"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici there’s a desert in his mouth (theodore) 2979874845 there’s a desert in his mouth (theodore) 1973890357
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there’s a desert in his mouth (theodore)

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() message posté Mar 12 Jan 2016 - 0:30 par Invité


but i am only left suffocating for a flame that will never burn. ✻✻✻ Une note. Une simple note, quelques mots alignés sur un bout de feuille. Des mots courts, presque trop. Elle avait longtemps contemplé cette note, celle qui avait changé le cours du procès. Elea avait fait vite le rapprochement, mais n’avait pu détaché ses yeux sombres des mots tracés par une écriture chaotique et foncée. Parce que tout son être faisait le rapprochement. Parce qu’elle ne pouvait s’empêcher de coller sur cette note des mots différents, mais ayant la même finalité. Et elle se souvenait de son cœur, de ces morceaux qui avaient joncés le sol, en même état que le verre qu’elle avait jeté contre un mur. Des petits bouts coupants, tranchants, en lambeaux, bien loin de l’immensité entière qu’ils représentaient quelques jours avant.
Des années plus tôt. Une autre histoire. Des protagonistes différents. Une fin différente, sûrement plus heureuse. Plus longue pour Elea sûrement. L’autre femme n’avait pas eu cette même chance ; celle-là était également tombée amoureuse d’un connard, mais eu meurtrier, fou. Alors oui, Elea Marshall avait eu de la chance, s’en était tirée avec un cœur en miette, mais un corps entier. Et c’était cela la réelle chance. Elle s’en était tirée. Elle avait grandi. Elle avait évolué.
Mais tous ces mots, ces encouragements quand l’ombre d’un cœur se faufilait la nuit dans sa poitrine, avaient disparus momentanément quand elle avait vu cette note. Alors elle avait fait ce qu’elle faisait de mieux, cacher la souffrance qui secouait ses membres en se jetant comme un chien enragé dans la bataille procédurale. The Wolf is here, and here to stay. Elle avait gagné la guerre, avait remporté chez elle une autre médaille de procureur, qui pourtant n’avait pas remplacé le creux de son cœur. Pourtant il se reboucha dans la nuit, comme si de rien n’était. N’était-elle pas une œuvre d’art, un patchwork d’années à repasser une couche inexistante ?
Le lendemain, rien n’était comme la veille, et elle avait vu examiner de nouveau cette note sans se sentir différente. Elle allait de nouveau bien ; ce n’était qu’une petite faiblesse de passage. Et Elea n’acceptait pas les faiblesses.
Alors elle avait enfilé sa robe de procureur, avait gagné le procès. Alors elle avait enlevé sa robe, et regagné ses vêtements civils, suivant ses collègues dans un bar, un de ceux classes que contenait Londres. Elle les avait accompagné avec un sourire, un rire dans la voix, laissant de côté la personnalité mystérieuse qu’elle s’était créée sans le vouloir. Elle allait fêter cette victoire, parce que ce n’était qu’un moyen comme un autre de passer la page. Et elle alla s’accouder au bar, commanda un whisky, se moquant de sa collègue qui demandait un cocktail fruité, et avala d’un coup le liquide qui lui brûla la gorge. Mais elle était trop habituée à cette brûlure recherchée, à cette brûlure espérée pour ne montrer qu’un seul geste.
Elle laissa échapper un rire pour le policier qui s’était installé à la droite d’Hanna, la collègue avec qui elle parlait depuis quelques minutes. Elle remua les épaules discrètement, comme pour les délaisser d’un poids. Un poids qui se manifestait par la présence physique d’un regard posé sur son dos. Pourtant elle ne s’en accommoda pas. Ils avaient un rituel établi depuis quelques années déjà. Courtois, toujours au possible. Aucun indice de leur précédente relation –trop longue, trop courte, peut-être tout simplement de trop- ne se manifestait dans leurs agissements l’un envers l’autre. Pourtant, Elea ne savait toujours pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose, cette clause de cordialité qui s’était immiscée entre les deux anciens amants. Bonne, cependant, pour la majorité de son être. Elle aimait son travail. Elle vivait son travail. Elle respirait son travail, et n’allait pas laisser Theodore Rottenford lui gâcher le plaisir qu’elle y tirait. Ses lèvres fines s’étirèrent en un sourire moqueur. Il ne lui gâchera jamais aucun plaisir. Et elle se pencha en avant, attrapant un autre verre plein, et tendit l’oreille vers ses compagnons accoudés sur le même bar.
La discussion se déroulait paisiblement, et Elea était enfin arrivée à sortir cette enquête de son crâne. Elle allait y repenser le lendemain, refaisant le tour des indices pour voir si ne serait-ce qu’un minuscule élément lui avait fait défaut. Elle était obsessionnelle au possible, et ne pouvait pas vivre sans la confirmation qu’elle avait obtenu le verdict pour de bonnes raisons. Mais elle pouvait passer une soirée avec seulement des rires dans son crâne, elle supposait.
« Je reviens. » Elea sourit gentiment à Hanna, qui se leva en direction des toilettes, non sans ajouter un regard intentionné à l’égard du jeune policier, ce qui fit étirer les lèvres fines de la Marshall. Elle en profita pour sortir son téléphone et ouvrir sa messagerie, ses doigts fins et habiles touchant les touches afin d’écrire un message à sa sœur de quelques mois son ainée. Elles devaient diner ensemble un soir dans la semaine, et la plus jeune s’intéressait sur la venue de son beau-frère.
