Retrouvaille familiale -Peter

Lie down and look up at the ceiling and breathe with those curiously fragile lungs of yours and remind yourself: Don’t worry. Don’t worry. All is as it was meant to be. It was meant to be lonely and terrifying and unfair and heaving. Don’t worry. ✻✻✻ C’est la panique ce vendredi midi ! Alors qu’il est déjà l’heure de manger depuis longtemps, Peter s’aperçoit qu’il ne reste plus aucune purée qui plaise à Beth. Il a bien essayé de lui proposer les autres parfums. En vain. Elle les repousse automatiquement, bien consciente que ce n’est pas ce qu’elle veut. Alors qu’il réfléchit, la tête dans le frigo, à ce qu’il pourrait préparer rapidement qu’il lui plairait, elle se met à pleurer derrière son dos. Il sait pertinemment que, quand elle est ainsi, elle n’acceptera que ce qu’elle préfère. Essayer de négocier, ça ne fonctionnera pas.
Résolu, Peter attrape son portefeuille, un doudou et prend Beth dans les bras avant de sortir. Direction le supermarché le plus proche. Heureusement, habiter en plein centre de Londres a cet avantage qu’il y a des magasins dans tous les coins. Il ne tarde pas à entrer dans l’un deux et se dirige directement vers le rayon bébé. Il cherche des yeux la marque préférée de Beth. Pourquoi ne rangent-ils donc pas tous de la même façon ? Finalement, il les trouve, sur la plus haute étagère. Alors qu’il tend le bras pour attraper un paquet, Beth se met à pleurer. Pas besoin de regarder, il sait déjà qu’elle a fait tomber son doudou. Il renonce au paquet et se baisse pour ramasser la peluche en forme de lapin. Il dépose Beth sur le sol en lui offrant un sourire rassurant. « On va bientôt manger, promis. » Promesse même pas écoutée puisqu’elle se remet aussitôt à pleurer et à tendre les bras vers lui. Peter soupire en la prenant à nouveau. Il sait qu’il ne devrait pas tout lui céder ainsi. On le lui dit souvent. Mais il n’écoute jamais. Il est bien incapable de la laisser pleurer s’il peut arranger le problème. Et s’il ne peut pas, il essayera à tout prix de trouver la solution.
Alors qu’il se redresse, il entend une voix. « Peter?! C'est toi?Ça alors, je n'en reviens pas! Ça fait une éternité. Tu as l'air d'avoir besoin d'aide, laisse-moi t'aider, de quoi tu as besoin? Tu sais que je suis devenu spécialiste maintenant. » Il se retourne vers la personne et sourit en reconnaissant Egan. Il y a bien des années qu’ils ne se sont pas vus. La dernière fois, il avait une petite fille lui aussi, il s’en souvient bien. Maintenant, elle doit avoir grandi. « J’ai juste besoin d’un pack de petites purées là-haut, celles avec l’emballage violet ! Cette petite est capricieuse pour sa nourriture. » Elle s’est arrêtée de pleurer, par miracle et se contente de regarder le nouveau venu en suçant son pouce. Elle est intriguée, elle n’a jamais vu Egan après tout.
Egan n’est peut-être même pas au courant de sa naissance, alors qu’elle a déjà un an et demi. Les faire-part n’avaient pas du tout été sa priorité. « Comment tu vas depuis le temps? » Il en aurait des choses à raconter s’il repartait de la dernière fois où ils se sont vus. Un tas de choses. « Ecoute, on fait aller. Cette princesse me prend toute mon énergie et je travaille au Hilton en tant que cuisinier. » En quelques mots, il résume la majeure partie de son existence. Et ça lui suffit depuis un moment. « D’ailleurs, je te présente Beth, ma fille. Beth, voici ton… tonton Egan. » Il ne sait pas vraiment ce que ça donne, comme nom, le cousin de votre père. Tonton, c’est d’autant plus simple. Surtout que, des tatas, elle en a tout un tas mais les tontons, elle n’a jamais vu le seul qu’elle pourrait avoir. Sans doute que ce n’est pas plus mal pour elle. « Et toi alors ? Ça va toujours toi et… Grace ? » Petite hésitation mais il espère qu’Egan va lui pardonner. Après tout, il y a des années qu’ils ne se sont pas vus.

