I won't freeze you out (My heart is melting)

Camilla n'avait pas oublié. Malgré ce que pouvait penser Ezra, elle n'avait pas eu de facilité à lui avouer. Au delà de la tromperie, c'était se rendre compte de ce que leur amour était devenu qui avait été le plus dur à s'avouer. Camilla avait longtemps été dans le déni. Dans le déni de ce couple qui battait de l'aile, de cette relation qui s'étouffait peu à peu. Elle avait voulu s'accrocher, parce que se rendre à cette évidence était trop dur à supporter. Lui dire au revoir, c'était dire adieu à tout ce qui le rattachait à lui. A son adolescence, à son envie de parcourir le monde, à ces instants bien à eux, à tout ça. Ezra avait compté, depuis toujours. Il était son tout et se dire que tout allait se finir avait bien failli l'assomer. Mais avant tout, Camilla était honnête et surtout envers Ezra. Lui mentir était au-dessus de ses forces, bien plus que de continuer à entretenir sa relation avec Jude sans qu'il ne sache rien. Par amour pour lui, par tout ce qu'avait représenté leur vie à deux, elle se devait d'être franche envers lui. Alors elle l'avait fait, elle avait prit son courage à deux mains. Jamais elle n'oublierait la pression dans sa poitrine, le tremblement incontrôlable de ses mains et son envie de fuir à toute jambe. Mais le pire avait été le regard d'Ezra. Il n'avait pas crié, il avait à peine réagit et c'était sûrement ça qui avait été le plus dur à gérer ; son manque de réaction. Mais Ezra savait, elle en restait persuadé. Quand ce soir là elle lui avait dit avoir quelque chose d'important à lui dire, elle avait sentit qu'il se doutait de quelque chose. C'était comme s'il avait redouté ce moment toute la journée mais qu'il n'avait rien pu faire pour l'éviter. Parce qu'il n'y avait plus rien à faire en cet instant, le mal était fait, d'un côté comme de l'autre.

Bien sûr, elle ne souhaitait pas raviver des moments douloureux. Elle ne voulait pas lui faire de mal, pas plus qu'elle lui en avait déjà fait. Parce que du mal, elle savait qu'elle lui avait donné, elle savait à quel point sa trahison l'avait détruit, même s'il n'avait jamais mit de mots devant elle. Elle l'avait comprit à la minute où son regard c'était voilé de noir, où il s'était levé en lui passant devant, serrant les poings, refusant de lui adresser la parole. Elle l'avait remarqué à son absence dés le lendemain, à sa fuite à Londres plutôt qu'as Phoenix. Ezra était blessé, esseulé et il avait préféré fuir plutôt que d'affronter les siens, alors qu'elle était en partie responsable de son départ. « Je le sais Camilla, Je le sais ! J'ai pas été moi même pendant des mois et des mois, j'ai pété un câble, je me suis détesté, je me suis plus détesté que je ne t'ai détesté. C'était plus fort que moi, j'ai rien contrôlé ... ». Elle le savait, elle ne voulait pas lui jeter la pierre. Quand Ezra c'était engagé dans l'armée, elle avait compri que la vie ne serait plus la même. Avant qu'il parte, elle n'en connaissant rien hormis ce qu'elle voyait à la télé ou au cinéma. Elle avait vite réalisé que la réalité était bien pire. Il y avait eut l'absence d'abord. Ces semaines complètes sans nouvelle de lui, pas une info lui confirmant qu'il allait bien. Et puis ces mois à l'attendre, à faire sa vie sans savoir où il était, ce qu'il faisait... Elle n'avait pas les même préoccupations que ces autres amies en couple. Tandis qu'elles s'inquiétaient sur les relations extra-conjugales que pouvaient avoir leur homme, Camilla, elle s'inquiétait de le voir rentrer en vie au pays. Et puis il y avait les retours. Ezra mettait toujours un jour ou deux à revenir totalement, à s'abandonner au confort de sa vie à Phoenix, à mettre de côté ce qu'il vivait la-bas. Et tandis qu'il était là, Camilla songeait à son prochain départ et bien qu'elle ne lui en jamais parlé, elle avait vécu avec ça durant tout ce temps. « Et je le sais. J'ai pas dis ça pour te faire culpabiliser Ezra, juste pour que tu comprenne mieux ce que j'ai vécu ». Dit-elle simplement. C'était bien eux ça, ils arrivaient encore à ne pas se disputer, alors que la situation s'envenimait peu à peu.

