. Sur un coup de rage. Mon père n’avait fait qu’abonder dans mon sens pour raviver ma colère. « C’était puérile et idiot. Et impulsif. » Tu ne méritais pas tant d’attention. J’aurais aimé dire cela. Lui dire pour le faire souffrir. J’aurais aimé le penser. Le penser si fort que j’aurais pu enfin l’oublier. Mais mes lèvres demeurèrent scellées ; mes pensées, quant à elles, refusèrent de se prêter à cette réalité qui aurait pu exister si j’avais été un peu moins perdue. Perdue dans mes émotions. « Je ne sais pas s’il en sera de même pour mon père. Je lui en parlerais sans doute ce week-end. » Je parlais déjà trop. Beaucoup trop. Cent fois trop. J’entendais déjà ses reproches arriver. J’entendais déjà ses paroles sarcastiques m’envahir. Je tremblai sans le vouloir. Je craignais ses sautes d’humeur et sa rage orale. Je me focalisai sur mes inspirations. « Je suis désolée. Je n’aurais pas dû venir. Et je ne viendrais plus. » marmonnai-je. Elle n’était pas ma mère. Je ne la connaissais pas. Je ne le connaissais même plus, lui. Pourtant, ces paroles me déchiraient. Pourtant, je savais que même en les prononçant, je serais incapable de tenir cette promesse.
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() message posté Ven 5 Déc 2014 - 12:24 par Invité
“I've hit the ground. Gone right through it. Never in my life have I felt this. Nothing like this. I've felt shame and cowardice, weakness and strength. I've known terror and indifference, self-hate and general disgust. I've seen things that cannot be unseen. And yet I've known nothing like this terrible, horrible, paralyzing feeling. I feel crippled. Desperate and out of control. And it keeps getting worse.” Je sentais le sol se dérober sous mes pieds. Les branches mortes crépitaient sous mes pas, rendant leur dernier souffle dans l’immensité du cimetière. C’était comme rendre hommage au grand esprit de la nature, un sacrifice parmi tant d’autres. Mon cœur se perdait dans ses divagations. Le vent glacial d’hiver était porteur de mauvais présages. Je regardais l’ombre d’Eugenia se crisper au loin, espérant au plus profond de mon être que ce n’était qu’un mirage. Je tendis discrètement les bras en sa direction avant de réaliser que nous avions fini par tout détruire. Encore une fois, j’avais failli à mon devoir. Ma peur avait mille formes, et cette dernière était une horrible, terrible, façon de me torturer. Les souvenirs de Cardiff me revenaient souvent, même lorsqu’il me semblait avoir tout oublié. Ses sourires lumineux faisaient écran sur la réalité, aspergeant mon âme éplorée de poisons délicieux. Je vacillais tourmenté, avant de me cacher derrière les fantômes d’Aïda. Elle m’emportait avec la lassitude effrayante de la mort. Je m’approchais lentement vers la tombe, tentant un rapprochement dérisoire envers une femme qui n’était plus que poussière. Je soupirai avant de me laisser tomber avec une profonde tristesse. Je cherchais la chaleur d’une étreinte impossible, mon esprit s’embarquait dans des enchaînements stupides et saugrenus. Je fermai les poings sur la terre humide avant de m’adosser au marbre glacé, et malgré ma transe et la fatigue, je n’arrivais pas à pleurer devant Ginny. C’était comme être observé par un bourreau, et regarder les vaines lueurs de l’espoir se dissiper en étincelles. Le silence était exaltant et pénible _ Aïda, je suis là. Commençai-je dans un murmure. Je suis revenu mais je suppose que tu sais déjà. Tu as promis de toujours rester. Tu me surveilles, et tu regardes mes signes désespérés. Je me débats pour sauver les gens que j’aime, mais le destin est tenace. Aï … Maman … Ma voix se brisa, prise au piège par les spasmes involontaires de ma gorge. Aide-moi ...

Je me redressai, tout en restant de face aux gravures de l’épitaphe. Je relisais le prénom de ma mère un million de fois afin de le graver dans ma mémoire. Son visage avait perdu toute sa finesse. Mes souvenirs se brouillaient avec le temps. Il n’y avait plus que son identité que je pouvais embrasser. Aïda Barakath- Fitzgerald, l’équilibre qui s’était brisé en plein vol.

« Je pensais que j’étais la seule à venir. J’imaginais que c’était la moindre des choses à faire. M’occuper d’elle.»

Je me raclai la gorge afin de me donner une certaine contenance. Je souris au coin.

« Je suis désolé de t’avoir menti. » Lançai-je avec désinvolture. « Je venais. Je suis toujours venu. A chaque visite à Londres. » Je marquai un silence. « Il y’ a des choses sur moi que tu ignores, Eugenia. Je ne suis pas une bonne personne à cotôyer. »

J’avais un lourd passé derrière moi et une tonnes de complexes vicieux. Je me rendais compte à présent que ma thérapie cognitive n'était qu'une perte de temps. J'étais condamné à ressentir la colère se dupliquer. Je soupirai en faisant volte face.

« Je suppose que je dois te remercier … » Soufflai-je d’un air contenu. Je contrôlais chaque courbure de mon visage afin de demeurer impénétrable. Mon regard prédateur se posa sur sa bouche. « Tu n’étais pas morte tout ce temps. Tu as arrangé les pots pendant une année. Je t’ai pleuré. Je t’ai croisé. "Je t'ai parlé". Mais je ne t’ai jamais senti. Même sans le savoir, je perturbe l'ordre que tu établis. » Je lui adressai un sourire hautain. « Je ne suis pas revenu à Londres. Ce n’était pas moi et tu étais morte. » Je restais campé sur mes positions. Je refusais de me laisser ronger par l’espoir à nouveau. Je déglutis avant de franchir les barrières imaginaires qui nous séparaient. Je n’avais pas le droit de l’approcher de plus de 100 m, et pourtant j’étais là, à quelques cm. Je passai un main tremblante dans ma chevelure de bronze.

« Tu n’auras pas besoin de le faire. Je vais suspendre ma poursuite. » Souffla-t-elle. « C’était puérile et idiot. Et impulsif. »

Un rire mesquin m’échappa.

« Et je n’en méritais pas autant. C’est ça ? » Terminai-je à sa place. Je frôlai son bras avant de faire le tour de son fauteuil roulant. L’air devenait de plus en plus froid. Je me renfrognais sous le tissu épais de mon manteau avant de claquer des mains.

« Je ne sais pas s’il en sera de même pour mon père. Je lui en parlerais sans doute ce week-end. » Elle se tut quelques instants. « Je suis désolée. Je n’aurais pas dû venir. Et je ne viendrais plus. »

Je fis la moue.

« Je n’ai rien demandé. J’ai frappé ton père parce que je savais que tu allais te dégonfler. » Murmurai-je en me penchant à son oreille. « Je te connais par cœur, Princesse Lancaster. Mais tu es incapable de me voir tel que je suis réellement … »

Je tirai sur les manches de son fauteuil avant de la détourner de la tombe de ma mère.