Le tabouret à ses côtés fut de nouveau utilisé, et Elea releva la tête avec un sourire pour poser des questions moqueuses à Hanna, quand elle s’interrompit au début de la phrase. Ce n’était pas Hanna. Son sourire ne redescendit pas d’un coup, Elea était trop bien habituée à gérer le mouvement de son visage. Un procés n’était qu’une pièce de théatre parfaitement orchestrée, Elea. Cependant, il devint plus petit, tout simplement parce qu’elle était plus proche d’Hanna qu’elle était du commissaire. Elle fit tourner ses doigts sur son verre, le leva en un salut, et en but une gorgée. « Félicitations, Rottenford. »
Et la brûlure dans sa gorge n’était pas du au whisky, mais au compliment qui revenait à Elea de droit. La courtoisie était une preuve de politesse masochiste, certainement.




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Theodore A. Rottenford
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() message posté Mar 12 Jan 2016 - 14:57 par Theodore A. Rottenford


“Maybe that's why he had started to fear suffocation. It wasn't so much drowning in the earth or sea but the feeling that he was sinking into too many expectations, literally getting in over his head.” Je me redressai dans mon siège avant de bouger frénétiquement les doigts à la surface de la table. Mon souffle se versait dans la pièce silencieuse. Il s'enroulait autour des meubles avant de se fondre dans l'ambiance étriquée de mon appartement. J'avais quitté le commissariat à dix sept heures. J'avais marché le long des avenues de la capitale avant de rejoindre le quartier de mon enfance. Je me sentais oppressé. Plus rien n'avait le pouvoir de m'attirer, de m'inspirer de la joie ou de l'espoir. Plus rien n'avait de sens autour de moi. Je revivais mes souvenirs, un à un, en suivant un enchaînement bien ficelé.  Puis le diable au corps, je me remettais en chemin, gravissant puis redescendant les ruelles tortueuses du centre-ville. Je traversais les allées comme un automate, incapable de me situer ou de choisir une destination finale. Mon esprit s'agitait violemment, perdu entre la brume grisonnante de Londres et la froideur accablante de Belfast. J'avais trahi mon père. Je l'avais fixé avec une lueur bestiale et j'avais sciemment pointé mon revolver sur sa poitrine. Je n'avais pas hésité. Je n'avais ressenti aucun regret lorsque j'avais appuyé sur la gâchette. J'essuyai la sueur sur mon front avant de presser mes mains sur les rebords du fauteuil. Les innocents n’existaient pas. Nous avions tous différents degré de responsabilité dans les maux qui rongeaient l'humanité. Il avait volé ma petite fille. Il l'avait retenue captive de ces idéaux qu'il m'avait sournoisement transmis. Je baissai les yeux vers le sol. Ma jambe tremblait en traçant des petits cercles autour de la moquette. J'obliquai vers la télécommande afin d'activer la radio. Les fluctuations de la musique s'épandaient sur mon esprit engourdi. En dedans et en dehors. Ils envahissaient ma conscience biaisée par l'oubli et la fatigue. Je m'arrêtai de respirer pendant quelques secondes. Je laissai ma poitrine s'affaisser, vide et glacée. J'étais tombé, mais l'aigle irlandais ne craignait pas les étendues boueuses de la terre. Il allongeait son tarse et ses griffes montreuses afin de reprendre son envol.
Une simple note. C'était de cette manière qu'Elea Marshall parvenait à résoudre ses enquêtes à présent. Des détails, futiles, ridicules et insignifiants. J'esquissai un faible rictus en joignant les mains sous mon menton. Elle accordait trop d'importance aux objets tandis que je foulais le sol d'un air impérial, le regard rivé sur le ciel et ses arcs nuageux. Je ne convenais pas. J'étais un étranger dans ses espaces immaculés. Pourtant, elle m'attendait. Tout le monde guettait mon apparition et ma chute imminente. Je soupirai en rajustant les plis de mon imperméable. Je me redressai devant l'entrée du bâtiment. Le vent se faufilait sous mes vêtements comme un poison inéluctable. Il redéfinissait les sentiers étroits qui menaient jusqu'à l'absolution. Ces sentiers dont je me refusais l'accès depuis des années. Je levai lentement le bras afin d'interpeller un taxi. Je devais boire avec mes collègues afin de célébrer la victoire, mais je retenais mes pulsions. L'ivresse ne me ceignait pas. Le trouble et la fatigue me rendaient méprisable. Je haussai les épaules, en m'installant dans le véhicule qui attendait au bord de la chaussé. Puis je marmonnai l'adresse du bistrot de façon intelligible. Le paysage qui défilait sous mes yeux éveillait ma crainte à la perspective de retrouver ma routine habituelle. Je ne savais pas comment me soustraire au destin que je redoutais. Mon héritage irlandais m'avait imposé la cruauté, et aujourd'hui, je triomphais en dirigeant mon savoir contre mon propre clan. Je crispai la mâchoire en essayant de garder le contrôle. Mais je n'étais plus le même homme. J'essayais de me raisonner comme on raisonne un enfant inquiet, mais l'enfant n'entendait rien, il prenait toujours la fuite à l'approche du danger. Il voulait vivre. Je tapai du pied dans l'habitacle avant de sommer le chauffeur de s'arrêter en double file. Je me sentais physiquement mal. La pluie s'enroulait autour de ma poitrine, elle enveloppait