the russian soul is a dark place ☾ vladimir

❝ There are unwanted emotions and pain
that goes along with any birth. ❞
11 MAI 1987.

Une remise. Une soirée. De l'alcool. Un avenir brisé. Deux inconnus. Enfin non, ça serait mentir que de dire que ces deux personnes ne se connaissaient pas. Ils ont déjà eu l'occasion de se côtoyer, un bon paquet de fois. Le premier, un homme, avec une carrure qui ne laissait pas douter de sa force et des heures passées à se muscler pour pouvoir sûrement faire peur à toute personne passant près de lui, était du genre à plébisciter la jeune femme. Elle, elle était tout le contraire. Plutôt svelte, élancée, finement musclée, le juste nécessaire et certainement pas dans la démonstration comme l'homme. Elle semblait douce et aimante. Même lycée, même quartier, forcément ça fait des liens. Mais ça serait honteux de laisser passer un détail qui rend l'histoire encore plus dramatique qu'elle ne l'était déjà. Un troisième homme, épris de la damoiselle, entrait dans l'équation. Tout était d'amour et d'eau fraîche entre lui et la jeune femme. Chaste. Beaucoup trop chaste. Pas de sexe avant le mariage, familles et éducations religieuses très importantes des deux côtés oblige. Détail bien important.

Les examens étaient finis. Il ne restait pu rien, juste à entrer dans le supérieur. L'avenir pour les deux tourtereaux était grandiose. Ils allaient refaire le monde ensemble. Ils avaient des projets incroyables. Sauf qu'il y eut un problème. Forcément. Une soirée. Cette soirée. Une soirée bidon pour fêter la fin de l'adolescence. Mais une soirée où l'alcool joua un rôle bien particulier. La jeune femme et l'homme à la carrure impressionnante finirent dans le même lit, ou plutôt dans la même remise, après un tas d'avance de la part de ce gentleman. Ceci était naturellement plus de l'ironie qu'autre chose. C'tait juste un soir. La suite ne fut que cauchemar. La jeune femme n'était pu menstruée. Enceinte. Les mots furent terribles à comprendre, incompréhensibles, inacceptables. Le mensonge encore plus. Il fallait justifier cette non envie soudaine d'aller à l'université, de rester dans la campagne russe, loin de tout. Le jeune homme à l'avenir prometteur s'en alla finalement vers des horizons plus joyeux après cette rupture douloureuse et non prévisible. Et la jeune femme resta sur place.. se mariant finalement à l'autre homme qui n'avait que pour projet d'avenir de tuer ces sales capitalistes de l'autre côté de l'océan, ces américains. La guerre froide prenait fin, l'urss s'écroulait. Que de joies. Le mariage était uniquement là pour cacher sa grossesse qui en dehors de cette cérémonie n'aurait été qu'une honte. Condamnée à enfanter et vivre au bras de cette brute, elle voulait tant bien que mal d'offrir la plus belle vie à son bébé, son erreur de jeunesse. Feodor.

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❝Adopting one child won’t change the world:
but for that child, the world will change. ❞
ANNEE 1994.

L'enfant avait maintenant sept ans. Il grandissait bien. Il était en pleine forme, il s'éveillait au monde, il était curieux et voulait s'amuser, courir, rire. Ce n'était pas toujours évident. Sa mère était décédée en le mettant au monde, prononçant malgré tout son prénom en le prenant une fois contre son sein. Un gazouillement en réponse. Une incompréhension dans le regard. Un amour infini entre les deux, puis le dernier souffle. Le père ? Un abruti fini. Un communiste qui n'avait pu longtemps à vivre. L'alcool avait raison de lui. Il était fou. Il était sanguin, impulsif. Feodor ne l'a pas connu. Sa vie n'a en rien été changée. Des gamins l'ont trouvé dans la nuit, s'amusant de lui. Des jets d'objets, des tests de souffrance, une bête de foire. Et enfin, un éclair. Ces enfants, ils ont sauvé Feodor d'une mort certaine. Ils l'ont pris avec eux. Ils l'ont nourris, ils se sont occupés de lui. Pas qu'eux, pas ces mioches de huit ans. Ils étaient beaucoup derrière. Une famille. Des vagabonds qui s'entraidaient. Des valeurs étaient omnisprésentes, comme la loyauté, l'altruisme et la protection. Ils se sont toujours aidés. Pourquoi pas un nourrisson en plus ? C'était complexe, un défi, une perte de temps et d'énergie également. Mais ils ont réussi. C'était leur nouvelle mascotte, c'était leur Alexei. Nouvelle identité. Sept ans plus tard, le bâtard était un des leurs, un enfant équilibré, robuste, vaillant. Part entière du clan. Ensemble, ils étaient plus forts que tout. Chaque membre apportait quelque chose. Alexei, lui, malgré sa gueule d'ange, était un pickpocket hors pair. Ils pouvaient se nourrir avec ses prises. Il était habile et fourbe. Un membre important. Mais ce n'était pas tout rose. Des fois, les pièces d'un puzzle s'effritent et ne rentrent pu toutes les unes dans les autres. L'image n'est pu aussi belle. Des tensions, combats de coq. Méfiance entre chacun. La fin de l'URSS avait déjà changé un peu l'esprit du groupe mais ça empirait avec les années, quand les plus grands devenaient adultes.

