Le bonheur réside dans la passion. + Lior M.

December, the 23th 1989

Les cris résonnent dans la section néonatalogie de l'hôpital de Londres, signifiant la douleur des femmes enceintes, sur le point d'accoucher. Une femme parmi elles, une femme seule, uniquement accompagnée de ses larmes et de la résonance de ses cris. Elle donne naissance à un petit garçon, qu'elle nommera Lior Maxim. Mais où est donc le père ? La femme ne veut pas le dire. Il n'est pas là, il n'y a pas de père. Il n'y a qu'un homme enfoui dans ses souvenirs. « Tu es certaine de vouloir le faire, Marie ? Je veux dire ... Il y a tant d'autres moyens et ... Je ne veux pas que ça gâche notre amitié. » La femme, Marie, s'était à ce moment-là tournée vers l'homme, le regardant avec un sourire des plus tendres comme si elle venait d'apercevoir le plus bel homme de tout l'univers. « Rien ne sera gâché, Amaury, je te le promets. S'il te plaît. Fais le pour moi. » L'homme était contraint de se plier à la volonté de Marie. Parce qu'il l'aimait, parce que c'était son amie, parce qu'il aurait tout fait pour elle, pour qu'elle puisse sourire, pour que son coeur soit enfin rempli de cet amour que tout le monde se doit de ressentir au moins une fois dans sa vie. Alors il lui avait fait l'amour, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Et puis, plus rien. Une dispute due aux hormones de la grossesse, puis plus rien. Le néant. Un amant disparu, une femme enceinte seule. Désormais avec son bébé, mais sans aucun regret.

July, the 8th 1993

A quatre ans, on ne comprend pas grand chose à la vie. On reste simplement bloqué dans notre bonheur enfantin sans se soucier des problèmes des grands. On voudrait juste être aussi grand qu'eux, et parfois, on les imite. Tantôt bien, tantôt mal, tantôt en faisant des choses qui rendent les parents fiers, tantôt en disant de mauvaises paroles. Des gros mots, par exemple. Il n'est pas rare que les enfants, à cet âge-là, posent beaucoup de questions gênantes à leurs parents. Tout comme Lior le faisait à sa mère. « Maman, il est où Papa ? » Ses grands yeux ronds brillants observaient sa mère avec grand espoir d'avoir une réponse qui lui conviendrait cette fois-ci. « Tu n'en a pas, Lior. Il faudra t'y faire, c'est comme ça. » Une voix ferme, dure, un visage fatigué et un regard agacé de la part de la mère, il ne fallait rien de plus pour éteindre la lueur d'espoir du petit visage potelé du petit garçon. Il était pourtant convaincu d'avoir un père, tout ce qu'on lui disait à l'école, c'est que naître dans les choux, ça n'était scientifiquement pas possible. Enfant naïf qu'il était, il écoutait toujours ses petits camarades ainsi que sa maîtresse, quand bien même elle lui sortait des histoire encore plus farfelues que celle avec la cigogne.

September, the 16th 1997

A l'école, Lior n'était ni bon ni mauvais. Il se classait parmi les moyens. Il aurait aimé faire partie des meilleurs, de ceux qui reçoivent des récompenses à chaque bonne réponse donnée parce qu'ils sont les enfants les plus brillants de l'école et qu'il faut les encourager à continuer. Mais lui, il n'était bon qu'en mathématiques. Le reste, il en faisait fi. Il n'aimait pas tout ce qui était de l'ordre de la grammaire, la conjugaison, l'histoire ou même les sciences. Il trouvait son compte dans les chiffres et il aimait faire ses calculs, si bien qu'il était un peu reclus dans la classe. Ce n'était pas faute d'essayer de se faire des amis, seulement son côté matheux ne plaisait pas beaucoup aux autres enfants. Il arrivait tout de même à se faire des copains pour ne pas rester seul à la récréation. Des passions communes mises en avant, il s'amusait à faire semblant de se battre, parfois rentrant avec un coup dans le visage mais heureux de partager ainsi une passion qui commençait à se développer en lui. « On t'a encore racketé ! Cette fois, ça suffit. J'appelle le directeur de l'école. » La mère, enceinte de son deuxième enfant, attrapa le téléphone devant les petits yeux humides de son fils. « Mais non maman ! C'est avec les copains, on s'amuse à faire de la boxe ! » Ses paroles dites avec sa voix d'enfant n'étaient pas suffisantes pour convaincre la mère, folle de rage.