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Lie down and look up at the ceiling and breathe with those curiously fragile lungs of yours and remind yourself: Don’t worry. Don’t worry. All is as it was meant to be. It was meant to be lonely and terrifying and unfair and heaving. Don’t worry. ✻✻✻ C’est étrange de voir que, parfois, on perd contact avec des personnes, sans aucune raison apparente. Deux directions différentes, moins de possibilité de se voir. Au départ, on s’appelle de temps en temps, pour se tenir au courant mais le temps passe et on n’a plus assez de temps. Et finalement, on perd totalement contact. Avec les membres de sa famille, ça dépend pour Peter. S’il est extrêmement proche d’Hailey, il est rare qu’il prenne des nouvelles de ses autres sœurs et de ses parents. C’est plutôt eux qui prennent l’initiative de l’appeler. Non pas qu’il n’ait pas envie de leur parler, il est toujours content de le faire. Mais il a souvent l’impression de ne pas avoir le temps. Et puis il y a son frère. Son frère à qui il n’a pas parlé depuis des années mais pour d’autres raisons.
Croiser Egan ainsi, c’est un réel plaisir. Peter n’a pas vu son cousin depuis des années. Pourtant, ils s’étaient toujours bien entendus. Mais la vie les avait éloignés. Peu importe le passé. C’est une sacrée coïncidence de le croiser ainsi, dans un supermarché. «Et voilà. Ils devraient mettre tout ça plus bas, c’est ridicule de placer ce genre de condiment bien en hauteur. Ils savent bien que l’on n’a pas forcément de temps à perdre, mais non ils s’obstinent. » Il prend le paquet de petits pots que lui donne Egan en le remerciant d’un sourire. Pour un peu, il lui sauve la vie. Il a parfaitement raison sur les rayonnages. Malheureusement, il faut croire que ceux qui installent tout ça n’ont jamais eu d’enfant. «Le Hilton, wouah, pas mal. On est allé une fois en camion, un client avait fait un malaise, un vrai chieur soit dit en passant, mais j’étais impressionné. » Il y a quatre ou cinq ans, Peter ne se serait jamais imaginé travailler dans un tel établissement, c’est certain. Ça sera sûrement le poste le plus élevé de sa carrière, même s’il n’y est pas pleinement satisfait. Mais il préfère ne pas penser aux problèmes qu’il rencontre. Il n’y pense plus quand il reçoit son salaire en fin de mois. « C’est sûr que les clients peuvent être des vrais cons parfois. Enfin ne va pas répéter ça à mon patron surtout ! » Même s’il s’entend bien avec son patron, ça ne passerait pas forcément bien. Le client est roi, même si certains ne le méritent pas vraiment.
« Eh bien Grace à bien grandie. Elle a eu treize ans, je commence à me faire vieux. Je travaille toujours à la même caserne. Mes frères ont tous les deux quittés Londres. L’un est en Amérique, l’autre en Espagne, mariés tous les deux, ils ont des enfants aussi, je ne les ai jamais vu. On a toujours été un peu distant les uns envers les autres. » En fait, ça n’est pas que Peter. Toutes les familles ont tendance à perdre contact une fois qu’on entre dans la vie active. Enfin les Montgomery se voient encore tous très souvent. « Vieux ? Je te rappelle que je suis plus vieux que toi, merci ! » Il plaisante avec Egan, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. La dernière fois qu’ils se sont vus, ils étaient encore adolescents. «Il faudrait que tu passes à la maison une fois. Je vais te donner mon numéro, on pourra rattraper le temps perdus. » Maintenant qu’ils se sont retrouvés et qu’ils habitent tous les deux dans la même ville, ça serait bête en effet de ne pas en profiter. Sans doute qu’ils auront plus de facilité à se voir souvent désormais. « Avec plaisir. Tu pourrais passer chez moi aussi, j’habite avec Hailey, c’est elle qui m’aide avec Beth. » Comme à chaque fois, il ne parle pas directement de Kirsten. Sans doute devrait-il le faire, pour honorer sa mémoire. Mais l’évoquer suffit à le rendre triste. Alors il évite le sujet habilement. Jusqu’à ce qu’on lui pose la question directement.
