"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Through your eyes - Elsa 2979874845 Through your eyes - Elsa 1973890357
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Through your eyes - Elsa

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() message posté Mar 15 Déc 2015 - 21:12 par Invité
Bercée par la nuit qui couvrait la ville d’un voile sombre et épais, la galerie d’exposition s’éclairait peu à peu d’un jaune chaleureux et intimiste. Je venais à peine d’arriver sur les lieux, manteau laissé aux vestiaires fin prêt à découvrir les nombreuses œuvres d’art exposées d’un regard faussement expert. Faussement, car je n’appréciais l’art qu’à travers les yeux de ma mère, je ne le comprenais qu’à travers elle. Celle qui m’avait tout apprit, celle qui donnait un sens à l’abstrait. La seule artiste dont je comprenais réellement les intentions, les buts et les méthodes … Pour les autres, au fond il ne s’agissait que d’interprétations plus ou moins pertinentes, plus ou moins douteuses.

D’ailleurs chacun se donnait à son commentaire. L’intensité que transpirait une toile, la technicité que démontrait une sculpture, l’émotion qu’engendrait une photographie … Tant de styles, tant d’arts différents que chacun y trouvait son compte dans cette foule, cette masse hétéroclite dans laquelle je m’engouffrais sereinement.

D’un pas tranquille, j’arpentais les pièces, les allées à la recherche d’une œuvre qui m’inciterait à m’arrêter. Mais loin d’une œuvre, ou peut-être trop proche, c’était la silhouette d’une jeune femme blonde qui attirait finalement mon attention. De dos, on pourrait croire qu’elle se laissait aspirer par l’œuvre qui se tenait devant elle. Un visage féminin, fait d’argile et orné de coulures qui semblaient tombées inexorablement vers le sol comme des larmes qui emporteraient sur leurs sillages des fragments, des bouts de son image, l’effaçant peu à peu … Une œuvre que je pensais presque autobiographique bien que jamais ma mère ne posait de mots sur ces productions.

Je m’approchais doucement jusqu’à me trouver derrière elle, à la bonne distance pour ne pas l’effrayer, à la bonne distance pour me faire remarquer. De ma position, je pouvais scruter son visage rayonnant, son regard si expressif qu'il semblait parler pour elle. J’aurais pu rester là, simplement à la regarder mais mon geste aurait été déplacé alors je m’obligeais à dire quelques mots : « Qu’en pensez-vous ? »

C’était une question anodine, qu’on posait communément mais son avis m’intéressait réellement. Peut-être parce qu’il s’agissait d’une œuvre particulière, d’une œuvre qui me tenait à cœur. Peut-être que je ne serais jamais venu vers elle si ce n’était pas cette œuvre-là.

Mais j’étais là. Prêt à l’écouter, peu importe ce qu’elle dirait. Décoinçant un bouton de ma veste de costume d’un marron foncé pour me mettre à mon aise.

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() message posté Dim 20 Déc 2015 - 17:39 par Invité