Pour Camilla, il n'y avait pas de bon ou de mauvais objet, ils avaient tous deux leur responsabilité dans cette histoire. Pendant tous ces mois où elle était resté à l'attendre, Camilla n'avait même pas flirté avec d'autre hommes. Elle avait été fidèle et patiente, alors qu'Ezra lui avait imposé ce choix de vie. Encore aujourd'hui, elle se demandait si elle aurait accepté de sortir avec Ezra si elle avait su qu'il comptait s'engager dans l'armée. Camilla c'était mise à pleurer, alors même qu'elle s'était promis de ne pas lui offrir ce désolant spectacle. « Camilla arrête ... » et il l'avait prit contre lui. Elle avait presque oublié ce que c'était d'être dans ses bras. Elle se sentait fragile et paradoxalement en sécurité. Toute petite et frêle, elle se sentait protégée contre lui, bien plus grand et costaud qu'elle. Elle avait toujours aimé cette sensation. Celle-ci, et celle de pouvoir à tout moment se reposer sur lui. La tête posée contre son torse, elle se laissa allé en sentant ses bras l'encercler. « J'ai pas envie de replonger, j'ai pas envie de craquer, ni de souffrir. J'ai plus envie, parce que je sais que j'arriverais pas à me relever, c'est tout. ». Elle s'écarta, essuyant ses larmes, reniflant légèrement. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il la voyait ainsi, mais ce coup-ci, elle n'avait plus son statut de petite amie pour la protéger. Là, elle n'était que la faiblesse incarnée, la fille désabusée qui se faisait consolé par un ex-petit ami prit en pitié. « D'accord, d'accord ». Elle traversa la pièce, partit se servir un verre d'eau. Elle sentait son cœur s'emballer un peu plus mais cela n'avait rien d'agréable ce coup-ci. Elle venait de comprendre qu'Ezra lui avait définitivement échappé. « Parce que je suis si nocif à ton bonheur ? Tu pense qu'as cause de moi tu vas replongé ? Je suis si malsaine que ça ? ». Parce qu'avant, elle était celle qui lui apportait amour et bonheur, du moins elle l'avait pensé très fort. L'entendre lui souffler une telle horreur manquait de la rendre folle. « On a eu des bons moments Ezra. On a été heureux pendant un temps, moi en tout cas. J'ai merdé, je sais, mais j'ai regretté aussi. Et je pense avoir été patiente et aimante durant tous les autres moments. J'ai fais passé tes intérêts avant les miens, je pense pas mériter d'être qualifié de quelqu'un qui te fera replonger ! ». Parce qu'elle avait accepté ses missions, ses absences, sa maladie et qu'elle avait gardé pour elle sa fausse douche de peur de le voir s’enfoncer un peu plus, elle pensait avoir largement accepté ses choix.