« Je ne veux pas me battre devant elle. Aïda ne me pardonnerait jamais de t’avoir trahi. » J’avançai à pas incertains. « Mais elle n’est plus de ce monde. Tu devrais revenir la voir … Parfois. J’ai toujours pensé qu’elle aurait adoré ta compagnie. »
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() message posté Sam 6 Déc 2014 - 17:11 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ Une chose s’était brisée. Entre lui et moi. Entre la réalité et les souvenirs. Entre mon cœur et le sien. Entre mon âme et la sienne. En l’observant, je ne voyais pas cette personne qui avait été un jour mon meilleur ami, cette personne que j’avais aimé bien au-delà du raisonnable. Non. Je ne la voyais plus. Elle avait disparu, disparu au plus profond de ses yeux et de son corps. Oubliée à tout jamais dans les ténèbres d’un cœur disloqué. A la place, j’entrapercevais l’homme qui m’avait jeté dans la mer. L’homme qui m’avait abandonné sur le sable avant d’aller frapper mon père. L’homme qui m’effrayait par ses colères et ses gestes. L’homme qui me faisait peur, si peur que je sentais la panique m’envahir de temps à autre. Mes mains se crispèrent sur mes genoux tandis que je le détaillai du regard. Une chose s’était brisée, oui. Et je n’avais plus suffisamment de courage pour la réparer. Une chose s’était brisée et je n’avais plus envie de ramasser les morceaux. Mon visage était figé, tandis que mes pensées se déchainaient ; j’avais envie de partir et de m’en aller, loin, très loin, mais mon corps refusait de se mouvoir. Je cherchais à retrouver une étincelle, sans doute. A retrouver cette étincelle qui avait fini par s’éteindre.
Je me demandais, parfois, qui pouvait encore le reconnaître si je ne parvenais plus, moi-même, à le retrouver. J’étais persuadée que l’homme froid et dur qui avait remplacé mon meilleur ami n’était qu’une chimère. Un cauchemar. L’ombre d’une fausse réalité qu’il s’était échafaudé de toutes pièces. Personne ne le connaissait mieux que je ne pouvais le connaître, moi.
Je l’observai tandis qu’il se raclait la gorge suite à mes paroles. Il eut un sourire, un sourire si vide que j’eus presque l’impression d’apercevoir la mort elle-même dans cette esquisse. J’eus l’impression de faire le deuil. De faire le deuil de mon meilleur ami. De faire le deuil de cette personne que j’aimais de tout mon être et tout mon cœur. Il n’existait plus. Julian s’était bien appliqué à me le faire comprendre. Loin, il était loin. Parti, il était parti. Il n’était plus. Il n’existait plus. C’était fini. Terminé. Il n’y avait plus rien, plus rien du tout. « Je suis désolé de t’avoir menti. » me lança-t-il. Je ne réagis pas. J’étais fatiguée. Fatiguée par tout ce qui pouvait bien se passer. J’étais déchirée par mon être. « Je venais. Je suis toujours venu. A chaque visite à Londres. Il y a des choses sur moi que tu ignores, Eugenia. Je ne suis pas une bonne personne à côtoyer. » Je m’empêchai de rire pour ne pas me mettre à pleurer. Les mensonges. Il y en avait tant, le concernant ; tant que je n’osais même pas à les compter. Peut-être était-ce mieux ainsi. Peut-être était-ce mieux qu’il m’ait réellement montré les horreurs dont il était capable en s’en prenant à moi directement. Mon estomac se noua. Je déglutis. Mais le goût de la bile ne se délogea pas du bout de ma langue. « J’avais cru comprendre, oui. Je suis peut-être naïve mais loin d’être la dernière des imbéciles. » Ma voix n’avait exprimé aucune émotion et, pourtant, j’avais le cœur au bord des lèvres. Le vent souffla et j’enfonçai mon visage dans mon écharpe. Le silence était si pesante qu’il prenait possession de ma cage thoracique dans des lamentations sourdes.
Je me sentais idiote. Idiote et bête. Un frisson me parcourut dans la fraicheur du mois de décembre, et mon regard se perdit dans le ciel sombre. Il était sans doute temps que je rentre. Je voulais rentrer. Il était sans doute temps que je le laisse. Je voulais le laisser. Mais je n’y parvenais pas. J’étais faible. Il l’avait lui-même. Faible et naïve et idiote. « Je suppose que je dois te remercier… » poursuivit-il. « Tu n’étais pas morte tout ce temps. Tu as arrangé les pots pendant une année. Je t’ai pleuré. Je t’ai croisé. "Je t'ai parlé". Mais je ne t’ai jamais senti. Même sans le savoir, je perturbe l'ordre que tu établis. Je ne suis pas revenu à Londres. Ce n’était pas moi et tu étais morte. » Je balayai ses paroles d’un geste de la main. Cela n’avait plus d’importance, désormais. Cela ne voulait plus rien dire. Cela ne voudrait plus jamais rien dire. Mon meilleur ami était mort. Je devais faire mon deuil avant que je ne finisse par sombrer à mon tour. Les contacts par voies interposées que nous avions eus durant l’année de mon absence auraient eu une importance s’il n’avait pas piétiné l’être que j’avais aimé. L’être que j’aimais encore malgré moi. Désormais, cela était trop tard. Quelque chose s’était brisé. Et aucun de nous deux ne semblait disposer à ramasser les morceaux.
Je parlais trop. Je parlais trop et j’en avais conscience. Cependant, la conversation me semblait si fausse que je perdais doucement mes moyens. Son rire ébranla la pénombre. Je frissonnai. Il m’effrayait. Il m’effrayait bien plus que je n’osais me l’avouer. « Et je n’en méritais pas autant. C’est ça ? » lança-t-il. Je remontai mon regard vers lui tandis qu’il touchait mon bras. Je le retirai de sa main avant qu’il ne puisse établir un véritable contact. Je refusais son toucher. Le dernier qu’il avait pu avoir envers moi s’était révélé dangereux pour ma propre santé. « En quelque sorte. » lui répondis-je. Je ne m’attardai pas sur la question. Mon esprit me répétait sans cesse que je ne lui devais rien ; que je ne lui devais plus rien du tout. Tout en mordant l’intérieur de ma joue, je continuai de lui parler de la poursuite judiciaire, évoquant mon père qu’il avait eu le culot de frapper. « Je n’ai rien demandé. J’ai frappé ton père parce que je savais que tu allais te dégonfler. Je te connais par cœur, Princesse Lancaster. Mais tu es incapable de me voir tel que je suis réellement… » me murmura-t-il. Je fermai les paupières avec violence pour réprimer la colère passagère qui me prenait. Je tremblai. Je tremblai d’une rage sourde, alors qu’il attrapait entre ses mains les poignées de mon fauteuil pour m’emmener ailleurs. Sans me demander. Sans prendre en compte que je détestais de tout mon être ce simple geste. Je gardais mes lèvres fermées. J’espérais avoir l’occasion d de partir d’ici sans la moindre dispute. Je ne savais pas si mon cœur était capable de supporter de nouvelles paroles acides venant de sa part. « Je ne veux pas me battre devant elle. Aïda ne me pardonnerait jamais de t’avoir trahi. Mais elle n’est plus de ce monde. Tu devrais revenir la voir… Parfois. J’ai toujours pensé qu’elle aurait adoré ta compagnie. » Je retins ma respiration. Je retins ma respiration mais rien n’y fit. « Tu m’as pourtant prouvé que ma présence n’était pas demandée. Je ne voulais pas que ta mère soit oubliée. Tu viens de me montrer que cela n’était pas le cas. Je ne vais pas m’amuser à relever tous les pots que tu peux renverser jusqu’à la fin de ma vie. » J’aurais aimé lui dire d’aller se faire voir. De me laisser tranquille. De lâcher mon fauteuil et de m’oublier, de m’oublier comme j’aurais aimé l’oublier. Mais je ne parvins pas à dire le moindre mot que mon esprit pouvait bien penser. Je ne parvins pas à explicitement dire quoi que ce soit. En plus d’être prisonnière de mon corps, j’étais prisonnière de mon cœur. Il me faisait peur, l’homme qui m’avait jeté dans l’océan. Il me faisait peur, l’homme qui m’avait abandonné dans le froid de novembre pour finalement me laisser attraper une pneumonie. Peut-être que Julian avait été prédestiné à être ainsi. A être comme son père. Toutes les âmes ne pouvaient pas être sauvées. « Tu n’avais pas le droit de frapper mon père. M’insulter, d’accord. Me noyer, d’accord. Me refiler une pneumonie, d’accord. Mais pas lui. Pas mon père. » repris-je en me redressant. « Il y avait des limites, Julian. » Je conservais la tête haute. Le regard perdu dans le vague. Je ne voulais pas lui montrer que j’étais faible. Je ne voulais pas lui montrer que j’avais peur, peur de lui.
Alors qu’au fond de moi, j’étais terrorisée. Terrorisée par ce qu’il était.
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() message posté Sam 6 Déc 2014 - 20:30 par Invité
“I've hit the ground. Gone right through it. Never in my life have I felt this. Nothing like this. I've felt shame and cowardice, weakness and strength. I've known terror and indifference, self-hate and general disgust. I've seen things that cannot be unseen. And yet I've known nothing like this terrible, horrible, paralyzing feeling. I feel crippled. Desperate and out of control. And it keeps getting worse.” Je m’abandonnais à la douce brise de décembre. Mon cœur s’étouffait dans ses propres battements, marquant la fin d’une ère. Je clignais des yeux dans l’obscurité. L’univers tout entier se teintait de noir devant moi, comme si tout à coup j’avais cessé d’exister. Je n’étais plus que supplices et douleurs. Ginny disparaissait au loin, enveloppée d’un éclat de fumée. Elle s’en allait enfin. Je l’avais sauvé. Et tandis que je cheminais lentement vers l’aven, je me sentais tomber en lambeaux. Mon âme contre la sienne. Ma douleur contre son avenir. L’équation me semblait si juste et pourtant, le vide glacial se creusait dans ma poitrine. Pourquoi ne pouvais-je pas ressentir ne serais-je qu’un effluve de soulagement ? La culpabilité me collait vicieusement à la peau. Je bataillais contre les vestiges de mon amour perdu. Je bataillais avec acharnement parce que ma vie en dépendait. Toi, la fille des océans, jusqu’à la mort tu me suivra… C’était l’aboutissement de toutes mes erreurs. Je me détournais de la tombe de ma mère d’un geste las. Tu ne me reconnais plus, toi aussi. J’étais revenu à Londres en nourrissant l’espoir vain de retrouver un semblant d’existence. Eugenia, c’était la vie, le bonheur, et la promesse éternelle. Je m’étais présenté à elle en morceaux pour qu’elle puisse me guérir, mais elle n’avait fait que me briser encore plus. Je frémis au contact du vent. Mes yeux mouillés cillaient afin de lutter contre mes émotions. J’avais si mal mais elle ne voyait rien. Comme toujours le trouble était invisible, évident. Je crispais mes doigts frigorifiés dans mes poches avant de lui sourire d’un air absent. Je croyais qu’en touchant la fond mon sortilège serait enfin levé, mais ma condition n’était pas bien différente. J’étais toujours là, à mille lieux de la frôler ou de la toucher.