May, the 19th 2004

C'est en pleine adolescence qu'on se rebelle. Lior, qui avait le coeur enfermé dans une boîte, voulait faire sa vie. Il voulait simplement que sa mère lui lâche les baskets, qu'elle lui donne plus de libertés. Sa mère lui avait inculqué que l'amour faisait mal et que ce n'était qu'une illusion éphémère de ce qu'était le vrai bonheur. Seulement, et en tant qu'adolescent bourré d'hormones, Lior voulait connaître ce plaisir. Il voulait savoir ce que c'était que d'aimer quelqu'un si fort que la seule pensée de le voir s'enfuir lui briserait le coeur. Alors il avait essayé, il avait fait des rencontres, il avait discuté avec les filles et les garçons. Tout ça pour tomber amoureux d'une fille. Qu'elle était belle, cette fille ! Son premier amour. Son premier baiser. Son premier rapport également. Et puis sa première dispute, sa première rupture, ainsi que sa toute première déception amoureuse. « Je te l'avais bien dit, Lior. Il fallait m'écouter. Tu ne m'écoute jamais, de toute façon. » La mère soupirait, exaspérée par le comportement de son fils qui lui avait caché sa relation. Et d'ailleurs, son fils soupirait également et partait dans sa chambre, empli de colère. « Tu es comme ton père, Lior ... » La mère avait secoué la tête en marmonnant pour elle-même, et ne s'attendait certainement pas à la question de sa nouvelle petite tête blonde. « C'est quoi un père, maman ? »

August, the 29th 2010

Lior était devenu un garçon souriant, sociable et qui s'entend bien avec tout le monde. Il venait à peine de terminer ses études d'informaticien, et cela faisait quelques années déjà qu'il s'était adonné à son sport préféré, la boxe. Il adore faire la fête, mais déteste tout ce qui se rapproche de l'alcool. Pourtant, il n'est jamais sobre lors de ces soirées. La seule chose qu'il se permet, c'est de fumer en soirée. L'illicite le rend joyeux, il l'aide à dépasser ses peurs et à se déconnecter de son monde. Monde dans lequel sa mère lui tapait sur le système. « Mais tu vas finir par me dire qui est mon père ?! T'as pas le droit de me le cacher. Et arrête de dire que j'en ai pas, tu sais très bien que c'est faux ! » Le coeur lourd de rage, il tentait de faire cracher à sa mère les mots qui risqueront de changer sa vie à jamais. « Ne me parle pas sur ce ton ! Tu me dois le respect ! » Elle aussi était en colère. Elle n'avait même pas vu la petite dans l'escalier, les observant se disputer les larmes aux yeux. « Tu me le diras jamais, hein ... » Le dégoût se lisait désormais dans le regard du brun tandis que sa mère, désemparée, secouait doucement la tête les lèvres entrouvertes, comme pour dire quelque chose qui ne pourrait jamais sortir. « Soit. Je m'en vais. » Les mots de son fils déchiraient ses entrailles comme si elle avait été transpercée par une lance parfaitement aiguisée. Le garçon avait ainsi fait ses bagages et était parti avec tout ce qu'il avait en poche, survivant comme il le pouvait pendant quelques jours.

November, the 30th 2015

Plongé dans l'indépendance, Lior était devenu un homme. Un homme qui ne croit pas en l'amour mais qui n'a rien contre une petite conquête de temps à autre, aussi bien féminine que masculine. A 25 ans, il a déjà ouvert son propre magasin d'électronique et d'informatique. Il était devenu informaticien à son compte, et il en était fier. Lior continue toujours la boxe, d'ailleurs. Et il pratique même le sport avec sa soeur, il lui a communiqué sa passion et est très proche d'elle. Très protecteur, aussi. Kayson est la seule restante de sa famille, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Il ne supporterait pas qu'on la touche. Ils s'entendent merveilleusement bien ces deux-là. Maintenant qu'il a son propre chez-lui, il l'invite bien souvent dans les soirées qu'il organise parfois, pour se détendre, quand il ne va pas à celles des autres. Mais il reste tout de même sur la réserve quand il s'agit de l'amour. Il n'y croit plus, de toute façon, trop blessé par son premier amour. Quand bien même, il reste un garçon très souriant pour cacher son côté sombre, le côté dans lequel se trouvent ses rêves brisées, sa famille détruite et ses espoirs tristes.