mon cœur de sa couverture de glace et d'argent. Mais je n'avais plus  le courage de porter cette armure. Je m'avançai dans la rue, poussé par une force qui m'emportait toujours plus loin. Je fis une large détour pour contourner le centre afin d'éviter la confrontation. De retarder mon exécution. Je déglutis et repris ma course, envahi par le flamboiement de mon désir d'être enfin libre. Je me noyais dans la foule. Je m'évanouissais comme un spectre parmi les passants avant de pénétrer dans un petit établissement cosy. Je saluai les agents de police qui s'étaient déjà attablé près de la terrasse, puis je m'installai silencieusement en crispant ma prise sur mon verre de bourbon. Ils parlaient. Ils riaient, et je les observais avec hauteur, sans me mêler à leurs frasques. Je ne me permettais aucun écart de conduite. La courtoisie. La modération. Telle était l'image que je miroitais afin de tromper mon entourage. Je regardais le profil d'Elea et les  contours de sa silhouette élancée. Je l'avais effleuré un million de fois. Je l'avais entendu gémir entre mes doigts puis se briser sous les pressions fébriles de mon torse. L'avais-je aimé un jour ? Je penchai la tête d'un air pensif. Peut-être pas. Peut-être trop. Elle était adossée au comptoir, les cheveux relevés, la nuque aguicheuse. Je m'avançai dans sa direction lorsqu'elle se retrouva seule, puis je m'assis à ses côtés. « Félicitations, Rottenford. » J’acquiesçai lentement avant de lui accorder toute mon attention. « Il n'y a plus personne. Tu peux m’appeler Theodore. » Je ne pris pas la peine de la féliciter. Ce n'était qu'un dossier compliqué parmi les autres. La vraie victoire, c'était d'embraser le destin. La vraie victoire c'était maintenant, notre échange, mon regard ancré dans le sien, mon odeur mélangée aux vapeurs de l'alcool, ma main effleurant son poignet. « Pourquoi une note ? » M'enquis-je en buvant une lampée de bourbon. Je remarquai sa boisson et un sourire mélancolique orna mon expression. Ses goûts n'avaient pas changé. Sa façon de bouger gracieusement et d'ignorer les appels du cœur, n'avait pas changé. Son masque, comme le mien, n'était qu'un leurre. Derrière la grande muraille, nous étions tous ébranlés.



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() message posté Sam 30 Jan 2016 - 16:07 par Invité


but i am only left suffocating for a flame that will never burn. ✻✻✻ Ses doigts pianotaient sur son téléphone, la peau touchant délicatement l’écran afin d’en tirer les lettres choisies. Elle aurait pu attendre avant d’écrire un tel message, il n’était guère pressant. Mais l’absence d’Hanna partie pour se rafraichir la laissait sans distraction de cette chaleur qui se répandait dans le bas de son dos, cette chaleur qui provenait d’yeux trop perçants posés sur son dos. Ses officiers l’appelaient the eagle. Elle comprenait que trop bien ce surnom, ce symbole de l’ordre et de l’efficacité surgissant des cieux pour attraper d’un coup sec et mortel sa proie. Elle en avait ri la première fois, quand on l’avait informé de ce surnom qui le suivait partout où il allait. Pour elle, il avait beaucoup d’autres noms, tous très différents de ce titre lié à de la peur comme à de l’admiration. Theodore, salaud, Theo, connard. Au fur et à mesure des années, tous ces surnoms qu’elle lui avait donné s’étaient brouillés, avaient fusionné pour n’en donner qu’un, un ultime surnom, un ultime nom. Rottenford. Les années avaient d’elle même éliminé la douceur autrefois liée à son nom pour n’en garder que la tristesse d’avoir été abandonné, la colère liée au meurtre de son meilleur ami et de l’implication probable de son ancien amant. Elle n’avait gardé de lui qu’un objet ; un dossier croissant de son appartenance à la mafia. Un dernier objet, un dernier souvenir, et un sourire étirant les lèvres du procureur dès qu’elle posait ses yeux dessus, dès qu’elle pensait à la culpabilité. Peut-être parce que cela lui donnait une raison de penser à lui, sans se sentir coupable de le faire. Peut-être parce que cela lui donnait une raison d’être toujours en colère, alors que trop d’années avaient passé.
Peut-être parce que la colère était la seule émotion qu’elle se sentait capable de ressentir envers lui.
Elle leva une main, ses doigts fins et agiles attrapant une mèche ébène qui s’était envolée du chignon tirant ses cheveux en une couronne, sa nuque délicieusement offerte aux regards. Tout était parfait dans son maquillage, dans sa tenue dévoilant un soupçon de sa féminité sans diminuer sa fermeté, dans son regard souligné d’un fin trait noir, de sa bouche qui était demeurée rouge toute la journée. Tout était parfait parce qu’Elea n’avait jamais apprécié le contraire. Sauf, peut-être, en compagnie de Jong-Hin, qui avait su mieux que quiconque la tirer hors de cette case dans laquelle elle s’était enfermée, l’emmenant, au début avec force puis ensuite sans même la prendre par la main, dans une vie plus libre. Mais Jong-Hin n’était plus là, et plus personne ne la prenait par la main pour lui dire de lâcher cette perfection qu’elle ne s’efforçait même plus à peindre sur ses traits. Un masque comme un autre, un masque si collé à sa peau qu’il ne s’effaçait plus quand elle nettoyait son visage avant de dormir.