« J’avais cru comprendre, oui. Je suis peut-être naïve mais loin d’être la dernière des imbéciles.» Répondit-elle avec un détachement qui lui était étranger. Je retins mon souffle en la fixant. Je la voyais se redresser, étincelante, et rougeoyante. Elle renaissait de ses cendres sous mon regard impuissant. Je déglutis afin de soulager ma gorge serrée. Il me semblait que l’envie de pleurer ne me quitterait plus jamais. Je ne savais pas l'aimer. Je ne savais pas attendre en retour. Je tordis ma bouche dans une inflexion bizarre, comme un enfant au bord des larmes. 348 jours? c’était le temps qu’il m’avait fallu pour l’oublier. Et à chaque fois qu’elle m’échappait, mon cœur s’affolait, pris de panique. Je cherchais la paix dans la religion – Amen, Dieu est au-dessus de tout. Il me regarde de partout. Il me suit ailleurs. J’étais à genoux face au désespoir. Le Dieu vaincu par la fatalité devient Satan. Je fermais les yeux sur l’expression pieuse de mes pensées. Je n’étais pas catholique. Je n’avais même pas suivi les origines orientales de ma mère. Mais on m’avait un jour dit que les religions étaient aussi diversifiées que les mœurs et les langues des peuples. Il suffisait d’avoir la foi, et le tout puissant par son esprit de compassion et son amour éternel acceptait tous ses enfants perdus. Je soupirai en frôlant la miséricorde.

« Je crois que c’était facile de ne rien te dire. » Je respirais avec difficulté. A présent plus rien n’avait d’importance. « Tu connaissais toutes mes blessures, j’ai pensé me créer une image. » Je marquai un silence. « C’était stupide d’essayer de t’impressionner. »

Je voulais mettre fin à cette torture. L’horloge brisée, restait figée sur cet instant précis, ou tout s’effondrait autour de nous. J’étais à peine vivant. Mes mains se posèrent sur elle, mais elle me rejetait inévitablement. Je fis un mouvement de recul, avant de faire dévier la trajectoire de son fauteuil roulant.

« En quelque sorte. »

Je soupirai avant de me forcer à rire. Je fis quelques pas en la laissant derrière moi. Je ne voulais pas la forcer à prendre la même direction, mais il n’y avait qu’une sortie dans ce cimetière.

