Let me show you how it works. + Viclior

Cela faisait un petit moment que Lior n'avait pas vu Victor. Il se débrouillait toujours pour aller le voir le plus de fois qu'il le pouvait, passant parfois son temps libre avec lui, à rire, à l'aider, à le consoler et à l'écouter aussi. Parfois, il se sentait impuissant. Et d'autres, il oubliait ce sentiment pour se concentrer uniquement sur le petit brun. Il s'en voulait parfois de ne pas être assez insistant envers lui, de ne pas assez forcer pour pouvoir le voir, mais à chaque fois il se disait qu'il se rattraperait une autre fois. Et cette fois était bel et bien arrivée. Il lui avait proposé de lui apprendre quelques gestes pour qu'il puisse se battre correctement, bien sûr il n'avait encore jamais appris à un aveugle à se battre, mais sa volonté de lui apprendre à se battre pour qu'il puisse se défendre correctement était si forte qu'il avait trouvé une petite idée pour lui. Et rien que l'idée de le revoir le rendait nerveux. Forcément, cette nervosité se transforma en sautes d'humeur et encore une fois, sa vaisselle n'y survécut pas. Il avait cette fois-ci balancé un verre plein de jus de fruit contre le mur de la cuisine et s'était coupé la main. Ca n'était pas profond, un pansement, et tout était terminé.

C'est dans cet état qu'il attendait Victor devant le complexe sportif. Il scrutait les alentours dans sa tenue de sport, une cigarette à la main alors qu'il le vit arriver un peu plus loin. Il sourit alors, même s'il savait qu'il ne le verrait pas, il sourit quand même. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Ce gars-là, il le trouvait tellement attachant qu'il ne pouvait pas s'en empêcher. Pourtant il n'avait que 19 ans et était maltraité par certains qu'il haïssait bien évidemment. C'est peut-être ça qui faisait qu'il l'aimait autant. Lorsqu'il constata qu'il était vêtu de vêtements de sport lui aussi, il sourit davantage et partit à sa rencontre, sac sur le dos. « Salut p'tit brun. » Il vient lui coller un baiser contre la joue et prend doucement sa main, le sourire toujours aux lèvres. Il ne lui demande pas comment ça va, il sait bien qu'il ne suffit pas de demander pour avoir la réelle réponse. Alors il attendrait simplement de le voir à ses réactions, ses comportements, ses expressions.

Il l'attira à l'intérieur du complexe doucement, le guidant à travers les couloirs pour enfin arriver à la petite salle que Lior avait réservé uniquement pour eux. Le silence résonnait à travers, des épais tapis étaient installés sur le sol pour éviter qu'ils ne se fassent mal et Lior arrêta son ami en plein milieu de la salle sans pour autant lâcher sa main. « Attends. » Il lui retira sa veste tranquillement, sachant bien qu'il pouvait le faire lui-même. Mais Lior était comme ça, à vouloir à tout bout de champ prendre soin de lui. Comme si c'était une tâche qu'on lui avait incombé. Alors qu'il en avait pris seul la décision. Il fit glisser le manteau le long des épaules du brun pour ensuite aller le poser sur un banc. Et puis, il revint vers lui pour prendre ses mains et réfléchir un moment. Comment allait-il s'y prendre ? Il ne le savait pas encore, mais ça viendrait. « Dis moi, comment tu te sens aujourd'hui ? » Par cette question, il n'attendait pas une réponse qui lui dirait dans quel état il était physiquement, mais plutôt psychologiquement. Il espérait qu'il le comprenne, ses doigts avaient entrepris en même temps de caresser ses mains. En douceur.

La peur te tord le vendre sans arrêt désormais. Cette peur incommensurable que Lysandre apprenne pour Dim et toi. Qu’il vienne finir ce qu’il a commencé il y a des mois. Et plus tes sentiments pour Dmitri se développent, plus la peur grandit.

Sa voix résonne encore dans ta tête. J’peux t’apprendre à mieux te battre si tu veux. Ca t’a fait doucement sourire. Tu sais pas vraiment s’il réalise que t’es plus comme avant. Comme quand tu passais encore du temps avec lui. A rire pour des conneries. Ce temps où tu voyais encore. T’as l’impression que ça fait une éternité maintenant. Le noir fait partit de ton quotidien. Et c’est presque triste, mais tu t’es habitué à ne plus voir la beauté du monde. A ne plus voir leurs sourires ou la lumière du levée de soleil.

T’as quand même accepté. Quelque part, t’en as besoin. Pas forcément de te battre, mais de sortir. De te défouler. D’avoir l’impression de pouvoir faire quelque chose contre cette peur qui te ronge. Alors t’as enfilé des vêtements de sports puis t’es sorti avec ta canne retrouver Lior devant la salle de sport. « Salut p'tit brun. » Entendre sa voix te fait vaguement sourire. Tu retires les écouteurs qui guidaient ton chemin pour les ranger tandis qu’il dépose un baiser sur ta joue. « Hey … »

Sa façon d’attraper ta main te déroute un peu. Peu de gens font ça. Surtout pas Dmitri. Parfois, on te guide vaguement avec le bras. Mais c’est tout. Pourtant, tu te laisses faire. Tu te laisses entrainer à l’intérieur, te contentant d’écouter l’environnement aux alentours. Puis finalement, vous vous arrêtez. « Attends. » Tu le sens venir te retirer ta veste. Alors un grognement s’échappe de tes lèvres. T’aimes pas qu’on fasse ça. Qu’on te traite comme un gosse incapable. « J’suis pas un gamin, j’peux l’faire tout seul hein. » Tu l’entends s’éloigner. Toi, tu t’es un peu renfrogné. Tu veux pas qu’il te traite différemment. Tu veux qu’il fasse comme avant.

« Dis moi, comment tu te sens aujourd'hui ? » Il vient attraper tes mains. Trop doucement. Ca te fait de nouveau grogner et tu les retires un peu brusquement. « Arrête de faire ça putain… C’est bon, tu fais comme avant. » Tu te recules un peu, le visage renfrogné. Ton regard vide est dirigé vers lui sans vraiment se poser. Comme toujours. Ton regard vide déroute. Tu pourrais mettre des lunettes de soleil, comme la plupart des aveugles. Mais tu le fais pas. Du moins, la plupart du temps. Au fond, tu t’en fous que les autres soient troubler. Toi, t’es aveugle. Qu’ils viennent pas se plaindre. « J’croyais qu’on allait s’battre ? » Comme pour répondre à ta propre phrase, ton poing vient tapper maladroitement le torse de Lior.