« Il n'y a plus personne. Tu peux m’appeler Theodore. »
Et la bataille débutait, comme à chaque fois. Derrière la politesse, le désir d’un homme de contrôler chaque parcelle de sa vie, chaque geste et chaque réaction qu’il tirait des personnes en face de lui. Et Elea ne comptait pas lui offrir une seule miette de terrain sur laquelle il pouvait danser ; sa peau ne s’éleva même pas après son contact de la sienne contre sa main. « Ais-je seulement envie ? » avança t’elle, un sourire et un rire à la portée de ses lèvres. Il n’y avait aucune moquerie de son ton, ni même de reproche, une simple constatation. La présence d’autres ne l’avait jamais obligé à l’appeler par son nom de famille. Mais ce prénom n’était que dans le passé, dans une époque révolue, et elle n’avait aucune envie de replonger à mains perdues dans ces souvenirs.
Elle leva le whisky à sa bouche, trempant ses lèvres dans le liquide ambré, l’amertume et la puissance de la boisson, ambroisie et nectar des dieux dans sa gorge. Elle ne savait plus quand ce gout prononcé pour le whisky avait commencé. Il n’y avait jamais eu de période d’accoutumance. Juste la réalisation dès la première gorgée que le sucré ne lui convenait pas, qu’elle n’aimait pas l’enrobage dans de délicieux paquets, qu’elle voulait le vrai gout, sans masque, sans tromperie. Il ne fallait qu’un pas, qu’un peu de psychologie de comptoir pour comprendre un tel gout. Et Danny était la première à faire le rapprochement.
« Pourquoi une note ? » Elle tourna la tête vers Rottenford, des yeux sombres effleurant le contour de son visage. Une note, et n’était-ce pas ironique, n’était-ce pas amusant qu’un simple indice puisse autant résonner ? Il la regardait comme l’animal dont il tenait son symbole. Elle avait oublié à quel point son regard était un de ses atouts, la façon dont il regardait ceux qui l’entouraient. Pourtant, ce regard ne l’empêcha pas de répondre par un sourire amusé. « C’est assez surprenant, n’est-ce pas ? Le pouvoir de quelques mots sur un bout de papier, oubliés par tous les enquêteurs. » Et sa remarque des officiers n’était pas voilée. Elle avait été exaspérée, en voyant leur inaptitude. Elle était procureur, et ce n’était pas à elle ne passer derrière eux comme des enfants dont le travail n’était jamais parfait.
Elea leva encore une fois son verre, le terminant d’une dernière élégante gorgée. « Elle n’a que très peu d’importance maintenant. Du moment qu’elle a permit de prouver la culpabilité de Sheeran, » ajouta-t’elle, son visage ne reflétant absolument pas la colère qui grondait dans ses entrailles. Il osait poser une telle question, comme si de ne rien n’était. Mais il avait toujours été ainsi. A prétendre qu’il ne s’était rien passé. Peut-être ne prétendait-il pas. Peut-être qu’elle avait été la seule à être blessée. Et cela ne l’étonna même pas. Après tout, elle avait été idiote, amoureuse transie, gamine blessée. Ce n’était que la suite logique d’une histoire comme les autres, une histoire comme toutes celles qui arrivaient mille fois dans une journée.

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() message posté Ven 5 Fév 2016 - 16:00 par Theodore A. Rottenford


“Maybe that's why he had started to fear suffocation. It wasn't so much drowning in the earth or sea but the feeling that he was sinking into too many expectations, literally getting in over his head.” J'inclinai lentement la tête vers la silhouette d'Elea Marshall. Sa peau semblait si fine derrière son masque de louve enragée. Je voulais la toucher du bout des doigts. Je désirais approcher encore et m'étendre sur les battants de sa poitrine. Je ressentais sa douleur déchirante, ce cri assourdissant qui s'élevait au delà des sphères connues de l'homme pour résonner sur la conscience animale. Elle était faite de glace et je pensais être l'origine de l'acier. Un faible rictus se dessina au coin de ma bouche. Je ne craignais pas son expression menaçante et ses grands airs de défi car j'y retrouvais le dépit d'une amante que j'avais quitté trop tôt. Je soufflai sur son cou. Mon pouvoir de séduction ne se laissait jamais dissuader. Nous étions les éléments qui émergeaient de la nuit afin de se rejoindre sous les arcs d'un ciel sans étoiles. Je fermai la main sur mon verre de bourbon. Passé le supplice de la première rencontre, l'espace se muait avec grâce. Il changeait constamment. Il se transformait. Et je retrouvais derrière les murs du bar et ses décorations étriquées, les parois de notre ancien appartement à Boston. Je revoyais ses longues jambes glisser sur le carrelage alors que je rampais vers ses cuisses, les cheveux en bataille, le souffle haletant et le cœur en miettes. J'imaginais ses yeux ourlés d'ombre se fermer sous mes lèvres sucrées et l'obscurité qui enveloppait nos deux corps chevrotants sous le vent. Dis moi Elea, penses-tu que les gens qui souffrent ensemble sont connectés pour toujours ? J'avais absorbé son odeur comme une charge d'amour. Je l'avais vidé de cet onguent qui la rendait si belle et j'en avais fait une couronne d'ébène pour régner dans un  monde de poussière. Notre histoire existait car elle représentait une illusion. C'était un mensonge. Comme mon identité. Comme son armure. Je me redressai avec nonchalance sur mon siège. L'agitation de la pièce avait fini par disparaître. Je ne voyais plus rien. Pas une âme, pas un rire. Seulement le silence, un vide qui s'étendait de droite à gauche. De moi à elle. Si tu me détestes encore, tu m'aimes déjà. Je plissai ma barbe en sentant un pincement dans ma gorge. A quoi bon me tenir au milieu des ruines passées ? Je ne pouvais pas lui avouer mon terrible secret. Pour des raisons morales mais aussi par lâcheté. Je voulais lui épargner ce sentiment de dégoût de soi qui accompagnait mes longues nuits de solitude. Elea avait fraternisé avec l'ennemi. Elle avait participé, même sans le savoir, aux crimes qui étaient devenues irrémissibles aux yeux de la loi. Être attirée par un cinglé qui trimbalait des dossiers frauduleux, des cravaches et des litres de détergent dans son cartable, était sa première sentence. Il y en avait d'autres à venir.  