La main était agile, rapide, transparente à tout à chacun. Mais un étau l'enserra. Le rythme cardiaque du gamin accélérait. La chaleur montait. La peur. Il se dégageait. Tentative échouée. L'homme qui l'avait attrapé était plus fort que lui. Un vrai adulte. Un dont on peut avoir peur. Les yeux de chat potté ça pouvait pas marcher avec lui. Les secondes s'écoulaient lentement. Beaucoup trop même. Et les mots furent prononcés. Doucement, presque gentiment en fait. Une proposition d'emploi. A sept ans. Pas totalement ça, mais quasiment. Un nouveau foyer, une nouvelle famille, un tout. Alexei, il accepta. Il avait rien à perdre. Il était malin. C'était ça ou mourir. Pourrir dans une campagne russe, loin de tout. Il changea de prénom, pour éviter qu'on le piste d'une quelconque façon. Parano ? Non, simple précaution. Il devait avoir un QI au dessus de la moyenne pour réfléchir et raisonner ainsi. Mais personne ne l'aurait cru. Il savait à peine compter, lire. C'était un gamin des rues. La vie l'éduque, pas l'école. A quoi ça sert ? Il était très bien comme ça. Alexei, maintenant Stan, changea de quartier, de ville, d'endroit du tout au tout et une nouvelle vie s'écrivait. Mafia.

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❝ I don't even call it violence when it's in self defense;
I call it intelligence. ❞
31 MARS 2005.

Les années passaient. Lentement, puis rapidement, avec des montagnes russes. Des rythmes entraînants qui ne laissaient pas la vie monotone. La vie des russes ne l'était pas. Certainement pas. Un autre univers était ouvert. La violence était monnaie courante. Depuis toujours. L'intimidation, la peur, l'oppression également. La Russie était libre désormais. Ces enfants clairement non. Car il n'était pas seul dans cette situation. Mais c'était son choix. Il pouvait partir si il voulait, mais non. Il n'était pas libre dans le sens qu'il ne le serait qu'une fois capable de se défendre seul, d'être efficace, d'être le plus redoutable possible. Perfectionnement. C'était son chef mot. Finalement, il avait appris à lire. Sur le tard. A 10 ans. Et uniquement car cela pouvait servir. Il a toujours du mal, notamment avec le cyrillique. Il compense avec ses autres habilités. Car Dieu seul sait à quel point Stanislav était un élément clé, un talent qu'on ne voulait pas laisser partir, un modèle pour les autres garçons.

A l'instar de ces enfants soldats en Afrique, Vladimir était un espion russe. Le genre qu'on caractérise dans les films américains, avec l'accent bien prononcé, stupide, buvant de la Vodka. Pitoyable. Cette haine entre les deux puissances mondiales était ridicule. Jamais les états-unis ne seront à la hauteur. Les capacités des espions russes étaient sans équivalent. Les armes étaient une extension de leurs corps. Ils savent se battre sans être essoufflés après un combat, en le gagnant naturellement. Ils sont compétents, efficaces, redoutables. Ils maîtrisent toutes sortes de sports combats et les adversaires ne font généralement pas long feu face à eux. Face à lui. Stanislav. Si les autres étaient bons, lui était excellent. En plus de ses atouts physiques, il avait du charisme. Un sourire à les faire fondre, des manières de gentleman, une facilité à charmer. Avec plus de six langues maîtrisées, aucun obstacle ne lui faisait peur. Et certainement pas de devenir quelqu'un d'autre. Après tout, il était déjà deux en lui. Pourquoi pas quelqu'un de plus. Alors... une personne à se mettre dans la poche ? Laissez lui deux heures. Quelqu'un à approcher ? Une seule question: Qui sont ses collaborateurs à manipuler ? Tout était naturel chez lui. Depuis tout petit, il baigne dans ce monde si particulier, si froid, si violent et exigeant qu'il ne ressentait pu grand chose. Ressentir c'est être faible de toute manière. Alors il avait changé. Ce petit garçon autrefois souriant, heureux, expressif, extraverti était un autre maintenant. Les principaux traits qu'on lui donne sont manipulateur, sournois, maniaque, menteur, dur, perfectionniste. Ils sont vrais.