C’est en entendant son prénom que Beth se réveille, comme si elle venait de se souvenir qu’elle avait faim. Peter hésite à ouvrir un petit pot en plein magasin mais il n’a pas de cuillère de toute façon. Autant qu’il rentre. « En fait, tu veux peut-être rentrer avec moi ? Enfin si tu n’es pas occupé bien sûr. » Il adorerait rester ici à discuter mais avec Beth qui commence à se faire de plus en plus bruyante, ça risque d’être compliqué. « Ça serait l’occasion de parler de tout ce qu’on a raté. »

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Lie down and look up at the ceiling and breathe with those curiously fragile lungs of yours and remind yourself: Don’t worry. Don’t worry. All is as it was meant to be. It was meant to be lonely and terrifying and unfair and heaving. Don’t worry. ✻✻✻ Pour le moment, Peter n’a pas l’impression que son cousin ait tant changé que ça. Bien sûr, son visage est un peu plus creusé, sa barbe plus fournie et il semble plus sage. Mais en dehors des changements physiques, Peter a l’impression de retrouver le même Egan. Le même cousin avec qui il s’entendait vraiment bien quand il était adolescent. Comme quoi, certains liens familiaux peuvent rester inchangés malgré des années d’absence. Après tout, ils se connaissaient bien, à une époque. Et ils peuvent très bien rattraper le temps perdu maintenant qu’ils se sont recroisés. Ça serait stupide de se perdre de vue à nouveau.
«Malheureusement, mais quoi que l’on fasse et où que l’on aille il y aura toujours des cons. On ne peut qu’être plus intelligent qu’eux. » Le problème, c’est que la plupart de ces cons en question se pensent meilleurs et plus intelligents que tout le monde. Surtout que les personnes qui travaillent pour eux ou qui font un métier qui consiste à les servir. Combien de fois Peter a-t-il vu des serveuses revenir en pleurs en cuisine après avoir rencontré un client énervé. « Il faut essayer oui, ce n’est pas toujours facile malheureusement. » Une des raisons pour lesquelles Peter ne se plaît pas entièrement au Hilton. Mais il y a toujours les employés avec qui il s’entend bien et le salaire qui en valent la peine. Alors il reste là-bas, conscient qu’il ne fera pas ça tout sa vie. Qu’à un moment, ses attentes finiront par changer. «Deux-ans de plus, ça va encore. On est de la même tranche. » C’est vrai que deux ans de différence, c’est encore peu. Il n’empêche que Peter n’a pas l’impression d’être si vieux que ça, du haut de ses trente-deux ans. Il a encore de nombreuses années devant lui, même s’il sait pertinemment que tout peut basculer sans qu’on s’y attende. La vie est faite ainsi. « Alors on est tous les deux encore jeunes, un point c’est tout. »
Et finalement, les deux cousins décident qu’ils peuvent commencer à rattraper le temps perdu dès maintenant. Après tout, ils sont tous deux disponibles, autant en profiter. Surtout, qu’avec Hailey qui est sortie, la soirée de Peter n’allait pas être passionnante. Juste après manger, il aurait mis Beth au lit et se serait sûrement installé devant la télévision, jusqu’à s’endormir. «Je suis entièrement libre. Grace est chez ma mère. Elle m’aide beaucoup quand je travaille de nuit. » La vie réserve de sacrées surprises. Pour que les deux cousins se retrouvent tous deux parent célibataire, il faut le faire quand même. Les circonstances étaient différentes mais il n’empêche que le résultat reste le même. Pour Peter, il a l’aide de sa sœur, alors qu’Egan est aidé de sa mère. Elever un enfant seul est très compliqué. Ou bien il faut avoir beaucoup d’argent pour le faire garder, ce que Peter ne voulait pas. Il ne voulait pas que sa fille soit élevée par des étrangers.