« Ais-je seulement envie ? » Je souris, amusé par la résonance de sa voix. Ses morsures n'étaient que des baisers volés au clair d'une lune incomplète. Je haussai les épaules sans lui porter un réel intérêt. Elea se vouait à une quête perdue d'avance. Elle ne pouvait par jouer avec les nuances du noir car il n'y en avait aucune. C'était noir, ni plus ni moins. Je tendis mes bras dans le vide avant de rire d'un air mauvais. Regarde-les bien. Ce sont mes ailes. L'objet de ta convoitise car j'y cache toutes mes preuves. L'emprunte du sang qui a coulé entre mes ongles lorsque j'arrachais la chair sur les os. Les traces de ta peau suintante sous les draps d'un lit qui respirait la vie. Tu te demandes ce que ça signifie ? Je crispai les doigts en plongeant mes mains sous les manches de ma longue veste. Je tournai mon profil vers sa gorge frémissante. Elle buvait avec aisance un liquide que j'avais toujours pensé trop amer pour une femme. Elea était fascinante. Elle exhalait son charme étrange comme un étincelle d'argent. Une aura qui m'attirait sans cesse vers les limites du raisonnable. Je me mordis la lèvre inférieure en plissant les yeux. « Parfois il suffit que moi j'en ai envie. » Soufflai-je avec lenteur. Je bus une gorgée d'alcool puis je relevai la tête en arborant une expression songeuse. «  Je peux t'entendre dans mes rêves, lorsque tu articules chaque syllabe. Lorsque tu murmures et que ta bouche se colle contre mon oreille. Le temps ne dénature pas certaines souvenirs... » Je marquai un léger silence afin de lui adresser un sourire narquois.«  Même quand on les regrette. » Je pinçai les lèvres en poussant mon verre d'un geste mécanique. Le barmaid s'approcha et avant même que je ne formule ma demande, il me servit un autre bourbon. Je le remerciai en acquiesçant puis je me laissai imprégner par les saveurs aigres du liquide ambré. Je ressentais ses brûlures dans mon œsophage et la sensation de bien être qu'il me procurait lorsqu'il atteignait le fond de ma poitrine. «C’est assez surprenant, n’est-ce pas ? Le pouvoir de quelques mots sur un bout de papier, oubliés par tous les enquêteurs.» Je n'étais pas convaincu. Les mots n'avaient aucune importance, seules les actions comptaient. Néanmoins, je saisis les sous-entendus sur l'inefficacité e de mon équipe d'enquêteurs. C'était amusant car malgré ses tentatives, Elea ne parvenait pas à ébranler ma vanité. C'était une notion que j'avais fini par rejeter après de nombreuses années à danser entre les deux rives opposées de la mer déchaînée. Je n'étais pas un policier. Je n'étais pas un mafieux. J'étais un putain de prédateur assoiffé de pouvoir. J'étais rongé par le mal et je me tortillais comme un serpent sans tête parce qu'on avait déjà extrait mon venin. Mais il me restait encore ma queue et mes muscles pour étrangler la proie. «Elle n’a que très peu d’importance maintenant. Du moment qu’elle a permit de prouver la culpabilité de Sheeran. » J'étais intrigué par la sévérité de son expression. Elle prenait la fuite à nouveau. Elle enterrait les reliques de notre histoire dans les profondeurs d'une terre boueuse et mouvante. Je ne comprenais pas. Je ne me souvenais pas. Je l'avais quitté sur une note et cela me semblait être un geste de noblesse. Les mots étaient trop éphémères. Les sentiments quant à eux, restaient immuables dans le cœur de celui qui les avait crée. Et moi, le jeune irlandais endeuillé, celui qui avait malencontreusement perdu son meilleur ami, j'avais bâtis tout un édifice sentimental. J'y avais inscrit mon prénom. J'y avais tatoué le sien. Telle qu'elle me l'avait appris. « Pourquoi tu es là dans ce cas ? » M'enquis-je avec détachement. Si l'enquête n'avait aucune importance maintenant. Si la note et sa victoire n'étaient qu'une routine journalière comme toutes les autres. Pourquoi être assise à mes côtés à cet instant précis, au lieu de quitter la salle ? « Ça a de l'importance pour une ancienne version de toi. » Une version qu'elle essayait d'étouffer derrière sa longue chevelure ténébreuse. Je haussai les épaules en croisant les jambes sur mon tabouret. Je m'étais lassé de nos regards échangés, et de ses attitudes mesurées, car je retrouvais mon propre reflet derrière ses paupières rosées. Elle portait mon visage de l'autre côté de la glace. Elea brillait lorsque je sombrais dans la nuit.