C'est vrai qu'avant, tout était plus simple. Camilla avait vécue seule la plupart du temps, elle s'était donc toujours débrouillée en solo. En comparaison de ses amies de Phoenix, elle ne pouvait pas compter sur son homme pour le bricolage, les rendez-vous importants, tout comme elle devait faire un tas de chose qu'ils les concernaient tous les deux. A tout juste 21 ans, elle s'était retrouvée copine de militaire, embarquée contre son grès dans cette tempête qu'elle n'avait pas vu venir. Alors Camilla avait prit l'habitude de prendre les décisions pour deux, oui, parce qu'avec Ezra à l'autre bout du globe, sous les bombes, elle pouvait difficilement lui demander quoi que ce soit. Elle s'était plutôt accoutumée à cette routine, même si le savoir en danger à chaque minutes de chaque jour n'avait rien de supportable. Mais elle l'avait fait pour lui, elle avait accepté ce rôle là pour qu'il puisse servir son pays, qu'il puisse mener à bien ce projet qui lui tenait tant à cœur. Elle n'était pas partie quand tant d'autres auraient fuit sous tant d'incertitude et d'angoisse. Aujourd'hui encore, elle se demandait de quoi sa vie aurait été faite si elle avait quittée Ezra au moment où il avait décidé de s'engager. Serait-elle devenue journaliste finalement, sans Ezra pour la pousser dans cette voie ? Probablement pas. Mais une chose était sur, elle ne serait pas ici à se demander si elle avait bien fait de quitter Édimbourg pour le retrouver. Parce qu'Ezra avait changé, elle ne pouvait plus le nier. Il était revenu en vrac, perturbé, brisé par ce qu'il avait vécu la-bas. Ezra était revenu différent et elle avait longtemps espéré qu'on lui rende son petit ami d'autrefois, celui qui revenait après chaque missions avec un bouquet de rose blanche et un paquet de bonbons sous le bras pour lui faire plaisir. Cet Ezra avait disparu.

Ils se comparaient, alors que la question n'était pas là. C'est sur qu'Ezra était revenu traumatisé de sa dernière mission et qu'il c'était renfermé sur lui-même, laissant peu de place à Camilla pour l'aider. Elle avait accepté au début, parce qu'elle savait qu'il avait besoin de temps, parce qu'elle était assez intelligente pour ne pas le presser. Mais ça avait duré, un temps beaucoup trop long pour qu'elle accepte. Elle avait crut bien faire en lui proposant de changer de ville, de changer d'air. Alors certes elle avait pensé à elle avec ce nouveau poste, mais ce qu'elle avait espéré surtout, c'était un nouveau cap pour leur couple qui s'enfonçait lentement. Camilla avait tenu bon au début et elle ne supportait pas qu'Ezra pense le contraire. Elle c'était accrochée comme elle pouvait, avec son nouveau boulot, une nouvelle maison à gérer et la maladie d'Ezra. Elle avait gardé pour elle cette fausse couche, cette naissance qui aurait pu changer la donne. Elle c'était dit que peut-être plus tard ils fonderaient une famille à leur image. Mais rien ne c'était passé comme prévu et le bateau avait prit l'eau. Ezra la rendait responsable parce qu'il n'avait pas fauté, lui. Elle avait fait le choix de le quitter, de s'offrir un autre espoir avec Jude, un espoir qui c'était brisé avec Ezra. Et elle n'attendait pas qu'il le comprenne, seulement qu'il entende que cette vie n'était en rien plus lumineuse que l'autre, elle était simplement différente.