Beth pleurnichant de plus en plus, ils finissent par se diriger vers la caisse. Tout ce qu’achète Peter, ce sont ces petits pots, il aurait pu en profiter pour faire d’autres courses urgentes mais tant pis. Surtout avec un bébé affamé dans les bras, c’est tout de suite plus compliqué. Alors que la caissière lui annonce le prix – 4 livres – Peter réalise que ses poches de veste sont vides. Il secoue la tête, dépité à l’idée d’avoir pu oublier son portefeuille chez lui alors qu’il sortait seulement pour faire des courses. D’habitude, son portefeuille est toujours dans sa veste, il n’a même pas pensé à vérifier. « J’ai complètement oublié de prendre de l’argent, ça te dérange de m’avancer ? Je te rembourse dès qu’on est chez moi. » Pas vraiment la meilleure façon de recommencer leur relation mais il n’a pas vraiment d’autre choix. Et de toute façon, il va lui rendre l’argent, il n’aime pas devoir de l’argent à quelqu’un. Alors que Beth pleure plus fort, la caissière semble s’impatienter. Quelle idée d’oublier son portefeuille, franchement. Il essayera de penser à vérifier la prochaine fois. Mais dans l’urgence, on ne peut jamais être certain.

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Lie down and look up at the ceiling and breathe with those curiously fragile lungs of yours and remind yourself: Don’t worry. Don’t worry. All is as it was meant to be. It was meant to be lonely and terrifying and unfair and heaving. Don’t worry. ✻✻✻ Leurs avis se recoupent sur plusieurs sujets. Ça n’a rien d’étonnant, ils ont toujours eu beaucoup de points communs, même quand ils étaient adolescents. Des idées beaucoup moins importantes, moins marquées par l’expérience qu’ils peuvent avoir maintenant. Ils ont sûrement tous les deux connu un tas de choses. Un tas de personnes, bonnes comme mauvaises. Assez pour se forger une opinion sur bien de sujets. Peter est content de constater que leurs expériences se rejoignent et qu’ils peuvent toujours avoir les mêmes avis, même si les sujets de conversations ont changés. « Oui, c’est vrai. Heureusement qu’il y a des clients supers quand même. » Le problème, c’est que ce sont ceux qui vous embêtent le plus dont vous vous souvenez. Qui sortent du lot. Et quand Peter a un client particulièrement énervant, il se demande ce qu’il fait encore là. Mais ça va avec le métier, c’est tout.
Finalement, les deux cousins se dirigent vers la caisse. Si Beth s’était arrêtée momentanément de pleurer, elle était repartie de plus belle. Rien d’étonnant à ça, elle avait déjà faim avant qu’ils ne quittent l’appartement. Sa patience n’est pas éternelle. Et pour encore ajouter au problème, il s’avère que Peter a oublié son portefeuille chez lui. Sans Egan, il ne sait absolument pas comment il se serait débrouillé. Il doute que la caissière aurait accepté de lui faire crédit, même si elle le voit souvent venir au magasin. Il aurait dû retourner chez lui pour chercher de l’argent et ensuite revenir simplement pour des petits pots de purée, avec Beth en pleurs dans les bras. Ou bien il aurait craqué et lui aurait ouvert un pot avant de l’avoir payé. « Pas de soucis t’inquiète et pour quatre livre, il ne sera pas nécessaire que tu me rembourse, ne t’en fais pas. Il faut bien s’entraider entre papa célibataire. J’ai souvent été dans la même situation que toi. Je ne comprenais même pas pourquoi Grace pleurait, je n’arrivais pas toujours à savoir ce qu’elle voulait, alors je sais que ce n’est pas toujours simple, mais tu verras qu’avec le temps ça ira. » Il sourit à son cousin alors qu’il donne l’argent à la caissière, soulagé. Il sait bien qu’il n’est pas le seul à galérer avec son enfant, pourtant il en a l’impression parfois. Enfin il a l’impression de trop galérer. Mais peut-être est-ce seulement parce qu’il voudrait trop bien faire. « Elle parle un peu depuis quelques temps. Et forcément, les premiers mots qu’elle a appris, ce sont des choses à manger, elle a de qui tenir en même temps. » Ah ça, il l’entend souvent réclamer son biberon ou sa purée, en utilisant un seul mot. L’avantage, c’est qu’il sait toujours ce qu’elle veut ou presque. Il y a beaucoup moins de pleurs qu’il ne puisse comprendre.