« Tu m’as pourtant prouvé que ma présence n’était pas demandée. Je ne voulais pas que ta mère soit oubliée. Tu viens de me montrer que cela n’était pas le cas. Je ne vais pas m’amuser à relever tous les pots que tu peux renverser jusqu’à la fin de ma vie. » Elle se tut quelques instants. Je voyais la colère se dessiner sur ses traits sombres.« Tu n’avais pas le droit de frapper mon père. M’insulter, d’accord. Me noyer, d’accord. Me refiler une pneumonie, d’accord. Mais pas lui. Pas mon père. Il y avait des limites, Julian. »

Je balançais tout à coup avant de sentir mon genou craquer. Je ployai en me cramponnant aux arbustes. La chaleur de mon inflammation imaginaire grouillait sur mes cuisses avant de me retenir captif de cet endroit maudit. Je me refusais de partir, et inconsciemment je restais à ses côtés.

« Tu n’avais pas le droit de m’aimer. Me briser, d’accord. M’abandonner, d’accord. Mais pas ça. Tu n’avais pas le droit de me narguer après tout ce temps. » Murmurai-je au souvenir de mes illusions déçues. « S’il te plait Eugenia, je te le demande comme une dernière faveur … » Suppliai-je d’une voix brisée. « Ne me déteste pas ici. Aïda … pourrait … prendre … exemple …sur toi… »

Je me redressai en tournant de l’œil. Jamais encore je n’avais ressentis mes spasmes avec autant de violence. Je titubais à bout de force, puis dans un dernier souffle je m’adressai à elle : « Je ne voulais pas te faire de mal. » Je serrais la mâchoire. « Tu as reçu le phénix ? Je l’ai fait graver pour toi… »

L’écriture était minuscule, presque illisible. J’avais triché afin de garder le secret sur mes confessions intimes. J’espérais que mes appels au secours, passeraient inaperçus comme avaient pu le faire mon amour et ma dévotion durant des années.

