L’art de peindre n’est que l’art d’exprimer l’invisible par le visible.

Alexanderi… Euh non Aleksandi ?

Non, en fait c’est Aleksanteri

Ok alors Aliksan euh… Bref… Va…i…ri…nen ?

Euh non ça se prononce Va-u-ru-nèn.

Mais c’est bien des Y que vous avez écrit là non ?

*long soupire dépité*

D’accord… Et à part artiste peintre, vous avez un vrai métier ?

Cette scène, Aleksi, comme l’appel généralement son entourage, le vit au moins une fois par semaine depuis qu’il a quitté la Finlande, près de 10 ans plus tôt. Dans son pays natal, Aleksanteri portait un nom des plus banal et n’avait jamais eu à passer 15 minutes a expliqué comment le prononcer à ceux l’entourant.

Né à Tampere, Aleksi grandit entouré d’un frère de 8 ans son aîné, Erkki, et de ses parents. Malheureusement, le deuil frappa tôt le jeune garçon qui perdit sa mère d’un cancer alors qu’il était âgé de 7 ans. Cela ne l’empêcha pas de mener une vie normale, élevé par son père et son frère.

Enfant intelligent mais timide, Aleksi préféra bien vite la solitude de sa chambre aux places de jeux utilisées par ses camarades. Au sport, il préféra très vite le dessin et ce qui avait d’abord eu l’air de n’être qu’un passe-temps se transforma en véritable passion. Très talentueux, Aleksanteri entra dans une école d’art renommée à Helsinki où son père lui imposa un cursus en graphisme.

Son diplôme en poche, Aleksi fut décidé à suivre son rêve et à devenir artiste peintre. Bien que très doué en représentation, nature morte comme portrait, il s’illustrait particulièrement en art abstrait, son domaine de prédilection. Mais son père, estimant qu’artiste-peintre n’était pas un métier, s’y opposa fermement. Une violente dispute éclata alors entre eux deux et Aleksi, le jour même, remplit un sac de sport avec des affaires prises un peu au hasard, vida son compte et prit le premier avion pour San Francisco avec l’idée de ne jamais retourner auprès de son père. Alors âgé de 21 ans et des rêves pleins la tête, il dû très vite se rendre à l’évidence, la réussite n’allait pas lui tomber dessus soudainement. Dès lors, il enchaina les jobs, de serveur à professeur de piano en passant par livreur de pizza, tout en arpentant en long et en large les Etats-Unis et en continuant de peindre durant quelques années. Peu à peu, quelques uns de ses tableaux commencèrent à se vendre. A petit prix certes, la plupart juste pour décorer des salles d’attente mais ses tableaux se vendaient peu à peu. A 25 ans, il fit un passage par Tampere, sur demande de son frère, pour aplanir un peu les angles avec son père avant de partir pour le Japon puis pour l’Australie.

Et puis, il y a 4 ans, le hasard voulu qu’il pose ses bagages dans la ville de Londres. Haut lieu culturel, il espère depuis enfin y percer dans son art. Mais son retour en Europe n’est pas le fruit du hasard. En effet, il prit la décision de revenir sur le Vieux Continent en apprenant que son père  était malade d’un cancer, ce mal qui lui avait déjà enlevé sa mère. Ainsi, il peut régulièrement rentrer en Finlande pour aller le voir.

En attendant enfin la gloire, Aleksi a dégoté un travail de graphiste dans une entreprise publicitaire et expose de temps à autres dans des petites galeries de la ville.