Une fois dehors, les deux hommes prennent la direction de l’immeuble où vit Peter, qui essaye tant bien que mal de calmer Beth. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, d’informations, d’aide, je suis là tu sais. Je me doute que c’est un peu bizarre parce qu’on ne s’est pas vu beaucoup ces dernières années, mais la famille c’est important. » Il remercie son cousin d’un signe de tête. Bien sûr que ça compte pour lui. Il ne l’admet que rarement mais il a besoin d’aide. Et encore, heureusement qu’il a Hailey. Sans elle, il ne sait pas ce qu’il ferait. « Ce n’est pas bizarre du tout. D’ailleurs, si tu as besoin d’aide, tu peux aussi me demander. Même si je n’ai aucune expérience avec les adolescentes, sauf si on compte mes sœurs. » Et elles ont dépassé les treize ans depuis longtemps. Il n’a aucune idée de comment il se débrouillera quand Beth en arrivera à ce stade. Mais il n’est pas encore à y penser. Il a tout le temps du monde pour ça. « Si tu as le temps, on pourra organiser un dîner un soir, avec Grace et ta mère si tu veux. » Dit Peter alors qu’il déverrouille la porte de l’immeuble et s’engouffre dans le hall, suivi d’Egan. « Ça fait vraiment longtemps que je ne l’ai pas vue. » Grace non plus, finalement il ne la connait même pas. Mais la mère d’Egan, il l’a vraiment connue à une époque. Et sans doute qu’après la mort du père d’Egan, les contacts entre les deux familles s’étaient réduits peu à peu. Il ne croit pas avoir entendu sa mère parler des Mathewsen récemment. Mais encore une fois, il ne voit pas sa famille si souvent que ça alors il aurait pu manquer l’information. « Je cuisinerais bien sûr. Et Hailey devrait être là normalement. » Et il ouvre la porte de l’appartement, laissant entrer Egan avant de se précipiter pour faire chauffer la purée de Beth, qui n’a pas perdu sa voix. Sans doute parce qu’elle sait que le repas est presque prêt mais elle semble crier encore plus fort.

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Lie down and look up at the ceiling and breathe with those curiously fragile lungs of yours and remind yourself: Don’t worry. Don’t worry. All is as it was meant to be. It was meant to be lonely and terrifying and unfair and heaving. Don’t worry. ✻✻✻ Peter n’a jamais été du genre à prendre régulièrement des nouvelles des gens qu’il ne voit pas. Principalement parce qu’il n’a pas le temps, qu’il a d’autres choses à penser. Et surtout que, quand il y pense, il a toujours autre chose à faire. Alors il a bien souvent perdu contact avec des gens dont il était proche, encore plus quand il était à l’étranger. Ça ne l’a jamais vraiment dérangé. Il pouvait continuer sa vie ainsi et se contenter de voir les gens présents dans sa vie. Peut-être que ça a un peu changé depuis quelques temps. Dans un cercle réduit bien entendu. Il a peu de proches et peut-être est-ce parce qu’il y a ce tri presque naturel.
