Emma était sur le chemin d’école comme tous les jours pendant lesquels sa mère travaillait. Elle devait y aller seule, comme une grande avec des camarades de sa rue qui avaient accepté gentiment de l’accompagner. Elles ne se connaîssaient pas plus que ça, mais elles étaient dans la même classe et leurs parents se connaissaient. Il n’en fallut pas beaucoup pour que Zohra intercepte la mère d’une d’elle en pleine rue pour le leur demander… c’était sa mère. « Si ton père est mort, c’était sûrement un mauvais soldat. », la gamine marchait la tête baissée, supportant les remarques débiles et incessantes de celles qui devaient devenir ses meilleures copines. Qu’est-ce qui clochait chez eux ? Elles étaient toujours en train de mal parler des gens, de les rabaisser plus bas que terre… parce qu’elles se sentaient supérieures aux autres, tout simplement. Comment vous pensez qu’elles pourraient réagir face à une fille qui n’avait pas de papa et qui allait seule à l’école, le matin ? Bah rien de bien positif, au contraire. Elles ressentaient limite encore plus l’envie de lui pourrir sa journée.
« J’aimerais pas que mon père meurt, moi. Après, t’es toujours triste donc grincheuse, t’es mauvaise à l’école et tu deviens femme de ménage. T’as pas d’avenir, mais on est quand même tes copines. », c’était la phrase de trop. Alors que les deux fillettes continuaient de marcher comme s’il ne se passait rien, Emma se stoppa net, la tête baissée et essuya les quelques larmes qui étaient sur sa joue. Elle en avait assez, elle ne voulait plus partir avec eux, mais ce qui devait arriver arriva. « Quoi, tu pleures ? À 10 ans, on est plus un bébé, Emma. Dépêche, on va pas arriver en retard à cause de toi. Sinon, j’te promets que tu vas le regret… », la peste n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle partit en courant.
Les bras tremblants, sensible, la petite blonde se tourna pour voir un homme qu’elle ne connaissait que très peu. Phil, elle le voyait chaque matin, chaque soir même quand elle allait et rentrait de l’école. Et son allure l’effrayait au plus haut point. Ces tatouages, cette coupe de cheveux… il lui faisait peur. Et il faut dire qu’elle ne voyait pas énormément de gens qui avaient le corps recouvert de tatouages. Il se mit à sa hauteur puis prit la parole. « C’est… Tous les matins quand on va à l’école. Mais elles sont pas méchantes, elles rigolent. », les épaules haussées, elle se demandait pourquoi il avait intervenu. Il aurait pu la laisser régler ça seule. « Je… Je vais aller à l’école… » murmurait-elle en reculant, les yeux posés sur l’homme qui à ses yeux n’avait rien de rassurant. Mais en reculant, son pied heurta un objet puis elle tomba la tête en arrière.