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() message posté Lun 29 Fév 2016 - 19:10 par Invité


but i am only left suffocating for a flame that will never burn. ✻✻✻Ses yeux sombres, enfoncés avec légèreté dans le triangle de son visage se posèrent sur les deux perles bleues de Theodore, seul refuge de la lumière sur le visage de l’irlandais. Elle traçait de son regard lascif les traits découpés durement par une barbe taillée, elle traçait les épaules mises en avant par un costume parfait. La plus grande réussite du Diable est d’avoir fait croire qu’il n’existait pas. Pourtant, il existait dans les replis de la veste de Theodore, il passait la tête par ces yeux si clairs. Elea l’avait toujours vu, l’avait toujours accueilli au creux de ses hanches avec un sourire, un autre enchantement. Et encore maintenant, après avoir creusé une affaire, en avoir sorti un dossier grandissant sur les agissements de Theodore Rottenford en sein de la mafia, ce corps qu’elle lui avait offert de nombreuses nuits semblait revenir vers lui. Pourtant, elle ne broncha pas, laissant ses courbes assises sur la chaise, ses jambes délicatement croisées, une statue de marbre laissée telle quelle après la venue d’une tempête. C’était ce que représentait Theodore pour la femme des bayous de Louisiane. Une tempête dont la première venue, la première apparence était toujours la plus dure. Quand il s’asseyait à côté d’elle, il la mettait au centre de la tempête, là, où les êtres humains étaient en sécurité. Mais elle savait que son sentiment de sûreté n’était qu’un artefact de la confiance qu’elle avait eu en lui, des années auparavant ; quand elle avait été sur que rien ne pouvait la toucher s’il était à ses côtés. Qu’elle était incassable, immuable. Et même des années après, il y avait toujours ce sentiment, ce rescapé de sa douleur, de sa colère. Comme si c’était impensable, comme s’il avait promis si fort qu’elle conservait cette assurance une décennie plus tard. Telle était la force de Theodore. Tel était son pouvoir, et Elea le détestait d’autant plus pour cela. Elle le haïssait de part son souvenir, qui s’était imprimé sur sa peau, sur ses cuisses, sur sa langue, tout comme elle se haïssait de n’avoir pas eu assez de force pour s’arracher les morceaux de peaux concernées par sa marque.
Derrière eux, la pluie de Londres battait les pavés, et avec un coup d’œil, les gouttes se transformèrent ; déviant la lumière pour modifier l’aspect des bâtiments, leur donnant l’apparence de ceux de Boston. Puis, une seconde plus tard ; ces bâtiments avaient repris leur consistance initiale, et le passé s’était incliné devant le présent, plus fort, plus puissant. Et Elea en avait fait de même, une gorgée brune plus tard.
Theodore bougea à ses côtés, et Elea étira ses lèvres rapidement, dévoilant quelques secondes ses dents qui captèrent la lumière pour la renvoyer, changée à jamais. Tu n’es pas le seul animal ici. Et un moment, tu devras te poser. Je t’attends. Je n’ai pas besoin de me fatiguer, tu le feras tout seul. Un mouvement gracieux de son cou attira le barman qui porta de nouveau la bouteille de whisky au dessus de son verre, et la langue d’Elea sorti, prestement, saisissant une goutte restant sur la courbe rebondie de sa lèvre inférieure.