«Tu comprends que ce tu as envie de comprendre j'ai l'impression, c’est notre séparation qui m'a fait plongé encore plus loin que ce que je pensais, mais c'est aussi notre séparation qui m'a sauvé. Je ne sais pas où j'en serais si on avait encore ensemble, je ne serais peut être même plus vivant. J'ai jamais dit que tu étais à l'origine de tout ça, j'ai été suffisamment con pour me foutre en l'air  tout seul. Je sais en tout cas que notre séparation m'a permit de me battre contre tout ça, alors que j'avais plus rien à perdre. » . Ça lui faisait mal de l'entendre, vraiment. Elle sentait les larmes remontées le long de sa gorge, ressentait les vibrations de son cœur dans sa poitrine. La séparation l'avait sauvé... Elle ne comprenait pas, elle était peut-être stupide. Elle attrapa sa nuque avec ses deux mains, tenta de prendre un peu de distance avec tout ça. Elle renifla comme une gosse, comme une stupide femme qu'elle était à avoir pensé que les choses allaient changer alors que cela ne faisait que se détériorer un peu plus. « Ravis de t'avoir rendu service, dans ce cas », dit-elle, amer. Elle savait bien que c'était une réflexion stupide mais elle avait trop mal pour se montrer réfléchie. Elle avait simplement envie de gueuler un bon coup, d'exprimer tout ce qu'elle avait contenu jusque là. «Malgré tout ça, tu m'as quand même quitté Camilla, tu as choisi quelqu'un d'autre qui t'offrait une vie meilleure. C'était ton choix, pas le mien. Aujourd'hui, oui tu ferais partie des personnes qui me ferait replonger, parce que ces bons moments sont parties, et que tu m'as quitté. Je me suis retrouvé seul avec ma maladie, avec mes médicaments, je me suis battu seul, tu n'étais pas auprès de moi, parce que tu as choisi une vie meilleure. Je me fiche que tu te vexes parce que je te dis ça, c'est ce que je ressens, tu te prends peut être pour une bonne personne, mais tu m'as fait souffrir, à ce moment là tu as fait passé ton intérêt avant le mien. J'ai accepté ton choix, et je m'en suis sortie malgré. Oui, on a été heureux, mais on s'est aussi détruit, tu peux pas le nier. On est plus bon ni pour l'un ni pour l'autre. L'avantage pour toi, c'est que rien ne te fera plonger. ». Si elle pouvait être encore plus en colère avant ça, c'était probablement maintenant. Elle ne savait même pas par quoi commencer tant elle avait envie de tout casser. Depuis quand n'avait-elle pas ressentit ça ? Cette colère, cette haine, elle pensait l'avoir laissé derrière elle mais le voir, l'entendre, refaisait tout remonter à la surface. Elle avait concédé tellement pour ça marche qu'elle suffoqua presque devant son discours. « Mais que ce que tu me parle de vie meilleure ?! Tu t'entend, vraiment ? Tu veux me faire passer pour une sale égoïste, c'est ça ? T'as raison Ezra, j'ai été égoïste toutes ces années à t'attendre sur un quai de gare, à attendre comme une conne derrière le téléphone pour savoir si tu étais en vie ou non. Quelle conne j'ai été de rester toutes ces années chez nous à attendre chacune de tes visites, à t'encourager malgré la haine que j'avais pour cette armée qui t'avait enlevé à moi. Tu sais quoi, oui j'ai pensé à moi une fois, une toute petite fois et j'ai merdé. Tu voulais l'entendre encore une fois ? J'ai merdé mais moi j'ai pas abandonné ma copine à Phoenix pour aller faire la guerre en Irak putain ! ». Voilà, elle était hors d'elle et c'était sans doute l'une des rares fois où il la voyait comme ça. D'ordinaire, Camilla n'avait pas besoin de s'énerver autant parce que Ezra cédait ou qu'il partait en silence. Mais ce coup-ci, après toutes ces années de rancœur, elle explosait. « Écoute, c'était clairement pas comme ça que j'imaginais qu'on se retrouve. Tout ce qu'on pourra  se dire ne changera rien à la situation de toute façon. ». Elle le toisa rapidement. C'était trop facile de dire ça maintenant qu'il lui avait jeté ces horreurs en pleine face, trop tard pour reculer alors que Camilla bouillonnait. « Et tu l'imaginais comment alors ? Tu pense que vu que je suis maman, je suis heureuse ? Rien ne me fera replonger hein... Oui c'est sans doute ça Ezra, je suis super forte moi, j'ai pas le droit de craquer, j'ai juste le droit de me faire accuser d'adultère et d'accepter mon sort ». Ironiquement, bien sûr. « Je pense que tu ferais mieux de partir maintenant ».