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() message posté Dim 7 Déc 2014 - 15:16 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ Il m’avait tant rejeté. Rejeté dans ses paroles. Dans ses gestes. A l’aide de ses grands airs et son arrogance nouvelle. Comment aurais-je pu sauver une personne qui ne désirait pas d’aide ? Qui ne me désirait plus, moi ? Je m’étais retrouvée démunie face à ses réactions, face à ses mots qui n’avaient fait que me blesser à chaque fois un peu plus. Je n’avais pas réussi à me frayer un chemin jusqu’à son cœur. Je n’étais pas parvenue à réparer les morceaux, même après les avoir ramassé, avec application, un à un. J’avais essayé. J’avais essayé de tout mon cœur et de tout mon être. J’avais espéré y parvenir. J’avais espéré que les choses s’amélioreraient. Il avait été celui à m’achever. Il s’en était fallu de peu, de très peu ; pourtant, il avait signé la fin de notre amitié en un éclat de colère. Il m’avait repoussé une fois de trop, comme s’il ne l’avait encore déjà assez fait. Je déglutis. Mon corps tout entier était tendu en sa présence. Il générait chez moi une peur panique sourde qui rongeait chaque parcelle de mon cœur. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas comment nous avions pu en arriver là. Je ne comprenais pas à quoi tous ces mois avaient rimé. Je ne comprenais pas le sens de cette relation en équilibre que nous avions entretenu.
Il avait jeté du chaud et du froid. Il avait été adorable et mesquin. Il m’avait fait rire et pleurer. Au fils des jours, de ces instants et de ses humeurs, il m’avait blessé puis soigné, m’avait serré dans ses bras pour ensuite m’étouffer. Il m’avait perdu. Il m’avait perdu dans le vaste océan de ses pulsions tantôt câlines tantôt meurtrières et je n’avais jamais su quelle réaction adopter en a présence. Je m’étais accroché trop longtemps à lui. J’avais enduré ses sautes d’humeur sans rien réclamer en retour, hormis sa présence ; mon père m’avait démontré plusieurs fois, les jours passés, à quel point cela n’aurait pas dû être mon rôle. A quel point j’avais souffert pour rien, absolument rien, souffert pour ne souffrir qu’encore plus. Julian avait sa vie, désormais. Je n’en avais fait partie que par substitution, je n’en faisais partie qu’en insistant. Il n’avait pas voulu de moi. Il me l’avait démontré plusieurs fois, ces choix devenant de plus en plus violentes. Il fréquentait des filles. Il vivait, il vivait comme il avait pu le faire lorsque je m’étais perdue dans mes sentiments de gamine à son égard quelques années auparavant. Cela aurait dû être leur rôle à elles de prendre soin de lui. Pas le mien. Cela n’était plus le mien.
J’aurais aimé que cet instant n’ait pas lieu. Cela ne faisait que raviver des sentiments que j’aurais préféré oublier. Que j’aurais préféré enterrer. Et faire mon deuil. « Je crois que c’était facile de ne rien te dire. » ajouta-t-il. Mensonges, mensonges. Il n’y avait que cela. Des mensonges. « Tu connaissais toutes mes blessures, j’ai pensé me créer une image. C’était stupide d’essayer de t’impressionner. » Mon regard se posa furtivement sur lui avant que mes yeux ne cherchent un autre point d’accroche. Je refusais de l’observer. Son corps, son visage, ses moindres traits me ramenaient en arrière. Je refusais d’être faible. Je refusais de lui pardonner une nouvelle fois. Une nouvelle fois qui n’aurait été que vaine.
M’accrocher. Je ne savais plus le faire. Je ne voulais plus le faire.
Ses mains se détachèrent de mon fauteuil et il s’avança vers la sortie du cimetière. Je ne bougeai pas, songeant à une façon de lui échapper ; depuis que mes yeux s’étaient posé sur lui, j’avais rêvé de couper court à cette rencontre, rêvé de m’en aller sans parvenir à le faire. J’avais l’impression que tout était fini. Que nous avions terminé un livre, le livre sur notre histoire, le livre sur ce que nous avions été et ce que nous aurions pu être. Nous avions posé un point à la dernière phrase du dernier chapitre. Cela aurait pu être une romance, mais le reste nous avait écartés de la fin heureuse. Ne portais-je pas moi-même le nom d’une héroïne de tragédie ? Berenice n’était qu’une pièce de plus de Racine. Mes parents avaient dû comprendre, en me voyant pour la première fois, que je ne pourrais pas vivre heureuse. J’étais une tragédie à moi toute seule. « Tu n’avais pas le droit de m’aimer. Me briser, d’accord. M’abandonner, d’accord. Mais pas ça. Tu n’avais pas le droit de me narguer après tout ce temps. » marmonna-t-il, faisant écho à mes propres paroles. Je me retins de rouler des yeux, la colère inondant mon corps. J’aurais aimé lui répliquer des paroles acides. J’aurais aimé lui tenir tête. Mais j’étais fatiguée. Fatiguée de me battre. Mais j’étais effrayée. Effrayée par toutes les horreurs qu’il était capable de me lancer.
Il se tint le genou, en proie à la douleur. Je baissai le regard. Cela ne m’importait plus. Cela n’était plus censé m’atteindre. Il se fichait de ma douleur. Il me l’avait démontré plusieurs fois. Pourquoi devrais-je donc me soucier de la sienne ? J’étais lasse d’être impliquée dans une relation à sens unique. J’étais lasse d’être la seule à se sentir concernée. J’étais lasse de l’injustice. Lasse de mon existence. Lasse de tout et du reste. « S’il te plait Eugenia, je te le demande comme une dernière faveur… Ne me déteste pas ici. Aïda… Pourrait… Prendre… Exemple… Sur toi… » gémit-il. Mes yeux se plantèrent dans les siens. « Je ne te déteste pas. » lui répondis-je avec sincérité. Mon visage était fermé, mes traits lissés par la colère et la désillusion. J’avais l’impression d’avoir vieilli de cent ans depuis la dernière fois que j’avais bien pu le voir. J’avais laissé la gamine derrière moi. Je m’étais abandonné comme il avait pu m’abandonner à sa manière, lui aussi. « Tu m’effraies. Tu as gagné. Est-ce que tu te sens puissant ? Est-ce que tu te sens mieux ? Il n’y a pas de haine dans mon cœur. Juste de la peur. Tu ne fais si peur que tu me paralyses dans doute encore plus. » Je marquai une pause. « Et, pour ton information, je n’ai pas choisi de t’aimer. Tu peux me blâmer pour beaucoup de choses mais pas pour celle-là. » Je posais enfin mes mains, enveloppées dans des moufles tricotés en grosse laine, sur les roues de mon fauteuil. J’avançai à petits coups, quittant la tombe d’Aïda, tentant de rassembler le peu de fierté qu’il pouvait me rester sans parvenir à demeurer fière et neutre.
Je le regrettais, ce meilleur ami. Je le regrettais de tout mon cœur. Mais il était mort. Mort. Mort. Aussi mort que les feuilles tombées de leurs arbres en automne. Aussi mort que mon rire qui menaçait de ne plus jamais ébranler ma cage thoracique. Aussi mort que cette mère partie quand il était trop jeune. Mort. Mort. Mort. Ce mot résonnait dans mon esprit. Il résonnait dans mon âme tourmentée. Il résonnait dans mon cœur creux et sans vie. « Je ne voulais pas te faire de mal. » Et pourtant, il l’avait fait. « Tu as reçu le phénix ? Je l’ai fait graver pour toi… » Mon cœur eut un raté. La chaine pendait à mon cou, sous mon pull en laine et mon écharpe, mon manteau d’hiver et mon bonnet. Il me suivait, pâle reflet de ce que j’avais été un jour, rappel cuisant d’une promesse que nous n’avions pas réussi à nous tenir. Je serrai la mâchoire. J’avais été si heureuse en constant qu’il l’avait toujours. Et cette satisfaction me paraissait bien loin, désormais. « Je ne l’ai plus jamais ressorti de ton enveloppe. » marmonnai-je. Mensonge, mensonge, mensonge. De toutes les fois où j’avais bien pu être avec moi, cela était la première fois que je lui mentais sur une chose qui ne concernait pas mes sentiments. Je l’observai, l’air impassible. « Après tout, il me faudra bien plus qu’une légende pour enfant pour m’aider à réapprendre à marcher. Pour m’aider à réapprendre à vivre. » Je balayai l’air d’une main. « N’était-ce pas toi qui me le disais ? Que j’étais trop naïve et candide ? Voilà, Julian. J’ai appris à grandir. Je n’ai plus besoin de toutes ces choses qui me rassuraient pour affronter la réalité. » Je continuai d’avancer. Je continuai d’avancer alors que mon cœur ne savait plus quoi faire. Je repensais à notre amitié.
Et mon esprit continua de me répéter le même mot. Mort, mort, mort. Nous étions morts. Nous n’étions plus rien, plus rien du tout, hormis des âmes en peine destinées à se séparer.
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() message posté Mar 9 Déc 2014 - 21:51 par Invité
“I've hit the ground. Gone right through it. Never in my life have I felt this. Nothing like this. I've felt shame and cowardice, weakness and strength. I've known terror and indifference, self-hate and general disgust. I've seen things that cannot be unseen. And yet I've known nothing like this terrible, horrible, paralyzing feeling. I feel crippled. Desperate and out of control. And it keeps getting worse.” Nous étions déchus. Mon sentiment de peur disparaissait peu à peu. J’étais livré à moi-même parmi les morts. Les étaux de ma prison se resserraient lentement sur mes côtes déformées. Tout ce que je voyais n’était que vide et désolation. Eugenia se dressait contre moi comme une chimère du passé. J’avais un million de séquelles, mais de toutes mes blessures, elle était la plus terrible. Cette une sensation horrible, paralysante, et trompeuse d’abandon me rendait fou. Je pensais que mon amour était invaincu. Je pensais pouvoir renaître de mes cendres et briller à ses côtés, mais plus je la côtoyais, plus mon cœur se brisait, et maintenant il s’en allait enfin comme elle lui avait ordonné. Elle ne s’en rendait probablement pas compte, mais je l’aimais probablement encore. Les images de nos rencontres se brouillaient dans ma conscience engourdie. La première fois que j’avais réalisé sa condition particulière n’était qu’un pur hasard. Je me demandais souvent si elle aurait un jour trouvé la force de me retrouver. Aurait-elle songé après des années, que j’étais malheureux sans elle ? J’avais failli à  ma mission. Je ne pouvais pas réussir et arborer le visage de l’indolence en sachant qu’elle avait disparu. Ma voix fluette raisonnait dans ma gorge avec une hypocrisie déconcertante. Je tendis les mains dans le vide avant de me relever. Je refusais de compatir à sa douleur d’une quel conque manière qui soit; mais son emprise sur moi était détonante. Ce n’était pas un concept d’âme-soeurisme complètement surfait, mais un serment très secret que je lui avais consacré. Ma main se posta presque machinalement sur ma cuisse douloureuse, il se passa un long moment avant que je ne réalise que je tenais le mauvais genou. Puis j’eus une révélation, j’avais mal à droite. Mon visage se ferma brusquement tandis que je tentais de maintenir mon équilibre. Mes lèvres gercées tremblèrent au contact du froid. Je m’abandonnais à la transe afin de revivre mon enfance par fragments. Je revoyais les poings de mon père s’abattre sur mes membres douloureux et pulvériser mes os fragiles. Je n’entendais Ginny qu’à moitié, laissant mes inhalations prendre le dessus sur mes angoisses. Mes poumons se comprimaient contre mon thorax avant de reprendre leur forme initiale.