« Parfois il suffit que moi j'en ai envie. » Elea s’esclaffa, portant lentement sa main devant sa bouche, ses yeux brusquement amusés. Il n’avait pas changé. Elle ne savait pas si elle avait souhaité un changement. Il était le même. Etait-ce plus facile maintenant ? « Je peux t'entendre dans mes rêves, lorsque tu articules chaque syllabe. Lorsque tu murmures et que ta bouche se colle contre mon oreille. Le temps ne dénature pas certains souvenirs... » Les lèvres de Theodore s’articulaient autour de chaque mot, soupesant chaque voyelle pour en faire sortir toutes les nuances de séduction. Il avait toujours su jouer ce jeu. « Même quand on les regrette. » Elea garda sa contenance amusée, ses yeux toujours liés à ceux de Theodore. Crois-tu me voir blessée ? Penses-tu me faire pleurer ? Sa main se leva, se courbant pour faire poser un doigt sur son verre, traçant le rebord lentement. Son visage s’approcha de celui de Theodore, comme si le son du bar ambiant l’y obligeait. « Et quel nom murmure t’elle, cette femme dans tes rêves, désormais ? Theodore ? Rottenford ? Commissaire ? Dit-elle toujours la même chose, des années plus tard ? » demanda t’elle, l’air mutin. Rêvait-il encore d’elle, mentait-il ? Elea avait rêvé de lui, après son départ. Mais pas depuis la mort de Jong-Hin, pas depuis qu’elle avait enterré son meilleur ami. Elle lui en avait tellement voulu au départ, quand elle ne le soupçonnait pas d’appartenir à la mafia. Elle l’avait aidé à faire son deuil, elle l’avait poussé à marquer son corps de la manière la plus intime possible, et quand était venu son tour de lui rendre la faveur, il avait été des millions de kilomètres plus loin, séparé par une distance supérieure à celle d’un océan. « Je me souviens de ce que tu laissais échapper quand tu perdais ton précieux contrôle, » dit elle, positionnant ensuite son verre à ses lèvres. Fuar. Elle se souvenait l’avoir épelé sur le torse de Theodore, lorsqu’il dormait. Comme une marque indélébile à l’encre invisible. « Pourquoi tu es là dans ce cas ? » Elle pinça ses lèvres, rejetant d’un mouvement de doigts une mèche ébène lui barrant le visage. Elle n’avait guère à s’expliquer, haussant uniquement un sourcil devant la question de l’irlandais. « Pourquoi m’as-tu rejoint ? » demanda t’elle avant de détourner la tête pour se perdre un instant dans sa réflexion offerte par le miroir en face d’elle. « Ça a de l'importance pour une ancienne version de toi. » Elea se mordit la lèvre inférieure, passant un de ses ongles sur la peau qui s’étirait sur ses jointures. Oui, cette note avait eu de l’importance. Elle l’avait réduite à néant par la seule force de ses larmes. Puis, quand ces dernières avaient séché, Elea avait terminé sa valise, et était sorti de l’appartement dans lequel leurs corps s’étaient liés. « Oui, » avoua t’elle sans mal. « Mais une relation s’établie à deux. Et si l’importance accordée par l’un est différente de celle pour l’autre, il n’y a aucune raison logique d’y rester attacher. » Sa voix était normale, comme si elle parlait d’une simple affaire, d’un simple contrat. Et elle savait que Theodore allait voir derrière ses mots, elle savait qu’il allait les éplucher minutieusement, mais il était tard, et elle était fatiguée.


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Theodore A. Rottenford
Theodore A. Rottenford
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() message posté Mar 1 Mar 2016 - 18:10 par Theodore A. Rottenford


“Maybe that's why he had started to fear suffocation. It wasn't so much drowning in the earth or sea but the feeling that he was sinking into too many expectations, literally getting in over his head.” Ma gorge se serra tout à coup. Je sentais les effluves de l'alcool se mêler à la surface gluante de ma chair. Les goûts se confondaient sur mon palais ; amertume, irritation, déception. Toutes ces émotions faisaient partie de mes routines quotidiennes. J'avais appris à les dompter, comme ces réflexes meurtriers qui transcendaient dans le silence afin de murmurer mon prénom. J'étais le fils de médusa. Les serpents ondulaient autour de mon âme, et je savais que rien ne pouvait me glacer tant que je gardais mes souvenirs en mémoire. Je fronçai les sourcils en me tournant légèrement vers Elea. Son odeur avait changé. Elle exhalait une senteur que je n'avais jamais eu l'occasion d'aspirer auparavant. Elle était ronce, vieillie par le temps et les absences. Mes yeux glissèrent sur son profil et je contemplais les courbes de sa mâchoire tremblante, le dessin de sa bouche crispée, le battement de ses cils et l'éclat de ses pupilles brillantes. Je la touchais dans mon inconscience. Elle était presque nue tandis que j'écrasais ses fesses dans un geste consumé. Je l'imaginais encore, gémissant au creux de ma poitrine, haletant sous le poids d'une extase que je tenais fermement entre les mains. J'étais propre en extérieur mais les sentiments que je nourrissais à son égard étaient habillés de vices. Je ne l'avais jamais considéré. Je l'avais entraîné dans ma désillusion car il faisait beau dans l'obscurité. Il faisait beau sous les draps. Et il faisait beau entre ses cuisses. Un sourire malsain se traça sur mon visage alors que je me relevai, raide et aigri. L'ambiance générale était ennuyeuse. La compagnie des autres agents ne m’intéressait plus. Si j'étais ici, c'était pour correspondre à l'étiquette. J'assistais au spectacle de ma propre décadence. J'étais l'homme et son ombre. Le monstre et le sang. Toutes ces entités dégoulinantes se forgeaient dans mon esprit afin de créer l'image flamboyante d'un rapace aux ailes irisées. Elea