“My eyes glimmer as the star I gaze upon twinkles with brightness that I do not possess. I recognize my smallness—my ignorance of the One whose hands placed that star in the heavens for me.” Je fixais l'encadrement des toiles alors que les silhouettes des invités dansaient autour de la pièce silencieuse. Mon cœur était là. Il s'épandait sur les parois fragiles de ma cage thoracique avant de sombrer dans les souffles monotones de l'hiver. Je triturai le bout de mes ongles avant de sourire chaleureusement. Parce qu'autrement, j'aurais été effrayée par l'inconnu. Le bonheur que j'attendais se cachait entre les reliefs huileux d'une œuvre d'art anonyme. Je le retrouvais lorsque je passais devant les expositions colorées et leurs commentateurs assidus. Fallait-il être expert en art afin de comprendre les énigmes de la beauté ? Je haussai les épaules en serrant mon prospectus. Les pans de ma longue robe retombaient à la surface du parquet, arpentant l'espace immobile où se rejoignaient toutes mes pensées puériles. Je me contentais d'aimer pour vivre. Je chérissais le concept du sentiment car il m'inspirait de la gratitude. Mais combien encore pouvais-je résister à la maladie ? Parkinson allait me tuer. Mes mains tremblaient et se détachaient de mes muscles comme des pétales de roses fanées. J'avais si peur de la différence. De m'ouvrir à la douleur de celui qui ne pouvait plus guérir. Je me tournai vers les édifices de la peinture contemporaine en exhalant les parfums de l'incertitude. Enfant, j'accrochais déjà mes dessins sur les murs du salon. J'effectuais des rondes entre les meubles en tenant fermement le bras de Thomas, et je mimais ces interprétations intelligentes de la haute bourgeoisie. Mon rêve était simple. Je voulais devenir une princesse artiste et suivre les tracés de la poésie qui s'exprimait autrement que par les mots. Écris-moi un poème et je te dessinerais une couronne de diamants écarlates. Je fis la moue en m'arrêtant à quelques mètres de la réception. J'allongeai le cou, attirée par les coins isolés de la galerie. Il y avait ces artistes que l'on boudait. Ces sculptures incomprises et rejetées de la mode. C'était vers ceux-là que je me dirigeais toujours. Je me penchai vers un tableau et restai figée pendant quelques minutes face à ses teintes particulières. Mes paupières étaient chargées d'émotions. J'apercevais une ombre fugace qui s'évanouissait sur un fond morne et sans éclats. Puis soudain, les battants de ma poitrine s'ouvrirent, et je laissai ma passion transcender à travers mes prunelles agitées. « Qu’en pensez-vous ? » Cette voix accompagnait ma transe passagère. Elle était si noble et impétueuse, qu'elle semblait jaillir du plus profond de ma conscience et s'exprimer avec la  forte véhémence qui manquait tant à ma personnalité. Je me redressai lentement et me tournai vers la stature vaniteuse du jeune homme. Je souris, d'abord. Puis je m'approchai naturellement de son visage. « Je pense que le marron n'est pas votre couleur.   » Je ris avec candeur. « Oh, je suppose que vous vouliez parler du tableau.  » Je plissai le front en faisant glisser les pages du livret descriptif de la galerie, puis je lui tendis l'analyse de l'auteure avec amusement. « Je pense comme tout le monde, c'est plus facile comme ça.  » Je gloussai en replongeant dans ma contemplation à nouveau. « Le paysage est composé de rochers et de terre. Le modelé est parfait. Le sfumato est léger. Lorsque je le regarde, j'ai la nostalgie de la souffrance. Les critiques trouvent que c'est joli. Mais en vrai, c'est triste et misérable. C'est toujours triste lorsqu'il n'y a pas de fleurs autour.  » Déclarai-je en déployant les arabesques de mes boucles dorées. Il n'était probablement pas du même avis. Son air sombre faisait de lui un homme des côtés obscurs. Dans son univers, les fleurs étaient niaises. Dans le mien, c'était le symbole du sublime et de l'éternel.
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() message posté Mar 29 Déc 2015 - 14:36 par Invité
Suivant le mouvement de mes mots, la jeune femme se retourna pour me faire face et m’offrir les détails de son visage. Mon regard quittait la toile peinte et s’abaissait vers elle. La blonde portait un sourire si spontané qu’il ne semblait jamais la quitter et deux yeux instigateurs qui m’étudiaient, sans même me mettre mal à l’aise. Si j’étais loin d’être un homme extravagant, je n’en étais pas plus un homme timide et comme une de ses œuvres exposées, je me laissais observer passivement attendant le verdict qui ne tardait pas à tomber et qui m’arrachait un rire teinté d’étonnement. « Et bien … C’était franc. Je sais à présent que vous me donnerez un avis honnête sur ce tableau. » Un sourire en coin, j’acquiesçais lorsqu’elle me demanda si je parlais du tableau sur lequel je reportais mon attention. Je n’étais pas vexé. Rares étaient ceux qui au premier abord brisaient les codes de la bienséance, tout du moins dans mon monde et je ne décelais pas une once de méchanceté ou de provocation dans ses propos. Juste une infinie sincérité qui me plaisait, déjà. D’une main, j’attrapais le dépliant qu’elle me tendait et lisais les quelques lignes inscrites par l’auteure avec beaucoup d’attention puis le refermais sans en dire un mot. Incapable de dire un mot. Si je pouvais discuter de son opinion, je ne pouvais le faire de celui de ma mère. « C’est plutôt intelligent. Vous évitez les débats sans fin et les discussions de sourds. » Des débats, des discussions que j’appréciais car peu importe le résultat le but était de s’exprimer, de construire ou déconstruire des opinions. La communication quelle qu’elle soit avait toujours du sens et des biens faits peu importe où cela nous menait. C’était la raison pour laquelle j’écoutais la jeune femme qui connaissait la technique et n’hésitait pas à donner son avis. Des fleurs ? Mon regard curieux se posa sur elle. « C’est triste vous avez raison. Mais je ne peux m’empêcher de trouver dans la tristesse une certaine beauté. La tristesse est un sentiment comme un autre, quelque chose d’infiniment humain et d’universel … » A mes yeux ce qu’il y’avait de plus beau, de plus émouvant au monde. Rien ne remplaçait le visage étonné ou heureux d’un enfant ou la tristesse d’un homme devant la perte, l’échec. Le sentiment c’était tout simplement ce qu’il existait de plus puissant au monde et que chacun était capable de saisir, de ressentir. « Les fleurs ne sont pas éternelles, elles ne sont pas toujours belles ou synonymes de joies, de vie. Les fleurs, elles fanent, elles meurent, elles aussi. » Les mots m’échappaient, comme une confession. Je ne les avais pas contrôlés, choisis, ils étaient simplement sortis et s’emmêlaient dans les airs comme une vérité profonde. Je ne voulais pas la blesser, blesser ce qu’elle aimait penser. J’avais juste pensé avec elle dans un ballet d’idées, sans tabous, sans interdits. Un ballet où tout était permis. Mais je me renfrognais, j'avais tout d'un coup la bouche pâteuse, envie d'un verre. Rares étaient les moments où je me laissais aller et mes yeux la quittaient pour se reporter sur la toile ...

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