Je ne te déteste pas. Je-ne-te-dé-teste-pas … Ces mots tournaient en boucle dans ma tête comme symphonie. L’espoir se faufilait vicieusement dans ma poitrine afin de rebooster mon égo. Je me raclai la gorge afin de sortir de ma torpeur. Je ne voulais pas la laisser partir. Je ne voulais pas la perdre. J’eus un regain de tristesse avant qu’elle ne détruise mes illusions. Les piques s’échappaient de sa bouche comme une pluie de météorites.

« Tu m’effraies. Tu as gagné. Est-ce que tu te sens puissant ? Est-ce que tu te sens mieux ? Il n’y a pas de haine dans mon cœur. Juste de la peur. Tu ne fais si peur que tu me paralyses dans doute encore plus. Et, pour ton information, je n’ai pas choisi de t’aimer. Tu peux me blâmer pour beaucoup de choses mais pas pour celle-là. »

J’eus un sourire terne avant d’éclater de rire. Mes bronches me brûlaient, victimes de mes excès de zèle. En effet, j’avais gagné, mais je ne ressentais aucun soulagement. Mon regard ombrageux transperça les tombes gravées, j’avais la désagréable impression d’avoir vidé la coupe de la vie, cependant j’étais toujours là. Je m’emportais comme une coquille vide malmenée par les surgissements de la mer. Elle posa délicatement ses mains sur ses roues. Je me mordis la lèvre inférieure afin de contenir ma rage. Je la regardais rouler sur le sol irrégulier, et cette injustice ne faisait que renforcer mon aversion pour le monde. Aïda flottait quelque part dans l’atmosphère, mais elle n’avait jamais pris la peine de me sauver – ou de la sauver. Mes bras tremblaient. J’avais perdu la foi en Dieu, et pourtant j’étais désespéré de retourner en son sein. Il était le seul à pouvoir entendre mes pleurs. Je battais des cils comme un enfant au bord des larmes. Parle-moi maintenant … J’abandonne. Je te rend ta liberté, enfant des Gales et de mon cœur.

J’évoquais le phénix comme une promesse ultime. Mes paroles manquaient de profondeur au point que je commençais à douter de ma propre sincérité. Le silence me semblait tout à coup être mon dernier allié.

« Je ne l’ai plus jamais ressorti de ton enveloppe. » Marmonna-t-elle. Mensonge ! Elle n’avait pas besoin de déployer autant d’efforts pour me faire souffrir. Je soupirai. « Après tout, il me faudra bien plus qu’une légende pour enfant pour m’aider à réapprendre à marcher. Pour m’aider à réapprendre à vivre. N’était-ce pas toi qui me le disais ? Que j’étais trop naïve et candide ? Voilà, Julian. J’ai appris à grandir. Je n’ai plus besoin de toutes ces choses qui me rassuraient pour affronter la réalité. »

Je me recroquevillais sous mon manteau. Je joignis les mains en levant les yeux au ciel. Il faisait incroyablement sombre, et pourtant tout était clair. Je la fixais se rebeller dans toute sa splendeur, et pour la première fois depuis nos retrouvailles, je remarquais son éclat singulier. Je retrouvais cette meilleure amie, et cette lycéenne aux énormes lunettes, qui scintillait de mille feux. Je me tenais debout au sommet de mon existence, incapable d’aller à sa rencontre ou de lui adresser un sourire. Il y' avait un mur de glace entre elle et moi.

« Tu te souviens … » Commençai-je d’une voix brisée. « Tu te souviens de mon départ à Liverpool ? Je t’avais laissé un mot dans le congélateur, juste au-dessus du pot de glace. C’était un poème :  Eloigne-toi ! Dès que tu auras lu cette feuille, Sauve-toi pour l’amour de moi. Il me semble avoir existé autrefois, le présent se meurt en moi, et cette heure seulement est vivante, qui de sa bouche si douce me parle de toi, de toi, et toujours de toi. »Récitai-je d’un air pieux. Je marquai un silence. « Il est mort. Il a lu le message et il s'est poignardé. Le gars est mort, comme je le suis aujourd’hui. Le texte se termine lorsque ses yeux se ferment. Je ne sais pas ce qui est arrivé à la reine, mais je crois qu’elle n’était pas assez déchirée pour inspirer une deuxième partie. »  

Je m’avançai en tremblant vers la sortie. J’avais mal comme si on m’arrachait les entrailles à mains nu. Mon articulation était brûlante. Je contractai mon abdomen afin de soulager mon fardeau.

« Tu n’as pas besoin de  tes légendes pour y arriver, Eugenia. Tu as besoin de trouver la foi. »  

Mes bras tombèrent ballants de part et d’autre mon corps. Je lui jetai un regard en biais.

« Je suppose que tu ne veux pas marcher à mes côtés. »  Soupirai-je. « Vas-y en premier. Je veux te voir te détourner de moi et partir. Je te dois un départ. »  


