Cogno regarde ça ! J'ai des mains faites pour l'or mais elles sont dans la merde ! + Indy

Un grand vacarme avait soudainement retenti dans la chambre d’Indiana. Il s’agissait d’un bruit sourd de colère, d’incompréhension. « Laissez-moi… » sanglotait-elle, les membres tremblant. Une véritable feuille morte. Peut-être se sentait-elle semblable à une feuille, actuellement, alors que ses yeux l’avaient abandonnée. On l’avait pourtant mise en garde contre ce vent contraire, mais en tête brûlée, la blondinette avait foncé, maintenant cette séance de parapente. Une erreur qui lui coûtait fort cher aujourd’hui, bien que le coupable ne résidait pas uniquement en sa petite personne : son moniteur empestait l’alcool avant d’embarquer à bord de l’avion, et avait nié toute prise du moindre petit verre. Ah, si seulement elle avait creusé davantage la piste, ou reporté cette chute à sensation… « Mademoiselle Green, je pense qu’il serait judicieux que vous ne vivez pas cette nouvelle seule. Pourrions-nous appeler l’un de vos parents, ou bien un proche en qui vous avez confiance ? » La réponse fut négative et sans appel. Après avoir envoyé valdinguer son plateau repas, elle était littéralement prête à se lever pour casser la tronche du médecin si ce dernier ne quittait pas la pièce sur le champ. « BARREZ VOUS J’AI DIT !!! » vociféra-t-elle en usant de sa voix la plus forte. Même l’infirmière présente fut tellement effrayée qu’elle sortit sans demander son reste, laissant la jeune demoiselle seule face à cette nouvelle insupportable. Car oui, Indiana avait perdu la vue. Le choc reçu à la tête la privait désormais de son sens le plus important, et venait littéralement de détruire sa vie. Et elle y tenait, à sa vie ! Sa liberté, son indépendance. La blondinette s’était battue pour ne pas être considérée comme une vulgaire fille à papa, pour ne pas dépendre de la fortune de ses parents, les Green, propriétaire du groupe Arcadia… mais aujourd’hui, sa propre place d’infirmière était compromise. L’envie d’appeler un proche était forte, bien évidemment, mais qui appeler ? Ses parents vivaient désormais à Monaco, la laissant voguer de ses propres ailes à Londres - ville qu’elle n’avait jamais quittée depuis sa naissance - ne lui rendant visite que pour ses anniversaires, Noël et quelques autres occasions spécifiques. En somme, hormis ses rares amis, l’héritière ne pouvait - et ne voulait - compter sur personne. Puis les appeler, pour leur dire quoi ? Qu’après une courte vie d’indépendance, de folies et de sensations fortes, elle n’était réduite qu’à une pauvre petite chose fragile ? « Hors de question… je ne veux pas, je refuse. Je ne peux pas !! » sanglota-t-elle, ses mains contre son visage, alors qu’à priori, personne d’autre qu’elle ne se trouvait dans sa chambre. Un large dilemme s’ouvrait actuellement à elle : continuer à vivre seule en risquant chaque jour de se blesser, ou réapprendre à vivre avec l’aide de quelqu’un ?

Quelques jours étaient passés depuis l’annonce de cette terrible nouvelle mais hélas, Indiana n’était pas parvenue à joindre ses parents. Elle avait néanmoins eu son petit frère, Brandon, au téléphone, mais l’idée de lui annoncer une pareille chose sans être en face de lui… non, elle n’avait pas pu. Alors à la place, elle avait ravalé sa rage et été une véritable coquille vide. Un déni absolu, bien que logique dans un processus de « guérison ». S’en suivraient probablement la colère puis l’acceptation… mais ces stades paraissaient tellement lointains à Indiana qu’elle refusait même de les envisager. A la place… pour le moment, elle s’en remettait aux conseils de son médecin, seul allié qu’elle acceptait à ses côtés pour l’heure. « Alors doc, c’est quoi la prochaine étape ? Si vous dites que vous allez me placer dans un asile, vous aurez à nouveau mon plateau de bouffe en mode frisbee dans la tronche, je préviens ! »