s'en apercevait parfois. Elle restait digne et immuable dans ses valeurs de noblesse, mais je savais qu'elle doutait de mon identité. On ne pouvait pas aimer sans connaître la vérité. On la reniait pendant des années, des infinités temporelles, mais elle était là, palpitant sous les battants d'une poitrine fatiguée de garder le secret. Elea Marshall savait depuis le premier jour. Elle avait ignoré les cris de la raison car les mélodies que je susurrais à son oreille étaient plus agréables à écouter. Mais elle savait. Je passai mes doigts sur le rebord du comptoir avec lenteur. Mes ongles se courbaient sur le bois. Mon corps était le miroir du passé. D'un côté se trouvait les faiblesses d'Elea et de l'autre, le reflet de mes pensées maussades. J'étais assis à ses côtés et je ne ressentais rien. Pas un seul frisson. Aucun regret. C'était amusant. La mort se tissait entre les fibres charnues de mon cœur. J'étais vivant, mais je n'en ressentais pas la ferveur. Je me tournai vers la porte. La pluie tombait drue sur la chaussée. Les fumeurs étaient adossés aux murs, soufflant des nuages de vapeur, brûlant des cendres qui s'étaient déjà éteintes sous le vent. Je les trouvais méprisables. Ils représentaient une addiction matérielle tandis que la mienne était invisible. Elle n'existait pas. « Et quel nom murmure t’elle, cette femme dans tes rêves, désormais ? Theodore ? Rottenford ? Commissaire ? Dit-elle toujours la même chose, des années plus tard ? » Sa voix dansait autour de ma tête. Je la regardai d'un air imperturbable, et après quelques secondes de silence, je laissai échapper un rire strident. Je ne m'amusais pas. Je la réduisais à l'état d'ébauche. Elea Marshall était une blague fade, inharmonieuse et creuse. « Oh mais elle n'a pas besoin de dire un nom. » Soufflai-je en me penchant dangereusement vers son profil. Je restai à bonne distance, respectant les bienséances et les usages communs. « Encore. Encore. Elle ne fait que ça. Demander plus. » Chuchotai-je sur un ton conspirateur. Je sentais l'émail de mes dents crisser sous mes gencives. J'articulais les mots sur ton courroucé, étouffé par mon désir de la happer tout de suite pour la prendre contre la porte des toilettes. Il ne fallait pas jouer avec la pointe tranchante de l'acier lorsqu'on craignait le froid. Son surnom ne rendait pas hommage à son pouvoir. Je l'avais nommé fuar parce qu'elle m'appartenait. Et que j'étais le seigneur du métal. «Je me souviens de ce que tu laissais échapper quand tu perdais ton précieux contrôle.» Je crispai mes lèvres autour du verre. J'inspirais le poison avant de l'avaler à grandes gorgées. Je reposai mes coudes sur le comptoir en fixant le plafond. Mes réflexions se détachaient des recoins de la pièce comme une nuée de poussière écarlate. Je la voyais descendre sur le chignon trop serrée de la jeune américaine. Elle mimait mes gestes mais elle ne pouvait égaler ma prestance. Dans ces jeux, il ne fallait pas avoir peur de la défaite. J'avais tout perdu. Je n'avais plus aucun frein. Mais elle avait un faiblesse, une famille, peut-être deux. Elle avait été adopté. Son génome pourrissait quelque part sur les frontières d'un pays étranger qu'elle reniait de toutes ses forces, mais dont l'apparence était tatouée sur sa figure asiatique. Elle n'était pas une vraie Marshall. Elle n'était pas vraie du tout. Je redressai la tête en laissant échapper un bruissement langoureux. «  Tu te rappelles de ce gémissement là ? Humm, comme ça ? Tous les hommes grognent de la même façon. Certaines femmes font la différence. Penses-tu faire la différence, Elea ? » Murmurai-je avec sensualité. Je n'étais pas curieux. Je ne la provoquais pas. C'était une interrogation banale. Nous avions été intimes autrefois, et même si nos corps étaient cachés sous ces couches épaisses de vêtements d'hiver, une part de moi était toujours emboîtée dans une concavité en elle. Nous étions amis, voyons. Il y avait plus de tabous. «Pourquoi m’as-tu rejoint ?» Je me mordis la lèvre inférieure, amusé par son répondant. Elle était assez vulnérable pour esquiver. J'étais trop sévère pour dévier la conversation. « Parce que tu es procureur. Je n'aime pas traîner avec les sous officiers. Rapidement, ils essaient de devenir amicaux. Et je voulais être avec toi. » Je haussai les épaules avec désinvolture. Il n'y avait pas de justification logique. Je m'étais simplement dirigé vers la première silhouette familière que j'avais croisé en entrant dans l'établissement. «Mais une relation s’établie à deux. Et si l’importance accordée par l’un est différente de celle pour l’autre, il n’y a aucune raison logique d’y rester attacher.» Je la fixais avec intensité, intrigué par les sens de ses paroles. Elles ressemblaient à des confessions. Dieu, je détestais les confessions ! Je fit glisser mes semelles contre le parquet. « Une relation se fini aussi à deux. Je t'ai quitté, c'est à ton tour de le faire. Sinon, nous serons toujours liés. » Je me redressai en prenant appui sur le coin du bar. J'étais encore troublé par les résonances de la musique. Je réfléchissais. J'assemblais tous les éléments. « Ah. » Soufflai-je en lui souriant. La note. Je plongeai mes doigts dans la poche de ma veste afin d'en sortir un bout de papier et un stylo. Je les tendis à Elea en hochant la tête. « Écris-le. » Annonçai-je avec flegme. Je ne le laissais rien transparaître, ni l'ivresse, ni le fracas de mes pensées qui battaient dans mon crâne comme les vagues déferlantes d'une mer déchaînée. Je venais de comprendre. Mais ce n'avait pas d'importance maintenant.
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