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() message posté Mer 10 Déc 2014 - 18:38 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ La vie n’avait aucun sens. La vie était vide, vide comme mon cœur, vide comme mon âme qui avait été usée, usée jusqu’à la corde, usée jusqu’à la moelle spirituelle de mes pensées éparpillées. J’y avais cru, plus jeune. J’y avais cru dur comme fer, persuadée que le monde serait un jour meilleur, persuadée que si je n’avais pas l’impression d’être à ma place, l’existence conservait tout son sens. J’avais cru que tout n’avait été qu’une question de temps. J’avais cru que les choses pouvaient sans cesse s’arranger. Je n’avais pas vécu pour moi mais pour les autres, dans l’espoir que le reste finisse par suivre. Je m’étais levé le matin pour faire plaisir à ma mère. J’avais enduré le lycée pour satisfaire mon père. J’avais accepté les critiques et les insultes pour faire plaisir à ma sœur. Je m’étais sentie ailleurs et à l’écart, rêvant au reste, rêvant à tous ces instants que je n’avais jamais connu et qui n’avaient jamais fait partie de mon quotidien. Je m’étais perdu dans mon être. Perdue dans ma candeur désillusoire. J’avais connu une centaine d’espoirs sans me rendre compte qu’ils seraient ceux à m’achever. J’avais connu une centaine d’espoirs pour finalement me perdre dans une idée fausse du bonheur, une idée enjolivée et désuète. Après des mois à me chercher, j’avais cru trouver ma place auprès de Julian. J’avais eu l’impression de saisir le sens de mon existence dans notre amitié imparfaite et apaisante, dans mes pensées puériles et mon attente interminable d’adolescente. Je m’étais trompée. Si, durant les années de répit que nous avions connu, j’avais cru pouvoir entrapercevoir la finalité de mon existence, je n’avais fait que m’achever doucement par moi-même. Je m’étais étouffée dans les espoirs. Dans ces espoirs qui s’étaient révélés bien plus blessants que le sens des réalités. Peut-être aurais-je dû apprendre à cesser de rêver lorsqu’il en avait été encore temps. Peut-être aurais-je dû apprendre à admettre le monde tel qu’il était, au lieu d’assister à ma propre chute dans les ténèbres de mon cœur brisé.
Le vent me mordait le visage, me rappelant à chaque fois l’amertume qui vivait dans les tréfonds de mon âme. Mon regard se perdait dans le cimetière. J’aurais pu y enterrer mon cœur. Mon cœur mort. Mon cœur décédé. J’aurais pu y enterrer mon âme, cette âme d’enfant qui n’avait fait que m’entrainer vers ma propre perte. Je déglutis avec difficulté, fermant les paupières en cherchant à retrouver une certaine contenance. La peur se mêlait au chagrin. La tristesse se mêlait à la colère. Mon cœur débordait de toutes ces émotions qui ne me quittaient pas. Qui refusaient de m’abandonner. J’étais en proie à chacun des tourments de mon esprit dramatique. Comme à mon habitude, je me surpris à désirer disparaître. A désirer en finir, à en finir le plus vite possible. Il n’y avait plus rien entre nous hormis des souvenirs. Nous nous étions appliqués à couper tout le reste. Et, au fond de mon cœur, mes sentiments agonisaient dans des lamentations oppressantes. J’aurais voulu les faire taire. J’aurais voulu les étouffer.
J’avais l’impression d’être une victime atteinte du syndrome de Stockholm. J’avais l’impression d’être une victime qui s’était attachée à son bourreau. Qui l’aimait, qui l’aimait malgré tout ce qui lui avait fait endurer. « Tu te souviens…  Tu te souviens de mon départ à Liverpool ? Je t’avais laissé un mot dans le congélateur, juste au-dessus du pot de glace. C’était un poème : Eloigne-toi ! Dès que tu auras lu cette feuille, sauve-toi pour l’amour de moi. Il me semble avoir existé autrefois, le présent se meurt en moi, et cette heure seulement est vivante, qui de sa bouche si douce me parle de toi, de toi, et toujours de toi. » me récita-t-il alors que je ne désirais pas entendre ses paroles. Alors que je ne désirais pas me souvenir de toutes ces choses qui n’avaient été qu’une illusion que notre relation était un fleuve tranquille. Je l’avais aimé. Il m’avait aimé. Pourquoi les choses n’avaient-elles pas été aussi simples ? Pourquoi nous étions-nous acharnés à ruiner ce que nous avions partagé ? « Il est mort. Il a lu le message et il s'est poignardé. Le gars est mort, comme je le suis aujourd’hui. Le texte se termine lorsque ses yeux se ferment. Je ne sais pas ce qui est arrivé à la reine, mais je crois qu’elle n’était pas assez déchirée pour inspirer une deuxième partie. »   Je l’observai, ne comprenant qu’à demi-mot ce qu’il cherchait à me faire comprendre au-delà de ses mots. Je me mordis l’intérieur de la joue fort, si fort que j’espérais que cela serait suffisant pour que je reste sur terre.
J’avais envie qu’il arrête. Qu’il arrête, tout simplement, comme mon cœur s’était arrêté de battre, comme mon corps s’était éteint. Qu’il arrête comme j’espérant que mes pensées cessent de s’entrechoquer. « Tu n’as pas besoin de tes légendes pour y arriver, Eugenia. Tu as besoin de trouver la foi. »   Sa voix brisait l’espace-temps. Sa voix brisait le silence et le cours de mes pensées. J’esquissai un sourire dénué de joie. Dénué d’âme. Dénué de sens et de vie. J’esquissai un sourire, perdue dans le sens de ses propos, perdue dans ce calme qui l’animait. Cela résonnait comme un au revoir. Cela résonnait comme un adieu. Cela résonnait comme un départ, comme un respect et une offrande. Je le détestais autant que je pouvais l’aimer. Il m’effrayait autant que j’avais bien pu avoir confiance en lui. Je ne souhaitais pas lui reparler, ni même le revoir afin de faire le deuil de notre relation et de ces enfants que nous avions un jour été. Pourtant, cela me serrait le cœur et les entrailles. Pourtant, ma gorge se serra et mon regard se fit vide. Vide de toute émotion. J’aurais pu rire et pleurer, en cet instant. J’aurais pu le serrer dans mes bras et le rejeter. J’aurais pu faire une centaine de choses et rêver d’encore plus encore ; était-ce cela, de dire au revoir à une personne qui nous avait déçu et blessé ? Etait-ce cela d’accepter de laisser partir une âme que l’on chérissait ? « La foi est futile lorsqu’on ne croit plus en rien. » répondis-je dans l’ombre d’un murmure. « Il n’y a que le courage qui m’aidera à avancer. » Le courage. Ce courage qui m’avait animé durant des semaines avant qu’il ne finisse par m’abandonner. Ce courage qui devrait inonder mes veines dans les semaines à venir. Ce courage qui sera contraint d’animer chacune de mes journées.
Les médecins me l’avaient dit. Ils me l’avaient répété. J’allais souffrir. J’allais avoir envie, plus que tout au monde, de rendre les armes. J’allais regretter, regretter d’y avoir cru. J’allais tomber cent fois et me relever tout autant. Mais je n’allais pas avoir d’autre choix que de continuer.
Julian me lança un regard et je détournai les yeux. Son regard me faisait encore plus mal que le reste. Je refusai de croiser ses yeux. De croiser ses yeux pour entrapercevoir cette âme que je ne comprenais plus. « Je suppose que tu ne veux pas marcher à mes côtés. » Mon esprit le reprit instantanément. Je ne veux pas parce que je ne peux pas. Je ne peux pas marcher. Cependant, mes lèvres demeurèrent fermées, mes yeux scrutant les environs.   « Vas-y en premier. Je veux te voir te détourner de moi et partir. Je te dois un départ. » J’avais l’impression qu’il me devait bien plus. Qu’il me devait un nouveau cœur. De nouveaux espoirs. De nouveaux sentiments, tout neufs et tout beaux, me garantissant que cette fois-ci ils ne seront pas brisés en mille éclats de verre. « Comme tu veux. » lui marmonnai-je. Et je posai mes mains sur mes roues pour avancer de quelques mètres, le laissant derrière moi. C’était difficile. Difficile de m’en aller sans me retourner. Comment avait-il pu le faire ? Comment avait-il pu supporter de partir en me laissant dans son dos sans m’aimer moins que moi ? Je fermai les yeux, avant de céder aux demandes de mon corps. Je m’arrêtai. Je me tournai à moitié, mon cou faisant le reste pour que mes yeux se posent sur son visage. « Je veux juste savoir une dernière chose. » demandai-je. « Est-ce que tu regrettes ? » Abandonner. Ce mot, si péjoratif pour mon âme, semblait être la seule issue dans notre relation brisée. Je le laissais partir. Je le laissais partir avec colère et rage. Je le laissais partir avec peur et angoisse. Je le laissais partir dans le souvenir de mes sentiments, ses sentiments que je tentais en vain de soigner. Je le laissais partir. Et il me laissait partir, lui aussi.
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() message posté Jeu 11 Déc 2014 - 14:09 par Invité
“I've hit the ground. Gone right through it. Never in my life have I felt this. Nothing like this. I've felt shame and cowardice, weakness and strength. I've known terror and indifference, self-hate and general disgust. I've seen things that cannot be unseen. And yet I've known nothing like this terrible, horrible, paralyzing feeling. I feel crippled. Desperate and out of control. And it keeps getting worse.” La réalité me percutait de plein fouet ; j’étais incapable de la retenir dans mes infinités. J’étais incapable de la conquérir et de l’aimer avec tout le désir qui m’habitait. Je ne ressentais plus Eugenia, et elle n’arrivait plus à me retrouver.  Elle était les éclats du soleil qui me guidaient vers la paix. Je lui devais la vie, et tellement d’autres de choses. Comme si je n’étais qu’une ombre spectrale, elle m’avait créé à nouveau. Et j’étais humain et intelligent. J’étais téméraire et drôle. Parfois j’étais séduisant et même lumineux à mon tour. Ce n’était pas une amitié ordinaire. Cela n’avait jamais été le cas. Je n’avais fait que la désirer tout le long. Plus je m’éternisais dans son monde, et plus j’étais animé par l’envie irrépressible et inévitable, non pas de l’emmener avec moi, mais de rester avec elle pour toujours, jusqu’à ce que mes traits s’usent et que mes os pourrissent sous la terre humide. J’avais décidé, à la minute où mon regard s’était posé sur elle dans la cafétéria,  qu’elle descendrait l’allée de l’Eglise avec sa longue robe blanche afin de devenir mienne– mais toutes mes visions étaient brouillées. Elle ne pouvait plus descendre l’allée, ou marcher à mes cotés.  Je fronçais les sourcils, j’avais l’impression qu’une partie de mon cœur mourrait dans cet endroit morbide où régnait le désespoir. Je rendais enfin les armes en l’abandonnant sur la tombe de ma mère. C’était un mélange de soulagement et de tristesse déraisonnable. Il y’ avait tant de supplices, et quelques bribes de lumière.  J’étais fatigué d’entendre les cris du vent. J’en avais assez de subir les lamentations de mon âme, ou les désillusions de ma raison. C’était fini. Mais je n’étais pas heureux. J’étais brisé. J’étais un filet de gazoline virevoltant autour du feu ardent, menaçant de tout faire exploser. Je me cramponnais aux buissons, comme pour retenir la vie de me dépasser, puis je tentai un pas en sa direction. Restes avec moi ! Je connaissais la douleur insurmontable, le deuil impossible, et la folie ravageuse. Je l’avais oublié pendant une année, mais elle était là. Comment étais-je supposé me tenir à quelques mètres d’elle, et refreiner toutes mes pulsions ? J’étais maudit. Il n’y avait pas de répit pour les âmes déchues.  J'esquissai un sourire, mais les expressions de mon visage me semblaient dérisoires. A quoi bon garder la face maintenant ? Il n’y avait plus qu’elle et moi dans l’obscurité.