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❝ Success is not final, failure is not fatal:
it is the courage to continue that counts. ❞
RENTREE 2012.

Les missions, il les enchaînait. Il était bon Stan. A travers le monde, les gens étaient complètement manipulés. Même Poutine. C'était du haut vol. Le genre d'immersion où tout ce que tu as pu apprendre pendant des années te servent à rien. Seul le cerveau reste. La logique. Les réflexes durement acquis. Les informations circulaient librement dans certaines pièces du Kremlin. Boris les interceptait toutes. Celles nécessaires tout du moins. La mafia triomphait. Sommet de sa gloire. Une puissance à part entière. Pour cette mission, Boris a donné de sa personne. Trop. Le prix était cher. La mort d'un individu. Le coup avait été donné. Froid. Sans aucune émotion. Il était juste parti. La balle s'était enfoncée dans le thorax, dans les poumons. Dans le mille. L'homme s'était écroulé au sol. Ses derniers instants était gravés dans la mémoire du russe. Son souffle si dur, ses grognements, ses froncements de sourcils, ses mimiques, le sang craché, l'odeur, tout. Plus jamais il ne ferait ça. Il se l'était promis. Si il pouvait l'éviter, il le ferait. Faire toutes les missions, toutes les tâches, espionner, voler, racketter, brutaliser, torturer, aucun soucis. Mais tuer, c'était bien trop.. fini comme action qu'il ne pouvait s'y résoudre. Analyser, surveiller. Voilà ce dont quoi il était vraiment bon. Mais parfois, il faut donner de sa personne pour les boss.

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❝ A man of personality can formulate ideals,
but only a man of character can  achieve them. ❞
MARS 2015.

Vingt ans qu'il travaillait avec la mafia russe. Vingt ans de loyauté, de respect, d'apprentissage, de soumission également. Et pour rien au monde Stan partirait. Ou Dmitri maintenant en fait. Tout était parfait pour lui, c'était son mode de vie, sa façon d'être et de voir le monde. Certes, il ne s'était pas habitué à la luxure que cette existence pouvait lui offrir. Un ermite, un cas à part. On ne l'avait pas totalement changé. Les stigmates de son ancienne vie, de son éducation par ces vagabonds était toujours présente, pas totalement effacée par la remise à zéro qu'avait fait la mafia à ses sept ans. Il gardait même un tatouage qu'un gamin lui avait fait, pour tester un produit. Cela ressemblait à rien du tout. Une lune sûrement. Ou un début de soleil raté. Mais il était là, dans le creux de son bras. C'était ridicule pour un agent de son gabarit. Mais il le gardait. Pour se souvenir d'Alexei. Son lui. Son moi. D'autres avaient rejoint l'astre, ainsi que des cicatrices. Il était une personne du terrain, son corps le montrait mieux que n'importe quelle autre preuve.

Aujourd'hui, Dmitri est à Londres. Non, Vladimir. Voilà ce qui il était maintenant. Une mission de terrain plus importante, grande ampleur. Mais plus calme. Une femme à surveiller, une hackeuse. Inoffensive en apparence. Dangereuse quand on la connaissait. Elle avait fait partie de la mafia, elle avait récolté des informations capitales pour leur compte, elle avait fait des exploits que Vladimir ne pouvait qu'admirer. Mais elle était allée trop loin. Imprudente. Ses faits et gestes étaient enregistrés, analysés, scrutés. Pas un jour de repos ou de congé. Pas une seconde de détente. Vladmir prenait à coeur ce qu'on lui avait dit faire, mettant tout en oeuvre pour approcher la jeune femme à sa manière, gardant une distance de sécurité. Les proches avaient toujours été sa source d'informations de prédilection et encore une fois, ça ne manqua pas. Un jeune homme. Vladimir était rien. Ni hétéro, ni gay, ni bi. Il était rien. Il suivait les ordres, voilà tout. L'attachement n'avait jamais été son fort, mais il était tombé dans le piège et ça le fait paniquer maintenant. Freak out total. Mais pas en façade. Il reste en costard, toujours. Jamais de tshirt. De cette façon, propre sur lui, on ne peut pas croire que Maksim ne le laisse pas indifférent. Il se sentirait bien trop ridicule, comme à chaque fois qu'il sauve un animal. Sauf que cette fois, c'était lui le labrador. Merveilleux. Ina restait sa cible numéro un. Les choses se compliquent au fur et à mesure. Plus ça avance, plus les Romanov sont maudits dans la tête du russe.

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