Pour Egan, ça n’avait pas été volontaire. Juste que les deux cousins avaient eu leurs propres occupations chacun de leur côté. Pas facile de garder le contact quand la vie prend le dessus. Mais la famille reste la famille et Peter est ravi que son cousin soit revenu dans sa vie. Maintenant qu’ils habitent tous les deux à Londres et qu’ils sont tous les deux pères de famille, peut-être que ça sera plus facile pour eux de se voir régulièrement. « C’est gentil et je crois que je risque d’en avoir besoin tout ou tard. Je n’ai eu que des frères alors je n’y connais rien du tout en ce qui concerne les adolescentes, mais je pense que ça devrait aller quand même. Grace est assez facile à vivre. Je redoute un peu le passage vers l’adolescence évidemment, ça me fait tout bizarre de me dire qu’elle grandie autant. Je me trouve tellement vieux. » Il sourit. Il a de la chance alors. L’adolescence, ça n’est pas forcément facile avec tous les enfants. Chez les Montgomery, c’était Will qui avait particulièrement posé problème. Sauf que lui, ça ne s’était jamais arrêté.
Peter a du mal à se projeter aussi loin pour Beth. Pourtant, il sait que ça arrivera forcément un jour ou l’autre. Il espère que ça n’arrivera pas rapidement. Pour le moment, il veut profiter de chaque jour avec elle. De son enfance, de son innocence. Des premiers mots qu’elle prononce. De tout ce qui fait d’elle une personne à part entière. « Tant mieux alors, j’espère pour toi qu’elle ne fera pas de crise d’adolescence. Celles de mes sœurs n’ont jamais duré très longtemps mais c’était bruyant. » Des cris, des portes claquées. Peter se souvient que son père en rigolait avec lui et mettait ça sur le compte des hormones. Pas du genre à se vexer si l’un de ses enfants l’insultait directement.
« Ça serait génial pour un dîner. Ma mère serait ravie de te voir. Elle ne voit pas grand monde non plus. Ça lui ferait du bien de revoir un peu la famille. Je serais ravi de revoir Hailey, elle doit avoir changé aussi.» Se revoir tous, ça serait une bonne idée. Comme ça, Peter pourrait apprendre à connaître Grace (déjà treize ans, quand même), revoir la mère d’Egan et continuer de rattraper le temps perdu avec Egan. Hailey sera aussi sûrement contente de revoir tout le monde. Il sait qu’elle est beaucoup plus branchée famille que lui. Etrange d’ailleurs qu’elle n’ait pas gardé contact avec Egan non plus. Enfin de ce dont il se souvient, ils n’étaient pas forcément proches. Non, c’était plus souvent Egan et Peter ensemble et les filles de leur côté. « Tu n’as qu’à regarder les photos dans le salon, tu devrais la reconnaître. » Dit-il en continuant de faire chauffer la purée. Il n’a pas l’impression qu’Hailey ait beaucoup changé au cours des années mais peut-être est-ce parce qu’il la voit toujours régulièrement. On remarque moins les différences dans ce cas-là. « Elle est sortie ce soir, j’ai travaillé presque tous les soirs cette semaine alors elle avait Beth tout le temps. Donc elle profite un peu. » Ils ont trouvé leur rythme assez facilement, surtout grâce à Hailey qui fait tout pour arranger Peter. Il se rend bien compte des sacrifices qu’elle peut faire et essaye de lui rendre la pareille.
Alors que Beth réclame à nouveau, Peter arrête le réchauffage, conscient qu’elle ne veut plus attendre. Il l’installe dans la chaise haute et commence à lui donner la purée à l’aide d’une cuillère. « Désolé pour ça, elle devrait dormir rapidement après le repas normalement. » C’est vrai qu’ils ne peuvent pas trop parler dans ces conditions mais c’est toujours mieux que rien. « Si tu veux manger un truc, tu peux regarder dans le frigo, je crois qu’il reste du rôti. Je n’ai pas encore mangé non plus. » Pas vraiment l’hôte parfait mais il fait ce qu’il peut. Pas facile quand il faut s’occuper d’un bébé en même temps. Mais il est certain qu’Egan comprendra. C’est l’avantage à avoir vécu à peu près la même chose.

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