« La foi est futile lorsqu’on ne croit plus en rien. Il n’y a que le courage qui m’aidera à avancer.»

Ce n’était pas Eugenia. Ce n’était plus ma Ginny, mais une pâle imitation destinée à me tromper. Je plissai le front en détaillant son visage placide. Je peinais à percevoir la candeur de l’enfant, mais elle restait resplendissante sous les réverbères du cimetière. Ses cheveux dessinaient une barrière impénétrable autour de ses joues. Je sentis ma gorge se serrer, notre histoire était tellement profonde, elle semblait me transpercer complètement. Elle se retourna en roulant vers la sortie. «  Comme tu veux. » Ce mots raisonnaient en moi comme un blasphème.  Je ne voulais pas, mais il le fallait … Ma thérapie n'était qu'une perte de temps. Elle ne faisait que pointer mes problèmes sans les résoudre. J’attendais un miracle divin, un appel de Dieu, pour me sauver.

Je ne la quittais pas des yeux, imprimant dans ma mémoire la douleur cuisante de son départ. Tout ce temps, je n’avais fait que l’imaginer se détourner avec grâce, mais à présent, elle n’était qu’une petite chose brisée qui avançait en grinçant sur les cailloux. Elle se retourna contre toute attente. L’espoir était vicieux, il me vendait des illusions déçus à nouveau.  

« Je veux juste savoir une dernière chose. Est-ce que tu regrettes ? » Demanda-t-elle avec douceur. Les images défilaient sous mes yeux.  Ses longues enjambées sur la plage, ses rires euphoriques, et ces instants de silence qu’elle m’offrait lorsque ma souffrance était trop grande. Eugenia était présente à chaque moment ! Je serrais mes poings contre ma poitrine.

« Oui. » Les mots avaient dépassés ma pensée. Je postai ma main sur mon genou sans la quitter des yeux. Il y’ avait des larmes de sang qui menaçaient de briser la quiétude de cet instant. Je sentais les palpitations de mon cœur battre dans ma boite crânienne, renforçant le fil de mes pensées. Je n’étais pas prêt à l’effacer de mon quotidien, ses messages me manquaient déjà, ses appels et ses envies de sucré nocturnes. Je déglutis. Mes dents me serraient.« Oui je regrette. » J’avançai à pas incertains afin de la dépasser, j’avais eu ma dose de départ. « Je regrette beaucoup de choses, mais je suis aussi reconnaissant. J’ai enfin ouvert les yeux, Ginny. Tu n’es pas heureuse avec moi. Tu ne le seras jamais. » Murmurai-je de dos.   Et malgré mes amours et mes relations – mes réussites et mes talents, tant que tu n’es pas là, avec moi, pour moi, je ne vivrais plus. Je me mets en suspens. J’avais cru pendant ma jeunesse que c’était ma passion pour l’écriture et mon ambition qui fermentaient mon désir d’exister, mais c’était faux. Je vivais chaque jour la concrétisation de mes rêves les plus fous, j’étais rédacteur de catégorie au TIMES UK, j’avais un livre en cours d’édition, une petite amie merveilleuse et douce, des amis fidèles et loyaux … Et pourtant, je ne me sentais pas chez moi. Et pourtant si j’avais encore le choix, ce jour-là je ne serais pas parti pour Liverpool sans avoir tenté l’impensable : Un dernier baiser.

« Tu ne me croiras certainement pas, mais je veux que tu sois enfin heureuse Eugenia Berenice Lancaster, Fille des Gales, déchue des Highands. » Je la regardais au coin. « Prouves-moi que j’avais tord de penser que tu étais stupide et naïve … Même si tu n'as rien à me prouver, j'attendrais ta vengence sur moi. » Je connaissais le poids de mes mots sur elle. Je les avais choisi avec intention afin de la marquer. Quitte à disparaître, je voulais au moins laisser une infime cicatrice sur sa peau.
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